World War COVID Guerre mondiale: From WeaponWorld to PeaceWorld; Learner, begin... De la terre en armes au monde paisible ; Apprenti, débute

COVID GUERRE MONDIALE texte integrale 2024 (sans audio)

Portrait by my brilliant wife, Linda Hulce Season 20 Episode 1

COVID GUERRE MONDIALE

De la terre en armes au monde paisible

Apprenti, débute

marc mulligan, 2024

 


Contenus

COVID GUERRE MONDIALE. 1

De la terre en armes au monde paisible. 1

Apprenti, débute. 1

marc mulligan, 2024. 1

- DEDICACE -6

- RECONNAISSANCES –. 7

- PREFACE –. 15

- SOMMAIRE D’APPRENTI -19

- MISES EN GARDE –. 34

TABLE DES MATIERES précis et liens URL - choisis tes passions. 61

- INTRO ET VOCABULAIRE –. 75

- MEIN FAHRT, CITANT HITLER EN DEHORS DE SES PROPOS -138

SECTION 1 – POURQUOI144

Nobles vierges violées. 145

- LA SURVIE DU PLUS LETAL. 154

- A TOI CHOISIR –. 170

- L’AVENIR –. 188

- CONCEVONS L'AVENIR -219

- PARADIS ET ENFER, SUR TERRE-231

- LE SYNDROME 1984 –. 255

- DU CONTRAT SOCIAL, PAR JEAN-JACQUES ROUSSEAU –. 262

- CARL MARX –. 272

- LA FORMULE DE MENACE –. 302

- INFANTERIE -332

- GUERRE CRIMINELLE –. 353

- LA MENTALITE D’ARMES –. 372

- STUPIDITE RITUELLE –. 405

- L’OPTION CAPITALE –. 438

- COUTS –. 450

- PARADOXE D’AMERIQUE –. 468

- QUELQUES GROS MENSONGES –. 492

- CHOISIS TON POISON –. 521

- LA PATHOHISTOIRE D'ARMES –. 546

- PAROXYSMES –. 571

- LA TECH D’ARMES –. 583

- LA MYTHOLOGIE D'ARMES –. 610

- LES RECONNAITRE A LEURS FRUITS –. 629

- CE QUE JE PENSE DE LA RAPTURE, MON POTE –. 635

- POLITIQUES D'IDENTITE –. 653

- LES BIBLIOTHEQUES QUI BRULENT !  -683

SECTION 2– COMMENT FAIRE. 726

- SERIONS-NOUS BONS ? –. 728

- ASOKA -756

- APPRENDRE A DANSER –. 784

- EDUCATION DOLANTE, FAUTEUIL FLOTTANT –. 795

- MOTS DE SUITE –. 821

- BIBLIOTHEQUE UNIVERSELLE –. 831

- VALEUR-CONNAISSANCE –. 839

- DEMOS : LAOCRATIE OU PATHOCRATIE -849

- LE DEVOIR DE JURÉ –. 903

- CATALOGUER CEUX PASSIONNÉS –. 917

- BRUIT BLANC –. 938

- ANCIENNE ABONDANCE : Dinosaures ou éléphants ? –. 950

-  LA SCIENCE DES APPRENTIS –. 968

- OUTRE DARWIN –. 992

- EN VOYAGE !1006

- LANGAGE –. 1021

- LA SUPERCONSCIENCE COLLECTIVE –. 1036

- LES CATHARES –. 1058

- CONSOLAMENTUM HYPOTHETIQUE. 1086

- SATYAGRAHA ET ALLAH –. 1099

- QUELQUES REGLES DE BASE –. 1117

Ode à la vérité et à la non-violence. 1122

SECTION 3 – QU’EN ATTENDRE. 1135

- LE SERPENT COSMIQUE –. 1136

- LES EXTRATERRESTRES & LES HOMMES DE CAVERNE. 1151

- MEDECINS EN FRONTIERES. 1190

- RAJOUT DE LA PLA, REDUCTION DES NUQUES. 1208

- ECOLOGIE CONSTITUTIONNELLE. 1220

- SURVEILLANCE PLANETAIRE. 1228

- TES DROITS OU LEUR PRIVILÈGE ? –. 1257

- PRIER NE PLUS VOMIR DANS LE BUFFET DES SALADES. 1273

- MILICE MONDIALE –. 1290

- PAIX AU MONDE ET BONNE VOLONTÉ. 1335

- QUE FAIRE ? –. 1362

- EST-CE TROP TARD ?. 1388

- CONCLUSION –. 1398

- LE FOOT AUX ORDURES. 1410

 

 

 
 


- DEDICACE -
 
 

À Maman, ma conseillère de simplicité,

Et à Dad, chevalier sans peur et sans reproche … 

 

Aux bibliothèques et leur quête d’apaiser La Faim.

Ces braves soupes publiques, d’avenants banquets d’Apprentissage,

Portiques à l’Agora du monde paisible.

 

 Je soumets cet œuvre au verdict de Ganesh.



 


- RECONNAISSANCES –

 

La quête d’Apprenti m’a mené d’une oasis de camaraderie à la prochaine, sur une steppe des tartares de solitude incandescente. A chaque étape, des offres d'appui de la part d’une poignée d’amis m’ont un peu ravivé. Après quoi, j’ai repris mon morne périple en caniculaire. 

Dans L'instinct de la langue, Peter Pinker indique qu'il n'a jamais croisé personne indifférent à sa passion. Je ne peux pas en admettre autant. L’indifférence passive amorça vive antagonisme du moment que j’interrompis le bagout routinier avec le mécontentement d’Apprenti. 

Je suis génial à provoquer courroux. Je récite la même vérité au pouvoir absolue et à l’apathie chétive, en défi des deux. Le harcèlement sexuel n'aurait pas suscité de telles confrontations. Ma femme Linda me suggéra que ce n’était pas ce que j’indiquais qui me procurait tant d’ennuis, mais comment je l’indiquais. Peut-être bien. Ce texte n'aurait jamais apparu sans son appui sincère si parfois ébahi. Ah ! Ma bien-aimée veuve de manuscrit ! 

Je suis fier de ma famille et de mes amis : tous des modèles de rôle d’Apprentis. Beaucoup d'autres ont promu cette œuvre de leur propre manière, même si sans rien y comprendre. 

Je dois remercier les volontaires étrangers et kibboutznikim (fermiers collectifs israéliens) des kibboutzim Evron et Dorot, aussi à nos hôtes palestiniens dont le droit d’aînesse est la paix. Aux distants ancêtres originaires de ce pays : hominidés, païens, juifs, chrétiens, musulmans et leurs intermédiaires : les ultimes survivants de la colère de Dieu. 

 

A moi, Apprentis du monde paisible !

 

J'ai recueilli bon nombre de dons : la passion de Plutarque, la clarté cosmique de Voltaire, Les dépossédés d'Ursula Le Guin, de John Brunner Tous à Zanzibar et Les moutons aveugles, L'encyclopédie d'histoire militaire des frères Dupuy, Les systèmes d'armes et la stabilité politique par Carroll Quigley, et Comment penser de la guerre et la paix, par Mortimer Adler.

Merci à Lewis Dartnell pour son livre, The Knowledge: How to Rebuild our World from Scratch (La connaissance : Comment rebâtir notre monde à partir de rien) The Penguin Press, New York, NY, 2014. En anglais (pourquoi pas traduit en français ?) Un livre aussi élégant que compacte, farci d’espoir en désespoir de cause, bourré d’instructions solides. Lecture essentielle pour l’Apprenti digne. Encore que le veto catégorique de ses conseils se trouve à la fin du chapitre d’Apprenti « L’Ecologie est-elle constitutionnelle ? »

J’eus pris l'habitude de puiser des suppléments de bon sens de l’hebdomadaire The Nation. J’ai dû le laisser tomber par la suite, grâce à son refus exaspérant de soutenir mon projet ou tout autre du reste de transformation notoire. Comme d’autres « libéraux américains » ses rédacteurs pleurnichent sans cesse de ce qu'ils refusent de transformer. Eux et leurs pairs du Dissident, The Progressive, Z, Harpers, Mother Jones et d’autres revues anglo-saxonnes qui osent se désigner gauchistes ou progressistes, en dépit de leur embourgeoisement tenace et leur fainéantise du haut du pavé. Alors que tout va de mal en pire, ils disposent davantage de tragédies et scandales dont se plaindre à l’écrit, avec encore plus d’abonnés horrifiés pour rémunérer leurs plaintes tout en proportion. Hourrah ! Etant donné l’arrivé d’améliorations subites, ce genre de critique « n’y touche pas » ferait faillite. A la longue, leur union d’améliorateurs indiscrets et de progressistes atomiseurs n’est parvenu qu’à noter en passant les pires dégâts. 

 

Il n’y a que deux partis politiques aux USA : l’un conservateur et l’autre réactionnaire : les Democrats qui n'ont pas eu de bonne idée depuis six décennies ni adopté celles d’autres depuis trois, et les Republicans qui n'ont jamais croisé de mauvaise idée qu’ils n’aient prisée ― celles mauvaises que ces premiers ne parviennent jamais à résister de façon efficace, par magie noire sinon désir insidieux et bien rémunéré de voir le projet Republican réussir avec leur soutien anonyme. Nous autres demeurons coincés entre ces deux mercenariats politiques : l’un kleptocrate, l’autre hypocrite. A toi choisir.

Leur différence principale, c’est que les Democrats ne savent pas choisir entre le bon et le mauvais, alors que les Republicans, entre le mauvais et l’illégal. L’esprit bipartisan prédomine quand leurs politiques coïncident à cheval entre celles mauvaises et illégales.

La formule éditoriale du magazine The Nation, (s'il en existe une, elle reste soigneusement obscurcie) exhorte la perte continue de l’initiative politique en faveur des réactionnaires. Perte ? Passation, plutôt. Notre tourbière politique aux Etats-unis confirme cette conclusion. Les soi-disant progressistes sont encore plus responsables pour le refoulement des égouts politiques américaines, que les autres qui seraient faciles à écarter, telle est l’ampleur de leur stupidité. Mais le subtil monopole et sabotage d’idéaux progressistes par « la gérance libérale » voici une paralytique de nocivité redoutable.

Avec de tels amis, quel besoin d’ennemis ? 

De nombreux individus et parutions ont confirmé certaines de mes conclusions, même s’ils n’ont jamais compris le sous texte de leurs termes, motifs et résultats. 

Le monde naturel m’a présenté maintes merveilles qui m’ont déchiré le cœur. Chaque nouvelle révélation a confirmé nos prérogatives paisibles d’abondance et de justice : la bonté du Dieu d’amour et son Rèconforteur le Saint-Esprit que Jésus nous promit en attendant Son Retour. Aurait-ce pu être Mohammed ? 

Jusqu’à notre rentré au monde paisible, rien de l’actualité n’offre plus d’attrait que le prochain psychopathe en ligne qui se proclame notre chef imminent.

 

Je dois une dette de reconnaissance à Govind Naidu, professeur de science politique à l'université d'Alaska, Anchorage. Les courriers ont flotté sur son bureau mon petit brouillon non sollicité ; sa réponse pensive a animé mes recherches excentriques. Après un seul entretien éphémère au téléphone, je me suis satisfait de son unique encouragement. 

Je dois des remerciements pérennes à Ted Fagin : voisin amical, joueur seigneurial, anarchiste, bibliophile et soldat chien indien (dog soldier) : le maître pour lequel j'ai prié et qui m'afflige à présent par son absence. Il mit plaisamment de côté son atteinte terminale et ses graves appréhensions quant à la teneur de mon livre, pour mieux former mon anglais. Je remercie pareillement ma sœur Leslie qui sarcla mon texte en anglais dont Ted entreprit le génie civil, Karen pour m’avoir appelé au-delà de ma zone de confort, et Jill pour sa passion d'équité. 

Doug Dean et Paul Lackman, de bons copains adultes, ont labouré des ébauches rugueuses de ce texte et m’ont offert beaucoup plus de suggestions que ne suggèrent leurs quelques attributions : Doug depuis mes premiers brouillons jusqu'à sa disparition regrettée il y a si péniblement longtemps et Paul plus récemment. 

 

Merci tout de même pour le fourmillement de crapules, de voyous, d’hypocrites et de fascistes (flamboyants, blâmant ou cryptos) pour lesquels : 

 

La cérémonie d'innocence est noyée ;

Toute conviction manque aux meilleurs, alors que les pires

Sont emplis d’intensité passionnée.

W.B. Yeats, Le second avènement

 

Qu’importe qu’ils s’enveloppent en grande tenue ou en treillis, en soies institutionnelles ou en chiffons de la dissidence, en maquillage télévisé ou en cendres du deuil ? Nous sommes tous des singes nus en dessous. Leur stupide méchanceté, élevée aux cimes glorieuses de génie, a tiré ma rancœur dans les abimes de la hargne. Absente la terrible fécondité de leur malice, (la passion que la terre en armes sustente le mieux) je n'aurai jamais trouvé assez d’outrage pour semer la pagaille à ce projet.

Je dois une grande dette de gratitude aux âmes aimables du département d'éducation des USA, bureau des droits civils (OCR) Seattle, pour qui j'ai bossé tant d’années, auparavant aux employés de la branche d'évaluation des dégâts, administration nationale océanique et atmosphérique des USA (NOAA) à Seattle. Ils auraient été mieux servis par quelqu'un moins rêveur, mais ont su contourner mes spéculations d’Apprenti.

Les idées trouvées ici sont de moi seul et ne reflètent ni la politique du gouvernement américain ni celle de la NOAA ni du département d’éducation. A supposer qu’elles eussent pu… 

 

Le service de traduction en ligne Alta Vista Babelfish m’a fourni moyen gratuit de tourner mon rêve impossible, traduire Apprenti en français, en divertissement quasi praticable. Ma dizaine de pages Mots clés, traduites en autant de langues, lui sont dues. A Google Translation, la même chose en arabe, farsi et indonésien. En outre, je dois remercier Microsoft et son auxiliaire, Bowne Global Service, pour la praticabilité de leur service de traduction en ligne parfois revêche dans Word 2000. Aussi, http://www.wordreference.com/fr/index.htm, où j'ai pu trouver des traductions françaises que ma stupidité m’interdit autrement ; et à http://www.touchon.net/annuaire-site-plans-dictionnaires.php, des synonymes en français, pareillement. Aussi à Mediadico. Puis finalement à http://www.linguee.fr/, le meilleur traducteur d’expressions par machine que j’ai pu trouver. Quant à celles qui offrent de traduire des textes entiers, leur qualité a été au mieux douteuse. Certes, nous sommes faiblards quant à nous regrouper en paix. Un dur travail nous reste à accomplir. 

Je dois remercier Mamiehiou aussi. Sa page de grammaire à http://mamiehiou.over-blog.com/article-verbes-qui-se-construisent-avec-a-infinitif-ou-de-infinitif-86346139.html m’instruit quelle préposition doit prendre place là : casse-tête majeur de la langue française, comme son genre que je n’apprendrais jamais de cette vie.

Apprenti déprécie les entreprises de logiciel. Ceux-ci devront être consolidés en un service public renommé pour son uniformité, son service gratuit, sa commodité d’emploi et la fiabilité de sa sécurité, à base de traitement de texte WANG, comme faisant partie d’une grande gamme de services gratuites de l’Agora des Apprentis.

L’ancienne ville de Rome eut sa bonne eau gratuite et sans limite partout en ville ; le monde paisible nécessitera de bonnes données gratuites et sans limite partout à travers le biofilme humain.

En attendant, M Bill Gates, merci d’avoir allégé mon fardeau dans certains cas mais de l’avoir énormément compliqué dans d’autres (Des styles ? Vraiment ?)

 

Merci de même pour Messieurs Jean Bacon et fils, dont le livre incendiaire, Les Saigneurs de la Guerre et sa traduction en anglais, The Greater Glory, m’ont illuminé la voie à travers l’ossuaire étouffante de la terre en armes. Aux autres répertoriés dans ma bibliographie, dont les pierres de gué ont fait pont à travers le marais empourpré de sang de la terre en armes, jusqu’à la clairière ombragée du monde paisible.

A l’aimable Esméralda Arana, auteur jamais rencontrée du livre The Path: A Practical Approach to Sorcery (La voie : une approche pratique à la sorcellerie), qui m’a flanqué un bon coup de pied au meilleur moment, si dans une direction imprévue.

Très peu d’idées proposées ici sont uniquement de moi. Des recommandations d’Apprenti se dévoilent comme déroulements naturels du Tao, alors que l’arrogance patriarchale croule peu à peu sous son fardeau de contradictions.  

A moi les erreurs trouvées ici. Prier m'adresser vos commentaires. Bienvenue à vos corrections que je prise et prévois. Je vous en remercie d’avance ! Mon intellect dérisoire est indigne de cette tâche, c’est évident. L’entendement des Apprentis mondiaux, réunis dans l’Agora du monde paisible, suffira-t-il peut-être ; c’est du moins mon espoir.

Enfin merci aux poètes.



 


- PREFACE –

 

Si chaque Apprenti sur la terre en armes

Larguait ses appréhensions et œuvrait au même plan,

Nous monterions le monde paisible en une seule génération.

 

L'ESSENTIELLE AVANT TOUT !

LE MONDE PAISIBLE AVANT TOUT !

                      

De nombreuses bonnes idées nous ont été chipées et éliminées. Ce long livre les recueil. J’aurai préféré que des experts en multimédias l’ornent d’un assortiment d’images et de musique sur l’Internet, de la splendeur de bons vitraux et d’adagios moins zéro kelvin, et qu’ils aient produit un film animé, Apprentis, débute. Ces projets dépassent de loin mon pauvre talent pour le moment, faute d’adéquate équipe de soutien.  Par ou ont disparu mes Apprentis en aide spontanée ? 

De ton livre préféré, à la déclaration des droits humains, au manuel de service de navette spatiale ; un texte ne prend essor qu'après qu’une foule de gens de bonne volonté n’en aient fait connaissance. Jusqu'alors, ce n’est qu’une chaînette de symboles vides et eux, une cohue de rêvasseurs sans but. Que ce soit pour le lancement de la liberté, d’un engin spatial ou du monde paisible, du reste, il faudra qu’un grand nombre de cosmopolites planétaires adopte le même texte de base, lui donne voix et le réalise. 

Aucun texte n'est parfait, de sorte qu’il te faudra y raffiner tout plein de minerai cru pour assortir des joyaux dignes de l’attention de tes compagnons et les inviter à la cause.

Ou bien j’encourage ici ta corvée de lecture, ou la mienne de réécritures sans fin.

Un texte révolutionnaire, c’est un peu comme un nouvel outil. Il te semblera d’abord bavocher la page blanche de ton esprit, ainsi qu’un nouvel outil rate dans tes mains inadaptées. Il ne tournera rond pour toi qu’à la suite de ton examen scrupuleux. Sois patient ; je t’assure que ça vaut la peine. Apprentis dont j’impatientais, voici ce que vous patientiez. 

Nous autres, qui convoitons le monde paisible plus que n’en ayons peur, devons nous rassembler autour d’un texte central. Celui-ci peut-être ou un autre ? Je n’ai trouvé son semblable nul part. Apprenti peut finir comme brouillon posthume pour un plan préférable, voire comme schéma aux dissidents ambivalents d’ignorer à mort. 

Pour tirer quoi que ce soit éclatant d’Apprenti, nous devrons nous accoutumer à cette thèse en le débattant. Pour ou contre en majorité, peu importe ; partager les mêmes pensées et le même vocabulaire, cela importe. Nous nous limitons entre temps à la répétition de mimes de travers. 

Regarde aux alentours. Le monde se rend de plus en plus malade. Il lui manque le baume réconfortant d’innombrables voix prêchant ensemble du monde paisible et de leur réalisation partagée. 

N’interprète pas Apprenti avec ta petite voix intérieure et isolée, plutôt le rugissement de multitudes d’Apprentis alliés. Absent leur apport, ce texte reste chétif, quoiqu’il souhaite transmettre. Avec leur appui, les idéaux du monde paisible évolueront de rêvasseries en usages de routine. L’anarchie créatrice des Apprentis devra maîtriser la stérile couardise d’institutions courantes.

J’ai entrepris de transmettre ce message sur l’Internet, ainsi qu’Erasme se servit de la presse à imprimer flambant neuve. Apprenti idéaliste, je t’emplois pour transmettre mon rêve, ainsi que lui s’est servi des humanistes moyenâgeux pour transmettre le sien.

Ce que je souhaite de mes Apprentis outremer, c’est qu’ils trouvent le chapitre d’Apprenti qui leur plait, l’interprètent en langue natale, le disséminent sur l’Internet pour distribution gratuite, puis m’en fassent part. Toi et moi, nous nous sommes apprêtés pour ça toute notre vie.

Ni ma rédaction de ce texte ni ton appréciation n’ont alimenté la plus salle des machines de la terre en armes (stoke the WeaponWorld Jive Drive) ni pour nous distraire de nos devoirs d’Apprenti, ni pour assurer que des élites d’armes prennent toutes les décisions vitales sans notre apport. De tels arrangements n’ont jamais réussi. Les Apprentis incluront les meilleures pensées de tous, naturellement.

La formule secrète du monde paisible ? Les élites et prolétariens munis de bonne conscience morale doivent coopérer comme Apprentis, mettre fin à la discorde que des groupuscules internationaux de bellicistes psychopathes ont nourrie depuis le début de l’histoire, et mieux récompenser ceux-ci pour la paix, à partir de là, que pour la guerre.

En poursuite de pourquoi pas, de comment faire et des conséquences du monde paisible, 

A moi, les Apprentis !



 


- SOMMAIRE D’APPRENTI -

 

Un certain nombre de théories politiques ont tenté de « tout réparer » mais n'en sont presque jamais parvenus et seulement momentanément dans ces rares cas. 

Pourquoi ?

Pour un bon mécanicien confié une machine qui ne cesse de tomber en panne depuis des milliers d’années, sa première question ne devrait pas être « Comment la réparer ? » Après tout, ses prédécesseurs se sont demandés la même chose et y ont répliqué du mieux possible, chaque fois pour rien. Autrement, on ne serait pas là à la réparer pour l’énième fois ; elle serait en bon ordre. 

Non, les premières questions à se poser doivent être : 

 

·      Pourquoi la machine s'est-elle cassée ?

·      Cassée comment ? 

·      Cassée par qui ? 

 

Par exemple : si cassée par des forces appliquées au-delà de son endurance, alors peu importe les pièces de rechange, elle pètera à nouveau, soit à un autre joint faible, soit là où brisée auparavant. Si parce que ceux qui devaient le soigner l’ont abusée en poursuite de leurs intérêts particuliers, rien à faire. Si utilisée pour des buts autres que ceux prévus ; là encore, peu importe. 

En répondant bien à ces trois questions, tu pourrais trouver un raccommodage qui durera, sans quoi jamais. Ces trois réponses doivent t’être entièrement satisfaisantes avant de répondre à la quatrième : « Comment la réparer ? » 

Malgré des milliers d'années de babillage sur le thème « Comment réparer » le gouvernement, de la part d’améliorateurs réductionnistes (comme Platon, Machiavel, Marx,  et le prochain troll en ligne en gilet débardeur, à la chinoise/néo KGB/frères Koch) Apprenti pose ces trois questions liminaires et y répond, pour que ses lecteurs puissent suivre son exemple et mieux réussir. Contrairement à ces mécanos et leur remontage rotulien de pièces de rechange, nous pourrions rebâtir le gouvernement pour de bon. 

 

J’ai commandé une copie gratuite de la bible en français (www.bibles.ch.) Comme le Qran dans la culture musulmane et les Védas chez les hindous, elle doit servir comme source d’inspiration et de style littéraire pour une culture l’adoptant. Puisque jamais lu en français, (ni le Coran dans son arabe qu’on me dit des plus purs, hélas, ni la vie de Bouddha ni la Gîta en sanscrit …) il m’a semblé que mon français rouillé pourrait en bénéficier. Je n’ai jamais trouvé une version de la bible en français (même celle de Sacy) aussi mélodieuse que celle du King James en anglais.

Tant que nous comprendrons combien moins nous sachons comparé à ce que nous ne sachons pas, et tant que nous pourrons flairer l’ail mijoter (selon J.G. Ballard) tout ira bien. 

Ma requête reçut cette réponse.

 

« Qu'avez-vous eu l'intention d'écrire ??? »

 

Je leur ai répondu à peu près comme ca  (révisé fréquemment depuis) :

 

Il m'est difficile de tisser le tapis d’accueil d’Apprenti, débute. Tant d’idées en tant peu de mots !

 

J'entrevois un nouveau monde bientôt pourvu :

 

·       D’une mairie mondiale, dûment élue, avec son énorme conseil administratif aussi bien élu au ras de pâquerettes bien répandues et enracinées à fond. Constate mes italiques : aucune demande d’emploi pour des tyrans. Ce sera notre responsabilité collective et satisfaction particulière de les remplacer par des chefs de tribu dignes.

·       D’une magistrature vigilante et altruiste, contrôlée par des jurys choisis à l’aléatoire.

·       D’une force de police experte : les meilleurs guerriers sur terre, triés au volet pour garantir la paix.

 

Ceux et celles-là gouverneraient la planète entière, ainsi que nos meilleures villes sont gouvernées : aux moyens exclusifs d'une force de police, d'un système judiciaire et d'une mairie.

 

Cette planète ressemble à Mogadiscio lors d'une mauvaise journée :

 

·       deux cents chefs de bande égoïstes et cruels, se sabotant l’un l’autre aux dépens de l’anthroposphère ; 

·       deux cents conseils de vieux décrépits se concurrençant en politique exclusive. aux dépens de leur petit coin de la cité/planète ; et 

·       deux cents bandes de rue, chacune pourvue d'enfants terribles jouant à la hargne sanglante au AK-74, M-4 et pire, encadrés de vieux meurtriers. 

 

L’Occident actuel : l'Amérique, l'Europe, l’Asie développée… C'est compris ? Cela . ressemble au Boulevard des ambassades à Mogadiscio : occupant les quartiers les moins misérables, les moins délabrés et les mieux armés d'une ville en ruines. Je ne connais pas Mogadiscio et pourrai donc me tromper quant à son meilleur quartier. Mon illustration tient bon.
 
 Je préfèrerai habiter pépère a Seattle, Paris ou Genève (nomme ta ville favorite) – même pauvre – que hasarder la survie dorée d’un millionnaire à Mogadiscio ou Grozny. Que ce soit ma ville ou ma planète, autant pour les gosses que pour moi-même, il vaudrait mieux habiter Genève, qu’esquiver des balles en bas de ruelle à Mogadiscio. 
 Je me fiche pas mal de ces grands messieurs lisses qui friment sur le Boulevard des Ambassades, ces apaches des grandes écoles qui affame des enfants par millions et puis s’en tourne le dos : ils me rendent malade. Des gérants mieux doués se trouve ailleurs ; on devra les identifier et leur accorder plein pouvoir en toute honnêteté, en même temps identifier et déjouer ceux les pires. 

En clair, j'ai l'intention de transformer cette planète Mogadiscio en celle Genève. Pour ca, j’aurai besoin de ta coopération et de celle de millions d’autres Apprentis. Le plus on sera de fous ! 

Imagine les prodiges que parfaireront des enfants mieux formés ! Les rues reluiraient de propreté bien sécurisée ; les parcs, de bon accueil et de bel entretien ; et l’art, ah l’art ! Et les découvertes scientifiques ! 

Mogadiscio deviendrait ce qu’elle voulut toujours être : capitale régionale de commerce, de piété et d’Apprentissage ; jardin subtropical fameux pour ses parcs impériaux et son port prospère et cosmopolite ; attraction touristique, centre d’abondance et de sagesse : là où plus jamais l’appel aux prières ne serait interrompu par la disgrâce des tirs.

Et l’Occident ? Le Boulevard des Ambassades sur la planète Mogadiscio lors d’une mauvaise journée ? Il serait le même quartier sur la planète Genève — seulement super luxe.  Toutes les embarcations monteraient ensembles, des yachts aux canots.

Quoique Mengzi, mon philosophe chinois favori parmi ceux remémorés, tenait que la poursuite de l’humanité et du devoir soit mieux avisée que celle d’un simple profit qui puisse toujours tourner au mal. L’humanité, le devoir et l’Apprentissage : ces priorités assureront abondance plus certaine.

Après tout, quelles sont nos motivations actuelles ? Profiter de la terre en armes en la perfectionnant ? Opportunisme criminel. Le monde paisible escamoterait-il notre revenu sans nous en procurer davantage, ou paraîtrait-il trop difficile et risqué ? Dénie lâche et cruelle. N’arrivera-t-il qu’avec l’émergence de l’humanité version 2,0 : mieux perfectionnée pour ça que la nôtre ? Raisonnement circulaire afin d’esquiver sa responsabilité. Constate sans pitié nos tendances collectives, comme un clochard palperait sa petite monnaie par crépuscule bruineux.

 

Bien sûr, on aura besoin d'autres choses.

 

·      Un assortiment de religions paisibles la main dans la main. Es-tu un fanatique prêchant l’exclusion et la brutalité au nom de Dieu ? Plus personne ne t’écoutera. A la porte !

·      Une milice mondiale sur le plan suisse, qui permet à chacun de défendre sa résidence, sa localité et son monde contre tout agresseur. Elle met fin au crime organisé et à l’agression armée dans chaque commune qui s’y enregistre. 

·      Accès gratuit et directe à la cour du monde pour investiguer chaque crime de haine et de conspiration tyrannique et bloquer le malfaiteur des droits humains à son étape d’intrigue… Surtout si la milice locale se rende en canon délié.

·      L'Agora mondiale de politiques d’info et d'Apprentissage qui opère aux ras des pâquerettes, bien coordonnée à l’ordinateur et aussi bonne que de l'eau municipale, beaucoup plus opportune et délicate que nos bricolages politico/info/divertissants coutumiers.

·      Agrégation supérieure pour chaque enfant dès sa puberté, comme on rend honneur aux musiciens prodiges aujourd’hui. Presque tous les enfants seront prodiges en au moins un sujet de leur choix, pourvu que l’on encourage leurs intérêts particuliers au lieu de les étouffer.

·      L’élevage d’enfants serait une vocation sacrée, plus jamais laissée à ceux moins qualifiés. 
 
 ·      De même, la purification rituelle de l’eau en la filtrant à travers un amas biologique, sinon une autre technologie « miraculeuse ». Beaucoup d’autres technologies apparaîtront, étant donné tant d’Apprentis en poursuite de leur passion dans l’Agora mondial.

·      Service garanti de santé publique qui pourvoit assez de nourriture, de vêtements, d’abris et de soins pour tous. On partagerait ici la richesse de Genève au lieu de la pénurie de Mogadiscio — tous deux à l’échelle planétaire. De quoi satisfaire les besoins de tous, avec de plus en plus laissé pour compte… 

·      Des services bénévoles de médiation et d’arbitrage qui invitent chaque paire détenant rancune et conflit, à l’ordonnance de religieux ou de laïcs experts disponibles en devanture de magasin ou en sanctuaire religieux (des bars d’eau gratuite ?) à chaque coin de rue. Aucun désaccord civil n'irait devant un jury avant d’être arbitré de cette manière.

·      La cultive de biomes d’apogée dans diverses niches biologiques.

·      L’exploration au sérieux de l’espace, des biomes microbiens et des profondeurs maritimes.

 

Tu sais, ce en faveur duquel nous discutons mais laissons tomber en faveur de nos technologies d’armes ? Note, je te prie : « Nos technologies d’armes, notre responsabilité » — n’appartenant à personne d’autre. Si nous acceptions de jouer cette main de cartes de façon honnête, avec toutes nos forces et celles de Dieu, elle serait plus admissible que celle fatale que nous jouons aujourd’hui, tenant d'autres responsables pour nos péchés. 

En ce faisant, nous menons la vie de misère : sans civilité, charité pratique, vraie foi, éducation admissible, art éminent, biome d’apogée, bon goût ni sécurité fiable — en effet écorchant vive la bonne conscience particulière et collective. Nos mœurs devraient nous faire apprécier le monde paisible au lieu de pratiquer simplement le nécessaire pour endurer la prochaine mauvaise journée sur la terre en armes. 

 

Nous nous soumettons à cette bêtise en série parce que nos sociétés ont évolué à la darwinienne pour craindre la paix autant que le choléra : tous deux létaux pour une communauté primitive et tous deux bannis. 

Notre culture nous enseigne, depuis l’enfance sous hypnose continue, à éviter la paix et le saint esprit autant que de l’excrément. Les collectivités et philosophes solitaires qui instruirent la poursuite de paix honnête, d'authentique sainteté et de mérite valide ont eu la gorge tranchée par des collectivités davantage militantes, tant chez eux qu’outre-mer. 

Nous sommes les pires démons d'armes, et nos communautés, les pires technologies d'armes à partir de cinq (?) mille ans de sélection darwinienne. Te souviens-tu des Orcs dans la fantaisie de Tolkien ? Ah ! Les Orcs dans la vie réelle, c'est nous : les soi-disant amateurs de paix qui n’y parviennent jamais.

La seule chose à laquelle notre culture est bonne, c’est optimiser la formule de menace : 

 

Meurtres militaires x (distance/temps au carré)

 

L'omnicide nucléaire, biologique et peut-être météorologique : ce sont nos ultimes accomplissements culturels et ultime sort, faute de transformation radicale à chaque palier social, individuel et spirituel. Sinon voici tout auquel nous aurions été bons, ainsi que notre ultime destin. 

 

Humanité 0, Omnicide -1.

 

Quel bilan abominable pour cette espèce si étroitement cultivée, sagement endurcie et parfaitement nourrie ! Nous perchons sur une orbe bleu turquoise qui répond parfaitement à nos besoins, sous la grande noirceur cloutée d’étoiles en diamants solitaires qui cache encore plus d’abondance. Bien qu’elle ne soit pas nécessairement la nôtre d'origine, puisque notre cycle vital n’a jamais coulé en bon confort dans celui orbital de 24 heures ; ni nos yeux, fixé sur le soleil sans risque, quoique les bêtes en soient capables sans gêne ; ni dos ni joints humains bien adaptés à toute une vie d’activité sous la pesanteur d’une gravité.

 

Allons, Apprentis ! Nous pouvons mieux faire que ça !

 

Pour la première fois dans l’histoire, nous disposons des requis du monde paisible : communications globales, reconnaissance mutuel et soif de paix universelle. Pour la première fois, toute l’humanité est capable (sinon encore désireuse) de se reconnaître les uns les autres comme égaux dignes. Jusqu’à présent, nous manquions de tels dispositifs obligatoires en partage commun. A l’heure actuelle, nous ne nécessitons rien de plus que le consensus, la résolution, la foi et le cran. En aurions-nous assez ? 

Avons-nous eu assez ?

 

 

Constate, en haut de ma liste, l’adoption de nouvelles religions paisibles. Selon moi seul et contrairement au dogme tendancieux, l’église et l’État sont inséparables. Si l’on tente de les « séparer » un moindre simulacre de la religion remplira son vide à coté du gouvernement ; sinon une croyance en trombe remplacera le gouvernement rendu impraticable. 
 
 Dans le passé, le libéralisme relatif des gouvernements occidentaux se traçait en partie à leur adhérence à la moralité du Christ : l’inverse de la dépravation bureaucratique des religions chrétiennes. A présent, le vide spirituel de la consommation corporative national-capitaliste (malesprit, tel que malbouffe) s’impose comme credo public à notre deuil évident.

Si tu trouves ces idées inacceptables, parmi d’autres présentées dans Apprenti, saute-les donc. Peu importe si je ne parviens pas à toucher ceux dont les croyances les fassent proscrire toute nouvelle idée. Leur marché des idées ressemble à l’autostop : les médiocres se dégagent tout à fait convenablement.

Nos cultes chrétiens dépendent des propos de l’apôtre Paul, de Jean du livre de révélation et de St Augustin. D’une manière ou d’une autre, la parole directe de Jésus se dépérit en arrière-plan : décorative mais annulée. On tend l’oreille aux avis d’hommes et non à la Parole de Dieu. Ce que chacun devrait adorer en foi pure, presque personne ne peut le blairer, tant cela a été pourri. L’instruction de Jésus en a souffert depuis les persécutions romaines, le concile de Nicée et l’extermination des Cathares. 

Je crois que Jésus nous a enseignés de bien vivre et de mourir une dernière fois en tant que poupées paumées charnelles ; puis renaître en Lui (de façon littérale) réincarner dans Sa vie parfaite et la vivre intégralement. Y apprendre exactement le nécessaire pour être sauvé. Souffrir la deuxième mort en prenant Sa Croix et rentrer au paradis avec Lui. 

Va relire Ses propos et rends-t’en compte. 

Sinon doit-on se condamner à Samsara sur la Roue du désire et de la mort : la perpétuité de réincarnations sans but, d’abstractions rotatoires, de rituels frivoles, de péchées vides et de fins futiles ; avant celle seule qu’Il nous professa en attente bimillénaire d’être obéi. 

Prends ta vie en compte et constate pour toi-même. 

Toutes les croyances – soit chrétienne, judaïque, bouddhique, musulmane, védique, athée, gnostique, agnostique, déiste, païenne, soit autre – doivent être pareillement bonnes, pourvu qu’elles nous permettent sans se fâcher une meilleure vie si, après le trépas, nous commettions nos âmes dans la vie de Jésus, notre conscience morale un peu moins flagellée de remords. Après ce pénultième décès, notre liberté sera parfaite : de Le choisir, Lui et Son passage au ciel, pour la première fois depuis de nombreuses vies ignares.

Je te défi de trouver ailleurs un choix de liberté tant miraculeuse, divine et parfaite. Sûrement pas parmi les prescriptions officieuses et esclavagistes d’hommes-singes homicides, coincés sur cette terre en armes : « Faites-moi ci, faites-moi ça ; sinon soyez-en damnés. Ne croyez en rien à part ce que nous vous prêchons (incluant la croyance en rien.) Permettez-nous, entre-temps, de vous faire tous descendre, vous et votre progéniture d’enténébrés, faute de consentir d'aller assassiner ceux là-bas et les leurs. » 

Tout sermonneur d’armes prêchant en frayeur le mensonge, la brutalité, l’exclusion, la compulsion, la trahison et la damnation par notre Dieu d’amour total, ce Répugnant perfectionne la mentalité suicidaire d'armes dépourvue de foi, d’amour et de Dieu. Que Dieu lui pardonne et que je trouve moyen de singer Sa miséricorde ! 

On pourrait dédicacer des temples de paix éternelle. Dieu a certainement assez de miséricorde pour toutes les âmes, avec grand surplus. Je cherche cette apocatastasis, cet universalisme. Les saints nécessaires pour l’établir chôment tout autour de nous. 

Chaque âme est sauve : la tienne, la mienne, n’importe laquelle. Ainsi endurcis et ne craignant plus rien sur terre, nous devons effectuer notre devoir ; ainsi cuirassés, réaliser le monde paisible. 

 Absente telle foi, ni espoir réel, ni gouvernement valide, ni paix authentique.

 

Ce sommaire va déranger du monde, surtout ceux formés comme enfants à craindre le monde paisible et à le bloquer en tant qu’adultes. 

Ce texte est radicalement révolutionnaire et antithétique à l’orthodoxie, comme moi le suis. Selon Apprenti, le plus estimable des patriotes nationalistes n’est qu’un arriviste Crip ou Blood (un voyou bien organisé) qui revendique sa supériorité en signalant comme un sot ses gestes de bande : selon l’avis cosmopolite,  un chauvin va-t’en guerre en sursis. Le dévot pacifiste – s’il prétend sa moralité supérieure à celle de l’individu moyen – il n’atteindra aucune fin préférable (puisqu’il se ment, ce pacifiste ; le guerrier moyen est au moins un monstre honnête.) 

Afin d'arriver à la paix durable, nous devons nous rendre compte à quel point craintifs nous en sommes , à quel point nos institutions la bafouent et nos modes courantes de penser et d’agir l’opposent. Que l’on se désigne guerrier ou amant de la paix ; soit vieux ou jeune, riche ou pauvre, ignorant ou érudit, preux ou pas ; soit que nos institutions nous paressent bénignes et sacrées, simplement médiocres ou infernales ; soit notre position d’identité. Chaque institution, chaque cliché coutumier, chaque point d’appui culturel devra être pris d’assaut frontal et nettoyé au corps à corps dans ce Stalingrad intellectuel. Rien ni personne n’en demeurera indemne.

A quoi ressemblera le monde paisible, une fois que la fumée s'en dissipe ? Il exaltera notre Dieu d'amour qui le compensera en miracles, au lieu d'exécrer la terre en armes et la permettre de subsister en indulgence infinie de nos péchés. Nous nous y retrouverions vrais serviteurs de Dieu : assoiffés, souls et combles de la paix de Dieu ; nous occupant sagement de chaque enfant, de la cultive d'Eden et de l'élancement aux étoiles. 

Justice, sagesse, paix. La dictature de l’empathie et la tyrannie de la compassion. Bien moins d’exceptions.

Penses-s’y.

Et si nous faisions le monde paisible et non son école buissonnière ? L’enseignions à chaque enfant avec conviction pure : vénérer le monde paisible et le soutenir de toutes nos forces, sans exception, parole d’honneur, pour toujours ? 

Une fois les Apprentis rassemblés, les astres nous viendront en aide.

Voilà mon sommaire d’Apprenti, débute.



 


- MISES EN GARDE –

 

« … Le citoyen qui tient à introduire des changements dans la forme de son gouvernement, que ce soit en faveur de la liberté ou du despotisme, doit considérer avec quelles matières il ait affaire et juger la difficulté de sa tâche. Car il est non moins ardu et périlleux de tenter de libérer un peuple disposé à vivre en servitude, que d'asservir celui [qui élit de] vivre en liberté. » Niccolo Machiavel, Discours sur la première décennie de Tite Live, Colline Ninian Thomson, Traduction en anglais, Kegan, Trench & Co., Londres, 1883, page 376.

 

Moi, je ne suis qu’un pantouflard avide et lâche, donc sans prétention à la prophétie. Ma seule intention, en rédigeant Apprenti, c’est catalyser un monde un peu plus vivable dans lequel réincarner. Aucun moyen de prévoir -- comme ça à l’aveuglette -- l’évolution du monde après son départ, mais celui paisible me semble plus accueillant que cette terre en armes.

Alors que je passe ce texte en revue, sa présomption cosmique m'ahurit. Aucun talent ni privilège ne m'autorise à réclamer ton attention : ni haute réputation, ni patronat puissant, ni charisme particulier, ni faste scolaire, ni affaire astucieuse, ni saint contentement de moi, ni ambition publique ou particulière ni mérite littéraire. Quand j’ai trouvé boulot adéquat, ce fut comme commis de bureau, distrait qui plus est. Je dois toutefois réclamer ici ton attention. Personne d’autre ne s’est pris la peine d’entreprendre le nécessaire ; je me suis donc senti obligé. Ce livre pourrait être le texte le plus important que tu lises. Cela dépend de toi et de ton penchant pour le statu quo.

J'ai veillé des nuits tardives, examinant les mêmes expériences de politiques ratées et me marmonnant « Au moins l’une d’elles dût réussir ! » J'ose encore espérer. Les Apprentis constituent une nation parmi les nations, un état d'être au sein de l'État. Selon nos manières sereines, une fois proprement inspirés, nous disposerons d’assez de talent et d’initiative pour surmonter chaque défi. Une fois rassemblés dans le noir, saisissant enfin combien nombreux nous sommes et notre primauté sur le monde ; une fois ralliés à ces idées, nous serons imparables et destinés à la gloire ; peu importe la misère des monades isolées, induite par leurs stériles ordres de picotement, ni même l’ampleur du labeur nécessaire pour tout restaurer. La lutte acharnée de la terre en armes que nous dûmes jadis répéter à jamais, elles nous a préparé pour celles a venir au profit du monde paisible. 

Ton évaluation d’Apprenti peut te rendre le vertige, tant kaléidoscopique la gamme de ses sujets. On ne les a jamais étudiés dans la profondeur qu'ils méritent. Notre première revue sera d’une superficialité insolente et dénigrée pour cause de mythisme à chaque tournure de page. Une fois cette crise passée, on pourra rendre pleine justice à ces exotismes. 

Lis les premiers chapitres d'Apprenti pour sonder son vocabulaire : d’ « Intro & Vocabulaire » jusqu’à « Stop. » Ensuite, reprends ta lecture aléatoire dans une de ses trois sections : 

SECTION 1) Pourquoi nous trouvons-nous dans ce pétrin ? 

SECTION II) Comment approcher le monde paisible. 

SECTION III) Qu’en attendre. 

La première section « Pourquoi » est celle la plus rugueuse. Elle s’étire au-delà du mi-point d’Apprenti. Pourquoi est si incendiaire, ses lecteurs de première souche risquent de s’embraser l’esprit. Contrairement aux textes plus sédatifs, celui-là ne néglige aucun mal monumental qu’on nous a instruit de regretter brièvement puis d’accepter comme allant de soi. Cet impitoyable inventaire d'erreurs te semblera fatigant d’abord, engourdissant de suite et insupportable en fin de compte. Ton subconscient revisitera toutes les thérapies d'aversion que tu as endurées comme gosse, pour te faire abandonner cette lecture. Tu en seras agacé, écœuré, puis enragé. Tu devras te redresser fermement pour ingurgiter cette âcre infusion jusqu'à sa lie. Prends des petites gorgées de cet aigre moût et trouve ailleurs du sirop plus doux, peut-être au téton de la télé.

Mais n’abandonne surtout pas cette lecture. J’aurai autant bien pu intituler ces trois Sections Lamentation, Transition et Espoir. 

L’aigre-doux « Comment Faire » note des tendances fâcheuses et propose quelques contre-mesures. Encore plus savoureux, « Quels Résultats » esquisse des options paisibles à l’encontre des technologies d’armes auxquelles nous nous sommes soumis jusque là ; à supposer que des majorités globales aient d’abord saisi Pourquoi et Comment Faire. 

Ce texte est prévu pour chaque Apprenti à venir. Son mécontentement aurait dû faire part de notre patrimoine et le fit jadis, oublié depuis. Mes chers Apprentis, je vous laisse entamer le Qui, le Quand et l’Où. Si vous m'attrapez faillir mon mandat, ce sera votre signale de prendre en relève le fardeau de ma preuve. 

Apprenti n’est pas gravé sur pierre. Des spécialistes dédiés, amateurs et professionnels, doivent mastiquer toutes ses conjectures. Leurs débats pourront conjurer une brillante commune de biens d’Apprentis dont le mantra serait : « Et si nos opportunités n’étaient circonscrites que par les cieux ? »

 

Tu peux avoir vu d’un film dans lequel d’implacables méchants extorquent toutes les bases de pouvoir, de contrôle et de sécurité. À mi-chemin dans cette histoire, les bons sont stupéfaits ; personne n’a d’idée que faire. Alors, quelqu'un dit, « Attendez, j'ai un plan. » C’est Marianne, peut-être ? Au lieu de se tapir en désespoir, des spectateurs autrefois apathiques prêtent attention miraculeuse. Inspirés, ils se transforment en héros. À ce point, par égard à la continuité dramatique, la caméra se braque sur le triomphe des bons.

Ce livre énumère les démarches essentielles entre « nul plan » et « plan en action. » Pendant cette étape obligatoire mais pas très marrante, nous devons discuter ce plan, exposer ses faiblesses, suggérer d’autres options et en coordonner le réglage et la chronologie. Laissons aux volontaires leur choix de tâches qui alimentent leurs intérêts et talents particuliers. Messieurs les améliorateurs réducteurs, en panne depuis des centenaires et tapant au volant, démarrez vos moteurs ! Secouons-en éveille tous ceux qui se sont abstenus par nihilisme et lâcheté. 

J'ai une combine ; tu le lis. Nous sommes à cette étape essentielle mais lassante de la procédure. Que l’on se dépêche !

 

Quelques avertissements avant de démarrer. La prose excentrique de ce livre, son idiome exotique et ses spéculations bizarroïdes rendront ta lecture difficile. Ici, l’on va rendre la guerre illégale à travers la planète, non cuir une petite omelette. Tu ne trouveras dans ces pages ni raccommodages rapides ni aphorismes simplistes : les formules de bébé auxquelles on s’est habitué. Tape « En arrière » si c’est tout ce que tu cherchais ici.

Qui plus est, les chapitres d’Apprenti sont rédigés comme des feuillets uniques, un desquels le recherchiste peut croiser indépendamment sur l’Internet. D’ailleurs, la plupart de mes têtes de chapitre ne furent pas répertoriés sur les dix premiers pages de résultats chez Google ni d’autre pages de recherche corporatives, qui favorisent des ramassis d’insignifiances. Tu trouveras donc beaucoup de répétitions dans ce livre. Tant mieux ! Tu n’as jamais entendu assez parler de telles choses.

Traite Apprenti comme un guide rugueux, moins flou que les textes classiques qui traînent sans fin, plus clair que les obscurantismes de l’ENA. Après l'avoir lu, des jeunes prodiges pourront explorer ce monde en prison ferme, alors que somnole ses gardiens et séquestrés.

Ce livre fait la même appelle aux gagnants extatiques du prix Nobel, aux forcenés sans plus rien à perdre, aux idéalistes à la dérive, aux rêveurs de madrasa, aux bonzes de l’Orient, aux doctes du Talmud et aux séminaristes bibliques, tous insatisfaits, aux traîtres scolarisés et aux esprits lumineux de ghetto qui défient les maux qui s’entortille au seuil de leur sombre pièce d’étude. Il appelle chaque Apprenti perdu dans son labyrinthe à miroirs d’armes et de paix, autant que le fantôme de mon enfance hantant les étalages de livres d’antan. J’adresse ces propos à la prochaine classe des académies de guerre, ainsi qu’aux lycéens prodiges à ce jour. 

Ceux les meilleurs entre vous, à la recherche d’écrits sur la paix, ont parcouru sans succès les archives d’armes. Ce texte trace les contours de ce que nous cherchions sans pouvoir le trouver. 

Rêvant en Californien, je surfe le contre-courant du chaos et brasse ceux de retour du paradoxe. Furieux, je rejette des idées chéries et reprends celles calomniées. Mon message est fort tendancieux. A l’attaque de platitudes rusées, je me rue aux bouts tremblants de l’arbre, plus loin peut-être qu’il ne te plaira de suivre. Tu ne trouveras ici nulle « indifférence » ni « désintérêt » ni « équilibre d’intérêts » comme ces expressions sont mal répertoriées à ce jour. Étant donné la complexité de ce sujet, mon manque d’adresse à l’écrit et mon érudition minime, ton travail est bien servi !

Je tourne des canons rhétoriques contre les mentors d’armes qui m’y ont entraîné. Horrifié et furibond, j'invoquerai des sophismes plus avantageux que leurs équivalents « de logique correcte. » Je dédaigne les détenteurs de « raisonnement correct » qui permettent la faim d’enfants et tourne le dos quand cette déplaisance interrompt leur minutieux vide d’esprit. Au contraire, les Apprentis pirateront chaque fraude de Madison Avenue et appel au couvre-feu qui nous ont fait somnoler jusque-là, afin que croisse le monde paisible.

Il y a de cela une longue marge de vie, comme j’éprouvai les jambes de poulain de mes opinions, mon père m’entretint ainsi. « Condamner des institutions, c’est trop facile, » me dit ce charmant Bayard. Je me souviendrais toujours de lui comme d’un chevalier sans peur et sans reproche. 

Voici une combinaison épineuse, si l’on y pense. Il serait facile d’infliger du mal, doué de quelque illusion d’intrépidité. « Je m’en fous pas mal ! Lâchez les chiens de la guerre ! » Moins facile d’effectuer du bien de peur des conséquences néfastes, mais pas forcément plus compensatoire. Le but incontestable serait d’effectuer du bien sans frayeur. Mon père en fit autant durant sa vie, ce qui lui rendit noblesse authentique. Nul comportement moindre ne vaut d’éloge.

Te crois-tu sans peur ? Soit. N’entreprends que du bien, sans égard aux coûts, et prouve-le-nous. Une petite astuce que tu dois entamer dans ta tête, pour ton divertissement et le bien-être du monde. En seras-tu digne ?

Le paragraphe précédent pourrait être la meilleure lecture pour le sociopathe qui se reconnait et ses amis qui le comprennent. Je leur recommande de le passer en revue attentive, ce qui pourrait remédier leurs troubles et frayer le chemin au monde paisible.

« Condamner des institutions ? N’en prends pas la peine » ce cavalier pensif me conseilla, « sans proposer des meilleures options. » 

Je me suis acharné depuis à deviner ces fameuses options. Enfant né aux années 1950 adipeuses, j'ai trouvé révoltant la Révolution au R majuscule. Ses bavures juteuses disaient davantage d’elle que ses promesses aqueuses. Parmi ses pires échecs, après des souffrances à n’en plus parler, elle n'offrit rien de plus que le présent intolérable comportant de fréquentes rechutes. La dialectique révolutionnaire et toutes ses conventions m’ont semblé des bla-bla faciles : réactions d’inflammation culturelle aux insultes continues de l'orthodoxie.

 

Aucune grande œuvre De la paix n’existe, bien que de nombreux universitaires se tapent dur, De la guerre par Clausewitz. Crois-moi, j'ai ratissé les rayonnages sans succès, à la recherche De la paix.

À mi-passage de mon dressage obligatoire, quand j’ai commencé à en avoir sérieusement marre de ses mensonges et tas de victimes, j’entrepris le ratissage des bibliothèques à ma disposition pour trouver un texte primeur sur le monde paisible. Tu sais, la vraie leçon de civisme pour un cosmopolite sérieux, à l’encontre des conneries nationalistes de toutes striures ? Tant pis si ce n’eut été qu'une spéculation loufoque ; je m’en serai satisfait ! 

Tout ce que j'ai pu trouver, ce n’étaient que De la guerre et d’autres textes traitant de la gestion d’armes. D’innombrables histoires, textes dévots, harangues pompeuses, calembours en fiction et casse-noix philosophiques, tous ont soutenu de leur mieux la mentalité d'armes et nous ont distraits de ce qui aurait dû être notre intérêt primaire tout le long : le monde paisible. Sinon ont-ils parlé de sensations, de sentiments, de technolâtries, d’abstractions vides de sens, sinon d’autres sottises, du n’importe quoi hormis le monde paisible. Autant plus que mes lectures se sont rendues davantage voraces et moins scrupuleuses, autant plus m'ont-elles mené à des affirmations de la mentalité d’armes de plus en plus sophistiqués, alambiqués et rébarbatifs. Exception faite de cette chaîne alpestre de vétilles, il y eut fort peu autrement.

Avide pour le texte primeur du monde paisible que je n'ai pu trouver, j'ai pris l'intention de rédiger son volume un. Je n’ose appeler mon ouvrage, De la paix. Seulement les Apprentis, rassemblés dans l’agora du monde, rédigeront une telle œuvre sous mille millions de titres. À présent, nous n’en bénéficions d'aucun.

Même si Apprenti n’apparait que tout seul sur une étagère vide de bibliothèque virtuelle et sous un nombre d'appel inexistant, son scribe ne peut réclamer droit d’auteur aux idéaux paisibles. Même si la mentalité dorée de la paix reste enfouie sous les scories de la mentalité d’armes, son éclat d’or reluit faiblement depuis tous nos chefs-d’œuvre culturels. Où sont les précurseurs opulents d'Apprenti ? Ils ont disparu, remplacés par des textes classiques d’armes dont le culte nous a été imposé à longueur de vie. 

 

 

Apprenti remet en cause notre choix obligé entre la mentalité d'armes et son double paisible. Chaque moment que nous endurons sur cette planète, nous connivons avec ce mal ou le défions, que nous ne l’admettions ou pas. A ce jour, la mentalité d’armes domine nos pensées sans débat sérieux. Il n’est pas étonnant que des technologies emballées d’armes moissonnent à jamais plus de victimes, puisque nous nous soumettons sans contestation à sa mentalité. Des initiatives progressistes doivent bien échouer, tôt ou tard, dans cette Mer de Sargasse d’armes. Qu’y a-t-il de surprenant là-dedans ? On ne doit même pas être déçu par ce défaut social si prévisible et ordinaire. Dégoûtés et enragés, certainement, mais non déçus.

Une fois que notre loyauté se mutera des armes à la paix, nous pourrons prospérer avec nos aspirations progressistes. Jusque-là, oublis-les et oublis-nous.

Puisque tu commences à saisir la prémisse centrale d'Apprenti, tu pourrais en ressentir une répugnance réflexive. 

« Monde paisible ? Paix au monde ! Silence ! J’en suis quitte ! » 

Si ça te plait de former des opinions en triangulant tous les éléments d’une controverse, demande-toi : « Pourquoi renvoyer ce sujet sans audition équitable ? Étant donné l’étendu de mes autres études à l’école, pourquoi personne ne m’en a-t-il informé tout aussi attentivement ? » 

Prête-moi attention et je te dirai pourquoi. Émergeant de l’enfance en adolescence frustre, nous mûrissons sexuellement (vers la quinzaine) bien avant que nos émotions et manières sociales ne mûrissent à tel point (vers les trente ans ?) La communauté exploite ce développement en déséquilibre. Elle nous offre un cycle prévisible de vie : de la rébellion adolescente aux incertitudes d’adulte, suivi du contrecoup réactionnaire de sénilité précoce. Les otages enfantins sont gavés du point de vue d’armes, au point de briser leurs idéaux juvéniles. 

C’est tout de même drôle, si l’on y pense. Au volet de la santé physique, le corps humain fut ingénié pour être croqué vers l’âge de trente ans par un tigre à dents de sabre et obvier les dissolutions pénibles de la vieillesse. Sous de telles contraintes mortelles, les survivants ont dû souffrir des extases de l’amour, du sexe et de la reproduction en tant qu’adolescents. La plupart n’ont pu développer l’empathie et le savoir-faire avant l'âge de trente et quelques ; certains auparavant, d’autres jamais. L’impitoyable terrain d'abattage néolithique réclamait de l’insouciance quasi-suicidaire et la procréation adolescente, donc la naïveté égoïste de jeunes bêtes en chaleur. Les vieux pensifs, quoique honorés par les plus brillants de leurs enfants survivants, n’ont pas bénéficié de la bienvenue du monde naturel.

Si l’humanité tente de se séparer de la nature, de l’écraser et de l’asservir, c’est qu’elle rend cette faveur à la nature. Celle-ci fait pousser en tuant, l’humanité comprise. Cet antagonisme doit mal finir pour nous, quoiqu’entièrement compréhensible. Voir le chapitre « Le serpent cosmique ».

 

Chaque mètre cube d'eau, de terre, d’air et de vide peut renfermer toute l'énergie dans l'univers (moins un ?) Nous trouverons-nous assez sages pour étendre nos mains dans le feu de ce vide et les y réchauffer, ne brûlant ni nos doigts ni le monde ? Sinon resterons-nous des mendiants ignares, trébuchant faméliques et taris au large du désert, quoiqu’une abondance inouïe nous attende scellée sous nos pieds ?

Nous nous asseyons dans le partage d’une géante pizza de luxe. Elle s’étire à l'horizon et au-delà jusqu’à l’infini. Elle est couverte de bonnes choses à manger : des monticules de légumes et d’aromatiques, de fromages crémeux et de délicatesses exquises : toutes les garnitures d’une tarte superbe. Elle comporte des certificats d’étude, logements corrects et basses mortalités natales ; assez d'abondance, de justice et de sérénité pour tout le monde ; de la meilleure qualité en quantités incalculables et bien supérieures à nos exigences.

Quel dommage que nous ne distinguons qu’une petite tranche de cette tarte, d'un seul degré de courbe, désolée et âprement répugnante ! Elle a été passée au fil de l’épée depuis des dizaines de siècles, dénudée, carbonisée et comblée de pauvreté, de panique et de souffrances. Partout autour, des enfants affamés tremblent en larmes stoïques, tapis dans des blockhaus, taudis et décharges de réfugié : les enfants d’affichage de nos échecs et de notre culpabilité. L’on ne perçoit plus rien que cette terre en armes : la croûte noircie d’une terre carbonisée. Affamé pour quelque chose de préférable, nous nous précipitons sur ses miettes par compulsion microscopique.

Le restant infini, entassé de friandises dont personne n’a touché ? Il reste hors de vu en ce qui nous concerne. Les autres 359 degrés de cette tarte nous ont été dissimulés par des ouillères de conventions culturelles longuement révérées. Depuis notre naissance, la culture nous a isolé du monde paisible en faveur de la terre en armes, de manière de plus en plus rigoureuse au fur des années. Nous renvoyons donc l’abondance potentielle du monde paisible comme simple phantasme utopique.

Les Apprentis dépolariseront ces ouillères et dévoileront la tarte entière devant tout le monde. La grande récolte est bien là, au monde paisible, à nous de moissonner. Nous n’avons qu’à nous éclaircir la vue, nous monter les manches et nous mettre au boulot. Cela nous mènera à la saison des récoltes, quand presque tous partageront une abondance incroyable. Ils en seront trop préoccupés pour arracher un rendement moindre de l’empoigne l’un de l’autre : de l’extravagance militaire que nous ne pouvons plus nous taper.

Comme dans Siddhârta par Hermann Hesse, nous n’avons qu’à sonder les profondeurs de l'ascétisme sévère, du plaisir sensuel, de la richesse matérielle, d’auto répulsion et, en fin de compte et faute de mieux, de saint contentement dans notre abjecte médiocrité. Forcés d’abandonner notre bonne conscience, la substituer par le compromis passif-agressif et collaborer par force majeure avec des conspirateurs d'avidité, nous amortissons notre mélancolie aux doses d’ignorance, d’indifférence, de drogues, d’alcool, de fanatisme, d’obsession d’amateur, de compulsion professionnelle, de folie, de crime ou de suicide. Parmi ces évasions, prends ton choix.

Consterné, j'ai compris le tourment du roi Asoka. Debout le dos au dos, nous ne pouvions plus nier notre complicité dans ce carnage de notre propre agencement, ni nous en tenir quittes. Il nous fallut accomplir quelque chose d’éclatant : tendre le bras vers la grande bague de cuivre suspendue juste au-delà de nos rêves les plus transcendants ; prodiguer de toute notre confiance, compétence et valeur en soi, quoique fragiles ; tout hasarder pour réduire l’atrocité robotique de la condition humaine.

 

L’idéalisme réformateur de la jeunesse est partout subverti. Sa suppression dans les jeunes est une fausse maîtrise à laquelle nous tous sommes appelés. Notre première priorité ne devrait-elle pas être d’encourager leur randonnée créative ? 

Te souviens-tu quand tu étais un(e) petit(e) précoce aussi pur(e) qu’un verre d’eau ? Te rappelles-tu la rafale de railleries qui souffla tes enquêtes puériles au sujet du monde paisible ? Peu importe à qui tu te serais tourné : parents, étrangers, maîtres éclairés ou bêtes brutes ; tu dus courir le gant d'insultes voilées, de condescendances et de brutalité si tu persistais. 

Rappelle-toi. « Le monde paisible ? Terminer la pauvreté ? Bien nourrir et aimer tout le monde en bonne équité ? Reviens au réel, cesse de rêver, grandis un peu, et plus vite que ça ! Que faire de toi et ta répétition de sottises ? C’est du n’importe quoi ! Ah, ça va maintenant ! On t’apprendra ça plus rudement a l’école. » 

Ok, je résume, grosso modo en quelques lignes de texte, des années d’endoctrinement systématique et fort subtil. Mais tu me comprends.

Ici sur la terre en armes, l’enfance soi-disant « bienheureuse » est celle rarissime durant laquelle d’inévitables traumatismes et injustices sont infligés un peu plus tard, au hasard, aux mains d’inconnus et par surprise.

Ta timide enquête puérile a sans doute abouti en dénonciations, rejets et renvois par des conformistes d’armes. Selon eux, « Le monde paisible, c’est de la merde. Agis conséquemment si tu tiens à ta peau. N’en parlons plus. » 

Ce lavage incessant de ta belle cervelle flambant neuve, alors que tu étais petit et facilement maniable, t’aurait-il assujetti sur-le-champ ? Ta conscience morale a-t-elle été réduite au silence ? Aurais-tu suspendu ton incrédulité pour éviter le rejet ? Te serais-tu soumis à ces mensonges, soit leur mérite ? Qu’importent l’ethnie, la nation ou la croyance dont tu jaillis : on t’a laissé quel choix ?

 

« Crimestop, cela veut dire la capacité de se figer, comme si par instinct, au seuil de toute pensée dangereuse. Cela inclut l’aptitude à ne plus comprendre les analogies, à rater les erreurs de logique, à mal entendre les discussions les plus élémentaires étant ennemies [de l’orthodoxie,] et à être ennuyé et repoussé par chaque suite d'idées en voie vers l’hérésie. Crimestop, en bref, cela signifie stupidité protectrice. » George Orwell, le livre 1984, the New American Library, Inc., New York, 1961, page 174. 

Voir Le Syndrome 1984.

 

Nous avons été bloqués parce que M. Tout-le-monde nous a fait taire du moment que nous ayons posé des questions gênantes. Notre culture subvertit le pacifisme et la décadence militaire avec la même attitude compulsive qu'elle contrôle les déchets humains et les épidémies aquatiques. Tous deux furent fatals pour une communauté primitive, tous deux sont bannis. Nous avons été formés, comme enfants apprenant leur toilette, à faire disparaitre la paix et la spiritualité.

L'une doit provenir de l'autre, n’est-ce pas ? En dehors du monde paisible, la spiritualité ne doit-elle pas souffrir ? Au sein de la guerre, notre spiritualité ne se rend-t’ elle pas en une caricature monstrueuse d'elle-même, ricanant de son hypocrisie ? Durant ce que nous osons prétendre le temps « d’entre-guerre », n’est-ce pas également moche ? Sommes-nous prêts à hurler Assez dans la figure de ce grotesque culte d'armes ? N’avons-nous jamais été mieux disposés, ne le serions-nous jamais ?

Ainsi que pour nos religions d’armes et leur pertinence à Dieu, il importe peu les beuglements hypocrites que nous dédierions à la paix. Nous en sommes aussi mal disposés qu’envers de l’excrément. Ainsi devons-nous faire face à une multitude de contradictions sociales sans aboutissement, résolution ni clarté.

Bien sûr, je comprends ta panique et ta répugnance. Mais je ne puis m’arrêter là. Toi et d’autres Apprentis, à moi ! Nous sommes des grands à présent, immunisés en principe contre les blâmes d’enfance. Dégage tes oreilles -- là, c'est mieux comme ça -- et prête attention. Apprenti reprend des questions troublantes que tu as dû laisser tomber comme gosse, avec ou sans ton consentement intègre. Ce choix que l’on t’a interdit comme enfant, Apprenti te le restitue. 

 

A l’aube de cette époque du Verseau, elle est bien triste, la conjoncture à laquelle nous nous soumettons. Une mauvaise gérance géante, héréditaire et adoptive, s’arroge la logique de tronçonneuse lubrifiée à l'huile de serpent démocratique. Le sourire crétin du destin semble favoriser des conspirateurs d’avidité. Sous notre regard qui refuse à y croire, des prédateurs aux sourires affectés violent la justice aveugle. Ils ricanent jusqu’à leur banque, congrès, chaire et université, puis reviennent pour jouir de seconds malpropres. Sans relâche, nos institutions justifient la comédie spasmodique de primats meurtriers.

Des absurdités s'incrustent banales dans nos constellations de métaphores politiques, en dépit de leurs échecs spectaculaires ; ou ne les aurais-tu pas encore remarqués ? Comme des badauds autour d’une voiture calée, nous persistons à entonner : « Faudra bien se procurer davantage d'amour, de perfectionnement particulier, de patriotisme nationaliste, de Christ dans ce monde, d'humanisme, de science, de soumission, de valeurs familiales, de marché libre ; on a grand besoin de politiciens plus intègres, de tyrans plus justes et de gros bonnets plus gentils. » En bref, la dictature par texte de tête vide. Encore plus commun et sans valeur : « Ne crois en rien, mon coco, que le gain et débours de ta prochaine obole. Sois cool et bien sot, comme nous. »

Stupéfiés par toute cette barbarie, des prophètes, des présentateurs de nouvelles, des technocrates et des bourgeois braient du désastre à quatre voix. D’autres prient qu'une apocalypse vienne STP les délivrer. Abasourdis par leur panique, ils cherchent à aggraver la nécrose du monde afin de hâter bêtement la terminaison qu'ils souhaitent tant.

Nous nions l'évident : le miracle dont notre existence dépend maintes et maintes fois par jour. D'après ce miracle, une sagesse supérieure remplacera nos typhons de venin avec des averses d’aubaines. De l’abondance fantasque pourrait fleurir sur le terrain vague qui nous enclose ; pleine justice, soulager de nombreux anciens maux et ordonner aux légions récalcitrantes, demi-tour vers la civilité. 

Imagine ça ! Visualise le mieux qui pourrait advenir. 

Au lieu, des dissidents et des ultras d’armes chantent des ronds de dogme sénile. Ils s’obsèdent de l’Autre détesté et trame son anéantissement impossible. D’autres s’assoient sur leurs mains fainéantes, dans l’attente que tout le monde se rende en ange, sinon que le Christ revienne nous délivrer (quoi qui advienne d’abord.) 

Tout s’improvise. Personne ne sait de quoi il parle, ni n’a de plan concret sauf pour de la tuerie en surcroit : s’en tenir quitte, s’y préparer, ou l’aggraver. Le privilège principal de la promotion ces jours-ci, c’est n’avoir plus à écouter mais simplement transmettre des ordres déments, sans tenir compte de la réalité : la recette du désastre garanti. En fait, la gérance moderne tend à régir par désastre : elle hérite des désastres négligés, sinon en attise de nouveaux, puis démontre sa maîtrise en agitant les bras et blâmant des subordonnés pour avoir manqué de répondre aux demandes impossibles.  

Nous ne sommes permis ces jours-ci que deux espèces de politiciens : des broyeurs de bonnes idées depuis trois générations, et ceux qui n’ont découvert d’idée infecte qu’ils n’aient prisée. Tel que l’ancien forgeron villageois qui convoite une motocyclette entrevue pour la première fois, leur plus ardant désire est de disjoindre le monde et le rassembler à leur gré. Mais leur recueil d’obsolètes métaphores politiques ne leur permet de comprendre ni les contradictions ni les opportunités fondamentales du monde actuel. Ils souhaitent remonter une moto Harley-Davidson des années 1950, en se servant de formules de Périclès et d’outils de carrosse à chevaux.

Ce n’est que l’absolue justice de notre cause qui la garde en vie, non nos habitudes de parole et de pensé gangrenées. Rendus fébriles par des idéologies nécrosées qui ne bénéficient personne hormis des intérêts, nous nous sommes rendus crédophobes au point de ne plus croire en rien.  Gavés de bêtises commerçantes, nos gyroscopes moraux déboussolés, nous avons lâché nos dernières prises d’esprit et chutons dans les contre-courants de la transformation. 

Pourtant ne pas désespérer. Prêter plutôt attention aux prêches de Jesse Jackson, et « RANIMER L’ESPOIR ! » Comme pendant les deux après-guerres en Allemagne, des ultras nous remettront une épave aussitôt qu’elle semblera trop déchirée pour en préserver quoi que ce soit. Apprenti anticipe cette remise, cette fois du monde entier.

Si tu cherches la formule du monde paisible en six cents mots, consulte les Georgia Guidestones, ciselés jadis en anglais, espagnole, swahili, hébreu, arabe, chinois et russe, avec quatre en plus ciselés sur des dalles horizontales en haut : cunéiforme babylonien, grec classique, sanskrit et hiéroglyphes égyptiens. Mais non pas en français, putain !

1. Maintenir l’humanité sous 500.000.000, en équilibre perpétuel avec la nature.

2. Guider sagement la reproduction, améliorer la santé et la diversité.

3. Unifier l’humanité avec une nouvelle langue vivante.

4. Régir la passion, la foi, la tradition, et toutes les choses avec raison tempérée.

5. Protéger les gens et les nations au moyen de lois justes et de cours intègres.

6. Permettre à toutes les nations leur gérance interne, résolvant les disputes externes devant une cour mondiale.

7. Éviter les lois insignifiantes et les fonctionnaires inutiles.

8. Équilibrer le droit particulier avec le devoir public.

9. Priser vérité, beauté, amour, à la recherche d’harmonie avec l’infinie.

10.         Ne soyez pas un cancer sur la terre, Laisser place à la nature, Laisser place à la nature.

Dynamité depuis par les braves gens de l’État de Georgia, puis raclé au bulldozer par sa Police sans investigation. Ça vaut un poème peut-être, ou un nouveau chapitre au titre d’Iconoclasme.

Si ce n’est que la simple logique de la paix globale que tu souhaites trouver ici, lis Mortimer Adler, How to Think about War and Peace (Comment penser de la guerre et de la paix), Simon et Schuster, New York, 1944. A cette époque, le Président Roosevelt et ses assistants brillants anticipèrent un gouvernement unimondial et populaire qui aurait criminalisé la guerre à travers la planète et garanti à tous leurs droits humains. Il y a de cela soixante-dix ans, et des vingtaines de millions morts de guerre et quelques milliards disparus de famine et de maladie dont nous, les illuminés contemporains, sommes responsables. Et quel montant de ressources vitales et d’ingéniosité jetés par la fenêtre avec notre consentement ? 

Comment oses-tu protester que tu n’y sois pour rien ? Cesse de te mentir, ici du moins ! Nous sommes tous responsables à cent pour-cent.

Hélas, des comissars du parti binaire américain d’armes se sont assurés qu’un artilleur et mercier manqué, Harry Truman, rattrape les brides du pouvoir des mains déchues de Roosevelt. Hiroshima, mon amour ? Truman et ses pitres copains d’esprit chauvin et fermement clos ont gaspillé toute la bonne volonté globale qu’acquit l'Amérique en libérant le monde du fascisme. Tel que Bush le moindre et ses écuyers l’ont gâché après l’onze septembre, alors que tout le monde s’était à nouveau rangé de notre côté. 

À vrai dire, l’Amérique et le monde ne se sont jamais remis des régicides « par pure coïncidence » des deux Kennedy, de Martin Luther King, de Malcolm X et de Medgar Evers, (et de combien d’autres chefs progressistes abattus anonymes à travers le monde : les cibles d’ops noirs bilatéraux lors de la guerre froide et depuis ?) et leur remplacement au pouvoir par des moisissures visqueuses du type belliciste ultra. Celles-ci ont soigneusement caressé depuis une série de médiocrités politiquement correctes. Leurs préjugés nous ont infligés des millions supplémentaires de fatalités de guerre et encore un demi-siècle de ruine d’armes. 

Encore aujourd’hui, nous persistons à gaspiller du temps et des talents précieux pour protester contre la robustesse d’initiatives guerroyantes. Mais qu’ils aillent manifester, en futilité totale, contre nos initiatives paisibles. Plus jamais dans l’autre sens !

 

Ce texte n’est pas un tome accablant, mais plutôt un divertissement spéculatif et battement de rassemblement. Ne se prétendant ni fiction ni reportage, il prend place quelque part entre confession, harangue, et carnet d’homélies, d’anecdotes et de conjectures. Comme l’a si bien décrit Margaret Atwood, du journalisme de pronostic. Le texte d’Apprenti n’est ni fiction ni documentaire. Ses paragraphes sont des échantillons de base de la mythologie paisible renouvelée qui remplacera au monde paisible l’archaïque version d’armes.

Je n’ai trouvé aucune œuvre comme Apprenti, ni trouvé un regroupement politique qui l’accepterait d’un trait comme le sien.  À supposer que j’eusse pu ! Je ne me serai pas senti si isolé sur cette planète de primats meurtriers sans repentis et leurs opposants hippies paumés, ni m’inquiété que cela ne pourra aboutir que du mal en pire entre leurs mains, avec ou sans la publication d’Apprenti.

Je n’ais pas confiance en ma génération, propre à rien que Bush le Moindre, ses co-équipiers national-capitalistes, puis Trump le joker. Comme sérieux parti politique, les Apprentis apparaîtront certainement dans l’avenir, peut-être après ma disparition et celle de mes contemporains fuyards de la paix, un peu comme dans le cas d’Érasme, de Rousseau et de Marx.

 

« Ainsi advient-il, qu’au-delà de la ligne imaginaire qui démarque le passé du présent, l’écrivain se trouve face à face avec la condition humaine, ce qu’il doit observer et comprendre aussi bien qu’il le peut, à laquelle il doit s’identifier, lui remettre la force de son souffle et la chaleur de son sang. Il doit tenter de la rendre dans la contexture de l’histoire vive qu’il compte interpréter pour ses lecteurs, pour que son effet soit aussi beau, simple et persuasif que possible. » Ivo Andrić, Discours d’acceptation du prix Nobel de la littérature en 1961. 

 

« Si l’humanité porte en elle une donnée éternelle, c’est bien cette hésitation tragique de l’homme qu’on appellera pour des siècles à venir un artiste, en face de l’œuvre qu’il ressent plus profondément que quiconque, qu’il n’admire comme personne, mais que seul au monde, il veut en même temps souterrainement détruire. »

« Or, si le génie est une découverte, comprenons bien que ce soit sur cette découverte que se fonde la résurrection du passé. J’ai parlé, au début de ce discours, de ce qui pourrait être une renaissance, de ce qui pourrait être l’héritage d’une culture. Une culture renaît quand les hommes de génie, cherchant leur propre vérité, tirent du fond des siècles tout ce que ressembla jadis à cette vérité, même s’ils ne la connaissent pas. » 

André Malraux, Les Conquérants, Le livre de poche, Compagnie Bernard Grasset, 1928, pages 311-13.

 

« Le leader endosse toute notre confusion dans sa tentative de gravir en amont de la société, à la découverte d’une clairière qui puisse dévoiler la bonne voie. Là-bas, sur sa montagne imaginaire, il se tient solitaire, souffrant l'angoisse particulière de la liberté. Il nous observe dansant désemparés en bas et à mi bravant la mortalité dans notre labyrinthe rassurante. Il peut constater une certaine confiance de notre part, perdue dans notre éternité terrestre. Mais comment parviendra-t ’il à recueillir ses pensées, s’il ne peut obliger ni nous tous ni la structure elle-même de faire réplique à ses efforts ? » John Ralston Saul, Voltaire’s Bastards: The Dictatorship of Reason in the West (Les bâtards de Voltaire : La dictature de la raison dans l’Occident), Vintage Press, A Division of Random House, 1991, page 469.

 

Admets les bribes d'Apprenti que tu approuves, puis fais quelque-chose de mieux. Renvois ce que tu y trouves déconcertant : comme conjecture, ouï-dire, hérésie, pseudo science, ce que tu voudras. Si ce texte t’inspire une nouvelle notion, donne-m’en des nouvelles. Je préférerai intercaler des idées neuves (pourvues bien sûr d’attribution adéquate) dans une nouvelle rédaction. Je serais peut-être permis de chroniquer cet effort vertueux … possiblement dans des chapitres subséquents de ce samizdate. 

Pourquoi les termes « utopique » et « idéaliste » servent-ils à consigner nos meilleures valeurs aux tas d’ordures ? Depuis quand le chic réactionnaire a-t-il déclaré l’empathie pathétique et la compassion sans valeur ? Nous pourrions débuter comme mauvais pratiquants du monde paisible, mais l'amour du bien circule dans nos veines. Aucune expression n’existe pour ce talent : kalotropisme ? Quoiqu’il ne se laisse plus être ignoré. Qui sait, la réalisation du bien pourrait revenir à la mode, ce en dépit des ultimes efforts de ceux parmi nous les pires, de l’interdire et de le ridiculiser.

Des phraseurs absentéistes de moralité se prétendent astucieux en aggravant notre névrose d’armes. Par répétition de routine, ils calomnient « le bienfaiteur » (do-gooder) et « le cœur sanguinolent » (bleeding heart.) La bonté devient « faiblesse et bonasse. » En dissimulant ainsi leur ignominie, ils promeuvent la terminologie obstinée de connivence réactionnaire et la mise en ligne d'arnaqueurs et d’hypocrites professionnels de correctitude politique à peine suffisante pour remplacer nos gérants légitimes. Chaque nouveau venu moins savoureux que son précédant. Des gens de talent et de génie sont chassés de la politique et du commentaire social ; simplement abattus dans la rue sinon crucifiés par les médias, alors que leurs bourreaux se promeuve l’un l’autre.

Des réactionnaires ricaneurs se trahissent en se servant d’expressions dérogatoires « de politique correcte, ‘woke’ (en éveil), anti-fa (ciste,) et culture d’annulation. » Qui sont ces truands ? Des maîtres de méchanceté ? Des cœurs en silex ? Est-ce que quelques cœurs pierreux exigent un petit saignement lubrifiant pour réoxygéner leur conscience morale en ligne plate ?

Après tant de tentatives, pourquoi ne bénéficions-nous pas du meilleur gouvernement possible ? Étant donné l’ensemble de nos écoles, livres et professeurs, pourquoi manquons-nous des millions de maîtres et maitresses paisibles enrichissant l'abondance qui est notre dû et chargeant le monde de technologies miraculeuses, de faune et de flore sacrées, d’amour courtois et de gentillesses aléatoires ? Où sont passés les gérants paisibles qu’exigent la dictature de compassion et la tyrannie de la conscience morale ? 

Si l’on considérait le monde comme une grande académie, comme en transformeront les Apprentis, la plupart de ses étudiants matriculent dans un aspect quelconque de la technologie d’armes, alors qu’un trop petit nombre se pourvoit d’une loque de paix. Alors que la machinerie de guerre broie son chemin ininterrompu, ses esclaves les plus dévoués sont les seuls permis de débattre son utilité en public. 

Presque personne ne peut dénommer les grands maîtres paisibles. Ces praticiens primaires furent des personnes peu prétentieuses ; ses omnipraticiennes, aussi mal répertoriées dans l’histoire générale qu’elles ne le sont ici. Compare cette condition d'ignorance avec notre familiarité domiciliaire avec Gengis Khan, Hitler et pareils maîtres de mutilation. Si le monde paisible était notre première priorité, et non la tuerie de masse, ce déficit d’Apprentissage nous rendrait de graves incertitudes. 

 

Je n'ai eu aucun choix que d’écrire, in two languages, ce livre, ce livre entier et rien que lui. En fin de compte, je ne peux justifier ma présomption qu’en te signalant notre faillite morale sur la terre en armes et notre avidité tacite pour le monde paisible : l’ultime passion taboue.



 


TABLE DES MATIERES précis et liens URL - choisis tes passions

 

 APPRENTI est écrit en anglais et en français.

 Page Titre 

 Dédicace

 Reconnaissances

 Préface

 Sommaire d’Apprenti 

 Mises en garde

Nous sommes formés comme enfants aversifs à la paix. Quand les Apprentis en admettront autant et le défieront d'autant plus, les portails du monde paisible nous seront ouverts à grand.

 Table des matières (te voici.)

 Intro et vocabulaire

Nous nécessitons un tout nouveau vocabulaire politique. La gamme de nos sujets sera encyclopédique. Notre premier traitement ici doit être de superficialité insolente, en butte au renvoi pour mythisme à chaque tournure de page.

 Sociopathes et leurs remplaçants

Environ 70 millions de psychopathes et 210 millions de sociopathes subsistent sur terre. Quand la civilisation chancelle, ils prennent le devant pour s’en prendre aux innocents qui veillerait réflexivement les uns sur les autres en leur absence. Quelle est leur part dans la persistance de mensonges, de cruautés et de hypocrisies en politique journalière : celle que nous autres, menés par notre conscience morale, méprisons en nombres écrasants ? Comment sont parvenus à distordre nos valeurs un pour cent et trois pour cent de l'humanité, privés de la conscience morale que nous autres prenons pour acquise,  au point de militariser cinq millénaires d’histoire mondiale et de rendre le monde paisible non seulement impossible en pratique mais « utopique » en théorie ? Pourquoi nous sommes-nous soumis à leur science lugubre (dismal science) et leur aboutissement désastreux, puisque nous les surpassons par 24 contre 1 ?

 Mein fahrt, citant Hitler hors de propos

Hitler comprit qu'une nouvelle idéologie doit détenir un simple message que tous puissent comprendre et adopter. Il stipula son développement d’étape en étape sans interruption. Son intention fut funeste ; la nôtre sera bénigne. Ce dispositif politique s’apprête autant à l’espoir et la bonne conscience des Apprentis, qu’aux abus et mensonges des fascistes. Aussi, ton évaluation d’Apprenti te nécessitera grande ouverture d’esprit. 

 

 SECTION 1- POURQUOI ? POURQUOI PAS ?

Mais qu’allait-on faire dans cette galère ?

 Nobles vierges violées

Croissance éphémère aux racines profondes, croissance explosive depuis celles superficielles. Des racines profondes et croissances fructueuses. La règle d’or de la conscience morale à l’encontre de celle toxique de la survie militaire. 

 La survie du plus létal

Le développement d’Etats militaires par sélection darwinienne. L’intendance dans ses contextures d’armes et de paix.           

 A toi choisir

Choisis ta constellation de métaphores politiques : de conformisme historique ou rêvant vers demain. 

 L’avenir

Pourrait-on transformer la terre en modèle mieux réussi de l’Angleterre victorienne ? Celle-là comme féodalité. Ses villes industrielles frangeant l'orbite terrestre au lieu de la mer. L’espace extra-atmosphérique, ses colonies ?  

 Concevons l'avenir

Ta version est aussi valide que la mienne ; formulons la nôtre ensemble.  

 Paradis et enfer, sur terre

Une liste de recommandations à réaliser plus ou moins souvent.                   

 Le syndrome 1984

Ce syndrome : le gouvernement est malveillant ; rendons-le donc aussi débile que possible. La thérapeutique : chaque gouvernement est aussi bon ou mauvais que la qualité de la mairie la plus proche. S’assurer qu’elles s’améliorent. 

 Du contrat social par Jean-Jacques Rousseau

Son contrat social a manqué la considération (terme légal) qui l’aurait déclenché et garanti : le monde paisible. Il n’a pas tenu compte des bornes des communications de son temps. Ces communications atténuées ont neutralisé les effets du contrat social vis-à-vis les relations internationales. En nous servant de technologies que son temps manquait, nous réduirions ce mur cyclopéen à la densité de l’air. 

 Carl Marx

L'Inadvertance fatale de Marx : définir la politique dans l’absence de l’antinomie d’armes et de paix, c'est calculer la mécanique orbitale sans pesanteur inertielle. Marx s’obséda de la science économique, quoique ce ne soit qu'un tributaire mineur du grand flux d’infos, infiniment renouvelable et profitable à l’exponentielle dans l’absence de sa « science lugubre » (dismal science) et de ses conclusions chimériques. Ce flot d’info peut se multiplier par milliers en adoptant dialogue anarchique et chaotique au lieu du monologue centralisé, bien moins productif mais promoteur du gouvernement. Les Apprentis libéreront cette abondance inexploitée car ignorée par Marx et ses co-équipiers. 

 La formule de menace

Le compte des cadavres multiplié par la quantité distance par-dessus le temps, au carré ; à la place de la formule de fauteuil qui accélère la pensée (voir en dessous.) Le raffinement compulsif de cette première formule a détourné des fortunes énormes, au détriment de projets paisibles beaucoup plus rentables. 

 Infanterie

Se chausser les bottes du combattant.                        

 Guerre criminelle

Des rapports entre crime, guerre et gouvernance. 

 La mentalité d'armes

Les politiques modernes et le fascisme sont-ils trop conformes. Pourquoi ? 

 Stupidité rituelle

Le manque d'observer des avertissements jusqu’à ce qu'il ne soit trop tard, en accord avec la mentalité d'armes. 

 L’option capitale

Le jardin ou l’infection virale : les deux voies du capitalisme et leurs aboutissements. 

 Coûts

Prier ne pas évaluer la technologie paisible selon l'éconologie de la mentalité d'armes. Alors que celle-ci est anti-profit à longue échéance ; celle-là, poursuivie avec la même passion, promet d’être beaucoup plus soutenable. Résolution possible des problèmes de population accrue et de ressources décrues.

 Paradoxe d’Amérique

Action ou délibération ? La grande faiblesse américaine et son rare don. 

 Quelques gros mensonges

Une liste partielle de mensonges par espèce. Comment des élites peuvent-elles mentir si régulièrement, si impudiquement et avec tant d’arrogance professionnelle ? Ces questions m’ont incité à la rédaction d’Apprenti.                        

 Choisis ton poison

La mentalité d'armes est létale par conception. Incapable de se contrôler, c’est ce qu’elle réussit le mieux. Si tu cherches un chien vicieux, tu as choisi le rottweiler parfait. Adopte un animal de compagnie davantage complaisant.

 La pathohistoire d'armes

Sommes-nous trop coopératifs ou concurrentiels ? Pour quelle raison ?

 Paroxysmes

La guerre n’a jamais débuté ni ne s’est-elle jamais éteinte ; elle se perpétue. Ceux qui l’ont résisté le mieux ont péri le plus vite. 

 La tech d'armes

La science et l’emploi de la guerre dans l'histoire et à présent. 

 La mythologie d'armes

Notre constellation de métaphores politiques est farcie de mythes d'armes. Si ceux paisibles les remplaçaient ? 

 Les reconnaître à leurs fruits

Sacrifice ou célébration ? Les religions d'armes sacrifient l’Autre ; celles paisibles le célèbrent. Célébrer l’Apprentissage et ne plus sacrifier personne sauf toi. 

 Ce que je pense de la rapture, mon pote

Nulle part dans la bible Jésus ne s’est jamais servi de l’expression rapture. Le Christ interdit aux chrétiens de prier en église et en public ; constate-le dans Matthieu 6-5. De quoi se mêlent ces « chrétiens fondamentalistes » à désobéir Ses instructions directes, pervertir le christianisme et renvoyer en dégoût des croyants potentiels ?       

 Politiques d'identité

Identité, conflit et communauté. Les adhérents de diverses positions d'identité peuvent se rendre en Apprentis. Leur partage de cette appellation les abritera d’abus des droits humains. Les politiques d’identité sont tellement conflictuelles, elles entravent le progrès. Les élites richissimes, unies sans tenir compte de leurs clivages d’identité, prospèrent aux dépens de groupes d’identité qui se subordonnent en se fragmentant. Les Apprentis assemblés pourront déclencher le monde paisible.  

 Les bibliothèques qui brûlent

Parmi les mieux préservés des anciens écrits de la littérature mondiale, qu’un auteur sur dix ne survit et qu’un seul sur dix de ses œuvres. Compte tenu des villes saccagées, c'est 99.99...% péris. L’embrasement des livres est omniprésent dans l’histoire et d’un œcuménisme écœurant aux mains de psychopathes adhérents des deux côtés de chaque temps, croyance et nation.  

 
SECTION 2 – COMMENT FAIRE

Comment culbuter la terre en armes dans le monde paisible ?

 Serions-nous bons ?

Le mal inné ou l’ultime bonté ? L’Inné, l’acquis et d'autres intérêts.  

 Asoka

L’institution de la droiture : voici notre précédent.

 Apprendre à danser

L’éléphant mondial est mené par un cerveau de cafard : sa musculature énorme en déséquilibre avec sa conscience dérisoire. Ce pachyderme erre sans voir, se casse la jambe en promenade et s’affame au milieu d’un marché agricole. Voici notre monde. Planter le cerveau d’éléphant dans son crane et l’observer danser. Cette Fantasia constitue notre ligne de sauvetage au monde paisible. 

 Education dolente, fauteuil flottant

L'éducation moderne se voue au triage et à la restriction. L'éducation des Apprentis doterait chaque enfant d’agrégation sur ses passions dès la puberté, comme l’obtiennent les musiciens prodiges aujourd'hui. Accélérer l'écoulement des donnés au lieu de le rationner ; inverser la ziggourat hiérarchique de l'éducation et la transformer en cornes d'abondance d’Apprentis, anarchiques mais s’épurant pour excellence. 

 Mots de suite

Notre constellation de métaphores politiques moule les règles qui agencent nos communications. Du discours libre et des centres de profit. Amplifier la longueur d’onde de dialogues anarchiques et réduire la fréquence du monologue officiel.                                      

 Bibliothèque universelle

Le traitement des données dans une technologie paisible. Comme l'eau de fontaine aux anciens carrefours de Rome: illimitée, propre et gratis. 

 Valeur-connaissance

Taichi Sakaiya décrit l'abondance perçue et les jugements objectifs de valeur qui en découlent, ainsi que la pénurie et les jugements de connaissance-valeur qui en résultent. Des applications suggérées de la connaissance-valeur aux technologies paisibles. La manière dont elles peuvent équilibrer l’affluence et la pauvreté, les valeurs objectives et la connaissance-valeur.  

 DEMOS : Laocratie ou. pathocratie

Laocratie comme substitut direct, proportionnel et continu de la démocratie représentative, celle-là indirecte, problématique et spasmodique. L’architecture suggérée de l'Agora mondiale et de ses politiques d'info au monde paisible. Autrement, pathocratie : la régie de la terre en armes aux mains de sociopathes (voir en haut.) 

 Le devoir de juré

Pour justice maximale. 

 Cataloguer ceux passionnés

Comment énumérer les passions et leurs adhérents ? 

 Bruit blanc

Quelques problèmes de la gouvernance à grande échelle. 

 Ancienne abondance : Dinosaures ou éléphants ?

Des hypothèses exotiques et des spéculations peu scientifiques pour te distraire par leurs feux d'artifice.                        

 La science des Apprentis

Des applications de la science et des superstitions aux technologies paisibles. La véritable créativité scientifique a souffert ligne plate depuis les années 1950. Elle s’est restreinte à l’amélioration de gadgets aux marges et à la frappe de marteaux de plus en plus lourds. La science d’armes corporative a enterré de nombreuses découvertes inédites en attendant leur affranchissement durant la renaissance des sciences paisibles.            

 Outre Darwin

L’aspect complémentaire de sa théorie évolutionnaire. La maladie comme instrument évolutionnaire, l’infection comme outil thérapeutique, et la sexualité entre les royaumes biologiques.

 En voyage

Des avantages de longs voyages. 

 Langage

L’Amer-Ind comme langue universelle des voyageurs, adjointe à celle natale de tous. Sur l'écologie culturelle, son étouffement par la culture corporative d'armes, à l'encontre de sa croissance au monde paisible. 

 La superconscience collective

Partageons-nous une superconscience collective ? L’aurions-nous polluée de brutalité ? Pourrions-nous la rendre paisible ? 

 Les cathares : la pierre de l'angle rejetée

Pour quelle raison ces paysans et nobles pérennes ont-ils honoré des hérétiques par-dessus leur clergé catholique entièrement mûr ? Pourrions-nous adopter le modèle cathare et puiser de chaque foi ce qu’elle retient du mieux? Contrairement à la mythologie d’armes, le gouvernement et la religion ne peuvent être séparés sauf pour promouvoir une combinaison encore pire. 

 Consolamentum hypothétique

Ma tentative de récupérer le catéchisme cathare supprimé depuis l’inquisition. Comme les Livres de la mort, au Tibet et en Egypte, ce chapitre décrit la réincarnation sur la roue du désire et de la mort. Cette épopée sans doute récitée et transcrite en centres urbains littéraires carbonisées par centaines. Selon ma foi, nous pouvons éteindre l'autopilote Karma après la mort, choisir de réincarner dans la ligne de vie du Christ et l’accompagner au paradis le soir-même de sa promesse.                     

 Satyâgraha et Allah

Sur l'art de la « vérifaction » : trouvaille de la vérité des deux côtés du conflit. Sur l'Islam. Si les deux agréaient ? 

 Quelques règles de base

Des idées de Gandhi sur la satyâgraha, la résolution de conflits et la non-violence ― soulevées avec reconnaissance du livre de Mark Juergensmeyer. 

 Ode à la vérité et à la non-violence

Poème sur la satyâgraha et la « vérifaction. » 

 

 SECTION III – QU’EN ATTENDRE

Qu'en attendre du monde paisible ?  

 Le serpent cosmique

Est-ce que la voix vitale de l'ADN est celle de Satan, le serpent d’Eden ? Ne serait-ce plutôt le saint esprit que Jésus nous laissa comme Rèconforteur, en attendant Son retour ? L'ADN est très ancien et très sage ; nos âmes sont déjà sauves. Ne pourrions-nous pas trouver dans cette titanesque base de données les répliques aux pires de nos problèmes ? L'ADN les a déjà survécu et transformés en bénéfices lors d’autres incarnations. Pourquoi ne pas partager son expertise ici présent ?  

 Extraterrestres et hommes de caverne

Quelques spéculations fantasques sur la préhistoire, pour te divertir.            

 Médecins en frontières

On parle ici du COVID et de ses suivants. Beaucoup plus de toubibs doivent nous servir. Des embarras de la santé publique sous la régie de la technologie d’armes. Les soins d’une technologie paisible. 

 Rajout de P L A, rabais des nuques

Des applications de rechange à la quincaillerie du transport. Interdiction formelle de guerre nucléaire.  

 Ecologie constitutionnelle ?

L’écologie soutenable comme droit constitutionnel. 

 Surveillance planétaire

La surveillance au ras des pâquerettes d’activités à grande échelle. Renouveau urbain, sylviculture, remèdes tectoniques, villes couvertes, caillebotis élevés et énergie solaire.

 Tes droits ou leur privilège ?

Les droits humains au monde paisible.

 Prier ne plus vomir dans le buffet des salades

La meilleure mode de contrôle de population serait le plus possible de gens en bonne santé et bien aménagés — bien moins d’exceptions. 

 Milice mondiale

« La constitution réclame une milice bien réglée… » Les forces de hargne au monde paisible.  

 Paix sur terre et bonne volonté

Convivencia : apprendre à vivre ensemble. Le projet urbain et les protections environnementales. 

 Que faire ?

Sois gentil et traduis dans ta langue natale tes chapitres favoris d’Apprenti, puis dissémine-les gratis sur l’Internet. Une liste plus ou moins sage de suggestions intimes. 

 Il n'est jamais trop tard pour la gloire.

Est-ce trop tard? C’est probable. Peut-être pas. Et alors ? Notre honneur nous enjoint d’exceller, soit la probabilité de succès ou de faillite. 

 Conclusion

Le développement soutenable de technologies paisibles. Activisme, commentaire social, prévision du futur, prophétie politique, théorie politique, écologie paisible, idéalisme, renouveau urbain, fédération globale. La présentation du monde paisible qui nous manque. 

 Le foot aux ordures

Des rebuts peuvent joncher les chemins infernaux de la terre en armes, mais non ceux du nouveau Jérusalem au monde paisible. Leur contrôle devrait être un sport de rue ; leur recyclage, un jeu d’enfant. 

 

Je te prie d'interrompre ta lecture aux environs des citations: introduction à l'idée suivante, sinon confirmation de celles précédentes.  Après repos pensif, poursuit ta lecture soit là, soit ailleurs dans Apprenti



 


- INTRO ET VOCABULAIRE –

 

« Ton isolement n'est pas autant l’effet direct de l’action ennemie, mais du fait qu’en parcourant ce chemin, tes expériences seront partagées par de moins en moins de monde, jusqu’à ce qu’il ne reste plus personne à qui te faire comprendre. » Sarah Patton Boyle, « Crache dans l’œil du diable : Une hérétique méridionale te parle. » The Nation 1865-1990, Katrina Vanden Heuvel, Editrice, page 214.

 

En secret tout le long de l'histoire, des maîtres d’armes et de paix se sont roulés aux dés pour notre summum : talents, croyances, corps, richesses, postérité, santé d’esprit et saint esprit. Les premiers ont voulu nous protéger militairement de l'Autre et se protéger de nous ; les seconds, nous faire accepter l'Autre et nous-mêmes en paix.

Cette même concurrence entre les partisans d'armes et de paix, tu la trouveras parmi les blancs et les noirs ; les Chinois, les Argentins, les Nouvelle Zélandais et les Groenlandais ; parmi les capitalistes, communistes, socialistes ou fascistes (progressistes ou réactionnaires) ; les athées, agnostiques, déistes, chrétiens, musulmans, païens et bouddhistes (fondamentalistes ou œcuméniques) ; autant parmi des habitants de la jungle taillant le rare silex que parmi des employés urbains qui agencent une frénésie de technologie numérique ou en sont agencés.

Est-ce entièrement compris ? Sinon relis.

Cette rivalité tranche à travers tous les clivages communautaires chéris : âge, sexe, ethnie, classe, religion, idéologie, géographie et politique : des simples distractions de notre tâche principale : actualiser le monde paisible.  


 La dialectique d’armes et de paix règle notre dialogue politique sur un rigide coordonné cartésien. Nous parlons en langue bifurquée, comme le font nos Etats-nations. Ses deux lames, l’une guidée par des maîtres d'armes, l'autre par ceux paisibles, partagent trois particularités discursives. Elles sont toutes deux :  

•         dialectiques : parallèles le long de l'axe de la compréhension ;

•         antithétiques : perpendiculaires aux croyances de l’autre ; et

•         antinomiques : contredisant directement les méthodes et les résultats de l’autre.  

Cette langue de bois trifide crée l’antinomie d’armes et de paix : désaccord absolu entre nos méthodes, aspirations et résultats.

Mon exemple sera le mot « utopie. »

Le long de l’axe primaire dialectique, L'Utopie, c’est un texte vénérable dans lequel l'auteur, Thomas More, décrit un ordre social « parfait. » L’on convient que son utopie n’invoque aucune circonstance actuelle, n'est pas un précis historique ni ne sera jamais praticable dans l'avenir. Quel modèle parfait ! Voici toutefois le plus proche que la plupart des fidèles de l’ère des lumières se défient d’approcher au monde paisible. Il existe une poignée de textes subséquents, pareillement obscurs et mal réfléchis. 

Autant conviennent les réactionnaires et les progressistes anglo-saxons que ce pauvre récit doit être toute la documentation requise pour énoncer les mérites relatifs de la mentalité d'armes vis-à-vis celle paisible. Autant vaudrait traverser les Alpes muni d’une carte de Pangée. 

Si cela t’intéresse, Lewis Mumford résume en anglais, dans les 150 premières pages de son livre, L'histoire des utopies, une vingtaine de textes principaux dans ce genre. Ne me demande pas ce qu’il entendait exprimer dans la deuxième partie de son livre.

Le long du second axe antithétique, l’expression « utopie » signifie pour les maîtres d'armes : « ce (cet endroit) qui ne peut jamais être. » L'Utopie est la lecture de référence préférée à ce sujet. Enseignée dans les moyennes et hautes écoles anglo-saxonnes, elle confirme la conviction fondamentale qu’une commune paisible et bienveillante soit impossible. Pour des maîtres paisibles, L'Utopie est leur spéculation qu’une meilleure paix pourrait être praticable. Selon eux, l'utopie signifie « ce (cet endroit) n'étant pas mais qui pourrait être » l’échafaud spéculatif d’une paix préférable.

Ne me demande pas pourquoi les progressistes n’ont pas diffusé une demi-centaine de livres supérieurs depuis. Subordination lâche aux maîtres d'armes, manque d'imagination, satisfaction subconsciente avec le statu quo ou simple inertie mentale ? La raison de leur échec m’élude. 

Le long du troisième axe antinomique, des maîtres d'armes se servent de l’adjectif utopiste presque comme 
 clause adverbiale, tel que « jamais de la vie ! » Toute idée marquée utopiste peut être rejetée par réflexe, sans dispute ni pensée subséquente. Les maîtres paisibles en prêtent pour décrire un arrangement social qui prévoit l’amélioration de la réalité courante, faisable ou non. En d'autres mots, la version paisible de l'utopie signifie un bien à poursuivre, alors que celle d'armes, une horreur à éviter comme la peste : non seulement inutile mais en quelque sorte toxique.

Ainsi, le long de l’axe antinomique, l’intention des deux côtés est en opposition totale. Ce n’est plus une conversation mais un tir à la ligne.

De nos jours, la mentalité d'armes domine nos propos, arguments et intentions, de la même manière que sa technologie domine notre vie matérielle. Nous tentons de survivre paisiblement en dépit de la prévalence d’armes.

Notre synchronisation de sens, de définitions et d'intentions, et la lumière qu'elle projettera sur nos propos publics, nous promettent sécurité, abondance et camaraderie surpassant l’entendement actuel. 

Nos institutions et cultures retiennent des vestiges paisibles, à nous de cultiver, et une prépondérance de notions d'armes à rendre en vestige. 

Ci-dessous, je subdivise l’antinomie d’armes et de paix en trois pairs d’expressions :  

•         mentalité d'armes

•         mentalité paisible

•         technologie d'armes

•         technologie paisible

•         mythologie d’armes

•         mythologie paisible  
 
 

La mentalité d'armes dépend de la crainte, et la crainte dispose de notre monde.  

« … [L'historien anglais, Thomas] Carlyle dit que le grand élément qui manque de notre tentative de pénétrer le passé, c’est la crainte ; il s'est chargé de la reconstituer et y réussit extraordinairement bien. Sa syntaxe est conçue pour incarner une distraite recherche à tâtons de certitudes embrumées de rumeurs et d’événements au mieux à mi-compris, accablée d’humeurs d'inquiétude aiguë, de fureur et d'exaltations des fois périlleuses. » John Burrow, A History of Histories: Epics, Chronicles, Romances and Inquiries from Herodotus and Thucydides to the Twentieth Century, (Une histoire d’histoires : Epopées, chronicités, romances et enquêtes d’Hérodote et Thucydide jusqu'au 20e siècle), Alfred A. Knopf, New York, 2008, page 362. 

Tentant d’abriter leurs adhérents de frayeurs accablantes, les directeurs d'armes développent des armes de menace dissuasive qu’ils présume si atroces que personne n'osera les défier. Hélas, la terre en armes décrète ce défi : « La meilleure défense, c’est une bonne offensive. » A long terme, la mort agonisante d’aucuns n’a jamais dissuadé quiconque de quoi que ce soit ; elle a simplement offert satisfaction momentanée aux psychopathes.

Nous éviterons ici des expressions telles que la mentalité de guerre ou celle guerrière. La mentalité de guerre se compare à celle d'armes comme la fureur de la route à la conduite défensive. Ni les directeurs d'armes ni les chauffeurs défensifs ne souhaitent une collision.

Rarement emploierons-nous des expressions telles que « militarisme » ou « fascisme » pour remplacer « la mentalité d'armes. » Celle-ci est beaucoup plus répandue et subtile ; elle infecte une démocratie dite libre autant bien qu’une dictature. En effet, le citoyen libre d’une république libre est un meilleur technicien d’armes que l’esclave de dictature. Un peuple qui se déclare amateur de la paix gère mieux ses mises à mort que celui assoiffé é pour du sang étranger. 

Si tu te prétends amant de la paix, pur au-delà du reproche, quoique tu n’aies pas pris la peine d’assortir tes préjudices d'armes et de paix, tu n’es réellement qu’un compagnon de voyage d’armes et qu'un autre pilier de ce statu quo. 

Comme l’ivrogne qui désavoue son addiction, nous aggravons la mentalité d'armes en y niant notre penchant.

La mentalité d'armes impose sciemment des déformations sociales : pauvreté, hiérarchie inflexible, injustice, inégalité, sous-emploi, criminalité consolidée, mauvaise éducation, écocide, malnutrition, guerre de classe : cette liste s’étend sans fin. On confond la mentalité d’armes avec une fâcheuse combinaison de stupidité, de bigoterie, de folie, d’avarice, de crime, d’erreur et de mésaventure honnête ; ne parvenant pas a croire que celle-là les permet de perdurer pour parachever ses buts.

Les réformateurs sociaux s’imaginent capables d’améliorer les affaires de façon réductive, graduelle et par incréments : problème par problème, position d’identité par position d’identité et question par question. En se servant de cette méthode au tromblon et ses raisonnements à la grenaille, ils n’ont rien réussi que la guerre depuis cinq millénaires. 

La solution catégorique de ce problème serait l’unité d'intention holistique, globale et simultanée de la mentalité paisible, convenue au préalable par presque tout le monde, suivie d'une nuée de solutions réductrices de petite envergure. Aucune réussite soutenue n’est envisageable dans l'ordre opposé (telle que la pratique actuelle), puisque chaque petite réforme paisible est paralysée par la répression prévenante, holistique, simultanée et globale de la mentalité d’armes.  

La société se mesure par rapport à la constellation de métaphores politiques que ses membres s'accordent en commun. La nôtre est farcie de mythes d'armes. De nombreuses politiques collectives et croyances religieuses, légales et morales constituent la mythologie d'armes : l’explication populaire de nos pratiques et institutions les moins admissibles. Puisque les valeurs de base de la mentalité d'armes sont insensées selon quiconque aime la paix, les maîtres d'armes doivent imposer leurs propres vocabulaire et syntaxe mythiques pour se protéger contre la critique raisonnable de ceux paisibles.

Afin de réussir, les directeurs d'armes doivent être incompétents à la paix. Les technologies militaires sont les seules auxquelles ils doivent exceller (impitoyablement évaluées par sélection darwinienne sur le champ de bataille.) Les autres champs d'application peuvent être entretenus avec inaptitude faite exprès et satisfaire leurs exigences tout de même. Le moins bien qu’ils pratiquent la paix, le mieux réussiront-ils en guerre. Les techniciens d'armes ont régné pendant des millénaires, car il est beaucoup moins âcre d'échouer à la paix et triompher en guerre, que réussir à la paix et perdre la guerre.

Le refrain familier des maîtres d'armes ? « Tu n’es pas payé pour penser à ça ; nous le sommes. »  

Les prolétariens d'information sont asservis par leur privation de données valides. Celles de rebut, leur étant servies bien chaudes chaque jour, maintiennent leur condition servile. Nous tombons ici d'ordinaire, toi et moi. Dans d'autres circonstances, notre fidélité miroite entre ces métagroupes comme des quanta d'énergie autour d'un atome de taille terrestre. 

En pratiquant leur apprentissage, en travaillant et jouant ensemble, le prolétarien d'info crée de la richesse en se soutenant lui-même et ses proches. Des groupes beaucoup plus restreints, appelés élites d’information, saisissent la majeure partie de cette richesse au nom de la sécurité militaire, défrayant ainsi les coûts anti-profit de leurs technologies d'armes. 

Ces coûts surpassent de loin les frais d’armes et de soldats en temps paisible, loin s’en faut. En comparant l’économie d’une véritable communauté paisible à l’éconologie d’une communauté d’armes, la juste mesure serait entre la richesse de Genève et la pauvreté de Mogadiscio, sinon la vigueur d’un coureur olympique parcourant en pleine forme sa course favorite, comparé à celle d’un soldat traînant vers l’arrière son pote blessé.

J’ai envisagé adopter les expressions élite d'opinion et prolétariat d'opinion pour souligner la nature éphémère de ces préjugées et le manque paradoxal de mérite de la part de l’élite. Elle estime ses préjudices supérieurs à ceux du restant du monde ; les prolétariens d'opinion sont convaincus que leurs préférences sont secondaires aux siennes. Bien encadrée dans les médias et les écoles, elle réaffirme leur complexe d'infériorité. 

 Ce pourrait être la raison primaire que la majorité écrasante des progressistes (à base de raison) ne prévaut jamais sur une minorité dérisoire de gérants d'armes (basé sans flétrissure sur des menteries de sociopathes.) Ça, puis l’instinct réflexif des ultras qui se croient sérieusement confrontés : massacrer et torturer des gens choisies en contingence, j’allais l’oublier ! Soit dans les caveaux de la police secrète lors d’un chômage massif, soit dans les tranchées d’une guerre fabriquée de toutes pièces pour cette seule raison, soit les deux en série aussi souvent que semblera nécessaire pour renouer la soumission taciturne de son prolétariat. 

Les élites d'info et les directeurs d’armes sont interchangeables entre divers Etats, nations, affiliations religieuses et organes politiques. Ils incluent nos gouverneurs, leur personnel, les ouvriers médiatiques, les juges, professeurs, prêtres, politiciens et d’autres cadres influents de mésinformation et de désinformation ; soit qu’ils sachent ce qu’ils font et pourquoi. Ils se croient supérieurs à leurs hôtes prolétariens dont ils ressortent et dépendent, ainsi qu’un gamin précoce dédaignerait ses humbles gardiens. 

Au début, en temps de chaos d'armes, les prolétariens d'info ont choisi leurs élites parmi eux-mêmes ; ensuite, une fois leurs affaires mieux organisées,  les élites ont promu leurs remplaçants depuis le prolétariat d'info. Aucune différence si cela s'effectua par privilège princier, élection démocratique, hiérarchie religieuse, nomination soviétique, baronnie du vol ou autre méthode ; ni plus si la scène politique était un kraal de huttes en boue, un puant baronnât féodal ou un empire militaro-industriel, transcontinental et multiethnique ; soit que ces directeurs d'armes fussent asservis ou libres, séculiers ou religieux, centralisés ou orientés au profit, plèbes ou nobles, criminels ou autorisés, professionnels ou amateurs. D’identiques élites d'armes émergent de toute façon, disposant d’une ressemblance remarquable quant à leurs mentalité, attitude et comportement réflexif. Leurs propos peuvent changer avec le temps et selon les circonstances, de façon arbitraire, manipulatrice et préjudiciable, mais leur comportement fondamental, jamais. Sauf, peut-être, pour l’honneur et la gloire : le premier à grand sacrifice, le deuxième par succès téméraire. 

Les Apprentis doivent avant tout en faire appel, à ceux de mon père, de chaque noble guerrier, qui lui décrassent de sa fange et confirment son valeur. Le bon guerrier les reconnaîtra forcément et les défendra contre quiconque assez dément pour n’en admettre, si létal soit-il. La gloire résultera du monde paisible à succès ; l’honneur le soutiendra tenacement ensuite ; eux et l’Apprentissage doivent s’unir au monde paisible.  Après tout, l’honneur s’apprend jusqu’à ce que la gloire en résulte.
  

L’élite d’info affirme que la gérance d'armes arrange le mieux les affaires de tous (un mensonge transparent.) Elle se sert de : 

•         maîtres, menteurs ou mentor d'armes afin d'émettre ce mensonge pendant la pseudo-paix, et

•         sectaires d’armes pour le proférer plus vigoureusement quand advient la guerre.  

L’élite d’info n'est pas plus clairvoyante que le prolétariat d’info dont elle ressort. Ses membres favorisent simplement la mentalité d'armes et eux-mêmes dans le moins distant, en censurant des données importantes et noyant cette censure sous des rumeurs et mensonges. Ceux assez scrupuleux pour disputer cet arrangement absurde sont marginalisés.  
 
 Ce triage « au nom de l’obéissance et la loyauté » rendra ceux élus (et auto-élus) au pouvoir encore plus stupides de façon collective et automatique. Ayant maintenu le cap pendant un certain temps, ces élites d'armes échouent sur les écueils de leurs contradictions sociales. Elles sombrent de manière prévisible en cruauté rituelle, terreur institutionnelle et corruption de routine (voir le chapitre La stupidité rituelle.)

Les élites d’info peuvent pratiquer une de trois politiques d’information. Les deux premières simplifient le contenu des données, la troisième le rend davantage complexe. Les transitions entre ces catégories sont graduelles, granulaires et flexibles, autant capables d’aller en avant qu’en arrière, non nécessairement catégoriques, monolithiques, abruptes ni progressives. 

1.  

Les élites (ou politiciens) de mésinformation disséminent autant de mensonges que possible. Ce comportement s’accorde aux tyrans anciens et modernes. A la longue, tout n’étant pas une vérité interdite devient un mensonge obligatoire. La politique de mésinformation crée des systèmes de gestion du combat qui filent du haut tant bas et semblent optimisés pour la guerre. Pense aux régimes de Staline et de Saddam Hussein. 

Il devient plutôt facile d’assortir ce qui reste de la vérité à partir de la mésinformation transmise par le monologue officiel. Dans la plupart des cas, l'opposé exact de ce qui vient d’être transmis sera plus vraisemblable. 

Cette politique de mésinfo amplifie la paranoïa, le soupçon et la terreur. Rien n'est ce qu'il semble être ; l’on ne peut rendre confiance en personne. Sous cette exigence claustrophobe, l'élite d’information se réduit au minimum puis se purge en-deçà. Le dogme de cul-de-sac devient la réalité manifeste, répétée de par tous les médias décérébrés. Plutôt que simplement manipuler l'opinion des masses, l’élite de mésinfo fait fantaisie de transformer la réalité elle-même : comme sur papier, ainsi en réalité. Elles tuent et terrorisent autant de hôtes prolétaires dont elles disposent, jusqu'à ce que la fantaisie remplace leur bon sens. 

Alors que des gangsters règnent, des politiciens, aveuglés par leur propre mésinformation, mènent guerre sainte contre la créativité des Apprentis. L’aboutissement ? Des guerres d’agression à l’étranger et la décimation intellectuelle (tous les neuf lecteurs battent à mort le dixième) chez soi pour valider la propagande officielle : l’ultime simplification de la réalité publique. La collectivité tourne de sa propre inertie et s’alimente de ses dernières réserves jusqu'au chaos et a la ruine.

La mésinformation peut être évaluée selon sa dureté. Combien l'élite durcit-telle la survie des prolétariens ? Autant que cette tyrannie se rend rugueuse, d’autant plus sa politique de mésinformation doit mal aller. 

Des tyrannies davantage douces sont plus riches ; elles remplacent la mésinformation par la politique de désinformation dont la gérance est beaucoup plus subtile et difficile. 

Quand un Etat d'armes mûrit, les insuffisances de sa politique de mésinformation se rendent stridentes. Le mensonge ne livre que la richesse dépouillée et son entropie au chaos ; la richesse soutenable ne s’accroît que depuis des vérités et leur confiance publique. Des réformateurs pensifs tentent de tisser quelques brins de mentalité paisible, y compris des rameaux de la politique d’info, dans l’osier putréfié de la gestion d'armes. Ce galimatias contradictoire ne peut tenir bien ensemble pour longtemps ; au lieu confronte-telle des directeurs corrompus d'armes contre leurs dissidents vexés d'armes dans la centrifugeuse de désinformation. Nous voici, régis par… 

2.  

Des élites de désinfo incluant un mélange de prétendus populistes et modérés, avec un noyau dur d’ultras qui retient parole finale sur les sujets de grande importance. Ils transmettent leur demi-monologue à travers d’extensives hiérarchies corporatives, gouvernementales et religieuses. Contrairement à la politique de mésinformation, un « feedback » (retour de données) soigneusement contrôlé est toléré en doses minutieuses, tel qu’un poison thérapeutique. La politique d'info considèrerait ce retour a 50% dans chaque direction, comme la mise d'un grand bâton dans la roue de leur control.

Le mot clé dans la politique de désinformation, c’est « mais » comme de suite : « Nous entendons vos appels à la réforme et admettons que la moralité, le moral et l'efficacité nous dictent de mieux faire, mais … » suit une longue liste de raisons et d'excuses pour que des mauvaises pratiques restent routinières. 

« Mais soyez donc raisonnables, messieurs dames ! Vos propos sont impraticables, trop coûteux, soumis aux abus de voyous, nuisibles aux protocoles antiques, promoteurs d’ennemis potentiels, etc., etc.… » Dogmes religieux éphémères, charabias idéologiques, distorsions historiques, compositions littéraires aussi vides qu’exquises, publicités commerciales, babillements sportives, violence d’arène, procès d'exposition, drames d'opéra de lessive, données « mathématiques » et conclusions « scientifiques » qui se prouvent entièrement erronées par la suite : le tout émis machinalement d'autant de sources de monologue médiatique que possible, sans arrêt, en détail somptueux, en exactitude douloureuse et en volume sonore. 

Des sujets significatifs sont dissimulés de façon obsédante par omission coutumière. Cet état de transe se renforce au point de se rendre hypnotique. Les promoteurs de désinformation, ainsi que leurs auditeurs, refusent d’assortir de la vérité leurs tromperies évidentes. Les élites de désinfo sont aussi vulnérables à leur propre désinformation que leurs hôtes prolétaires. Des activités destructrices s’accroissent et la vraie richesse s'évapore. Le peuple ignore ses forces et périls imminents en faveur d’élaborations successives de banalités. Il est facilement convaincu de sa bonne fortune imaginaire (tant bien économique que politique) quand en réalité au bord de la faillite et vice versa. Les ordonnances publiques se rendent vacillantes et arbitraires, sans base éthique ni idéologique ni autre. La gérance s'applique à l'improviste et ses résultats en souffrent. 

Il devient de plus en plus facile (bon marché ou gratis) de se procurer des données superflues, et plus avantageux de les produire, alors que celles utiles se rendent de plus en plus difficiles à annoncer et acquérir (dispendieuses, laborieuses, censurées et déclarées « non commerciales. ») Interdite toute croyance sauf celles favorisant le mercantilisme rabique ; prohibée par consentement universel et décret populaire, toute foi en autre chose que l’avarice nue et le dogme sénile. 

Les élites de désinfo évoluent en mandarinats boursouflés. A la suite de vigoureuses promotions de médiocrités certifiées et d’escrocs bien fondés, des Apprentis doués sont relégués au prolétariat d’info et à l'anéantissement de leur créativité. Ces habitudes de malentendu délibéré, de simplification de consensus et de médiocrité sociale ne s'interrompent que lors d’intervalles de guerre quand de nombreux talents frustrés sont recrutés dans des cadres revitalisés d'armes. 

Je me souviens d’une photo d’ouvriers rentrant chez eux à la fin de quart d’un chantier naval américain, lors de la deuxième sic guerre mondiale. Une énorme affiche décorait l’entrer : « Faites-nous part de vos meilleures idées ! » Aucune affiche semblable n’aurait orné une telle usine au même moment dans l'histoire, si entre des guerres. 

Telle qu’une claque à la figure peut arrêter net une crise hystérique, et un profond baiser de même,  le trauma en masse est l'application habituelle pour rendre fin à cette condition illusionnée. Sans avertir, le désastre et la guerre frappent dur parce que personne ne s’est donné la peine de répondre aux questions les plus importantes. Tout le monde se sent consterné quand leurs châteaux de sable croulent simultanément. Ensuite, les élites de désinfo déclarent la guerre : cette tâche plus facile pour eux que l’abondance et la camaraderie. La simplification du meurtre de masse reprend la norme. Trop tard pour adopter une politique d'info paisible, car sa peuplade nécessairement riche et sereine fut gaspillée. 

Apprenti, d'autre part, c’est le bisou.  

Dans de rares cas, des dissidents paisibles parviennent à surmonter cette inertie sociale en rapportant la bonne nouvelle que tous doivent partager leur Apprentissage équivalent. Pourvu que des élites d'info prêtent attention miraculeuse à cette idée, elles commencent à la transmettre et se débarrassent de la fonction désuète d’obstruer l’écoulement des donnés. A ce point, les élites et prolétariens d'info s’unissent en une commune de biens (commonwealth) d’information ou d’Apprentis. 

3. 

 Les politiciens d'information engendrent la vérité et le mensonge sur chaque question, sans préjudice ni faveur, permettant aux Apprentis de les assortir eux-mêmes. Une commune de biens d'Apprentis apparaît à la suite de discours publics sans limite et de dialogues étendus entre des jurys d’information se sélectionnant au partage de leur passion, sans trop s’inquiéter de la richesse et du standing. puisque ceux-ci leurs sont dus par droit dans de telles communes. 

De nombreux récits qui semblent mensongers sont en réalité des élaborations plus complexes de la vérité. Au moyen de fictions littéraires, d’idéologies neuves, de postulats scolaires, d’inventions, de découvertes et de réinterprétations d’anciens dogmes, la vérité déborde parce qu'elle rend meilleur profit dans un milieu paisible. Les gens réévaluent des données qui leur semblent plus importantes que des mythes d’armes et des objets façonnés à grand prix.  

Prenant cap inverse, des collectivités de mésinformation adoptent d’autres mensonges et terreurs ; la vérité s’y rend sans valeur car sa poursuite te fera sitôt descendre. Un tel choix n’existe plus dans une société de désinformation : là où le bruit blanc noie tous les autres, jusqu'à ce que les tours jumelles de commerce mondial ne s’abattent en démolition contrôlée. On reprend alors le radotage sournois de la normalité lénifiante, exposant ainsi son cou à la hache, sans se prendre la peine de l’écarter. 

 

Quant aux politiques d'info, des systèmes croissants de communication développent davantage d’échanges interactifs, complexes et adaptatifs. Des gens s'engagent en beaucoup plus de dialogues par la voie de médias neufs, au lieu de se soumettre au monologue du haut en bas de la part d’élites prétendues supérieures. Ils sont plus intéressés par leurs passions d’Apprentissage que par les renseignements des médias de masse pour la plupart sans rapport particulier donc superflus.

La télévision est un média de monologue, ainsi que les imprimés, les stations radio et les pages de la toile non interactives. Tu sais, ces pages sans valeur sur l’Internet, d’entreprises corporatives et de bigots de propagande, sans lien de CONTACT ?  Prier trouver le mien en bas de toutes mes pages.

L'agora grecque, les réunions d'hôtel de ville, (sans questions rédigées au préalable ; faut bien que j’ajoute ça maintenant que les techniciens de désinfo de Bush le Moindre ont assorti au préalable et programmé de façon routinière l’assistance de ses discours) téléphones, courriers postales et courriels électroniques : tous peuvent servir comme exemples de médias de dialogue. 

Il s’agit de mieux satisfaire la formule du fauteuil. Ces médias de dialogue peuvent porter davantage d’information utile et beaucoup plus d’inspiration à travers la même longueur d’onde que celles de monologue. La somme de ces communications utilitaires équivaut ta la vraie richesse (divisée par la somme de celles intentionnellement inutiles ou nuisibles ?) Je parle du même comptant d’argent disponible, mais retenant sans inflation beaucoup plus de valeur.  

« Votre intention est noble, mais votre appel, mal orienté. Si vous discourez du gain aux empereurs et s’ils arrêtent leurs armées par amour du gain, leurs armées se réjouiront dans la paix et s’enchanteront du gain. Bientôt, les ministres embrasseront le gain au service de leur souverain, les fils embrasseront le gain au service de leur père, les frères cadets embrasseront le gain au service de leur frère aîné, et tous auront abandonné l'humanité et le devoir. Quand ces rapports se rendront en une question de gain, la nation sera condamnée à la ruine. 

« Mais si vous discourez aux empereurs de l'humanité et du devoir, et qu’ils arrêtent leurs armées par amour de l'humanité et du devoir, leurs armées se réjouiront dans la paix et s’enchanteront de l'humanité et du devoir. Bientôt les ministres embrasseront l'humanité et le devoir au service de leur souverain, les fils embrasseront l'humanité et le devoir au service de leur père, les frères cadets embrasseront l'humanité et le devoir au service de leur frère aîné, et tous auront abandonné le gain. 

 « Quand ces rapports deviendront une question d'humanité et de devoir, alors le souverain s’assurera d'être un vrai empereur. Or, pourquoi invoquer le gain ? » Mengzi. Mongue-Tsé. Mentius traduit en anglais par David Hinton, Counterpoint, Washington D.C., 1998, page 219. (Suite) 

Il nous appartient de créer une agora virtuelle, une multitude de réseaux culturels en expansion a travers le monde entier. La toile globale figure comme prototype de démarrage pour celle des Apprentis. A tel point que celle-là s’étende, nous en tirerons meilleure fortune. 

Une communauté mûre, jouissant de moindres menaces extérieures et d’avantage de richesse en surplus, permettra aux Apprentis de complexifier la politique d’info. 

Puisque la complexité sociale augmente la probabilité de turbulence, elle risque d’éclater les digues de conventions sociales conçues pour la contenir et régler. Pour cette raison, les politiciens d’info doivent raffiner leurs terminologies et habitudes de communication. Autrement, le hurlement de plus en plus strident de débats rendus chaotiques risque de détériorer en politiques de mésinformation. 

La récente tentation des élites d'info, de censurer l'Internet du haut tant bas, et des prolétariens d’info, de l'estropier de fond dans comble : (trolls, virus, « hacking » flammes, « Spam » et d'autres salissures d'info) sont des démentis pathétiques de cet univers de donnés en croissance. Pense à un bébé atteint d’une colique, qui se détourne en refusant sa purée. Des individus et des groupes déconcertés simplifient leur vie en transformante en armes des complications récentes qu’ils considèrent vulnérables à leurs abus. 

En poursuite d'abondance, les meilleurs praticiens de politiques de désinformation ont tendance à se désarmer à l’unilatérale, invitant donc de l'agression militaire. 

D’autres communautés historiques ont évolué jusqu’aux politiques d’info, mais furent détruites manu militari et effacées de nos écrits historiques (celles-ci rendues « préhistoriques ») car leurs contrôleurs altissimes favorisèrent richesse et paix internes alors que des étrangers affamés traînaient tant dehors : pauvres, jaloux et combatifs. 

On peut noter cette tendance aux Etats-unis, là où des pertes militaires furent jadis du poison politique. Une telle aversion publique, aux pertes militaires en particulier et au militarisme en général, tente des étrangers agressifs et des militaristes internes d’infliger de pires ravages. Une fois que de tels assauts se rendent mieux coordonnés donc plus audacieux et destructifs, les survivants réintègrent la politique de mésinformation et sa tyrannie manifeste d’armes : des options tentantes sur cette planète hyper militarisée où la panique réflexive remplace souvent le bon sens. 

La technologie d'armes comprend le matériel de guerre (hardware : quincaillerie ; wetware : sérum charnier). Elle inclut les forces militaires, (techniciens d'armes) les services de renseignement soit outremer soit intérieur, les industriels et les ouvriers d’armes,  avec leurs énormes usines et arsenaux. A ce moment, il y a une arme à feu (à vrai dire, une hargne) individuelle pour tous les dix habitants sur terre, et deux balles ou plus fabriquées par année pour chacun d’eux… Au cas où la première ne rate.  

Afin de mieux dissimuler leurs nombreux échecs de gérance, (puisque ce sont par définition des gérants paisibles au mieux médiocres,) les directeurs d'armes condamnent tous et tout : indigents, femmes, non hétérosexuels, enfants, progressistes, minoritaires ethniques ou religieux, migrants et immigrés ; le mythe primordial, la nature humaine et la nature elle-même. Les plus malins de tels gérants se mettent à recruter des postulants réactionnaires depuis leurs minorités méprisées, rendant ainsi honneur formel au pluralisme tout en stimulant les abus sociaux. 

Aucune recrue n’est plus féale qu’un nouveau-venu récemment converti ; aucune population opprimée davantage loyale que celle convaincue que ses membres pourront gagner une invraisemblable loterie au succès pourvu que ce soit aux dépens d’inférieurs. 

« Le mieux constituée la société et la plus excellente sa forme politique, le plus la guerre [la mentalité d’armes] menace d'affaiblir ses institutions et les pervertir. Il est également vrai que la meilleure forme de gouvernement soit celle la moins bien adaptée aux exigences de la guerre. » Comment penser de la guerre et de la paix, Mortimer J. Adler, Simon et Schuster, New York, 1944, page 42. 

Les directeurs d'armes comptent sur des élites de bataille (environ 10% des techniciens d’armes) pour parachever leurs plus sales besognes. Officiers éduqués sinon soldats esclaves : aucune importance. A mi des estropiées génétiques et à mi l’issue de frayeurs de négligence et d’abus d'enfance, ces élites de bataille prospèrent des deux cotés du champ de bataille, des zones d’émeute, des barreaux de geôle et des barbelés de Belsen. 

Les neuf dixièmes restants de ces techniciens d’armes ? Ils servent aux élites de bataille en tant qu’appuis de logistique et de morale militaire, de leur côté, et, de l’autre comme proies faciles ; aussi des deux côtés comme multiplieurs de puissance de feu (artilleurs et tels.) Que ce soit en guerre ou en paix, les élites de bataille font la casse de près et les restants la subissent.

Ces élites de bataille ne peuvent pas facilement maîtriser leur agression. Cela les rend en capitaux indispensables au champ de bataille et en criminels onéreux ailleurs. Nous partageons tous certains de leurs traits, quoiqu’en grande partie nous gardons les nôtres sous stricte péremption. Appelle cela de bonnes manières, bon goût, conscience morale, civilité, délicatesse, décadence ou simple poltronnerie : on est en majorité incapable de prospérer au champ de bataille ou en bagarre de taverne, comme le sont tant bien rompues les élites de bataille.  

Nous pouvons trancher ces élites de bataille en deux affiliations. 

•         La sale dizaine de guerriers nés, de bandits armés, de brutes et de bannis sociaux qui surmontent d’ordinaire leur agression au moyen de la maturité et de tendresses bien appliquées.

•         Le sous-groupe Himmler : comprenant d'habitude des civils, des parents, des conjoints, des voisins et des administrateurs en apparence bons, aussi très souvent des lâches brillants. Charmants et séduisants tant qu’ils en soient enclins, ils ne songent qu’à ravager ce monde d’Autres qu’ils ont appris à mépriser. Ils cherchent les cimes du pouvoir afin d’infliger autant de dégâts possibles, protégés par leur rang. 

Ainsi qu'un requin retient des rangées de dents en réserve, le prolétariat d'info recueille des proto-élites d’info zélées à renverser l'élite courante. Ces proto-élites comportent un assortiment de commis, d’étudiants et de subalternes ambitieux : recrutés par les autorité ou pas, mais se discord en secrètement d'elles. Ces rebelles frustrés ne se coalisent de façon maladroite qu’une fois que leur élite ait atteint un taux maximal d'échecs. 

A noter que cet apparent niveau marin de frustration peut être évité, de même que ses marées de dissidence. En priorisant les requises et limites d’armes, la terre en armes crée un goulot de positions de responsabilité trop étroit pour admettre tous les esprits avides pour de telles responsabilités. Au monde paisible, ceux exclus des priorités d’armes revendiqueront leur responsabilité particulière sur d’autres réseaux de passion de leur choix. 

Eric Hoffer analyse les chefs proto-élites dans son chef d’œuvre, Le vrai croyant. Malencontreusement se livre-t-il aux mauvaises habitudes du réductionnisme biographique : réduisant la complexité de mouvements sociaux globaux en recensements à répétition des idiosyncrasies de leur chef. 

Hérodote et beaucoup d'autres historiens et journalistes depuis ont qualifié l'histoire et les actualités comme des cultes de personnalité. Des événements eurent lieu parce qu'un certain gringalet et ses compagnons, officiellement désignés chefs, se sont arrangés pour que cela se déroule précisément selon leur prévision.  

« A partir de la mi-4ème siècle, il y eut un vaste corpus littéraire Grec, bien connu mais manquant jusque-là de nom convenable ; pas encore appelé Historia mais décrit plutôt comme « l’écriture des actions de guerre » voire « enquête des actes de guerre » y compris Hérodote, Thucydide et quelques continuations de Thucydide : l’ensemble sous le titre Hellenica (les affaires de Grèce) (le seul en survie, celui de Xénophon) et les récits des Grecs occidentaux par les écrivains disparus de Syracuse : Antiochos et Philistos, sous le titre Sicelica (les affaires de Sicile.) Il allait de soi que cette littérature fut la source du savoir-faire de la guerre, de la diplomatie et des rapports étatiques…

« Mais de quoi quant aux historiens ? Le 5e siècle nous a rendu deux styles narratifs majeurs : l’épique linéaire d’Hérodote et l’antithétique style réaliste de Thucydide, associés à deux conceptions divergentes du monde : l’encomiastique monde d'Hérodote, de l'exploit moral et de la loi cosmique,  aux encontres Thucydidiens d’ironie et de pessimisme … » Doyne Dawson, The Origins of Western Warfare: Militarism and Morality in the Ancient World, (Les origines de la guerre occidentale : Le militarisme et la moralité dans l’ancien monde), Westview Press, Boulder, Colorado, 1996, page 95. 

Cette sorte de narration est aussi convaincante que celle qui suit : Je conduis ma voiture et suis absolument en charge. Je vais donc m’arranger pour renverser chaque voiture dans le fracas d’une centaine sur une autoroute embrumée, dans des fentes soigneusement planifiées d’avance. Je vais donc m'assurer que la mienne et celles qui me suivent fidèlement dérouleront de l'autre côté sans une éraflure. Bien sûr mon copain, cela pourrait se passer ainsi. Pourtant serait-ce là un problème plutôt simple, comparé à mener un pays entier. Voir la section gérance dans le chapitre « Politiques d’identité. »

 

Après des millénaires de dissidence écrasée, les organisations dites réformistes sont balkanisées : c’est à dire, hachées en morceaux et rendues inopérantes. Beaucoup d’activistes sociaux aggravent leur manque de pouvoir au moyen d’exclusives politiques d’identité, drames vides, ostracisme mutuel, intérêt particulier à s’entre-quereller, petites réprobations privées et puritanisme idéologique. Ainsi permettent-ils aux élites d'armes, beaucoup plus pragmatiques, disciplinées et cohésives, elles, de les battre en détail. 

Rejetant la transformation holistique, ces dissidents d'armes optent pour la coupure sans jamais finir de cheveux en quatre, le compromis moral et le désespoir existentiel. Indifférents à la paix incontestable et au vrai progrès qu'ils considèrent au-delà de leur prise, ils se rangent mollement en opposition loyale » d’adhérents conformistes, émotionnellement investis en leur résistance allusive à l’encontre d’Etats d'armes qui se renforcent face à leur opposition dérisoire. Tant pis pour ceux qui mettent en question les grandes fêlures de leur conformisme ! 

Rappelle-toi que des haltérophiles poussent et tirent leur musculature comme du nougat, contre de la résistance. Plus ou moins semblablement, les Etats d'armes se fortifient en exploitant leurs dissidents d'armes. Ainsi, les propos en chicane du dissident moyen d'armes rendent son Etat d'armes encore plus puissant, plus subtil et moins vulnérable. 

Un mouvement paisible en percé réussit parfois à l’amollir. Cette relaxation unilatérale des technologies d'armes est d'habitude mortelle pour la société impliquée, étant donné l’entourage d’étrangers voraces et armés jusqu’aux dents. La réussite paisible n’a donc jamais été encouragée. L'activisme communautaire à la mode résulte de l’inefficacité cumulative de milliers d'années de dissidence d'armes ; en effet, de son efficacité inverse.

Ma boîte à lettres éclate sous un déluge de sollicitations qui se concurrencent pour ma petite contribution charitable : chaque appel plus déchirant que ceux précédents. Elles ne poursuivent qu’un chèque qui disparaît comme si par magie, avec la promesse de soutenir une cause digne, probablement en finançant des sollicitations supplémentaires et leur bureaucratie. 

Par contre, nos institutions aspirent nos paquets de paye pour en arracher les moyens, justifier les motifs et développer les opportunités du meurtre en masse. Bénéficiant de milliers d'années de propagande réussie, ces directeurs d'armes méditent des projets massifs et les entreprennent ; leurs transactions et dépenses internationales sont holistiques, prodigues, pseudo volontaires et pour la plupart indépendantes d'influences externes. 

Durant la guerre Franco-Prussienne, les gérants des deux côtés ont retenu plus en commun, au cours de leur pas de deux fatal, qu’avec leur propre prolétariat d’info bien rangé pour le massacre.  

Si l’on conteste les buts de tels, on est marqué de façon machinale comme minoritaire marginalisé, insignifiante et sans voix (par définition et non par nombres.) Aucune différence quant à nos nombres et la finesse de nos propos, grâce à notre partage d’incohérence historique et de paralysie hystérique. 

Après des milliers d'années de défaite en série, de rejet et de balkanisation, aussi de temps en temps des rares succès absolument létaux, le dissident moyen d'armes s’est rendu séparatiste, élitiste, plus saint que toi, avare, exclusif, réducteur et atomiste. Il se satisfait de liaisons rituelles dans l’adversité, d’indulgence égoïste et de désespoir existentiel. Ainsi célébrons-nous notre longue tradition de défaite en série. En fait, nous préférerions que cela demeure ainsi indéfiniment, ayant plutôt peur d’une vraie saisie de pouvoir transformationnel. Cette perspective m'effraie de même. Et alors ? Comme si d’autres options restaient que la transformation réussie à ce moment dans l’histoire ! 

Ainsi, d’heure en heure, les médias annoncent des nouveaux triomphes d'armes et de nouvelles tragédies paisibles. Les progressistes ne maîtriseront jamais le fleuve central des politiques avant qu'ils ne se rassemblent autour d'une plate-forme hypercomplexe de réformes inclusives, coopératives et mutuelles sous le contrôle de progressistes locaux rendus experts en ces domaines ; en d'autres mots, jusqu'à ce que l’Apprentissage ne se soit optimisé à travers la planète.

 

Un certain texte, celui-ci peut-être ou un autre préférable ? pourrait catapulter au pouvoir mondial ses adhérents internationaux, interethniques et de tous les âges, sexes, classes et désignations. Cela se prouverait beaucoup plus facile qu’on ne l’envisage maintenant. Comme l'exposition d’autres vérités cachées, ce ne sera qu'une question de temps et de nombres : le temps requis pour étendre la compréhension collective et le nombre de ceux qui auront compris.

Comme un vampire attrapé en pleine lumière du jour, la mentalité d'armes ne survit pas son exposition à la vérité plénière. 

Anticipés au préalable par des psychopathes qui administrent toujours une belle frappe juste avant de s'effondre : l’emballement des innocents aux camps d'extermination. Comme toutes celles coupées court auparavant, nos vies passionnées et décès atroces partiraient en fumée d’archétypes cosmiques. La guerre nucléaire, pareille en gros.

Ce dénouement sera interdit par la masse organisée des Apprentis. Tel que durant la Seconde guerre mondiale (sic), les parodistes contemporains des nazis visant notre extermination seront stoppés par la grande majorité des consciencieux. Au Rwanda d’après le massacre, les brutes génocides lâches ont cédé toute puissance militaire. Comme un vampire attrapé dans la lumière du jour, la mentalité d'armes ne peut survivre exposition à la vérité. 

Trois héros du monde : Stanislav Petrov, James Blunt et Vassili Archipov, interposèrent leur carrière et leur corps entre le monde et son annihilation en guerre thermonucléaire. Combien d'autres Smith, Jones et Dupont en firent autant sans être reconnus par l'Occident hyper-armé ? 

Cette transition pourrait se prouver aussi fulgurante et inédite que la perestroïka le fut en U.R.S.S. Les gérants contemporains, soudainement matés par l’épuisement « d’inépuisables » stocks d’énergie et structures orthodoxes du pouvoir, abandonneront leurs bureaux tous ensembles. Dans l’absence d’un cadre organisationnel comme celui d’Apprenti, cette transition tournera terriblement démolisseuse ; en simple, la mafia s’emparera du monde entier et tes pires craintes politiques se dérouleront comme un rouage d’horloge. Les actualités ne nous en font telles pas état ? 

Les Chinois parlent ainsi : « Mieux vaut une année de tyrannie, qu’un jour de chaos. » 

Des idéologues indépendants et des polémistes anonymes bossent dur à cette besogne, chacun contribuant ses perspicacités et talents distincts. Nous ne trouvons, dans la plupart des cas, aucun plateau adéquat sur lequel exposer nos idées, surtout parmi les dissidents d'armes. Paradoxalement, ceux-ci sont plus fermés aux nouvelles idées que les gérants d’armes. A contre cœur mais de plein cœur, ces autres consentiront aux rénovations de leur gérance robuste et confiante d’elle-même. Le terrain branlant que piétinent les progressistes leur interdit pareille ouverture d’esprit, sauf après qu’ils ne laient saisi et renforcé exprès. Que ces dissidents permettent aux meilleures idées d’être considérées et retransmises, à la différence de la pratique actuelle d'inaptitude mutuelle assurée. Sinon des idées pires prendront leur place. 

 

Alors que notre civilisation se polarise entre des minorités de luxe et des majorités agitées, la raison des droits se dérobe du discours public et l'avarice crue arbitre de plus en plus de décisions politiques. Mais même cette sorte de sournoiserie doit trouver sa place légitime. Des coopératives de plénitude bien réglées feront bonne accueil à l'entreprise privée : source illimitée d'innovations et leur abondance, à condition entre-temps que chacun n'ait obtenu les premiers replis de sa misère selon la hiérarchie des besoins de Maslow ; sans parler d’élans particuliers et publics de la conscience morale.

En dépit de leurs privilèges excessifs, les élites d'info sont aussi vulnérables aux fausses croyances, soit de leur propre provenance soit d’ailleurs, que leurs prolétariens. Afin d’acquérir des bénéfices fiables, (contrastant aux avantages rachitiques sauvegardés le revolver au poing) elles doivent trouver des moyens neufs d'engendrer de la richesse soutenable et adopter des rituels inoffensifs capables de réorienter l’agression craintive, la diligence destructrice et d’autres mauvaises habitudes d’armes. 

 Parmi les dispositifs qu’adoptent des élites d'info pour administrer leurs partisans, l'avarice n’obtient seconde place qu’à la crainte. Les Apprentis ne les inciteront pas à abandonner leurs conspirations d'avarice avant que nos propos et buts ne déjouent leur avarice hystérique. La doctrine d’Apprentis doit être imperméable aux préjudices, à la cupidité et la panique. Un plan doit être développé ou une série de tels, avec lesquels la majorité choisiront de coopérer car elle y trouve meilleur avantage (sinon simple survie, faute de mieux) soit les circonstances et le standing actuel de ces adjoints.

La conviction est désuète que des gens ordinaires peuvent être châtiés au point d’améliorer leur comportement. Les récompenses réussissent beaucoup mieux. Autant plus de châtiments au-delà du minimum nécessaire, autant plus de résistance réflexive. Des directeurs d'armes profitent à eux seuls de cette chute en vrille de contrainte et de défi. 

La mentalité paisible étaye nos âmes. Comme un physicien spirituel, Gandhi découvrit que son noyau central est la fusion de la vérité et la non-violence. Nos âmes scintillent autour de ce noyau comme des électrons autour d’un énorme atome. À tout moment du jour, à travers le vide cosmique, une petite voix inlassable nous chuchote, immanquable à l’amplitude céleste : « Aime sans crainte. » On n’a qu’à l’écouter et obéir. 

Bien que la mentalité paisible brûle vive dans des jeunes esprits idéalistes, elle clignote à l'âge intermédiaire et s’éteint trop souvent en âmes malheureuses. Sur un terrain égal, presque tous la favoriseraient par-dessus celle d'armes. Mais nos chances de pratique paisible sont aussi passagères que celles d'armes sont diverses, vigoureuses et tentantes. Après leur conditionnement négatif à foison, très peu d’éclairés ne peuvent approcher la maîtrise paisible.

La technologie paisible paye son propre fret et celui de sa mauvaise jumelle d'armes. En dépit d’innombrables retards imposés par des priorités d'armes, la mentalité paisible s'avance petit à petit, surpassant la vie et la mort, non moins le narcissisme sans scrupules des politiques de désinfo.  

La technologie paisible inclut : 

•         notre décrochage de la misère (en outre de toute poursuite du bonheur » constitutionnelle) ;

•         notre poursuite d'abondance, d’agriculture soutenable, de bonne santé et des droits humains ;

•         nos cultes de la nature et du surnaturel ;

•         notre quête d'Apprentissage : jeux, divertissements et éclaircissements ;

•         notre poursuite :

 

•         des protections de la paix ; 

•         de la sagesse philosophique ; 

•         d'entreprises valides ;

•       du professionnalisme utilitaire et d'autres activités vitales.

 

Dans l’absence de ces modifiants exemplaires, on ne doit pas nécessairement les considérer valables en soi. Après tout, ils se mutent facilement en intimidation organisée, pataphysique, satiation d'avarice et élitisme cru : signes dénonciateurs de la mentalité d'armes. 

La mentalité paisible comporte un impératif catégorique : bien élever les enfants. Toutes les autres pratiques passent au second plan de cet effort sinon y nuisent. On dit qu'il faut un village entier pour élever un enfant. » L’élevage d’enfants en bonne santé exige l’appui de tous. Le but n’est pas d’élever indifféremment beaucoup d'enfants : cette stipulation celle d'armes. La gestion paisible exige que chaque enfant soit emmailloté dans un milieu optimal, que sa bonne santé et son plein Apprentissage prennent priorité absolue, ainsi que les droits civiques de sa mère.  

« Tous les petits éprouvent de l'amour pour leurs parents, et une fois grandis, le respect pour leurs aînés. Aimer les parents, c’est l’humanité ; et le respect aux aînés, le devoir. Voici le secret ; étalez-le simplement à tous sous les cieux. » Mencius, traduit en anglais par David Hinton, Counterpoint, Washington D.C., 1998, page 240.  

Il semble évident que tous les biens sociétaux proviennent du mûrissement d'enfants chéris en bons citoyens. Normalement, on pourrait considérer l’inverse autant croyable : que les mauvais citoyens se prolifèrent quand davantage d’enfants sont abusés. Au fond, le bonheur des gosses nous enchante, leur nuisance nous serre le cœur, et leur délivrance nous tire un ouf de soulagement. On n'a pas besoin d'être parent ni particulièrement sensible pour le ressentir. 

Pour celui admettant la réincarnation, toute politique à part celle qui chouchoute tous les enfants à venir serait de la folie furieuse : sa signature du mandat sanctionnant son supplice juvénile lors d’incarnations à venir. Faudrait être dingue… Une autre bonne raison pour encourager cette croyance.

Ceux qui nient une telle empathie sont profondément troublés, ainsi que l’est notre société entière, puisqu'elle se moque bien de cette vérité élémentaire. Nous laissons des enfants périr par millions, des milliards en plus devenir des adultes stupides par malnutrition et négligence. 

On devra réparer ces scandales mortels. De telles travesties seraient impensables au monde paisible. On n’en aurait plus entendu parler que depuis un distant passé barbare (l’actualité.) Elles provoqueraient l’effondrement du gouvernement et le remplacement intégral de sa gérance. Les anciens chefs, paralysés de honte, se retireraient du service public en déshonneur. 

Il est peu probable que nos chefs d’armes se présenteraient à la hauteur d’un tel idéal paisible, faute qu’il ne soit répété à haute voix. Les meilleurs parmi eux en conviendraient peut-être, sous des conditions favorables. Une fois nous sérieusement convaincus, ils devront être pareillement persuadés sinon remplacés.  

Une homélie bourdonne dans mon crâne. Les êtres humains se fende en trois catégories principales de comportement politique. Indépendamment d’autres allégeances, nous nous répartissons parmi des anciens herbivore, des anciens carnivore et des omnivore : des herbivores et carnivores fréquemment réincarnés, qui se sont rendus compte de la futilité de leurs anciennes habitudes. 

Ancien herbivore : « Holà, quel bon pacage ! L’herbe ruminée, ce n’est pas un aliment de cerveau. Ainsi doit-on mâcher dur et faire beaucoup d'enfants : ce qu’on fait le mieux. »
 « Nous habitons le présent. Si cela nous démange, nous le grattons : le tout réside dans ce grattement. Tout de plus, c’est trop compliqué. »
 « Eh bien ! Nos carnivores sont assez durs : ils nous chassent, nous abattent et nous mangent. Mais ils en chassent d’autres qui doivent être pires. Qui sait ? Ce pourrait être pi. Tout ce qui nous inquiète, notre bousculade aveugle le fait disparaître. Pourquoi s’embêter de voter ? Tout ce qu’on demande, c’est qu’on nous laisse être heureux ! » 
  

Ancien carnivore : « Constatez mon beau corps lisse, vorace et fort ; mon intellect fait tic-tac, létal et sans remords. Je vis dans l'avenir quand mes désirs ténébreux seront enfin satisfaits. »
 « Je suis expert en pensée magique. Dès que j’adopte une série précise de démarches en ordre exact et chronologie parfaite, je pourrai m’assouvir à jamais : ce qui doit être le paradis et preuve de mon élection par Dieu. Personne ne me retient et j’abattrai quiconque le tente. Si j’échoue, c’est par manque de perfectionnement particulier. Aucune importance combien de fois je rate ; je dois réussir enfin de compte, sinon mourir à l’acte. »  

Cet état d’obsession compulsive peut être éprouvé par un lion pendant sa chasse, par un hiérarque pendant ses dévotions de culte (soit sanglantes ou pas) par un magnat lors de ses transactions de bourse, un doctrinaire scientifique, ses astuces de labo ou un écrivain mastiquant ses propos. 

« Mes réincarnations se sont prouvées plus ou moins avantageuses dans ces milieux et d’autres. Mon univers se concentre sur le sacrifice de proies et mon perfectionnement particulier en l’effectuant. Rien d’autre ne compte tant. Ni Dieu ni moi n’ont besoin de miséricorde pour quiconque aux intérêts moindres. Mes aïeux m'ont enseigné comment me servir de l’argent, des institutions et des nouveaux gadgets afin d’apaiser ma faim. Quiconque se permet d’être plus lent, faible et vertueux que moi, c’est du gibier en règle. Tout ce que je peux griffer jusqu’au sol, c’est à moi de disposer comme il me plait. Si je m’en dé lasse, un autre carnassier davantage affamé en profitera. »
 « Fin de discussion ! Il est l’heure de poursuivre le bonheur. » 
 « Je sais ! Courrons au parlement ! »

 

Omnivore : « Les salades sont très fines en l’occurrence. Moi et mes pairs, nous pouvons neutraliser à volonté n'importe quel carnassier de rien du tout. C’est amusant, puis ce qui reste se mange bien ! » 
 « Nous coordonnons le passé, le présent et le futur pour développer notre opportunité de succès particulier, sans grand intérêt dans la poursuite du bonheur d’aucuns : ce serait plutôt leur affaire. Le décrochage de la misère, nous en sommes passionnés, quoique les anciens carnassiers politiques le néglige en faveur de leur poursuite exclusive du bonheur. » 
 « Sous l’impulsion de la sélection naturelle, nous évoluons pour apprendre. Le plus complexe notre univers d’info, le plus nous lui devons notre richesse. Son accroissement exponentiel distraira les anciens herbivores et détournera les anciens carnivores jusqu'à ce qu'il aient saisi les fondamentaux de la civilisation d’Apprentis. » 
 « Après cinq millénaires de compromis sanglants, nous venons sa peine d’atteindre notre pas de course. C’est passionnant ! Notre potlatch de renseignements promet de supplanter les rigueurs de la battue et les rites du printemps. Chacun mérite abondance et sécurité, évidemment le meilleur moyen de procurer les nôtres. » 
 « Eh bien, ancien herbivore privé d’imagination ! Regarde au-delà de ta rumine. »
 « Et toi, ancien carnassier sournois ! Ton agression trahit ta faiblesse. Vas y, hasarde ta prochaine attaque. Elle échouera tôt ou tard, comme depuis toujours. » 
 « Eh vous deux ! Rejoignez-nous au monde paisible ! »  

 Mais ce n’est là qu’une écoute de musique facile. Les Apprentis examineront de près la physiologie de la responsabilité sociale et du comportement public. Cela leur permettra de découvrir des meilleurs modèles de motivation humaine. 

          « Paul MacLean nous indique que nous sommes les propriétaires d’un cerveau trilatéral ; non d’un seul mais de trois, chacun pourvu de sa manière de percevoir le monde et d’y rendre réplique. Richard M Restak, Le cerveau : La dernière frontière (Garden City, New York, Doubleday, 1979.) En ordre croissant d’échelons phylogéniques, ce sont : (1) le reptilien (le noyau central), (2) le palèomammalien (le système limbique), et (3) le néo-mammalien (cortex cérébral.) Le premier, le reptilien, c’est le plus primitif et MacLean le marqua comme le complexe R. C’est en grande partie comparable au cerveau des reptiles [et des poissons.] Il inclut l'hypothalamus. Entourant ce complexe au volume contigu, le système l'un bique associé au cerveau de mammifères primitifs... » 
 « En effet, nous semblons avoir été encablés au préalable par le cerveau reptilien, du moins partiellement, pour être ritualistes, craindre l'autorité, développer des ordres de picotement sociaux et peut-être même les névrites d’obsédant compulsif... » 
 « Autant de même dans le cas du système limbique, nous semblons avoir été encablés pour répondre de façon émotionnelle aux menaces contre l'individu et la continuité de l'espèce. » 

Dennis J D Sandole, La base biologique du besoin. Le conflit : La théorie des besoins humains, John Burton, éditeur, Macmillan Press, Ltd., 1990, page 71.  

Bien sûr, les scientifiques se sont pris de grandes peines pour contredire cette théorie, déclarant que des bêtes non mammifères sont munies d’autres structures cérébrales aux fonctions semblables. Ils répertorient des céphalopodes et des oiseaux (mais non des reptiles) qui démontrent des capacités mentales étonnamment avancés. http://www.scientificamerican.com/article.cfm?id=one-world-many-minds. . Cette théorie peut malgré tout servir comme bonne illustration de priorités politiques.

 Quand nos modèles de la conscience humaine se seront quelque peu perfectionnés, notre évaluation des motivations humaines gagnera en subtilité et des meilleurs traitements pour des déviants avides de brutalité et menés par la crainte nous permettront (enfin !) de mieux nous entr’aimer. 

Debra Niehoff a passé la correction criminelle en revue dans son livre très lucide, La biologie de la violence, Free Press, New York, 1999. Elle-même la victime d’un crime brutal, (ainsi que je l’ai moins été, le pistolet aux nez au lieu d’être brutalisé ; ainsi que toi sans doute, à cette époque de misère toute comme celles d’autrefois) elle minimise la brutalité en tant que force dissuasive du crime et suggère des méthodes plus pensives de modification de comportement. Sa recherche indique que la terreur policière et la brutalité pénale ne réduisent pas la criminalité autant qu'elles ne l’augmente. Voici la visée constante de la mentalité d'armes : amplifier la criminalité et l’agression.  

Nous habitons la terre en armes que l’homme agence aux dépens du monde paisible de Dieu, de Son bien-reçu réciproque et Sa bienveillance. Pourrions-nous rénover Son monde paisible rempli de tels ? Le Dieu auquel je crois estime la paix et abhorre la guerre. Dieu compensera les Apprentis fidèles et avides du monde paisible, comme Ses enfants et saints véritables. Sa récompense se traduira en miracles.

Disons que tu n'étais ni athée de la dernière souche ni trop dévot, souvent d'esprit pareillement clos, et que tu cherchais à vérifier l’existence de Dieu rien que pour ta propre satisfaction. Y aurait-il meilleur moyen que de transformer la terre en armes dans le monde paisible et entrevoir Dieu confirmer Son existence en nous inondant de miracles d’approbation ? Après tout, nous serions en train de réaliser ce que Dieu nous a toujours enjoint plutôt que ce qu’il nous interdit, en dépit de millénaires d’autorisations démentes de la part de menteurs religieux et d’idéologues d'armes : « Tue, ment, déteste ton voisin, vole-lui et prie en public : nous vous ordonnons d'obéir aux commandements d'homme, quoique Dieu les interdise. » 

Ces miracles seront les substituts par Dieu de nos désastres parfaitement scientifiques, parfaitement orthodoxes et parfaitement en série. Nous pourrons verser dans le monde paisible toute la sainteté refoulée dans nos cœurs et jouir de miracles de sagesse, de bonté et d’amour. Tous les Apprentis se rendront en frères et sœurs ; dépassant notre capacité de le contempler.

Ce serait comme jouer son rôle dans une pièce de théâtre, sauf que les costumes, charpentes et éclairages conformeraient mieux à la paix en améliorations successives ; alors même que le directeur de cette pièce, ses patrons, acteurs, équipiers et assistants, tous se changeraient d’avis : que la terre en armes n’était pas si chouette et que l’on irait mieux au monde paisible. 

Imagine ça !

Chaque Apprenti pourrait endosser avec davantage d’aise, d’élan et de camaraderie ; plus facilement et meilleur marché ; à moins de risque et de frousses ; se servant d’exponentiellement plus d’artisanat, de passion et de dévouement, le comportement de saints massés de Dieu : assoiffés, souls et combles du monde paisible, jusqu'à ce que Dieu l’ait entièrement obtenu. 

De la naissance à la mort, nous sommes tous Apprentis. En tant qu’êtres politiques, moraux, spirituels et pragmatiques : amants et apparentées de tous pour le mieux ou le pire, nous sommes les élus dans ce continuum d’espace temps. De Dieu, d’Allah, du sort ou du néant ? C'est comme tu veux. J’appelle ça Dieu et nous-mêmes, appartenant à Dieu,  comprenant toutes ces manifestations. 

Ce galimatias métaphysique te dérange ? Pour quelle raison ? Que ce soit ton Dieu préféré ou son absence, tous y sont inclus.

Nous optons au lieu de subsister comme esclaves de la terre en armes. Emportés par une danse à claquettes de guerre perpétuelle et de paix éphémère, nous improvisons de notre mieux pour rendre hommage à deux principes contradictoires : la mentalité d’armes et celle paisible. Affligés par cette schizophrénie en masse et ses otages consentants, nous sommes devenus des brebis asociaux et des loups solidaires : les rejetons gâtés de Dieu au lieu de servir comme Ses saints. 

Quel triste gâchis ! 



 

- REMPLACER LES SOCIOPATHES : La face revers d'Aasiya

 

Un des charmes des beaux-arts, c’est leur invulnérabilité aux sociopathes. Que l'œuvre en question soit de nature plastique, musicale, chorégraphique, dramatique ou à l’écrit ; qu’elle soit vécue en tant qu’interprète, appréciateur ou créateur ; sa teneur de sociopathie n’est d’aucune importance. D’autres compétences et talents sont essentiels et la déontologie n’y est pour rien. 

Bien sûr, des psychopathes et sociopathes ont une longue histoire d’abus d’art: le meurtre, la censure et l’esclavage d’artistes ; la destruction, le vol, et le vandalisme d’art à travers le monde. Cette sorte de tumulte visée leur est plus récréative qu’un chaos ordinaire. Mais l’art, comme la nature, ont toujours surpassé leur attentats mesquins. 

Des sociopathes ont infiltré, corrompu, dévié par décret et dominé à la longue presque (?) toutes les institutions humaines : celles politiques, religieuses, éducationnelles, justicières, philosophiques, scientifiques, industrielles, et de mœurs. Par contre, l’art est à l'abri de ce venin. La nature absolue de l’esthétique joue de l’atout sur les mensonges à cela près, l’hypocrisie de routine et la corruption tenue pour acquise de l’éthique humaine. 

C’est pourquoi les moins créatifs des sociopathes (comme ceux au Congrès) sont si hostiles aux beaux-arts, auxquels les Apprentis doivent rendre appui de toutes leurs forces. 

Mes remerciements au feu Lloyd Rigler.

 

De toute l’humanité, peut-être trois pour-cent des hommes et un pour-cent des femmes sont des sociopathes ; un pour-cent l’est de psychopathes. Ils dénombrent environ trois cents millions, soit la sixième peuplade au monde. 

Par simple comparaison, quarante millions d’aveugles existent sur terre. Supposons que tu ais croisé le chemin d’une personne aveugle au quinzième du mois et de celle avant au premier. Pendant cet intervalle de deux semaines, à peu près deux psychopathes et six sociopathes t’ont croisé le chemin.

Leur passage est marqué par les rebuts qui tapissent chaque place et voie publique. Ils n’y ont pas été jetés par négligence, comme on s’attendrait à croire, mais soigneusement placés là par des jeunes sociopathes des deux sexes, pour laideur maximale, même tout près d’une poubelle. Quand non occupés à semer des déchets, ils développent leur talent spécial en tourmentant des camarades et animaux sans défense, abusant leurs frères et sœurs, volant n’importe quoi et mentant aux parents et aux enseignants de façon de plus en plus convaincante.

 

 

Selon la taxonomie des thérapeutes, ceux qui souffrent de psychopathie, de sociopathie, de désordre de personnalité antisocial et de narcissisme malin sont plus ou moins interchangeables. 

Sorciers-docteurs, vos minuties ne m’ont pas trop impressionné jusque-là. 

Les psychopathes tendent à être des loups solitaires, hallucinés et souvent létaux ; alors que les sociopathes, apparemment sains d’esprit, se vouent à une sous-culture qui promeut leur égoïsme vicieux, telle que le crime organisé, la justice criminelle, les politiques, la bureaucratie corporative ou gouvernementale, la religion et les militaires. Aussi, plus récemment, les finances, la science et les technologies : là ou le plus de pognon reste à ramasser.

Plus ou moins le quart des grands patrons d’entreprise sont des psychopathes — qui sait quel pourcentage de politiciens et de militaires ? Combien de prédicateurs religieux se préoccupe-t-ils davantage de fondamentalisme textuel plutôt que des normes spontanées – donc sataniques, de leur point de vue – de la conscience morale particulière ? Le dogme religieux leur est indispensable car ils manquent autrement de boussole de moralité interne pour tenir le cap.

Presque le quart des incarcérés sont plus ou moins psychopathes et condamnables pour la plupart des délits de violence pénalisés. Des fonctionnaires psycho/sociopathes parmi la police, les juristes et les législateurs sont responsables pour avoir écroué beaucoup d’autres prisonniers pour des crimes uniques ou sans victime, voire même obscurcir des preuves de leur innocence. In extremis, ils les font exécuter. Des flics qui abattent des suspects non-armés et s’en tirent indemnes ? Eux et leurs juges ? Les riches et leurs supporters politiques qui détroussent les pauvres ? Pareils.

 

 

Y a-t-il un parallèle entre le constat que 96% de l’univers consiste en « matière et énergie sombres » alors que 4% est composé de celles visibles, et que 96% de l’humanité est motivée par leur conscience morale, alors que 4% ne l’est pas ? Existe-t-il la nécessité écologique d’une frange de 4% de prédateurs et d’un comptant de 96% de proies, pour maintenir la robustesse de l’espèce humaine, puisque nous ne confrontons pas d’autres prédateurs que des microbes ?

 

 

Divers époques ou youga ont pu différer quant à leurs pourcentages de psycho- et de sociopathes. Le nôtre, le Kali Youga, celui du fer ou du Mal, en comporte autant que possible, à moins de la destruction définitive de la civilisation (seulement de temps à autre pour plus ou moins un millénaire, en attendant la prochaine renaissance.) Celle de bronze, les deux-tiers ; d’argent, un tiers ; et d’or, presque aucun.

Pourquoi ces proportions en décalage au passage du temps ? Les sociopathes ont tendance à baiser et décamper, enfantant donc une longue lignée de bâtards et d’orphelins, souvent des sociopathes à leur tour car abandonnés à leur triste sort et génétiquement prédisposés. Le psychopathe tyrannise, torture et abat autant que possible ceux menés par leur conscience morale, de préférence avec leur collaboration patriotique, religieuse et civique. Finalement, les psychopathes aiment à être menés par d’autres psychopathes, contrairement au consciencieux qui déteste de tels chefs. Ils se prolifèrent donc dans des positions de responsabilité et de préparation pour telle, comme des bactéries dans un plat à œuf négligé.

La civilisation moderne figure comme une chambre de classe surchargée de mauvais élèves, alors que celle durant une époque d’or a pu la passer en harmonie paisible, sans avoir souffert de ceux qui doivent satisfaire leur mauvais karma. 

Quelques sociétés en Asie ne détiennent qu’un pour-cent de sociopathes, à cause, il semble, de leur collectivisme et tendance, selon les Japonais, de « marteler le clou qui dépasse. » Je l’attribuerais plutôt à la prépondérance dans leur alimentation des fruits de mer, leurs protéine et micronutriments, aussi au riz de moindre acidification digestive de grande importance pour des gosses en croissance. L’inattention à la bonne nutrition infantile (celle corporative en particulier, malmenée, bien sûr, par des sociopathes) augmente la sociopathie.

 

Ils peuvent assortir le bon du mauvais, mais ne souffrent d’aucun remords en commettant ce dernier. Ils n’ont aucune conscience morale ni honte ni amour pour personne, à part eux-mêmes et peut-être leurs consanguins qu’ils ont été enseignés à favoriser. Ils n’admettent pas ces sentiments et dédaignent ceux qui en sont bornés. La vérité leur est une question de commodité, à être tordue pour leur avantage. Surtout la vérité quant à eux-mêmes. Par exemple, ils ne se considèrent jamais erronés ni imparfaits (comme Trump), jamais.

Ils peuvent agir en bonne conscience, mais doivent en être inlassablement enjoints. Leur encadrement obligatoire à ce but pourra ressembler à celui prédit pour des criminels dans un des romans de science-fiction « Culture » du feu Ian M. Banks : ces individus escortés à tout moment et déjoués si nécessaire par une intelligence artificielle « missile à baffes. »

Les sociopathes du type un (au désordre de personnalité antisociale) ne peuvent contrôler leurs impulsions : ils sont indubitables. Ceux du type deux (des psychopathes standards) remettent à plus tard leurs méfaits flagrants et n’agissent que quand ils savent qu’aucune résistance efficace ne leur sera offerte. A présent, ils dirigent la planète entière au nom sourd de la mentalité d’armes — voici la raison que la règle d’or est violée si généralement sans correction de par le monde.

 

 

Un bon nombre d'entre eux sont charmants et débonnaires tant qu’ils en sont enclins, munis d’une insouciance que beaucoup de leurs victimes trouvent séduisante, du moins pour commencer. Ils sont des manipulateurs malins pour aussi longtemps qu’ils peuvent s’en sortir. Ils peuvent « lire » comme un livre le langage corporel et l’expression faciale de ceux menés par leur conscience morale, travestir leurs émotions, quérir pitié et tendresse qu'ils ne ressentent pas pour d'autres, séduire leurs victimes avant de les exploiter, insulter ou blesser exprès. Ils se servent de gens et les rejettent, tel que toi d’un Kleenex.

Ils commettent des pêchés sans regret, tels que nous trouverions inimaginables à l’œuvre et insupportables en mémoire. Ils se sortent de nombreuses méchancetés, car leur entourage reste incapable d’imaginer des machinations si risquées, complexes et agressives pour si piètre récompense (ennui, avidité fainéante, égocentrisme ou jalousie de ceux mieux doués.) 

Puisque le psychopathe moyen ne s’occupe pas de l’amour, de la conscience morale et de leurs innombrables calculs subconscients ‒ un peu comme ceux nécessaires pour demeurer d’aplomb sur une bicyclette, mais beaucoup plus volumineuses et complexes ‒ son cerveau oisif l’afflige d’un sens d’ennui permanent qui ne se laisse soulager qu’au moyen de prises continuelles de risques et d’abus élaborés de ses inférieurs consciencieux, leurs torture, humiliation et trahison.

Il vieillit d’habitude comme un solitaire dolent, fauché et évité de tous y compris sa famille. De nombreux sociopathes sont ruinés ou abattus soit par le gardien d’une de leurs victimes soit par un ensemble de leurs vengeurs. Très peu meurent au lit, entourés de proches. Ce sont des amputés de moralité : fort piteux mais pour autant dangereux.

 

 

La maîtrise gouvernementale consiste à maintenir la plupart de ces psychopathes/sociopathes sous bonne garde pour aussi longtemps que possible, c'est-à-dire modérément bien compensée en échange du moins de dégât possible. L’ultime tragédie du gouvernement, c’est que ceux-là s’empareront tôt ou tard des ultimes cimes du pouvoir tant bien que celles en aval, et détruiront la vie de tous ceux qu’ils contrôlent, pour aucune bonne raison.

Se rappeler que leur motif principal est le soulagement de leur ennui accablant par leur semence du chaos et délectation de tel.

Du point de vue de la mentalité paisible, la bonne gouvernance doit demeurer calme, juste, bienveillante et permissive. Tu peux accomplir ce qu’il te plait, sans que le gouvernement ne s’en mêle, à part la taxe, sauf en circonstances spéciales et sous des sauvegardes élaborées.

Les psychopathes fleurissent d’en bas vers le haut sous de telles contraintes minimes et s’emparent graduellement d’avoirs et de pouvoirs financiers, politiques, informatiques, etc. Personne ne se prend la peine d’en identifier ni restreindre la plupart. Ils recrutent d’autres sociopathes comme protégés dans des ensembles soit dysfonctionnels soit ouvertement criminels. En fin de compte, ils s’emparent du contrôle absolu des placements de responsabilité et en excluent les consciencieux. Leurs abus d’intéressé pourrissent le reste de la société sans contestation ni prévention, soit les mauvaises conséquences de leur prise de pouvoir.
 
 
 Étant donné que la majeure partie de la richesse est héritée plutôt que gagnée, ses héritiers à long terme affichent un spectre aléatoire de comportements à base de nature et de nourrissage. Il y aura des bons héritiers de fortune et des méchants, répartis plus ou moins équitablement. Là encore, il faudrait être un psychopathe actif, un carnivore spécialiste d’arnaques brutales, pour débuter l’accumulation de cette richesse. Ainsi, davantage de descendants de psychopathes héritent de grande richesse, et moins des psychosanes. Indépendamment de ce déséquilibre en faveur du mal, ces gens, qu’il soient bons et mauvais, se serviront de leur richesse dans l’avenir pour promouvoir leurs principes et écraser ceux de leurs rivaux puissants. Ce qui emmène, la plupart du temps, à une mêlée statique en faveur du petit mal.

Une dizaine d’années avant la guerre moderne (locale ou mondiale, interne ou externe), il y aura un grand scandale financier dans le pays, à la Stavisky ou au Bernie Madoff. Un stratagème de Ponzi parvient à vider les poches profondes de nombreuses personnes de bonne volonté. Eux-mêmes motivés par leur bonne conscience, ils croient en la bonne foi humaine. Peu importe à quel point pirate leur richesse aurait accumulé dans le passé, ou à quel point stupide leur confiance avide dans les éloquences douces du Ponzi. Leur foi en l’humanité les rend vulnérables.

Les psychopathes et sociopathes riches ne tombent presque jamais dans ce piège. Après le scandale, leur richesse collective reste intacte. Ils pourront réguler l’avenir à base de richesses encore plus disproportionnées en leur faveur. La richesse brute, en soi, c’est un outil lent et maladroit, quant à la manipulation sociale à l’échelle continentale. Une majorité de psychopathes riches auront besoin de temps pour racheter les centres de pouvoir et les médias, pour recruter quatre sociopathes pour chaque nouveau psychopathe qu’ils recrutent, et pour habituer les grenouilles massées de ceux de bonne conscience, à leur bain agréable qui se réchauffe lentement jusqu’à l’ébullition.

Un énorme scandale financier éclatera donc dix ou quinze ans avant chaque nouvelle guerre. Sans que personne ne s’en aperçoive.

Une fois le piège déclenché, le résultat est inévitable. La psychopathocratie s’empare de la plupart des sources de pouvoir. Les psychosanes, privés de moyens, meurent seuls, sans un sou et sans influence. De plus en plus de psychopathes trouvent emploi et pouvoir ; le psychosane, de moins en moins, puis pas du tout. La guerre, paradis des psychopathes, devient « inévitable ».

« Désolé pour ça, mes amis ! Vive le patriotisme !
 
 

Après un certain temps, la rancœur cumulative de la grande majorité des consciencieux éclate en révolte. Après un bain de sang aux mains expertes des psychopathes et leurs mercenaires sociopathes aux contrôles des agences de répression, leurs opposants et victimes révolutionnaires, pourvus de conscience morale, découvrent l’avantage militaire d’un commandement de psychopathes, les recrutent parmi ceux-ci proscrits jadis, et compromettent ainsi fatalement les idéaux qui ont amorcé la révolte. 

Après une série oscillatoire de révolution et de contre-révolution dirigées des deux côtés par des psychopathes, (ce chaos leur idée du paradis, leur offrant les meilleures opportunités de corruption et de terreur) l'ardoise sera épongée. La minorité absolue de chefs psychopathes sera en grande partie exterminée et tant de pertes supplémentaires seront accrues parmi les consciencieux que leurs survivants, extenués et dégoûtés, renoueront leur maîtrise temporaire du gouvernement. Ils compenseront les sociopathes survivants à dépense minime pour leur réalisation du moindre dégât, institueront davantage de calme, de justice et de bienveillance — et ainsi de suite. 

Ne t’attends à rien de plus qu’une telle révolution d’armes et attends-toi à ce qu’elle soit beaucoup plus insidieuse que la procédure bien nette décrite en haut, d’autant plus tortueuse, prolongée et malveillante.

 

 

J’ai traduit le texte qui suit de l’Internet Classics Archives de la Massachusetts Institute of Technology, leur version de Thucydide, The Peloponnesian War à http://classics.mit.edu/Thucydides/pelopwar.3.third.html, Livre Trois, Sections 82 and 83. Ce passage décrit la prise du pouvoir des deux côtés par des psychopathes lors de cette guerre. Il s’applique aux politiques mondiales ces jours-ci, de plus en plus ultras et intolérantes, et aux saisis précédents par des psychopathes tout le long de l’histoire du monde.

   

3,82 « La marche de la révolution fut tellement sanglante, et l'impression qu'elle produit pour autant importante, car elle fut l'une des premières. Plus tard, on peut le dire, l’entièreté du monde hellénique en fut convulsée ; les luttes furent exécutées partout par des chefs populaires pour engager les Athéniens, et par des oligarques pour introduire les Lacédémoniens. Pendant la paix, il n'y aurait eu ni prétexte ni désir de tendre une telle invitation ; mais en guerre, retenant toujours en tête de l'une ou l'autre faction une alliance pour rendre mal aux adversaires avec leur propre avantage correspondant, les occasions de convier l'étranger ne manquaient pas aux partis révolutionnaires. Les souffrances que la révolution affligea sur les villes furent nombreuses et terribles, telles qu'elles ont résulté et résulteront toujours, tant que la nature humaine demeure la même ; mais en une forme plus sévère ou plus douce, et variant en symptômes selon la variété des cas particuliers. En paix et prospérité, les États et les individus ont des meilleurs sentiments parce qu'ils ne se trouvent pas subitement confrontés par des exigences impérieuses ; mais la guerre ôte l'approvisionnement facile des nécessités quotidiennes et se prouve donc un maître rugueux qui remet le caractère de la plupart des hommes au palier de leur fortune. La révolution poursuivit ainsi son cours de ville en ville, et les lieux où elle arriva enfin, après avoir entendu ce qui eut été accompli auparavant, portèrent le raffinement de leurs inventions aux excès encore plus considérables, comme manifesté par la ruse de leurs entreprises et l’atrocité de leurs représailles. Des mots devaient changer leur sens ordinaire et prendre celui qu’y leur fut donné. De l'audace téméraire finit par être considérée le courage d'un allié loyal ; l’hésitation prudente, de la lâcheté spécieuse ; la modération fut tenue comme efféminée sous cape ; la capacité de voir une question sous tous les angles, inaptitude à agir sur aucun. La violence frénétique prit l'attribut de virilité ; un complot préemptif, le moyen justifiable de se défendre. L'avocat de mesures extrêmes était toujours digne de confiance ; son adversaire, un homme soupçonnable. Réussir un complot, c’était faire preuve de tête rusée ; deviner un complot, encore plus malin ; mais tenter d’éviter le devoir de sa pratique, c’était fracturer votre parti et avoir peur de vos adversaires. In fine, devancer un criminel intentionnel ou suggérer l'idée d'un crime là où il manquait, ils étaient également salués jusqu'au point ou même le sang devint un lien plus chétif que le parti, étant donnée la grande propension de ceux unifiés par ce dernier à tout oser sans réserve ; car de telles associations n’avaient plus en vue les bénédictions d’institutions établies mais elles se formaient avec l’ambition de les renverser ; et la confiance de leurs membres les uns dans les autres reposait moins sur sanction religieuse que sur leur complicité criminelle. Les propositions équitables d'un adversaire furent confrontées par les précautions jalouses de celui entre les deux le plus fort et non pas par sa confiance généreuse. La vengeance fut pareillement tenue en plus grande estime que la préservation de soi. Des serments de réconciliation, n'étant proférés de part et d'autre que pour faire face aux difficultés immédiates, ne tenaient bon que tant qu'aucune autre arme ne fut à portée de main ; pourtant, quand l'opportunité se présentait, celui qui risquait de s’en servir en premier et prendre ses ennemis sans défenses, estima cette vengeance perfide plus douce que celle ouverte, puisque, à part des raisons de sécurité, le succès par la trahison lui valut la palme d’intelligence supérieure. En effet, c’est généralement le cas que les hommes sont plus enclins à appeler intelligent le coquin, que nigaud l’honnête homme, et autant honteux d'être parmi ces seconds que fiers de faire part de ces premiers. La cause de tous ces maux était convoitise de pouvoir découlant de la cupidité et de l'ambition ; et de ces passions provenaient la brutalité des partis une fois engagés en lutte. Les maîtres de ville, pourvus chacun de professions les plus justes : d'un côté, appels à l'égalité politique du peuple ; de l'autre, à l’aristocratie modérée ; poursuivaient leur récompense dans les intérêts publics qu'ils prétendaient chérir, et, ne reculant devant aucun moyen dans la lutte pour ascendance, s’engagèrent aux pires excès ; en actes de vengeance, ils allèrent encore plus loin, ne se retenant aux réclames ni de la justice ni du bien de l'État, mais établissant la caprice partisane comme leur unique norme, et invoquant avec le même empressement la sanction du verdict injuste ou l’autorité du gros bras pour gaver les animosités de l'heure. La religion ne fut donc plus l’honneur d’aucun parti ; mais l'usage de belles phrases pour parvenir à des fins coupables rendait la haute renommée. Entretemps, la partie modérée des citoyens dépérit entre les deux, soit pour ne pas avoir joint la querelle, soit parce que la jalousie leur interdit de s'en échapper. »

3,83 « Or, chaque forme d'iniquité prit racine dans les pays helléniques, à cause de ces troubles. L'ancienne simplicité, ou l'honneur entrait si largement, fut moquée et disparut ; et la société s'est divisée en camps où aucun homme n’eut confiance en son prochain. Pour y mettre fin, ni promesse sur laquelle compter ni serment qui put exiger le respect ; mais tous les partis, tenant plutôt à leur calcul de la désespérance de l’état permanent des affaires, furent plus attentifs à leur défense que parés à en rendre confiance. Dans ce concours, les esprits les plus bruts eurent le plus de succès. Soucieux de leurs propres débilités et de l'adresse de leurs antagonistes, ils craignirent d'être battus en débat et surpris par les combinaisons de leur adversaire davantage polyvalent, et eurent donc hardiment recours à l'action immédiate : alors que leurs adversaires, raisonnant avec l’arrogance qu’ils sauraient à temps et qu’il ne serait pas nécessaire d'obtenir à l’acte ce qu’offre la politique, tombèrent souvent les victimes de leur manque de précautions. » 

 

 

Si ta conscience morale t'engage à poursuivre le bon et réduire le mal ‒ soit ta race, ethnie, contré, religion, idéologie, soit l'organisation à laquelle tu appartiens ou que tu rejettes ‒ la moitié de tes rares ennemies s’assortiront de ton côté et la moitié de tes nombreux amis, de l’autre. La seule ségrégation non illusionnée ? Celle entre ceux menés par leur conscience morale (tes vrais amis) et ceux en étant démunis (tes ennemis.) 

Le « côté » auquel on prétend « appartenir » est sans grande importance en définitif, sauf pour justifier l’acharnement des psychopathes de ce côté, autrement réprimé. Ainsi chaque guerre, jihad et croisade perdure par intermittences en tant que chasse à l’Autre rendu monstrueux (bien que nous soyons tous largement congénères) justifiée par l’astuce des psychopathes. 

Sois prévenu. Choisis tes associés et trie tes ennemis fort consciencieusement.

 

Il y a de crédibles épreuves psychologiques pour identifier les psychopathes. Lors de prises de tomodensitogramme des cerveaux de ces gens, ils réagissent aux problèmes émotionnels ainsi que réagit la majorité aux problèmes algébriques : les mêmes volumes cérébraux s’illuminent. Quand ils observent des films de torture d’une horreur indicible, pas grand-chose ne s'illumine dans leur cerveau, alors que les consciencieux font preuve de feux d’artifice cérébraux.

Ils baillent rarement en imitation des autres, car ils n’ont aucune empathie.

Leur dossier de brute de récrée et tortionnaire d’animaux les trahit pendant leur jeunesse naïve, ainsi que celui d’éhontés quêteurs de pitié quand ils sont appréhendés pour des méfaits d’adulte prouvés en série. Je répète : ils n’ont jamais tort ni ne s’en croient capables. Ce sont des autres les responsables : toi ou d’autres victimes qui méritent leur abus. Leurs propos routiniers, les absolvant et désignant l’autre comme lampiste, rendent écho à ceux de la propagande d’armes nationale depuis toujours.

Il n’y a aucune cure pour leur maladie, ni chimique ni psychanalytique (hormis peut-être un jour de la chirurgie génétique.) Ils ne souhaitent pas être guéris. Ils se considèrent supérieurs, et ceux menés par leur conscience, leurs inférieurs et proies légitimes. Après des sessions de groupe thérapeutique poussées en profondeur afin de viser exprès leur affliction, ils s’en sortent nantis de meilleures techniques pour simuler des émotions qu’ils ne ressentent pas, dupant ainsi leurs futures victimes plus facilement. 

 

Identifiez-les, traquez-les et évincez-les des positions d’autorité hautes et basses. Un réseau de contact bénévole doit être dédié à leurs victimes, qu’elles puissent dénoncer le sociopathe qui les tourmente. Des investigateurs prendront ce suspect en charge pour être testé, les résultats duquel confirmeront ou nieront la nécessité de le barrer des positions de responsabilité, d’autorité et d’influence sur ses victimes. 

Surtout ne jamais permettre aux sociopathes de prendre en charge cette chasse. Si pourvus de la moindre opportunité, ils surpasseront les mortifications de l’inquisition, (un autre de leurs paradis historiques) pourchassant des victimes innocentes, leur riant au nez tout en leur menant à la ruine et la mort.

Ils doivent être choyés et dorlotés après leur identification, et grassement subsidiés à longueur de vie. Des expérimentations ont établi que leur récidivisme criminel est mieux contrôlé par des récompenses méthodiques que par des punitions, à l’encontre desquelles ils semblent immunisés. En plus, cela neutralisera une grande partie de ceux simplement fainéants et parasites éhontés mais autrement inoffensifs, à moindre coût que le laisser-faire de pratique actuelle. La prison et la punition pénale ne servent que pour les isoler de la population générale ; elles ont peu d’influence sur leur mauvais comportement sauf pour l’empirer. 

Ceux laissés en liberté doivent être pourvus de périlleuses sorties constructives pour leur immense ennui (le déminage, le commando, la chirurgie à grand risque et l’exploration spatiale, par exemple) et autrement neutralisés par chaque moyen paisible. Ils sont mieux qualifiés pour des tâches qui exigent la prise de distance émotionnelle au loin de leur client, telles que la neurochirurgie de grande délicatesse et l’application brutale de la loi. Sous stricte surveillance et à rémunération généreuse, ils seront encouragés sur ses voies.

La dernière chose à souhaiter, c’est qu’ils s’unissent contre le restant du monde, apeurés pour leur vie ou leur liberté. Aucune autre armée ne serait plus meurtrière, aucune insurrection plus destructive, aucun groupe de terroristes plus alarmant que celui des psycho/sociopathes unifiés car attaqués par nous autres. Ils sont souvent des individualistes anarchiques dont les organisations chancellent par compétition excessive ― voir la concurrence acharnée des politiciens civils Nazis.

 

Ils sont les plus utiles en guerre quand ils trouvent facile d'exécuter des atrocités effarantes, puis passer à la prochaine. Dépourvus des entraves de la conscience morale, ils sont davantage compétents au meurtre organisé et d’autant plus imaginatifs. La corvée de tuer l’ennemie ne les trouble pas, ni même la multiplication des pertes de leur côté afin de l’effectuer.

Des psychopathes commettent les premières atrocités en guerre, puis rôdent à la prochaine, anonymes, invisibles et impunis (sinon promus) ; alors que les consciencieux en uniforme (voire des villageois paisibles laissés pour compte) occupent le terrain et sont punis en revanche. Si ces sociopathes sont assez officieux, des normaux obéiront à leurs ordres insensés et commettront des crimes autrement impensables. Des sociologues ont confirmé de tels résultats au cours de simulations expérimentales de prisonniers/gardes de prison et victimes/administrateurs de torture. La populace a tendance à tomber réflexivement dans les rôles de tourmenteur et de victime.

Les méfaits militaires que commettent des psychopathes ne leurs sont jamais attribués, mais plutôt aux pays, religion ou idéologie qu’ils défendent, les laissant quittes de leurs délits et leurs victimes jamais vengées. 

Ainsi se répand la sale guerre des deux côtés.

La DGM sic en Afrique du Nord est restée plus ou moins chevaleresque parce que les Nazis SS n’y ont pas été expédiés et les forces alliées n’ont jamais concentré leurs psychopathes dans de telles unités « politiques. ». Par contre, le combat est devenu rageuse en URSS car les deux cotés s’en dotèrent (SS v. NKVD).  

 

Redoute-les comme Satan. Eux et les sots sous leur emprise ont des comptes à rendre pour la plupart des grands maux commis sur terre. Dans leur absence, l’utopie serait presque à notre porté, sans nécessiter autant de lois, de paperasseries et de contraintes en général. 

Bien sûr, des psychopathes puissants se sont acharnés à débiner l’idée même de l’utopie dans tous les médias qu’ils ont pu contrôler. Ils ont calomnié l’idéaliste et le pacifiste, au point de rendre ceux-ci en parias et leur passion taboue autant dans la culture populaire que dans celle académique. Ils ont fabriqué toute une culture littéraire qui les acquitte de la plupart de leurs crimes et l’attribut aux errants consciencieux (« N’importe qui peut commettre n’importe quel crime. ») quoique ce soit eux en grande partie qui commettent presque tous les crimes, surtout ceux graves — le tout avec notre consentement aimable. Depuis des millénaires, comme des obtus parfaitement conditionnés, nous avons répété leurs mensonges vicieux. 

 

Prenez garde !

 

http://psychotherapeute.blogspot.com/2006/12/les-sociopathes-sont-parmi-nous_06.html 

 

Reste à savoir s’il existe une autre minorité de super-consciencieux : les psychosains et les sociosains (note notre carence d’expressions appropriés au monde paisible). Pour des individus comme Bouddha, Abraham, Gandhi et un bon nombre d’autres (surtout des femmes), la souffrance d’aucuns leur rend davantage de peine que leur propre. Ils préfèrent souffrir et expirer, si nécessaire, que voir leurs semblables lésées. Ce sont les seuls candidats admissibles à la gérance du monde paisible, quoiqu’ils aient été marginalisés jusque-là par la terre en armes, en tant que « bonasses débiles. » 

Aux Apprentis de recruter la gérance de bonne conscience morale qu’ils nécessitent au moyen de sélections coopératives distinctes de celles concurrentielles dictées par des psychopathes.

La sélection historique des chefs males de la nation iroquoise par des soi-disant « mères doyennes » leur contrôle de ces chefs et veto potentiel mais absolu de leurs décisions les pires, ceux-là doivent être sérieusement étudiés, mises à jour et adoptées. Après tout, la première constitution américaine fut faite de wampum.



 

- MEIN FAHRT, CITANT HITLER EN DEHORS DE SES PROPOS -

 

Chaque âme mène son propre périple, n’est-ce pas ? Au souffle du Karma ? Le mien, le tien, à chacun le sien : navigués avec plus ou moins d’adresse jusqu’à sa fin fatale que personne ne souhaite ? Hitler et ses bourreaux menèrent les leurs, eux aussi. Un nouveau tyran, titubant en ville comme Godzilla, pourrait fracasser les nôtres comme des yachts à quai dans l’ouragan. L'histoire nous en aurait avertis. 

Les Apprentis puisent de tout le connu. Cela les rend plus sages. Sagesse accrue, erreurs diminuées ; moins d’erreurs, moins de peine ; moins de peine humaine, productivité haussée. De l’investissement rapide pour profit illimité. Pourrions-nous faire appel à assez d’humanité et de dévouement, selon Mengzi, pour y réussir ? En aurions-nous le cran ? 

Nous serions-nous rendus trop méfiants pour notre bien-être ? Nous a-t-il semblé plus prudent de ne rendre confiance en aucune nouvelle idéologie, quel qu’en fut l’enchère. La fanatiphobie, quelle triste habitude ! « L'opposé de l’illusion n'est pas la désillusion mais la vérité. » Un cours en miracles, p. 438. 

Je te présente donc mon ordre du jour. L’essentiel avant tout ! Le monde paisible avant tout !

 Enlisé en déni, je cris ceci du haut des toits, à ce point sans entente.

 Tu peux constater quatre phénomènes converger pour la première fois dans l’histoire. 

1)    Le virus Corona nous à rendus en alliés en guerre totale contre l’ennemi commun. Pour la première fois dans l’histoire, nous menons un conflit à la mort du même coté et non entre nous.

2)    Nous disposons de réseaux globaux de transmission. Nos nations aliénantes et Etats d’aliénées se consolident rapidement en un seul peuple et une seule terre. « Moi Tarzan. Moi attacher message pour toi sur liane Internet ! Attrape ! »

3)    Soit leur ethnie, nation et foi, la multitude d’Apprentis aux désires paisibles semblables se masse sur cette planète, surqualifiés et prêts à tout. Le compte d’Apprentis consciencieux surpasse par 24 fois celui des tyrans et de leurs collabos de conscience morale amputée. 

4)    Enfin chancelons-nous au bord du précipice d’omnicide « Mettez tout à mort ! » qui croît de plus en plus proche chaque jour, de façon alarmante. 

 

Pourquoi ne pas exploiter cette fenêtre à triples carreaux, d'opportunité, de recrues et de crise, à peine entrouverte ? Par manque de ses quatre nécessités, le monde paisible nous fut clos au nez. Les échecs antérieurs nous ont convaincus que la paix sera toujours futile, soit muni ou non de ses essentielles. Elle se refermera bientôt de suite, cette fenêtre. Nous ne disposons que de cette opportunité fugace avant que la mauvaise sœur de la paix ne nous achève.

Nous devons nous rallier autour d’un idéal partagé, inaccoutumé jusque-là mais recevable après considération attentive de la part de ceux sain d’esprit. Il embrassera le meilleur et le pire de ce que nous sommes ; nous soutiendra à ne plus craindre ni exclure plus rien ni personne ; nous abritera de la tempête de verglas des récriminations, jeux de blâme, cruautés et mensonges. Il nous permettra enfin de pardonner tous et tout, y compris nous-mêmes et les moins admissibles de nos démarches soit particulières soit communes. Pourrions-nous nous absoudre, nous repentir pour nos guerres mécréantes et en rendre l’amende honnête ? Qu’est ce que cela nécessiterait ? 

Les Apprentis désigneront cet idéal culminant « le monde paisible. » 

Pour la première fois, nous disposons des moyens, des mobiles et des opportunités du monde paisible. Dès que baisse le bâton invoquant la première note, notre litanie paisible noiera le beuglement des cuivres de la terre en armes.

  Cotations de :      

 http://sunsite.org.uk/packages/Online-Book-Initiative/Adolph.Hitler/unpacked/mkv1ch04.html,

 [Nota : un site scolaire et neutre, hors de jeu à présent. Je ne t'expédierai pas à un site Nazi. Ma famille a combattu les Nazis, crocs et croches ; je les hais. Pourtant vit-on sur la terre en armes, doit-on donc moissonner ses cotations là où l'on les trouve. Apprenti ouvrira au levier ta largesse d’esprit au-delà de sa zone de confort.

 

« Dans tous les cas d'exigences où de tâches qui semblent intraitables avec succès, l’opinion publique doit être concentrée sur un seul problème... Ce n’est qu'ainsi que l’intérêt public sera éveillé au point d’exhorter le rassemblement du peuple dans un grand effort volontaire pour atteindre des résultats importants. » 

      « Cette vérité fondamentale s'applique autant à l'individu... Il doit toujours concentrer son effort sur une certaine étape limitée de son progrès qui doit être atteinte avant que celle suivante ne soit entamée. Cette méthode systématique de s'approcher à l’objectif, c'est un art en soi qui réclame la dépense de la dernière unité d’énergie... » Hitler, Adolph, Mein Kampf, Vol. I, Chapitre 10. 

 

      « … toute propagande efficace doit être limitée à quelques essentiels absolus et ceux-là autant que possible exprimés en formules stéréotypées. Ces slogans doivent être répétés inlassablement jusqu'à ce que le dernier individu ait saisi l'idée présentée. » Vol. I, Chapitre 6. 

 

      « Les mieux orientées vers un objectif les énergies militantes du peuple, les plus nombreuses les nouvelles recrues qui s’associeront au mouvement, attirées là par le magnétisme de ses actions unifiées, … » Vol. I, Chapitre 3. 

 

      « Toute Weltanschauung (vision du monde) qu’elle soit mille fois correcte et suprêmement salutaire à l'humanité, restera dépourvue de service pratique dans l’entretient du peuple, avant que ses principes ne soient rendus en points de rassemblement d'un mouvement militant. » Vol. II, Chapitre 1. 

 

La militance selon Hitler fut de la brutalité paniquée de gangsters en coalition. La militance des Apprentis sera la coopération de mutualistes confiants … donc beaucoup plus robuste.

 

L'Amérique retiendra-t-elle son ancien titre de phare politique du monde ? Sinon doit-elle dégénérer en son récent centurion ? Pourquoi ne pas choyer son idéalisme légendaire et le transplanter dans l’ancien monde dont le rendement jusque-là n’a été que la mentalité d’armes ? 

Ce pays a servi comme banc d’essai de nobles idéaux neufs. Ses citoyens ont saisi les idéologies les plus radicales et risquées et les ont transformées en modèles d’abondance en aval. D’un bout à l’autre du monde, des idéalistes, des entrepreneurs et des gens ordinaires sont tombés amoureux de nos résultats et ont frayé leur chemin à notre porte. C’est pour ça que nous sommes admirés, à ces pratiques les plus forts. Et pourtant, quand nous singeons des tyrans de l’ancien monde, ceux-là dédaignent notre despotisme d'occasion et contre-frappent dur. Pour bonne raison : ces stéréotypes de film de gladiateur n'ont jamais réussi depuis cinq millénaires — ce que tout le monde sait parfaitement. 

 

L’heure est venue d’établir le monde paisible : notre devoir incontestable. 

 

« À ces trois formes de lois, il s’en joint une quatrième, la plus importante de toutes ; qui ne se grave ni sur le marbre ni sur l’airain, mais dans les cœurs des citoyens, qui fait la véritable constitution de l’État ; qui prend tous les jours de nouvelles forces ; qui, lorsque les autres lois vieillissent ou s’éteignent, les ranime ou les supplée, conserve un peuple dans l’esprit de son institution et substitue insensiblement la force de l’habitude à celle de l’autorité. Je parle des mœurs, des coutumes et surtout de l’opinion, partie inconnue à nos politiques, mais de laquelle dépend les causes de toutes les autres ; partie dont le grand législateur s’occupe en secret, tandis qu’il paraît se borner à des règlements particuliers qui ne sont que le cintre de la voûte, dont les mœurs, plus lentes à naître, forment enfin l’inébranlable clef. » Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, Livre II, Chapitre 11.

 

Je peux t’inviter au monde paisible, mais non te fourrer au-dedans. Je ne puis que suggérer la mélodie et espérer que tu choisisses d’y harmoniser. Chantez-moi ça bien fort, les gars ! 

Que nous remboursera le monde paisible ? Pourrions-nous nous dorer dans sa gloire ?

Notre conscience morale enfin ravivée, la gloire du Dieu ou pas de notre choix, révérence aux ancêtres, le bien-être de la postérité et notre honneur militaire comme garants de paix, cela devrait nous suffire.



 


SECTION 1 – POURQUOI

« Il y a sept péchés au monde : richesse sans travail, plaisir sans conscience morale, connaissance sans caractère, commerce sans moralité, science sans humanité, adoration sans sacrifice et politique sans principe. »  Gandhi



 

 Nobles vierges violées

 

L’élevage de moutons ; tissage de la laine, des tapis et des tapisseries ;
 Le calicot fin du lin filé fin,
 L’une des premières récoltes humaines ?
 Filer le coton de cueille cruelle, comme le prôna 
 Gandhi, et en tisser du satin ;
 Sinon de la soie de labour infini :
 La source du littéraire ? 

Est-ce que l’esprit et la sagesse jaillirent de la poésie toute seule ? 
 La prose reléguée aux comptes et aux telles bagatelles ? 
 Car le mot écrit se laisse ignorer plus facilement 
 Que la bonne poésie récitée à ce temps-là ? 
 Ni plus ni moins que ça ? 
 Exclure le mauvais jugement par manque de le mémoriser, 
 Tant bien que par l'interdiction de le transcrire ?

Des épiques survécurent-elles la fin du monde, 
 Quand le savoir-lire disparut ?
 Fut-ce l’épique, le Véda, 
 Le seul resté audible sous le tic-tac roulant des Yougas, 
 Une fois que le temps se déroula 
 Et les pages et les pixels furent vaporisés, 
 Tout ce dur labeur vaporisé ! 
 Sans plus savoir comment ne le transmettre ni le comprendre.

La poussé de l’eau sur le moulin et la barque, 
 Fut-ce la source du numéraire ?
 Sinon la taille du silex ? 
 Parallèle et perpendiculaire : initiation à la géométrie ?

Des nobles vierges violées, arrachées de bras protecteurs, 
 Au dernier râle de pères désespérés, d’amants, de maris et de frères : Tous tombés au combat. 
 Celles qui survécurent
 Repliées au maquis et aux rives distantes, loin du massacre.

 Réfugiées en pleine brousse, 
 Loin de la plaine hantée de guerriers, 
 Entre des bergers réticents et des pêcheurs taciturnes, 
 Là où la sécurité s’achète en silence.

Distantes, là-bas tarir, languir, 
 Soupirer pour le rire et d'autres bien-être disparues. 
 Bien énumérer les rives, raccommoder les filets, et réciter les rimes mémorisées, 
 Malgré les larmes en-étant arrachées de soi.

Quand les armes peignent la ville, 
 Les fassent bruler, aplatir et renverser dans la mer, 
 Les fassent dériver au fléau et a la famine, 
 Les rendent en champ carbonisé et gras de sang. 
 Ses foyers paisibles étouffés pour des années, pour toujours, 
 Au souhait de Dieu.

La régie des zombies, tant bien en cauchemar que sur pellicule, Se ruer sur leurs victimes pour les dévorer : Que des survivants faméliques de cette hécatombe ?Des spectres enregistrés dans l'ADN : du vieux jeu ; mieux vaut l’oublier ?
 Que nous sous cape moins opportun ? 

 Soustraites là-bas des zombies, recelées au loin d’armées pillardes et empestés, enseigner aux jeunes survivants, si possible, le récit de versets et l'énumération des rives.

Donc, en pêches hardies et délices du duvet brodé fin, 
 Le commerce de livres magiques et de rares vendanges,
 De manière civilisée, de notre manière, 
 Pendant les bonnes années avant et depuis. 
 De l’or tintant, des cliquetis d’abaque, 
 Et de la musique étincelante sur nos rives partagées.

 Parlons de mœurs civilisées, héroïques quoique éphémères, 
 Dont discutent des sages repus alors que leurs enfants dorment tranquilles. 
 Tous les Apprentis, ensemble et souvent, 
 Tant qu’il reste de temps paisible.

En cours de loi, laver les pieds des autres ? 
 La purification rituelle de jurys. 
 Les litigants lavent les pieds de leur adversaire 
 Et ceux d’autres célébrants ? 
 Avant et après le procès ? 

Parlons de la clémence de Dieu envers nous tous, 
 Mimée par notre pardon de l’Autre. 
 Nos accrochages apaisés par miracle paisible de Dieu.

Parlons de cœurs libérés par amour tant pour soi que pour l'autre. Dorénavant oublié, réprimé et suffoqué. 
 
 En larmes de joie et soupirs de soulagement 
 D’anges humains louant Dieu ; 
 Non le jacassement de requêtes ridicules en prière. 
 Comme si l’on savait ses besoins mieux que Dieu.

Si nous acceptions Ses tendres soins, 
 Qui seuls nous gardent en vie. 
 Nous, perdus au cœur de nos ténèbres.
 Cela réchaufferait celui glacé qui bat a peine dans notre poitrine, 
 Et bercerait en bras tendres chaque enfant.

L’éclat du rire d'enfants, 
 D’essaims d’oiseaux aux forêts à perte de vue. 
 La porte du devant déverrouillé, 
 Protégée par valeur guerrière bien éprouvée.

 La disette inconnue, le fléau inadmissible, l’injustice injustifiable. 
 De l’Apprentissage au lieu partout. 
 La vie plaisante de durée millénaire ; celle pénible coupée court. 
 Simple question de choix.

A l'éthique du nouveau-né : fragile, profonde et charmante. 
 Le sacrifice en vestige mais de racine profonde : 
 Le sacrifice de soi, bien moins fréquent que celui de l’Autre. 
 La célébration explosive mais superficielle, 
 Evidente partout, inconnue nul part.

Que te dire de ce monde paisible négligée ? 
 Moi, druide parvenu d'ailleurs, 
 Sirotant la chaleur matinale de thé whiskey, 
 Vieux porte-parole de prophètes disparus, 
 Soulageant ses peines hivernales au saké chaud. 
 Simple apologiste de tristes fautifs, 
 Appréciateur du vin rouge d'a peine douceur sombre.

Oyez le héraut d’Apprenti ! 
 Héraut, non héro (comme le nota Sarraute.) 
 Les vrais héros et héroïnes sont à venir, leur esprit supérieur au mien, Des meilleurs techniciens paisibles que moi, 
 Des amants en confiance avec leur voisin. 
 Le récit de leurs exploits amplifiera Apprenti, 
 Des sections Pourquoi, Comment faire et Qu’en attendre ; 
 A celles, Qui, Quand et Où.

 Fière de servir comme ce héraut. 
 Soit à quel point passager mon message, 
 Mal rédigé ou mal lu. 
 Fière de le diffuser en claire sur l’Internet.
 Je crache dans l’œil de la ruine,
 Que tu puisses me lire et agréer, sinon me réfuter, tant mieux ! 
 Mieux encore, mieux réaliser. 
 Oyez ! Oyez !

Nous venons de traverser la Kali Youga, 
 L’Age aux trois quarts mauvais, 
 Dans la Dvapara Youga, des deux moitiés, 
 Le progrès technologique au fil du temps, 
 Du mauvais (des nuques) au préférable (d'Eden).

L’histoire n’a jamais été notre juge et jury : 
 Le bourreau nous bandant les yeux sur l’échafaud ; 
 Mais seulement notre passé : un vieux miroir étoilé. 
 Une vieille peau de serpent dont on se dégage. 
 Après avoir touché au fond et rebondi, 
 Nous remontons à la surface, 
 Quoique nous, les pigeons, n'en pigions encore rien.

C’est aux jeunes Apprentis
 Sans l’appui de nous autres vieux contaminés d’armes 
 Qui traînent la longue piste de sang des victimes de l’histoire, 
 Affamant des bébés par millions, 
 Tuant des milliards de bêtes, 
 Le cœur glacé par ces souillures de l’âme.

Au lieu de noyer les pauvres, 
 Chaque bras aux rames et aux écopes ! 
 L'esprit illuminé par la mentalité paisible, 
 Le boyau apaisé par ses récompenses, 
 Le cœur conforté par sa réussite.

Des technologies paisibles accompagnent son éveil ... 
 Le nôtre … 
 Pour le temps qui nous reste, 
 Avant que les pixels ne s’éteignent, 
 Que le monde ne se confonde à nouveau, 
 Que la luisance des yeux ne se rende en âcre poussière, 
 Que l’entropie nous fasse taire à jamais. 
 Et qu’elle gueule sa victoire 
 Au jet renouvelé des dés des Youga. 

De l’héroïsme, nom de merde !
 Du bon sens et du bon cœur !
 Le meilleur monde possible,
 Posé en toute humilité sur l’autel de Dieu 
 Non ce camp de concentration de la terre en armes.
 Cette médiocrité satisfaite au lieu du monde paisible,
 Avant que l’univers sans merci ne nous éteigne sans façons,
 Nous supprime comme les insectes sociaux que nous sommes. 

Que nos idéaux resplendissent ! 
 Nos rêves chéris brillent telles qu'un deuxième astre, 
 Encore plus fort que le choir de nos radios. 
 Que nos espoirs brillent plus forts que l’entropie. 
 Et illumine l’abîme de la mort aux fusées éclairantes du défi !
 Trop conversant d’âcres vérités, 
 Naviguons en-deçà, 
 Jusqu’au plus serein port d’attache de Dieu.

Que nous reste-t-il à perdre, 
 Qui devons tout perdre en tous cas ? 
 Que redoutons-nous d’apprendre, 
 Qui ne sachons presque rien ? 
 De quoi aurions-nous peur, 
 Sans pourtant rien à craindre ?

Je te défi de mettre en marche le monde paisible. 
 Me fiche pas mal d’où tu viennes, 
 De tes préjugés, tes craintes et ton malheur. 
 Il faut rendre serment au bien-être commun, 
 En tant que députés de cette race honorable, 
 Comme Apprentis au monde paisible.



 

- LA SURVIE DU PLUS LETAL

 

Les maîtres d'armes renvoient la mentalité paisible et promeuvent à sa place celle d’armes. L'histoire enregistrée, ce n’est que la glorification d’Etats en armes. Si jamais une civilisation entièrement paisible ait existé, elle disparut, « préhistorique » car épongée de l’histoire. 

Les directeurs d'armes maintiennent que trop de technologie paisible réduit l’effort correspondant mais moins attrayant d’armes. Leur conclusion : si une gérance paisible alloue trop de ressources aux marchandises et services civils, l'espérance communale de prospérité égalitaire surpassera leurs méthodes balourdes de commande sociale. Ils craignent que la paix ne ramollisse la populace, ne la rende moins combative : davantage raffinée, cosmopolite et décadente au lieu. Selon eux, la seule option admissible à la révolte et la guerre, c’est l’application de minime technologie paisible ― souligne le mot minime. 

La paix accoutume les gens à résoudre tranquillement leurs différends; trop d'agression les gêne. Les maîtres d'armes protestent, « Faute de réprimer cette décadence, on sera envahi par des barbares d'armes ! » 

La pauvreté martiale et la terreur hiérarchique sont les faces revers de l'abondance paisible et sa vulnérabilité pacifiste. 

L’infâmie que prévoit Francis Fukuyama dans son livre, La fin de l'histoire, elle pourrait advenir telle qu’il ne le devine ni désire le moins. Le Reich de mille ans qu’il vénère, de la mentalité d'armes national-capitaliste, s'écroulera sous son fardeau de contradictions, que ce soit en holocauste d’omnicide ou en transformation paisible aux mains des Apprentis. 

 

Supposons-nous les explorateurs d’une planète lointaine, pareil à la nôtre en dépit de son climat tellement tropical que des ouragans y soufflent de temps en temps à cinq cents km/h. Nos véhicules expéditionnaires doivent s'ancrer à la roche quand ces vents font rage, quoique notre logistique d’avarice interstellaire dicte que ces véhicules soient aussi légers que des plumes, agiles et économes en combustible. 

Bien ancré ou poids de plume ? Ce choix paradoxal forme une antinomie qui se contredit dans toutes les dimensions. Satisfaire ces deux critères dans la même conception, c’est produire un monstre qui s’abreuve au carburant mais qui dégringole à la troisième rafale sérieuse.

L’antinomie d’armes et de paix est semblable.

 

Imaginons-nous aménageant un plat de pétrie rempli de nutriments. Déchargeons au-dedans deux sortes de bactérie : celle bariolée en vert chiné, (« cammo » : des technologies d'armes) et celle en orange éblouissant (« day-glo » : de telles paisibles.) Celles day-glo sont relax et accommodants ; celles cammos, agressifs et toxiques. Quoiqu’elles se multiplient avec ferveur égale, celle cammo développe un goût cannibale pour les bactéries day-glo.

 Après quelques générations, combien survivront de bactéries day-glo ? Combien persistera d'ADN day-glo parmi les bactéries cammo ? Des caractéristiques cammo marqueront tous les survivants. 

La dominance de la mentalité d'armes n'est pas particulièrement attribuable à une conspiration sinistre de malfaiteurs psychopathes, (bien que cela se produise aussi) non plus que de pires toxines ne le seraient parmi les bactéries survivants. Comme eux, nous collaborons avec le paradigme prévalant, sans vraiment le comprendre : dans notre cas, la mentalité d'armes. Dissemblablement, nous pourrions admettre habiter la terre en armes, ne plus collaborer avec, et refocaliser la mire de cette collaboration en faveur du monde paisible. 

Ce serait aussi simple que ça. Cela exigerait que nous nous mettions tous d’accord, à quelques exceptions près, durant la même génération. Pour la première fois dans l'histoire, nous disposons de toutes les voies de transmission, infrastructures paisibles et identifications mutuelles essentielles pour le monde paisible. 

Notre problème, c'est qu'en aurions-nous le cran ?

 

Prenons une illustration un peu plus crépitante. Supposons que l'atmosphère détenait un léger surcroît d'oxygène : le feu s’y embraserait spontanément et brûlerait davantage ardemment.

La lutte contre le feu serait la préoccupation principale des élites : le devoir du dignitaire et la besogne des pauvres. Ses manœuvres de base lieraient tous, des petits aux vieux, en étant exercés même assoupies. Les nouveau-nés, animés en vie par le toucher d’un fil en métal chauffé au rouge, seraient appris la gestion du feu dès leurs premiers souffles. En médecine, les guérisseurs les plus doués seraient des pyrologues soigneurs de brûlure.

Les écoles, les médias et la culture populaire : tous hyper raffineraient cette réalité combustible en cycles hypnotiques de répétition par cœur. Des centaines d’expressions supplétives décrirait le feu. Byblos et mythos seraient pareillement hérissés de contes inspiratoires de combattants du feu. 

La technologie traditionnelle antifeu engloutirait les budgets nationaux ; elle distordrait leurs développement, planification et assemblage. Des tabous compulsifs colmateraient les technologies à grande énergie, de la fabrique d’allumettes à l'énergie nucléaire. La maçonnerie, la métallurgie froide et le sculptage des cavernes remplaceraient toutes les charpentes. L'amiante, ses risques sanitaires ignorés, vaudrait son poids en or. La récolte des plantes à racine remplacerait celles d’aliments qui poussent trop vulnérables en l’air. 

Leurs gouvernements (chacun retenant sa manière privilégiée de combattre le feu selon les mœurs et circonstances) prétendent qu’ils ne consacrent à son contrôle qu’une petite fraction du produit brut national. Ils négligent de signaler les fortunes envolées en flammes lors de sporadiques ouragans de feu. Et ces sommes colossales ne couvriraient jamais les coûts cachés et sacrifices particuliers que leurs citoyens dussent essuyer chaque jour. 

De temps à autre, la vraie menace de tempête de feu les emmènerait à pétarder préventivement la majeure partie de leur infrastructure. Peut-être se sacrifieraient-ils entre eux, en soumission tremblante à leurs dieux et idéologies pyromanes ? Les feux d’enfer religieux brûleraient d’une froideur encore plus rayonnante dans l’imagination fanatique ― encore plus que dans la nôtre…

En tant qu’observateurs étrangers, on se foulerait les pattes entre des contradictions et des surcharges sociales que les locaux trouveraient parfaitement approuvables. 

A partir de maintenant, considère-moi comme un observateur aliéné de cette terre ― tel que beaucoup d’Apprentis doivent se sentir. L’anarchie militaire qui prévaut sur cette planète n’a rien à voir avec nous autres Apprentis, sauf en nous attribuant le rôle de témoins traumatisés et de pacificateurs désespérés, naufragés sur cette planète de primates meurtriers.

Grâce à Dieu, il y a de l’excellente musique par ci par là,  l’amour des mamans et des grands-mères, des sacrifices héroïques de soi à foison, et d’autres astuces sans compte pour autant bonnes et belles ! De nobles efforts en général.

 Mon ami Apprenti, je te prie d’accepter mon invitation au sauvetage de ton âme, quoi qu’y advienne de cette pagaille : mon humble offrande à mes frères et sœurs apprentis planqués au pied de ce mur. 

De notre point de vue, ce monde doit sembler fort déformé et ses indigènes, agissant au gré de contraintes horripilantes. Soit, ils trouveraient tout ça parfaitement normal. 

Quelques natifs les mieux éclairés pourraient décrier les demandes les plus extravagantes de l'orthodoxie de lutte contre l'incendie. Ils suggèreraient poliment peut-être que les victimes du sacrifice humain soient rôties vives moins souvent. Mais aucun argument ne tirerait des majorités pépères de leurs préjugés. Et la résistance la plus sophistiquée à l’encontre de chaque transformation radicale ? Elle proviendrait des « progressistes » indigènes auto-immunisés contre des réformes significatives par la répétition machinale de clichés périmés. 

Même si l’on pouvait leur démontrer que la concentration d'oxygène atmosphérique s’était mise en baisse avec sa combustibilité, éliminant la nécessité de la plupart de leurs pratiques et préjugés, résisteraient-ils toujours à ces propos par habitude fainéante, panique imaginaire, faux moralisme et inertie mentale. La peur du feu tordrait leurs arrangements sociaux – sans que personne ne s’en soucie – comme l'agression militaire pervertit les nôtres. Nous nous accrochons à nos réflexes de guerre, tels qu’eux, à leur pyrophobie. 

 

Un autre exemple. Supposons que tu étais chef d’un clan barbare qui parvint à conquérir une ancienne civilisation. Pour commencer, tu ignorerais l’accomplissement culturel de tes victimes. Même si tu étais assez sage pour ordonner l’interrogatoire public des clercs ennemis et la lecture secrète de leurs écrits, tu dédaignerais la majeure partie de ce charabia. Ta curiosité frustrée pourrait te faire sembler sot devant tes lieutenants ; les doucereuses manières citadines, nuire à l'élan de tes guerriers ; et les traditions indigènes, enrôler l’opposition populaire en guérilleros libérateurs. 

Tu t’assureras que cette culture écrite disparaisse avec son cadre instructif, par négligence et par conception. Tu terroriseras, surchargeras et asserviras les locaux jusqu’à ce qu’ils aient perdu la volonté de préparer leurs enfants pour autre part que tes champs de labour et de Mars. Apprendre sa littérature, sa religion, son histoire et ses mythes : tous des méfaits capitaux. Des conquérants nomades sont ainsi parvenus à se distancer de leurs victimes par ignorance et apartheid, et rendre ça l'esprit et la lettre de leur loi. De la nôtre. 

Ces clans guerriers ont dominé leurs conquêtes urbaines tant qu'ils ont pu maintenir leurs simples manières de nomade. Les champs irrigués étaient inhospitaliers aux troupeaux, les doucereuses habitudes citadines incitaient de la décadence militaire. Par conséquent, ces champs furent rasés ; des systèmes d'irrigation, ouverts en brèche ; et des grandes villes, continuellement dépeuplés et rasées au sol. Qu’une petite fraction portative de la richesse urbaine fut pillée ; seuls préservés, les livres servant le mieux à la mentalité d'armes (au meilleur cas ; le plus souvent, rien du tout.). Le restant fut calciné et lessivé en sang ― y compris d’inestimables archives, technologies et techniciens paisibles : tous oblitérés. 

 

Nos sociétés préservent la mentalité d'armes à leur grand péril. La norme de vie réduite, des impôts extravagants et des cultes de répression provoquent de la bigoterie militante, de l’arrogance institutionnelle et de la folie en escalade ; entraînant simultanément l’explosion de populations pénales, la guerre ouverte de classe et des tsunamis de corruption publique. 

La société réagit à ces irritants telle que le fait une colonie chahutée d'abeilles. Les réflexes d'attaque du prolétariat, rendu irascible par ces contradictions, repartent à toute vitesse, engendrant des nouvelles proto-élites qui trament la révolte. 

Les élites de bataille s’arrentent d’habitude en mercenaire pour protéger l'élite d'info, mais à condition d’en profiter davantage. Une fois que les affaires commencent à sérieusement se gâter pour les élites d'info, de plus en plus d’élites de bataille prennent la part de la proto-élite (la cellule révolutionnaire) la plus malveillante qu'elles peuvent trouver.

La guerre offre voie de sortie pratique au mécontentement populaire. Avec étonnante facilité, des élites d'info peuvent se disculper des maux dont elles-mêmes sont responsables et rendre cette responsabilité aux ennemis convenus, internes comme externes. Le prolétariat d'info en guerre se soumet à ses élites jusqu’à en avoir saigné à blanc. Spectateur passif d’affrontements gouvernementaux continus à l’encontre de minorités inoffensives et d’étrangers innocents, il se rend tour à tour dégoûté, terrorisé, soulagé, fasciné, unifié, enrégimenté et en fin de compte inspiré à collaborer aux pires crimes contre l'humanité.

Des attaques d'étrangers contre la population dite « civile » renforcent sa résolution de résister. Peu importe que ces assauts soient entrepris par des hordes puantes en cavalcade, des flottes de bombardiers luisants ou des terroristes aux yeux de fou, ils augmentent la tolérance prolétarienne pour les faillites de son élite. 

Cette mentalité de siège réduit les opportunités de dissidence efficace. Les élites d'info galvanisent souvent leur appui populaire en conviant de la terreur chez eux et des aventures outremer. Elles tiennent en otage leurs combattants non armés (civiles) en contrôlant leurs aïeux dans les militaires et vice versa.

Voici la marotte, ici aux USA. Puisque presque personne n’a de penchant pour la guerre, on les déclenche en dépit de leur futilité (aussi profitables pour les goules d’armes que pénibles pour les troupes et onéreux pour leurs aïeux) puis on condamne les civils douteux pour leur refus d’y rendre appui moral. Il nous est indiqué que nous devons soutenir « nos combattants sacrificatoires, à moins de cette guerre particulière. » Si tu es contre la guerre, tu es contre les troupes ; si tu es contre les troupes, tu manques de patriotisme et n’as plus le droit de critiquer la guerre. Paralogisme meurtrier.

Qu’adviendrait-il si l’on montait une guerre et personne n’y assistait ?

 

La thèse inachevée de Carroll Quigley, L'évolution des civilisations : introduction à l'analyse historique (New York, Macmillan Company, 1961) nous fournit une excellente analyse de l’évolution des bureaucraties dans l’histoire. Des pages 50 à 62, il contraste

·      des instruments : des organisations sociales qui exécutent leur mandat de façon efficace, et 

·      des institutions dont les membres satisfont des ambitions illicites.

 Quelques chefs institutionnels trahissent leur mandat par faiblesse particulière : fainéantise, médiocrité, négligence, avarice, simonie ou mauvais précédent. Beaucoup de chefs, souvent les plus puissants, sont simplement corrompus et fous du pouvoir.  D'autres se concentrent trop sur leur propre contribution : « Le but de la discipline militaire, c’est bien cirer des chaussures et bien rendre le salut aux supérieurs. Le but de l’entraînement militaire, c’est éliminer des accidents. » D'autres encore se fichent des nouvelles formations, équipements et circonstances. 

D’ailleurs, des problèmes sont largement résolus par le premier incrément sérieux d'énergie mis à les résoudre. Le reste exige davantage d’énergie, et la résolution des ultimes détails, une infinitude, comme celle requise pour pousser un objet à la vitesse lumière avec un actionnement de masse newtonienne. 

Afin d’obtenir meilleur résultat, aucun besoin de résoudre chaque problème jusqu’à ses ultimes profondeurs. Il s’agirait plutôt de le définir assez bien pour y appliquer le plus efficient comptant d’énergie et le résoudre aussi nettement que possible ; puis redéfinir le problème, le résoudre avec netteté conforme selon cette nouvelle définition ; le redéfinir à nouveau et ainsi de suite. 

Alors que des instruments sociaux se délabrent en institutions, faute de ces redéfinitions en série, ses chefs malmènent de plus en plus d’effort pour moindre rendement. Ils ignorent la toute nouvelle trouvaille et empirent les erreurs du passé. En mesure que leur succès se dissipe, l'empaquetage et l’intention leur rendent davantage confiance que le contenu et les résultats.  

 

Trois phénomènes ressortent de cette « tension de développement. »

·      Des institutions en faillite cèdent à la réaction qui entortille les antagonistes en cercles vicieux d'injustice, de dissidence et de suppression. 

·      Elles se reforment en instruments viables. Des chefs de secours succèdent à ceux médiocres et inopérants et rendent l’instrument renouvelé davantage honnête et compétent. 

·      Des nouveaux instruments assument le pouvoir authentique par circonvention en laissant aux anciennes institutions des cérémonies superficielles. Par exemple, le parlement outrepasse sa monarchie dégénérée et la limite aux défilés annuels et reconstitutions historiques ; sinon l’empereur romain terrorise et massacre les membres du sénat tout en lui attribuant de nombreuses distinctions coutumières (comme le fit le presque empereur Marius.)

 

Rebecca Costa a fait une analyse extraordinaire de la complexité des civilisations, leurs modes de pensée, de comportement et d’effondrement. Richard Branson et E.O. Wilson l'ont soutenue -- pour vous autres qui reconnaissent de tels éminences pensives. Bravo, Rebecca ! Ton œuvre est génial. 

Rebecca Costa The Watchman’s Rattle: Thinking Our Way Out of Extinction, (La cascabelle du veilleur : Raisonner notre voie en dehors de l'extinction) Vanguard Press, Perseus Publishing Group, Angleterre, 2011. 

Selon elle, chaque civilisation réussie atteint un seuil cognitif au-delà duquel les solutions antérieures cessent de résoudre le récent lot de problèmes sociaux et environnementaux. De Babylone aux Mayas à la Maison Blanche de Trump et son électorat (leur opposition incluse) les réactions familières de l’espèce humaine partagent ce dilemme semblable. Quand la raison cesse de répondre aux problèmes actuels de façon adéquate, la croyance la remplace grâce à sa plus grande facilité, en dépit de son succès inférieur. Les êtres humains trouvent plus facile de tomber dans les pièges de pensée (de contre-pensée) qui suivent, au lieu d’adopter l’alternatif davantage fécond.

·      Opposition irrationnelle : s'opposer simplement aux fautes actuelles sans proposer des nouvelles solutions trop risquées, controversées et difficiles. Elles sont souvent rejetées par des intérêts qui semblent puissants mais qui croulent avec tous les autres face à la catastrophe ignorée. Ces intérêts favorisent cette opposition aveugle sans coût pour eux dans l’immédiat. 

·      Personnalisation du blâme : traquer et condamner quelques boucs émissaires trouvés coupables pour des problèmes systémiques indépendants de leur contrôle. Croire que leur sanction résout le problème, sans qu’elle ne le fasse du tout [nota d’auteur : à moins que leurs nombreux pairs et supérieurs criminels ne souffrent d’un sort pareil, du moins en décimation professionnelle.] 

·      Corrélation frauduleuse : attribuer la causalité à deux phénomènes qui sont simplement contigus. J'ai un grand problème avec son idée. L’espèce humaine, Mme Costa incluse, est très mal équipée pour séparer la synchronie de la causalité. Voir son exemple sur la page 113 en anglais, ce dont je suis en désaccord. 

·      La pensée de silo : Je préférerais appeler ça le cloisonnement, comme si les équipes de compartiments divers d’un navire se lançaient des grenades au lieu de coopérer pour assurer sa navigation : prioriser les exigences spécifiques de son groupe d'identité ou d’intérêt au reniement du bien commun. 

·      Économies extrêmes: privilégier les exigences machinales du profit et des pertes par-dessus celles provenant de l'empathie, de la compassion et de l'esprit, celles-ci davantage valorisantes à long terme. 

 La solution de ces problèmes, selon Mme Costa, c’est accentuer l’objectivité particulière dans l’enseignement public et coordonner la pensé ordinaire du cerveau gauche vis a vis de celui droit au moyen d’exercices mentaux récemment développés. 

A noter : le génie particulier peut voir à travers les mille et une distractions d’une certaine complexité pour y découvrir une solution élégante à partir de quelques éléments clés, évidente à tous maintenant en aval du temps. Rebecca propose quelques mesures que la société peut prendre pour cultiver le génie dans les masses, au lieu de l’attendre seulement d’une poigné de gens doués tout en l’écrasant chez ceux restants. 

Par contre, elle ne reconnait pas l'antimonie d’armes et de paix, beaucoup plus influent ou nuisible au progrès. Ses solutions compléteront celles proposées dans Apprenti. Son plaidoyer en faveur d’une pluie d'atténuations distinctes sur chaque problème complexe, elle reflète celui d’Apprenti d’inonder nos problèmes récents sous une ondée d'expertise de masse cohérente. 

Bravo, Rebecca ! Ton œuvre est génial. 

Rebecca Costa The Watchman’s Rattle: Thinking Our Way Out of Extinction, (La cascabelle du veilleur : Raisonner notre voie en dehors de l'extinction) Vanguard Press, Perseus Publishing Group, Angleterre, 2011. 
 
 

Des directeurs contemporains d'armes insistent que la corporation d’entreprise est la forme la plus désintéressée de gérance sociale. Ils ont conclu que la stabilité gouvernementale exige surtout de l’indifférence de la part du gros populo. Je me demande qui aurait promu leur recherche ? 

Pour que cette disposition dure, les sociétés commerçantes doivent détenir tous les droits de l’individu : les libertés d’expression et d'assemblée, puis immunité particulière contre toute poursuite criminelle, même si prouvée en cour de loi ; puis des milliards de fois davantage de richesse et de pouvoirs que ceux de l’individu moyen, sans responsabilité correspondante. Enfin, une existence continue et illimitée au lieu de notre mortalité commune. En bref, elles doivent se rendre en monarchies organisationnelles. Vive sa majesté, le Roi Cola !

Selon leur évaluation, les biens sociétaux les plus essentiels sont un électorat apathique, mal éduqué et sous motivé, avec un cadre injustifiable de politiciens aux ombres chinoises : la tentative la plus récente des ultras d’à nouveau simplifier le terrain politique aux normes médiévales, qu’ils prisent tel que l’asticot dans de la chair pourrie.

 

Apprenti insiste que nous n’ayons pas tellement besoin de désintérêt ni de fin raisonnement, mais de passion.

 « Le cœur accepte la conclusion dont l'intellect trouve ensuite la raison. L'argument suit à la conviction. L'homme trouve souvent des raisons à l'appui de ce qu’il fait ou de ce qu’il souhaite faire. » Citation de Gandhi, de L’Inde jeune (journal hebdomadaire), Navajivan, 1919-32. Prise de La pensée morale et politique de Gandhi, écrite par Raghavan Iyer, publié par Oxford University, Londres, 1973, p. 18. 

 

Le désintérêt humain existe à peine. Nos intérêts perçus nous tirent là où elles veulent, y compris jusque l'extinction en masse. Quand nous abandonnons nos véritables intérêts et nous soumettons à la panique mortelle, nous chutons dans l'avarice, l'arrogance, la poltronnerie, le démenti et le sadisme ― à vrai dire, le schadenfreude.

Souffrant de hiérarchies de caporaux vicieux, le Volk allemand a inventé ce terme afin d’énoncer le sombre plaisir que certains individus prennent dans le malheur d’autrui. De tels obtiennent satisfaction en affligeant des gens gravement ou en savourant leur souffrance à tierces mains. 

Les Russes ont une expression équivalente : zloradtsvo. Le philosophe russe, Pyotr Chaadeyev, en écrit au 19e siècle : 

« Nous sommes un peuple exceptionnel ; nous sommes parmi les nations qui, pour ainsi dire, ne sont pas des membres de l’humanité mais existent seulement pour rendre au monde une terrible leçon. »

Cette lamentation s’applique également aux habitants de chaque nation d'armes.

Le tsar Nicolas I le prononça dément et l’assigna à résidence, (ni sorties, ni visites : pense s’y) jusqu’à ce qu’il ne se repentît. Ce Pyotr dut être le précurseur d’une multitude de prisonniers politiques russes pour cause psychiatrique.

N'importe quel groupe linguistique inventera une telle expression à la suite de récentes épreuves de tyrannie. Puisque celle-ci corporative s’est rendue ordinaire partout au monde, une francophonie plus précise l’indiquerait en un mot : shadisme

Le sadisme, c’est l’éveil sexuel que provoque la douleur d’autrui : une perversion qui ne préoccupe qu’un petit monde. Par contre, le shadisme nous est enseigné étonnamment tôt et communément. Ces fâcheuses répétitions illimitées nous ont rendus en shadiques experts : également habitués comme victime, témoin et tourmenteur. 

Nous administrons l’enfer sur terre parce que nous sommes élevés pour apprécier la haine craintive et garder dent contre l'amour héroïque ― en soumission à ce qui nous a été enseigné le plus souvent. 

Il est temps de limoger les psychopathes et fournir le monde paisible en prenant inspiration de notre meilleure nature.



- A TOI CHOISIR –

 

« Nous sommes enseignés par tous ces préalables à assumer aussi attentivement que possible le point de vue, la patience et la compétence de Dieu. » Buckminster Fuller, Critical Path (Voie cruciale), St. Martin Press, p. 251.

Pendant la seconde sic guerre mondiale, chaque Européen dut faire face au même choix : accepter le fait accompli Nazi ou le défier. A présent, c’est à toi choisir. Nul temps ne reste pour esquiver l’épreuve principale – semblant le passe-temps humain favori – ni nulle part où se cacher. De la Nouvelle Zélande à la Novaya Zemlya, tes options s’assortiront entre accepter le statu quo et le défier en tant qu’Apprenti digne ; choisir entre la faillite morale ou le sacrifice de soi. Pèse bien tes options avant que le scrum ne débute.

Il te sera d’abord nécessaire de larguer trois couches de lest mental. Sans vraiment y penser, tu as pu élire d'être :

  • méconnaissant : « Je ne peux rendre confiance qu’en des idées que j’ai assimilées au moins cent fois déjà  : celles les moins susceptibles de m’attirer des ennuis. Rien d’autre ne vaut la peine. »
  • crédophobe : « Je n’admets rien de ces bibines déjà pelletées dans mon crâne, mais je ne puis permettre autre chose. »
  • fanaticophobe : « Je n'ai confiance qu’en ceux qui me répètent des idées familières. Le témoin autrement doit être un fanatique, une noix de coco ou un colporteur d’huile de serpent. Personne ne peut m'escroquer ; je suis trop "cool" pour le lui permettre. »

Ces jours-ci, presque tout le monde est fanaticophobe. Pas toi ? 

Tu peux mettre ces notions de coté et endurer l'ostracisme que provoquera ton rejet. Prends ton propre chemin pour changer un peu, et quelques risques constructifs. Tu es seul à pouvoir déboucher tes oreilles aux nouvelles idées. Cela te réclamera du cœur, du cran et des méninges : ce dont la mentalité courante préfère que tu te passes. 

Aurais-tu de quoi l'effectuer ? Tu le dois bien en persévérant jusque-ici dans ta lecture d’Apprenti.

L'orthodoxie prédominante nous somme de nous soumettre à la dictature d’un « nouvel ordre mondial » de national-corporatisme global. « Nous, les gérants, contre Eux, le peuple. » Au mieux, des adultes affectueux soignant des enfants ; au pire, des escrocs agressant des gogos. » 

J’appelle ces candidats à l’impérialisme global, des Mauviettes (en anglais : Wimps, World IMPerialistS.) Les actualités confirment leur dominance, si ce n’est, hélas, leur compétence. Notre désespoir existentiel, l'holocauste environnemental dont nous témoignons à contre cœur, et la propagation de chaosisme militant – s’étendant du microcriminel au macro militaire – eux tous démontrent l’éconologie d’entreprise commerciale qui les oriente. Le contrôle télévisé de pensée nous vise des quantités de vétilles Hollywoodiennes et de matérialisme brut à la Madison Avenue, ce qu’amplifient la folie collective des mauviettes et en dissimule les séquelles toxiques. 

Quand tu contemples une corporation et ses contrôleurs outranciers, pense à une monarchie capricieuse, licencieuse, endurante et redoutablement stupide. Sa plus grande inquiétude ? C’est que le moindre progrès social entamera son affaiblissement — une prédiction qu'il réalise chaque fois que son opposition au progrès lui vaut un autre contrecoup newtonien en pleine figure. Les Apprentis traiteront des corporations multinationales comme les républicains du siècle des lumières ont réagi envers leurs opposants de monarchie corporative : leur renversement par la vieille voie de brutalité n’a résulté qu’en la misère multiplicative des contre-révolutions en reflet, mais leur succession intelligente et graduelle ancra certaines améliorations. 

Des troglodytes de vieille souche insistent que quelques êtres choisis doivent « réintégrer » une chimère politique de provenance incertaine, alors que les restants doivent se jeter aux pieds des mauviettes. Hypnotisés, ces prismes s'écrouent dans leur « isme » favori. Que ce soit par individualisme, constitutionnalisme dit « strict » ; nationalisme générique, national-socialisme nazi/fasciste/bushido, national-communisme soviétique ou maoïste, national-capitalisme corporatif, national-fondamentalisme idolâtre (culte de personnalité), athée, mono- ou polythéiste ; par radicalisme, anarchisme, racisme ou tribalisme : soit la panacée simplificatrice. Toutes finissent pareilles: se ranger auprès de supérieurs fictifs au sacrifice d’inférieurs fictifs, bien qu'apparentés par leur partage de divergences. Par leur prisme les reconnaîtras-tu. 

Le titre de prisme s’applique autant aux autocrates militaires, absolutistes de politburo, fanatiques religieux, terroristes (soit rémunérés par le gouvernement, soit en étant supplémentaires), génocidaires ethniques, barons du crime et leurs frères secrets dans la police secrète, extorqueurs militaro-industriels, politiciens réactionnaires et leurs partisans qui se fichent de tout ; autant qu'à toi et moi après une sale journée. A la recherche de simplifications sédatives, ces activistes déshumanisent leurs adversaires en les transformant en abstractions philosophiques afin de mieux pouvoir en abattre un ou plusieurs, terroriser et maîtriser les restants. 

Dans Les guerriers : Réflexions sur les hommes en bataille, Harcourt, Brace et Co., New York, 1959, J. Glenn Davis énumère plusieurs genres de guerrier et leurs méthodes de réduire l'Autre en ennemi parfait. 

Des soldats professionnels préfèrent combattre un ennemi compétent et courageux ; ils méprisent celui moindre. Paradoxalement, l’ennemi doit être méprisé et détruit avec efficacité professionnelle, tant qu'il résiste, mais traité honorablement aussitôt qu’il se rend — entendu les abus de fatalité subséquente dans de distants camps de mort, aux mains de sociopathes désignés pour cette besogne. Quand des civils sans armes sont torturés, dépouillés et abattus, comme ils doivent bien l’être en guerre, (et ne laisse personne te dire autrement) ce doit être avec répugnance cérémonieuse de la part de tels guerriers professionnels. 

A l’exception des guerriers psychopathes qui s’en sortent d’activités contraires : évader l’ennemi puissant et torturer l’impuissant. 

Les guerriers racistes transforment leurs ennemis en êtres sous-humains. Il ne reste plus de place dans leur attitude pour pitié, décence humaine et valeurs rédemptrices ; ce qui ajoute une corvée machinale aux autres insultes de la guerre. L’ennemi des champions religieux et idéologiques est non seulement une créature sous-humaine mais une parfaite incarnation du mal, en révolte intraitable contre Dieu, le chef ou un autre principe éminent. L’abattre, c’est non seulement le devoir de ces champions mais leur appel divin. Attends-toi à encore moins de compassion de tels assassins de masse.  Comparé à la gloire de l’abstraction qu’ils adoptent, sont nuls le bien-être et la survie de tous : soit opposants, innocents, co-équipiers, soit eux-mêmes — même si l’interdiction formelle de telles agressions fasse partie de leur abstraction adoptée. Des chiites et des sunnites se battent sans merci, par exemple, bien que tous deux soient des musulmans pratiquants formellement interdits par le Coran d’attaquer leurs co-religieux. Mohammed n’aurait pas approuvé. 

Qu’Apprenti ne soit jamais perverti de cette manière ! Vous autres, meurtriers lâches, n’aurez aucune excuse valide, cette tournée de ronde. Interdiction formelle de vos routines criminelles, quelle qu’en soit l’excuse !

En revanche, ceux guidés par leur conscience morale considèrent leurs adversaires comme des confrères : victimes de forces au-delà de leur contrôle, surtout en guerre. Les contradictions que pose leur attitude salubre, par rapport aux exigences brutales du combat, font qu’elles et leur santé mentale se fragilisent vite au champ de bataille, là où toute hésitation résulte trop souvent en pertes et en défaite. Jésus ou survie ?

Les soldats professionnels sont notamment critiqueurs de cette attitude. De leur point de vue, mépriser l'ennemi simplifie la tâche périlleuse de l’occire et subjuguer ses survivants. Ils préfèrent donc le mépris bien réfléchi (en dépit de son manque de merci) à toute fraternisation risquant de saper leur esprit. Puisqu’il est difficile de garder deux contradictions en tête, ceux en dehors de leur clan militaire doivent subir le même mépris.

Dans Cette chose d’obscurité : Une sociologie de l'ennemi, University of Washington Press, Seattle et Londres, James A. Aho décrit cinq démarches exigées pour réifier la haine ethnique. La réification veut dire ici la transformation en conviction d’une abstraction telle que la bigoterie.

1.  Dénommer : la fausse caractérisation d’un individu comme modèle d’une catégorie abstraite et odieuse. 
 2.  Légitimer : valider cette identification aléatoire en renversant les conclusions officielles.
 3.    Fabriquer le mythe : se servir d’une fausse histoire pour confirmer la tromperie. 
 4.    La sédimentation : implanter de telles légendes dans la mémoire de la prochaine génération, en se servant de la dynamique des liaisons intra-groupe.
 5.    Le rite : éteindre des victimes de manière brutale et spectaculaire, souvent de masse, souvent accompagné par l’enchevêtrement de leur famille et leur torture rituelle. 
 6.   Le sixième élément, les martyrs : le sacrifice aux autorités horrifiées de fanatiques mineurs à la suite de ces rites et leur canonisation par doyen fanatique qui, lui, a su déguerpir. Bon sang, qu’il aime pleurer sa malheur ! Surtout après s’être sorti d’abominations nonpareilles. Sangler une petite fille d'une bombe suicidaire télécommandée et l’envoyer périr au massacre ? Monstres innommables ! 

Ces habitudes sont sans doute des équivalents distordus de rituels paisibles du genre « bol à mélanger » (s’arranger pour que des fillettes présentent des roses.) Avec quelques réécritures du spectacle impliqué, leur exploitation pourrait enclencher des mutualités de respect et de tolérance. Ainsi que beaucoup d’autres rituels d'armes,  quelques petites finesses les convertiraient en usages paisibles . 

Des tribus en guerre ont comblé leurs lourdes pertes en intégrant des prisonniers de guerre après leur avoir infligé toutes sortes de tortures physiques et psychologiques pour évaluer leur esprit et le dompter. Ainsi des bigots fatals ont dû se rendre en experts dans l'art de transformer l'ennemi farouche en frère de sang. La vie, c’est le paradoxe. 

Des élites ultra s’attendent à l’ultime orgie d’agression prismatique qui aboutira en gang bang (viole collective) planétaire de toutes les toxines que nous aurions apprêté ces dernières générations : l’extermination bio-chimio-nano-météo-scalaire et nucléaire des Autres haïs, ainsi que l’Autre ahurissant en soi. Niant ainsi notre enjeu dans ce désastre en approche, qui n’aurait jamais pu advenir sans notre fervente collaboration. 

Dans l’avenir proche ? La paix globale se gâtera par petits degrés, puis la guerre totale éclatera irrévocablement — à moins que nous n’ayons déjà entamé des mesures extraordinaires pour contrecarrer celle-ci d’avance.

Les mauviettes et les prismes comptent pareillement sur la mentalité d'armes. Leurs éthiques sont également corrompues et leur probabilité de succès à long terme, nulle. Tôt ou tard, leur ruée au pouvoir se dégénère en bain de sang : qu’une question de temps et de sophistication d'armes. 

Heureusement, la croyance des gens (sinon leur manque de telle) peut être harnachée à la lutte pour le monde paisible et sa satyâgraha , ce dont nous reparlerons dans des chapitres à suivre. 

Ce texte propose une idéologie divergente, soutenue par l’armée d'un seul individu (moi.) Elle ne réclame aucun parrainage du « Skull & Bones » des mujihadine, du fond monétaire international ni de telles ligues de coupe-gorges pour profit, furtifs ou pas. Que cette renonciation t’attire à la cause. 

Les Apprentis exigeront l’entièreté de l’infrastructure que l'humanité s’est assemblée à ce jour. Ce qui doit rester intacte, fleurir et se raffiner continuellement. En outre, nous exigerons que de moins en moins de monde ne soit privé de domicile, de contrée, de sécurité et des soutiens de la vie. En bref, tous sur terre auront droit constitutionnel au repli de leur misère.

Les Apprentis adresseront les besoins des riches avec autant d’application qu’à ceux de l'info prolétariat ; en d'autres mots, mille fois mieux qu'en ont effectué les directeurs d'armes. A la différence des dissidents d’armes et leur haine réflexive des riches, les Apprentis enjoindront la coopération, l’expertise et la gestion financière des élites d'info (du moins leur cadre de bonne conscience morale.) Sans leur appui, cette transformation ne sera pas possible. 

L’humanité vient à peine d’avoir accru assez de capital et de bonne volonté pour entreprendre cette transformation. Toute massive tombée en panne sociale (à laquelle les dissidents d'armes ne cessent de nous enjoindre) nous précipitera aux paliers inférieurs de barbarie d'armes et à l’annihilation éventuelle. Nous ne pouvons plus nous taper d’autres destructions, chapardages et terreurs de masse du genre que nous aurions convenu – tout en poussant des grands soupirs de regret ! – étaient malheureusement inévitable. 

Quant à ceux qui souhaitent voir la civilisation anéantie, tout en aiguisant leurs compétences de survie, leur hystérie m’ahurit. Qu’ils tiennent à la harangue de l'unibomber, aux déclamations d’un fondamentaliste ou à la voix meurtrière qui résonne dans leur tête, leur simplification brutale de la réalité présage un grand malheur pour nous tous, eux compris. Que les Apprentis raniment leur imagination pétrifiée et atténuent leur penchant pour la simplification fatale ! 

Je me rappelle l’histoire d'un jeune membre de tribu montagnard, mis en arrêt pour sa redevance d’une querelle de sang. Quand la police lui demanda pourquoi il avait assassiné un étranger innocent, il avoua que sa vieille mère le lui eut préconisé. Des femmes peuvent être aussi létales que les hommes dans ces cas, et peut-être pis. La plupart d’entre elles serviront le monde paisible avec encore plus d’entrain.

Des chamans en apparence « primitifs » ont informé un enquêteur étranger quelle était la différence entre l'hommes et la femme. Les hommes font la chasse, se battent et abattent les arbres ; les femmes nourrissent l’enfant, l’homme et le jardin. Ces hommes et femmes sont donc permis leurs distinctions naturelles de talent, de vigueur et d’aptitude. Mais avant tout, les femmes doivent faire savoir aux hommes quand ils doivent s’arrêter net. On a laissé tomber ce fiable droit de veto.

Il me revient à la mémoire un incident dans l’histoire des mormons américains. A un certain moment, leur parrain s’est mis en tête que des migrants de passage devaient être massacrés. Si ses femmes (polygames) avaient pu bloquer sa décision, (et je pressens qu’elles l’ont tenté de toutes leurs forces) ce massacre n’aurait jamais souillé la réputation des mormons. Je pressens d’ailleurs que des confrontations meurtrières dans l’histoire patriarcale concluraient de façon plus avantageuse, autant celles anciennes, présentes et à venir.

Par convention sociale, une élite de femmes doit pouvoir mettre fin à la tuerie sérieuse (ou même sa planification sérieuse) de la part d’une majorité d’hommes.  Ces paliers de décisionnaires femelles feront part de la cour mondiale. La majorité ? La totalité ? Disons de 51% aux femmes et 49% aux hommes (le pourcentage d’intermédiaires ? Par politique d’identité ?) 
 
 L’Agora mondiale accueillera des votes multiples. L’ascendance de celles-là s’institutionalisera, du moins dans chaque localité, biorégion, continent ; globalement et dans l’espace, sans qu’aucun milieu ne reste en dehors de leur régis sauf s Ces ilots de corruption et de méfait dont les erreurs envenimés pourront être tirés, filtrés et mieux compris ; dans lesquels des incorrigibles globaux seront appâtés par l’offre de bénéfices incomparables ailleurs ; hors desquels le départ fort onéreux pointera aux horizons arides et mieux surveillés. Au pire, au recrutement à la Légion mondiale ou au monastère sous terrain Dôme de peine.

Rien sur terre n'est aussi irrévocable qu’il ne semble être, même pas l’annihilation. Au prochain paroxysme de stupidité en masse et panique de slip souillé, on pourra détruire la biosphère entière , l’espèce humaine ou seulement sa civilisation actuelle ; il n’est question que des mégatonnes déversées, entrelacés de suppléments de maladie meurtrière, de climat tordu et de nanotech guerrière. 

Ces résultats lugubres ne sont que du bidon pour quiconque tient à la réincarnation. Nous aurons simplement à reconstituer l'intégralité vicieuse de la farce historique pour revenir au volet courant d’éventualité du monde paisible Une fois que les moellons radioactifs auront cessé de rebondir, nos survivants pourront prendre les quelques milliers d’années nécessaires pour reconstituer la civilisation d'armes, les millions depuis l’aube de l’humanité, voire les milliards depuis que la vie s’établit sur ces parages, du moins cette fois-ci. 

Faites vos jeux, vous autres bombardiers pompeux ! Faudra patienter encore un peu, avant de pouvoir vous procurer des bombes assez puissantes pour nous projeter plus loin en arrière dans le temps. Voici tout ce dont votre panique malintentionnée soit capable : nous imposer un plus grand délai le long de l’étendu quasi-infinie de la vie. Combien de temps devra-t-on gaspiller en reconstitutions historiques avant d’entamer le correcte ? A quel comptant d’engloutissements vifs, de bûchers, viols, suicides, crucifixions, pogroms, auto-da-fé, et massacres redondants devrons-nous assister ?

Tu peux lire ce que tu veux sur la guerre dans tes flux d’info et pages d’histoire, tu ne trouveras pas l’idée qui suit. Les affaires reviennent à peu près au même état qu’elles étaient avant que celle-là n’ait éclaté. Les survivants renouent leur vie mondaine, s’aiment et se haïssent, élèvent leurs enfants et reprennent leurs petites affaires. 
 
 La guerre, qu'elle ne soit ou pas « glorieuse et significative » n’a presque rien changé. Le même résultat (celui supérieur en toute probabilité) aurait été atteint durant une paix équivalente. L’unique changement vérifiable réside dans les décennies de besogne et de doigté requis pour remplacer les fortunes et les mutualités de confiance que cette guerre a gaspillées, ainsi que ses pertes irremplaçables, et forger sa prochaine technologie d'armes. Tous perdent à la guerre ; aucun gagnant n’en ressorte à part des élites d’armes.

A l’origine de la vie terrestre, des organismes multicellulaires ont dû s’adapter à une transformation saisissante entre d’autres. La colonie primitive dut laisser ses cellules centrales s’affamer et suffoquer. Englobées de cellules « égoïstes » aux marges, celles au centre n’ont pu obtenir assez de nourriture, d’eau douce et d’oxygène pour survivre. Des formes de vie à trois dimensions n’ont pas évolué avant que des cellules externes et « privilégiées » n’aient rassemblé des éléments supplémentaires d’alimentation et d'oxygène, et ne les aient passés au centre « plus pauvre. » Cette capacité dut ensuite être transmise aux générations subséquentes. 

Quiconque pérore de « la survie des plus capables » selon le dogme du darwinisme social dont les sociopathes s’extasient (à l'Ayn Rand), doit contempler « la survie des plus généreux. » La nature maintient des communautés les plus complexes de partageurs capables de coexister dans ce milieu. Voir Pierre Kropotkine, L’aide mutuelle : Un principe (factor) dans l’évolution.

« Le long de millions d’années, les ingénieurs d’écosystèmes naturels ont été singulièrement efficaces à promouvoir le sur-rendement [mes italiques.] Ils ont co-évolué avec d’autres espèces pour exploiter des niches de leur fabrique. Cela a résulté en harmonie à l’intérieur d’écosystèmes. En s’éparpillant dans des niches multiples, les espèces constituantes saisissent et recyclent davantage de matériel que ne serait possible dans des écosystèmes analogues. Homo sapiens est aussi un ingénieur d’écosystèmes, mais malhabile. N’ayant pas évolué avec la majorité des formes vivantes croisées autour du globe [nota : en familiarité intime … : une telle technologie paisible pourrait bien être développée] on élimine beaucoup plus de niches écologiques que l’on n’en crée. On pousse à l’extinction des espèces et des écosystèmes au montant beaucoup plus élevé qu’auparavant, partout au prix de productivité et de stabilité. » Edward O. Wilson, The Future of Life (L’Avenir de la vie), Alfred A. Knopf, New York, 2002, p. 112.

Une fois que la conviction des Apprentis prenne racine, des élites, dotées d’excès de richesse, découvriront les profits démesurés à apprécier de façon pragmatique mais intégralement morale, dès que tous les autres seront entretenus en meilleure équité. Comparés à cette abondance, les plus grandioses de leurs accomplissements actuels leur paraîtront comme des simples déboires de chef de bas quartier médiéval. 

Alors que tout le monde mérite de conforts modestes, ceux qui excellent ne doivent devancer ce minimum par plus de cinq à un entre le cinquième de la population le plus riche et celui le plus pauvre, et quinze fois entre les centièmes parties aux antipodes de richesse et de pauvreté. De cette façon, le plus en amont sur l'échelle de confort que grimpent les pauvres, le plus de luxure que les riches pourront s’autoriser en bonne conscience.

Me voici répétant mes mauvaises habitudes : rendant des pronunciamienti alors que le but d’Apprenti, c’est animer la transformation globale et s’ôter du passage pour permettre aux experts et spécialistes d’optimiser leur passion. Je devrai céder cette besogne à un Apprenti digne.


Robley E. George, Socioeconomic Democracy: An Advanced Socioeconomic System, Praeger Studies on the 21st Century, Praeger Publishers, Westport, Connecticut, London, 2002, p. 91. 
 
« La démocratie socioéconomique est un sous-ensemble socioéconomique en prototype selon lequel il y aurait une forme de Revenu Particulier Garanti et Universel, (RGU) aussi une forme de Maximal Avoir Particulier Permis (MAP) dont les bornes – celle en bas de pauvreté matérielle particulière et en haut de richesse conforme – seraient établies et rajustées de manière démocratique par toute la communauté. »

Les Apprentis ne conseilleront ni l’absolue égalité économique ni l’opportunité illimitée. En fait, ce sera la nature des Apprentis d’éviter presque tout absolu. Tout en modération (à part la sagesse, la beauté et l’excellence) tout bien équilibré et favorisant le monde paisible. 

Staline et Pol Pot nous ont démontré que l’égalité imposée mène à l’absolue pauvreté et à des millions d'entrepreneurs massacrés ; qu’ils soient civils ou militaires, bureaucrates ou professionnels, directeurs d'usine ou de ferme. Ceux qui ont tenté d'aller en avant furent abattus, ainsi qu’un grand nombre de gens innocents de telles ambitions. Les Etats-unis contemporains et l’Angleterre victorienne ont démontré la polarisation insalubre des riches à l’encontre des restants quand la richesse particulière et corporative est accordée priorité sans exception. Dans l’absence de modération économique, des psychopathes s’emparent des deux ailes politiques, soit de gauche ou de droite, soit du haut soit d’en bas, sans bon aboutissement pour les innocents pris entre leurs feux.

Un moyen d'or doit être poursuivi, de sorte que chacun vive en confort, que l’esprit d'entreprise soit permis sa créativité et ses gains légitimes, et qu’une conscience morale beaucoup plus salubre prévaut aussi bien dans la société qu'en la plupart des individus. Ceci tout en pourvoyant les quelques planètes terrestres de ressources requises pour approvisionner au même niveau de confort le fourmillement de nos milliards. Il s’agirait d’acquérir de la sagesse supérieure à la nôtre : l’ultime intention des Apprentis.

Autant bien pour les riches que pour les pauvres, la bonne conscience morale est l'ultime luxe. En comparaison, tous les trésors brillants et honorifiques ronflants procurés jusque là ne figurent que comme de simples babioles et gargouillements de bébé ; souffrances et sacrifices endurés, perte de temps et d’énergie.

Ne parlons pas de la satisfaction que l’on puisse ressentir en griffant son ascension du tas de viande humaine, ni celle ressentie par la poignée de privilégiés qui milite pour le bien-être des pauvres. Parlons plutôt de l’authentique valeur en soi, de la bonne conscience morale et du bien-être bien mérité car universel. Sacrifiés jusque là sur l’autel d’armes, ils valent milles fois les babioles d’élites et leurs épatements de la galerie, et encore plus que la soumission aux souffrances du prolétariat sinon sa révolte à leur encontre. 

Les appellations de la politique contemporaine maintiennent le dogme inerte et la pensé linéaire. Nous sommes épinglés comme des papillons sur la planche de liège politico-linguistique afin de mieux nous « contrôler. » 

L’expression n’a jamais été conçue pour un être politique de la souplesse d'un Apprenti. Nous sommes restés anonymes et donc impuissants car nous avons exclu toute meilleure doctrine. Nous nous attendons à nous débrouiller en dépit de notre refus de clarifier nos politiques. 

Notre constellation de métaphores politiques est un méli-mélo de clichés poussiéreux et d’expressions surannées qui n’ont pu offrir quelque promesse que dans un passé distant, mais plus rien actuellement. Ces euphémismes : la gauche en contrepartie de la droite, démocratie, capitalisme, collectiviste, Républicain, Démocrate social ou chrétien – j’en bave ! – n’ont servi qu’à aggraver nos erreurs et leurs embarras. Comme le prédique Simone Weil dans son essai "Note sur la suppression générale des partis politiques", ceux-ci ne servent aucun intérêt hormis les leurs institutionnels et particuliers ; ils trompent le public au lieu. La politique coutumière nous défend d’ajuster la quincaillerie de la civilisation. Dans ce texte, je note cet obstacle au progrès et y prends le pas de côté. 

« Ces principes, par conséquent… doivent être soumis à l'enquête impartiale et assidue… d’individus de chaque rang, classe et dénomination… qui se sont en quelque sorte rendus compte des erreurs parmi lesquels ils existent, qui ont ressenti l'épaisseur de l’obscurité mentale les enveloppant, qui sont avides de découvrir la vérité et la poursuivre, peu importe par où cela les mène, et qui peuvent percevoir l’inséparable [rapport] entre l’individu et la collectivité, le bien public et celui privé ! » Robert Owen, Catéchisme, Cole, 205-7. Pris de La vie et les idées de Robert Owen, par A.L. Morton, Monthly Review Press, 1963, p. 128. 

On ne peut pas tricher à l’Apprentissage ni l'éviter ni en entretenir des mensonges — sauf pour mieux apprendre à tricher, esquiver et mentir. Des brutes apprennent le mal ; des victimes, endurance ; et des progressistes, si fortunés, patience et compassion. Tout le monde apprend à mieux faire la prochaine fois. Apprendre, c’est notre jeu préféré, solidement encablé dans nous tous.  A partir de la conception jusque la mort et peut-être au-delà, notre conscience brûle d’apprendre. 

Le verbe « apprendre » manque sa voix active pour compléter celle passive qui nous est familière. On doit rénover son entendement, de l’expression « absorber des données de manière passive » jusqu’à « les échanger franchement. » En plus, le terme « Apprentissage » comme compris ici, inclut le paquet de donnés à nous d’absorber en poursuite de la vie civilisée. Je réclame ma part d’Apprentissage et espère en troquer un peu contre une partie de la tienne. 

Les termes « enseignement » et « éducation » impliquent de la compulsion et de l'enrégimentement qui ont peu à voir avec « l’Apprentissage » dont nous parlons. 

L'index du livre, Théories d'apprendre - Une approche comparative, dispose de beaucoup d’entrés sous les rubriques « punition, climatisation, compulsion psychologique » et celles comparables, bien qu’aucune sous « amusement » et « jeu. » Curieusement, la seule mention de jeux se trouve dans la préface du livre ; les éditeurs y indiquent à quel point ils se sont amusés en « œuvrant au problème » d'apprendre. 

Quoique mon livre adresse une foule d’Apprentis inattentifs : « Qui, moi ? » il interpelle surtout ceux qui, en parcourant ces lignes, se reconnaissent tout de suite comme Apprentis. 

A moi, les Apprentis ! 

Nous naissons tous Apprentis ; personne ne peut s'en abstenir. Le corps d’Apprentis comprend l’enfant et l’aîné ; le riche et le pauvre ; la victime et son bourreau ; l’ignorant intentionnel, l’universitaire et l’autodidacte. L’Age, la race, le sexe, les diversités d’identité : tous sont égaux sur le terrain de jeu de l’Apprentissage.

Quand les Apprentis se reconnaîtront et s’intégreront selon leurs passions, talents et intérêts, les étoiles elles-mêmes nous souriront sur demande.



 

- L’AVENIR –

 

« En passant le carbone au goulot du rationnement, nous pourrions bientôt découvrir que nous établissons une autre sorte de société, celle qui souligne la qualité de la vie par-dessus les statistiques crues de croissance économique et de consommation implacable. Je n’ai aucun grand schéma d’a quoi cette société aura l’air [Apprenti, oui], ni ne prétendrai-je que ce soit une sorte d’utopie. La vie continuera avec toutes ses épreuves et tribulations — après tout, c’est là précisément le but. A moins que le carbone ne soit rabattu, la vie en grande partie ne durera pas du tout. » Mark Linas Six Degrees: Our Future on a Hotter Planet, Six Degrés : Notre futur sur une planète de chaleur accrue, National Geographic Society, Washington, D.C, 2008, page 302. 
 

Imaginons le Bon Dieu comme une vieille foulque gâteuse, glorifiée jadis comme le Picasso de son temps. Dépourvu d’une grande partie de sa vue depuis quelques temps, il a simplifié sa palette terrestre en quatre coloris : le gris de basalte, le jaune du désert, l’aigue-marine du plus pure et le blanc cotonneux des nuages. Disparu le blanc argenté de la glace, effacé des montagnes équatoriales (un degré) ; de l'Océan arctique (deux) ; des Alpes, des Rochiers et des Andes (trois) ; et, somme toute, des puissants Himalaya, même du Groenland et de l’archipel Antarctique après seulement quatre degrés d'augmentation de chaleur moyenne au monde. Eteint le vert des forêts tropicales et tempérées, car des fleuves vitaux ne coulent plus infailliblement, nourris par des glaciers qui fondirent jadis en été mais ont disparu depuis. Passé le brun foncé du bon sol que l’inondation a délavé et la sécheresse a emporté en bols de poussière. 

Quant au moteur calorifique de la terre torréfiée, ses pluies se conforment à la convention biblique : « A ceux qui ont beaucoup, encore plus leur sera donné ; mais pour ceux qui n'ont rien, même ce qu'ils possèdent leur sera enlevé. » Plus rien de jachère, aucun bois ni récif de corail ni poisson en vie. 

 

Disparues toutes les villes portières, inondées quoiqu’elles se soient fortifiées ; disparue la bioluminescence urbaine. De nuit, quelques bavures de luminosité lovées sur des rives polaires, pourvues qu’elles soient en état de s’y cramponner. Au lieu, des étincelles clignotent en mer comme vue de l’espace.  De l'hydrate de méthane sous-marin, congelée jadis mais sublimée à présent, s’émousse depuis des kilomètres carrés de plateau continental et détonne en explosions titanesques qui ponctuent avec ses tsunamis des hyper ouragans de force 6+, surchargeant de ce fait le gaz de serre atmosphérique.

Les océans sont d’une pure aigue-marine par manque d’oxygène, donc de vie. Aux rivages, la puanteur des mauvais œufs du bioxyde de soufre létal remplace la vigueur piquante de l’ozone lâchée jadis par des vagues déferlantes. La biomasse restante n’est que de la brousse indigeste ou du marais de palétuvier et très peu de cela ; le tout engendré par la simple hausse de cinq degrés de température moyenne au monde. Six degrés et oublis la bioluminescence anthropogène de villes industrielles pour au moins quelques siècles, avant que le climat ne se rétablisse après l'équivalent d’une nouvelle décroissance permienne triasique, lors duquel le monde faillit se rendre en roche stérile. Quelques lambeaux d’humanité pourraient survivre, se reproduire et reconstruire en bon temps, mais pas grand-monde et pas du tout rapidement. 

Une baisse équivalente de six degrés vernirait la planète entière de glace des kilomètres d’épaisseur, peut-être jusqu’à l'équateur. 

 

Afin d’éviter ce destin, on devra programmer des « cales » ou des tranches statistiques d'énergie conservée et de gaz de serre réduit (chacun réduisant les émissions de CO2 de mille tonnes chaque année avant 2050) selon Robert Socolow et Stever Pacala de l'université de Princeton. En insérant une suffisance de tels au monde, disons treize ou plus, on évitera peut-être les plus fatals de ces phénomènes hyperthermiques.

 

·       Doubler l'efficacité de chaque voiture ; 

·       Diviser par deux leur parcours annuel ;

·       Couper par moitié le nombre d'automobiles sur terre ; 

·       Rendre d’énergie neutre autant (?) de logis que possible ; 

·       Sept cents centrales nucléaires d'un gigawatt chacune (gare à celles qui pètent !) Les réacteurs au Thorium du monde paisible pourront servir de façon moins ruineuse et plus fiable que ceux de la terre en armes, à l’Uranium ;

·       Des réacteurs à fusion ? A fusion froide ? Impossible ? Comme disent les savants nucléaires : « Encore une quinzaine d’années et nous y parviendrons ! » Cela depuis soixante-quinze ans.  Ce ne serait ni la première ni la dernière fois que les tout-puissants se révèlent trompeurs et trompés à cent pour-cent ;

·       Deux millions de turbines éoliennes ou aquatiques d'un mégawatt chacun ;

·       Des dizaines de bassins à flot creusés et optimisés comme la Baie de Fundy, générant des milliers de mégawatts chacun ;

·       Environ deux millions d’hectares de panneaux photovoltaïques (1,75 mètres carrés par personne sur terre.) Dois-je mener par exemple et me ruiner en couvrant mon toit de panneaux solaires inefficients ? Ce chiffre rétrécissant avec le temps en fonction de gains d’efficience, parvenant peut-être à équivaloir à celle optimale des plantes ;

·       Du reboisement massif, (X millions d’hectares d’arbres replantés) et leur enterrement intégral une fois mûris, puis replanter. Se servir de communautés de moisissures et d’autres micro-organismes adaptés à l’accélération de cette affaire et au rétablissement de sols globaux. Gare aux horribles atteintes écologiques à partir de tels projets malmenés. Voire Le serpent cosmique pour éviter de tels ;

·       Rendre fin aux estafilades et brûlures industrielles de forêt depuis ce moment ; 

·       Consacrer 250 millions d’hectares au bio fuel au lieu de l’alimentation. Une telle industrie doit être massivement inefficace : son fertilisant, ses pesticides et sa machinerie agricole accélèrent l’échappement de Carbonne. Puis armez-vous contre ceux que vous déposséderez de vivres moins onéreux ! Connerie typique des Repugnants, quoi.

·       Séquestrer sous terre mille tonnes de CO2 liquide par an, à partir de maintenant ;

·       Photosynthèse artificielle (biomécanique ? Dans les vertébrés ? Dans l'homme ?) ;

·       Des coccolites (des planctons) d’ingénier génétique qui produisent du carbonate de calcium en suçant le Carbonne en grandes quantités de l’atmosphère et le coulant aux fonds de mer. Gaia aurait pu effectuer quelque chose d’analogue dans un passé distant. Aussi remuer des sédiments sous-marins afin de stimuler la croissance de vie océanique ; 

·       Lancer en orbite des milliards de grands miroirs en plastique, sinon ombrager les cieux de nitrates et de sulfates. Transformer la terre en simulacre satanique de Venus en sursis.  Faire ça en permanence, sinon gare à nous ! Projet relativement facile, locale et peu couteux, si prometteur de conséquences infernales ; donc aussi tentant aux corporations d’armes que la fumée asphyxiante du charbon et de la tourbe de l’ère victorienne et ses rivières cloacales.

·       Des centrales solaires orbitales rayonnant de l’énergie sur la surface terrestre (gare aux imprévisibilités atmosphériques !) ; 

·       La mise à mort massive de l'humanité ? Une grande peste ou plusieurs, (naturelles ou engendrées d'armes ?) voire une autre apocalypse qui soustrairait, aussi péniblement que commodément 25%, 50% ou plus de l'humanité – nous inclus, en toute probabilité – aussitôt que possible. On me dit que même s’il y eut une « petite » guerre atomique (disons entre l’Inde et le Pakistan) l’hiver nucléaire en résultant pourrait tuer un milliard d’êtres humains mais laisser six milliards de plus sans propres ressources et infrastructure de base ;

·       ?... d’autres folies de bonne provenance, voir moins bonne? Laisser crouler, tarir et fondre, en syndrome de chine, une piscine remplie de barres de combustible nucléaire épuisé et puis contaminer la planète entière avec, à la Fukushima Daichi N. 4, au prochain tremblement de terre mesurant 7+ dans les parages ?

·       des massives applications industrielles de terra preta ? ;

·       une nouvelle technologie imprévue, plusieurs complémentaires et en synergie ? Faites paraître, je vous prie… Pourvu que votre solution ne présente encore plus de profits pour les riches aux risques et dépens des pauvres lors d’un futur incertain.
 
 

En tout cas, soit les transformations entreprises à ce moment ou à subir bientôt, la terre sera davantage torride pendant des millénaires, jusqu’à ce que son climat ne se stabilise à nouveau, avec ou sans le fardeau de nous et de notre culture.

Envisageons la civilisation planétaire consacrée au monde paisible. Je comprends ta difficulté à la concevoir, mais essaye tout de même. Belle et sereine à sa surface, la Terre dévorera les ressources aux alentours solaires :

 

·      Le vide et l’apesanteur sans limites, permettant l’écoulement en grande pureté de matrices de fonte, de cristaux, d’alliages et de composés. Par exemple, de parfaits roulements à billes et des engrenages sans lubrifiant. Du verre coulé dans le vide aride cosmique y prend deux fois la dureté de l’acier.

·      De formidables réserves d’énergie renouvelable puisé directement du soleil.

·      De puissants engins actionnés par la différence thermique dans le vide entre une surface ensoleillée et celle dans l'ombre. Vénus et Mercure couvertes d’une toile d’araignée de conduits calorifiques : des centrales énergétiques du système solaire ? La lune, leur prototype ?

·      En orbite accessible, des lacs glacés d’oxygène, d'eau de glace et de bioxyde de carbone. 

·      Des amas colossaux de minerai cru : au moins dix fois davantage que celui dans la mince écorce terrestre (des milliards de fois plus voguant le nuage Oort ?) Imagine des veines massives d’or pur ou d’eau de glace encore plus précieuse – fractionnées au poids fort, fusionnées et mises à la dérive par un quelconque bouleversement cosmique – flottant là-bas dans le noir velouté et sans merci. Ces fragments orbitent le système solaire en trois sphères concentriques, chacune encore plus massive et séduisante pour nos voraces coureurs de l’espace : la ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter, celle Kuiper au-delà de Pluton, et le nuage Oort à mi-chemin des étoiles les plus proches… Comme des roues stabilisatrices installés pour un cycliste débutant ;

·      Artefacts ? Documents ? Biologie ?

 

Dès que ces ressources seront proprement développées, (un avantage important du désarmement de la terre en armes) les industries de grande énergie et de pollution élevée émigreront en orbite terrestre et en outre. 

Ceci dit, l'espace extra-atmosphérique ne doit pas être encore plus pollué de ce fait. Ce sujet fera part de débats décisifs entre les Apprentis. 

Le soulèvement aux cieux d’entreprises de gros matériaux, de cumul d'énergie et d’industries lourdes libérera une grande partie de la surface terrestre pour l’élevage agricole et l’écologie d'apogée. Cette libération du monde naturel nous permettra de le restaurer à un semblant de sa pureté préurbaine. 

On pourra réaliser l'intention apparente de Gaia et semer le cosmos d’espèces d’origine terrestre. 

 

Des gérants internationaux militarisent l'espace orbitale. Contre qui, des Martiens ? Le programme frénétique de lancement de satellites militaires provoqua le désastre de la navette spatiale Challenger. Dans le cas de celle nommée Columbia, s’était le détournement des fonds de la NASA, d’affaires civiles à celles militaires. La militarisation de l'espace orbital a obstrué sa recherche civile. Cela nous a remis une suffisance de nuques pour stériliser cinquante civilisations terrestres, assez de quincaillerie espionne pour le filmer en totalité à haute résolution, et une cohue de déchets mécaniques aux basses orbites terrestres.

Il est piquant de noter que l’intervalle entre le premier vol des frères Wright et des hommes à la Lune dura soixante ans et que les soixante ans de suite ont été quasi-paralytiques en comparaison, exception faite des coups géniaux de sottise décrits directement en sus.

 

Alors qu’on en discute placidement, des fortunes génétiques sont démantelées dans la nature. Des sociétés commerçantes bouclent quelques restes de tissu biologique dans de géants dépôts de graine-banque, puis font breveter tous les vestiges biologiques (même des cellules humaines et leurs gènes) secondés par la pleine force de juges réactionnaires. 

Quelques sociopathes parmi nos précurseurs victoriens ont rêvé du rapt analogue des éléments chimiques. « Acquittez-nous de votre privilège contractuel de respirer ! L’Oxygène nous appartient par brevet ! » 

Une fois que ces entrepreneurs géniaux auront soustrait la plupart des ressources biologiques de leur milieu naturel, ils prévoient de réintroduire la progéniture survivante, avant ou après en avoir trifouillé les gènes : changements utiles, bienveillants ou hétérogènes. Ensuite projettent-ils de rançonner ces otages pour des redevances impériales. Quel culot monstre !

Ce détournement massif de la part des corporations me rappelle les mots du conseiller dans la satire géniale qu’écrit le feu Douglas Adams, Le restaurant au bout de l'univers, Longmeadow Press, Stamford, Connecticut, 1986, page 299. Ses rigolades nous manqueront.

 

[Nota : Un consultant de gestion administrative s'adresse à une foule d'immigrants bannis de leur planète native pour cause de redondance professionnelle. Bientôt de suite, la population de cette planète s’est éteinte du fait qu’une compétence considérée superflue (celle d’essuyeur de récepteurs téléphoniques) s'est avérée fatalement cruciale pour la santé publique. ] 

« "... Depuis qu’on a convenu, il y a quelques semaines, d’adopter la feuille comme notre devise légale, on s’est certes rendu immensément riche." »

« M. Ford contempla avec incrédulité les membres de la foule qui murmurèrent à ces mots de façon appréciative et tripotèrent avidement les liasses de feuilles rembourrant leur costume de sport. »

« "Mais on a également attrapé un petit problème d'inflation," continua le consultant de gestion administrative, "à cause de la disponibilité surélevée des feuilles. Ce qui signifie, je suppose, que le taux courant soit quelque chose comme trois forêts de feuilles caduques en échange d’une arachide empaquetée de bord." » 

« Des murmures d'alarme jaillirent de la foule. Le consultant de la gestion administrative leur fit signe de se calmer. »

« "Alors," continua-t-il, "afin d'obvier ce problème et effectivement revaloriser la feuille, nous sommes sur le point d'embarquer en une massive campagne de défoliation et … Heu, brûler au ras toutes les forêts. J’estime que vous conviendrez la sensibilité de cette démarche, étant donné nos circonstances." »

« La foule semblait incertaine pour un moment ou deux, jusqu'à ce que quelqu'un ait précisé à quel point cela augmenterait la valeur des feuilles dans leurs poches ; sur quoi, ils poussèrent des huées de plaisir et des ovations enthousiastes pour le consultant de gestion administrative. Les comptables parmi eux se sont attendus à un automne avantageux. »

 

 

Surfant sur la crête du réchauffement global, des conspirateurs d'avarice peuvent cuire la zone équatoriale jusque la stérilité, surchauffer ou refroidir les sept mers, transformer en zones mortes des forêts tropicales, récifs de barrière et colonies marines micro-organiques. Pendant notre lutte pour rétablir ces biomes dilapidés et repurifier l'air contaminée, nous devrons dédier une profusion de terres arables et de bas-fonds ensoleillés à la croissance naturelle.

Gaïa acceptera-t-elle notre contrition, aveu de culpabilité, et offre de restitution ? Nous permettra-t-elle de permuter la condamnation à mort que nous nous sommes prononcés ? Rajusterons-nous notre vie avec celle de la nature ? Parviendrons-nous à modérer nos catastrophes chaotiques et évoluer d’exploiteurs crétins de la terre en ses gardiens un peu plus subtils ? 

Quelqu'un a comparé la terre à un arbre vif. Son épithélium vital est une mince couche recouvrant le noyau dur de tissu mort beaucoup plus épais. Des lichens lumineux qui poussent sur l’écorce de cet arbre, voici ce que paraît être l’anthroposphère vis-à-vis la terre. 

L’agence de protection environnementale de la cour du monde aura une influence énorme sur les événements à venir, ainsi que ses équivalentes administratives en localité. Elles protégeront ensemble l'environnement d’insultes accessoires aux corporations ; plus jamais leurs bénéfices commerciaux sans valeur tangible à longue portée, de la condamnation d’écologistes marginalisés.

L’heure est venue pour confronter les monopoles multinationaux d’agronomie, du papier et du bois de construction ; aussi défier leurs annonces égoïstes. « Nous plantons des millions d’arbres ! » Ils maltraitent la forêt mondiale comme abuseraient certains fermiers indifférents leurs pires terrains, en attentant de s’en débarrasser. Les élites corporatives minent jusqu'à la dépouille des forêts de vieille croissance et en réapprovisionnent une partie avec des monocultures mal engendrées pour croissance rapide : des troupeaux pétant du méthane, des bois de construction et de papier, et des récoltes d’huiles et de sucres industriels.

La même chose est en train de détruire les récifs de corail océaniques : les forêts tropicales de la mer. Cela a débuté avec la construction en branle de ports historiques, suivie de la frénésie de construction côtière de fortifications et de pistes d’atterrissage au cours du paroxysme le plus grand. Cela s’achève avec la surchauffement des océans et leur acidification au CO2. 

La microcouche à la surface océanique est une mince membrane de molécules mixtes d'air et d'eau qui pullule de vie microbienne et couvre une mince bande sur ses rives. Nous l'inondons de toxines, alors même que ses micro communautés, stratifiées en grande densité mais de minceur minuscule, souffrent de stresses supplémentaires et inaccoutumés de chaleur et d'ultraviolet. Quoique ces côtes marécageuses soient cruciales pour notre survie à long terme, nous en avons transformé la plupart en stériles remblais et terrains de stationnement.

Les Apprentis restaureront les zones humides aux périphéries de certains bas-fonds continentaux urbains et ruraux. Cela impliquera l'élimination d’infrastructures et le déplacement de populations humaines par ouragan et les hausses du niveau de la mer. Le repos biologique et la restauration prendront un certain temps ensuite pour réensemencer, reconstituer les plantes aquatiques et coloniser des communautés coralliennes et fauniques. Le cas échéant, des biohabitats restaurés seront aménagés avec des cottes de mailles flottantes d’habitats à la taille humaine, bien ancrés et submersibles en cas d’urgence. Ces habitats seront an grande partie occupés par des communautés de réfugiés du réchauffement climatique, riverains et étrangers. Ils y récolteront des plantes aquatiques nutritives (prêle, lotus, hortensias, riz, etc.) et des poissons, amphibies et reptiles mieux adaptés à cette zone humide.

 

Les mauvaises séquelles de la recombinaison génétique peuvent nous infliger des désastres imprévus — dans l’océan en particulier. Chaque nouvelle décharge en mer de technologie recombinante risque d'induire des désastres toxiques que l’on ne pourra peut-être plus jamais épurer. 

Des esprits un peu plus subtils reconstitueront ces écosystèmes brisés en focalisant leurs efforts le long des lignes d'altitude et de latitude, ainsi que le long des bords de lac, de fleuve et d’océan. Cette affaire sera titanesque, comportant la croissance globale d’habitats naturels et la réduction correspondante d'exploitations industrielles au minimum nécessaire pour une économie paisible de stabilité confortable. 

Notre première priorité écologique ? La replantation d’habitats divers le long de telles lignes de démarcation. Le restant pourra se regarnir spontanément dans son propre temps, quoique la nécessité de couper court le réchauffement planétaire ne permettra peut-être pas une telle sélectivité quant à ce reboisement. 

Les plateaux océaniques de la terre, ses montagnes sous-marines et mers encloses seront désignés des sanctuaires, des parcs et des refuges maritimes. Ces parcs se doubleront et redoubleront en ampleur sous la juridiction d’honnêtes agences de protection environnementale, au lieu de celles d’exploitation : agriculture, pêche marine, commerce, intérieur, tourisme, défense et d'autres. Dans la plupart de ces cas, l’administration locale évincera les gouvernements nationaux et les sociétés internationales de leurs manipulations environnementales. Les fonctions écologiques ne seront plus supervisées par des fonctionnaires corporatifs et gouvernementaux dévastant des étendus extensifs dans le plus bref délai en poursuite d’insignifiants bénéfices à court terme. L’agence environnementale de la cour du monde les surveillera d’en haut.

Quelques préliminaires écologiques interrompront la diffusion des déserts terrestres. Bien que les anglophones emploient le mot désertification, leur vocabulaire, borné quant à la paix et luxuriante en termes de guerre, ne leur offre aucun antonyme approuvable. En anglais, l'afforestation se lit trop comme « aforestation » : la pratique de miner des forêts à nu en exploitation crue. En outre, tous les biohabitats ne tiendront nécessairement le coup d’un tel reboisement forcé. L’expression « édenisation » pourrait mieux servir.

Les Apprentis arroseront des secteurs de montagne et de désert depuis les rivières et mers avoisinantes. Des installations de traitement d’eau convertiront de l'eau salée en fraîche en se servant de l'énergie solaire ou peut-être du nucléaire au thorium, des nouvelles nanotechnologies de filtrage sans arrêt et des biotechnologies génétiques. Par voie de bio-osmose sinon du cristal liquide de Jerold Polack, de l'eau douce sera pompée au loin dans le désert pour irriguer des plaines recouvertes de verdure anti-calorique. Ces mêmes installations assureront l’accès public à de l’eau propre canalisée, et, en configurations réduites, à d’innombrables fontaines publiques plombant des sources naturelles. 

Dès qu’évoluera la subtilité de nos préjudices, prévoir l’édenisation de grands étendus désertiques. Des techniques raffinées d'irrigation serviront pour éviter la salification du sol tandis que les anciens aquifères seront comblés. De vastes tractes désertiques seront arrosés dans un exercice de logistique comparable à celui de la guerre globale. En fin de compte, aucun problème insurmontable ne devrait se présenter. Les grands déserts persisteront à s’étendre encore quelque peu, malgré des tentatives préliminaires de renverser leur croissance.

Des individus privés de droits civiques – réfugiés ou populations déclarées surplus – pourront trouver abri dans des arcologies de la sorte proposée dans le chapitre « Bruit Blanc. » Une vigilante cour du monde veillera sur leur charte communale, leur autonomie et leurs droits politiques. 

L’appui logistique requis pour édéniser les zones désertiques des continents proviendra d’un fond accumulé conjointement des pays de chaque continent, leurs contributions en proportion au nombre de volontaires qu'il envoie. Les Etats de chaque continent réduiront leurs déserts au minimum nécessaire pour soutenir la salubrité de leur biosphère. 

Des mauviettes et des prismes peuvent saisir ce projet comme leur moyen commode d'expédier des misérables à périr dans le désert. Cet acte de génocide sera proscrit. Chaque colon aura besoin des mêmes soutiens de vie qu’en aurait un soldat expéditionnaire. Le mouvement israélien des kibboutzim a déjà publié des manuels décrivant les nécessités exactes pour chaque individu et communauté. 

Des chaînes de montagne pourront être adaptées à l'agriculture de terrassement. On n’a qu’à constater les magnifiques champs de terrasse en Océanie, Asie et Amérique du Sud pour arriver à la conclusion que beaucoup plus de terres peuvent être cultivées de cette façon. Ce projet exigera beaucoup plus de main-d’œuvre intensive que de capital dépensier. Par ailleurs, on devra tapisser des montagnes jadis dépouillées avec une nouvelle luxuriance de couverture verte, modérant ainsi l’inondation, l’éboulement, l’érosion et la pollution des eaux. Cela rendra d’excellents projets de travail pour la jeunesse urbaine partant en colonie de vacances et en quête de découverte de soi. 

Priorité irait à replanter et protéger des grands étendus dépouillés de végétation. Les Apprentis microcontrôleront l'exploitation corporative pour rétablir des écologies indigènes d'apogée. La sylviculture industrielle sera limitée aux vergers sur les marges, alors que des forêts de vielle croissance s’étendent. Des populations indigènes et leurs invités les administreront si possible. Les Apprentis épureront les mers et voies d'eau jadis stérilisées et réapprovisionneront leur faune et leur flore. 

 

Les taux officiels de pollution seront réduits. Des maximums tolérables seront établis pour chaque polluant : de loin moindres que les conjectures scientifiques actuelles (« Espérons que ça ira ! ») Des procédés réversibles raccorderont les rentrés de toxine pour neutraliser leur toxicité. Au besoin, les pollueurs majeurs seront affinés au point de les arrêter. Les fonds ainsi acquis financeront des programmes efficients de nettoyage d’industries moins chiantes et des meilleures conceptions de traitement de déchets municipaux. Les drains urbains deviendront exactement cela, plus jamais des systèmes de rinçage d'eaux d'égout lors d’une grande pluie. 

Les Apprentis d’architecture génétique remodèleront des algues et des planctons pour s’épanouir malgré des changements océaniques de salinité, d’acidité, d'eutrophisation et de chaleur. Les conditions actuelles stressent les espèces naturelles et diminuent leur capacité de survivre. Des bactéries et des moisissures façonnées décomposeront des toxines persistantes en substances moins nocives. Celles dont la nocivité ne peut être réduite au minimum tolérable seront proscrites par les Apprentis.

La cour du monde offrira des primes généreuses aux dénonciateurs d’amasseurs d’armes de destruction massive et des fabricants de toxines omnicides. Des architectes génétiques réapprovisionneront les écologies traumatisées avec de nouvelles faunes et flores façonnées. Ces Apprentis naturalistes reconstitueront la diversité biologique, malgré des centenaires de biosimplification à la demande des gérants d’armes. 

L’ingénierie génétique inquiète ceux pensifs avec ses préparatifs sophistiqués d’armes terrifiantes et de nouveaux désastres soit par intention soit par erreur cumulative. L’interdiction de la science génétique parviendrait à chasser son composant de recherche militaire dans le maquis terroriste. Comme d’habitude, ces applications militaires ont été promues au premier rang de la recherche secrète. Que pensait-on allait se dérouler alors qu’on ne prêta attention ?

L'architecture génétique est une autre technologie problématique par rapport au monde paisible ; elle offrira meilleure récompense après que d’autres technologies paisibles auront mûris en parallèle. Il n’est pas réaliste de s’attendre à ce que les directeurs d'armes maintiennent bon ordre dans la science génétique, puisqu’ils n’ont ni la capacité ni le désire d’adresser ses conséquences néfastes. Dans l'absence d’actions correctives de la part d’adultes un peu plus pensifs, leurs puériles crises de nerfs se prouveront suicidaires à la longue.

L’augmentation exponentielle d’émissions de gaz de serre risque de surchauffer la planète à tel point que les plantes ne pousseront plus nulle part : dix degrés C supplémentaires ou davantage avant 2100 — presque dix fois l’augmentation de chaleur prévue par l’optimisme mal placée des grands responsables, dans la moitié du temps prévu. 

Soit. Oublions les protocoles de Kyoto et leur appel à la raison. Permettons plutôt aux émetteurs de polluants atmosphériques à base de souffre et de nitrates de multiplier leurs émissions afin de contrecarrer l’effet de serre en voilant les rayons solaires. Que tous polluent autant qu’ils le veulent ! Vive la débandade ! Voici ce que contemplent nos gérants d’armes : équilibrer le régime solaire terrestre en rendant son atmosphère comparable à celle sulfureuse de Venus. Sans plus jamais pouvoir s’interrompre de peur des suites catastrophiques d’une telle interruption.

Une simple épreuve existe pour chaque nouvelle technologie. Est-ce que la compagnie d’assurance Lloyds de Londres (représentant le marché libre bien sanctifié) assurera cette technologie contre toute mésaventure ? Si oui, procédons avec prudence ; sinon laissons-le tomber comme une patate brûlante. Cette boite n'assurera aucune centrale nucléaire à aucun tarife, non moins la génétique de recombinaison en plein air ; non plus les entreprises de télécommunication contre des atteintes à la santé que posent leurs tours de transmission. Qui assurera les lignes à haute tension de leurs effets biologiques ? 

Des leçons aux sages.

Une fois que le monde paisible prendra racine, on n’aura plus besoin de tant d'entrées de pollution.

Les industries atomiques et d’autres de pollution élevée seront exilées en orbite terrestre et au-delà — sinon imposées hors d'existence. Des communautés d’envergure réduite seront plus attentives à l’écologie locale. Enfin de compte, des esprits lumineux se dévoueront à l’élucidation des paradoxes de la nature, de celle humaine et du surnaturel.

 

 

Des crimes de données numériques et de pollution environnementale approvisionneront la criminalité mafieuse du futur, qu’elles soient considérées légitimes ou non par la loi contemporaine. Cela adviendra de toute façon — soit que nous les réglementions aujourd'hui.

Bien sûr, maintenant que j’y pense, les pires criminels graviteront vers le crime le plus payant : le trafic de la chair humaine. Aucune importance qu’il s’agisse d’organes de remplacement, d’esclaves chimériques humaines/bestiales, de cellules clones immunitaires ou aux autres fonctions, d’armes biologiques, de fertilité humaine illégale sinon diverses technologies biomédicales non encore entrevues. La criminalité cauchemardesque suppurera ici au cœur des ténèbres. Ce syndic innommable prendra racine, soit que l’humanité ait organisé un programme d’eugénique rationnelle et globale pour diminuer de manière paisible l’ampleur de sa population et assurer ainsi sa survie, soit qu’elle n’en soit pas parvenue. Voir le chapitre "Prier ne pas vomir...".

Les crimes d’aujourd’hui : de drogues, de jeux et de prostitution, ne sont que des exercices de préchauffage pour les crimes de données informatiques et de pollution à venir. Leurs victimes souffrent de punitions multidimensionnelles alors que les racketteurs et leurs patrons de politique réactionnaire font fortune sans rien souffrir. Similairement, la prohibition américaine a fourni une pépinière commode aux syndiques criminelles de drogue ainsi qu’aux agences commensales de « contrôle » du crime : tous deux dominés par des psychopathes.

Dans la loi future contre la pollution, les fardeaux de preuve et d’assainissement tomberont carrément sur les pollueurs primaires et secondaires. Ces outranciers environnementaux incluront des criminels organisés, leurs collaborateurs fonctionnaires, (comme ceux au Congrès américain) des directeurs corporatifs et d'autres groupes au pouvoir qui profitent de pollution élevée. Nous cesserons de subventionner ces pollueurs absentéistes qui sont parvenus jusque-là à éluder les pires séquelles de leur avarice. A l'heure actuelle, ils habitent des communautés luxueuses, bien fortifiées et soigneusement distancées des décharges de pollution dont ils sont responsables. Cette forme avantageuse d'évasion de responsabilité sera terminée. 

 

Dans les décennies à venir, la terre se transformera en un mosaïque de terrains de parc échiquetés de domaines soigneusement entretenus, beaucoup plus menus et mieux dispersés que les villes contemporaines et leurs agrocomplexes corporatives, donc d’ambiance beaucoup plus bénigne. Des propriétés agricoles s'épanouiront à côté de petits patelins jardiniers et universitaires. Des collectivités volontaires et des familles étendues exploiteront de l’horticulture et de l’aquiculture intensive sur juste assez de sol et de rivages pour soutenir la communauté locale. Des industries familiales produiront des petits ouvrages exquis pour exportation de luxe. Chaque biorégion soutiendra son reboisement d'apogée de ses terrains de parc en localité, ainsi que des programmes extensifs de restauration du sol, de la faune et la flore.

Nous devons piocher ici une autre ligne de faille. La fonction de châtelain implique une succession héréditaire de fiers laboureurs du terroir et leurs maîtres affectionnés du sol : tous deux pareillement attentifs à leur paysage fructueux, bétails lisses et progéniture vigoureuse. Cette alternative – comme celle des castes hindoues – pourrait stabiliser les qualifications, le talent, l'ordre politique et la demande du consommateur. Elle consignerait néanmoins beaucoup de monde aux fonctions héritées et à l’accomplissement moindre. 

L'option sociale ordinaire, c’est la promotion du mérite. Pourvu qu’il soit administré avec grâce et imagination, ce système offre davantage de promesse que son équivalent de caste, quoiqu’il tourne souvent au mal quand exploité par des canailles hyperactives qui se promeuvent en abusant leurs parts napoléoniens d'adresse et d'hypocrisie.

Comme d'habitude, ni l'une ni l'autre de ces solutions ne répond bien à toute la gamme des circonstances. Des combinaisons flexibles seront davantage prometteuses à administrer et d’autant plus piquantes. Les communautés agricoles à venir pourront se rendre en collectivités héréditaires, alors que les municipalités correspondantes cultivent le talent du mérite au moyen de certifications concurrentielles du marché libre. Libre passage entre ces communautés – avec d’autres aménagements concordant mieux aux particularités locales – assureront la liberté de choix.

 

Nous n’avons pas mobilisé notre potentiel total de santé publique contre des épidémies résurgentes, qu’elles soient transmises sexuellement ou autrement. Cette choquante inadvertance est un autre effort d’armes à induire de la misère de masse et du génocide au ralenti. Alors qu’on en parle, la peste, l’Ébola, la tuberculose, le paludisme, l’hépatite, la méningite, la polio et le choléra raffermissent leur prise sur l’humanité. Cette liste de pandémies inexcusables croit avec chaque nouvelle année de réchauffement global, alors que les drogues efficaces et préventions acceptables se réduisent à la page blanche médiévale.

  

Une fois que les villes restantes logeront mieux leurs habitants, ici et là, des grands amoncellements urbains continueront à empester de la concurrence corporative, de conditions atroces de vie et de taux surélevés de pollution. Dans ces dernières citadelles du capitalisme, des visions dystopiques (d’utopie qui se rend au mal) pourront se manifester, telles que celles dans le film Blade Runner. Tout le monde admet cette vision abortive du futur comme celle la plus probable pour le monde entier. Nous devrions aspirer à des destinées préférables de toutes parts, à l’exception des cas les pires.

L’on doit s’attendre au rassemblement de ces souteneurs de dystopie dans quelques conurbations rétrécies. Les derniers ghettos économiques se déplaceront vers l'équateur : là où le lancement de charges utiles extraterrestres exige moins d'énergie. De tels portiques hyperurbaines visant l'espace s’installeront dans les Andes, les monts de l’Afrique équatoriale, de Sumatra, de Bornéo et d’autres sommets pointillant les tropiques.

Autrement, la tendance sera de séjourner en orbite spatiale, en manoir, dans de petites communautés jardinières et universitaires et des arcologies géantes décrites en haut — sinon au sein de la forêt mondiale en tant que chasseurs-glaneur des premières époques humaines. Alors qu’évolueront les aspirations de cette citoyenneté mondiale, ses membres pourront transmigrer d’un cadre communautaire à un autre ou de retour. Aucun de ces milieux ne nuira aux autres. Au contraire, chacun étaiera les autres en tant que marché et entrepôt de nécessités et de services de luxe, sans grands problèmes sauf ceux du transport soutenable à la surface, ce que les Apprentis du transport sauront bien résoudre. 

Des villes voûtées et des nouvelles technologies de recyclage (Paul Lackman cite l'essai de la Biosphère) nous enseigneront comment faire face à la pollution, aux rayons ultraviolets et aux programmes d'échange thermique en milieux urbains. Des technologies de transport futures – lancées par super canon, MAGLEV, ascenseur dans l’espace et d’autres – se rendront ordinaires, une fois qu’elles cesseront de nous menacer en tant qu'armes stratégiques bon marché. Nos moyens de transport coutumiers se rétréciront, remplacés par d’autres à peine imaginables à présent. Voir le chapitre Rajout de PLA, rabais des nuques

 

Les problèmes posés par des technologies dites « douces » comme la parapsychologie et la recherche de nouvel âge, ils ne proviennent ni de leur manque de solidité ni de leur insuffisance scientifique ; ceci en dépit de désaveux scientifiques bien financés mais de validité nulle. Par contre, si des gérants d’armes les gardent en main, il est difficile d’imaginer une menace plus grave que celle présentée par leur potentiel de convoquer des nouvelles énergies énormément destructives et effectivement incontrôlables.

 

Des technocrates d’hyper projets veulent construire d’énormes collecteurs et transmetteurs orbitaux d'énergie solaire et des centrales solaires basées sur la Lune, avec l'intention de raffiner du régolite lunaire en deutérium, ciment et eau, puis fabriquer des centrales projetant de l’énergie crue jusqu’à la terre. Ces projets seront approuvables, pourvu que leurs usines orbitales et lunaires aspirent toute l’énergie en résultant. Oublis vite la possibilité de la micro-onder à travers l'atmosphère jusqu’à la surface terrestre. Une telle effronterie technologique pourrait inviter des tempêtes inimaginables, profondément fendre la couche d'ozone et lâcher des cyclones de grand chaos. Nous pourrions avoir à supporter un autre déluge pour bonne mesure, voire la nouvelle époque glaciaire. Des distorsions de la ceinture Van Allen sont également prévisibles, aggravant le bombardement terrestre d'irradiations solaires, du moins avant que ces rayons ne soient captés par des technologies d’énergie inédites. 

L’énergie acquise depuis l’espace extra-atmosphérique devra être consumée sur place pour fabriquer des produits admirablement finis de matières premières extraites, elles aussi, de l’espace. Ces objets façonnés tomberont librement (assez bon marché) dans des communautés édéniques sur la surface terrestre : de population minime et de bas empiètement. De l’énergie solaire, rassemblée le long d’orbites terrestres, actionnera les Birmingham, Coventry et Glasgow orbitaux de ce modèle victorien – non pas des technologies d'armes au gigawatt grouillant par terre.

Les orbites proches et distantes du système solaire représenteront aux colonies outremer de ce modèle victorien. Bravant d’énormes périls, beaucoup d’entrepreneurs pionniers s’élanceront de la terre ; leurs quelques survivants nous ramèneront des trésors fantasques. Attendons-nous d’abord à ce que ces colonies spatiales soient affligées d'isolement, de pénurie, de primitivisme, de terreur et de létalité. La combinaison dans l’espace d’humains très nécessiteux et d’une très maigre police convoquera de la piraterie et des marchés noires féroces, offrant des opportunités sans limite pour le crime et la corruption, soit petite soit d’élite.

Jeux de mots mis de côté, nous ne pouvons contempler l’exploration de l'espace dans un vide. Ses colons exigeront des infusions massives de vivres, de sources d'énergie et de renforts d'élite qu’une florissante base terrestre sera uniquement capable de fournir. Nous aurons à inventer des nouvelles technologies paisibles pour réussir à la colonisation spatiale.

Avant de rendre l’offre, l’ambitieux promoteur de construction doit étudier ses plans, prélever le sol, s’enseigner des nouvelles méthodes, cataloguer des matériaux neufs, satisfaire toutes sortes d’exigences bureaucratiques et rassembler une main-d’œuvre habile avec un bon camion restaurant. Comme lui, nous devrons focaliser notre attention sur la terre elle-même – le bien-être de ses habitants et de son écologie – et mettre au point ces détails titanesques avant de contempler l’exploration au sérieux de l’espace.

La robustesse et la solidarité matriarcale d’un troupeau d'éléphants leur permettent de dorloter un veau fragile en dépit de difficultés et de périls semblant insurmontables. La savane africaine : quel berceau épineux pour un tendre veau ! Nous autres humains devrons dynamiser nos utopies et écotopies. Seulement une civilisation rationalisée d’Apprentis trouvera les moyens de consolider l'exploration de l’espace depuis son adolescence jusqu’à la fin du siècle. 

 

On pourra explorer d'autres planètes en se servant de colonies d'insectes et de tardigrades spécialement élevés et fournis. Leurs besoins de vie seront minimes ; leurs instincts de curiosité et de survie les contraindront d’explorer le terrain de Mars, par exemple, avec ténacité et délicatesse inhumaines. Ils l’effectueront pour une fraction du coût de l’exploration équivalente de la part d’êtres humains, de façon plus minutieuse que n’en seraient capables des robots maladroits. 

Des communautés d’espèces d’insectes multiples et particulièrement façonnées pourront être expédiées à partir d’un ou de plusieurs nids centralisés. Leurs patrouilles de scoutes seront fournies d’appareils miniaturisés de vidéo et d’échantillonnage ; leurs nécessités de survie, distribuées depuis leurs nids dans lesquels leurs prélèvements seront collectionnés, fractionnés et transmis jusqu’à la terre pour analyse. L’approvisionnement de cette sorte de colonie s’effectuera au moyen de transports de charge utile lentement accélérés et garés en orbite. Ils pourront agir sous un dôme de tente pressurisée (peut-être autoporteuse) et s’éteindre avec l’épuisement de leurs vivres. Cette stérilisation retardera la biocontamination de nouveaux habitats. La différence est en grande partie discutable entre la contamination d’environnements extraterrestres et leur transformation en ceux terrestres. Voici un problème de grande envergure que les Apprentis auront à résoudre. En effet, nous devons prêter beaucoup plus d’attention à la pollution de tous nos espaces d’exploitation. 

Un dépotoir balistique obstrue les orbites proches de la terre, là où des milliers de restes d'armes et de débris irréfléchis menacent des astronautes de percée mortelle. Chaque nouvelle percute parmi ces grands déchets mécaniques aggrave le problème à l’exponentielle en créant des nuages de projectiles plus petits. 

Un certain entrepreneur génial fera sans doute fortune en balayant ces orbites et en recyclant sur place leurs décombres en tant que précieuses matières premières. De nos jours, les plans les plus optimistes ne consistent qu’en la décélération d’autant de ces débris horriblement coûteux que possible, afin qu’ils chutent dans l’atmosphère, s’y crament et disparaissent de nos écrans de radar. Avec le même but, des entrepreneurs futurs aspireront et assortiront le contenue de nos remblais terrestres et orbitaux.

Un alternatif attrayant mais fort périlleux serait garer des astroïdes assez larges en orbite terrestre. Ils serviront comme cibles pare-balle pour des petits débris et comme balais (électro-magnétisés ?) d’objets plus grands ; leur permettant d’impacter, d’être absorbés et peut-être recyclés en orbite. Que ce projet soit équipé, automatisé ou comporte simplement des pierres, il comportera de très graves problèmes techniques et de sécurité, aux Apprentis de résoudre.

L'espace extra-atmosphérique offre une ardoise relativement blême. Prier l’astiquer ! 

La consolidation du programme spatial de la terre érigera des complexes d'usines et des stations permanentes aux points Lagrange : cinq coordonnés orbitales où s’annulent la gravité terrestre et celle lunaire : là où des satellites exigent brûlure minime de carburant pour demeurer immobiles par rapport à ce système. Deux sont entièrement stables, les trois autres exigent des brûlures périodiques pour s’y tenir en équilibre. 

Des navettes spatiales télécommandées à longue portée, des citernes de carburant, des atterrisseurs sur la surface planétaire aux deux extrémités du trajet, aussi des véhicules vides réservés pour le retour : de tels véhicules seront garés à loisir, amarrés en orbite ou entreposés sur des planètes lointaines pour usage ultérieur. Des grands vaisseaux spatiaux contenant de massives charges utiles pour but d’exploration, aussi des raffineries de nécessités de vie ; tous ceux-là pourront satelliser autour d'objets célestes sinon atterrir (aplanêtir ?) doucement sans équipage humain. Des charges utiles modulaires et non pilotées erreront vers d'autres planètes sur des orbites lentes et paresseuses. Ces véhicules écourteront peut-être leurs trajets aux moyens non encore vues.

D’autres études pourront valoir la chandelle : le placement en orbite interplanétaire optimale de comètes et de météores capturés et minés pour construire des bases exploratoires, minières, de réparation, de secours et de transbordement en orbite solaire. Ils attendront là des véhicules beaucoup plus petits, rapides et spécialisés pour la passe d’êtres humains. De tels seront bâtis plutôt comme des voitures rapides blindées, imperméables aux rayonnements cosmiques en se servant probablement de nouveaux appareils protecteurs, de couches protectrices de cellules vivantes saturées de mélanine, voire encore de simples murs d’eau, de glace et de métal. 

Ce plan d’évolutions réfléchies, durant des décennies et des générations au lieu de mois et d’années, réduira la nécessité de véhicules construits en paquet complet : de soutien de vie, d’exploration et de rentré pour une petite équipe humaine dans une seule navette très coûteuse, épluchée jusqu’à l’os et triplement sécurisée, mais toujours aussi fragile et hasardeux qu’un biplan de la Première sic Guerre Mondiale. 

L’agence aérospatiale américaine (NASA) contemple déjà de produire du carburant à partir des sables oxydés de Mars. Elle prévoit d’étuver à coups de soleil du limon lunaire et sa glace pour en extraire de l’énergie, de l’eau et de la céramique. Selon le journal russe, Izvestia, le gouvernement américain a prévu ramasser de l’helium-3 depuis la surface lunaire qui en retient beaucoup, et l’expédier à la Terre où c’est très rare. Ce combustible est prétendu un peu moins dangereux dans des réacteurs à fusion. Il semble moins onéreux de le procurer depuis la Lune que tenter son raffinement sur la terre qui n’en retient que des traces.       http://www.hindu.com/2004/01/26/stories/2004012600601500.htm

 

Il serait peut-être préférable de limiter l’exploration spatiale à quelques sondes automatisées de reconnaissance et au placement de satellites orbitaux bien fournis pour usage ultérieur, du moins jusqu’au perfectionnement de méthodes et technologies. 



 

- CONCEVONS L'AVENIR -

 

STP, lire d’abord « L’Avenir. »

 

J’ai de moins en moins confiance en croyances – militaristes ou mystiques – qui font appelle à quoi que ce soit hormis l’intérêt particulier le mieux renseigné. Les systèmes sociaux sont ridicules qui tiennent à convertir les masses en saints ; tant pervers sont ceux qui comptent sur la terreur, la force et la loi (que la forme la mieux organisée de la terreur) qu’ils ne peuvent mener qu’aux échecs certains. 

Peu importe la hausse de notre « subtilité » dans l'avenir, la turbulence des interactions entre l’esprit et l’univers continuera sans doute à se distancer de notre entendement égocentrique. 

Cette turbulence pourrait-elle nous voguer aux pêches marins plus abondants ? Par exemple, le monde serait-il autant influencé par l’art, les rêves, vœux, bénédictions et malédictions que par la routine mondaine ? 

L’humain primitif conçut son histoire particulière et son image du monde en dénommant les ancêtres dont il put se rappeler ou fantasmer, et les repères signifiants de sa vie. Il récita cette épopée de mémoire légendaire autour du feu de camp en tant que chronologie et carte roulante : l’infodivertissement et la carte roulante du jour. Voir Genèse : 

 

« Au début, il y eut le mot. » Jean 1:1, la bible.

 

Dans L'anatomie de l'agitation, Richard Chatwin décrit une propension fascinante. Quelques Bushmen pouvaient traduire des petits bouts du « chanson nommant » l'un de l'autre, quoique leurs dialectes furent mutuellement inintelligibles. Les protagonistes vivaient aux antipodes du continent australien et parlaient des dialectes (sur cinq cents) séparés par mille kilomètres. L’auditeur pouvait tout de même distinguer dans le conte de l'autre la traversée d’un paysage familier par sa cadence et son rythme tout seuls. Cela m’est arrivé tout aussi providentiellement. Un prédicateur africain récita à la télé le Notre Père dans sa langue natale que je ne pouvais distinguer non moins comprendre, mais dont la cadence fut immanquable. Exprimé dans toutes les langues : Allah Akbar !

 

Pour le mieux ou le pire, nous « programmons » notre réalité en nous répétant « Je mérite cette joie ; j'espère que cela m’arrive » sinon « Je n’y réussirai jamais et m’en sortirai mal » d’incantations autant à l’affirmatif qu’au négatif. Nous projetons, si inconsciemment, notre réalité en pensée et à haute voix. Nous imitons nos parents et maîtres qui nous apprirent quelles notions étaient acceptables et comment les réciter. Ainsi dupliquons-nous les péchés de nos pères jusqu’à la soixante-dix septième génération. 

Les religions traditionnelles donc davantage rigides invoquent cette « programmation de nouvel âge » avec ferveur égale. Bien qu'elles repoussent ces doctrines, elles s’en servent abusivement en tant que prière en église, ce que Jésus interdit formellement (voir Matthieu 6-5 dans la bible.) 

Son enseignement semble beaucoup plus « de nouvel âge » qu’elles toutes comprises. La plupart de ces pratiques semblent davantage vénérables, multiculturelles et universelles, d'une façon ou d'une autre, que les cérémonies exclusives de monothéismes plus récents, restrictifs et envieux. Dans un sens, le judaïsme, le christianisme, l’Islam et d’autres cultes de millier d’années figurent comme des jeunes germes suintant la sève verte de la jalousie, maudissant leurs sages doyens au lieu de vénérer la quintessence de ce qu’ils partagent. 

« De nouvel âge » voici une autre insulte par la mentalité d’armes, telle que la sottise locutoire « de politique correcte » : une des dernières exemptions arrogantes dont se dotent des bigots autrement réprimés ces jours-ci. Les Apprentis remplaceront celle-là par un qualificatif plutôt bénin et neutre du genre « primordial, primitif, primal » et traitera celle-ci pour sa valeur nulle : la plus récente convocation au tumulte des sociopathes.

Je réciterai plutôt le Notre Père tout seul chez moi, conformément aux dires directs de Jésus dans Matthieu 6. Cette forme de prière m’a mené à croire que je parviendrai au salut en me réincarnant dans la vie d’amour du Christ après mon prochain trépas. Je me console de Sa promesse d’ultime fuite de cette vallée des pleurs prochainement redevenu charnier militaire, champ de famine et entrepôt de folie et de peste. 

L’écriture d’Apprenti me sert comme foyer de méditation. 

Le commandement de Jésus : « Aime ton ennemi » a pu être son ultime effort d’assainir cet univers. Si, au contraire, nous nous lançons des injures et des coups de coude jusqu'à ce que l'agression saisisse la norme ; la criminalité, (encore pire, la sociopathie légalisée) l’injustice, la pollution et la guerre devront rebondir.

 

Je crois que si quelqu’un m'abat au pistolet, je dois revenir comme le tireur ; et lui, pour être troué par moi. Qui sait ? L'un de nous pourrait interrompre le cycle d’anéantissement. Et si je mitraille ou torture quelqu’un, je dois revenir en tant que la victime. Aucun moyen d'échapper ce sort, sauf peut-être dans l’amour de Jésus. 

Parlant comme l’égoïste désespéré que je suis, comment ne pas m'aimer moi-même, si seulement voilé dans l’incarnation d’un autre ? 

Pourrait-on ambitionner un monde d'harmonie humaine et se parer à l’établir ? Dans ce milieu neuf et tant inaccoutumé, le réconfort et les besoins primaires de tous seraient rendus comme sacrements ; la richesse excédante, entassé inusitée dans la forme de biohabitats d'apogée et aquifères de fossile au plein d’eau propre. 

A ton avis, quelle option te semble davantage soutenable et « réaliste ? » Puisque on ne doit pas prier pour ses prédilections de contingence et d’objet, mais seulement réciter exactement le Notre Père, de quoi devrait-on souhaiter dans les intervalles ?

 

Des talents paranormaux – négligés à présent – ont pu être la norme jadis. Des réseaux d’Apprentis et d’autres technologies d'info en percée pourront nous permettre de ré-évaluer ces talents cachés et en rendre meilleur usage. Quelques recherchistes ont introduit l’application de la méthode scientifique aux phénomènes paranormaux. Rupert Sheldrake est le saint protecteur de cette nouvelle science, appelée « noétique. »  

D’autres ont exploré des applications mystiques à l’agriculture post-industrielle, au reboisement, à l’amendement massif du sol et à l’assainissement général de l’environnement. De tels sont décrits dans Secrets of the Soil (Les secrets du sol), Peter Tomkins et Christopher Bird, Harper and Row, New York, 1989.

A supposer que nous abandonnions nos joujoux futés d’omnicide, cette nouvelle voie d'enquête pourrait pistonner nos manipulations d'énergie aux ordres supérieurs de magnitude et nous enrichir de façon soutenable. Comme on dit en génie aéronautique : « Avec assez d’énergie en surplus, on peut faire voler une brique. » Ou enclencher le monde paisible depuis la terre en armes.

Que le ciel nous aide si nous persistons aux usages actuelles : renforcer nos technologies d’armes avec ou sans l'ajout de nouvelles compétences paranormales ! Dans l’absence de la mentalité paisible en résurgence, ces pouvoirs réveillés nous inviteront à l’extinction devant laquelle nous nous tiendrons momentanément en otage, puis détruirons l’ensemble lors de la prochaine confrontation militaire sans signifiance, sinon permettrons à l’intelligence artificielle de nous exterminer avec meilleure efficacité. Pense aux cartes IBM traçant le flux et reflux des victimes de camps de concentration Nazis ; présentement, du développement militaire en temps réel du système fictif Skynet. Puis contemple la voie opposée : le monde paisible.

 

 

 

Comme des commis ambitieux d’une bureaucratie rigide, les sociétés complexes se promeuvent à un cran ou deux en-dessus de leur compétence. Elles peuvent opérer longtemps à celui optimal sinon ceux en dessous, mais un bénéfice neuf leur permet de croître au-delà de la prudence. 

Joseph A. Tainter propose, dans La chute subite de sociétés complexes, que la collectivité multiplie sa complexité quand elle fait une découverte clé qui répond à un ancien problème avec des solutions innovatrices et des ressources providentielles. Une fois que cette enjambée de paradigme fournit des nouveaux bénéfices imprévus, (comme en sont parvenus, par exemple, l’Islam, les engins à action réciproque et la démocratie constitutionnelle) des majorités rassasiées élisent de conserver des gains récents au lieu de prendre de nouveaux risques pour surpasser les limites actuelles. Ces bénéficiaires rendus conservateurs fossilisent l’orthodoxie culturelle et bloquent les améliorations subséquentes en faveur de simplifications rassurantes. 

Il n’y a pas de populace plus réactionnaire que celle autrefois opprimée, enfin parvenue à un nouvel avantage digne de confiance bien qu’il risque d’être perdu à nouveau. Voir l’Allemagne Weimar, l’Angleterre Brexit et l’Amérique Trumpée. Des tyrans sont apportés au pouvoir pour maintenir à tout prix l’actuel palier de satisfaction. Ils s’en déclarent les originaires et les garants, quoique cela n’ait jamais été le cas, et tissent une étoffe inouïe de mensonges. Ceux-là sont remplacés par des démocrates du dollar douteusement plus subtils, qui amplifient l’insignifiant à la magnitude cosmique (la coupe du monde, par exemple, ou le Tour de France) et banalisent jusqu’à l’invisibilité des sujets de grande portée. Le statu quo est ainsi maintenu au-delà de sa période rentable. Le plus longtemps que cet intervalle s’étend, les pires les catastrophes qui l’achèveront et les plus fascistes leurs successeurs entre temps.

 

Nos sociétés d’armes ont engendré des progressistes et des idéalistes en nombres surpassant de loin leur voix coupée court dans le dossier historique. Rien ne se laisse entendre que le crie porcin d’une immuable minorité de réactionnaires, souvent repris et amplifié par les psychopathes contemporains aux contrôles des médias mondiaux. Les communautés d’armes ne tolèrent le commentaire progressiste qu’autant qu’il obscurcit les fêlures de l’injustice sociale afin de ne pas déranger les intérêts qui en profitent. 

La société régressive dispose de quelques méthodes pour neutraliser les dissidents qu’elle tolère :

 

·      Attirer des révolutionnaires potentiels dans des organisations d’opposition bidon qui les trahit à la surveillance policière. 

·      Détecter des idées radicales et les briser à coups d’inertie mentale, d’indifférence verbeuse, de discussions insipides et de distorsions orthodoxes de l'analyse historique : ces pressions pernicieuses exercées par l’entourage en tel ordre de complexité selon l’intransigeance du rebelle. 

·      Au moyen de débats surchauffés sans jamais finir – comme une salle de singes munis de machines à taper rédigerait tôt ou tard un sonnet de Shakespeare – des moyens neufs et sans risque sont exposés par lesquels les directeurs d’armes raffermissent leur prise à la gorge du prolétariat d'info.

 

Les récompenses sociales se rétrécissent dans la mesure que la créativité communautaire s’amenuise avec le temps. Les dépenses publiques montent en flèche alors que leurs bénéfices s'effrangent. Des conservateurs exigent de plus en plus d’effort pour moindre rendement. Somme toute, ses citoyens s’affament, se rendent malades à mort, se révoltent, se font massacrer ou abandonnent simplement les lieux. Des cultures entières dépérissent car leurs chefs s’accrochent strictement à une norme préférée, en dépit du monde réel qui dicte la persévérance de la transformation créatrice. Ces sociétés s’écroulent à coups de rigueur environnementale et désastre militaire, tous imprévus, qui obligent les survivants commotionnés de s’adapter à la transformation, quoiqu’ils aient grandi sous l’interdiction de l’entamer sans tarder.

Autrement, l’incontournable élite guerrière (avec son réseau d’appuis paramilitaires et paraciviles) s’approprie de plus en plus de richesse, quoique ses interventions soient de moins en moins productives du fait que ses adversaires externes se sont rendus également bien organisés et létaux. Elle multiplie la destructivité de ses coups de tête souvent visés sur l’intérieur en tant que révolte et guerre civile. A la longue, ses propres civils semblent devenir des cibles plus accessibles et avantageuses. Elle cesse de gagner sa croûte en protégeant quoi que ce soit, mais l’empoche comme fonds d’intimidation pour prévenir qu’elle ne détruise l’ensemble en poursuite armée de fortunes supplémentaires : ce qu’elle finit par faire de toute façon, à répétition. Ensuite, des invasions depuis l’étranger et des désastres intérieurs de pauvreté sociale et écologique achèvent la besogne. 

Le seul revers de cette tendance historique est le conservatisme de tréfond au sens d’honneur habituelle aux militaires de carrière. Pourtant l’autoroute au chaos militaire est pavée du mépris de la culture civile et son mal tenu. Tout ce qui les empêche de démolir l’ensemble, c’est leur sens d’honneur. Cette considération que la mentalité paisible doit souligner au devant de tout autre quand celle-ci traite des militaires.

Il est à noter que les militaires américains ont été les champions farouches de la philosophie laissez-faire capitaliste, bien que la vie des leurs soit centralisée et planifiée de façon entièrement communiste. Ainsi que les premiers germes du capitalisme, dans des nations en étant dépourvues auparavant, prennent racine dans l’état-major militaire.

Apprenti offre à ses lecteurs – pourvu que nous croissions en nombres suffisants – l'opportunité d’effectuer sciemment cette transition paisible. Nous pouvons l’entreprendre conformément à ses propos, sinon attendre que l’automatisme d’armes nous rattrape, nous arrache cette dernière opportunité et nous dévore vivants.

 

 

Quoique la créativité culturelle et l’agression chaotique semblent antithétiques, elles partagent une ressemblance à la décharge d'une pile électrique. Ses ions polarisés répondent à leurs opposés pour lâcher de l'énergie (ami et ennemi, riche et pauvre, progressiste et conservateur, légitime et criminel, ignorant et perspicace, chaosiste et saint paisible) : soit un courant utilitaire (paix, justice et progrès) soit une décharge mortelle (guerre, émeute et révolte) selon la qualité et l’utilité du circuit imprimé social auquel cette paire est branché. Cette énergie culturelle s’affaiblit une fois que les ions humains se dépolarisent en se rendant trop semblables ; elle s’aplatit quand tous ses ions partagent abondance ou misère en parties égales, à moins qu’un nouveau potentiel énergétique n’infuse à nouveau le système intégral. 

Les Apprentis différencieront quelques communautés d’intérêt qui partagent la même passion, d’un tas d’autres qui ne le partagent pas ou presque jamais. Ces ségrégations infuseront la pile culturelle, sans avoir recours aux ignobles préjudices habituelles « des nôtres contre les leurs » : âge, classe, race, nation, religion, richesse relative et pouvoir politique. Le monde paisible puisera de l’énergie de la polarisation entre l’ignorance et l’expertise à travers tant de dimensions reliées que chacun s’avouera un expert en une ou quelques matières et désespérément malhabile dans la plupart d’autres (comparé aux autres mieux focalisés sur cette passion.) La puissance et l’influence pernicieuse d’anciennes polarisations s’effaceront. 

 

La pauvreté est un grand couvoir de génie, même si d’autres qu’y naissent soient friands d’infractions, de répression et de bigoterie militante. En revanche, ceux nés la cuillère en argent au poing grandissent souvent en faveur de la médiocrité chauvine. Allons voir aux Etats-unis dont la population plus ou moins somptueuse souffre de crises réitérées de réaction sénile, d’exclusion ingrate et de sévérité satisfaite. La plupart des élites riches se contentent de conservatisme passif agressif mais peuvent se remettre à l’agression vigoureuse si la transformation semble les menacer. Elles se préoccupent de court-circuiter l’imagination, autant la leur que celle de leurs inférieurs hiérarchiques — surtout quand l’exigence de transformation se rend péremptoire. Des bénéfices et inconvénients socio-éducationnels ont tendance à brouiller les cartes, mais de telles distinctions restent considérables en tous cas. 

 

Comme participants des ultimes sociétés d’armes, nous sommes contraints de notre premier souffle giflé jusqu'au râle de notre trépas bien fureté. Sans répit, des données stupéfiantes et sans rapport nous inondent. Nous sommes vulnérables à tout moment aux confrontations arbitraires, que ce soit aux mains de la police, du milieu criminel ou des deux par intermittences. 

Nos gouverneurs se préoccupent davantage de leurs immuables institutions, règlements, profits et technologies plutôt que l'influence nocive qu’ils nous imposent. Nous sommes menés à tolérer l'ignorance, nous attendre à l'injustice et respecter l’oppression. Chaque croyance nous réclame sainteté particulière quoique nos circonstances la rendent hors de portée. Notre destin prévisible de brutalité et de mensonge se fixe donc comme une attente raisonnable. 

Bien que ces mythes forment le discours préféré des fondamentalistes, les Apprentis les refouleront entièrement. La civilisation se gérera mieux cette tournée de ronde. Nous allons devoir abandonner nos appréhensions chéries quant à la transformation radicale et la fantaisie d’élitistes que nous devons leur servir comme systèmes d'alarme au service de l’orthodoxie. Nous servirons plutôt (ainsi que dicte la conscience morale) en tant qu’Apprentis décrits en haut : créatifs, sacrificatoires et donc prospères à la longue. 

Entre-temps, les doux hériteront du monde par accident au moyen de leur souffrance, et les puissants périront par l'épée à cause de leur insupportable vanité. 

Soit riche ou pauvre, pourquoi ne pas adopter la bienveillance et l’abondance au lieu ?



 

 

- PARADIS ET ENFER, SUR TERRE-

 

Retenir en tête que l’humanité doit se pencher à gauche en temps de plénitude, mais bousculer à droite en temps de manque ou menace massive.

 

LA MENTALITÉ PAISIBLE :

Mythologie paisible

Davantage de tech paisible (monolithe) que celles d’armes (fragmentées).

LA MENTALITÉ D’ARMES :

Mythologie d’armes

Davantage de tech d’armes (m) que celles paisibles (f).

 

ABONDANCE et prospérité pour tous.

Décadence.

ABONDANCE : Abondance universelle ou pauvreté universelle.

En même temps : peu de richesse et plénitude de pauvreté.

 

ACTION : Si pourvues d’une demi-chance, les gens agiront sagement.

Pourvues d’une demi-chance, ils agiront mal.

 

ADMIRATION.

Respect.

 

AFFAIRES coopératives et utilités publiques.

Les affaires aux mains de corporations d’entreprise commerciale.

 

AMOUR sans peur et sans reproche.

Contrôler la panique.

 

AMUSEMENT : jouissance et plaisir.  L’éternel et l’anéantissement de l’ego.  Le bon enseignement se rend en un jeu amusant

Diversions vides, moqueries et compétitions. Les jeux amusants et l’enseignement sérieux sont incompatibles.

 

ANARCHIE : la liberté des égaux.

L'anarchie équivaut au chaos.

 

APPRENDRE, c’est comprendre comment penser.

Apprendre, c’est retenir les meilleures valeurs du passé.

 

AVARICE.

Nos promotions.

 

BÂTIR des ponts ; effacer des murs (Berlin).

Faire sauter les ponts (Mitrovica) ; bâtir des murs (Bagdad).

 

BON & MAL :

Les nôtres et ceux d’autres.

Obligés et défendus.

Habituels et inhabituels.

BON & MAL :

Partagés par tous, compris à trois ans sous tutelle de parents.

Des ronces sanglantes qu’un centaine de générations de savants ne puisse démêler.

BON & MAL :

Synonymes : Conscience humaine, règle d’or, sermon sur le mont, Saint esprit.

Impératif : Fais ce qu’on te dit. C’est bon.

BON & MAL :

L'amour conquiert la peur. La peur entraîne la violence et la contre-vérité. 

La sagesse conquiert l'ignorance uniquement chez ceux choisis. L'ignorance induit la lubricité, ce qui mène à l’excès et au courroux.

 

BON SENSE.

Dogme.

 

BONHEUR pour tous et selon eux.

Les rares Choisis ont droit au bonheur aux dépens, si nécessaire, des autres.

 

BONTÉ.

Moralité.

 

CAUSE & EFFET : La peur entraîne la violence et la contre-vérité.

L’excès cause la convoitise et provoque le courroux.

 

COMMENT améliorer la communauté ?

Qu’y a-t-il là pour moi et les miens ?

 

COMPASSION.

Droit aux privilèges.

COMPASSION.

Egoïsme.

COMPASSION.

« Mes gens sont exceptionnels. »

COMPASSION.

Pitié de soi, égoïsme, shadisme.

 

CONSENSUS.

Hiérarchie.

 

CONTINUITÉ au moyen de la responsabilité particulière.

Continuité à travers nos institutions.

 

COOPERATION.

Compétition.

 

CORRECTION.

Punition.

 

CREATIVITÉ.

Compétition.

 

CREER.

Protéger.

 

DEMOCRATIE : Pour chaque personne, le même nombre de votes.

Un million de dollars, un vote.

 

DEMOCRATIE : la démocratie directe est meilleure.

Démocratie représentative agencée par nos élites.

 

DEVOIR DE JURY : un aspect fondamental du civisme.

Une formalité insignifiante mieux laissée aux personnes trop stupides pour l'évader.

DEVOIR DE JURY

Sélection aléatoire des jurys, habilitation totale des jurys, annulation de lois par jury.

Les jurys sont trop étourdis pour rendre des décisions valides, à moins qu’ils ne soient soigneusement assortis par des diplômés en faculté de droit et réglés par des juges. A vrai dire, il vaudrait mieux les éliminer et les remplacer par des spécialistes certifiés en la loi.

 

DEVOTION.

Crainte.

 

DIRECTION acquise par le succès et le mérite.

Aux rangs élevés, leurs privilèges

 

DIRECTION :

La communauté crée la direction qu'elle mérite en contraignant et moulant ses chefs, ainsi qu’une ruche d’abeilles engendre ses nouvelles reines.

Le Roi est mort, vive le Roi. Les chefs supérieurs font traction avant pour le reste de la collectivité démuni d’imagination.

 

DISTRIBUTION : Par chacun selon ses talents, à chacun selon ses besoins.

Profit maximal pour les rares, aux risques et dépens des nombreux.

 

DROITS et responsabilités.

Privilèges et amendes.

 

DROITURE et par cela, pouvoir.

La puissance est bonne en elle-même.

 

ECLAIRCISSEMENT.

Réalisme.

ECLAIRCISSEMENT : la découverte de soi.

Endoctrinement adéquat.

 

ECOLOGIE c’est important pour la survie humaine.

L'écologie est pure invention.

 

ECONOMIE de satisfaction abondante.

Economie de pénurie monétaire.

 

EGALITÉ pour tous.

LIBERTÉ de duper l’égalité.

 

EGOÏSME : c’est malfaisant, à moins d’être bien réglé et auto informé.

Ne doit être réglé que par la « main invisible » : régulateur supérieur puisque irréel.

 

EMPATHIE.

Pitié pour soi.

 

ENFANTS, des petits adultes quant aux droits, spéciaux quant aux besoins.

Epargne la tringle et gâte l'enfant. Les enfants font main-d’œuvre fondamentale et bon marché

 

ENFER n'existe pas, excepté celui-ci de notre propre agencement.

Tous sauf les rares Choisis sont condamnés à l’ enfer.

 

ÈPREUVE ET ERREUR.

Précédent.

 

ESPOIR.

Frayeur.

 

EVOLUTION par des influences intérieures et extérieures.

Par la lutte mutuelle et la survie des plus capables.

 

FAITÉS DU BIEN.

Faites du cynisme.

 

FRATÉRNITÉ :

Nous sommes tous frères et sœurs aux yeux de Dieu.

Je ne suis pas le gardien de mon frère.

 

FUTUR : les influences futures sont prometteuses.

Le futur est au mieux incertain.

 

GENS ont des droits égaux et inaliénables.

Quelques gens (surtout les miens) sont naturellement supérieurs ; la plupart des autres sont inférieurs. Quelques gens (mes gens) sont là pour mener, les restants pour servir.

GENS sont bons de façon innée.

A cause du péché originel, l'homme est méchant de façon innée.

GENS : Les gens gouvernent.

Les gens sont des enfants.

 

GÉRANCE :

Par les meilleurs chefs de tribu, hommes et femmes.

Par des psychopathes et leurs esclaves sociopathes.

 

GOUVERNEMENT au niveau planétaire,

ADMINISTRATIONS aux racines d’herbe.

Gouvernement au palier de la nation et d’Etats se concurrençant militairement.

GOUVERNEMENT redistribue la richesse.

Le gouvernement concentre la richesse vers le haut pour acheter davantage d’armes.

GOUVERNEMENT : Le meilleur gouvernement est juste.

Par définition, les gouvernements doivent être inefficaces et amoraux.

GOUVERNEMENT : Le gouvernement le plus compétent serait le meilleur.

Le gouvernement le plus lent et stupide, c’est le meilleur. L’efficacité gouvernementale encourage la tyrannie.

GOUVERNER, des racines aux pointes de l’herbe.

Gouverner du sommet vers le bas.

GOUVERNER par pluralité.

Gouverner par nos élites auto définies.

 

GRACE au moyen de la charité.

Selon les rites.

 

LA GUERRE est mauvaise ; la paix est bonne.

Louer le Seigneur et passer les munitions.

GUERRE : La vie serait meilleure sans guerre.

La vie sans guerre deviendrait stagnante, décadente et ennuyeuse.

GUERRE : « La guerre, c’est l’enfer » W T Sherman.

R E Lee : « Il est bien que la guerre soit si terrible, sinon l’estimerions-nous trop.»

 

IDEALISTÉS.

Cœurs sanguinolents.

 

IDEAUX

Formules, clichés, limitations et appréhensions.

 

IGNORANCE corrompt.

Le pouvoir corrompt.

 

IMAGINATION, émerveillement et rêves.

Ambition et ruses.

 

INCLUSION.

Exclusivité.

 

INFORMATION :

Diffusons-la, accumulons de l'information.

Diffusons-les dés/mésinformations.

 

INSPIRATION,

Fraude. mémorisation.

 

INTÉNDANCE :

Nous sommes les gardiens d'un monde que ne pouvons posséder.

Ce qui m’appartient, m’appartient ; les droits de propriété produisent la civilisation.

 

INTUITITION.

Hallucination.

 

JEUX : l’ultime instrument d’enseignement.

JEUX : « Tu n’es pas sérieux, voyons.  »

 

JUSTICE.

Ordre, vengeance.

JUSTICE contre la tyrannie.

L’ordre public contre le chaos.

JUSTICE est complexe et unique selon chaque cas.

L’œil pour l’œil, voici pure justice

 

LAOCRACIE : la régie d'une commune de biens d’information.

Craindre la foule. La démocratie nous sépare de la foule et nous sauvegarde de sa menace.

National-socialisme (Nazi)

National-communisme (Staline, Mao)

National-capitalisme (corporatif)

National-fondamentalisme (religieux)

En court, sociopathocratie.

 

LIBERALISME.

Conservatisme.

 

LIBERTÉ est innée : tous sont toujours libre.

La liberté est gagnée ; le héros est libre mais les lâches deviennent esclaves

LIBERTÉ, EGALITÉ, FRATÉRNITÉ :

La moindre contrainte, la même justice, des soins aux faibles.

Libertés négatives - obstacles réduits (candidature d’emploie préférentielle.)

Fraternité & sororité humaines.

ORDRE, LOYAUTÉ, PURETÉ, SAINTÉTÉ :

Respecter l’autorité. obéir aux supérieurs, agir avec sainteté, éviter la crasse.

LIBERTÉ (qualifiée), EGALITE (n’existe ?), FRATÉRNITÉ (de sang et des militaires) :

Libertés positives - opportunités améliorées (les quatre libertés, droit à la vie.)

Equité de procédure – terrain de jeu égalisé en théorie.

Proportionnalité – autant d’effort (lire richesse) autant de bénéfices.

Valeurs (intra) familiales – autant proche la parenté, autant mérités les bénéfices.

 

Ces deux blocs inspirés par

Jonathan Haidt, The Righteous Mind (L’esprit vertueux.)

 

LOYAUTÉ : Un monde, une terre, confédération globale.

Mon pays pour le mieux ou le pire : nationalisme patriotique.

 

MAGIE, miracle.

Sorcellerie, satanisme.

 

MÉRITE : Régime de compétence.

TYRANNIE : Régime d’incompétence.

 

MILITANTISME (de l’air frais.)

Rébellion (corrosive.)

 

MISÈRE produit le péché.

Le péché produit de la misère bien méritée.

 

MORALITÉ égale à la règle d'or.

La possession, c’est les neuf dixièmes de la loi.

MORALITÉ :

Tout en modération et presque rien en excès.

Les bonnes et mauvaises actions sont clairement définies dans nos saints écrits et jugés sans merci par nous, de la part de Dieu.

MORALITÉ :

Ce coup-ci pour celui-là, en surcroît :

Faire du bien en premier lieu. Faire ensuite ce que l’on nous a fait le plus récemment, avec de nombreuses exceptions favorisant la bonté.

Moralité génétique :

Faire du bien à moi et à mes parents, faire du mal aux autres, tricher quand possible. (de Roy F Baumeister, Du mal : A l'intérieur de la violence et la cruauté humaine).

MORALITÉ :

« Mais aime tes ennemis et fais du bien et prêtes, en n'espérant rien ;

Et ta récompense sera grande et tu seras parmi les enfants du plus Haut :

Car Il est gentil aux ingrats et aux méchants. » - St Luc 6-35, la bible

Ce coup-ci pour celui-là, à tout prix, sans tenir compte de conséquences inattendues

MORALITÉ : En modération : vin, convives et chansons

Dégénérescence

 

MOTIVATION : Droiture.

Peur.

 

NATURE : la conserver afin d’assurer la survie humaine et son bien-être à long terme.

La nature, voici une ressource gratuite dont soustraire profit d'argent. L’utiliser sinon le perdre aux mains de ceux mieux rompus aux affaires

 

NEO-CORTÉX (la résolution des problèmes.)

Système limbique (identification de menaces.)

 

NOURRISSAGE.

Nature aux dents et griffes empourprées.

 

NOUVEAU JERUSALEM (à nous de le perfectionner.)

Utopie : Ce qui ne peut (ne doit) jamais exister.

 

ORDRE SOCIAL

Au moyen de l’autodiscipline et de la responsabilité particulière.

A travers des hiérarchies clairement définis et applications de force.

 

OUVERTURE D’ESPRIT aux nouvelles idées, personnes, espaces.

FERMETURE D’ESPRIT en faveur de conformité réconfortante.

 

PAIX : Indispensable pour la survie de l’humanité.

Impossible.

LA PAIX, c’est l’ultime destination de la civilisation.

La guerre, c’est l’ultime sommation de la civilisation.

 

LE PASSÉ : le passé fut barbare.

Le passé a comporté un âge d'or.

 

PATÉRNALISME : amour protecteur.

Patriarcat : punition couarde.

 

PERSUASION.

Force.

 

LE PIRE : injustice.

LE PIRE : saleté.

 

POLITICIENS : On doit renvoyer tous les politiciens et recruter des médiateurs

bien motivés et des animateurs publics.

Les meilleurs politiciens sont pour la plupart des impostures corrompues. Ils sont préférables car davantage prévisibles et malléables.

 

POLITIQUE et la moralité sont inséparables.

La politique est amorale ; la moralité est apolitique.

POLITIQUE : Politique d'information.

Amélioration par la Satyâgraha.

POLITIQUE : 

Toute politique est corrompue et frauduleuse, par définition. Politique d'ignorance, de mésinformation et de désinformation.

 

PRÉSENT : le présent est scandaleux.

Les choses pourraient être pires.

 

PRÉVENTION D’INFRACTIONS :

La provision de bons travaux et de services sociaux prévient le mieux l’infraction.

La meilleure prévention d'infractions, c’est la punition sûre et rapide

 

PROGRÈS au moyen de massives améliorations collectives.

Ne peut être atteint qu’en conservant les meilleurs éléments du passé.

 

PROGRESSISTE.

Réactionnaire.

 

PROMOTION par le mérite.

Promotion par la naissance

 

QUE faire pour améliorer le monde ?

Comment m’en sortir de mes crimes ?

 

RACE, c’est un objet cosmétique.

La race, c’est l’ultime marque de supériorité et d’infériorité.

RACES sont interchangeables.

Les races supérieures restent pures ; celles inférieures se rendent métisses.

 

REACTIONNAIRES.

Gérance.

 

REALITÉ : La méditation et les rêves peuvent être aussi puissants que la « réalité.»

Travaille dur en temps réel, voilà tout.

 

RÈGLEMENTATION pour restreindre le disruptif potentiel.

Laisser-faire pour affranchir les puissants.

 

RELIGION : Célébration, moralité politique, sacrifice de soi.

RELIGION : Sacrifice, cérémonie, hiérarchie, perfection et salut particulier, sacrifice des autres.

 

RESSOURCES COMMUNALES : Leur partage par tribu et leur conservation en toute révérence.

Leur exploitation exhaustive par les rares.

 

RICHESSE en deux formes : gagnée et imméritée.

La richesse est bonne.

RICHESSE PERSONNELLE, c’est accidentel.

Méritée.

RICHESSE : Tout le monde possède tout, comme droit de naissance.

(Presque) tout le monde, sauf moi, devrait posséder moins que moi.

 

SADISME par une toute petite minorité.

Shadisme universel.

 

SALUT au moyen de bons travaux.

Au moyen de pureté particulière et d’assainissement rituel.

SALUT en choisissant de se réincarner dans la vie de Jésus, après le trépas.

En obéissant parfaitement à nos instructions religieuses lors de cette vie corporelle ( jamais à celles d’autres.)

 

SCIENCE, curiosité, émerveillement et adoration, la confirmation d’ancienne sagesse.

Source de profit et de pouvoir, preuve de supériorité culturelle.

 

SENS DE CULPABILITÉ : dirigé vers soi, engendre l’humilité, la compassion pour la victime et identification avec elle ; mène aux regrets, repentances et désire d’effectuer des réparations.

« J’ai eu tort. »

LA HONTÉ : se concentre sur l’humiliation ; mène à la plainte de soi, au déni et à l’évasion ; accuse la victime ou quelqu’un d’autre ; multiplie la rage et les mauvaises démarches à venir.

« Je suis une abomination. »

 

LE SEXE : pour la plupart, le sexe consensuel est bon.

Le sexe est au mieux équivoque sauf afin de se multiplier.

 

SUPERNATURE.

Superstition.

 

STAGNATION.

Stabilité.

 

TÉXTÉS RELIGIEUX offrent des paraboles et exemples.

Contiennent toutes les vérités historiques et prescriptions sociales dont on a besoin.

 

TOTALITAIRE.

Réaliste.

 

TRAVAILLE : Fais ce auquel tu es le mieux disposé, contribue à l’abondance.

Fais ce que je te dis de faire. Fais-moi profit ou crève de faim.

 

VERITÉ ET VALEUR,

Dépendent de la localité et de la culture.

Nos vérités et valeurs sont absolues ; celles d’autres, fausses.

 

VOLONTÉ LIBRE.

Conditionner.



 

- LE SYNDROME 1984 –

 

Le chef d’œuvre de George Orwell, 1984, décrit un Etat hyper-churchillien de puissance telle à adopter de superbes technologies paisibles. Il se consacre au lieu à la guerre globale et sans fin, attaquant ses équivalents d’envergure continentale outre-mer et s’alliant à d’autres en contingence. Ainsi parvient-il à ruiner la prospérité et la discipline de son prolétariat désinformé. 

Les maîtres d'armes d’après Orwell nous ont persuadé que la meilleure sauvegarde des droits humains, c’est rendre le gouvernement lent et débile. Selon eux, le plus efficace le gouvernement, le moins en attendre de justice, de paix et de liberté. Quoique jamais admis, l’avantage aux gérants d’armes d’une institution tellement stupide, c’est qu’elle ne sera jamais en état de bloquer leurs complots.

Voici le « syndrome 1984 » enchâssé dans la mythologie d'armes. En fait, ce mythe favorise le crypto fascisme, car les gouvernements d’esprit borné se flanquent dans des confitures, puis tentent stupidement de s'en extraire en entassant de la terreur par-dessus leurs abus. 

On pourrait éviter ce mauvais sort en agençant des administrations locales d’efficacité supérieure, observées d’en haut par le meilleur gouvernement concevable au monde. 

Selon nos religions d'armes, Dieu règne suprême de son nuage de tempête, sans dispute sauf parmi ses hiérarques délégués et non nécessairement eux (Job.) Pareillement, dans une hiérarchie pyramidale d'armes, les commandes descendent sans appel de prééminentes élites d'info jusqu’au prolétariat tapi dans les pénombres. Dans un Etat d'armes, la responsabilité, le débat et la créativité sont de rares privilèges réservés à quelques individus supposés dignes de cette confiance. Ces responsables trouvent aide, confort et avancement dans des clans bureaucratiques aux ordres de picotement et critères de promotion capricieux. L’on interdit l’examen populaire de controverses. Les directeurs d'armes comptent sur des solutions codifiées d’avance, soit à quel point boiteuses. Indépendamment de droits et de maux en temps réel, ces problèmes sont administrés par fiat ; leur résolution, établie selon des traditions sans pertinence et la mauvaise interprétation d’exemples précédents.

C'est la seule manière que trouve le cerveau de cafard de la mentalité d’armes de faire trébucher le corps d’éléphant planétaire confié à ses soins. Le monde paisible danserait avec la grâce de ballerine, aux multiples de cette énergie.

Les directives du gouvernement d’armes ont tendance à s’introduire avec le mot « Toujours » ou « Jamais » suivi d’impératifs plus ou moins arbitraires et registres de punitions ingénieuses pour désobéissance. Celle paisible parlerait plutôt comme tel : « Qu’est-ce qui promouvrait le mieux le monde paisible dans ce cas particulier ? » Suivi de la sélection des meilleures propositions et leurs résultats attendus.

Les hiérarchies d'armes comptent sur la redondance de leur personnel. Elles acceptent sans débat des décisions de vie et de mort, (même celles les pires) quoique le milieu combattant soit de haut stress, de haute mortalité et clairsemé de données aux caprices du chaos. 

Par exemple, pendant le règne de la reine Victoria, la noblesse pouvait ouvertement procurer un brevet d’officier militaire. Le plus de comptant offert, le plus prestigieux l'unité à laquelle le candidat put s’inscrire, indépendamment de son mérite. Merci pour ce rappel, Paul Lackman.

De nos jours, non seulement les rangs d’entré militaire sont en vente aux bien nantis, mais aussi la présidence des Etats-unis et la plupart des hauts placements de responsabilité en dessous. Bonne chance avec cet agencement de premier ordre d’armes, donc incompétent à la paix. 

Les hiérarchies d'armes promeuvent des authoriphiles qui se soumettent aux supérieurs et oppriment les inférieurs ; elles marginalisent les authoriphobes qui méprisent la mauvaise gestion et traitent mieux les subalternes. La compétence et l’aptitude à l’emploi de nouveaux candidats, ce sont au mieux des considérations secondaires. Aucun génie criminel ne parcourt une civilisation d'armes sans grande récompense. La civilisation des Apprentis les exclura de l’élite, en abritera l’innocent, et les remplacera par d’autres mieux pourvus d’empathie.

Autre chose accable les meilleurs directeurs d'armes. Tôt ou tard, leurs politiques d'armes les piègent en imprévisibilités. Tenant à contourner celles intolérables, ils traitent chaque mal de façon symptomatique, comme si dans un vide. « Parlons aujourd’hui de l’abus d’enfant ; demain, de la faim locale ; la semaine prochaine, attaquons la congestion du trafic ; et l'année budgétaire prochaine, peut-être, la corruption. » Chaque nouveau petit pas au progrès s’empêtre dans des contradictions sociales qui grouillent tout autour. 

La gérance se développe du respect, qui peut être fondé sur l'admiration ou la crainte. La terreur est l'arbitre final de hiérarchies d'armes, là où des chefs indifférents s'épanouissent en truquant des concurrences jugées d'en haut et menées en insensibilité totale des besoins de ceux menés. L’intermédiaire meneur d'armes se vante des récompenses qu’il acquiert à leur dépens. Il doit saisir des fortunes pour s'isoler, lui et ses dépendants, des mauvaises conséquences du despotisme dont il fait partie, sans jamais y parvenir réellement. Sa mauvaise gérance le rend dépendant de la tyrannie, du matérialisme malsain et de l’incohérence hypocrite et cumulative : les substituts d’une déontologie valide. Quand celle-ci devient superflue, l’avarice s’épanouit. Le chef hiérarchique doit rompre des liens qui le rattachent à ceux qu’il dirige : liens sociaux, émotifs, économiques et informationnels ; chaque nouvelle rupture réduisant sa capacité (et volonté) de mener sur la bonne voie. 

« En proportion que les chefs se détachent de la masse, ils sont de plus en plus enclins, quand des vides doivent être remplis dans leurs rangs, de l’effectuer non par élection populaire mais par cooptation, et d’augmenter si possible leurs effectifs en créant des nouveaux postes de leur propre initiative. Se dresse parmi ces leaders la tendance à s'isoler, former une sorte de cartel et s’entourer de ce fait d’une clôture dans laquelle ils n’admettront que ceux étant de leur manière de penser. Au lieu de permettre à leurs successeurs d'être nominés au choix de la troupe, ces dirigeants font tout ce qu’ils peuvent pour qu’eux-mêmes puissent les choisir, et combler les lacunes dans leurs rangs, que ce soit en direct ou indirectement, par l'exercice de leur volonté. » Robert Michels, « Les partis politiques, 1911 » pris des Lectures de Princeton dans la pensée politique, p. 526 

Les sociétés dites primitives ont eu tendance à séparer leurs décisionnaires de paix et de guerre. Afin de mieux manier ces responsabilités en désaccord, elles ont délégué deux chefs et deux sinon davantage de conseils divers, bénis de trousses distinctes de talents et sensibilités. D’habitude, une coterie complexe, clanique et variable de sage-femmes, de shamans et de doyens dignes de révérence, prescrit les aspects paisibles de la société au jour le jour. Des jeunes impétueux et des vétérans grisonnants ne l’ont gérée que lors de rares tournées de combat. 

Les dirigeants paisibles comptaient sur la franchise et la coopération, le consensus et le volontarisme ; eux et ceux qu’ils menaient partageaient récompenses, valeurs et données disponibles. En bref, ils bavardaient sans scrupules. Des chefs doués se recrutaient, se défiaient et se remplaçaient dans un flux régulier qui décantait l’incompétent et le malin. S’ils surévaluaient les avantages acquis aux dépens de ceux qu’ils menaient, ils perdirent le respect qui justifiait leur autorité et en sacrifièrent tout recours. Leur base de pouvoir se désemplit comme le ballon rouge lapidé. 

Des structures hiérarchiques d’armes, là où des incompétents et des malveillants finissent par gérer sans entrave, ne bénéficient plus de cette procédure sélective. En fait, ils parviennent à dominer la collectivité en sélectionnant et suppléant des malfaiteurs analogues dont ils prisent la concurrence. Les communications politiques se réduisent en slogans dénués de sens, promesses vides, et la séduction d’intérêts ultras pour leur contribution politique égoïste.

Une hiérarchie paisible promouvrait de la créativité allègre au sein d’arrangements paisibles et sous des contraintes minimes de durée. Idéalement conçue pour générer de la véritable richesse coopérative sous des conditions stables, elle ne suffit plus aux rigueurs de guerre asservies au temps ― encore moins à la concurrence acharnée et de somme zéro que pratique la gestion d’armes entre ses guerres incontournables. 

Les aspirations populaires doivent prendre priorité sur l’avantage hiérarchique. La gérance doit prendre sa récompense dans sa noblesse de conduite, son sacrifice de soi et son mérite. Si ceux gérés ne sont pas accoutumés par long usage à s’attendre à une telle gérance ; s’ils ont été rompus au lieu à la terreur d’armes et ses décisionnaires arbitraires, alors la mentalité paisible doit s’effondre. Tout le monde doit être méticuleusement réappris les exigences du monde paisible. 

Une société peut souffrir de la pénurie mais prospérer sous un pilotage d’honnêteté paisible ; sa voisine, être à la nage dans la richesse mais s’appauvrir et se lobotomiser à l’ordonnance de directeurs corrompus d'armes. 

La meilleure option serait une longue tradition de gérance paisible qui profite du partage universel de la grande fortune. Celle la pire doit être la nôtre aujourd’hui : des minorités de gérants d’armes interchangeables qui s’emparent de la richesse et du pouvoir aux frais d’une majorité en nombre écrasante mais de politique écrasée, tout en brandissant le maximum de puissance de feu, attestant seulement de la poudre aux yeux et n’offrant rien en réalité que la misère à venir. 

A toi choisir. 



 

- DU CONTRAT SOCIAL, PAR JEAN-JACQUES ROUSSEAU –

 

En 1762, Jean-Jacques Rousseau fit publier Du contrat social ou Principes du droit politique. S’en suivit la révolution française qui faillit perturber la condition humaine de guerre mondiale à perpétuité. 

La chrétienté prit deux mille ans pour parvenir à ce but et échoua déplorablement. Ses hiérarques complaisants ont saisi le message parfait du Christ, (sa perfection impliquerait son adoption par 100% de l’humanité) et l’ont tant tordu qu’un sixième seul n’y touche. 

Selon eux, leur doctrine et méthode de diffusion sont parfaites ; fautifs, les cinq sixièmes de l'humanité qui leur ont tourné le dos. Il semble évident à ceux-là que ces non-croyants méritent de périr et d’être damnés. A quel point contraire au message du Christ peut-elle se rendre, la fatuité de cette hiérarchie ? 

Au lieu de deux milles ans, son contrat social prit deux cents pour s'établir et subit un échec comparable. Les partisans de la révolution française et de sa Terreur ont adoré Rousseau et son contrat social. Si n'importe qui aurait pu l’animer ainsi qu’il l’eut prévu, ceux-là l’auraient pu. Progressistes, humanistes, socialistes et démocrates – tous dévots de la conscience morale – leur ont rendu plein égard depuis, pour rien. 

Il semble que Rousseau omit un élément clé de son contrat social, dans l’absence duquel sa seule valeur était comme argument secondaire à l’encontre du national-capitalisme de Hobbes (Thomas Hobbes, Leviathan) qui prévalut à sa place. Ce qu’il a manqué, c’est une considération selon le droit commun des Anglo-saxons : « quelque droit, intérêt, bénéfice ou avantage destiné à une partie ; voire abstention, détriment, perte ou responsabilité donnée, souffert ou entrepris par l'autre. » Il est difficile de valider un contrat selon lequel une partie accorde quoi que ce soit par pure affection ou crainte, et l'autre n’effectue rien en retour. Rousseau lui-même repoussa ce scénario.

 

« Soit d’un homme à un homme, soit d’un homme à un peuple, ce discours sera toujours également insensé : Je fais avec toi une convention toute à ta charge et toute à mon profit, que j’observerai tant qu’il me plaira, et que tu observeras tant qu’il me plaira. » Livre I, Chapitre 4.

[Nota : Une telle convention serait également insensée entre des nations, même si imposée par la victoire en guerre. Elle nécessiterait une garde armée sur chaque localité disposée à la résister. Même dans ce cas, elle ne pourrait pas être imposée, comme l’ont découvert à leur chagrin les USA en Irak et Afghanistan, et leurs prédécesseurs parmi les impérialistes coloniaux.

Je ne peux penser que de deux tels arrangements :

Le premier serait entre de bons parents et leurs enfants. Le coefficient d’effort et de bénéfices devrait au moins débuter au coût plénier de ces premiers et au bénéfice correspondant des seconds. Ce serait toute autre chose, une fois que l’enfant grandit et les parents vieillissent, la raison sans doute de l'invocation orientale pour la piété filiale, sinon par affection par proportion judicieuse

Le second, c’est « l’autorité sans limite vers le bas, la responsabilité sans limite vers le haut » dictée par Hitler et les Nazis. Tu peux voir ce que ça leur à donné.]

 

Le but primaire du contrat social, c’est remplacer la pitié : vertu habituelle de gens en état de nature, qui décommande les mauvaises suites d’inégalités ordinaires entre eux. Les hommes dans la société ont substitué cette pitié par des « lois, coutumes et vertus » et ont évidemment loupé cette substitution. 

Ce but semble se décaler, de « la liberté » son objectif principal dans le livre I, chapitre 6, au « plus grand bien pour tous » celui de toute législation selon la première ligne du livre II, chapitre 11. Ces intentions sont mal définies et circulaires. Le contrat social sera incontestable car incontestablement valable parce que chacun en conviendra de façon incontestable. Quel boucle commode ! Il ne reste plus de bout pendant parce que le serpent ouroboros a avalé sa queue. 

Au fond, maître Rousseau n'a pas trouvé le crochet auquel suspendre son chapeau. C’est pourquoi il n’est jamais parvenu à décrire le constituent des affaires étrangères de son contrat social — non parce qu’il n’en a pas trouvé le temps (son excuse) mais parce que les communications indolentes de la terre en armes du 18e siècle rendaient impossible son évolution en monde paisible. Contrairement à celles contemporaines, beaucoup plus rapides et denses, qui la rendent non seulement praticable mais obligatoire en dépit de nos biais affirmant le contraire.

Pour être valide, un contrat social doit détenir une considération tangible que ses signataires trouvent avantageux à établir et utile à maintenir au moyen de sacrifices particuliers et collectifs, qu'ils pourront percevoir et palper chaque jour de leur vie, qui vaut la peine de vivre pour le confirmer et mourir pour le protéger, qu’une grande majorité soutiendra contre vent et marée. Cet élément serait si évident que sa présence indubitable garantirait l'intégrité de sa réalisation ; si évident que son absence, soit la plus subtile, le suspendrait automatiquement. 

Le monde paisible est cette considération que tous pourront reconnaître ou manquer d’office. Elle serait indéniable. Soit son incapacité de remplacer la terre en armes, soit sa dégradation consécutive en terre en armes, soit sa disparition dans un pays lointain : de telles conjonctures seraient également évidentes et annuleraient le contrat social. Cela mobiliserait le monde entier à le rétablir, comme la fébrile reprise d’un ancien aigle ou des communications modernes à la radio après leur perte lors d’une fusillade nourrie. Le contrat social ne sera pas complètement rétabli avant que le monde paisible n’ait été permis de réapparaître tel qu’un navire sombré serait renfloué.

Mais voyons ce que Rousseau en eut à dire.

 

[Nota : Au monde paisible, le texte qui suit s’appliquerait aux nations et aux individus (hommes et femmes, bien sûr.) Il y aurait beaucoup moins de dégradations particulières que la terre en armes ordonne en quantités industrielles.]

 

 « Ce passage de l’état de nature à l’état civil produit dans l’homme un changement très remarquable, en substituant dans sa conduite la justice à l’instinct, et donne à ses actions la moralité qui leur manquait auparavant. C'est alors seulement que la voix du devoir succédant à l’impulsion physique et le droit à l’appétit, l’homme qui jusque-là n’avait regardé que lui-même, se voit forcé d’agir sur d’autres principes, et de consulter sa raison avant d’écouter ses penchants. Quoiqu’il se prive dans cet état de plusieurs avantages qu’il tient de la nature, il en regagne de si grands, ses facultés s’exercent et se développent, ses idées s’étendent, ses sentiments s’anoblissent, son âme tout entière s’élève à tel point que si les abus de cette nouvelle condition ne le dégradaient souvent au-dessous de celle dont il est sorti, il devrait bénir sans cesse l’instant heureux qui l'en arracha pour jamais et qui, d’un animal stupide et borné, fit un être intelligent et un homme. » Livre I, Chapitre 6. 

« La première et la plus grande conséquence des principes ci-devant établis est que la volonté générale peut seule diriger les forces de l’Etat selon la fin de son institution, qui est le bien commun : car si l’opposition des intérêts particuliers a rendu nécessaire l’établissement des sociétés, c’est l’accord de ces mêmes intérêts qui l’a rendu possible. C’est ce qu’il y a de commun dans ces différents intérêts qui forme le lien social, et s’il n’y avait pas quelque point dans lequel tous les intérêts s’accordent, nulle société ne saurait exister. Or c’est uniquement sur cet intérêt commun que la société doit être gouvernée. » Livre II, Chapitre 1.

 

Personne n’a proposé l’intérêt commun que les intérêts légitimes partageraient à l’unanimité. Les intérêts nationaux étaient toujours en contestation, sitôt distordus par ceux supranationaux (religieux ou idéologiques) ou subverti par des intérêts moindres. L’accord unanime ne s’est jamais établi, même si illuminé par le génie de Rousseau.

Le monde paisible est le seul principe qui satisferait l’intérêt stratégique des nations. C’est l’intérêt commun qui nous a toujours manqué, celui que tous pourraient adopter en sécurité plénière et gains mutuels. Les intérêts valides en seraient satisfaits et le bien commun, le mieux sécurisé. Ce ne sera qu’alors que le contrat social du monde paisible s’enclenchera partout au monde par pur automatisme. Tous ceux sains d’esprit le favoriseront par-dessus son équivalent de la terre en armes.

 

Je te prie d’interpréter les citations suivantes comme si nos réserves de pétrole s’étaient épuisées. Au fait, à l’échelle globale, la demande a surpassé le rendement. L’économie mondiale risque de se fendre sous ce triste fardeau, intégralement en à peine quelques années et peut-être en catastrophe. Comparé à l'implosion de cette bulle économique, celles précédentes, même la grande dépression, furent des bagatelles. Ceci adviendra bientôt, non pas quand on sera trop âgé pour s’inquiéter, non plus que l’on en soit « entièrement disposé. » Le fait est inéluctable : il ne reste plus de temps à perdre nous illusionnant et tergiversant.

 [Nota : Dans notre cas, remplaçons le terme « Etat » avec « le monde entier » ― et « l’individu » avec « la nation ou des assemblés moindres, y compris l’individu. » 

Le chaosisme ne se soucie guère du palier dont il surgit ; le monde paisible ne pourra émerger qu’à partir de celui culminant et tous ceux inférieures.]

 

 « Mais quand le nœud social commence à se relâcher et l'Etat à s'affaiblir, quand les intérêts particuliers commencent à se faire sentir et les petites sociétés à influer sur la grande, l'intérêt commun s'altère et trouve des opposants, l'unanimité ne règne plus dans les voix, la volonté générale n'est plus la volonté de tous, il s'élève des contradictions, des débats, et le meilleur avis ne passe point sans disputes.

« Enfin quand l'Etat près de sa ruine ne subsiste plus que par une forme illusoire et vaine, que le lien social est rompu dans tous les cours, que le plus vil intérêt se pare effrontément du nom sacré du bien public, alors la volonté générale devient muette, tous guidés par des motifs secrets n'opinent pas plus comme citoyens que si l'Etat n'eût jamais existé, et l'on fait passer faussement sous le nom de lois des décrets iniques qui n'ont pour but que l'intérêt particulier.        

« S'ensuit-il de là que la volonté générale soit anéantie ou corrompue ? Non, elle est toujours constante, inaltérable et pure ; mais elle est subordonnée à d'autres qui l'emportent sur elle.

Chacun, détachant son intérêt de l'intérêt commun, voit bien qu'il ne peut s'en séparer tout à fait, mais sa part du mal public ne lui paraît rien, auprès du bien exclusif qu'il prétend s'approprier. Ce bien particulier excepté, il veut le bien général pour son propre intérêt tout aussi fortement qu'aucun autre. Même en vendant son suffrage à prix d'argent il n'éteint pas en lui la volonté générale, il l'élude. La faute qu'il commet est de changer l'état de la question et de répondre autre chose que ce qu'on lui demande : En sorte qu'au lieu de dire par son suffrage : Il est avantageux à l'Etat, il dit : Il est avantageux à tel homme ou à tel parti que tel ou tel avis passe. Ainsi la loi de l'ordre public dans les assemblées n'est pas tant d'y maintenir la volonté générale que de faire qu'elle soit toujours interrogée et qu'elle réponde toujours. » Livre IV, Chapitre 1 

 

Le monde paisible n’est plus un exercice philosophique à être contemplé à loisir, étant donné un statut quo moelleux, rassurant et de durée indéfinie, que le monde paisible prenne racine ou pas. Nous devons agir maintenant : tant que nous retenons les moyens moraux et matériels de le réaliser à partir de maintenant, ce monde paisible.

Si nous avions servi comme vrais enfants des lumières, nous aurions pu mettre tout ça en œuvre aux années 1950s quand l’abondance d’énergie bon marché aurait amorti nos erreurs en transit de la terre en armes au monde paisible. Mais nous ne sommes que des primates meurtriers et devons supplier au dieu d’amour de pardonner nos erreurs irrémissibles et adoucir leur aigreur par miracle. 

 Si nous continuons à tergiverser jusqu’à la disparition de nos ressources non renouvelables, nous subirons des sacrifices inconcevables sans célébration correspondante. La consolidation de la terre en armes se déchoira dans une affaire de puissance de feu, dégâts et pertes ; non la coopération, la créativité et la sérénité intentionnelle dont on s’attendrait du monde paisible. Aucun bien n’en résultera, seulement des troubles. 

« Des troubles » quelle expression facile à congédier ! Lire pertes, destructions et angoisses surpassant celles éprouvées jusque-là. De la terreur en démesure ! Soyons raisonnables, méfions-nous et repentons-nous. Il y a tant de travaux correctifs à effectuer et si peu de temps !

 

« Les opinions d'un peuple naissent de sa constitution ; quoique la loi ne règle pas les mœurs, c'est la législation qui les fait naître ; quand la législation s'affaiblit, les mœurs dégénèrent, mais alors le jugement des censeurs ne fera pas ce que la force des lois n'aura pas fait. 

« Il suit de là, que la censure peut être utile pour conserver les mœurs, jamais pour les rétablir. Etablissez des censeurs durant la vigueur des lois ; sitôt qu'elles l'ont perdue, tout est désespéré ; rien de légitime n'a plus de force lorsque les lois n'en ont plus. » Livre IV, Chapitre 7

« Un censeur peut maintenir les mœurs de l’Etat, il ne peut jamais les restaurer. Il est impossible pour ce magistrat d'exercer son autorité avec profit, non moins efficacité, sans l’appui du sens vif d'honneur et de vertu dans l'esprit du peuple, de révérence digne de l'opinion publique et d’un train de préjudices serviables lutant du côté des mœurs nationales. Quand ces principes sont annihilés, la juridiction censoriale doit ou sombrer en pompes vacantes ou se muter en instrument biaisé en faveur de l'oppression vexatoire. » Edward Gibbon, The Decline and Fall of the Roman Empire, (Le déclin et la chute de l'empire romain) Penguin Press, London, 1997, Chapitre X, « Decius ranime l’office de censeur en la personne de Valérien…Ce dessein impraticable et sans effet. » p. 263. 



 

- CARL MARX –

 

« …Rendre la part ouvrière de production la base unique de sa revendication des moyens d’exister – comme le fit Marx lui-même dans sa théorie des valeurs ouvrières qu’il saisit d'Adam Smith – ce ne serait que lui couper l’herbe sous les pieds alors que la robustesse de la production approche à la perfection. En réalité, la revendication des moyens d’exister repose sur le fait que, tel que l’enfant d’une famille, on est membre d'une communauté. L'énergie, la technicité et l'héritage social d'une communauté appartiennent également à tous, car les contributions et dissemblances particulières sont entièrement insignifiantes. » 

 « [L’appellation classique d’un tel système universel de distribution d’essentiels de la vie, telle que l’ont décrite Platon et More, bien avant Owen et Marx, c’est le communisme, et je l’ai retenue ici. Mais permettez-moi de souligner que ce communisme est forcément d'après Marx, car les faits et valeurs sur lesquels repose ce communisme ne sont plus ceux paléotechniques auxquels Marx ancra sa politique et son programme. Donc le communisme, comme employé ici, n'implique pas une idéologie particulière au 19eme siècle : d'absolutisme messianique et de tactiques bornées au militarisme auxquels s'accrochent d’ordinaire les partis communistes officiels ; ni n’implique-t-il une imitation assujettie aux méthodes politiques et institutions sociales de la Russie soviétique, soit à quel point admirables le courage et la discipline des soviets.] 

« La production et la consommation, les différenciations, les préférences et les primes spéciales ne doivent être prises en compte qu’après que seront assurées la sécurité et la continuité de la vie elle-même. Ici et là, nous avons établi des préliminaires d'un communisme de base, dans la fourniture de l’eau, de l’instruction et des livres. Il n'y a aucune raison sensée de se figer de ce côté d’une norme commune de consommation. Un tel étayage n'a aucun rapport avec les capacités et vertus particulières : une famille de six a besoin d'à peu près trois fois les marchandises que celle de deux, quoique celle-ci n’ait qu’un seul salarié et l’autre, deux. On donne au moins le minimum de nourriture, d'abri et de soins aux criminels qui ont sans doute agi contre l’intérêt collectif ; alors pourquoi le nier aux paresseux et aux obstinés ? Supposer que la grande masse de l'humanité appartient à cette dernière catégorie, c’est oublier les plaisirs avantageux d'une vie plus aisée et mieux garnie. » Lewis Mumford, Les technicités et la civilisation, Harcourt, Brace and Company, Inc., 1934, pp. 403-404. 

 

Je ne sais pas si Carl Marx disposait d’un véritable sens d’humour ; ses quelques écrits que j’aie feuilletés n’en témoignent d’aucun, et ceux biographiques, que des railleries scatophiles. Seulement une nation bien pourvue d’humour pourrait blairer le marxisme classique. 

Pendant la mi-dix-neuvième siècle, la famille de Marx subsista en pauvreté londonienne alors qu’il épuisait   son petit revenu en abonnements aux journaux d’outre-mer. Pauvre mec, pauvre famille. 

Il prétendait que l’infériorité des prolétariens reposait sur leurs difficultés financières en particulier plutôt que leur manque de données valides en général. Il en conclut autant quoique les finances hautes et basses ne sont que des sous-ensembles de l’écoulement prédominant de données. 

Le compte rendu fantasque des médias de l’ère victorienne, narrant les merveilles de pointe de la télégraphie et des chemins de fer, l’a convaincu que les communications humaines avaient atteint une nouvelle cime de perfection. Si les communications mondiales étaient en effet parvenues à cette cime, Marx aurait pu trouver ses nouvelles de haute qualité et de volume correspondant pour quelques cuivres par mois. 

Une telle lucidité publique nous manque toujours. Les données soi-disant « gratuites » sont celles les plus tordues. Une abondance de temps et de fonds est requise pour acquérir des actualités débarrassées de biais mesquins et d’agendas (d’ordres du jour) dissimulés au profit d’intérêts particuliers. En effet, les renseignements doivent impliquer le biais et l’agenda. Saurait-on pourtant moduler cet écoulement avec minutie telle à lui rendre biais et agendas paisibles : priorité au bien public et ordre du jour d’intérêt général ?

 Dans un milieu optimal de communications, Marx aurait pu troquer sa brillance analytique pour un salaire plus que confortable. Cela ne fut pas alors le cas ni ne l’est-il à présent. Vissant clos le chômage dans tous les médias journalistiques, les puissances financières ont ruiné la vie de tous les reporters à part leurs propagandistes les plus subtils.

Marx espérait que ses prolétariens du sou refuseraient de combattre leurs frères ouvriers de provenance étrangère. Après tout, ils avaient plus en commun qu'avec leurs élites actionnaires. A quel point errait-il ! A travers l'Europe, des chefs de parti travailliste ont cédé aux militaristes nationaliste-corporatifs et exigé que leurs partisans se massacrent pendant deux « guerres mondiales » sic et encore plus cachetées depuis. 

Des chefs syndicaux se sont ralliés au premier rang de la dévastation écologique, du crime organisé et du militarisme de statu quo ; ils ont soutenu ces ignominies au nom de la sauvegarde des boulots. Ils ont eu grand embarras à s'accorder avec leurs « alliés » progressistes (quoique tous deux aient fait preuve d’incompétence conforme à réaliser le monde paisible) non moins à confronter leurs « adversaires » communs de société d’entreprise d'armes. Comme le parti Democratic aux USA, il leur était plus facile d'opposer des idéaux progressistes et de se soumettre à la tyrannie corporative ; encore plus facile de s'engraisser des droits de remise syndicale en rabais et des pots de vin corporatifs en surcroît — et d’entreprendre le moins possible autrement.

Ce fut caractéristique des Nazis que la gérance industrielle et sa main-d’œuvre devaient coopérer de manière plénière, réciproque et paisible pour fabriquer le plus possible de canons. Ils ont exécuté ou ruiné tous les rebêles.  Chaque National-Quoi que ce soit-isme : -socialisme, -capitalisme, -communisme, -fondamentalisme, fut établi avec en tête le même but national-corporatif. 

Ce problème sera « résolu » une fois pour toutes quand des robots pilotés par de l’intelligence artificielle fabriqueront sans intervention humaine beaucoup plus de robots tueurs qu’aucune entreprise humaine ne puisse dupliquer. La boxe machinale de la guerre robotique fourmillant à travers chaque ruine des villes humaines rendue en fosse commune. Cela fera sembler les batailles de Stalingrad et de Verdun comme des fêtes d’anniversaire (puisque des centaines de milliers de combattants les ont survécu ; personne cette fois-ci) puis multiplier ce carnage par des milliers de fois. Que triomphe le National-mécanisme !

 

Des petits travailleurs ont voté contre eux et leurs absurdités en nombres croissants – à pied et depuis tirelire – sinon ont constaté leurs boulots s’envoler au nom de « l'efficacité économique globale. »

Ceux au pouvoir aux USA ont neutralisé le mouvement ouvrier en permettant au crime organisé de l’infester sans contrainte, tout en supprimant sans merci cette mafia partout ailleurs. Après un siècle et demi, la suppression médiatique et policière est parvenue à amputer l’aile gauche des politiques américaines. Cette infamie a laissé le terrain libre pour des centristes débiles (calomniés comme « la Gauche ») et des réactionnaires exaltés de tanguer la nation de plus en plus vers le fascisme corporatif, comme un enfant téméraire s’efforcerait de survoler la traverse de sa balançoire. 

 

Rosa Luxembourg, Karl Liebknecht et leurs disciples spartakistes furent des mutins notoires à l’encontre de cette folie militariste, ensuite massacrés à la hache. A la suite de cet exemple salutaire, précédé par ceux de Jean Jaurès et A. Trotski, suivi par ceux de M.L. King, et une foule d’autres, il ne reste plus d’organisations ni d’activistes syndicalistes luttant pour le monde paisible. Leurs substituts se querellent plutôt sur des considérations secondaires et tertiaires : celles « admissibles » aux administrateurs d’armes.

 Marx n’a jamais expliqué comment ses prolétariens pourraient se convenir avec lui et ses conclusions extraordinaires. Comment y parvenir, sans se communiquer franchement dans le partage des données qu’il acquit si péniblement ? On considéra cela une trahison dans la plupart des cas : la police du jour s'assura que cela n’aurait pas lieu, et les dirigeants des partis communistes, que la discipline interne l’interdise. 

Le crochet de la subjugation prolétaire fut la disette d'infos et elle le demeure. Le manque d'argent n’a figuré que comme symptôme et conséquence de la privation d’infos. Personne n'a diffusé ce message avant Apprenti, ni n’en a prêté attention suffisante depuis. 

Nous sommes privés de la donnée suivante : notre impuissance réside dans notre manque de données vitales. Qui plus est, nous n’avons jamais convenu qu’il fallait exiger que de telles soient optimisées pour nos besoins particuliers. Nous nous sommes satisfaits de celles distribuées en bloc sans discriminer (du malpige, tel que la malbouffe corporative) malgré mille obstacles institutionnels imposés alors que nous tentions d’en trier l’utile. Il ne nous a semblé ni possible ni pratique de partager celles qui répondrait beaucoup mieux à nos besoins. La transformation communautaire pour y parvenir fut inconcevable hormis ici. 

Cette méprise de Marx fut son erreur principale. Etant donné cette erreur, ses conclusions subséquentes n’ont pas valu davantage que celles des idéologues avant et depuis. Ainsi de même, le champ académique de la « science » économiste. On ne peut non plus écarter a dialectique d’armes et de paix d’une bonne analyse des politiques d'info qu’omettre la pesanteur inertielle d’un calcul précis de la mécanique orbitale. 

Autrement doit-on accepter deux mille ans de fausse analyse politique diffusée si assidûment depuis, quoique ces modèles soient aussi valides que des épicycles terra concentriques et des chandelles nichées en sphères de cristal envoûtant la terre plate par-dessus nos têtes vides. 

Il nous faut de toutes nouvelles politiques : des prescriptions de gérance terrestre équivalentes aux formules coperniciennes d’orbites célestes. Elle remplacera la centralité boueuse de la mentalité d’armes avec la majesté solaire de celle paisible. Emery Reves m’a devancé en publiant cette analogie dans son livre en anglais, Anatomy of Peace, (Anatomie de la Paix.)

 

Un autre mythe d'armes attribue des « libertés » fondamentales aux systèmes économiques emmaillotés d’exigences d'armes. Nous parlerons des implications économiques de la dialectique d’armes et de paix dans le chapitre « Couts » d’Apprenti.

Un système économique d’armes peut être peuplé de chasseurs glaneurs, il peut être bouvier ou agricole (la première vague selon les Tofflers de la série renommée, Choc Futur) industriel (la seconde vague) ou informationnel (troisième.) Il peut être décentralisé ou collectif, incontestablement ou obscurément militariste, particulariste (ne favorisant que quelques individus) ou totalitaire (ne favorisant personne pour longtemps.) La gérance d’armes peut être établi selon le précédent, l’autorité ou l’intérêt particulier. Chaque option stimule la coercition, l’injustice et la guerre ainsi que le gaspillage de ressources et de talents, rendant démenti formel à la propagande contradictoire dont ses gérants se vantent. 

 Des fléaux de chômage, de sans-abri, d’avortement, d'apatridie, de réfugiés, de disette, d’infection et de génocide entrepris par guerre nationale-ethnique (s’alternant barbare primitive et techno sophistiquée) sont des moyens usuels de disposition de masses humaines. Nous désignons de tels désastres précipités par le gouvernement « des complexes de catastrophe. » Comme si de tels surgiraient autrement que de façon complexe ? Alors que nous durcissons notre cœur au point de permettre ces infamies, nos chefs ratifient notre pénurie émotionnelle en appropriant des avoirs supplétifs. L’ultime résultat ? Une philosophie dite « de chaloupe de sauvetage » qui consigne aux requins ceux désignés faibles. 

Mais qu’allait-on faire dans cette galère ? Quoique enchaînés sur une barque surchargée, ne perdons nul temps à noyer à main armée les plus pauvres. Assignons plutôt chaque main aux rames et aux écopes, chaque bâton et chiffon au vent ; puis, pointant la proue vers le réseau de secours le plus proche et priant n’importe quel Dieu que l’on veuille, ramons à feu d’enfer !
  

Quel est le socle de l'exploitation humaine ? Marx énuméra diverses époques partagées par des pairs de victimes et abuseurs : celles de l’esclave-maître, du vilain-noble et du prolétarien-bourgeois. 

Entre parenthèses, à ceux qui lamentent la récente asservissement de leurs aïeux : chaque être humain retient l’histoire d’ancêtres génétiques et d’incarnations antérieures assujetties (même si « oubliée. ») Chaque être humain, le blanc comme le noir, tout le monde. Des réclames laborieuses de supériorité à base de noble lignée défendue au fil de l’épée, elles n’ont été que des efforts chétifs de tenir tête par-dessus cette ondée de servitude, si seulement pendant quelques générations. Personne n’a été continuellement libre autrefois ni même fréquemment. Personne (soit ancêtre par ADN, soit réincarnation antécédente) n’a manqué d’être la victime de cannibales ni même cannibale lui-même, si tenu responsable assez loin en arrière dans le temps.

Si Marx avait prédit la dictature globale des sociétés d’entreprise modernes, il aurait pu inclure des monades marginales à l’encontre de bureaucrates gouvernementaux/corporatifs et leurs rentiers. 

L’avenir proche pourra opposer des masses humaines : impuissantes, sans emploi et plus ou moins terrorisées, contre une haie occulte d’intelligence artificielle souveraine, négligemment programmée par une minuscule élite d’info pour gérer son cheptel humain, censément avec les meilleures intentions au monde mais en réalité à moindre prix pour profit usurier, comme d’habitude. 

Et comme si c’était agaçant à présent, le manque de service client actuel !

Apprenti énumère ces rivalités sous les rubriques prolétariat d’info(rmation) et élite d'info(rmation.) Cette paire enchaine une dichotomie et une dialectique que chaque Apprenti doit saisir à perfection.

 

Marx emplit plein de pages pour narrer le jeu de coquille économique que jouent des bourgeois malins quand ils gonflent la valeur de l’ouvrage travailliste au-delà de ses coûts de production. Ils s’enrichissent de la différence, aux dépens du prolétariat. 

Sans blague. 

Mais si ces camarades de classe supérieure s'engraissaient simplement en fainéantise opulente, les autres bénéficieraient de l'écoulement goutte à goutte de cette richesse vers le bas. Après tout, ces bourgeois, affectueux du confort, payeraient une jolie somme pour des marchandises et services supérieurs, employant toute la main-d’œuvre disponible. Ils ne dédaigneraient pas le débours de sous supplémentaires pour stabiliser leur précieux ordre de lois. Des Etats de secours sociaux sont beaucoup moins onéreux à mal administrer que ceux policiers : ruineux, eux, et plus balourds. Ceux-là sont de loin plus profitables, sauf comparés à l’Etat paisible. Une nation profitant de paix intégrale serait infiniment plus prospère quoique sans défense contre l'agression militaire. 

 Au lieu, cette richesse est rejetée en grande partie – exprès et sans profit – et ne circule plus. A noter, la disparition de grandes proportions décennales du produit brut national en fonds de sauvetage corporatif et leurs exemptions fiscales, vite vaporisés comme par magie au marché boursier, au lieu d’être investies en infrastructure, santé et éducation beaucoup plus durables et fructueux. De l’incompétence incroyable ou de la mentalité d’armes intentionnelle ? A toi me répondre.

Marx n’a pas noté ce gaspillage. En dépit de son analyse exhaustif, il n’offrit aucune sauvegarde contre la prochaine cohue d’opportunistes gaspilleurs : mafieux ; arbitragistes ; apparatchiki ; directeurs de corporation déréglementée ; meneurs travaillistes, corporatifs et gouvernementaux ; politiciens dits de politique correcte (donc admissibles aux besoins des riches : voir la dernière dizaine d’administrations américaines : celles exécutives, législatives et juridiques) et tels parasites. Marx refusa de distinguer les bons administrateurs des mauvais. 

Selon le sociologue allemand Robert Michels, il existe une loi de fer traitant de l’oligarchie. Aussitôt que des êtres humains forment une organisation neuve, le pouvoir gravite aux officiers permanents. Soit le but originel de cette organisation, ceux primaires deviendront l'élargissement de cette organisation et la rémunération de son oligarchie ; ceci en dépit du sabotage du but originel qu’entraîne cette tendance. 

Personne, avant Apprenti, n’a pris la peine de déterminer comment tirer parti de ces tendances hiérarchiques pour promouvoir le bien-être commun, au lieu de se soumettre à leur corruption. Comme un vieux maître judoka confrontant un antagoniste plus jeune et fort que lui, l’on peut se servir des tendances de son adversaire pour promouvoir le bien-être commun.
 
 

Marx écrit amplement sur « l'aliénation du travail. » Il n’expliqua jamais pourquoi les membres du prolétariat se détesteraient ainsi que leurs travaux minables. Il a simplement décrit cette détestation comme un autre exemple d’abus énigmatiques de la part de la bourgeoisie. 

 Apprenti précise la raison que le prolétariat d’info méprise sa place dans l’arrangement des affaires. Une telle aliénation produit à merveille de l’impuissance politique. Le prolétariat d'info, aliéné au point de l’impuissance, consent aux technologies maximales d'armes et à la dissidence modique. 

Ceux disposant d’assez de sécurité émotionnelle pour aimer franchement leur monde et leurs voisins, trouveraient mille raisons pour remettre en cause la mentalité d'armes. Ils saboteraient ses technologies et bloqueraient sa gérance à chaque étape : ainsi que nous, proprement aliénés d’avance, n’osons faire. Si la nation doit se défendre militairement, elle doit interdire ce sabotage, le rendre impossible. L'aliénation des masses est un excellent moyen d’empêcher au pacifisme mutin de déraciner le fascisme protecteur. 

Mais parlons un peu plus de cet état d’aliénation.

 

« Le nouvel ordre économique (du 19e siècle) fut indifférent à toutes sortes de communautés et d’associations, il détruit les affiliations coutumières du village, de la maîtrise artisanale et des associations paysannes. » Roland N. Stromberg, Redemption by War: The Intellectuals and 1914 (La redemption par la guerre: Les intellectuels et 1914), The Regents Press of Kansas, Lawrence, Kansas, 1982, p. 90.

 

Cette aliénation est cultivée pendant des décennies de médiocrité culturelle, de matérialisme philistin et de hiérarchies de picotement. Quand la guerre resurgit, celle-là se caille en son antithèse : un séduisant et passionné rassemblement tribal pour massacrer autant possible d’Eux au prix le plus bas pour les Nôtres. 

Riche ou pauvre, plèbe ou élite, réactionnaire ou progressiste, illettré ou intellectuel : chaque citoyen ressent l’attrait de ce ralliement sacré qui rend triviales les différends du passé et réimpose l’unification communautaire bannie en temps paisible. Quand deux nations s’abordent en guerre, le peuple des deux côtés raccorde ses disputes et contradictions internes avant d’en venir aux mains entre eux.

Les raisons pour partir en guerre peuvent être triviales, absurdes ou des mensonges fabriqués de toutes pièces ; ses ultimes retombés, sembler désastreuses selon quiconque les noterait ; et des voix prévenantes, s’élever à leur encontre. Des gens raisonnables, qui verraient au travers dans d’autres circonstances, se rangent au pas de toute façon. Les mêmes institutions culturelles, éducatives et d’actualités qui promouvaient l’aliénation obtuse et rancunière en temps paisible, se précipitent au rallumage de cette flame de tribalisme atavique. Chacun embrasse le sentiment exalté d’appartenance qu’il n’a jamais pu ressentir (n’en ayant jamais été encouragé) lors de conjonctures normales.

Ce séisme émotionnel ébranla l’Europe à l’origine de la première sic guerre mondiale, ainsi que l’Amérique après l’onze septembre. Son attribut le plus remarquable ? Des gens parfaitement raisonnables – l’entièreté de l’élite intellectuelle en charge de la conscience collective – se sont précipités du cosmopolitisme routinier et de son pacifisme tiède, (« Ne devrait-on pas partir en guerre un peu moins souvent, seulement pour les meilleures raisons ? ») tout droit dans le chauvinisme de guerre et son hystérie.

Une fois que la guerre a suce son plein de sang, ces mêmes intellectuels réintègrent la médiocrité de centrisme par contumace paumé. Ils ne sont plus capables, au prix de leur âme, de décrire ce qui leur prit dans la tête de se rendre en marchands marchant beuglant en guerre. Le rappel de cette mutation les rendra muets. Ils oublieront posément leur fugue exaltée — comme si rien de tel ne s’était passé.

 

La seule suite fonctionnelle de chaque révolution communiste a été la pénible transition de féodalités de subsistance agronome en complexes militaro-industriels capable de tenir le coup contre toute agression. Sans quoi, ceux postféodaux n’ont pu se défendre d’Etats consolidateurs de leur technologie d'armes pendant de sanglants loisirs. 

 L'expansion colonialiste du monde occidentale a résulté du déséquilibre militaire entre des Etats industriels (mitrailleuses et artillerie), d'une part, et des sociétés féodales et peuplades prèféodales (lances et courage), de l'autre. Leurs dynastes choyés féodaux militaires se sont consacrés à écraser des révoltes locales et des soulèvements indigènes périphériques, au point qu'elles n'ont jamais développé des défenses compétentes à l’encontre de forces occidentales beaucoup mieux armées. Le féodalisme de subsistance n'a jamais produit l’énorme surplus économique, la main d’œuvre dédaignée et sous-utilisée, et les industries fumigènes qu’exigeaient ces armées. Pourtant, au coût d’énormes sacrifices et pratiquement d’une nuit, des Etats communistes les ont créés tout à fait convenablement. Ils ont alors procédé à l’échec de leurs agresseurs industrialisés, peu importe leur provenance. 

Le communisme, c'est un vaccin toxique que des sociétés féodales s’injectent pour s’immuniser contre l’assaut hyper organisé de national-capitalistes, national-communistes, national-etc. d'armes, donc national-corporatistes. 

 

« Pratiquement tous les aspects du développement du capitalisme ont eu une grande portée militaire : des avances subites de la technologie, du transport et des communications ; à l’évolution de nouvelles forces de classe économique avec leurs répliques politiques et idéologiques. Pour adopter la terminologie sociologique traditionnelle : des transformations sociales ont eu des fonctions socio-économiques "manifestes" aux contemporains et aux théoriciens sociaux, et des fonctions militaires beaucoup plus "latentes." »

« On peut voir le militarisme de masse, tel par exemple que Karl Liebknecht le vit en 1907, comme la forme de guerre appropriée au capitalisme. Mais il y a aussi ce sens selon lequel le capitalisme industriel et la démocratie parlementaire étaient les formes sociales et politiques requises par une nouvelle forme de militarisme d’Etat. A la fin du 19e siècle et au début du 20e, il fut évident que le nationalisme politique et les besoins directs militaires avaient également des implications sociales. L’impérialisme engendra des réformes sociales. L'incapacité de la main d’œuvre offerte aux militaires (en Angleterre, par exemple, pendant la guerre en Afrique du Sud) a levé des inquiétudes sur la santé et l'alimentation de la classe ouvrière. La guerre a toujours retenu des implications quant au bien-être ; mais à l’origine du 20e siècle, elle était le moteur sensible de la transformation. La première [sic] guerre mondiale a abondamment accéléré cette transformation, rehaussant en particulier l'espérance des travailleurs eux-mêmes : celle-ci déçue au dénouement de la guerre. » Martin Shaw, Dialectics of War: An Essay on the Social Theory of Total War and Peace, (Dialectiques de la guerre : Un essai sur la théorie sociale de la guerre et la paix totales) Pluto Publishing Ltd., London, 1988, pages 74-75.

 

En ce qui concerne l'impact de la guerre sur le développement de l'Etat, consulte STP War and the Rise of the State: The Military Foundations of Modern Politics (La guerre et la montée de l’Etat : Les fondations militaires de la politique moderne), de Bruce D. Porter, Free Press, Macmillan, Inc., New York, 1994. 

Cloutant son analyse avec des centaines d'exemples historiques, M. Porter énumère comme de suite les effets politiques de la guerre : 

 

Effets formatifs et organisateurs 

 

Coalescence territoriale 

Effet d'unification 

Effet de centralisation 

Effet de bureaucratisation 

Croissance du gouvernement 

Effet du fisc 

Effet de rochet (des effets antérieurs ne disparaissent pas après chaque guerre) 

Opportunité de gérance

 

Effets de désintégration 

 

Destruction totale de l'Etat 

Catalyseur de la révolution 

Capacité diminuée 

Effondrement fiscal 

 

Effets réformateurs 

 

Effet intégrateur 

 

Effet sur la vie sociale 

Effet niveleur social

Aiguillon de la réforme sociale 

 

J’hésite à introduire d’autres citations de M. Porter ; sans quoi, je pourrais en bourrer un deuxième volume d’Apprenti

Il lâche cette concession aux magisters académiques, avant de combler trois cents pages du reniement systématique de leur préjugé. 

« Ce que ce livre ne postulera pas, c’est une dialectique militaire de l'histoire. La guerre est l’agent de profondes transformations historiques, mais non la force motrice fondamentale de l'histoire. Quoi qui occasionne la guerre -- facteurs économiques, conflits de classe, nature humaine, modes de production, évolution technologique, volonté divine – c’est par définition une agence causale plus fondamentale que la guerre elle-même. Peu importe l’omniprésence de la guerre où l’ampleur de ses effets, c’est d’elle-même un phénomène dérivé et secondaire, jamais [sic] la force motrice principale. Du même coup, la guerre ne doit jamais être perçue comme une force exogène qui agit sur l’Etat et la société d'en dehors ; elle jaillit plutôt de leur milieu. Quand on dit que la guerre suscite une certaine donnée politique, on doit retenir en tête que ce n'est là qu’une sténographie commode. Ce qui se passe en réalité, c’est que les chefs d'Etat, les gouvernements, les officiers militaires, les armées et les populations, en faisant la guerre et en faisant face à ses innombrables défis, engendrent de tels effets. » p. 4. 

[Nota : Ainsi de même, je suppose, que les pommes, planètes et étoiles, en faisant face à la pesanteur inertielle, engendrent leur mouvement sans en être influencées directement comme si par une force indépendante. Ou des animaux, en faisant face à l'évolution, engendrent leur développement corporel pareillement. 

Quel excrément dogmatique sans dilution !] 

Ces quelques lignes de M. Porter sonnent un peu comme la rétraction forcée soumise à l'église catholique par l’astronome Galilée, rédigée pour la même raison de survie bureaucratique. Un certain exégète amical a dû lui avoir prévenu, lors de l’évaluation du manuscrit de Porter : « Tu dois insérer un démenti de la “dialectique militaire,” soit à quel point sommaire et télégraphique. Autrement risques-tu d'être consigné à la liste noire universitaire. » Cette liste d’études interdites, plus extensive chaque décennie.

 

Rappelle-toi la maxime d’armes, qu’elle soit proclamée par voix capitaliste ou communiste : « Arme-toi jusqu’aux dents d'avance ou soumets-toi à l’asservissement. » Aucune importance que la servitude de la mentalité d'armes et celle de la défaite militaire soient identiques. Dans l'analyse finale, la souveraineté nationaliste ne peut pas être dissociée de l’esclavage particulier – l’un mène à l'autre – mais on peut favoriser l’émancipation du monde paisible par-dessus l’asservissement robotique de la terre en armes. 

Les inconnus du monde paisible te paraissent-ils plus inquiétants que les usages hypnotiques et sanguinaires de la terre en armes ? Et alors ? Remets-toi de ton hypnose d’armes !

 Les militants communistes n'ont jamais eu l'intention de créer un paradis socialiste. Ce ne fut qu’une autre carotte de mythe d'armes ballée au-devant du prolétariat d'info féodaux, comme au-devant d’un âne. Le vrai but de l’avant-garde révolutionnaire a toujours été d'optimiser subitement les technologies militaires du pays, en dépit de l’esprit arriéré de sa population féodale et en particulier de ses anciennes élites.

Malgré la mise en garde de Marx, chaque société prétendue marxiste s’est pareillement pourrie de dogmes d'armes. Les idéalistes paisibles furent passés au Goulag sinon exécutés ; autant souvent, du point de vue pratique, que marginalisés et isolés du pouvoir capitaliste. Comme d’autres sociétés d’armes, celles marxistes ont soutenu des formes superflues et réprouvées de parasitisme d’armes : dictature d’élite, privilèges de classe, génocide interne et externe, travaux forcés, police secrète, mauvaise gestion préméditée et aliénation ouvrière ; à vrai dire, l’aliénation générale court-circuitant les communications, surtout celles entre l’élite d’info et son prolétariat. Ces contradictions ont pourri chaque société communiste au bénéfice des psychopathes aux contrôles.

Ainsi, toutes les expérimentations communistes ont dégénéré en communisme de caserne, malgré les charabias idéologiques que Marx rédigea en opposition. Toutes les contradictions sociales qu’il a déplorées persisteront dans un Etat d'armes, que celui-ci adhère au national-marxisme, au national-capitalisme ou à toute autre national-corporatisme militaire. 

La même chose s’est passée pendant la révolution française. Marx le constata et le consigna à l’oubli.

Les élites aux USA, soûles du pouvoir, ne cessent de trinquer leur conquête du communisme. La Chine et la Russie ont pourtant amassé assez d’armes nucléaires pour se défendre contre tout adversaire hormis le plus suicidaire, malgré leurs masses en guenilles. Le communisme est parvenu à son but principal et se fait donc péniblement refouler comme une vieille peau de serpent. 

Bien que le capitalisme soit également nécrotique, nous refusons de lâcher cette peau de chagrin et faire croître quelque chose de plus salubre. Nous nous obstinons au lieu à absorber ses poisons sanguins en attendant de transfuser cette purulence dans les anciennes communautés communistes, à leur détriment évident. 

Selon le bon raisonnement, les sociétés d'armes sont des marchandises pourries, destinées au tas d’ordures de l'histoire. La lutte des classes ne s’est jamais diminuée d’un brin à cause de la maîtrise fantaisiste de Leviathan sur Das Kapital ; celle-ci a simplement rendu ce conflit encore plus nébuleux et moins surmontable.

 

Quel est le socle du pouvoir gouvernemental ? Ce n’est pas le produit brut national (une mesure fourbe, conforme à l’entendement d’insecte de la terre en armes aux muscles de cétacée), comme l’ont confirmé les socialistes scandinaves et la grande dépression. Les capitaux rentrent et refluent aux caprices des très riches. Par « très riches » j’entends ceux dont la richesse est si vieille et énorme qu’elle les rend transparents aux revues journalistiques et légales, si riches que leur commerce d’initiés dans les bourses mondiales est non seulement légal mais prévu, si riches que leurs garçons de course sont les chefs d’entreprise les mieux payés et les dignitaires les plus puissants. 

Je doute qu’assez de monde n’ait saisi l’accumulation tentaculaire de l’intérêt composé au fur de centenaires ni des capitaux ni des pouvoirs inouïs qu’elle mettraient entre les mains de certains. Cette sorte d’entreprise, le fruit de multiples générations de rentes circulaires sans ne toucher entre-temps ni au principe ni à l’intérêt, elle est illégale à ce jour mais ne le fut pas auparavant. Ses rares pratiquants se sont assurés de claquer la porte derrière eux. Son taux d’intérêt a pu être très bas et donc assuré ; ces ultimes bénéficiaires, en être indignes. Aucune importance, ils furent rendus énormément riches et puissants de toute façon. Apprenti leur est adressé en particulier. Soit que nous jouissions de cette transformation, ils en jouiront encore davantage. 

Voici le lien que ceux très riches détiennent avec les élites d'info qu’ils dominent et le prolétariat d'info vautré sous leur tour télescopique :

·      Les prolétariens d'info sont comme des animaux au zoo : sous commande totale et sans bonne idée de ce qui se passe ailleurs, hormis les routines rassurantes qu'ils évaluent comme les plus importantes. Ils ont été enseignés depuis l’enfance à ne pas s’intéresser d’autre chose. 

·      Les directeurs d'armes sont comme les employés du zoo. Ils retiennent contrôle quasi-absolu sur les bêtes sous leur surveillance et une certaine notion de ce qui se passe ailleurs, mais très peu de contrôle sur leurs propres prises de décision et sécurité d'emploi. 

·      Les richissimes ressemblent au conseil administratif gérant les ordres inférieurs de ce zoo. tout en leur demeurant distants, invisibles et essentiellement hostiles.

Quel est le contrôle central du zoo ? Tu pourrais le reconnaître comme une valeur mentale enfoncé dans l'esprit humain, qui favorise surtout la satisfaction de sa curiosité et sa primauté sur le monde naturel. Ces trois couches d'acteurs, leurs allocations de classe et leur lot de vie ; elles dépendent des exigences de cette valeur spirituelle. 

La marée des finances, que ce flux soit inflationniste ou déflationniste, enrichit ces ultimes conspirateurs d'avarice aux dépens des restants. Chaque sursaut de panique militaire promeut des directeurs d'armes au péril des restants. Chaque manipulation, privation et dégradation de bonnes données semble simplifier la tâche de contraindre la classe inférieure. La mentalité d'armes, voici la valeur spirituelle qui dirige cette procédure. 

Le règne gouvernemental n'est pas non plus une question de force militaire. Un Etat militaire trop musclé (la France sous Napoléon, le Paraguay sous Lopez et l’Allemagne aux mains des militaristes prussiens) menace ses voisins au point d’être submergé sous les nombres, sinon surcharge son économie à la ruine. Les Soviets en sont parvenus il y a quelques années et les Etats-Unis l’abordent de nos jours, en imitation de leurs prédécesseurs de l’empire britannique il y a cent ans ; les vieux nouveaux-venus Chinois remplaçant les jeunes arrivistes américains.

Ce serait comme d’observer des taches microbiennes germer de points divers sur la surface terrestre, comme si sur un plat de pétri, et s’y rivaliser inconsciemment.
 
 

Quand j’invoque « la technologie d’armes, » laisse tomber la caricature du heurt de bottes cloutées, de fanfaronnades grinçantes et de démagogues intoxiqués du pouvoir. Ne confonds pas la mentalité d'armes avec son sous-ensemble de fascisme militariste. L'humanité s’est trop souvent divertie avec cette terrible parodie dont les conséquences se sont conclues en désastre. De quoi ceux consciencieux nous ont toujours averti ; cette sagesse que tout le monde réussit à ignorer.

Oses-tu maintenir que personne n’ait averti le Volk allemand du danger mortel que représentaient les Nazis ? Que des gens influents n’en aient prêté attention suffisante, tout en remplissant leur coffre fort des dents en or de Juifs massacrés ?  Ces jours-ci, ils ajoutent tout plein de zéros à leur compte en banque, gueulant fort contre les immigrés, bombardant aux sous-munitions des civils outremer, et alimentant l’hyperthermie mondiale. Aplatie pour bonne cause il y a presque un centenaire, la sottise organisée du fascisme s’est à nouveau ranimée.

 Si une armée de brutes de caserne et de gangsters choyés remplace la police compétente et l’administration efficace, elle perd sa valeur défensive contre celles à l’étranger, même pour autant pourries.

Même le plus létal des Etats modernes d'armes sera contraint d’amasser une certaine quantité de technologie paisible. Comme paradoxalement démontré par les républiques occidentales, un Etat d'armes est dangereux en proportion a la gamme de ses bénéfices paisibles. La musique de Mozart et de Peter Gabriel, la bonté, le jardinage, des chimères de progrès politique : ces prestidigitations de civilité ne prennent seconde place qu’aux sanglants buts primaires d’une société d'armes.

La puissance politique s'établit sur ses communications, ainsi que la clef du pouvoir particulier reste dans son acquisition de données. Quand des conspirateurs planifient les premières étapes de leur insurrection, les centres d'émission radio, TV (et internet ?) seront leurs premiers cibles de mainmise. Merci de cette illustration, Paul Lackman.  Selon Thom Hartmann, la Presse est la seule industrie secondée par la Constitution américaine. Les corporations commerciales n’y figurent nulle part, ni nulle part cette notion ridicule : « Les corporations sont des gens. » Des gens sont mortels ; les corporations, pas nécessairement. En dépit de la constitution, les appuis corporatives ne sont soutenus que par une Cour suprême en forfaiture de son mandat.  

Les Etats d'armes fléchissent les muscles de leur souveraineté en affaiblissant des transactions sociales autant internes qu’externes. La civilisation ne se rend puissante, libre et riche que dans la mesure qu'elle permet à ses communications de croître en complexité ; ceci conformant à la formule de fauteuil que nous passerons en revue dans son propre chapitre. 

Les Etats d’armes sabotent leurs communications civiles afin de « mieux les contrôler. » Ce contrôle fantaisiste de l’écoulement des données nécessite la subversion des communications contemporaines et la rémission de leur croissance. Cette déchéance aggrave la pauvreté ; son renversement promeut l’abondance tout en aggravant la vulnérabilité militaire.

Un peuple raffiné peut opérer sous des lois « libérales » (dans son ancien sens positif, « généreuses » ce sens inversé depuis en sa contradiction par la mentalité d’armes, « mercenaires » en anglais comme en français.) Il peut même s’en prétendre affranchi. Son dialogue peut s’homogénéiser par dévotion excessive aux sports et téléromans ; par adhérence à des pseudo-idéologies d’extrémisme irréconciliable fait exprès ; légalismes paralysants ; doctrines machinales, liturgies adulées ou dogmes idéologiques ; par les beuglements d’un tyran dément (Trump) ; par des narrations obsédantes de crimes triviaux mais dramatiques ; voire des tsunamis de sottises dites commerçantes. Quoi qui suffira pour détourner l’attention publique et son commentaire de l’antinomie d’armes et de paix. L’apaisement ? Son entendement a été inversé aussi : de la simple "mise en paix particulier" en l'exceptionnel rendement "lâche" de peuples entiers, à la pacte de Munich.

Voir les cinq cents mots clefs les plus recherchés sur l’Internet : (http://www.searchengineguide.com/wt/2011/0118_wt1.html — je n’ai pas pu trouver l’équivalent en français, ni l’estomac de confirmer la sottise d’une liste davantage contemporaine. La constance en majorité de leur frivolité pourrait te surprendre.

 Cette contamination intellectuelle est plus facilement transmise par des médias de monologue de masse. Ces médias, à eux seuls, (dont les communications vont en un sens) réduisent la potentialité des communications par au moins dix fois. Exactement les mêmes voies de transmission pourraient transmettre une dizaine de fois plus de données utiles (peut être énormément plus) si ajustées de sorte que la moitié de leurs diffusions découlent dans chaque sens.

Il va de même pour des logiciels espions (tels que Prism.) Leur drague à l’aspirateur, des données du bas en haut, doit être d’une qualité plus ou moins triviale du point de vue des Apprentis, car limité dans un seul sens. Soit qu’elle comprenne une trahison constitutionnelle et tôt ou tard une certaine fatalité politique, sa qualité formatrice doit nécessairement prouver minime. Ainsi que les annonces publicitaires sont pour la plupart insignifiantes car émises en sens unique et bornées au simple profit — soit leur gaspillage pantagruélique de temps et de talent. 

Ces communications équivalent à l'écoulement des données, elles sont proportionnelles à la richesse sociale : combien de milliers de fois davantage de pouvoir d’achat sans inflation (ces termes seraient obsolètes au monde paisible), indépendamment des langues de bois idéologiques affirmant le contraire. Cette marée d'interactions personnelles et de dialogues complexes engendre l'abondance de la technologie paisible. Divisée, en toute probabilité, par la somme des communications nuisibles. Ces vandales d’info doivent être ostracisés dans leurs propres réseaux caducs : un autre aspect de la précision des Apprentis quand comparée à nos institutions malhabiles. 

Tandis que ces dialogues se développent et s’étendent au-delà de l’ordre central, ils menacent de déstabiliser la hiérarchie d'armes en la rendant vulnérable aux menaces d'extrémistes internes et externes. En tentant de ralentir cette déstabilisation, les propagandistes d'armes amplifient le volume (en quantité et sonorité) la pénétration et la répétition du monologue officiel. Ils simplifient la réalité publique au point de la rendre en parodie du monde réel. Prier consulter une heure d’actualités corporatives. Cette massive simplification contre nature intimide les prolétariens d'info en dissidence d'armes, paralysie hystérique et autisme social.
 
 

Les dissimilitudes entre des Etats d’armes national-communistes et national-capitalistes sont strictement situationnelles, c'est-à-dire basées sur leur perception de menaces géostratégiques. 

Plaçons la population des USA entre l'Europe, la Turquie, l’Iran, l'Asie méridionale, la Chine et la Mongolie ; et celle de l’ancienne Union soviétique, entre le Mexique, le Canada, l’Atlantique et le Pacifique. Les Américains se seraient rendus plus rapidement en militaristes exécrables, alors que les Soviets auraient pourvu leur tyrannie militaire d’une saveur davantage libérale si passagère. Leur laissant chez eux dans cette histoire, les Russes se seraient rendus plus libéraux s’ils eussent pu bloquer leurs envahisseurs loin de leur frontière ; et les Américains, plus vite totalitaires s’ils dussent mener leurs ultimes combats contre des conquérants étrangers jusqu’aux bords du Mississippi, tels que les Russes ont dû bloquer le flux Nazi (et d’autres de divers dates et directions) au rives de la Volga.

Il n’est question que de la nature, l’ampleur et l’avantage potentiel des hordes militaires que l’on se croit devoir tenir au loin.

Appliquons le degré de menace actuel d’armes nucléaires, scalaires et biochimiques en assaut transcontinental. Qu'elles soient enfournées en appareil balistique, émis et triangulés de vergers d’antennes scalaires bien nourries d’énergie (comme des hologrammes au laser) ou traînées dans des valises en toc par des fanatiques en sueur : aucune différence. Observons ces mêmes sociétés, puis les autres sur terre, se condamner au despotisme militaire cumulatif et à l’omnicide : « Mettez tout ce qui vit à mort ! » : l’ultime simplification du torrent naturel des données…

 … A moins qu’un miracle de Troisième millénaire ne permette à une masse critique de sages à travers la planète d’amorcer le monde paisible. Grâce à la WWW, nous pourrions prévoir une transformation paisible en dépit de nos craintes les pires. La toile globale, certainement un système de dialogue, te permet de convoquer mon texte, et moi, de te le transmettre au frais raisonnable, du moins pour le moment. Le sabotage de la neutralité de la toile par une conspiration réglementaire et corporative peut assez facilement mettre fin au texte en ligne d’Apprenti, tel qu'aux mains du parti communiste chinois. 

Faciliterez-vous, toi et tes compagnons, cette transition au Troisième millénaire paisible ? Ou vous assoupirez-vous comme des spectateurs flegmatiques — sinon encore pire, vous figerez-vous en opposants durs ? 

Allons lire plus loin, Apprentis activistes…

Ces pages tracent le pourquoi, le comment faire, et les résultats du monde paisible qui nous attend. Elles ne traitent ni de sermons ni du souhaitable, mais d’échéances

Cela t’intéresse ? 



 

- LA FORMULE DE MENACE –

 

Le compte des corps x (distance / (temps au carré))

La civilisation raffine sans cesse une formule de menace tassée d’autres constants et variables. L’histoire enregistrée ne n’offre pas grand-chose de plus qu’un compte rendu fourbe de cet affinage compulsif.

L'humanité a oublié autant de technologie paisible qu’elle a retenue d’entendement d'armes. Mortalité d’enfantement, calories absorbées par personne et chansons interprétées : de tels ont fluctué et furent sitôt oubliés. Entre-temps, la mémoire collective a scrupuleusement retenu les exigences d'armes. La gestion d'armes est tout à laquelle l’humanité a excellé de façon immanquable. 

La gérance d’armes n'a jamais assuré la sécurité à longue échéance de ses adhérents. Le plus passionné notre enlacement dans les bras de la technologie d'armes, le plus probable que son prochain paroxysme nous étouffe avec tout ce que nous tenons chéris. 

Chaque nation identifie (ou invente) des menaces stratégiques – tant chez elle qu’à l'étranger – et dispose d’un trousseau de comportements et de technologies à l’appui de sa contre-menace préventive. Du Trinidad à la Place Tienanmen, chacune est une œuvre maître de la gestion d’armes, optimisée pour la guerre. Chacune peut illico passer sur pied de guerre et mener lutte continue, quoiqu’elle soit pareillement vulnérable à la dévastation totale en quelques heures. 

Nous avons oublié la plupart des technologies et mentalités scrupuleusement paisibles, soit à base religieuse ou idéologique, même celles adoptées autrefois par des civilisations d’armes moins défendables que les nôtres. Tout ce qu’on admet comme paisible aujourd’hui dût être constamment oublié et réappris. 

Par définition, la gestion entièrement paisible est préhistorique : en dehors de nos écrits historiques car l’histoire écrite l’a anéantie. Celle-là aurait pu être extrêmement raffinée autrefois, mais fut considérée « primitive » ou réduite au néant par notre barbarisme d’armes. 

 

La technologie d’armes oblige une économie autrement paisible de laisser tomber ces volets soutenables de développement et de créativité. Même en temps paisible, beaucoup d’ouvriers sont mis désœuvrés pour satisfaire la demande de recrutement militaire. De nombreuses technologies paisibles sont rejetées comme inefficaces du point de vue coût, telles que l’énergie solaire et éolienne. En revanche, de ruineuses technologies d’armes bénéficient de primes doubles et triples. 

Chaque centrale nucléaire, par exemple, exige des fortunes quintuples : les deux premières défrayant ses coûts de construction et d’opération ; les trois en aval : de sécurité, disposition de déchets radioactifs et décontamination. Jusqu’à présent, aucun réacteur nucléaire commercial n’a été démantelé. Nous en reparlerons, de ce montant astronomique non moins celui requis pour le demi-millier bientôt suranné. Cela typifie le système d’armes : ruineux du point de vue paisible et de létalité correspondante.

 

L'éducation de norme inférieure et le sous-emploi n’ont jamais diminué l’inflation, quoique telle diminution soit la justification habituelle pour un manque d’emplois au point d’être abusif. Le chômage n’a jamais résolu des problèmes économiques, il les aigrit. 

Pendant la deuxième sic guerre mondiale – en dépit d’une mobilisation totale et son plein emploi – l'Amérique neutralisa l'inflation en taxant les profits militaro-industriels et les redistribuant par voie d’un GI Bill d’emprunts immobiliers et éducationnels, (ce projet de loi visant les GIs vétérans) et de programmes d'aide économique à l’étranger (le Plan Marshall en Europe et ceux moins bien publiés au Japon et « petits tigres » d’Asie.) 

Les peuples et gouvernements scandinaves l’ont tant bien réussi après la deuxième sic guerre mondiale, en taxant le tout sévèrement et prodiguant de cette fortune pour le plein emploi de généreux travaux et services publics. Jusqu'à leur relance de fin de centenaire comme prochain terrain de stationnement McDonalds, conforme aux autres, 

En revanche, les infractions et émeutes s’amplifient quand le chômage s’aggrave. Le recrutement militaire se rehausse dans la même mesure, ainsi que la qualité des recrues. Les réactionnaires politiques s’en réjouissent comme des larves dans le pourri. 

Ces gaspillages – soit d’origine criminelle, industrielle et environnementale, soit d'imposition – ont cela en commun. Comme la carcasse d’une baleine dépecée sur la plage, elles laissent traîner des festons de graisse financière en temps de paix, qui peuvent être recyclées pour défrayer les urgences martiales à venir. 

Voici pourquoi les directeurs d’armes ne parviennent jamais à contrôler l’injustice usuelle, le gaspillage économique et le crime rampant. Ceux-ci se prolifèrent en temps de paix, en dépit de nombreuses tentatives bien intentionnées de les proscrire. Réinvestis avec meilleure efficacité en temps de guerre, ces gaspillages des dividendes de paix financent des projets imprévus mais cruciaux d'armes. 

Obtenir qu'un Etat en armes opère avec justice et compassion, ce serait pareil à obtenir qu'une décharge d'ordures sente comme des roses. Remarque que l’on peut bien l’accomplir, et assez facilement d’ailleurs, en couvrant les ordures de terre arable et en plantant des rosiers. Mais ce ne sera plus alors une décharge d'ordures. La technologie d’armes ne se transformera pas en celle paisible sans la détruire en exposant ses transformateurs à des techniciens d’armes encore plus réactionnaires, mieux armés et fanatiques, tant chez eux qu’à l'étranger.

 

La réputation nationale est un autre figurant clé dans la formule de menace. Combien de guerres précédentes ont abouti en victoire ? Combien en défaite ? Assez souvent de suite, de façon paradoxale, des armées battues se sont rendues en adversaires encore plus dangereux que celles jouissant d’une longue série de victoires. Surmonter la défaite militaire et rétablir la cohésion politique sont des tâches gouvernementales beaucoup plus exigeantes que la simple régence d'après la victoire. Celle émérite peut transformer la défaite militaire en succès à long terme. N’importe quel incompétent peut régir une nation victorieuse. Des conspirations de sots ne l’effectuent-ils pas à l’heure actuelle ? Les meilleurs chefs d’après la défaite peuvent bien battre ceux médiocres d’après la victoire.

Le général américain, George Patton, affirma que personne n'a gagné la guerre en se tenant sur la défensive. L’expérience américaine de la guerre au Vietnam, et celles des Russes puis des Américains en Afghanistan, l’auraient rendu aussi confus que ses confrères militaires, plagiaires de John Wayne, capitalistes comme communistes. Sans doute aurait-il décrété la destruction sur-le-champ de ce genre d'adversaire à coups de bombe atomique. Ainsi que des généraux français en Indochine ont prévu contraindre l’armée américaine à Dien Bien Phu : la persuader de larguer une bombe atomique (plusieurs ?) sur l’énorme cible dont ils avaient rendu l’armée Vietminh, en déployant leurs troupes d’élite comme appât dans le mille. Les généraux MacArthur et Lemay et leurs pairs génocidaires militaro-politiques souhaitèrent s’occuper ainsi de l’intégralité du monde communiste. Les pertes américaines, au chiffre approximatif d’une centaine de millions, leur semblaient « acceptables » afin d’éliminer la menace…

Personne à l’époque ne fut permis de discuter l’hiver nucléaire. Ils s’en rendaient parfaitement compte, il y a de cela longtemps. 

 

En réalité, personne n'est parvenu à la victoire militaire décisive. De telles ont été soumises aux imperfections du monde matériel, (ce que Clausewitz appelait « friction ») comme d’autres aventures terrestres. Alexandre le Grossier de Macédoine a bien pu s’approcher à la victoire totale, mais ses triomphes lui coûtèrent sa vie et son empire. Les Mongoles et d’autres s’en sont peut-être approchés, à coups prodigues de génocide, mais leurs ambitions les ont décousus presque aussi rapidement.

L'Amérique se vante d’avoir gagné les deux guerres dites mondiales sic. Malgré cela, ses centaines de milliers de pertes en guerre depuis, son complexe militaro-industriel-renseignement-pénitencier en boursouflure, l’écroulement de ses infrastructures civiles, son électorat ignare et de sa direction de stupidité surpassant les cimes du génie : tous nient cette vie en rose. 

 

En guerre totale, ceux les plus courageux, obéissants, idéalistes et appliqués périssent au premier rang du combat (ainsi que ceux les moins.) Des médiocres sont laissés, dans l'ensemble, pour ramasser les bouts. Il a fallu des décennies pour permettre à l'Europe de se remettre de ses multiples paroxysmes ; l'Amérique ne s'est jamais remise de sa guerre civile ; et les anciens pays communistes ont à peine émergé de leur coma traumatisé. Une nation ravagée par la guerre totale ressemble à la victime d’un coup de cerveau : retrouvant peu à peu l'usage paralytique de ses membres, sa voix et sa mémoire. 

Somme toute, chaque empire se rend la proie de ses contradictions internes. Des organisations superbes ont été uniquement capables d’absorber des pertes maléfiques et émerger en succès durable. A la suite de chaque défaite, des techniciens paisibles survivants – les meilleurs disparus au combat en tant que chefs de petite unité et simples soldats gentilshommes, voire massacrés des deux côtés comme régents de communes sans défense : instituteurs, docteurs, prêtres et tels – raccommodent la structure sociale effilochée, restaurent la base de production épuisée et rassurent le public secoué. Dès le rétablissement d’une modeste infrastructure paisible, des directeurs d’armes renouent leur contrôle illicite et reprennent leurs abus. 

A quoi la civilisation ressemblerait-elle si tant d’artistes, de braves gens et de savants n'eussent péri en guerre ? Pense aux milliers d’équivalents internationaux d’Einstein, Tesla, Kant, Monet, Clara Barton, Verlaine et Yeats, hachés sous des barrages d’artillerie et tombés malades en tranché charnière. Et leurs enfants qui disparurent par manque de bonnes eaux et récoltes, de médicaments et de soins. Multiplie ces sacrifices par des milliers d’instances historiques en encore plus de localités.

La Deuxième sic guerre mondiale suivit la Première sic comme un rouage d’horloge, non à cause d’un mythe quelconque d’inévitabilité géopolitique mais parce que le génie collectif qui aurait pu maintenir la paix fut décimé lors de batailles précédentes qui ne sont parvenues qu’à remonter l’horloge coucou de la mentalité d’armes. 

Si ce sort leur eut été épargné, la culture mondiale serait sans doute beaucoup plus belle, raffinée et significative — bien moins encombrée de mauvais goût, de bric-à-brac produit en série et des vétilles littéraires, philosophiques et politiques que favorisent les médiocres vicieux que la guerre épargne et promeut à leur place. Un âge d’or, quoi.

L’étude de la technique de survie d'une communauté battue est plus intéressante que celle d’empires militaires « prospères » que nous sommes tenus à révérer. Ceux-ci ont tendance à crouler après la mort de leur initiateur charismatique ou leur première défaite sérieuse. En outre, l'histoire de la mentalité paisible est un staccato d'inepties bien intentionnées qui semblent toujours aboutir en désastre. Des attitudes et stratégies d’après la défaite devraient donc attiser la curiosité des Apprentis. 

Nous pourrions tirer certaines conclusions à l’égard des dissidents d’armes. Leurs nombreuses défaites les ont rendus aussi avides de réussir que paumés quant aux moyens d’y parvenir. Ils s’obstinent à revalider des anciennes tactiques et renier la pérennité de leur faillite. Comme des aliénés mentaux momifiés en camisole de force et cellule capitonnée, ils se répètent les mêmes distractions vides en attendant des meilleurs résultats. 

La gérance actuelle du monde a réussi à saboter le progrès (de façon consistante et irrésistible) mieux qu’en auraient pu les pires ultras. Ils ont saboté le programme progressiste d’en haut, du dedans et d’en bas, comme en sont parvenus les Nazis en Allemagne. N’est-ce qu’à cela qu’ont réussi les « leaders » progressistes ? Sans doute, étant donné leurs résultats.

Pendant l’initiative de gèle nucléaire en Alaska en 1986, une plaisante femme d’âge mur reçut chez elle les activistes de la ville d’Anchorage. Vers la fin de cette campagne, nous dûmes nous réorganiser par téléphone ailleurs que chez elle car, en dépit de ses expressions ferventes d’appui, elle parvint à rechigner chaque nouvelle action suggérée dans sa présence. La même chose a pu arriver au corps anarchique des progressistes altermondialistes : leurs activités gérées, sponsorisées et sabotées par nos pires ennemis travestis en promoteurs inspiratoires ? Cela expliquerait des tas de choses…

 

Les réactionnaires ont quelques avantages sur les progressistes inopérants : leurs chefs n'ont pas besoin d'être admirables. Au contraire, vaudrait mieux qu’ils soient draconiens, bigots, arbitraires et punitifs (Trump.) Ils doivent mentir sur une vaste gamme de sujets avec sincérité zélée. L’humour leur est superflu, c’est plutôt pour les faibles. Toute déviation sous-entendue de ces extrêmes sera reconnue comme une tactique hypocrite et le déviationniste, son pratiquant estimé pour sa capacité de duper les crédules. Les conservateurs éliront un mufle (Nixon), un médiocre (Bush le moindre), un enjôleur d’arnaques (Reagan) ou un déboussolé patent (Trump), pourvu que celui-ci promet d’embrasser avec délectation leur conspiration d'avidité. Aucune politique rationnelle ne lui sera exigée ; au contraire, celles les plus émotives, simplificatrices, évasives, préjudiciables et servant à soi seront préférables. Les entrains de base auxquels ils font appel (sous-entendus, si nécessaire) sont l’avarice, la panique, la bigoterie, la plainte de soi et l’avoir droit injustifié. 

L’appel émotionnel semble marcher mieux pour eux que ceux de la sagesse, à tel point qu’ils doivent récurer ceux-ci du discours public. Cette idée est intéressante en soi. Les psychopathes, démunis d’empathie, font appel aux émotions de panique afin de rejeter le bon sens. Ceux qui carburent à l’empathie font appel avant tout au bon raisonnement et trouvent des émotions pour plupart insignifiantes. Après tout, pour ceux consciencieux, peu d’appels à l’émotion sont nécessaires ; le bon raisonnement va de soi. Quant à ceux démunis de conscience morale, leur rabâchage de l’émoi semble essentiel. En fait, n’avoir aucune politique à part la répétition de banalités insultantes, semble réduire leur vulnérabilité aux critiques raisonnables.

De nombreux politiciens conservateurs ont fondé leur carrière prospère sur la fraude, la supercherie, le chantage et pire ― partagés par des éminences grises. Ceux les plus puissants ont concentré leur malice sur une ou plusieurs minorités choisies comme gibiers. Leurs méfaits quotidiens, si rendus publics, les auraient précipités en oubliette politique : (Joseph McCarthy, Richard Nixon, Kurt Waldheim, Radovan Karadzic, etc.) Quel dommage qu’ils aient été protégés par des élites également corrompues. 

 Lier la patte des Nations Unies, lobotomiser le State Department, (le ministère des affaires étrangères aux USA) et planter des chefs troglodytes dans les agences de renseignement, ce sont des habitudes de longue date des réactionnaires américains. Le moins de maîtrise que ces organisations démontrent, les plus copieuses les guerres et les crises terrestres permises, avec des revenus de guerre correspondants pour leurs patrons minables. 

Puisque leurs abus ont passés depuis longtemps sans correction, tout ce qu’on peut attendre de telles agences, c’est de l’ineptie haussant les épaules, stagnation bureaucratique, massacre dans les coulisses (au drone, à présent : cette tactique d’une ressemblance saisissante à celle des Assassins de l’ancienne Syrie), shadisme de bigot et semence de panique médiatique sur commande. 

Qui aurait prédit que 8.000 hommes en automitrailleuses 4x4 Toyota auraient pu mettre en déroute quatre divisions d’infanterie irakienne équipée et entraînée à l’américaine ? Sinon que les arsenaux de Kadafi nécessitaient d’être bombardés en tapis pour prévenir qu’ils ne tombent entre des mauvaises mains et n’enflamment le Moyen orient ? Qui donc ? Depuis son enfantement en Afghanistan sous l’occupation soviet, d’une manière ou d’une autre, Daeche fut subsidié et son recrutement éperonné par les Etats-unis.

Des revenues colossales d’impôt disparaissent dans la poche des pires malfaiteurs que les réactionnaires peuvent trouver autant chez eux qu’outremer. La base aérienne de Bagram en Afghanistan reçut des palettes de devises américaines emballées à la tonne sous film plastique, immédiatement transférées vers des comptes bancaires à l'étranger par des habitants locaux corrompus. Le Pentagone ne peut même pas rendre compte des milliards de dollars que ses carriéristes aux portes tournantes civiles et militaires se paient chaque année, comme s'il s'agissait de la monnaie du jeu Monopole. Pense au vice-président Dick Cheney et aux milliers de ses pairs louches : des renards à la garde du poulailler.

En revanche, les progressistes hésitent à soutenir n’importe qui. Ils s’attendent à ce qu’un Moïse leur guide dans la terre promise. N'importe qui dont la sainteté n’est pas certifiée sera indigne de leur dévouement. Cette incertitude moraliste, c’est leur plus grande gloire et leur faiblesse la plus consistante. Le Chef parfait qu'ils attendent si placidement, il peut être aisément assassiné, laissant le champ libre pour des réactionnaires et des magnats requins pendant une nouvelle génération ou deux, centenaire ou deux, jusqu'à ce que la prochaine cible charismatique ait le cran de se mettre debout pour être abattu à son tour, et ainsi de suite.

Pour une raison ou une autre, les progressistes ont refusé de prendre le premier pas : se rallier sans trop se soucier d'organisation et de faiblesses particulières. Ils préfèrent déléguer le risque et la responsabilité de cette transformation au mirage d’un messie dans une avenir nébuleux et bien reculé.

Personne n’a saisi cette vérité de base : la Voix et la Vision parfaites qu'ils attendent si placidement, c’est la voix de la conscience morale qui perche dans la superconscience collective, à l’épreuve de l'assassinat politique et du défaut de caractère puisque disséminée parmi eux tous.

 

 

La plupart des conquêtes coloniales ne furent que de présomptueuses expéditions de pillage ambitionnées par des militaristes, journalistes, entrepreneurs, politiciens et fanatiques religieux, autrement insignifiants. Ils ont versé du sang et de l'encre rouge à plein seau, en dépit de la réticence des citoyens métropolitains et de leurs bureaucraties. 

Quant à l’influence des riches, eh bien ! 

 

« Chaque grande démarche politique, qui implique un nouveau flux de capital ou une forte variation dans la valeur des investissements actuels, doit obtenir l’autorisation et l’aide pratique de ce groupuscule de rois financiers… »

« Créer des nouvelles dettes publiques, lancer des compagnies neuves et susciter des variations persévérantes et considérables de valeurs, ce sont les trois préalables pour leurs affaires avantageuses. Chacune d’elles les engage dans la politique et les projette du côté de l'impérialisme. » 

« Les arrangements publics du financement de la guerre aux Philippines ont mis quelques millions de dollars dans les poches de M. Pierpont Morgan et ses amis ; la guerre entre la Chine et le Japon, qui harnacha pour la première fois l'empire céleste à une dette publique, et l’indemnité qu'elle devra verser à ses envahisseurs européens dans le cadre du conflit récent : tous apportent du blé aux moulins financiers de l’Europe. Chaque concession arrachée d'un potentat étranger mal disposé, qu’elle soit ferroviaire ou minière, implique une autre affaire avantageuse pour l’accroissement du capital et le lancement de compagnies. La politique qui suscite des frayeurs d'agression … et incite la rivalité entre des nations commerçantes, … suscite de vastes dépenses aux armements et des dettes publiques qui s’accumulent toujours, alors que les doutes et risques qui découlent de cette politique promeuvent une oscillation persévérante dans la valeur des titres, si avantageuse au financier habile. Aucune guerre, ni révolution, ni assassinat anarchiste, ni autre choc public n’a manqué de rendre profit à ces hommes : ce sont des harpies qui sucent leurs gains de chaque nouvelle dépense forcée et trouble subit du crédit public… »

« Il est vrai que la politique de ces messieurs ne mène pas nécessairement à la guerre. Là où elle provoquerait des dégâts trop étendus et permanents dans la cohésion tangible des industries – la base primaire de leurs spéculations – leur influence sera lancée pour la paix. [Nota : ceci fut écrit avant la première sic guerre mondiale qui dressa un démenti formel de cette conclusion.] … Mais chaque hausse de dépense publique, chaque oscillation du crédit public à moins de son écroulement, chaque opération audacieuse par laquelle des ressources publiques sont rendues garantes de spéculations privées, toutes sont avantageuses au gros prêteur et au spéculateur. »

« Etant donné la part dans l’expansion impériale que jouent des influences non économiques : patriotisme, aventurisme, expédition militaire, ambition politique et coup de théâtre philanthropique ; il semble qu’imputer tant de pouvoir aux financiers, ce serait adopter un point de vue historique trop étroitement économique. Et il est certain que la force motrice de l’impérialisme n'est pas principalement financière ; les finances sont plutôt le gouvernail de ce moteur impérial, qui dirige son énergie et détermine son travail ; elles ne constituent pas son carburant ni ne fournissent-elles son énergie en directe. Le monde financier manipule les forces patriotiques que suscitent le politicien, le soldat, le philanthrope et le négociant ; l'enthousiasme pour l’expansion, issu de ces sources, il est désordonné et aveugle quoique vigoureux et authentique ; l'intérêt financier possède les vertus clairvoyantes de concentration et de calcul exigées pour mettre l’impérialisme en œuvre. Le politicien ambitieux, le soldat frontalier, le missionnaire trop zélé, le négociant arrogant : ils sont tous capables de suggérer l’expansion impériale voire entamer ses premiers pas, et peuvent aussi contribuer à l’instruction de l'opinion patriotique de la nécessité pressante de nouvelles propositions ; mais l’ultime résolution reste entre les mains du pouvoir financier. L'influence directe exercée sur la haute politique par les grandes boites financières est soutenue par le contrôle qu’elles exercent sur le corps d'opinion publique par voie de la presse qui, dans tous les pays soi-disant civilisés, se rend de plus en plus leur instrument obéissant. » L’impérialisme : Une étude, (en anglais, Imperialism, A Study) par J. A. Hobson, George Allen & Unvin Ltd., Londres, 1902, quatrième impression, 1948, pp. 57-60. [Nota : Les italiques sont les miennes.]

 

Une situation emplie de troubles, de crainte et d'incertitude suscite les meilleurs profits pour l’élite. L'escroquerie préférée des très riches, c’est apporter la plus ardente étincelle de confrontation à la plus épaisse vapeur explosive de tensions internationales, sans embraser la piscine de carburant dans laquelle nous pataugeons tous. 

Ainsi la guerre froide nous a laissé une centaine de millions de morts de guerre, des milliards de pertes supplémentaires à cause de famines et de maladies évitables, avec des millions de réfugiés supplémentaires. A vrai dire, 68,5 millions en 2018 et en hausse chaque année, formant de ce fait la 20eme nation sur terre, déplaçant la population française d’un cran. 

Tout cela a servi comme crèche pour des profiteurs de guerre. Autant qu’ils ont réussi leur jeu sanglant, ils en ont obtenu richesse inimaginable. Mais qu’ils ratent leur coup même pour un petit moment et boum ! Voici leurs propres enfants engloutis dans l’abattoir de la guerre totale avec presque tous les autres.

Les Apprentis défieront cette routine de longue date. De leur point de vue, une politique internationale excellente car bien informée engendrera le pire climat pour de l’investissement de haut risque : trop déplaisant, trop de sécurité pour des victimes distantes, trop de reconnaissance particulière, d’entretiens intimes (« Comment vont les gosses ? ») et d’estime mutuelle. Plus personne parmi les faibles ne restera assez convenablement ignoré et méprisé pour servir comme victime déshumanisée pour profit (comme les pauvres du monde austral servent aux riches occidentaux ces jours-ci.) Plus personne parmi les puissants n’exposera ses conjoints humains, proches ou distants, aux désastres semblables, soit l’improbabilité que ça ira mal. Plus aucun profit là-dedans et beaucoup plus d’ennuis.

Une politique internationale serviable appliquera force minime pour réduire la tension globale. A l’aide d’interactions cosmopolites, la communauté clairement supérieure sacrifiera quelques petites concessions afin de rééquilibrer les affaires après chaque crise (comme entre l’Ile de France et les Yvelines.) Le modéré local gagnera plein appui, alors que les chaosistes et les extrémistes prismatiques seront désarmés par force minime. Cette politique frustrera les trafics de haut risque sur la surface terrestre. Les Apprentis transposeront l’attention de tels joueurs dans l’espace extraterrestre : là où leur addiction aux grandes crises et grands risques réussira mieux.

Un prochain projet d'entreprise privée dans l'espace orbitale pourrait être un habitat en forme de roue tournante comme celle du film 2001, mais ressemblant à une géante roulette vue de près, et vue comme une grosse étoile écarlate depuis la surface terrestre. Elle servira comme casino de luxe pour les riches et zone d’escapade ou de panoplie de célébrités.

Sous la gérance des Apprentis, chaque instrument trouvera sa place en coopération avec ceux complémentaires, chacun réalisant ce qu’il fait de mieux et laissant le reste aux autres mieux qualifiés. 

Plus jamais une gérance d’armes, que ce soit par le nihilisme au compte-sous d’un empire esclavagiste de marché corporatif ou par une nouvelle idéologie ou culte (quel qu’en soit l’attrait) dominant partout par force brute et ne parvenant à rien contrôler avec efficacité. Il semble que c’est Dieu qui contrôle tout sous les cieux. Cela n’a jamais été le cas pour une institution exclusive que l’homme ait inventée et imposée à force d’armes. 

Quand des politiques d’armes se gâtent en massacres et désastre, elles ne peuvent pas être caractérisées comme « échecs et erreurs » tels qu’on a été mené à les supposer. Au contraire, les directeurs d’armes empirent ces fâcheux résultats exprès. Après chaque désastre et crime massif, nous sommes réduits à spéculer, « Qu’est ce qui dût mal tourner ? » La réponse ? « Rien n’a mal tourné. Tout s’est déroulé strictement selon la planification des gestionnaires d’armes. »

Chaque fois que nous confondons la gestion intentionnelle d’armes avec des accidents d’avidité, de folie où de stupidité – toutes insignifiantes – nous permettons aux directeurs d’armes de brouiller leur trace. 

Nous ne pouvons même pas considérer la guerre totale nucléaire comme un échec de leur part. Après tout, des abeilles guerrières meurent une fois qu’elles aient piqué de leur dard. Cette fatalité ne les empêche pas de piquer une cible menaçante. Elles peuvent donc se flatter, avec leurs derniers clignotements de conscience, qu'elles ont rendu honneur à leur devoir. C’est le même cas pour les barons d’holocauste nucléaire auxquels nous avons rendu les moyens de terminer la vie civilisée sur cette planète pour défendre des valeurs légitimes ou pas.

 

Les embargos d’armes ne réussissent pas mieux. Des régimes légitimes et leurs citoyens innocents subissent la plupart des dégâts d’un embargo bilatéral d’armes. De tels ont raté pendant la guerre civile en Espagne, l'invasion italienne d’Abyssinie, la récente crise en Yougoslavie, en Irak entre les deux guerres, ainsi qu’en d’autres lieux et saisons. 

Toute justice reniée, le réflexe des agresseurs avant leur première attaque sera de s’armer beaucoup mieux que leurs victimes. Au prix fort, des entrepreneurs bien organisés (voire criminels) leur fourniront encore plus de munitions sur demande ; ces mêmes brocanteurs souvent mandatés pour régler l’embargo d’armes. Au demeurant, des victimes en masse et leurs gouvernements légitimes souffrent des pires effets.
 
 

Pendant un demi-centenaire, le rappel rituel des Américains, de l’assaut contre Pearl Harbor, a figé la communauté mondiale au bord de sa chaise nucléaire. Leur seule rédemption ? Qu’ils n’aient tiré cette gâchette facile que deux fois pendant leur tournée de ronde, et seulement après une provocation culminante. Quant à la Russie et à d’autres pouvoirs nucléaires, jamais.

D’ailleurs, l’éventualité de guerre subite nucléaire a approché à cent pourcent chaque jour entre 1950 et 1970. L’absence de lancements accidentaux et criminels entretemps ne correspond pas au nombre d’accidents de réacteur nucléaire durant le même intervalle, quoique les opportunités d’attaque nucléaire à chaque échelon d’exécution aient été beaucoup plus nombreuses que celles accidentelles aux centres de contrôle de réacteur. Cette anomalie statistique implique l’existence d’une agence de control étrangère, supérieure a celle humaine, qui prévint la certaineté de guerre nucléaire, et peut-être la guerre nucléaire terrestre tout court, pourvu que cela reste interdite par cette agence.

 

L’onze neuf déclencha les dernières décades de guerre futile entre l’Occident et l’Oumma. Ainsi de même, la part russe de la guerre froide et sa tentative de reprise par Putin ont été en partie justifiées par l’assaut traumatisant contre la Mère Russie sur quinze-cent kilomètres de sa frontière par les Nazis. Les Européens n’ont pas besoin de l’imaginer ; ils ont été joués le même mauvais tour, ainsi que les Chinois par les Japonais. Qu’y a-t-il d’étonnant dans le fait que tout le monde opère à la gâchette facile, puisque tous les gouvernements sur la terre en armes souffrent du syndrome de stress post traumatique !

 

Il est ironique de constater que le Président Franklin Roosevelt a pu connaître à fond le plan d’attaque de l’amiral Yamamoto, bien avant que la flotte de cuirassées américaines n’ait été bombardée à Pearl Harbor. Deux mille quatre cents trois tués, mille blessés, plus de trois cents d’avions détruits et huit cuirassées obsolètes sombrés dans la vase d’Oahu : ces pertes furent moins redoutables que celles de l’alternatif le plus probable.

Si la flotte combattante des U.S.A. avait essuyé l’attaque japonaise à moins de dégâts, elle aurait été expédiée à la rescousse du Général MacArthur et ses troupes aux Philippines, selon le souhait des « amiraux de cuirassée » et du public américain gueulant à mort.

Quatre porte-avions américains, (convenablement absents le 7 décembre avec des vaisseaux rapides cargo et pétroliers tout aussi vitaux) en formation avec presque tous les vaisseaux combattants que la marine américaine put y attacher – leurs avions obsolètes ;  leurs pilotes novices ; leurs radars primitifs, peu fiables ou inexistants ; leurs torpilles défectueuses – auraient convoyé des divisions entières de soldats réguliers et de Marines avec des centaines d’avions, pièces d’artillerie et chars empaquetés : au moins la moitié de la machinerie combattante et des cadres entraînés aux U.S.A.

Quelque part dans le Pacifique oriental, loin de tout appui et pris au piège dans la toile d’araignée de bases aériennes fortifiées japonaises, ils auraient dû confronter dix porte-avions japonais aux appareils superbes et pilotes aguerris, dix cuirassées modernisées, des essaims de submersibles et de vaisseaux d’escorte hérissés de redoutables torpilles « Longue Lance. » 

Ces jours-là, les amiraux bigots américains renvoyaient la prouesse de leur adversaire — une mauvaise manie de routine parmi les militaires américains. Evidemment, chaque dénouement militaire finira mal si l’on sous-estime son adversaire d’avance.

Voulant de leur peau, les Japonais ne se seraient pas encombrés de transports vulnérables. Des duels aériens et des attaques de submersible tout le long de la journée – encore plus déséquilibrés en faveur des Japonais que ceux à Midway et aux Îles Salomon lors desquels les Américains ont à peine prévalu à force de sacrifice héroïque et de minutage miraculeux – auraient alterné avec des accrocs balafres de nuit, comptant sur le coup d’œil optimisé par des binoculaires exquis et de l’entraînement brutal, à l’encontre d’une technologie de radar en enfance : ceux que les Japonais dominèrent de façon routinière jusqu’au mitan de cette guerre.

En bref, s’auraient été des reprises de la bataille de Tsushima. Cette fois-ci, s’auraient été les Américains aveuglés par leur bigoterie et manque de radars, massacrés aux mains des marins samouraïs ; au lieu des Russes qui périrent en 1905 parce qu’ils emmagasinèrent des tas de munitions apprêtées dans leurs batteries d’artillerie secondaire, (afin de prévenir une subite attaque de torpilleurs) qui sautèrent en sympathie sous les premiers coups à longue portée des batteries primaires japonaises.

Au lieu des bas-fonds d’Oahu, les requis militaires de l’Amérique auraient coulé dans les abîmes du Pacifique. Quant aux survivants qui auraient combattu jusqu’aux Philippines, ils auraient simplement additionné à la prise japonaise de prisonniers honteusement abusés. 

Chancelant après cette débâcle, manquant des cadres nécessaires pour sa force armée d’envergure globale, les Américains auraient pris au moins une demi-décennie supplémentaire pour atteindre le degré de compétence au combat qu’ils atteignirent en 1944. Par nécessité, ils auraient ignoré l’Europe au-delà de la défense statique de l’Angleterre. Ils auraient dû contre-attaquer partout au Pacifique pour sécuriser des bases de bombardement à longue portée pour leurs armes atomiques. Contrairement à nous, ils en auraient eu besoin pour bloquer leur ennemi autrement instopable.

 
 En effet, les Japonais ont eu au moins cinq opportunités de prolonger la guerre pour encore une demi-dizaine d’années:

•          Pearl Harbor : revenir à l’assaut une troisième fois et bombarder en ruines les vitaux dépôts de carburant et de raccommodage ;

•          Ile Savo, Guadalcanal : après avoir étripé son escorte de croiseurs, tomber sur la flotte d’invasion américaine et la détruire ;

•          Midway : dépêcher des cuirassés japonais bien en avant comme appâts pour la puissance aérienne américaine, en petites flottilles bien espacées pour débusquer et bombarder les porte-avions américains et l’ile de Midway, et non les retenir en arrière en tant qu’escortes médiocres de porte-avions japonais ;

•          Ile Komandorski : détruire le croiseur américain mis en panne et ses escortes, puis annihiler tous les bâtiments ennemis voguant en voisinage et leurs installations terrestres ; et

•          Golfe de Leyte, Philippines : tomber avec puissance de feu irrésistible sur la flotte de transport américaine laissée sans défenses.
  

Mais l’Amiral Yamamoto, gentilhomme savant et samouraï brillant, s’envenima de sa conviction d’ultime victoire américaine, lors de sa visite en Amérique, au point de convaincre ses amiraux disciples (même d’outre-tombe) que les triomphes listés en haut ne valaient pas le risque.

En tout cas, un sous-marin américain aurait pu livrer un nuque dans la Baie de Tokyo, à Etajima ou une autre cible symbolique (en mission suicide, si nécessaire) tout aussi convenablement qu’un bombardier B 29 qui n’aurait peut-être pas pu se lancer sur Hiroshima ou Nagasaki à partir des Iles Mariannes, car hors de portée des forces amphibies américaines à cause de défaites antécédentes subies selon cette hypothèse.

 

Pour l’énième fois, les gérants des deux côtés se sont convenus à rater leurs plans et négociations d’avant-guerre. Ils ont eu recours au militarisme passif-agressif au lieu de poursuivre la paix de façon active — exactement comme nous l’échouons à présent. Les opposants se sont adonnés aux mêmes erreurs, tamponnées par la Société châtrée des Nations, bien avant que l’incident de Manchourie n’ait déclenché la Deuxième (sic) guerre mondiale, une décennie avant Pearl Harbor.  

Nos Nations unies et Conseil de sécurité (pourvoyeurs certifiés de péril) ne sont même pas marginalement supérieurs. Aucun gouvernement actuel ne peut revendiquer le monde paisible comme son premier dessein, ni légitimité ni souveraineté authentique sauf au canon du pistolet avec notre consentement renfrogné, comme au cours d’un piratage de l’air.
 
 

Alors que les pouvoirs de premier ordre sont fascinés par la dynamique de l’agression militaire, ceux faibles sont également tentés d'en saisir le recours tant que les plus forts s’abstiennent. Des sots de rang élevé (les Agresseurs yougoslaves aux années 1990, par exemple) ont raisonné que cette sorte de retenue soit une signe de faiblesse à être rapidement exploitée. 

Ce dilemme est central. Quand des sectaires d’armes bloquent la paix, ils doivent être désarmés par force minime. Ce serait là une question de prompte intervention policière, non celle militaire adoptée trop tard, à laquelle nous sommes habituées. Des moyens contestables peuvent se prouver légitimes — tels qu’attraper dans leur blouson de nuit des dictateurs de pot de chambre (Assad) ou pomper du gaz soporifique dans des conventions bidon (comme celle des Serbes bosniaques) avant qu’elles votent leur prochaine agression. On doit néanmoins compter sur des procès de jury devant la cour du monde pour rendre jugement final quant à la légitimité de ces tactiques. Les modérés locaux doivent être encouragés par tous les autres moyens. 

 

Après avoir enduré d’énormes sacrifices, une nation battue peut surmonter la supériorité stratégique de son bourreau. Elle peut ressembler son ennemi de beaucoup plus près qu’elle ne souhaiterait admettre — l'imitation militaire étant le défi le plus sincère. Les perdants ranimés seront tentés de défier l’ancien ennemi en match de rancune. Dans ces cas, ces adversaires ont simplement changé de places, leurs paramètres opérants restant semblables : réfléchis mais sans autre dérangement. 

 

Une autre influence sur la formule de menace dissuasive, c’est la somme des années-gens gaspillées au combat, soustrait annuellement de la main-d’œuvre productive et en permanence du registre des vivants. 

Même si l'humanité prodiguait en fainéantise l'effort et les ressources colossales qu’elle dissipe en guerre, nous aurions pu bénéficier d’une vie confortable en ne bossant que quelques semaines de vingt heures et quelques années de telles, poursuivre nos passions entre-temps ou ne rien faire sauf regarder la télé. Le monde serait beaucoup plus prospère de toute façon.

 

La cohésion politique qui relie le prolétariat à son élite, c’est un autre coefficient déterminant dans la formule de menace. Celle-là ne peut être feinte ni contrainte pour bien longtemps. La défaite surgit quand le prolétariat d'info ne soutient plus son élite de façon spontanée. Ce mécontentement populaire doit être amorti en permanence. 

Dans tous les scénarios sauf ceux les pires, (voir « boum » ci-dessus) les élites d'info sacrifient très peu comparé aux bénéfices qu'ils empochent. Ils réservent ce privilège pour le prolétariat d'info. 

A long terme, l'opinion publique doit demeurer apathique, même pour des guerres trop longues et coûteuses (et lesquelles ne le sont pas ?) Lors des guerres sic mondiales, une fois que les enfants de l’élite furent massacrés aussi fréquemment que ceux du prolétariat, leurs parents, gérants de cette guerre, ont refusé d'opter pour la paix. Après tout, ils avaient déjà livré leur ultime sacrifice. Ils n’ont plus voulu céder avant que leur nation protectrice n'ait été aplatie et eux plantés au pied du mur. 

Nous devons prévenir ces ultimes sacrifices et les transformer en célébrations partagées par les mêmes acteurs.

 

Le compte des guerriers bien exercés, multiplié par leur taux de feu, divisé par le temps requis pour les ravitailler, multiplié par leurs vitesses de croisière et de lutte ; divisés par la puissance de feu défensif, par sa capacité de creuser dans la terre, par son blindage, la rapidité de ses manœuvres et le remplacement de ses pertes ; multipliés par... Ces variables et constants et beaucoup d’autres s'intercalent dans une complexe formule de menace que les directeurs d’armes s’obsèdent à raffiner.

Le colonel T. N. Dupuy a tenté de formuler cette formule en définitive dans son livre, Understanding War (Comprendre la guerre.) Il ne l’a pas tout à fait réussie. Ses résultats ont manqué d’être prédictifs pendant la guerre en Irak car ils ont prédit d’énormes pertes américaines sous le feu nourri de l’armée de Saddam Hussein. Cette formule doit exister quelque part en forme définitive, quoiqu’elle n’ait jamais été publiée ouvertement.

Selon une procédure étonnamment comparable à la sélection darwinienne, des innovations technologiques favorisent les moyens d'attaque et de défense en alternance. Ces variables composent avec beaucoup d’autres une formule de menace énormément compliquée. Des principes de moral militaire, de moralité et de culture, (la volonté particulière de tuer en dépit de son interdiction divine, par exemple, et l’automatisme rituel de l’ultime sacrifice) peuvent se prouver, pour le mieux ou le pire, aussi importants que les détails de stratégie et de quincaillerie militaire. Les Japonais et les Celtes en ont présumé autant pour le mieux ou le pire.

Il y a des milliers d’années, le philosophe chinois Sun Tsu, peut-être l’ultime théoricien militaire au monde, a répertorié cinq requis non négociables pour atteindre la victoire : 

1.        Politiques : ce qui permet aux gens de se ranger auprès de leurs gérants, même au risque de leur vie ;

2.        Météo ;

3.        Terrain ;

4.        Commandant : ses traits particuliers ; et

5.        Doctrine militaire : organisation, discipline, ordonnance et matériel.

Il semble que tout ce qui reste, bon ou mauvais, peut être enduré, fabriqué de toutes pièces ou arraché des mains de l’ennemi. Modifiée quelque peu, cette liste (et le reste de la philosophie de lutte) peut autant bien servir aux fins du monde paisible.

 

Le combat moderne nucléaire, scalaire et biologique annule toutes les formes connues de défense militaire. Des techniciens d’armes ont optimisé la formule de menace au point de la rendre suicidaire. Les armées (forces de hargne ?) modernes – comprenant de superbes guerriers, leurs armes exquises et leurs extraordinaires appuis paramilitaires et paraciviles – s’exposent au risque d’écroulement subit et total sous une averse de bombardements d'ordinateur, d’armes nucléaires et d’atteintes biologiques, météorologiques et de propagande. Elles sont donc de moins en moins en mesure de rendre des résultats acceptables, alors que leur coût d’entretien se multiplie hors contrôle.

Ça me dégoûte de voir, après chaque nouvelle atrocité terroriste, des patrouilles d’infanterie affectées aux galeries et stations de transite, des blindés garés aux coins de la rue et des chasseurs à réaction tonnant dans les cieux urbains : les moins efficaces des mesures de prévention. Très efficaces, par contre, pour intimider ses propres gens à tolérer l’intolérable.

La logique en faillite de ce système de valeurs rend appui au livre Apprenti. Pratiquement d'une nuit, l’attirail vénérable de nos Etats d’armes s’est rendue obsolète ; ses gloires, justifications et tactiques, futiles. 

Si tu as suivi ce train de raisonnement, tu dois te sentir désormais aussi effaré qu’animé. Tout ce que l’on ait été mené à croire s’est rendu trop aigre pour être ingurgité. Il dépend de nous d’inventer des meilleures options. Il est temps ! 
 
 

Il est temps que l’on optimise la formule du fauteuil aux dépens de celle de menace. Ce projet peut sembler irréaliste et même inadapté à notre façon de penser. Qu’à cela ne tienne ! Nous avons bénéficié de si peu d’entraînement paisible — à la différence de la guerre totale, son expertise la nôtre continuelle. Pour que le monde paisible puisse fleurir, nous devons récupérer des compétences ancestrales longtemps oubliées, les prélever de la superconscience collective qui, elle, n'oublie jamais rien. 

Jusqu'à ce que les termes de ce débat ne se prêtent à l’entente universelle, des mentors d’armes se serviront de l'égarement hypnotisé des masses pour le suborner. Les Apprentis ne les remplaceront pas avant que des majorités globales n’aient consenti de résoudre leurs problèmes en unisson paisible, en dépit des beuglements continus pour encore plus de guerre et moins de paix. Manqueront entre-temps la plupart des tentatives isolées de réformer la communauté – qu’elles soient d’origine particulière, institutionnelle ou mystique – englouties dans les contradictions sociales qui les baignent. 

Les Apprentis seront tenus à défier la mentalité d’armes à chacune de ses manifestations, faire sombrer la mythologie d’armes aux abîmes de la conscience collective, re-codifier nos lois et les réformer en paisibilité digne de confiance. 

Qu’autant possible de sacrifices soient réformés en célébrations !

Dis-toi : « Je suis prêt. » Trouve des conjoints également prêts à discuter et diffuser Apprenti. Quand assez de gens auront saisi la teneur de ses idées et se seront ralliés autour, les mesures subséquentes se dévoileront clairement : chacune d’elles en chronologie et localité parfaites, réalisée par l’individu ou le regroupement le mieux qualifié, de façon superbe.



 

- INFANTERIE -

 

Je n’ai pas servi comme guerrier durant cette tournée de ronde ni connu de combat (touche du bois !) Mais je crois avoir servi cette peine dans des vies antérieures, et que tu te l’ais tapée de même. Nous sommes tous vétérans et victimes du combat, si seulement par rappel subconscient.

Tant pis si tu nies mes écrits par refus de croire en la réincarnation sinon certitude que des civiles (ou ceux qui te disputent) doivent se taire au sujet de la guerre. Lis-le ou pas, rends-t’en compte ou pas. Tout ce que je puis faire, c’est te le proposer

Nous devons goûter l’acide vomi plein sang de la guerre, sans avoir à l'éprouver en temps réel ; aspirer sa puanteur à fond, et nous laver le visage dans ses effusions. Nous devons nous familiariser avec toute l’horreur qui nous a été épargnée par bonne fortune et rare sagesse cette tournée de ronde. 

Evoquons le combat des récits de ceux qui l’ont éprouvé pour nous, aussi d’expériences antérieures vaguement retenues ou oubliées. Ainsi pourrions-nous éviter de le répéter à présent comme dans l’avenir — bien moins fréquemment que lors des réincarnations du passé. 

Je peux te répéter l’histoire que conta mon grand-père. Il me dit que le meilleur fruit qu’il ait goûté – et nous habitions Provence, lieu d’un bon nombre de bons fruits – fut d’oignons crus déterrées d’un arpent abandonné : ces oignons enduits de terre et « on les a mangés comme des pommes. » Puis il en sourit, de son souvenir.

Que quand ton escouade se fait attraper loin d’abri dans un ouragan de feu, mieux vaut ramper en avant jusqu’à ce que ta tête ne s’enfouisse sous les entrejambes de celui devant toi, puis poser ton casque sur son arrière train. 

Qu’il ait trouvé ça drôle quand un gars chia dans sa culotte (ce qui arrive à un sur quatre des combattants ou plus sous le feu) cette fois sur la tête de son prochain en file ! Ils survécurent cette tempête-là, de telle terreur à faire dans ses culottes, pour en ricaner ensuite.

Ou l’histoire de mon père qui attrapa des poux sous une jetée pourrie avec sa compagnie d’éclaireurs antichars. Sinon me démontrant, grave et silencieux, l’étroite plage de galets au fond d’une gorge aux ombres profondes. Elle était trop abrupte pour y négocier la descente à l’aveuglette, bien qu’elle pût receler un sentier. Mon père ne nous le montra pas et nous n’y sommes jamais revenus, quoiqu’elle fût assez proche de chez nous.

Son meilleur ami et sa section désembarquée furent massacrés dans une croisade de mitrailleuses allemandes, probablement nichées en haut de cette falaise, près du bord que nous chevillions à ce moment, une bonne trentaine de mètres ou plus par-dessus (j’étais alors jeune et petit) une triste petite plage rocailleuse au bord de la croisette. Loin sur l’aile droite du débarquement américain en Provence : là où plus loin le Groupe naval d’assaut de Corse fut massacré. Mon père en eut de la veine !

Un autre de ses meilleurs amis périt après la tombée de Dien Bien Phu. Il y commandait les dix chars envoyés en pièces par avion, et lui dans le char en tête avec deux bras cassés en plâtre. Il mourut pendant l’évacuation et la concentration des prisonniers, avec deux tiers de ses camarades encagés.

Ou l’histoire que mon père me conta une fois, quand il fut jeune lieutenant en tête de la colonne régimentaire de cavalerie pendant une marche de deux mille kilomètres, du Texas au Kansas et de retour : la dernière de telles dans l’histoire américaine. 

Ils étaient drogués de chaleur, de retour au poste. Les chevaux à la pointe de son avant-garde, en s’approchant au camp, le flairèrent et s’élancèrent au pas de charge par-dessus la dernière crête et dans la vallée et leurs stalles doucereuses, sous le soleil écrasant et leur cavaliers somnolents. Quelques-uns ont dû piquer du nez, bien que lui ne m’en parla pas et je fus trop bête pour lui requérir des détails.

Mon père transmit la nouvelle le long de la colonne qu’il fallait ranimer tout le monde car les chevaux allaient devenir rétifs. Je te parie qu’ils ont fait une grande rentrée de parade à la fin d’une marche de maître. Il ne m’en parla plus, mais je perçus la fierté dans ses yeux.

Tous deux ont coupé court leurs petites histoires et me les ont racontées parcimonieusement, bien qu’ils sussent que je les écouterai bouche bée pour aussi longtemps qu’ils souhaitaient causer. Tant fut la peine de leurs souvenirs.

 

Chaussons les bottes crasseuses du fantassin d’infanterie au combat. Au monde paisible, chaque enfant recueillerait cette sorte d’histoire jusqu'à ce qu’il lui soit ordinaire — quoique plus rien de la gloire militaire. A huit ans, on aurait déjà pris Infanterie en dictée à l’école sinon le dévoré en magazine illustré. 

Allons-y tout de même …
  

Au lieu de te réveiller dans un lit douillet dans une chambre tiède le long du couloir de parents affectueux ; soit auprès d'une douce compagne souhaitant bien t’aimer, soit solitaire et nébuleux ; tu sursautes en éveil depuis une litière de feuilles pourries au fond d’un trou humide, éveillé par une démangeaison persistante et la cacophonie d’explosives à haute puissance qui t’assomme depuis des mois, sinon par quiétude sinistre qui ne présage rien de bon. 

L’horizon gronde du fracas lointain de l’artillerie lourde – la tienne si tu as de la veine, sinon celle de l’autre côté ou des deux – ce son étonnamment comparable au borborygme de tes tripes vides — sauf qu’il fait frémir le paysage entier en outre de tes boyaux flétris. Friand pour une autre bouchée, elle fait couler un petit filet de sable dans ton trou. Fais gaffe qu’elle ne te décortique de ton terrier et ne te dépèce pour son petit déjeuner ! Rien à faire ce concernant.

Solitaire, tu es entouré de paquets fumants de camarades martyres enterrés hors de vue. Depuis une quinzaine ou plus, aucun de vous n'a mis de côté ses chaussures pourries ni ses guenilles couleur de caca, ni ne s’est bien reposé ni baigné. Si tu as dormi du tout, ton coma mortel fut baigné en sueurs, bourré de cauchemars et interrompu à tout moment de façon exaspérante. La stupeur de sommeil spolié fait part de ton sort quotidien autant qu’à celui de tes officiers décisionnaires de vie et de mort.

Cette levée-ci sera aussi sombre et humide que les autres, selon l’excès saisonnier de canicule en sueurs ou de givre grelottant. Ou la pluie ou tes sueurs détrempent tes habits pourris. Qui aurait cru, depuis le confort d’une maison bien étanche, que le simple temps dehors fusse si redoutable ? 

Tes narines s’emplissent de la fétidité ordinaire aux champs de bataille. Elle se comporte de boue ou de poussière ; d’haleine fétide, d'arômes de corps humains et leurs déchets ; du moisi d’habits, de vivres et d’équipements ; des effluves d’explosif à haute puissance ; de bouts cuits de chair en décomposition ; du flot en éclat du sang frais ; du doux relent quasi-cacaoté de sa décomposition ; ou du porc rôti de sa flambée. Le tout accentué depuis presque cent ans par le remugle omniprésent du diesel. Autre fois, c’était la puanteur de basse-cour des bêtes de trait et de cavalerie, leur excrément et celui aléatoire d’êtres humains encrotant les godasses en marche.  Rien en vie ne pue autant qu’une colonne serrée d’infanterie crasseuse, sauf celle de chevaux surmenés aux plaies putrides.

Les effluves toxiques et fluides taboues que tu éviterais en temps paisible composent en guerre ta toilette quotidienne. Le rappel de cette puanteur et ces retentissements infectera ta psyché jusqu'à ta disparition. Tout soupçon d’elles ranimera ta fugue post-traumatique lors de distants avenirs civils. 

Ton corps souffre partout et la diarrhée trotte de près derrière toi, te grippant les tripes ; elle advient à mi de ta crainte et ton affaiblissement immunitaire et à mi du petit déjeuner fécal que tu viens de gaver. Tes muscles sont saturés d’acide lactique : le lait du surmenage. Ta peau rampe d’une grouille exaspérante de bestioles (les compagnons fidèles du combattant) et d’un lustre qui colle et pue. Même tes sueurs et celles de tes compagnons puent de l’ammoniaque, car vos corps hyper abusés n’incorporent plus de graisse et se carburent au tissu musculaire. Tu souffres de plaies et de plaintes chroniques que personne ne reconnaîtra sauf pour les ridiculiser. Tu devras tousser, éternuer, pisser ou chier en moment périlleux et compromettre de ce fait tes compagnons. Tu as perdu plus de poids que ne serait normal ou sain. Ton épuisement te prosternerait dans des circonstances normales. Un docteur qui valut son sel jetterait un coup d'œil sur ton pauvre cul désolé et l’expédierait au lit pour une bonne semaine de repos et de bonne alimentation. Pas ici, pas maintenant. L’effectif des unités en première ligne est d’habitude trop faible pour permettre ce luxe.

Tu as constamment faim et soif. L’eau de la tiédeur puante de chlore te rend la nausée sans la combler. Tu perds ton appétit du moment que tu ouvres ta boite d’aliment de chien, les rations du combattant. Pour chaque tourment t’étant acquitté par le génie logistique de ta patrie, une douzaine de plus t’infestent en pires et moins remédiables. 

Que tu sois toxicomane ou pas, la fausse promesse d'alcool et de drogues te fait souffrir comme un damné. Tu ferais presque n'importe quoi pour quelques gorgées, pilules ou piqûres d'évasion. Toutefois, ni la nourriture, ni la boisson, ni les drogues, les horreurs moisis accessibles dans ta porcherie, ne te consoleront. 

Ta seule véritable consolation, c’est le courrier problématique : un petit mot précieux de chez toi. Le commis des postes peut aussi bien te jeter une note contenant la mauvaise nouvelle que ta compagne, rendue folle de solitude, s’est précipitée dans les bras du premier merdeux venu, sinon que ta famille et tes amis se sont fait massacrés pendant une récente atrocité martiale chez toi et t’ont abandonné pour toujours. 

Au lieu de circuits rébarbatifs à un boulot modérément passable, tu dois faire face à la machinerie ronflante de haine industrielle qui s’étend depuis l'horizon : le génie plénier, toute la fortune et la fleur de la jeunesse d’un pays aléatoire, les citoyens desquels tu n'as jamais rencontré ni tenus en querelle — entièrement, consacrés, à, ton, extermination, particulière. Gloupe ! 

La puissance de feu de ton armée est aussi menaçante que celle de l'ennemi. Les troupes en première ligne peuvent être et sont massacrées par l’un ou l'autre côté. Les forces mécanisées sont des germoirs de désastre mortel ; l’artillerie, les chars et l’aviation des deux camps, parfaitement conçus pour déchiqueter ta transparente vulnérabilité. La maladie et la mésaventure t’abattront aussi facilement sinon plus que le combat. La mort n'est pas particulière au champ de bataille. 

Le péril te menace de partout, ainsi que l’exécution impassible par peloton de feu, voire par ton chef d’escouade et son simple pistolet, pourvu que tu ais trouvé un coin de sécurité. Aucune sûreté ne t’attend sauf dans les rangs bien alignés d'un cimetière militaire ou d’une chambrée de convalescence. Sans quoi, ce qui t’attend, c’est une fosse commune raclée par bulldozer ou une grotte moite, empestée et résonnant de cris : des premiers secours aux trois salves du salut funéraire, avec précision réglementaire.

Au lieu de la ronde de politique journalière auprès d’analogues raisonnables et familiers, sous les contraintes de la civilité et des lois, tu dois faire face à des âmes perdues, autant souillées et malheureuses que la tienne. Au lieu d'une coterie d’amis et de riverains nourris par la bonté mutuelle, vous formez une troupe puante de compulsifs névrotiques brutes et vulgaires avec lesquels rien ne reste à partager que votre misère commune motivée par dépit fugace et terreur parfaitement raisonnable. 

Si tu es assez fortuné et en possession de la dignité du courage, ils te traiteront comme un frère noble durant une crise, te partageront leur croûte de pain et gorgée d'eau, risqueront leur vie pour sauver la tienne — et t’abuseront comme une saleté entre-temps. Vos tendres sentiments et corps rompus seront à la merci chacun de l’autre. Aucun choix là-dedans. 

Ce matin noir t’apporte des cancans à toi et tes mecs de partager. Vous êtes devenus bien malins à présent, aussi superstitieux que des cannibales, de vigilance farouche à l’encontre de tous. 

Si tu te trouves dans une certaine poche de sécurité relative, le combat pourrait te sembler une inquiétude secondaire. Tu seras harcelé par des maîtres d’esclave d’arrière secteur, triés pour leur insensibilité, avec la seule intention de vous intimider. De parfaites brutes que tu ne côtoierais pas dans la vie privée ni ne rendrai confiance au combat, pour effectuer des ronds de corvée sans fin et sans valeur, dégoûtants et épuisants. Leur seule réplique à ta requête de dignité : l’insulte réfléchie, la brutalité et l’expédition en danger. Leur sûreté relative dicte ton péril ; leur maigre confort, ta misère. Des lutins zébrant les entrées de l’enfer, aiguillonnant les damnés vers le malheur ; leur but primaire, c’est de te refouler dans les tirs. Comme tant d'autres institutions répressives en temps de paix, comme les cils qui rayent l’intestin péristaltique, ils refoulent des déchets après en avoir extrait tous ses lambeaux de vitalité. 

Tes commandants seront plus attentifs à la destruction de l'ennemi qu’à ton bien-être. S’ils sont des braves, ils bosseront jusqu’à en crever pour que tu sois nourri et hébergé aux normes minimes, regretteront brièvement ta détresse d’insecte et ta disparition, puis poursuivront leurs plans. Sinon ne s'inquièteront-ils point de toi ; ils chercheront leur promotion en promouvant tes troubles, sans en faire-part eux-mêmes.

 Un bon officier te mènera en enfer et en sortira autant possible des tiens intactes par son sang-froid, sa compassion et son savoir-faire (surtout sa bonne chance miraculeuse !) ; celui mauvais, le contraire par fénéantise d’élite, stupidité, couardise et snobisme. Il n’y a pas de mauvaises troupes, seulement des mauvais officiers. Ceux bons forment des troupes d’élite avant de se sacrifier ; ceux mauvais survivent trop souvent leur ineptie létale. 

C’est ce que crée un général et lui rend davantage d’étoiles. Son bilan honorable en tant que chef de petite unité au combat il y a une ou deux générations, et sa ruse politique depuis, lui ont livré ses promotions. Comme du bon vin en vinaigre : son noble devoir se dévolu en automatisme : astreindre ou remplacer ses commandants subordonnés quand leur sens meurtri de compassion les paralyse. Cela va sans dire : absent la catastrophe, il ne s’approchera plus au péril, ni lui ni son chef de cuisine trois étoiles. Sa charge primaire sera de vous clouer, toi et tes compagnons, sur une position intenable, puis vous envoyer en marches de plus en plus périlleuses jusqu'à votre perte, comme du bagage égaré. Il lui est inutile de s'ennuyer. Il disposera toujours d’un flux de remplaçants anonymes pour combler le vide et se faire user. Le Général George Patton n’était pas content sans que quelques-uns de ses nombreux lieutenants ne fussent pas récemment abattus. Voilà son devoir, sa gloire et sa récompense. 

Quant aux maîtres civils de guerre, c’est encore moins décent. En tant qu’infanterie de première ligne, le moins que tu en saches, le mieux pour toi. 

Savais-tu que les quatre derniers candidats Republican à succès électoral présidentielle ont négocié avec l'ennemi derrière le dos d'un président Democrat ? Rends-toi compte aux archives publiques : le président Johnson v. Nixon avec les Nord-Vietnamiens, le président Carter v. Reagan avec les Iraniens, le président Clinton v. Bush le moindre avec les Taliban et le président Obama v. Trump avec les Russes. Trahison, crimes graves et délits mineurs : les seuls moyens pour des candidats Republican de gagner une concurrence honnête, du moins jusqu'à ce que la Cour suprême truquée n’ait mis son pouce réactionnaire sur la balance. Les médias « neutres » crucifieraient un candidat Democrat qui s’y oserait faire. Obama ne s'en serait jamais tiré d’un dixième de la merde que Trump commet habituellement. Si j’avais réclamé une cote de sécurité comprenant le dixième du bagage déontologique de Trump, on se serait moqué de moi. Apparemment, l’attestation de sécurité n’est pas nécessaire pour un candidat à la Présidence, encore moins pour l’élu.

Du n’importe quoi.

 

Ton meilleur copain périra sous tes yeux sinon sera terriblement mutilé dans tes bras, aussi ses remplaçants et leurs remplaçants et probablement toi à la longue. Après avoir témoigné de leur agonie et lavé tes mains dans leur sang, tu les enterreras dans un trou commun (l’un de nombreux que tu devras creuser) qui prit des heures d'éreintement dans l’écorchure de la glèbe, des pierres et des racines à tes pieds. Il est stupéfiant, le travail impliqué dans la creuse à la main d’une tombe adéquate ou d’un abri décent.

Des sous-munitions aux dimensions d’un citron rebondissent au fond de fortifications en un ouragan de petits éclats en bas des descentes de l’abri et autour de ses murs de sacs de sable, déchiquetant ceux terrifiés gisant en bas et derrière. Des kamikazes ou des techniciens situés à l’autre côté du monde peuvent piloter des véhicules et des drones piégés, et bientôt de l’intelligence artificielle, sans la moindre chance de les évader.
 
 

LES CITATIONS IRREMPLACABLES QUI SUIVENT AMPUTEES GRACE A LA GESTAPO ANTI-CITATION

« La blessure qui vaut un million de dollars (comme celle des héros hollywoodiens) est provoquée par une balle militaire de haute vélocité, non déformée et toujours emballée dans son enveloppe métallique, qui passe directement à travers le tissu relativement élastique du muscle et en dehors de l'autre côté, forant un tunnel aussi mince qu’un crayon et délogeant une sortie dans la forme d’une étoile d’environ deux centimètres de petitesse. »

« Même les pénétrations dites « propres » du cœur, du foie et des principaux vaisseaux sanguins sont d’habitude fatales, et les atteintes au cerveau ont normalement des résultats dévastateurs, même quand la victime survit : … »

  

[Nota : de nos jours, l’armure par balle et la maîtrise chirurgicale permettent la survie de nombreux soldats jadis vite décédés : ceux atteints aux portions exposées de la figure et du cou, qui mènent au cerveau et aux vertèbres cervicales. Un autre groupe encore plus important se cogne la cervelle à l’explosif et souffre de détérioration mentale. Cela produit une foule de gueules cassé qui n’ont qu’à subsister le restant de leur vie dans un état plus ou moins végétatif ou paralysé. D’autres survivants de cette haute technologie perdent leurs membres sans armure : jambes et bras, mains et pieds.]

 

« …Indépendamment d’embardées et de coups aux os, les dégâts causés par la balle dépendent d'un autre effet du nom de cavitation.

… 

« Dans le meilleur cas, du nouveau tissu sain poussera vers l'intérieur depuis les abords de la blessure débridée. Dans ceux les pires, la nécrose aura lieu – la gangrène – et les chances du patient seront gravement inquiétantes. » 

 

Martin Windrow, The Last Valley: Dien Bien Phu and the French Defeat in Vietnam (La dernière vallée : Dien Bien Phu et la défaite française au Vietnam) Da Capo Press, Perseus Book Group, Cambridge, Massachusetts, 2004. Publiée d'origine chez Weidenfeld et Nicolson, Londres, Angleterre, 2004. Pages 533-534. 

 

« Aucune arme ne m’épouvante autant que l’obus. » …

… 

« C’est sa percute, à elle toute seule, qui paraît toujours la même – en sensation autant qu’en son – ce hideux sucement-hurlement-coup sourd peut de lui-même crouler ton palais et liquéfier ton cerveau, pourvu que tu sois assez proche. » 

 

Anthony Boyd, My War Gone By, I Miss It So (Ma guerre passée, qu’elle me manque tant.) Penguin Group, New York, London, 2001, first published by DoubleDay, New York, 1999, p. 244. 

 

« La métaphore répertoriée jusqu’au cliché mais pour autant précise, en ce qui concerne le bruit d’un obus qui surgit en vol, c’est celle d'un train démodé d’expresse à vapeur qui se précipite à un mètre d’écart. » …

« L’enjeu d’une destruction massive – la carcasse ruinée d'un torse, des côtelettes cramoisies, des entrailles scintillantes, des membres arrachés et dispersés, la tête déracinée – comporte une misère noire de charnier qui nie toute dignité humaine. Pendant les soirées fraîches à Dien Bien Phu, les cavités chaudes et béantes de carcasses mijotèrent visiblement à vapeur, et les entrailles entrouvertes dégagèrent la puanteur d’excréments. »  

Martin Windrow, La dernière vallée, comme en haut., pages 371-374.

  

Sinon, allons voir au Sud Liban, en Palestine ou en Syrie pendant des années récentes …  Suis-je bien au 3e millénaire de l’époque chrétienne sur terre ? Et notre barbarisme de l’âge de bronze prévaut encore ?

 

 « Tout cela s’accomplit selon la physique. Ce que les films ne peuvent représenter, c’est que la forme la plus fatale d'une explosion n’est pas d’ordinaire la dispersion de projectiles par le souffle, mais l’énorme onde de choc ainsi libérée. » …

… 

« Quoique des armées sophistiquées aient développé des bombes incendiaires qui sucent littéralement l'Oxygène d’un secteur visé, exterminant en vitesse tout le monde pris au-dedans ; la forme de trépas ordinaire dans ces circonstances, c’est l'épreuve prolongée d'empoisonnement à l’Oxyde de Carbonne tandis que le bâtiment brûle lentement autour de la victime. Et puis, naturellement, il y a ceux qui subsistent pendant un certain temps et ne succombent de leurs blessures que le jour suivant sinon celui d’après… » 

 

Scott Anderson, Moonlight Hotel, Doubleday, Random House, 2006, pages 168-170.

 

FIN DES CITATIONS AMPUTEES

 

Sinon auras-tu à trimbaler le corps brisé de ton ami, lourd comme du plomb, vers un destin incertain à l'arrière, souhaitant à moitié qu’il crève et te soulage de la lutte pour le sauver. La perte de tes amis se tordra dans ton cœur comme un poignard. Tu éviteras de telles amitiés ensuite. Plus jamais d'attachements si pénibles pour toi.

Le copain sauvé sera celui « chanceux ». En toute probabilité, tes compagnons auront dégagé sous ordres d’ignorer les blessés. Tes brancardiers héroïques se feront descendre par la prochaine rafale ennemie.  Ta blessure te clouera au sol jusqu’à ce qu’un adversaire errant ne mette fin à ta misère avec sadisme enthousiaste ou incertitude mal aisée et ne te dérobe le corps avant de reprendre sa randonnée. Tu pourras mourir hurlant en agonie ou saigner à mort en silence, tout seul en bon temps.

Pourquoi s'inquiéter de quiconque n’appartenant pas à ta petite tribu infestée de vermines ? Tous sauf tes compagnons d’escouade réduite – amis ou ennemis, co- ou non-combattants – tous ceux-là endosseront une silhouette spectrale dont la souffrance et l'extermination deviendront des objets de soulagement, d'indifférence ou de dérision sportive. Tu dédaigneras surtout les civils pâteux que tu fus expédié là pour défendre ; leur souhaitant pire destin que le tien, aigrissant peut-être leur sort par la sombre magie de ton envie. 

Toi et chaque survivant non pas un sociopathe inné, vous muterez tôt ou tard en zombis post-traumatisés. Sur ce, rien ne rendra vraisemblablement aide jusqu’à ce que tu ne reçoives des mois de soins professionnels et peut-être même plus jamais, quoi qu’y arrive. Personne ne s’en remet entièrement.

Ta seule vraie tâche, c’est tuer et si possible ne pas être tué. Tu seras invité à assister à tous les crimes que tu dédaignes. Rien d’autre que ton acceptation complète de cette dégradation criminelle ne te permettra d’échapper cet enfer ; le corps intact, peut-être, mais l’âme en lambeaux. Ta haine t’aveuglera. Les cris d’agonie de l’ennemi se rendront en musique à ton écoute, comme peut-être les sanglots des femmes et des enfants coincés entre des tirs croisés. Le pillage deviendra un enjeu sportif, un soulagement pour l’immesurable ennui qui prédomine dans la vie militaire, l’interminable ennui qui prédomine dans la vie militaire, l’inerte ennui qui prédomine dans la vie militaire : répète dix mille fois par jour. Toute décence prisée d’antan te sera arrachée, et les perversions de justice et de compassion te deviendront coutumières de témoignage ou d’action. 

Ce ne sera qu’alors que tu saisiras la monstruosité qu’est la guerre. Trop tard, hélas, pour faire quoi que ce soit à son insu sauf renforcer sa misère. Tes options se rétréciront à celle seule de la survie et pas toujours ça. Tout le reste deviendra des propos vides et des sensations creuses ; comparés aux extases combinées du combat survécu, de la loyauté hyper fraternelle et de l’aléatoire verdict de vie ou de mort. 

Dépouillé des pastels et des arcs-en-ciel rigolos de la vie civile, ton dilemme, en simple noir et blanc, pourrait t’intoxiquer irrémédiablement et t’ôter la capacité de rattraper les rapiècements de la paix. Dans ce cas, ta communauté adorée, ancienne pratiquante du triage social, t’éteindra tranquillement une fois que tu renoueras son étreinte — sans pause, sans pitié, sans dignité ni regret. Tu ne seras même pas compté parmi les deuils de la guerre, bien moins honoré pour ta participation. Encore plus de vétérans meurent ainsi, que ceux au combat. Ils périssent isolés du monde chez eux. De 22 à 28 de tels suicides par jour aux USA en 2019. 

Ces jours-ci, davantage d’enfants disparaissent en guerre que soldats. Ce fut en toute probabilité toujours le cas, mais jamais reporté au monde civil sans censure. Les psychopathes préfèrent léser des innocents avec le consentement d’un public ignorant.

 

Le réveil du lendemain sera semblable à celui d’aujourd’hui, d'hier et du jour avant, à moins qu’un nouveau désastre ne sonde ton courage, ta santé d'esprit et ta résistance, ne te fouette et en toute probabilité ne te fasse crouler, convulser et périr. 

Au lieu des appels d’un héro opératique : au bon Dieu, au devoir, à l’honneur ou à la patrie ; ce que tu t’attendrais déclamer dans de telles circonstances imaginaires ; tes derniers souffles coupés court seront probablement des petits cris de bambin en peine : Mama ! Mamie ! Maman ! Qu’un renouveau miraculeux d’étreintes maternelles te délivre de ton agonie par son amour remémoré ! Ta tentative de rétablir, sur ta dernière position, les réconforts du sein et de l’utérus. Ça fait tellement mal ! Ta précieuse vitalité d’adulte coulera de toi avec ton sang.

Personne ne se préoccupera de toi pour bien longtemps. L’armée est configurée pour se débarrasser de ta carcasse avec le moins de problèmes. Si tu es parent, ta mort acérera la misère de tes enfants et de leur mère, aussi celle atroce de tes parents. Victorieux ou défaits, ceux pleurant ta disparition se tairont bientôt et disparaîtront à leur tour, et ta précieuse vie, déversée dans le vide, sera oubliée. 

Ta misère deviendra une abstraction : moins qu'une apostille dans des ouvrages d'histoire qui enterrent des vies gaspillées sans compter en jargon militaire, héroïsme fantaisiste et des absurdités socio politiques. Moins significative qu’une fourmi écrasée, que la mite à la flamme. Ta vie passionnée et immaculée, née de souffrance et d’espoir et nourrie des parents et des gardiens dévoués, sera pelletée dans la plus salle des machines d’armes (shoveled into the WeaponWorld Jive Drive.) Pleins de tois, réincarnés dans les enfants à venir, devront reprendre ton chemin absurde au néant. 

 

Dis-moi maintenant, cher Apprenti, comment peuvent les routines rassurantes de la paix et du progrès nous préparer pour ces longues agonies en série — comparées auxquelles la crucifixion du Christ durant un après-midi aurait compensé son agonie par sa brièveté. Seulement le conditionnement progressif et hypnotique depuis la naissance, soutenu par mille ans d’embrigadement compulsif – grâce à notre civilisation d'armes – ceux-là seuls nous ont empêchés d'abandonner cette sépulture de fous, hurlant du fond de nos poumons, et de défier ces psychopathes évidents qui cherchent à tendre nos extrémités délicates dans la flamme de leur patriotisme, comme des boudins craquant dans le feu du camp. 

Il serait mieux s'il n'y eut plus jamais de guerre, seulement le monde paisible. Non aucun combat du tout, du moins d’ici un certain temps, mais moins à présent et de moins en moins avec le temps. Plaise Dieu.

 

- LE MONDE PAISIBLE DES APPRENTIS –

 

L’Adresse Gettysburg de Lincoln

 

« Il y a octante et sept années, nos pères ont engendré sur ce continent une nouvelle nation, conçue en liberté, et consacrée à la proposition que tous les hommes sont créés égaux. » 

« ...  » 

« Nous sommes venus pour consacrer une partie de ce pré, comme l’ultime lieu de repos de ceux qui y ont livré leur vie pour que vive cette nation. Cela nous est entièrement approprié et opportun de le faire. » 

« Mais, dans le sens plus large, nous ne pouvons pas dédier ‒ ne pouvons pas consacrer ‒ ne pouvons pas sanctifier – cette terre. Les valeureux qu’y ont lutté, ceux vivants comme ceux défunts, l'ont consacrée au-delà de notre faible propension d'y ajouter ou soustraire. Le monde remarquera à peine, ni ne se rappellera-t-il pour bien longtemps, ce que nous exprimons ici ; mais il ne doit jamais oublier leur accomplissement. C’est à nous, les vivants, de nous consacrer à l'œuvre inachevée, avancée avec telle noblesse par ceux qu’y ont combattu. C’est plutôt à nous d’être dédiés ici au grand œuvre qui nous reste au-devant  ‒ pour que de ces disparus adulés nous tirions encore plus de dévotion pour la cause à laquelle ils ont rendu l’ultime, l’entière mesure de dévotion ‒ pour que nous ayons franchement résolu que ces défunts n’auront pas disparu en vain ‒ pour que cette nation sous Dieu dispose d’une nouvelle naissance de la liberté ‒ et pour que le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, ne périsse jamais de la terre. » 

Abraham Lincoln, le 19 novembre 1863

https://www.owleyes.org/text/gettysburg-address/read/text-of-lincolns-speech#root-8

 (ma traduction) 



 

- GUERRE CRIMINELLE –

 

« Mieux que cela : les actions les plus radicales, les méthodes de combat les plus sanglantes, les procédés les plus effroyables sont en fin de compte les plus charitables pour l’excellente raison qu'ils précipitent la fin des hostilités, et, par conséquent, réduisent les pertes d’hommes et de matériel. C’était ce point de vue que défendait le célèbre maréchal Hindenburg lorsqu’il disait : "Plus la guerre est impitoyable, plus, en réalité, elle est humaine, car elle prendra fin d’autant plus vite." C’est l’analyse que font encore aujourd’hui nos grands stratèges. » Jean Bacon, Les Saigneurs de la Guerre, Seconde Edition, Editions L’Harmattan, Paris, 1995, p. 60.

 

« Le comportement d'un soldat doit avoir pour modèle celui du rat : doux et compréhensif avec les membres de son groupe, cruel et féroce envers tout étranger. Que cet équilibre se détraque, que s’esquisse un reversement des tendances, et l’on court à la catastrophe. La machine de guerre, jusqu’ici bien huilé, grince et menace de se gripper. Un mot, qui frappe de terreur les généraux, se répète à voix basse dans les états-majors : Fraternisation. » p. 190.

 

Soit les particularités d’un Etat moderne – idéologiques, religieuses ou technologiques – ses adhérents obtiennent un maximum de privilèges en contribuant à son effort de guerre. Richesse familiale, priorité d'âge, loyauté politique et appartenance à la race dominante sont des critères fondamentaux de recrutement aux positions d’autorité, de prestige et de privilège. La compassion est au mieux une considération secondaire. 

L’aversion à la guerre est un grave défaut pour un candidat ambitieux : elle lui garantit bannissement des couloirs du pouvoir. La compassion et l’empathie y semblent des faiblesses particulières à être déracinées et renvoyées. 

Les gouvernements contemporains sont des chefs-d’œuvre de la mentalité d’armes. La sauvagerie et les particularités idéologiques d’une certaine élite nationale correspondent à la vigueur des menaces dont elle se sent entourée. Le plus appréhensif le prolétariat d'info quant à ces menaces, la plus tyrannique son élite peut se rendre. La portée de son pouvoir, de sa malice et de son impunité dépend de la projection de telles inquiétudes sur le prolétariat. 

Etant donné la portée des menaces actuelles, le péril d’annihilation instantané aux armes biologiques, nucléaires et météorologiques anime des tyrannies d’armes fort sournoises. Par surcroîts graduels de terreur, nous nous accoutumons peu à peu à la régie d’une succession d’Hitler hyperactifs. 

Chaque Etat existe en optimisant sa technologie d’armes. Autrement, ses voisins le satureraient de guérilleros, l’envahiraient et remplaceraient son gouvernement vaincu avec un successeur mieux adapté à la mentalité d’armes.

La plupart des Etats-nations sont assez vigoureux pour bloquer l’agression conventionnelle ; les relations routinières internationales peuvent en proscrire la plupart. Des assauts terroristes sub rosa ne parviennent qu’à provoquer l’Etat ciblé au point d'aigrir sa tyrannie d’armes. Constate les atteintes américaines à sa déclaration des droits résultant d’ 11/9.

L'affaire d’élites identiques mais rivales, la mentalité d’armes se justifie en dressant des barrières entre elles. De temps à autre dans l’histoire, ces barrières (ou membranes) ont boursouflé. Au-dedans demeuraient la famille prismatique, la tribu, le village, la métropole, la culture, la race, le corps religieux ou l’Etat-nation auxquels fidélité était due ; en dehors, des croquemitaines à être attaqués quand le plus commode et abusés sans componction entre-temps. 

Les membranes les plus plantureuses et les regroupements prismatiques les plus clos se sont assemblés aux environs de friche isolée – montagnes, jungles, marécages et déserts de sable, de pierre et de glace – des lieux de grande solitude où la simple survie pose de graves problèmes. C’est dans ces lieux appauvris que l’on peut s’attendre à l’hospitalité la plus bienveillante et à l’autostop le plus rapide ; les obtenir moins aisément sinon en être carrément prohibé là où la police est vigilante, le climat doux, les voitures neuves et les conducteurs gras et narcissiques. 

Les habitants de ces friches pourraient facilement voir le nouveau venu comme une menace mortelle ; c’est toutefois chez eux que les lois de l'hospitalité et de la protection particulière sont le plus strictement obéies. Une fois toi sous leur protection, ils préféreraient périr que te voir nui. Voici leur loi, qui devrait être la nôtre autant de même, soit notre opulence moelleuse.

En s’épanouissant depuis des regroupements familiaux préhistoriques, ces membranes ont bouffi. Rassemblant des peuples disparates en ensembles unifiés – par brutalité ou autrement – elles ont boursouflé, leur croissance nourrie par la provision artérielle de réseaux de communication qui ont bourgeonné depuis. 

Alors que des populations sous-continentales partagent une membrane commune, que deux voix aux antipodes du monde sont séparées par 0,6 secondes au téléphone, nous sommes à un saut quantique de l'unification globale. A vrai dire, cette procédure politique peut ressembler à l’essor d’une bulle d’air à partir de l’écume de celles plus petites — et conforme probablement aux lois analogues de tension de surface. 

 

L'autorité impériale exige la subordination de ses districts sous un vigoureux gouvernement central. Dans une confédération, l'autorité centrale existe pour des buts restreints. La gérance de confédérés entretient le consentement de divers constituants en leur laissant le moins dérangés que possible. 

Auparavant, je présumais que la civilisation des Apprentis honorerait Panch Shila : cinq principes de confédération articulés par Jawaharial Nehru et Chou En Lai, et ratifiés parmi leurs auxiliaires du tiers monde pendant la conférence de Bandung en 1955. 

·      Non-intervention, 

·      Respect mutuel de la souveraineté et l’intégrité territoriales, 

·      Non-agression mutuelle, 

·      Aide mutuelle, et 

·      Coexistence paisible.

Je présumais que la cour du monde toute seule se permettrait d’annuler ces droits et obligations et seulement momentanément selon le verdict de jurys choisis à l’aléatoire, au moyen d’un système international de disputes et de plaidoiries. 

Nous avons témoigné de beaucoup trop d'atrocités depuis, tant chez nous qu’outre-mer. Des gouvernements et leurs associés s’en sont adonnés sous des parapluies blindés de non-intervention et de souveraineté nationale. 


 Depuis lors, j'ai lu Mortimer Adler, Comment penser de la guerre et la paix. Son analyse des politiques du monde paisible, beaucoup plus précise que la mienne (publiée en 1943 et ignorée depuis) inclut les directives suivantes. Je te les cite dans leur intégralité :  

« En ce qui concerne tout plan proposé pour maintenir “la paix dans notre temps” les conditions suivantes doivent être satisfaites. » 

·       « Qu'ils ne commettent aucune injustice ni politique ni économique du fait de distribution inéquitable et de discrimination inique. » 

·       « Qu'ils ne contemplent aucune alliance qui conserve, directement ou indirectement, le statu quo fondé sur des injustices existantes. »

·       « Qu'ils se servent du pouvoir, soit par des méthodes de coalition soit autrement, pour soutenir la bonne foi internationale et non la supplanter, pour sauvegarder la liberté et non la supprimer. »

·       « Qu'ils anticipent la direction des transformations sociales, économiques et politiques afin qu'aucune mesure positivement prise n’opère nulle part au monde comme obstacle au progrès, aussi afin que des mesures positives soient prises pour le faciliter. »

·       « Qu'ils autorisent, encouragent et peut-être même instituent des agences internationales, telles que la société des nations et la cour du monde, non parce qu’elles peuvent déférer à elles seules la prochaine guerre, non moins perpétuer la paix, mais parce qu’elles fournissent aux hommes l’image d’une communauté internationale et l'expérience politique exigés pour les formations à venir. » 

·       « Qu'ils multiplient de telles agences, ainsi que le bureau de la main-d’œuvre internationale s’affairant des problèmes communs à toutes les nations du point de vue du bien collectif qui transcende les intérêts nationaux ; et, ce concernant, qu'ils créent un bureau international d'enseignement afin d'égaliser les opportunités pédagogiques jusqu’à leur ultime degré au monde entier [nota : l'intention primaire d'Apprenti] et afin de guider l’éducation partout dans la formation des citoyens. » p. 290-291. 

 

Avec la capacité technique d'exterminer un certain peuple vient celle de l'administrer en paix. La Pax Romana ne s’est étendue qu’aussi loin que les légions romaines ont pu présenter leurs aigles. Ainsi que la population du monde peut être exterminée dans quelques semaines de guerre totale, abondance et pleine justice peuvent être pareillement offertes à la même population.

Dans une société fracturée, des élites de bataille sont les seules à s’épanouir.
  

Imagine-toi en visite à un port vibrant de la renaissance. Ses habitants disposent de capitaux en surplus, de navettes, de marchandises et d’ordres de luxe qu’ils ne peuvent exploiter qu’outre-mer. Cependant, une certaine stabilité gouvernementale doit garantir la mise de ces investisseurs sur le commerce à l’étranger, et leur marge de profit doit demeurer plus ou moins sécurisée en dépit de prorogations d'appréhension fainéante en attendant la rentrée de leur cargo. Si des bandes de vandales armés peuvent contrôler les quais et saisir le fret et les passagers qu’y doivent passer, aucun négociant ne miserait ses économies sur une telle risque. 

Chacun fait face au même dilemme. Les Nations unies reconnaissent la souveraineté d’environ deux cents bandes de rue. Chacune d’elles a le droit de tenir ses citoyens le couteau à la gorge et d’assaillir d’autres bandes, pourvu qu’elle puisse s’en démêler. Elle n’a même pas besoin de cette excuse. 

Entre temps, au moins cinq mille nations – les finalistes de dizaines de milliers additionnels qui ont perdu leur place dans ce qui reste de l'histoire enregistrée – se concurrencent pour une de ces deux cents certifications de souveraineté. Quelle surprise que le monde rampe de guérilleros et de terroristes !

Comme toute autre polis, (ville, « citadelle ») le monde a besoin d'un Hôtel de Ville, d’un juge de la paix et d’une agence de police bien attitrée ; non de deux cents bandes de rue glorifiées, déguisées en gouvernements de prisme, ni d’une combinaison de 189 et quelques gouvernements certifiés avec des bandes de gangsters/corporations commerciales les mieux organisées, qui leur concurrencent pour primauté économique et militaire. Et certainement pas la pire bande de mauviettes battant les autres en rixe continue, jusqu'à ce qu’elle aussi ne croule sous ses contradictions internes.

 

« Lors d’une ère ténébreuse de cinq cents ans, Rome fut constamment affligée de querelles sanguinaires entre nobles et gens, Guelph et Gibeline, [nota : pro pape et impérialistes] Colonna et Ursini. Et, si bien des choses ont échappé la perception historique et si beaucoup d’autres en sont demeurés indignes, j'ai tout de même exposé dans deux chapitres précédents la cause et les effets de ce désordre public. A ce temps, quand chaque querelle se résolut à l'épée et personne ne pût fier ni sa vie ni sa propriété à l’impotence de la loi, des citoyens puissants se sont armés pour la sécurité ou l’agression contre des ennemis domestiques qu'ils craignaient ou détestaient. Hormis à Venise toute seule, ces mêmes dangers et plans furent partagés par chaque république libre en Italie ; et les nobles ont usurpé la prérogative de fortifier leurs maisons et d’élever des tours solides, capables de résister à l’attaque soudaine… »

… 

 « … Quoi qui est fortifié sera attaqué et quoi qui sera attaqué peut être détruit… “Des maisons,” dit un cardinal et poète du temps, “furent écrasées sous la masse et la vélocité d’énormes pierres ; des murs, perforés à coups de bélier ; des tours, compromises par le feu et la fumée ; et des assaillants, incités aux vengeances et rapines.” Ce labeur fut consommé par la tyrannie des lois, et les factions en Italie ont exercé vengeance s'alternant aveugle et irréfléchie sur leurs adversaires dont les maisons et châteaux furent rasés au sol. En comparant les journées d'hostilité étrangère avec les époques de celle domestique, nous devons énoncer que celles-ci furent encore plus ruineuses pour la ville ; cette opinion confirmée par le témoignage de Pétrarque. “Constatez,” dit le lauréat, “les vestiges de Rome, l'image de sa grandeur immaculée ! Ni le temps ni le Barbare n’ont pu se vanter du mérite de cette destruction prodigieuse : elle fut perpétuée par ses propres citoyens, par ses fils les plus illustres. Et vos ancêtres (comme il l'écrit à un certain noble, Anibaldi) ont achevé au bélier ce que le héros punique n’a pas pu par l'épée.” » Edward Gibbon, Déclin et chute de l'empire romain, Allen Lane Ltd., Penguin Press, Londres, 1994, p. 1073-5.

 

A quel point chaotique les Etats-unis devraient-ils se rendre si la Nouvelle Angleterre et Dixie luttaient encore à travers la latitude Mason-Dixon des USA ; si la Californie et le Texas envoyaient des contingents de leur Garde nationale pour se confronter au feu à Santa Fe, à Cleveland et Miami ; si les banquiers de New York City et ceux de Chicago sous-traitaient des bandes de rue rivales pour contester leur contrôle régional ? L’Amérique et des puissances régionales jouent au même jeu létal sur le plateau mondial, avec des résultats également prévisibles : un train fou d’anarchie militaire, de calamité de masse et d’écocide embrasant la terre entière.

Après avoir relu La guerre du Péloponnèse de Thucydide, je me suis demandé comment réagirait les membres du parlement en Grèce moderne si quelqu’un y lisait à haute voix un des discours dans ce livre en faveur d’un combat exécuté à ce moment-là, comme si cela devait se répéter vis-à-vis les mêmes communautés aujourd’hui. Ce dingue serait hué hors de la salle. Des anciens ennemis mortels sont devenus concitoyens ; il n’est plus question de guerre entre eux. Tout le monde devrait envisager le même rapport entre divers peuples du monde. Si la Turquie et la Grèce s’alliait en bonne conscience aujourd’hui, ils matriculeraient toutes deux : l’une de son exclusion fédérative et l’autre de son infériorité économique. Une nouvelle équilibre de pouvoir Méditerranéenne en résulterait, mieux réussie.

 

Le monde paisible permettra à chaque nation et groupe ethnique de rétablir son indépendance et sa souveraineté politique par voie légale et sans guerre. Ainsi ceux interdits cesseront de se rendre en points ardents de friction militaire. Qu’ils soient Tamouls, Indiens américains par tribu, Karens, Kashmiri, Kurdes, Palestiniens, Peuls... cette liste peut s'allonger à toute vitesse. Cette option nous reste close parce que des activités criminelles sont certifiées légitimes pourvu qu’elles soient assez démesurées et avantageuses pour les rares. 

C’est ainsi que l’Etat moderne peut mener de la répression policière sans fin contre ses minorités ; kidnapper, torturer et faire disparaître les uns ; affamer, exterminer et bannir les autres ; extorquer l’économie nationale et piller des ressources locales. Sa gérance peut jouer à l’appât et substitution au commerce de drogues et tirer profit démesuré de leur interdiction répressive. Elle peut cultiver avec chaque génération encore plus de terroristes, simplement en terrorisant leurs proches (vive la guerre des drones !) — sans que personne ne bronche mot. Traitant de cette sorte de tyrannie, le monde paisible ne sera plus jamais si permissif.

Ohé, toi ! Oui, toi ! Présumes-tu tes droits assurés si un tyran quelconque, quelque part, peut tripoter l'indignation d'autrui ? 

A toi la prochaine, mon pote.

 

La question centrale des politiques : c'est à qui fier confiance ? 

Au peuple ? Peut-on l’armer, lui accorder souveraineté politique, accès aux données qu'il nécessite et latitude paisible de poursuivre sa meilleure réussite ? La constitution américaine fut établie sur ces principes : la source de sa grandeur. Nos chefs pourris dévouent de plus en plus de ressources à l'alternative paranoïde d’armes décrite de suite. 

Nous pourrions nous méfier du peuple et nous confier au lieu à une élite minoritaire (celle d’info.) La permettre de se perpétuer en avantageant sa seigneurie par-dessus la justice. Elle se formerait de façon hyperactive, suprêmement consciente de ses distinctions de classe et bien adaptée à diriger une dictature militaire aussitôt qu’elle en ressent l’envie et la justifie avec assez de propagande belliqueuse. Et personne sur cette planète infernale n’y trouve le moindre mal.

Puis bien armer une police ou minorité paramilitaire (l’élite de bataille) pour garder en force cette direction illégitime. Nous pousser à la ruine en la rémunérant plus que généreusement afin qu’elle rende le moins possible de dégâts (USA) sinon la laisser courir à l’émeute policière meilleur marché et démonter la communauté et l’environnement pour en tirer profit immédiat (trop d’exemples pour lister.) 

Dans ce cas, la plus affligeante l’élite de bataille, la mieux sécurisée se sentira l'élite d’info — quoique la réalité dicte l’opposé exact : moins d’agression, davantage de sécurité.

Il nous reste, somme toute, qu’à supplier que des mafieux ne remplacent pas ces mêmes élites : une inévitabilité darwinienne et un fait accompli, au cas où tu ne l’aurais pas encore pigé. 

Le peuple ou la mafia ? A toi choisir.

 

Les organisations militaires et criminelles partagent une codépendance intime et subtile. 

Un ordre militaire et criminel illustratif : les Hashshâshîns d’ancienne Syrie. Leurs lieux de repos, de récréation et de formation se situaient en forteresse de montagne. Là-bas, l’abus de drogues et de jeunes femmes persuadèrent l’assassin débutant qu'il habiterait un paradis terrestre tant qu'il servirait les Hashshâshîns et passerait au ciel en mourant en service. Au demeurant, leurs chefs se diplômèrent en étapes laborieuses d'initiation et de mystère, pour parvenir à la révélation centrale du culte. « Toute l’affaire n’est qu’un raccommodage de mensonges et faim du pouvoir : profites-en. »

Actuellement, de génériques escadrons de la mort s'enveniment autour de la planète. Ils servent d’ordinaire comme bourreaux révolutionnaires ou gros bras sécuritaires à la Gestapo. Des organisations analogues encombrent les textes de l'histoire : ordres religieux militaires — des monastères guerriers bouddhiques, compactés comme des plantes bonzaï en clans criminels par la suppression gouvernementale ; les chevaliers templiers, hospitaliers et teutons ; les Vehmgericht en Westphalie (cours vehmiques de l'Allemagne médiévale) ; ninja japonais ; thugees indiens ; bandes de lynchage KKK ; hermandades en Espagne ; acordadas au Mexique ; et clans tribaux montagnards tels que ceux parmi d'autres au Maroc, en Ecosse, en Colombie et en Afghanistan. 

Aussi, certains clans secrets de carnassiers : de loup-garou en Germanie et Scandinavie, de lion et de léopard en Afrique, de panthère en Amérique précolombienne et d’équivalents de tigre en Asie. Comme l’exécution péremptoire de déviants sociaux se rendait de moins en moins supportable par la communauté locale, ils sont apparus pour le perpétuer. La carcasse de victimes fut trouvée hachée en lambeaux, des traces de grand carnassier tout autour : hachée par des griffes en fer, les traces marquées par des semelles de sandale soigneusement sculptées. Personne ne pouvait conclure si une bête avait saisi une autre victime ou si ce fut le pire des prédateurs : l’homme.

De nos jours, la désignation « partisan d'escadron de la mort » n’est que celle d’une activité ordinaire dans de nombreux pays : permis de gagner sa croûte là où il n’y a pas assez d’emploi honnête, et non pas un titre de dédain. Si tu connais des gens qui connaissent les propres gens, tu peux faire descendre quelqu’un pour peu de sous. De telles nations se déshonorent.

Finalement, les différences sont petites entre les Assassins de l’ancienne Syrie et la tuerie moderne au drone, comparées aux similitudes.
 
 

Le criminel reflète le militariste. Tous deux partagent la même affinité d’élite de bataille pour jouir du malheur infligé. Tu trouveras les mêmes traits dans les trois camps : emprise aux risques, loyauté de clan, brutalité experte, rituels de dominance et de soumission, chaînes d'ordre féroce, exigence d’obéissance parfaite, saisie du pouvoir par force et ruse, mépris d’étrangers, penchant de supercherie, et compulsion à fomenter peines, tourments et terreurs — de préférence sur des innocents sans défense, car ils sont plus faciles à abuser. 

Une fois qu’éclate la guerre, des détenus et des syndicats criminels font éruption dans l'armée. En temps de paix, des magistrats forcent fréquemment des adolescents butés à choisir entre l'armée et la prison. Plusieurs assassins à louer ont sollicité des nouveaux clients en annonces publicitaires dans le magazine Soldier of Fortune. De nos jours, ils ont des bureaux corporatifs dans toutes les grandes villes.

Une autre fraternité d’armes persiste non reconnue : celle entre la police et le milieu criminel. Les premières recrues dans les forces modernes de police dans les capitales de l’Europe pendant l’ère victorienne furent des cafardeurs et des larcins insignifiants. Le raisonnement des élites d'info fut tel : 

·      le meilleur chasseur de criminels est un autre criminel ; et

·      pourquoi ne pas embaucher la moitié davantage sagace de ces agresseurs malintentionnés, les mettre en uniforme et sous discipline, les traquer sous surveillance vigoureuse et les appeler « la police » plutôt que tenter l’arrestation de ces deux bandes de fripouilles par une tierce moins bien qualifiée ?

Interpol, l'agence centrale de la police européenne, fut établi sur des dossiers et réseaux d'informateurs de la Gestapo ; la CIA, sur des agents anti-Soviet recrutés par l’OSS, son prédécesseur. La première agence fonctionnelle de la communauté économique européenne fut la dernière en Europe dominée par les Nazis : sa police. Comme le dernier râle de l'empire romain fut son corps de lois.

Interpol s'est officiellement purgé récemment des pires aspects de sa contamination nazie. Contrairement au gouvernement américain qui n'a jamais rétracté son penchant d’après-guerre pour des agents fascistes et leurs sales ruses : jusqu'à et y compris l'assassinat impuni d’un président titulaire des Etats-unis, John F. Kennedy. 

Une telle infraction, à elle toute seule, aurait provoqué la guerre civile dans une vraie démocratie, jusqu'à ce que tous ses conspirateurs d'élite aient été traînés dans la lumière du jour et condamnés en public. L’entièreté du gouvernement américain a menti, assassiné qui sait combien de témoins honnêtes et abrité la canaille responsable afin de prévenir cette catastrophe.

 

D'après la mode courante de pensée d’armes, des nouvelles efficacités de production priveront d'emploi et de revenue légitime – comme ces nécessités sont mal admises à ce jour – des masses de main-d’œuvre civile. Plutôt que d'installer des réseaux d'Apprentis et générer des nouveaux emplois pour ces gens, les ultras ont organisé des programmes massifs de criminalisation de vétilles et de prison contractuelle.

Il y a beaucoup trop de détenus aux Etats-unis tout seul, (un pour-cent de la population et toujours en croissance : le quart de la population pénale au monde pour 5% de celle mondiale) et autant trop d’employés gouvernementaux pour les traquer, manier et garder. Staline aurait été fier du triomphe de ses successeurs psychopathes. Ces substituts idiots d’emploi profitable personnifient la gestion d’armes. 

Aucune armée ni agence de police ni syndicat criminel – peu importe la portée de sa brutalité et de son armement – ne peut mettre en vigueur de l’obéissance publique dépassant celle dont des majorités locales sont dispos de s’imposer. Faute d’une transformation correspondante aux mains des Apprentis, le revaloir de la monnaie courante de responsabilité publique doit se prouver une grosse perte de temps — soit sous la menace du revolver et du goulag, soit en se servant d’armes non mortelles et de la propagande des médias de masse. 

Obtenir que la police supprime la dissidence légitime ‒ au moyen de renforcements bruts de personnel et de puissance de feu, et en multipliant ses arrestations triviales, sa brutalité rotulienne et ses surveillances illégales ‒ cela ne parvient qu’à raffiner la corruption institutionnelle, renforcer le crime organisé et exposer davantage de victimes parmi les innocents. Les rêves du psychopathe. 

Les agences de police les plus efficaces sont des instruments paisibles : elles sont distinctes de la police secrète, des agences de renseignement militaire et d’armées qui sont des technologies d’armes. La police bien réglée se sert du minimum de force nécessaire pour supprimer la violence. Afin de bien opérer, elle s’appuie sur des services sociaux bien financés. Dans l’idéal, elle se soumet à une magistrature honnête, circonspecte et contrôlée par des jurys à travers des gradins revues publiques et d’appels privés. Au mieux doit-elle être équipée par un mélange ethnique correspondant à celui de la population qu’elle surveille et habitant les mêmes quartiers. 

Les problèmes civiques doivent être adressés par des interventions sociales, législatives, volontaires et d'entreprise — non pétris par force brute. Si des griefs légitimes provoquent des démonstrations de masse, ceux-ci doivent être négociés de façon constructive et des nouvelles voies de communication, ouvertes selon leur légitimité.

En revanche, les armées sont formées, organisées et déployées pour induire de massifs dégâts et pertes aussi rapidement que possible, sans ne se soucier ni des droits ni des maux. Elles exigent souveraineté absolue dans leur milieu de destruction et n’y admettent aucune loi que la leur. 

Ordonner aux forces militaires d'appliquer des surcroîts gradués de force – soulager le désastre ou fournir de l’assistance sociale dans des cadres civils, par exemple, ou imposer de la non-violence entre des adversaires qui refusent d’obéir à un cessez-le-feu – cela trahit une mésentente totale de la gestion d’armes. Chaque fois que des élites d'info confondent les fonctions policières et militaires en une seule bureaucratie armée, elles abusent leurs hôtes prolétaires, sinon par brutalité trop zélée, par négligence gâcheuse, entraînant nécessairement des pertes superflues. 

Allons voir en Irak : notre modèle conjoint de l’avenir sur la terre en armes. Faluja = ta ville natale. Cela t’inspire ?

Alors que la qualité de la vie se détériore, les punitions criminelles perdent leur efficacité. Quand celle-là s’améliore, surtout parmi les pauvres, la dissuasion de la criminalité s’en remet. Les moins stupides des criminels finissent par trouver qu'ils ont trop à perdre – et trop de bonnes alternatives desquelles choisir – pour se contenter de la simple criminalité. Une fois qu’ils regagnent le bon chemin, ils se rendent en alliés des forces de l’ordre ou du moins en neutres. 

Une fois les punitions réduites, les résultats suivants peuvent être envisagés : beaucoup moins de criminels d'autant moins compétents, affrontant une majorité respectueuse de la loi et ses alliés naturels : une force de police pour la plupart honnête et une magistrature intégralement contrôlée par des jurys. 

Autrement, les soi-disant criminels sont des guérilleros obscures : poissons à la nage dans la mer de leurs victimes coopératives. La peuplade et sa minorité criminelle se rendent en alliées mal disposées, rangées coude à coude face à l’oppresseur « d’ordre public anti-infraction. » Ainsi que la population bosniaque, celle honnête et l’autre, lors des premiers affrontements contre les Serbes : ceux bosniaques et nationaux. Ainsi, plus tard, que les « modérés » et les fondamentalistes brutaux en Syrie ont du s’allier contre le fascisme trans-ethnique d’Assad. 

Si la révolution parvient à éclater, des criminels se rendent en forces de frappe des révolutionnaires civils de moindre militance, ainsi qu’n bourreaux armés favoris de la réaction. Les deux cotés payent bien. Ces associations forment le meilleur champ de recrutement pour des élites de bataille, donc le milieu préféré des gérants d’armes.

Dans un Etat d’armes, l’active conscience morale n’appartient qu’aux idéalistes, aux esclaves, aux vétérans nourrissant des vieux cauchemars et aux petits enthousiastes divertis de sanglants contes de fées. La mentalité d’armes oblige le reste de trahir sur commande leur conscience morale. Celle-là nous enseigne de tolérer l'intolérable, ainsi que les Nazis ont persuadé l’Europe et le monde entier d’ignorer l'holocauste au canon du Luger. 

Ce que nous appelons « la culture moderne » c’est notre tentative de justifier cette aberration massive de valeurs. Par quel droit et devoir étayons-nous cette travestie ?

Il faut sommer quelque chose de plus salubre, comme un bon chien t’amènerait des pantoufles le soir !



- LA MENTALITE D’ARMES –

 

Dans le texte qui suit, remplace le terme « fascisme » par « la pensée politique contemporaine. » 

 « Le fascisme contemple l’avenir et le développement de l'espèce humaine simplement du point de vue de la réalité politique et ne croit ni dans la possibilité ni l'utilité de paix éternelle. Il rejette donc le pacifisme qui cache de la lâcheté et renonciation du combat sous un semblant de magnanimité. [En traduction anglaise, cela se lit plutôt comme si le pacifisme détint une renonciation de la couardise, ce auquel Mussolini n’aurait su répondre. Lui personnifia ces couards moraux dont le sens de la vie croule du moment qu’ils cessent de rendre dol à quelqu’un, quiconque.] Ce n’est que la guerre qui met les énergies humaines sous leur plus haute tension et anoblit le peuple qui l’ose. D’autres épreuves ne sont que des substituts qui ne posent pas devant les hommes leur ultime décision : celle entre la vie et la mort. [De la roulette russe, mon Prédateur ? Soyez-en mon invité !] Donc, toute doctrine qui entame une révolution préméditée pour la paix est anormale au fascisme. » Mussolini, cité par Alfred Vagts dans The History of Militarism, Greenwich Editions, 1959, p. 437.

As-tu réussi cette transposition ? Je l’ai trouvée fort difficile, en dépit de sa pertinence et de mes nombreuses tentatives de dupliquer ça dans ma tête. Permets-moi donc de te faciliter la tâche :

La pensée politique contemporaine contemple l’avenir et le développement de l'espèce humaine seulement du point de vue de la réalité politique et ne croit ni dans la possibilité ni dans l'utilité de la paix éternelle. Elle rejette donc le pacifisme qui cache la lâcheté et la renonciation du combat sous un semblant de magnanimité. … Ainsi, toute doctrine qui entame une révolution préméditée pour la paix est anormale à la pensée politique contemporaine.  

Note l’intention partagée par le fascisme et la pensée politique moderne quoiqu’ils se prétendent en contention. Ces politiques interchangeables nous sont imposées sans nuances ni alternative valide. Nous sommes donc sommés de choisir entre Clinton et Trump, Le Pen et Macron, des porte-étendards de politiques distinctes mais d’indignité conforme, en attendant des « choix » encore pires au lendemain. 

La mentalité d’armes est un système d'exploitation qui actionne la machinerie concrète et le sérum vital « hardware and wetware » de la technologie d’armes à travers des programmes d’application constamment raffinés par la gestion d’armes. Elle se flatte de l'irrévocabilité de ses décisions cruelles et arbitraires. 
Elle est plus fière de ses routines et traditions que troublée par des mauvaises conséquences. Elle préfère fantasmer sa perfection au lieu de résoudre ses contradictions coriaces.

Elle et ses résultats ne sont ni des aberrations ni des erreurs. Les Apprentis doivent défier ces mythes d’armes. L’avidité, la psychose, la stupidité et la grande criminalité (ces tracas pérennes) ne sont que des symptômes simplets du problème et non ses causes principales. La logique à la tronçonneuse de la mentalité d’armes est formelle ; sa barbarie, complétement justifiée et « admissible » de son point de vue. Là où la mentalité d’armes rôde incontestable, elle altère chaque aspect de la vie. Evoquant la remarque piquante de Churchill traitant des impérialistes allemands : Ou les directeurs d’armes rampent à nos pieds, sinon se jettent-ils à notre gorge.

La mentalité d’armes est un parasite manquant de créativité, exception faite de compulsion et de terreur. Incapable de productivité indépendante, elle s’alimente du saccage des technologies paisibles ; incapable d’annuler l’honneur de l'humanité et sa dignité innée, elle tord ses convictions de base juste suffisamment pour les adapter à ses exigences. 

Pour commencer, elle bourre de mythes d’armes notre constellation de métaphores politiques.

Pour la mentalité d’armes, la compassion est un fret superflu. De vicieuses élites de bataille trouvent rang, pouvoir, richesse comparative et sécurité factice en servant comme ses domestiques fidèles. Quiconque adopte une orientation déontologique sera coopté, marginalisé et attaqué. La promotion sera établie selon la volonté de violer la conscience morale spontanée et infliger le maximum permissible de mal. Une carrière prometteuse, et assez souvent la survie professionnelle, décrètent qu’on abandonne sa bonne conscience morale.

Une analogie pertinente, c’est le conte biblique de Genèse 22, quand Dieu ordonne à Abraham de sacrifier son fils — sauf qu’au lieu d’un Dieu miséricordieux, la mentalité d’armes prévoit cette exécution par texte, jusqu'à sa terminaison sanglante. 

La mentalité d’armes est stoïque, abusive et contagieuse ; elle est immorale quoique fort moralisante. Elle opère en infraction directe des valeurs paisibles. Comme un virus, elle saisit des cellules saines de la gestion paisible afin de reproduire les siennes. Adoptant ce qu'elle trouve exploitable et rejetant le reste, elle pénètre impunément les cloisons d'empire, de race, de religion, de nation et d’idéologie. Toutes ces notions reconnues à fond, pour lesquelles nos héros se sacrifient d’ordinaire ? La mentalité d’armes les traite comme les chimères qu'elles sont en réalité. 

Abusant son ascendance dans la lutte darwinienne pour la survie des plus fatals, elle pervertit la culture humaine et obstrue toute ouverture paisible. Elle n’a rien accompli davantage depuis le début de l’histoire, avec notre consentement. D’ailleurs, elle reste fixe dans l’histoire humaine. La paix digne de confiance n'a jamais durée. Avant que les communications globales n’aient établi leurs rapports actuels, aucune régie paisible en prototype n’a pu se déployer assez rapidement à travers les cultes d’armes l'enfermant. 

La technologie paisible fléchit sous l’attaque alors même que ses adhérents se fortifient par leurs souffrances et sacrifices. Seulement quelques civilisations ont rendu la paix leur ultime priorité. Elles ont péri sans exception, rendues « préhistoriques » par les technologies d’armes avoisinantes.

Comme je suis bien moins homme que Gandhi, je ne puis me designer pacifiste en servant correction ferme parmi les primates minaudant du meurtre sur cette planète infernale. Chaque nation exsude une inévitable élite de bataille, d'individus vils. Notre obligation répulsive est d’exécuter de la brutalité sélective à leur encontre afin d’étouffer leur influence toxique et en abriter les enfants — tout en redistribuant le pouvoir et la richesse de façon paisible. 

Les désignations tendancieuses de pacifiste et de militariste ont été expliquées à mort ailleurs, quoique leur rivalité n’eut aussi peu de portée qu’un petit bruissement de souris, comparée à la marche ferrée de la légion des collaborateurs communs d’armes. 

Il existe de frappantes ressemblances entre le pacifiste et le va-t'en-guerre. Tous deux forment des groupuscules de grommeleurs fanatiques aux marges de la société ; tous deux comptent sur la protection de personnages puissants et charismatiques pour chasser la léthargie habituelle, briser les disputes insignifiantes, dérouter l’enquête de la police et procurer des publicités extensives. Tous deux partagent des attitudes morales chroniques dans la société moderne, qui se rendent aiguës par haut stress, ressemblant au virus herpès dans l’individu frappé, voire la tuberculose latente qui pourrait bien m’abattre un jour. Tous deux revendiquent leurs demandes criardes en temps d'agitation sociale. Durant ces durées stressantes, l’un éclaire nos salles d'audience et cellules de punition avec sa conscience morale ranimée et l'autre encre les prochaines pages de l’histoire du sang de ses victimes. Tous deux comptent sur les médias de masse pour multiplier leur petit nombre et amplifier leurs revendications irréalisables.

Les pacifistes varient de ceux qui préfèreraient s’affamer à mort que permettre à leurs défenses corporelles d’éteindre normalement des micro-organismes, (comme l’optent de nombreux aînés jaéns) jusqu’aux protestataires consciencieux qui pourraient ou ne pas combattre pour une cause qu'ils trouvent juste, ou coopérer avec leur nation va-t’en guerre. Cette sorte de coopération à contrecœur décrit la masse des collaborateurs d’armes, qu’ils optent ou pas de s’entre-tuer en guerre.

Somme toute, quelques cosmopolites sont, un peu comme moi, à la recherche du monde paisible. Souvent soutiennent-ils une alternative moins bien considérée et réalisable que la mienne. Leurs espérances tendent à les pousser dans des fantaisies de nationalisme paisible (une contradiction patente) et de susceptibilité sentimentale, au lieu de trouver les verrous, les écrous et les rondelles du monde paisible.

Le terme pacifiste sert comme appellation légale pour un autre groupe qui obstrue la gestion d’armes en temps de guerre. Entre eux peuvent être inclus rebelles, espions, déserteurs, étrangers, traîtres et échappés à l’appel. Ils sont rarement considérés « pacifistes » en dépit de leur préférence collective pour le cosmopolitisme paisible. 

L'expression pacifiste fut inventée afin de créer un casier légal pour quelques milliers de protestataires consciencieux opposés à l’écrit et donc au moyen dur à la première sic guerre mondiale. Ils ont encaissé des portions égales de mépris et de brutalité de la part des autorités alliées et centrales. 

Ayant rarement été tiré dessus, que je sache, je pressens que tous ceux qui endurent le feu se rendent en pacifistes ardents. « Il n’y a pas de bellicistes dans les renardières ! » J’ai saisi cette expression d'un ancien américanisme qui postulait qu’il n’y eut pas d’athées dans les creuses du combat.

A l’heure actuelle, leurs idéaux chéris ont isolé les pacifistes organisés du fleuve maître de la société. Ils sont normalement décrits comme des décadents exotiques par les médias d’armes: des gens malins aux mains blêmes « de moralisme supérieur. » Beaucoup de pacifistes embrassent l’étiquette au détriment de leur organisation. 

Celle « militariste » comprend ceux qui préconisent l’onéreuse préparation militaire et l’agression préemptive. Onéreuse car sans profit et déplaçant des investissements davantage profitables. L'essentiel de la préparation militaire, c’est l’agression, car le champ de bataille offre aux vraies armées leur seule initiation valide, et l’ennemi mortel, leur seul maître honnête. Cette expression comprend les nationalistes de chaque Etat d’armes à part les nôtres, évidemment des libertaires amants de la paix. 

Mais certainement, mon brave.

Des Etats d’armes peuvent rester ouvertement militaristes, bien qu'ils aient été en paix avec tout le monde depuis des décennies, hormis leurs propres minorités. Les empires les plus imposants – bouffis de butin de guerre, de territoire conquis, de puissance dévastatrice de feu et de populations faux-bourdons esclaves, guerriers, prisonniers, seigneurs de guerre et minorités sans emploi et sans droit – peuvent simplement nier leur militarisme. 

Le militariste se désigne souvent patriote : « Le dernier refuge de la canaille » d'après La vie de Johnson par Boswell. 

Comme la plupart des expressions d’armes, ces désignations sont aussi malhabiles qu'imprécises. 

Les pacifistes cherchent d’habitude leur ombre frais dans la politique de centre-gauche, alors que les militaristes le chassent de manière opportune, de l'extrême droite (leur gazon habituel) à travers le terrain central jusqu’à celle à gauche : là où ils trouvent le plus de liquide. 

La technologie d’armes est un hobby fort dispendieux.

Je préfèrerai remplacer ces expressions ordinaires par celles qui suivent dans le lexique d’Apprenti

·      Militaristes (en général) : des maîtres, menteurs ou mentors d’armes, sectaires d’armes, directeurs d’armes, élites de bataille et techniciens d’armes (selon leur vraie fonction.) 

·      Pacifistes, activistes de l'opposition, et améliorateurs réductifs et aléatoires : des dissidents d’armes. 

·      L’écrasante majorité de l’humanité, d’habitude pacifique mais qui partent en guerre si l'on leur demande assez fort ; et leurs enfants, enseignés de s’attendre à la pitance du combattant au lieu de la bonne fortune paisible : des collaborateurs communs d’armes.

·      Des révolutionnaires de transformation sérieuse : des Apprentis.

Tout dépend de l’individu en question : s’il sait ce qu’il fait et pourquoi. Mes termes se focalisent sur le résultat plutôt que l’intention. J'hésite à caser des individus et des institutions avec plus de spécificité selon leur emballage et perspective politique plutôt que leurs résultats. 

Des gens ont tendance à répondre en souplesse à leurs circonstances complexes et souvent paradoxales, tant internes qu'externes. Beaucoup s’expriment dans un sens et effectuent l’opposé, se satisfaisant des suites paradoxales de leur comportement. Trop d’autres citent la meilleure intention et scrutent leurs moyens de façon compulsive, mais acceptent comme inévitables les résultats horripilants de leurs préjugés. 

La dialectique d'armes et paisible admet deux sortes d'anarchie. 

En nous trompant ainsi, ce paradoxe équivaut à la plupart de nos métaphores politiques. Deux définitions contradictoires de la même expression servent à la rendre vide de sens et donc plus serviable à la mentalité d’armes. Des significations plus tranchantes de la vérité et la paix lui paraissent comme du poison. Elle n’a pas besoin de logique significative au-delà de celle requise pour mentir et tuer.

Pour la mentalité paisible, des mots comme justice et liberté ont un sens précis, défini naturellement par la conscience morale particulière, qui correspond à une certaine conduite en temps réel. Ou il y a de la justice ou il n'y en a pas : c'est assez simple. 

Pour celle d'armes, de telles expressions nébuleuses ne sont que du bruit rassurant que ceux démunis de conscience morale peuvent répéter machinalement à l’égard d’actions qu’ils peuvent transformer en leurs opposés exacts dès que cela leur semble plus convenable, tout en les appelant la même chose. Il peut y avoir de l'injustice et on peut le désigner justice. Pas de problème. 

Les commandements suprêmes : tue, ment, sacrifie l’Autre que nous te désignons, etc., ceux-là doivent être gueulés assez fort et compris assez vite par tout le monde, tant au champ de mars national qu’au champ de combat global. Aucune expression de paisibilité contradictoire n'a besoin d'être aussi précise ni cohérente.

La fonction principale de la philosophie classique ? Rendre toutes les autres expressions (non militaires) aussi floues et amorphes que possible, avec la plus endurante confusion possible. 

La clarté que tu pourrais trouver dans Apprenti, en dépit de son écriture médiocre, elle est interdite dans la philosophie classique et chassée de ses textes primaires. Des propos d’énorme sophistication sont élaborés avec deux buts en tête : neutraliser la bonne déontologie et entraver la paix. Les faits parmi d’autres à établir sans contestation par la philosophie classique : c’est que la famine annuelle de millions de bébés soit inévitable et le monde paisible, impossible et peu sage. 

Ta note de classe enfantine et la publication de ton manuscrit de grande personne dépendront de la beauté écrite de ton consentement à ces principes révoltants et la solidité de ta « logique » les confirmant.

Les réactionnaires définissent l'anarchie comme le scénario de cauchemar qui suit. Apprenti le désigne chaosisme, et ses praticiens, des chaosistes. Un chaosiste peut se permettre n’importe quelle infraction, pourvu qu’il dispose d’un caractère suffisamment implacable et d’assez de force et de puissance de feu. Lors du chaosisme (l’anarchie réactionnaire) aucun bourgeois ne peut s'assoupir le soir, confiant que sa gorge ne sera pas tranchée, ses possessions saccagées et sa famille asservie avant qu’il ne se réveille.

Les fanatiques d’armes à feu contemporains vont nourrir ce cauchemar si cette sorte d’écroulement ait lieu. Une fois que leurs préparatifs déments provoqueront leur meurtre, ils fourniront des armes et des munitions sans limite aux psychopathes de passage qui les auront tués pour renouveler leur programme meurtrier. Comme d’habitude, l’humanité arrose au tuyau d’incendie de l’essence brute sur une fonderie chauffée à blanc. Le réchauffement global, l’écocide, la surpopulation à folle allure, l’énergie nucléaire et ses armes: la liste de catastrophes auto-infligées est trop longue, trop systématique, trop irréparable et trop horripilante pour ne pas avoir été préméditée.

Ne te donne pas la peine de faire rappeler aux réactionnaires que ce cauchemar est exactement ce qui advient aux malchanceux qui croisent une armée en guerre — ou aux pauvres, quoi qui arrive ; ils ne t'écouteront pas. Selon ces réactionnaires, l’anarchiste moyen encourage cette sorte d'anarchie ; il serait salutaire de l’abattre comme un chien enragé. 

Les anarchistes partagent une autre conception de l’anarchie. Selon eux, toutes les lois de propriété, de classe et de privilège doivent être abandonnés en faveur de l'autodiscipline et la camaraderie, ce qui doit mener aux absolues de justice et d’égalité : aucune pauvreté, bigoterie, inégalité, guerre ni vice. En bref, la liberté des chasseurs glaneurs néolithiques. Ces anarchistes, à leur tour, considèrent le propriétaire comme un chien enragé, etc. … 

Sans que personne ne s’en rende compte, les psychopathes parviennent à dominer ces deux factions.

Apprenti se sert de l’expression « chaosiste » pour décrire des enfants battus grandis en adultes qui se lèvent et chutent comme des yo-yo lors du chaosisme (le chaos monté à son propre compte.) Pense à la guerre de trente ans ou au Rouanda au pire. Des individus ont peut-être pu les survivre, mais personne qu’elles reconnaissent. Pour autant les victimes que les bourreaux, les défunts que les survivants : leur identité primaire d’antan fut brutalement abattue.

Aussi inclus dans l’expression chaosiste, de nombreux déments assez désaxés pour souhaiter qu’advienne ce chaos: des gens comme l'unabomber, des fanatiques du Livre de révélation, des flagorneurs de jihad et presque nous tous lors d’une mauvaise journée.

Les Apprentis réserveront la désignation « anarchiste » pour des utopistes de fer comme Kropotkine, Tolstoï et Gandhi : les hommes les plus décents qu’ait forgés ce monde indécent.

Celui vêtu tout en noir qui décampe après avoir mis le feu à une benne d'ordures, cassé des vitrines et renversé la voiture d'innocents – tout ça au nom de l’anarchie glorieuse, mais à vrai dire en servitude à son hyperactivité glandulaire – il est évidemment un chaosiste amateur. Les suicidaires à la bombe, eux aussi. Le chaosiste professionnel tend à passer à la machette et au mortier ses voisins désarmés, aussi envoyer périr des suicidaires à la bombe, alors que lui reste pépère chez lui prêchant de son Livre Beni. Si l’on vient l’interpeller sérieusement armé au nom de la conscience morale, il se sauve comme un lâche et ment à propos de ses crimes.

La commune (Commonwealth) d’Apprentis ne sera ni de brutalité dépourvue de lois ni pratiquante d’évangélisme sans loi. Les chaosistes y seront neutralisés et remis sur un chemin d’Apprentissage davantage dramatique, thérapeutique et utilitaire ; les anarchistes moraux, strictement tenus à leurs aspirations les plus exigeantes.

 

St Augustin témoigna de la dissolution de l'empire romain. Les Goths l’avaient envahi d’un bout à l’autre, avaient annihilé toutes les légions envoyées à leur encontre, saccagé Rome et dévasté l’étendue de leur parcours. Ils ont fini par envahir la péninsule ibérienne. Ensuite, des Vandales, convenablement nommés et dénombrant 80.000 hommes, ont franchi la Méditerranée pour toucher terre en Afrique. Ils prirent Hippone, la ville natale de St Augustin, l'année après sa mort. 

Il se sentit incapable de prévenir la razzia de tout ce qu’il tenait pour précieux. Peux-tu imaginer son tourment ? Souffrant de débilité piteuse, cet ultime essoreur des mains grava la plupart de nos mythes d’armes dans le substrat de nos métaphores politiques. Il s’est pris de grandes peines pour certifier l’inévitabilité du mal humain inné, la soumission à l’autorité armée, le droit divin des rois, l’esclavage, la reddition des responsabilités particulières et, encore plus pernicieusement, la supériorité des bonnes intentions par-dessus de bons résultats. Depuis lors, nous avons accepté ces mythes d’armes et leur aboutissement inacceptable. Un courtier de Trump s’en est servi pour justifier leurs iniquités récentes.

Ne me demande pas si, oui ou non, le Christ aurait admis toute cette merde — ni celles autant merdeuses de l'apôtre Paul, des papes historiques ou d’autres fondamentalistes chrétiens. Je pressens que le Christ indiqua Sa confiance dans les institutions chrétiennes et leurs menteurs d’armes, en concluant que Pierre Le trahirait trois fois avant que le coq ne chante, et « Sur cette pierre fondrai-Je mon église. » Son sens délicat d’ironie éluda l’entendement d’ecclésiastes lugubres.

Les Vandales auraient pu mieux servir en prenant Hippone vingt ans auparavant, le faisant taire à jamais. Il en aurait appris que la vie continue, pour le mieux ou pire, peu importe nos appréhensions du futur. 

La foi chrétienne n’était-elle pas supposée désamorcer ces attaques de panique ; le nouveau testament, nous rendre en héros de Dieu, donc en amants héroïques de nos compagnons Dieu donnés ? Les literari chrétiens ont fini comme mentors d’armes les plus anxieux de nos philosophes politiques et donc les plus néfastes. Le fascisme et le communisme ne furent que des surcroîts purulents du christianisme. Les Etats chrétiens ne se comparent favorablement aux autres qu’en fonction de l'efficience de leur brutalité de masse.

Grâce aux Confessions de ce maître d’armes et d’autres œuvres pareillement réactionnaires, publiées si assidument depuis, les gens en majorité ne peuvent se résoudre à défier la gestion d’armes. Ils considèrent cette proposition effarante, pour ne pas dire un affront personnel. 

Quant aux fondamentalistes chrétiens qui prétendent que leur doctrine soit parfaite, comment expliquent-ils la misère et l’exclusion qu’elle a imposée – deux millénaires de torture et de damnation – quand le message d’amour du Christ est si parfait et universel ? Il nous reste des améliorations cruciales à effectuer, si seulement pour nous décrasser un peu, non moins nous rendre dignes du Sauveur.

Chaque enfant subit un méthodique lavage de cerveau aversif à la paix. Proposer à quelqu’un le monde paisible à l’encontre de sa terre en armes familière, c’est un peu comme lui défier sa formation de toilette. La majorité traite des entrés de conversation sur le monde paisible comme si l’interlocuteur avait pété en public. Ils l’ignorent s’ils sont polis, lui sourient et tentent de le fuir aussi vite que possible, le ridiculisent ou l’attaquent si ce sont des brutes.

Explicative : l’homophonie entre pet et paix. Moi j’invoque le monde paisible, moins dissonante à répétition.

J’ai passé une demi-heure en conversation avec un couple, leur parlant de mon projet. De façon presque réflexive, ils se sont mis à réciter une demi-douzaine de mythes communs d'armes que nous connaissions tous par cœur et qu’ils acceptaient comme indiscutables. Je leur ai répondu comme j’ai pu quant à chacun de ces mythes, leur démontrant comment ceux-ci distordaient la vérité et leurs opposés exacts conformaient mieux à la paix, ainsi qu’ils durent convenir sur réflexion. Ils étaient des paroissiens de l'église unitarienne à Seattle dans l'Etat de Washington : un milieu qui aurait dû inclure des individus éclairés et à leur aise à l'idée du monde paisible. Pourtant eurent-ils l’esprit imprégné des mêmes mythes d'armes que j'ai trouvés parmi ceux les moins à l’aise avec cette idée. L’instruction aversive à la paix est universelle. Tu n’as qu’à passer en revue l’expérience de ton enfance.

Ils ont du se demander avec quel dingue ils avaient à faire.

Même les nations les plus raffinées pratiquent la gestion d’armes immorale, destructrice et suicidaire. Le souvenir me revient d’humanismes semblables et antécédents : l’esclavage, le cannibalisme et le sacrifice humain. Il était une fois, de telles institutions furent justifiées par la constellation de métaphores politiques ; celui contestataire aurait été pris pour un fou.

Curieusement, nous ne retenons l’écrit d’aucun philosophe bien reconnu de l’époque classique qui s’opposa catégoriquement à l’esclavage, à l’exception d’Aesop : ancien esclave hideux et fabuliste génial assassiné. Lui seul dans toute l’histoire ? Vraiment ?

Enfin, ces anciennes notions ont été plus ou moins bien condamnées en public par la petite voix intérieure de la conscience morale, puis abandonnées. Leurs souteneurs subséquents furent considérés déments et rendus au silence. Des déviants ont-ils pu soutenir la validité du cannibalisme ou de l’esclavage ? Bien sûr que oui, et fréquemment. Quoique d’ordinaire, des majoritaires écœurés les ont restreints en proposant d’autres issues pour leurs tendance destructrice. Par exemple, la guerre. Elle s’est rendue la seule voie de sortie admissible – ordinaire quoique funeste – par où refouler ces mauvaises tendances.

Comme ces humanismes précurseurs, la gestion d’armes ne parvient qu’à sembler inévitable. Nous pourrions la déraciner en une petite génération et l’oublier en majorité. Il serait question de se rendre assez sages pour y parvenir, au lieu de refléter aveuglement sa lueur aveuglante.

Nous présumons que le gouvernement soit mauvais parce que des fonctionnaires sont corrompus. « Le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument. » Lord J.E.E. Acton. Lui, il aurait dû mieux savoir. 

Ce n'est pas autant le pouvoir qui corrompt, mais l'exécution du pouvoir en ignorance des faits. Davantage de mal résulte de l’ignorance, des négligences et des conséquences inattendues, que de toute intention délibérée de commettre du mal. Même l’usurpation de la gérance par des psychopathes se prouve la séquelle de notre ignorance et maladresse collective. En sachant mieux faire, nous agirions mieux, enlèverions ces mauvais acteurs et jouirions de meilleurs résultats.

Le psychopathe au regard luisant du récit populaire, il est d’habitude un fonctionnaire d’armes gâcheur qui agirait mieux s’il en reçut une petite opportunité. Quant à ce bâcleur, son opportunité de meilleure réussite serait facile à organiser en série. Permets-moi de t’expliquer comment.

Imagine-toi traversant une pièce ténébreuse, les yeux bandés. Il est probable que tu trébucherais sur le mobilier et te ferais bobo. Supposant les cellules de ton corps capables de raisonner ensemble, elles pourraient conclure que tu aimais mieux leur faire du mal, quoique cela serait ton dernier souhait. Ça leur serait égal ; elles t’accuseraient de malveillance de toute façon. Que tu le souhaites ou non, l’insuffisance de tes entrées sensorielles rend ces dégâts inévitables. Tant que tu trébuches ci et là dans le noir, les dégâts s’accumulent. Tu finiras par dédaigner tes dols et les congédier comme un coût inévitable de la vie, même après qu'elles te réduisent à ramper sinon te tapir dans un coin sombre et tout renoncer. 

Nos élites d'info opèrent sous de telles contraintes. Leur conscience bornée les oblige à commettre du mal et rater le bien, gérée par l’ignorance et les accidents qu’elle provoque. Les psychopathes sont parfaitement adaptés à cette besogne. On pourrait aussi bien les identifier et les congédier ou les dégrader des ordres responsables en faveur de ceux consciencieux et mieux éclairés.

En défi du Syndrome 1984, les Apprentis développeront un système gouvernemental sensible, vigilant et clairvoyant qui incorpore un réseau d’administrateurs élus en localité – prospères, attentifs et pragmatiques – remettant le pouvoir à chaque individu pour accomplir ce qu’il effectue le mieux.  Le réseau entier sera surveillé de près par un gouvernement central et hypervigilant mais borné par la loi constitutionnelle et le manque de redevances d’impôt quant aux interventions en force à l’encontre de chaque incident, à l’exception de ceux massifs et exemplaires. 

Une fois que le bandeau sera enlevé et les lampes rallumées, nous serons étonnés par le montant de catastrophes « inévitables » d’outrages particuliers, d’opportunités gaspillées et de conséquences inattendues que nous serons en mesure d’esquiver. Nous pourrons prendre des risques épouvantables en poursuite de l’Apprentissage et nous en sortir le plus souvent indemnes. La neutralisation de la plupart de ces difficultés se traduira en surplus de richesses et bien moins de mauvaise volonté.

Les élites d'info entretiennent l’instabilité économique et les privilèges de classe. L'hypocrisie ahurissante qu’impliquent ces entretiens est apparent à tous : les contradictions flagrantes de ces politiques, ses opportunités splendides ratées et les menaces terribles qui surgissent quand elles échouent. Tout le monde sait très bien qu'elles devront se manifester tôt ou tard, par leur nature même. En revanche, chez tous hormis une poignée de sacrificatoires, des avantages éphémères et des privilèges particuliers étouffent la bonne conscience morale. 

Pareillement, les gardes de camps de concentration et les gros bras d’escadrons de la mort ont exigé désignation d'élite, uniformes extravagantes, forte discipline, meilleures rations, et davantage de congé, de cigarettes et d’alcool, sinon se grillent-ils au travail, pauvres choux. Quant à ceux assez déraisonnables pour remuer des ennuis, ils nourrissent le feu crématoire à leur tour ou sont tranquillement expédiés à perte certaine aux bataillons punitifs. Qui peut énumérer les mauvais Allemands tournés en bons, abandonnés par tous et occis tels ? 

Des commandants experts de petite unité et des chefs de bande terroriste nécessitent le même ensemble de talents et compétences. Tous deux doivent embrasser une Cause (quelle qu’elle soit) avec ferveur suffisante pour se sacrifier avec leurs charges. Tous deux doivent s'occuper de leurs subalternes mais non les soigner. Tu sais, comme on s’occuperait d’un bétail précieux que l’on charcuterait ensuite ? Tous deux doivent catégoriser sans pitié le restant du monde comme des subalternes à consumer, des cibles de préférence abattues ou des supérieurs à être obéis sans question. Tous deux doivent manipuler avec adresse le comportement de leurs inférieures et adoucir leur attitude, doivent mettre en vigueur leurs ordres, en se servant si nécessaire de brutalité terminale. Ils doivent être respectés (lis « redoutés ») par leurs subordonnés plutôt qu'affectionnés. 

Paul Lackman cita quelques études béhavioristes qui ont associé compétence à gérer avec le talent pour mentir, autant parmi des bambins que des étudiants d’université. 

Si ces deux réussissent leur boulot, ils peuvent s’attendre au même dévouement de la part de leurs charges. Appelle cela « esprit de corps » quand un individu se sacrifie pour son unité militaire, sinon le syndrome sadomasochiste de Stockholm, quand des otages s’identifient avec leur ravisseur au point de le défendre. A toi choisir. Le même dévouement canin survient, autant aux soldats qu’aux victimes d’un enlèvement, comme si nous en étions tous encablés.

« … La gestion du combat, aux crans inférieurs en particulier, implique l’amalgame de fort caractère moral avec une certaine indifférence aux conséquences. Les lieutenants et capitaines ne sont pas prévus retenir une longue durée de vie après que démarrent les tirs. Aucune armée ne peut contempler sereinement l’idée d'hommes de la constance émotionnelle d’entre les deux âges, menant leur section dans le feu ennemi [nota : bien que de vénérables Etats de garnison produisent souvent cette direction flasque.] L'armée allemande dût cheminer la ligne fine entre le Scylla d'émasculer ses chefs cadets en les convertissant en bons citoyens bureaucratisés et le Charybide de permettre à leur élan de dégénérer en hooliganisme promoteur de mauvaises publicités. » Dennis E. Showalter, Tannenberg : Clash of Empires (Tannenberg : Fracas des empires), Archon Books, Hamden, Connecticut, 1991, p. 109. Par permission de Shoe String Press. 

Pareillement, l’ultime formation d’entré militaire a lieu dans les camps de concentration. Ces camps de la mort sont ceux d’entraînement de base menés á leur extrémité de logique, qui n'ont pas besoin de sortir des soldats en grands nombres. Beaucoup de leurs survivants sont devenus des héros de guerre en Israël pendant les combats de 1948. Ils se sont jetés volontiers dans des attaques suicidaires qui auraient épinglé sinon mis en déroute les membres de la milice israélienne jamais connue pour sa lâcheté. 

Dans La nature sombre, Lyall Watson examine deux codes moraux. Le premier, « la moralité génétique » a évolué trois règles de base de comportement animal lors de millions d'années de survie adaptative :

·      Fais du bien aux parents, 

·      Fais du mal aux restants et 

·      Triche quand tu pourras. 

Luttant contre cette moralité génétique et l’indicible horreur qu’elle entraîne avec prévisibilité lassante, c’est la moralité de base de la haute civilisation, appelée « Riposte, puis plus » : 

·      Fais du bien d’abord, par la suite, 

·      Fais ce que l’on vient de te faire, (pour le mieux ou le pire) et puis 

·      En cas de doute, reviens au bien. En dépit de ses risques implicites, le plus souvent que tu obéis ce troisième précepte, le plus probable il te sera de rejoindre d’autres compagnons de riposte, puis plus. En le pratiquant, vous survivrez plus longtemps que des moralistes de gène qui ont tendance à se ronger en vitesse, eux et leurs voisins.

Ces deux principes moraux ne paraissent pas très spirituels, comparés à l’injonction beaucoup plus exigeante de Jésus : « Mais aime tes ennemis et fais leurs du bien et prête en n'espérant rien, et ta récompense sera grande et tu seras parmi les enfants du Plus Haut ; car Il est gentil envers les ingrats et les méchants. » Luc 6-35, la bible. 

Puis, finalement, la règle d’or : « Fais aux autres ce que tu souhaites qu’on te fasse. » En se rappelant toujours que l’on doit tenir compte de leurs souhaits non nécessairement pareils aux siens en circonstances analogues. Et qui nous mène à la conclusion cosmique que nous tous revivons, partageons et subissons toutes les vies et tous leurs sorts dans l’existence.

A toi choisir.

Cette riposte comporte une autre trappe, d'après Roy F. Baumeister dans Evil: Inside Human Violence and Cruelty, (Le mal : A l'intérieur de la violence et la cruauté humaine), W.H. Freeman and Company, New York, 1997. 

L'évaluation qu'un malfaiteur se fait du mal qu'il vient de commettre est plus clémente que celle faite par la victime du même mal enduré. Cet écart de perception induit une vrille de représailles en surcroît. 

Disons que je t'inflige (ce qui me parait être) une unité de douleur. Tu en ressens deux, de ces unités, et m’en flanques trois afin de me retenir. J’en ressens six et t’inflige sept en contrecoup. Tu en ressens quatorze à ton tour … 

A partir de telles simples bagatelles, des meurtrières querelles de clan peuvent s'attiser, se perpétuer le long de générations et s’emporter hors contrôle, jusqu’à ce qu’une autorité ne les écrase d’en-dessus. De nombreuses tyrannies s’en sont servis pour se renforcer : attisant, jonglant et supprimant de manière élective les disputes de leurs subordonnés querelleurs.

Si assujettis aux abus de longue durée, (ou le croyons avoir été) nous nous présumons justifiés de commettre un mal correspondant, même envers des victimes innocentes, et nous révoltons contre toute tentative de l’interdire. Des rats de laboratoire se rendent léthargiques et fatalistes à force de trop nombreuses punitions aléatoires. Beaucoup d’êtres humains remplacent ce fatalisme avec l’envie furieuse de renouveler l’agression en série.

Voici pourquoi nos systèmes légaux enlèvent la vengeance des mains de la victime ou de leurs survivants intimes, et la confie aux juges riches et bien isolés au lieu. La revendication des victimes pour une punition excédentaire dépasse d’habitude ce qu’un tiers impartial considérerait équitable — présumant l’existence d’une telle revanche équitable. Par équitable, lire : « interruptible de façon réciproque sans supplément de brutalité. »

Il n’est pas surprenant que des êtres humains adhèrent aux comportements militaires, un peu comme des chiens bien dressés à la chasse. Pendant toute l’histoire, ceux qui ont défié la mentalité d’armes ont souffert de grands affinages d'ostracisme, de captivité, de torture et de meurtre. 

Un groupe social fut sélectionné pour l’agression et la brutalité d'élite ; un autre de nombre supérieur, pour la soumission balourde du prolétariat et sa tête creuse. Par un moyen ou un autre, les esprits modérés et les têtus curieux attrapés au milieu ont été neutralisés : réduits le plus souvent au silence et abattus si nécessaire.

 

Autant l’unité militaire est élite, autant élevées les pertes parmi ses chefs de combat. Nombreux ceux décorés posthumes pour avoir mené leurs troupes dans la gueule du feu ennemi. D’autres, moins populaires, sont tirés dans le dos par les leurs. Même des maîtres de la chasse sont parfois attaqués par leurs chiens. 

Paul Lackman note que, d'après des évaluations officielles, mille officiers américains furent « fragged » (criblés de fragments) par leurs hommes pendant la débâcle américaine au Vietnam, en dépit de leurs victoires pérennes (« On a gagné toutes les batailles, mais perdu la guerre. ») Des grenades vives furent installées sous leur cabinet de toilette sinon ficelées sous leur lit de campagne en base. Ces statistiques ont pu se redoubler en tenant compte d’incidents non signalés : pertes accidentelles ou combattantes, puis celles touchant des sous-officiers ; en somme, une grande partie des pertes américaines au Vietnam.

Les armées ont tendance à se bouffer de toute façon. Officiellement, six pour-cent des pertes américaines au combat de la seconde sic guerre mondiale furent attribuées aux feux accidentels dits « amicaux. » Les troupes de première ligne ont appelé le U.S. Army Air Corps de la DGM sic la « Luftwaffe américaine ». Ce serait comme aligner une division d'infanterie américaine comprenant dix-huit mille hommes et les faucher à la mitrailleuse. 

Ceci n’est probablement qu’un autre euphémisme institutionnel, (voir le no 11 dans Grands mensonges.) Des confrontations dans la jungle, en terrain urbain et aux sites ailleurs de visibilité limitée et d'intense combat proche mènent souvent aux centiles élevés des victimes du feu amical ; ce problème aggravé par des grands feux tirés sur des denses noyaux de combat. Mais voici la moyenne pour la plupart des armées mécanisées.

Officiellement, le gouvernement américain exécuta cent quarante-deux de ses soldats pendant la seconde sic guerre mondiale ; ce qui advint à au moins dix mille Allemands, des centaines de milliers de Soviétiques et des millions de civiles. Ce sort survint à au moins deux milles poilus français pendant la première sic guerre mondiale et qui sait combien de collaborateurs vichystes et rebelles de la France libre durant la seconde sic ?

Au « champ d’honneur » la ligne sombre tend à se brouiller, entre l’accident tragique, le sacrifice héroïque et l’exécution péremptoire. 

Imagine-toi en patrouille sur un terrain hostile, accompagné par une vingtaine d’adolescents épuisés, crasseux et terrifiés. Ils sont drapés d’explosifs et d’armes automatiques, et passionnés à mitrailler toute menace avec. En plus, ils disposent d’inimaginable puissance de feu projetée plus ou moins à l'aveuglette par de distants artilleurs et pilotes également cafardeux.

La tactique ordinaire parmi les Américains au Vietnam, c’était leurrer de grandes formations ennemies en guet-apens d'artillerie de campagne et d’aviation d’attaque au sol, amorcés par des unités alliées isolées et à court de personnel. Les généraux américains y ont versé de la puissance de feu, tel que ferait dissoudre un petit gourmand des monticules de sucre dans sa céréale du petit déjeuner. Des cantons dénombrant des millions de vietnamiens plus ou moins neutres furent transformés en « zones de feu libre » là où chaque cible, tant fixe que mobile, figura comme du bon gibier. Les feux « amicaux » se sont donc rendus encore plus fatals en comparaison. 

Pendant la guerre du Golfe en 1990, la somme des Alliés accidentés et des victimes du feu amical a quasiment équivalu à celle des hostilités. 

Jusqu'à récemment, la punition, l’accident, la privation, les mauvais vivres et eaux, le refroidissement et surtout la fièvre ont emporté beaucoup plus de combattants que le combat. Sans relâche, des pandémies d'après-guerre sans diagnose ont affligé des vétérans du combat moderne, en dépit des meilleurs soins de leurs toubibs. Davantage d’enfants irakiens sont décédés des privations apparentées à l’embargo qu’ont succombé des soldats irakiens des feux alliés. 

Nous nous sommes rendus en barbares de conscience morale estropiée, soigneusement isolés de nos résultats inadmissibles au moyen de l’inlassable propagande d’armes...

« Parmi les vétérans plutôt jeunes de l’opération Orage du Désert, 9.600 ou davantage sont morts après avoir servi en Irak : une statistique anormale, écrit Dan Kapelovtiz, [en 2004] le reporter qui interviewa Picou. De ceux restants, plus d’un tiers, donc plus de 236.000, ont déposé une requête concernant le syndrome de la guerre du golfe auprès de l’administration des vétérans.

« La recherche suggère en surabondance que ces maux et fatalités furent induits par de l’uranium épuisé : métal dont les militaires se servent en profusion dans leurs pièces, de telle densité à pénétrer l’acier blindé des chars. En revanche, cette matière radioactive a une demi-vie de 4,5 milliards d’années, selon la savante renommée, Helen Caldicott. En Irak, les incidences ont toutes fait flèche de cancer, de leucémie infantile et de mutation inhabituelle aux nouveau-nés. »           http://www.rense.com/general42/werq.htm

[En 2014, la source en faveur contemporaine : le vaccin contre des agents chimiques, voire celui contre des pestilences munitionnées ? Une combinaison périlleuse des trois, sans doute ?]

Imagine un char d’assaut embrasé. Ses munitions et combustibles détonent dans sa carapace blindée. En brûlant à grande chaleur, la ferraille en flammes émet une maigre fumée blanche, puis celle plus grasse et noire qu’on peut flairer de loin sous le vent. Ce qui crame en premier dans ce blindé, à part les carcasses de l'équipage, c’est l'uranium vaporisé qui incinère sa voie à travers la cuirasse – comme un jet de vapeur surchauffé pénètrerait un bloc de glace – et éclabousse son intérieur. Cette fumée souille l’environnement ; elle se délave doucement dans les profondeurs du terrain et puis en mer à force de pluies désertiques. Chaque tempête de vent subséquente soulève une brume de poussière radioactive…

Pendant la guerre de Kuwait, beaucoup plus de troupes américaines tombèrent victimes d’empoisonnement après avoir inhalé des vapeurs d'uranium épuisé issues des projectiles antichars américains, comparé à la poignée de ceux intoxiqués par le plomb des tirs irakiens. 

Durant la seconde, des milliers de pertes de la seconde sorte. Avec chaque rédaction d’Apprenti, je suis contraint de hausser le compte de retour de tels cercueils clandestins. Ne me demande pas pourquoi nous avons laissé des désespérés irakiens et afghans côtoyer nos troupes pour tant d’années, ni ce que nous aurions pu y accomplir, sauf bourrer les poches d’industrialistes d’armes. 

Des pertes parmi les élites d'info peuvent toujours être remplacées des rangs serrés du prolétariat d'info. En fait, l’aptitude directoriale s’améliore selon que des chauvins d’ordre inférieur reçoivent des responsabilités restreintes. Des martinets mercenaires, abusés comme enfants, sont plus faciles à recruter et manier que des progressistes charismatiques élevés en bonne tendresse. 

La campagne de brutalité et de terreur favorise des extrémistes politiques par-dessus les modérés, jusqu'à ce que la répulsion n'accable les survivants. Ensuite, par égard à la paix, les pires génocidaires sont accordés amnistie et permis de rentrer chez eux. Ces chefs prennent leurs gains sanglants en exil de luxe ; les porteurs de lance rentrent chez eux pour terroriser leurs voisins paisibles. Chaque survivant vieillit en cultivant des cauchemars sanglants. Grâce à Dieu, ils meurent tous éventuellement et emportent (espérons-le) leurs cauchemars avec eux.

Le paradis pourrait survenir quand nous n’aurons plus à enterrer ces cauchemars avec les corps de nos défunts.

Je me demande à quoi la vie ressemblerait si la moitié de nos voisins survivants étaient des meurtriers impunis, et le tiers des nôtres, leurs victimes décédées — un peu comme au Rouanda. Quel cauchemar en éveille ! De telles ont sans doute été endurées lors de quelques-unes de nos vies antérieures. Sans parler d’être croqués vivants aux éons antécédents, sans sursis à part l’occasionnelle résurrection en croqueur.

Ces meurtriers sont tellement nombreux que nous ne semblons pas disposer des moyens adéquats pour les réformer avant leur méfait, voire les punir et réhabiliter après. Créer des dispositifs neufs à ce but, voici une autre priorité des Apprentis, bien avant que cette nécessitée ne réapparaisse — que Dieu l’interdise ! La commission de réconciliation et de vérité, créée en 1995 par le Révérend James Tutu d’Afrique du Sud, elle offre un précurseur pour cette tâche ahurissante. 

La routine du mal, telle que discutée dans le livre de Hannah Arendt, Eichmann à Jerusalem : Un rapport sur la banalité du mal, voici l’une des obscénités les plus spectaculaires de la gestion d’armes.  

Les contemporains de Lot et de Noé sont dits avoir péri des conséquences imprévisibles de la routine du mal, ainsi que les Atlantides légendaires. Une fois qu’ils l'embrassèrent, aucune alternative ne leur restât sauf l’annihilation. Dix mille ans après le désastre Atlantide, Platon a reporté que cette société s’adonna à une mystérieuse technologie énergétique qui vira du droit chemin. Cela te semble-t-il familier ? 

Ce n’était pas nécessairement le gymnase sexuel que Dieu condamna à Sodome et Gomorrhe. Plutôt n'a-t-Il pas apprécié le fait que des êtres humains aient commencé à croire que les bons étaient des sots et que cela devenait « cool » d’être infect.

Le visionnaire Edgar Cayce décrit l’ultime conflit des Atlantides comme une guerre civile. Ils avaient créé des chimères mutantes quasi humaines et animales qui leur servirent comme esclaves et bêtes de labour intelligentes. Selon Cayce, deux expressions ont émergé de la philosophie sociale Atlantide : l’une interdisant les liaisons sexuelles entre des pur-sang humains et ces chimères, et l’autre souhaitant les permettre. 

Je pressens que ce fut un peu plus compliqué que cela : que le premier groupe voulut établir l’apartheid alors que le second prêcha l’égalité. Comme d’habitude, cet argument se réduit en expressions telles : « Jamais de la vie ne permettrons-nous à cette espèce de violer nos filles et nos sœurs ! » Cayce, un Virginien de vieille souche, le réduit en termes raciaux-sexuels qui lui semblèrent familiers, tombant carrément du côté des partisans de l’apartheid. Les deux cotés furent annihilés de toute façon. 

Consulter le livre de Paul Di Filippo, Ribofunk, pour glaner des contes brillants des retombés d’une telle technologie transhumaine.

Une fois que la criminalité permise et la brutalité institutionnelle se rendent avantageuses ; quand, d'une manière ou d’une autre, la provision du bien devient efféminée et irréaliste, voire hasardeuse ; quand le monologue officiel se met à anoblir le mal et escamoter les distinctions entre lui et le bien (l’ultime ambition de la mentalité d’armes) les activités de grande valeur se broient à la halte. 

Le plus souvent, la moralité collective aide à garantir la survie du groupe. Les salaires du péché sont la mort. Chaque pécheur meurt, d’une façon ou d’une autre. Mais la communauté ne succombe de ses contradictions internes qu’une fois qu’elle institutionnalise les pires de ses brutalités. Nous voici.

C’est à savoir, combien des gardes de camp de concentration étaient des sadiques et psychopathes : de bons candidats à être écroués pour cause psychiatrique. Les restants ont dû être d’humbles sociopathes : des criminels insignifiants, des opportunistes sots et des conformistes médiocres profitant des opportunités brutales offertes par leurs supérieurs sans doute écrouables. 

Ces supérieurs, à leur tour, ont entretenu leurs mains propres en s’isolant de la brutalité qu'ils ont institutionnalisée. Ils ont établi des bureaucraties en gradin pour exécuter la chasse complexe de paperasseries de douleur, de misère et de massacre. Ils se sont ôtés du procédé tant de façon émotionnelle que matérielle. Seulement parfois sont quelques-uns d’entre eux allés draguer les bas quartiers de leurs victimes pour en torturer et occire quelques-unes, comme diversion momentanée et motivation par exemple pour leurs subalternes.

En effet, les besognes les plus implacables dans ces camps de concentration – la discipline de caserne, le colportage de cadavres des chambres à gaz aux fours crématoires, ainsi que le débarras des restes – furent reléguées respectivement aux kapos : forçats collaborateurs des camps de concentration, et aux sonderkommandos : des intouchables parmi les détenus. Ces deux groupes furent des victimes absolues du système de camps. 

Je dois remercier Micheline Petrouchevich, la meilleure copine de ma mère, pour me l’avoir rappelé. Elle m’emmena voir des films comme Alexandre Nevski et Le tank lors de mes anniversaires enfantins, pour me rappeler que ces croque-mitaines de Russes étaient des braves gens autant capables d’héroïsme, de grâce et de vertu, alors que mon pays tenait à les rendre en monstres méritoires d’extermination nucléaire.

Au fond, ce système fut conçu pour empêcher aux escouades de dégénérés SS, triés à la main des gouttières et des prisons du Reich, de se rendre hors d’esprit : cette défaillance mentale très fréquente. 

Si les gardiens de ces camps avaient dû vivre, manger et dormir en caserne avec leurs charges, comme l’instructeur militaire le doit avec sa section, la plupart aurait développé des émotions protectrices. Beaucoup l’ont ressenti de toute façon, si seulement envers une poignée de bénéficiaires. 

Au lieu, leurs émotions particulières ont dû être soigneusement compartimentées. Une « boîte » mentale renferma la famille, les amis, les co-équipiers et la nation ; l'autre, celui au travail, les détenus d’un nouvel univers de cruauté inconcevable. 

Nous acceptons la même astuce car nous habitons un camp de concentration global que nous refusons de reconnaître. Nous considérons des minorités, des étrangers et des sans-abris selon un double standard familier depuis longtemps. Forcément, quiconque aurait la malchance d’être exclu de notre « bonne » boîte, ne mérite pas la considération que nous offririons à nos animaux familiers.

Les Apprentis n’admettront plus personne dans cette « mauvaise boite » — du moins en temps réel ; plutôt dans des espaces théâtraux, rituels et imaginaires.

Comme le chante Elvis Costello, « Qu’y a-t-il de drôle dans la paix, l’amour et l’entendement ? »

Puis il chante : « Toujours, toujours, toujours, j’écris le livre. » 

Va s’y, mon vieux, chante-moi ça bien fort !

 

- STUPIDITE RITUELLE –

« Pouvais-je tranquillement contempler mes camarades piétiner comme des sots dans toutes les directions imaginables sauf celle seule où trouver le bonheur qu’ils cherchaient ? » Robert Owen, New Lanark, Cole, 108, pris de The Life and Ideas of Robert Owen, by A L Morton, Monthelie Review Press, 1962, page 61. 

Graham Gwynn et Tony Wright : Left in the Dark, (Gauche ou Laissé, dans le noir), Kaleidoscope Press, 2008.  Reference URL. Ce qui suit est un sommaire de leur texte, composé avec leur autorisation.
 
 A son origine, il y a une soixante-dizaine de millions d'années, l'humanité apprécia un régime alimentaire de fruits de la jungle (avec des suppléments de noix, de racines, d’insectes et de carcasses quand disponibles) facilement digestible et riche en flavonoïdes. Ce régime idéal réduit l’effet nocif au corps humain de stéroïdes et de MAOs, stimula la glande pinéale et incita une boucle de renvoi physiologique qui inhiba ces stéroïdes, étira la croissance prépubescente, (autant l’espèce est avancée, autant celle-là se prolonge) et tripla le volume du cerveau humain, le tout très brièvement du point de vue évolutionnaire. L’esprit humain s'approcha à la perfection en équilibrant le rendement mental des deux hémisphères du cerveau.
 Hélas, il y a de 200.000 à 12.000 ans, l'humanité dût s’adapter à un milieu beaucoup moins bénin. Une suite indéterminée de catastrophes climatiques réduit la génétique humaine en une poignée de lignées féminines. Grâce à son surdéveloppement cérébral, l’humanité survécut cette transition d’un régime abondant en fruits forestiers, à celui équivalent de savane (tubercules et graines) puis celui glaciaire de chair animale. Ces régimes obligés ont détérioré notre intellect de contrefaçon cumulative, sans évolution physiologique correspondante. Nous sommes demeurés exactement la même espèce, mais de raisonnement moins fort car sustenté d’aliments moins bien adaptés. 
 Cette insuffisance alimentaire a accentué l’effet de la testostérone sur le corps humain (soit mâle ou femelle) et déclenché une cascade de retardement mental qui a renforcé le cycle de sommeil, bloqué l’hémisphère dextre du cerveau en faveur de celui sinistre (pensée linéaire et mémoire à court terme par-dessus celle holistique et traitant ta longueur) et disposé le comportement humain à la crainte limitative plutôt qu’à l’entendement holistique. 
 Selon leurs conclusions, nous sommes les survivants estropiés mentaux de cette transition du régime alimentaire de fruits forestiers optimisé pour notre physiologie, à celui de moins en moins favorable (aboutissant dans la malbouffe de l’industrie contemporaine sans grande valeur nutritive) provoquant ainsi la chute en spirale de nos meurs et comportements.  

Dans son livre magnifique, La marche de la folie, Barbara Tuchman examine la dissonance cognitive. Selon elle, c’est la tendance parmi les bureaucrates (et leurs communautés) d'abandonner le bon sens, le gain à long terme et La bonne conscience pour privilégier l’outrage politique de ces préceptes. Cette tendance prend le devant en dépit de conseils préventifs en abondance.
  
 Les préalables de la dissonance cognitive : 
 •   convoitise de puissance,
 •   pouvoir excessif, 
 •   syncopes et stagnation mentale, 
 •   persistance dans l’erreur, et
 •   stupidité protectrice (refus d’observer les alertes.) 

Ses conséquences : 
 
 •   Le suicide social remplace la raison : avant de fêter leur victoire imaginaire, les Troyens tirèrent chez eux le cheval de bois sans planter la garde suffisante autour ; le Congrès des Etats-unis chiffre ses contributions politiques au lieu d’adresser le réchauffement global, la fâcheuse détention d’armes à feu et d’autres problèmes multiples ; 
 •   Des instruments sociaux abandonnent leur fonction et se transforment en institutions : la papauté de la Renaissance poursuit la richesse et le pouvoir au lieu de réformes religieuses ; le Congrès, ses finances de campagne électorale au lieu de l'avantage public. 
 •   La direction s'asservit aux préconceptions : la défaite américaine au Vietnam, l’ingagnable guerre contre les drogués, l'empire de prison contemporain, l'effondrement de la gérance soviétique, l'enlisement militaire en Irak et en Afghanistan, que les responsables américains prétendaient impossible, etc. …  

La marche de la folie n’a pas de chapitre sur un gouvernement autocritique, même d’exception. Les administrations d'armes se félicitent et se perpétuent, même lors d'intermittences d’effondrement incontestable. 
 Mme Tuchman nota le martyre de Mohammed Anwar El-Sadate en 1981. Président d'Egypte, il prit la décision impopulaire d’entrer en pourparlers avec Israël. Il fut assassiné pour ses peines. Son analogue ultérieur en Israël, le Premier ministre Yitzhak Rabin, fut abattu quelques décennies plus tard pour exactement les mêmes raisons par exactement le même genre de psychopathe du côté israélien. 
 La politique habituelle d'armes n’est retenue que par ses inefficacités d’exploitation : méthodes confuses, inertie mentale, obstacles de protocole et disputes sur le partage des restants. Puisque des chefs mal orientés insistent à malmener les affaires depuis le début, l’inefficacité institutionnelle atténue leurs mauvaises suites. Ceci en dépit du dictat des mémères : « Deux maux ne valent pas un bien. » 

Ainsi débute le syndrome 1984. Puisqu’on s’est persuadé que le gouvernement sera malicieux, pourquoi pas le rendre aussi débile que possible afin d’atténuer sa malice ? Hélas, un gouvernement stupide est encore plus malicieux et friand d’accroissement, car il se pardonne d’avance de ses corruptions, négligences et inaptitudes.
 Ce que La marche de la folie désigne la dissonance cognitive : une aberration momentanée, Apprenti dénomme stupidité rituelle : tendance constante parmi les gérants de la terre en armes. 
 Le comportement en temps réel de nos institutions publiques est pour la plupart irrationnel. Même si leur mandat de base est raisonnable, leurs bureaucrates s’arrangent pour le contredire. Mme Tuchman en admet autant : que l’on n’a qu’à se débrouiller « le long d’intervalles de brillance et de déclin. » Selon elle, le seul ensemble politique retenant espoir de surmonter cette dissonance cognitive serait un électorat si bien instruit qu’il valorise le courage moral par-dessus le gain matériel. Une rareté disparaissante de nos jours, ainsi que le but de base des Apprentis : développer cette citoyenneté honorablement cosmopolite.

« Les poésies épiques, les inscriptions monumentales, les traités de paix, presque tous les documents historiques comportent le même attribut : ils traitent des infractions de la paix et non de la paix elle-même. » P. Kropotkine, L’Aide mutuelle.

 Beaucoup de ces documents solennels ont justifié des crimes contre l'humanité. Brandissant les principes exaltés de la constitution stalinienne, ses fonctionnaires ont exécuté autant de Russes que les Nazis. Au nom de Mao, des militants chinois ont condamné davantage de chinois que les militaristes japonais. Les originaires et champions français de la déclaration des droits de l'homme l’ont trahi depuis la Terreur jusqu’aux massacres coloniaux et postcoloniaux (au Rouanda en particulier.) Et puis ces sottises quasi-fascistes les plus récentes, interdisant aux fillettes sages de porter leurs signes religieux en école publique ? La laïcité comme justification pour discriminer à base de religion ? Quoi d’autre encore ? 
 Quant au préambule de la constitution américaine et sa déclaration des droits humains, eh bien ! Contemple l'empire carcéral aménagé autour de nous et l'armée professionnelle (soit militaire, policière ou aventurière) soldée pour le défendre. Quelles autres déformations constitutionnelles l’empire américain devra telle tolérer ? De quelles autres abominations aurons-nous à témoigner pour en extraire la vérité ? 
 En fait, la dissonance cognitive caractérise le comportement humain. Trop rarement pratiquons-nous ce que nous prêchons. Dans le monde dit « réel » nous cloisonnons nos sentiments. Certaines histoires, certains individus et milieux suscitent confiance, compassion, coopération et affection (envers la famille et les pairs de clan, de politique, de nationalité, de culte et de langue) ; alors que d'autres, traitant des sans-abris et des immigrés par exemple, nous ternissent l’esprit par la crainte, le mensonge et la brutalité absentéiste.  Nous ferions mieux faire taire les ordonnances détestées de la terre en armes et répéter au lieu les hymnes intrigantes du monde paisible.

Imaginons deux hommes : M. Stoïque et M. de Nerfs. Quand le premier se blesse, il sécrète des endorphines suppressives de douleur qui lui laissent des fonctions de base moins efficaces. D’ailleurs, il pratique le stoïcisme que nos philosophes d’armes ne cessent de louer. Mieux vaut traiter à grands coups de stoïcisme les problèmes que nos institutions fervemment stupides nous interdisent de remédier !
 Ce stoïcisme social stimule des politiques démentes, il forge la bureaucratie que Barbara Tuchman décrit en détail. Les décisions descendent d’en haut, isolées de la réalité. Elles dictent des caprices qui ne se prêtent pas généralement à la réalisation pratique sur le terrain. Ces décisions peuvent contredire l'instinct de survie, les potentialités locales et le précepte moral. Et alors ? Personne directement touchée ne sera consulté. Des cadres intermédiaires les exécuteront de toute façon, sous la menace de licenciement sommaire. Les protestataires raisonnables seront ébranchés de l'arbre de décision. Cette taillade devient la toilette favorite de bureaucraties qui, par automatisme rituel, s’en rendent encore plus stupides, flasques, apathiques, et « stoïques. »
 M. de Nerfs tombe dans les pommes à la première vue de sang non moins de blessure grave. Emballé dans le choc, il languit en syncope jusqu'à ce que son sub conscient ne stipule que les nouvelles conditions peuvent être survécues. Tandis que M. de Nerfs reste évanoui, son esprit contemple ses options à loisir. 
 L'argumentation et l’engendrement de consensus règlent la politique nerveuse. Le plus de temps que prend ce consensus, le plus de retard entre les décisions. Les administrations nerveuses et pluralistes se compromettent, vacillent et retardent la prise de décision. Personne ne se commet ta une seule voie avant que chacun n’ait revendiqué la sienne. Tandis que de plus en plus de voix se mêlent à la discussion, les retards s’étendent sans fin. Le plus de données à rassembler, la plus tardive chaque nouvelle prise de décision. Prenant deux pas en avant et trois en arrière, les organisations exécutives recueillent des données, les traitent pour en extraire une vérité indiquée, proclament leur décision, examinent leurs résultats, ressassent, établissent une nouvelle ligne de conduite, etc. ... 
 Sinon une minorité opiniâtre impose ses décisions arbitraires et ignore leurs revers : cette pratique beaucoup plus simple et courante. Quand la prise de décision aboutit en impasse, l’avidité de simple profit dans le moins distant se rend l’ultime arbitre de discussions surchauffées. Sans tarder, elle remplace celles antérieures et subséquentes. « Laissons la décision aux mesquins : c’est plus simple et puis ça paye bien ! » Le désastre en résulte de manière prévisible. L’excellence et ses revenus hors commune mesure nécessitent davantage d’effort et de raisonnement, moins de rapacité et manque correspondante de sollicitude.

Parlons de trois panacées de la gestion d’armes : discipline, gloire et morale militaire. Les disciplinaires militaires appliquent juste assez de brutalité pour court-circuiter le bon sens et l'intérêt éclairé des recrues. La « haute morale » d’une unité militaire permet à ses subalternes de se sacrifier quand les affaires commencent à se gâter. « La gloire » aboutit quand cette discipline est si bien modulée qu’eux tous se soumettent au massacre, souvent pour aucune raison … à l’exception de quelques doyens d’armes bien isolés par l’écart et la stupidité. 
 Les bonnes unités combattantes doivent supporter de lourdes pertes mais demeurer agressives ; attaquer sans hésiter, même si contenues, renvoyées et chassées. Dans certains cas, elles doivent se soumettre à l'annihilation en affrontant l’incontournable hasard. 
 Après tout, la catastrophe corporelle est le seul dénouement pour ceux mutilés ou occis au combat. Ça leur sera bien égal, la gloire de leur sacrifice. En bref, chaque individu militaire doit se soumettre à la dissonance cognitive sur demande, qu’il creuse des latrines ou commande en chef. 
 Un rude état d'esprit est requis pour l’entretient d’un Etat. Les hiérarchies militaires opèrent de façon routinière dans un brouillard de dissonance cognitive. Même pour eux, celui-ci est difficile à maintenir. Par conséquent, l’Etat d'armes doit choyer ses maîtres de dissonance cognitive et marginaliser ceux perspicaces, critiqueurs et francs. Des ronchonnements incultes de l'info prolétariat jusqu’aux pinacles littéraires de l’épopée, de denses pilotis de stupidité rituelle doivent étayer les façades en carton de la civilisation dite « éclaircie. » Cette fondation est si ubiquitaire qu’elle nous est devenue imperceptible. 

Les Etats d'armes masquent leur agression manifeste lors d’intervalles paisibles. Au lieu, des actes de brutalité raciale et domestique se rendent banals, la culture populaire et les sports favorisent une concurrence brutale. Les prolétariens trouvent moins d’emploi légitime, ce qui amplifie le crime. En poursuite de bénéfices à court terme pour défrayer des impôts colossaux de guerre, les êtres humains se piquent et s’alignent contre leur environnement. Après l'épuisement en éclat de ressources naturelles, des éons de révérence pour la nature sont abandonnés. La consommation en masse, le jonchement de détritus particuliers et la pollution institutionnelle dégradent les milieux naturels, sociaux et psychiques. Des contraintes sexuelles superflues, de l’intolérance religieuse et la criminalisation de drogues récréatives multiplient cette virulence.

 

L'alcool, les drogues, la prostitution, les jeux de pari et d'autres penchants humains multiplient les frais sociaux, en particulier quand rendus rares et plus coûteux par la prohibition officielle (donc plus profitables pour des élites et leurs juges aux contrôles.) Dans ces cas, ceux-là doivent être légalisés, subventionnés et clairement réglementés pour réduire leurs répercussions sociales, suivant le principe en souplesse dénommé gué-do-gaine en Hollande : « illégal mais toléré si aucun mal n’en résulte. » Au monde paisible, les seules exceptions majeures de ce principe seront des applications bannies d’armes, pour lesquelles il ne restera aucune indulgence.
 Le toxicomane obtiendra ses drogues gratis ; en effet, son penchant sera subventionné. Ce frais sera beaucoup moins onéreux que celui résultant de l’obligation de victimes innocentes de subventionner son addiction en directe au gré de sa petite délinquance : cette imposition bilatéralement abusive.
 Des nouvelles cérémonies religieuses montreront aux jeunes Apprentis le pathos de leur immoralité. Le rituel des Apprentis reconstituera des anciens spectacles moraux des excès et la boîte de Pandore qu'elles peuvent ouvrir. Des cultes de mystère ont servi la même fonction dans l’antiquité, aussi les anciens rites d'ivresse publique des Dionysiens. Une fois que la société fournira des asiles sécurisés d’initiation, d’intoxication et de convalescence, l'intoxication publique sera enfin limitée de façon fiable avec ses a dictions nuisibles : des faux-pas inadmissibles de la part d’adjoints d’une société paisible. 
 En parallèle, la communauté d’Apprentis encouragera l’étude de soi au moyen de drogues révélatrices et hallucinogènes. Des amis se réuniront pour méditer ensemble sur Dreamtime, en partageant des drogues bon marché, légaux et de haute qualité dans des kivas sécurisées pour de telles activités. 
 Mais l'abus public de drogues et d’alcool ne diminuera jamais la responsabilité particulière. Au contraire, des crimes aggravés par ces abus tireront des pénalités encore plus raides de jurys d’Apprentis. Après tout, ils se seront baladés par là-bas et en auront fait autant sans conséquences tellement graves. 
 Cela fait au moins dix mille ans que des êtres humains en bonne santé se droguent. La prohibition arbitraire, ce n’est que de la folie au ralenti. Les drogues de la rue doivent être bien réglées afin d’assurer leur qualité et réduire leur toxicité. La désignation sativa, du cannabis sativa est une honorifique qui date de milliers d’années : le Sanskrit la réserve au riz et à d'autres plantes bénéfiques (fenouil, raisins.) Proprement cultivée et administrée, ses qualités médicinales et de Dreamtime transcende ses risques. La marijuana de haute qualité réduit les tensions nerveuses, contrairement au détritus engourdissant d’esprit que nos éléments policiers et criminels ont conspiré à raffiner. Elle favorise la socialisation et le discours philosophique, sans nuire à la poursuite de la muse. Le monde paisible des Apprentis invitera cette source d’inspiration. 

Il y a deux raisons principales que les drogues récréatives restent illégales. La première : que faire de tous ces teneurs de lance de la guerre contre les drogués : ces flics et criminels, les grands comme les petits, une fois mis au chômage ? Cette criminalisation a créé une armée d’agents, de pifs et d’entrepreneurs grands et petits pour lesquels les abus sociaux sont devenus coutumiers. La tentative de leur trouver nouvelle embauche lâchera un contrecoup de criminalité raffinée tel que celui qui afflige la Russie depuis que sa police secrète perdit son permis de terroriser la populace au nom de la révolution. 
  La seconde raison ? Les gains pantagruéliques que des réactionnaires politiques obtiennent en inondant les banques mondiales de leur revenue de drogue. Ils ont défrayé leur ascendance médiatique par cette marge brute d'autofinancement criminelle. Cet avantage politique se tarirait si nous normalisions l'usage de drogues. Chaque nouvelle prison, drogué sanctionné et achat illégal gonfle leur marge de bénéfices et leur base de pouvoir. Pense à cela, la prochaine fois que tu te tapes ta drogue prohibée préférée. 

A ce jour, certains irresponsables commettent des infractions loufoques et accusent la prise de drogue pour leurs résultats horripilants. Des élites d'info rendent une leçon particulièrement soigneuse à ces menteurs égoïstes, afin que leurs confessions d’horreur, récitées très correctement, diabolisent les criminels de drogue sans victime. C’est pareil pour les survivants en deuil de preneurs de drogue suicidés, quoique ce choix assidu de porte-paroles et de lampistes ne parvienne jamais à interdire l’emploi de drogues récréatives. 
 Ceux paniqués par la consommation adulte de drogues, doivent comprendre la neutralité fondamentale de cet acte. Quand il libère des manifestations destructives, ce n’est qu’en magnifiant de profonds conflits psychologiques : notamment notre défi sub conscient de l’antinomie d’armes et de paix. La solution ne se trouve pas en claquant des portes psychiques, mais en enveloppant les victimes dans des filets beaucoup plus forts, souples et moelleux. 
 Ma psyché fut cloquée par quelques mauvais tours hallucinatoires ; il ne me reste peu d’envie de me doser de fortes substances psycho actives. Une fois que ces drogues seront légalisées, je préférerai cultiver celles les plus bénins dans mon jardin, sinon en mander à mes amis des leurs. Toutes ces drogues doivent être légalisées. Cela réduira les crimes secondaires et les contrariétés de l’interposition policière : des maux de loin pis. 
 Comme le traitement de la mangeaille de chocolat excessive au point de s’en rendre malade ; la prévention des malheurs liés aux drogues devra être une des responsabilités principales des médecins aux pieds nus en localité, dédiés au vœu d’Hippocrate : « Surtout ne faire aucun mal. » Non plus d'une police armée, importune et remueuse d’ennuis subséquents. 

Les mineurs devraient se refuser de telles drogues par choix, exigeant une meilleure alternative. Ils préféreront peut-être « se garder intacts » pour des cérémonies graduées d’initiation d’âge de pair, animatrices plus influentes de leur destin. En imitation d’ancestrales cérémonies tribales, ces rituels d’Apprenti favoriseront des liens intensifs de parenté en paliers de cohorte d’âge. Leur promotion à travers ces clans dotera le novice de responsabilités sociales en fonction de la maturité de leur mérite bien chronométré. 
 La vigile anti crime pourrait devenir une de leurs responsabilités primaires. Des enfants se doteront des privilèges d'adulte, une fois apprêtés aux responsabilités correspondantes mais pas avant. Dans la société bien avancée du monde paisible, là où l’on n'aurait plus entendu parler de telle brutalité déréglée depuis des années, certaines responsabilités de renseignement policier seront transférées aux enfants en bas âge. 

La douleur, compagne assidue de l’humanité, a amplement renforcé ce stoïcisme historique. En dépit des fanfaronnades de la communauté médicale, les riches souffrent autant que les pauvres de ruptures mal recousues, de maux de dent, d’irritations et d’allergies chroniques, de désordres digestifs, d’urgences psychiatriques et de blessures accidentelles, criminelles, combattantes, soit à nos mains soit par la négligence ou la mauvaise routine médicale.
 Nos corps sont souillées par l’accumulation d’aliments toxiques mal comprise et mal instruite. La désinformation est le pain beurré des méga sociétés de production alimentaire. A vrai dire, leur premier objectif semble être la manufacture en série de rations du combat : ces denrées les moins nutritives mais les plus profitables jamais produites.
 Des vieux guerriers du passé ont enduré davantage de peine que les autres ; leurs prérogatives leur permirent de survivre plus longtemps que leurs contemporains moindres, en dépit des blessures du combat et des maux de la vieillesse. En effet, l’ancienne « supériorité » des nobles, vis-à-vis leurs paysans, peut être tracée à leur monopole de longue date des privilèges de la chasse. Ceux-là mangèrent davantage de protéine animale alors que les manants se nourrirent de gruaux de céréale, légume et légumineuse. Leur cerveau en mûrissement manqua assez de protéine pour se développer et concurrencer avec succès ; pareillement aux esclaves et leurs maîtres, et aux élites d’info et leurs prolétariens d’info contemporains (aliments « bio » à l’encontre de la malbouffe). 
 La stagnation culturelle de nombreuses nations et minorités actuelles peut découler de cette nutrition inadéquate, surtout le manque d’iode dans le sel, ainsi que d’autres micro nutriments (comme le fer) dont les effets en détail à long terme nous sont plus ou moins obscurs. Ces lacunes, les Apprentis combleront presque à l’instant, haussant donc la perspicacité globale à prix minime. Voici une autre démonstration de notre dégénérescence d’armes, que nous n’ayons pas encore entrepris ces tâches élémentaires à l’échelle universelle. 

Globalement, ceux qui manquent de bonne éducation et de bons soins comme dépendants coûtent plus cher à maintenir en dehors de prison et d’hôpital comme adultes, alors que ceux qui les reçoivent ont tendance à remettre des profits fiables de leur propre initiative. 
 La pauvreté, c’est l’agencement social le plus coûteux au monde, mais qui crée des légions de bons soldats.

Hormis le cannabis, l'écorce de saule, la mandragore, l'hypnose, l'acuponcture et le jus de pavot dans certaines cultures privilégiées, des analgésiques efficaces furent très rares dans le passé. Dans la nature, elles furent bientôt récoltées au point de disparaître et d’être oubliées. Les chefs, ceux héréditaires en particulier, furent assaillis de douleur atroce tout en devant prendre des décisions importantes, sans parler de leurs vassaux encore moins bien soignés.
 Si ta bonne fortune t’a permis d’éviter de telles souffrances, fais confiance en mon expérience. Des individus autrement sages peuvent se rendre en parfaites brutes sous une averse continue de douleur : leur raison abdiquée en faveur de crises de colère. 
 L'alcool était l’analgésique de choix, bien avant et après l'usage de celles plus efficaces. La douleur et l’alcool en combinaison tendent à annuler la grâce sociale. L’alcool et les infusions de verdure en eau bouillante ont servi comme substituts et suppléments salubres pour de l’eau à boire souvent contaminée dans des villes anciennes, pour la plupart d’ingénierie primitive.

Aussi, l’alcool a pu aider à la digestion. Comme des bulles d’oxyde de carbone dans une gazeuse, elle tue de nombreux microbes dans la nourriture, nuisibles à la digestion et au sang. Ainsi perme telle aux populations humaines sans meilleur moyen de décontamination nutritive, il y en a de meilleurs, aux Apprentis de découvrir, de se purifier les entrailles de temps à autre, soigner ses blessures et apaiser son esprit trouble. Ces temps-là, le pourri accompagna l’alimentation de base.

Un philosophe social, dont le nom m’échappe à présent, conclut que la communauté s’est servie de l’alcool pour trier ses gens. L’alcool n’est après tout qu’un concentré de grains ou de fruits complémentaire à la sustentation de base si confectionnée de son surplus, ou un remplacement nuisible si produit malgré son insuffisance. Ce serait un surplus incontestable des besoins de survie d’une famille opérant aux marges et choisissant ou pas de la consommer : un véritable supplément aux besoins de base d’une famille pauvre, tant aujourd’hui que hier.
 Ceux s’abstenant de l’alcool ont pu appliquer leur revenu supplémentaire comme nantissement d’entreprise rentable en bon temps et comme marge de survie en temps de famine, alors que des buveurs en excès se sont cloîtrés dans la classe inférieure par beau temps et laissés anéantir plus vite en temps de famine, eux et leur famille. Des anciennes communautés qui ont interdit l’alcool se sont rendues plus rigides et fixes en abandonnant ce surplus et l’option de leurs familles de l’appliquer ou d’en abuser, alors que celles qui l’ont permis ont promu l'élévation sociale des familles au mérite, si seulement de façon indirecte.

En outre, au cours de milliards de confrontations d’homme à homme, le combattant sobre fendit celui rendu malade par son breuvage pour compenser sa crainte d’avant la bataille (comme quelques hooligans russes sobres ont tabassé la masse soûle de leurs analogues britanniques lors d’une émeute de football en 2016.) Fut-ce là la marge de victoire dictée par le Qran pour les armées arabes musulmanes contre celles byzantines, persanes, hindoues et chinoises : chacune de celles-ci dépassant son comptant des fois par dix fois ou plus ? Ça, puis l’amoindrissement de la maladie à cause des diktats hygiéniques du Coran, à l’encontre d’étrangers crasseux et puants à vie ?

 Un autre philosophe social, le nom duquel m’échappe aussi, parlait d’autre chose. Il conclut que les communautés dynamiques forcent les femmes sans désir d’avoir des enfants (et les hommes, quoiqu’il n’en parle pas) de les élever. Les communautés permissives ont engendré moins de bambins, sont devenus moins productives et ont dégénéré conformément, puisqu’elles ont permis aux gens d’une neurologie mieux douée de dériver dans le célibat, (et les intimités homosexuelles, pareillement sans mention) et puisque les femmes dites « sensuelles » y seraient devenues les seules à enfanter.
 Par communauté « dégénérée » j’entends cette simple formule : moins d’enfants abusés et moins d’enfants en général, moins de bons soldats, défaite militaire aux mains de ceux en étant nantis, génocide ou esclavage universel, et disparition de l’histoire enregistrée. 
 Selon ce modèle, le contrôle chimique des naissances doit induire la pire forme de détérioration sociale : un autre préjugé réactionnaire favori. Bien que lui, Anglais victorien, ne parlait que de la ségrégation sexuelle à base de conviction religieuse.
 Les mêmes contraintes brutales qui ont engendré davantage d’enfants, leur furent appliquées pendant leur élevage (autant aux femmes et aux inférieurs sociaux qu’à n’importe qui tombé sous la main) afin de les rendre plus féroces ; alors que l’indulgence sociale chouchouta davantage d’enfants et les rendirent en pacifistes décadents incapables de se défendre militairement des héritiers de telles contraintes implacables.
 Dans beaucoup de sociétés guerrières, telle que celle romaine, il était illégal et même un sacrilège qu’un citoyen de premier ordre néglige d’avoir des enfants. L’adoption était obligatoire dans des cas extrêmes. Ce choix inadmissible (puisqu’elle enfreint à la pureté du sang) dut être très répandue dans l’ancienne bonne société à la suite de guerres et d’épidémies de haute létalité, une des seules sources de renouveau génétique en dehors d’aventures sexuelles encore plus férocement interdites.

Je n’aurai jamais rédigé ce texte ni tendu la main aux autres pour leur en faire-part, absent le lubrifiant céleste du vin. Sans l'affranchissement psychique du breuvage, j’aurai été trop ligoté par mon endoctrinement d’armes pour le défier. Mon esprit, sobre à mourir et point modulé par les résonances de drogues psycho actives, aurait toléré les platitudes meurtrières de la mentalité d’armes. Je pressens qu’une forte partie de la créativité culturelle jaillit de cette même source.
 Je suis un introverti, grâce en partie à l’épineux bienvenu que mes pensées philosophiques, transmises à haute voix, m’ont procuré jusque-là. L’éventualité de partager ces sujets avec mes complices primates meurtriers me refoule, à moins que le vin m’ait délié la langue. Aussi l’énième réécriture de ce texte m’est devenu une corvée moins exigeante après un coup ou deux de bon rouge. En outre, ça fait du bien au corps et à l’âme. 

L’histoire des élites russes et celle d’alcooliques démontrent de nombreuses similarités. Elles incluent des soupçons intenses, retraits périodiques, crises de brutalité, autocritiques destructives, faibles images particulières, repentances provisoires, comportements améliorés et méfaits s’empirant, attitudes envers les codépendants à tour de rôle adorateurs et abusifs, élancements frénétiques entremêlés d’apathie sans fin, planification méticuleuse suivie d’indifférence aux conséquences, débuts brillants et prolongations maladroites. 
 
 Une autre habitude caractérise les deux patients : l’envie d’abandonner leurs vrais amis qui leur offrent bon conseil.  L'amitié sans bavure (la metta dans la langue palie de Bouddha) est la vertu éminente de la pensée bouddhiste, aussi la première disposition que les directeurs d'armes font habitude de supprimer au nom de la loyauté à leur agencement. 
 « Ce n’est pas ici un concours de popularité. Je vous ai assigné un travail sérieux. Allez gravement m’endolorir ces personnes-là et faites-m’en vite votre rapport. Rompez ! » : le discours de la terre en armes. 
 Ces traits caractérisent l’Etat d'armes, quoique des siècles de propagande anglo-saxonne les aient fixés comme stéréotypique des soviets et des czars. Ce genre de comportement humain typique s’exhibe de façon chaotique, en parallèle aux échelons distincts, du frangin abusif à la compagne mal adaptée, des commis malins au sergent-chef tyrannique, jusqu'aux sommets du pouvoir. 

L’on pourrait avancer le cas que des dirigeants de l'époque industrielle ont non seulement bu de façon excessive mais aussi de belles carafes en verre plombé, s'empoisonnant de la synergie de l’alcool et du plomb, ainsi que leur monde de brutalité injustifiée. La propagande hautaine et l’inertie institutionnelle ont justifié cette stupidité à la satisfaction de tels soûlards empoisonnés, ainsi qu’à la nôtre aujourd'hui. 
 Des élites d’info grecques, romaines et modernes ont subi un empoisonnement analogue. Le vin acidifié leur fut servi dans des vaisseaux de plomb sinon soudés de plomb. Les grandes maisons accumulèrent de l’eau de pluie depuis leur toit recouvert de plomb ; les humbles appartements, d’argile cuit. Ainsi, la richesse de leurs demeures et breuvages les rendirent pour autant stupides. Les Romains se sont servis du plomb comme douceur, ainsi que nous l’effectuons avec l’aspartame (que Dieu nous en protège !) 
 Les romains pauvres ont mangé et bu de vaisseaux en bois et en argile ; ils n’ont obtenu ce problème que de façon indirecte, des mauvais décrets de leurs supérieurs. Quoique, maintenant que j’y pense, leurs célèbres viaducs furent scellés de plomb, eux aussi.
 Cet empoisonnement chronique aurait suffi pour démolir une civilisation. Chaque nouveau problème reçut des solutions de plus en plus stupides, épicées de terrorisme réflexif. 
 Cette actualité te parfait-elle familière ? Quelles sont nos excuses ? Maintes fois plus d’irradiations de base ? Peut-être bien. Des millions de fois plus de dioxines, d'antibiotiques et d'hormones métaboliques égarées dans notre alimentation, atmosphère, eau et graisse corporelle ? Peut-être bien. Ne serait-ce autrement que la répétition hypnotisée de mythes d’armes ? Pourrait-on trouver leurs équivalents paisibles chez les Apprentis ?

La consommation récréative de drogues psycho actives (sans alcool) entraîne un ensemble distinct de manifestations sociales qui entame de la décadence. Quant aux individus autrement énergiques qui se récréent aux drogues, ils ont tendance à se retirer du matérialisme productif, en mysticisme, art, démenti passif et indifférence sociale. L’ampleur de leur décrochement dépend de la nature des drogues prises et l'amplitude de leur dose. 
 L’adulte se sert souvent de tels drogues pour soulager à bas stress son ennui, tenant ta compenser son manque d’entretenir sa passion et collaborer avec des Apprentis pareillement obsédés. Comme exemples de soulagement d'ennui à grand stress : des montagnes de rouleau et des rendez-vous érotiques. Le combat peut être l’ultime soulagement pour une société entière, ainsi que d’autres activités à grand risque. 
 Si légalisées, les effets sociaux de drogues récréatives sont de valeur neutre ou bénéfique. Leur emploi implique tout de même l’affaiblissement redoutable d’un Etat d'armes : en particulier quand celles-là sont cultivées, traitées et distribuées par des étrangers et donc des ennemis éventuels. 
 Voir l’histoire de la Chine et son effondrement social à cause de l’opium importé chez eux au k non du fusil occidental.
 Dans l’idéal, ces drogues seraient bon marché, légales, cultivées localement et administrées pour bonne salubrité. Dans ce cas, leurs effets secondaires seront moins nocifs que ceux induits par l'abus compensatoire du tabac lacé d’additifs toxiques, de l’alcool, de la caféine, des farines blanchies, du sucre traité et des remplacements du sucre. Ne parlons pas de la prohibition policière, ni du crime organisé commensal ni d’autres violations des droits humains que nous apportent ces augustes assemblés. 

·       Les injonctions de Mohammed, contre le jeu et l’alcool, ont réussi à remettre ses frères islamiques sur la voie de meilleure justice sociale. 

·       La justice sociale est-elle en proportion à la santé publique simple ou plus ultra ?

·        La consomption d’alcool équivaut-elle, en ce qui concerne son effet antibiotique, à se laver les mains cinq fois par jour ?

·       A quoi égalerait le lavage des pieds d’un étranger, d’un adversaire ?
 En assises de justice, peut-être …

·        Laver les pieds d’un étranger fatigué, comme routine sociale, cela mènerait ta quoi ? 

L'Islam primitif décousit d’énormes prolétariats d'info de l’ordonnance de leurs élites d'armes, imbattables autrement. Le Coran offre une sagesse supérieure à l'injustice dogmatique de précédents potentats et d’ecclésiastiques d’armes. Bien avant Apprenti, par la voix de Mohammed, Dieu a divisé le monde en une maison paisible qui loge ceux en bonne entente avec Sa doctrine, et celle de la guerre contenant leurs adversaires. Il n’est pas nécessaire d'être musulman pratiquant pour habiter la maison paisible. L’on doit simplement laisser les musulmans pratiquer leur foi en paix. Il est certain qu’Allah préfère cette maison et abomine l’autre. Aucun musulman sage, ni Mohammed lui-même, ne contredirait cette conclusion.
 Je ne suis pas suffisamment qualifié pour commenter davantage. Des Apprentis musulmans devraient le faire à ma place, à haute voix !

On a spéculé que l'agriculture urbaine et sa tyrannie ont dû évoluer ensemble. Les moissons en surplus n’ont pu être commercées au-delà de la frontière locale de climat. Des villes furent établies le long de fleuves qui bifurquaient ces étendus. En d'autres mots, chaque habitant dût simultanément partager le climat local et ses surplus ou pénuries. Un réseau de transport en surdéveloppement hyper-technologique du point de vue contemporain (comme le commerce naval de grains vers Troie, Athènes, Carthage, puis Rome) aurait été uniquement capable de déplacer des surplus agricoles loin de leur zone d'origine. 
 Manquant de transport en bloc bon marché, l’on dût trouver d’autres moyens de préserver ce surplus invendable. Ce n'aurait été ni sage ni sain de se gaver en années d'abondance et crever de faim pendant celles mauvaises. Une certaine disposition dût être prise pour niveler cette montagne de rouleau alimentaire. Des surplus périssables durent être préservés pour l’année de famine en prolongeant leur durée d’étagère. 
 La fermentation « résolut » ce problème. 

Jusqu’alors, la meute humaine de chasse fonctionna un peu comme celle de loups. Toutes deux partagèrent la gestion au mérite, l’honnêteté autorenforcent, la distribution équitable de vivres et de travaux, des contraintes reproductives, péremption de la brutalité au sein de la meute, ainsi que l’entretien assidu d’un petit nombre de petits par la communauté entière. Le long d’éons, des conditions marginales ont anéanti chaque meute qui dévia de telles normes d'excellence. 
 Nous avons été engendrés pour la mentalité paisible mille fois plus longtemps que pour celle d’armes : la norme actuelle quoique celle aberrante. 
 Ignorons pour l’instant les chicanes philosophiques, le nihilisme rotulien et les doutes existentiels qui nous ligotent l’esprit au moment actuel. L’authentique moralité améliore la probabilité de survie à long terme de ses pratiquants, en rendant moins nuisibles et fréquentes les conséquences inattendues. Par contre, la mauvaise conduite tend à produire des résultats plutôt néfastes quand passée à travers la boite noire des calcules probabilistes de conséquences imprévues. 
 En bref : obéis ta conscience morale, fais du bien et attends-toi à davantage de miracles inattendus. Désobéis-la, accomplis davantage de mal et attends-toi à des catastrophes inattendues en nombres croissants. Obéissance à la conscience morale et son don de miracle comme phénomène démontrable de façon scientifique. Point, trait. 

Malgré tout, l’abus routinier de l'alcool a brisé des commandes sociétales de longue date, en raison de crises impensables de brutalité et d'incivilité, gueules de bois, maladies dégénératives et effets nuisibles aux nouveau-nés. Des générations récupérant d’ivresses, sinon simplement rendues malades par la beuverie quotidienne, ont évolué des institutions et des traditions démentes pour rationaliser leurs méfaits livrés à la boisson. Nous voici ?

 

Les premières villes ont servi (à l’origine, comme depuis toujours) comme centres de logistique, refuges de désastre et forteresses. La citadelle primitive ne logea qu’une élite de prêtres et leurs gardes du corps : triage parfait de maîtres d'armes et leurs élites de bataille. Plus tard, les habitants de villes murées ont dû choisir entre trois options : envoyer une armée de campagne à l’encontre des hordes en approche, subir annihilation à leurs mains ou se soumettre ; assez souvent, les trois en succession. L’armée de campagne, ce n’est qu’une vorace ville migratrice, tondeuse de surplus locaux et stérilisateur de son parcours au champ de bataille et de retour. 
 L'agriculture sédentaire, l'urbanisme et le militarisme de capital centralisé ont évolué en parallèle quoique par voies indépendantes. La richesse en surplus exigea des fortifications, des lois de propriété et des protections de la police. Une dense population urbaine et ses biens fixes ont rendu des fortifications également abordables et inévitables. Quant à la nature de leur personnel : esclaves armés, mercenaires, militaires de carrière ou milices libres : peu importe.

Le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) influe également la stupidité rituelle. Ses survivants sont affligés d’hyper vigilance en permanence, d’attaques diffuses de panique, de paranoïa, de coups de tête, de penchant pour la casse et d’incapacité de se réadapter à la vie civile. Des vétérans post-traumatisés de la Première (sic) guerre mondiale ont noyauté les régimes totalitaires à travers l’Europe et l’Asie. Des centaines de milliers de vétérans américains de la guerre au Vietnam (et à présent, celles en Irak et en Afghanistan) sont revenus chez eux pour n’avoir qu’à périr comme sans abris solitaires pendant les décennies d'après-guerre, beaucoup plus de défunts délaissés et décédés que les 59.000 et quelques noms gravés sur le mur noir à Washington, ce compte de pertes, analogue à celui subi chaque année sur nos autoroutes (ainsi que par arme domestique en maison), avec des survivants traumatisés en multitudes proportionnelles.
 Des chefs ancestraux ont confirmé leur prétention à la noblesse en se jetant dans des combats acharnés. Ils furent toutefois censés exhiber de la sagacité surhumaine lors de prises de décision en temps paisible, quoiqu’ils auraient été passagèrement rendus déments à la SSPT, sinon auraient sombré dans la démence permanente des élites de bataille.

D’ailleurs, le monde contemporain a été géré en grande partie par six générations de victimes de secousses cérébrales subies en tant qu’athlètes amateurs à l’école ou professionnels ensuite (rugby, football et boxe), et par des vétérans qui ont survécu des fracas de guerre puis sont rentrés chez eux pour diriger après. Leurs cerveaux contusionnés ont justifié des politiques stupides pour le restant de leur vie, comme démontré au congrès des Etats-unis.

Un autre élément favorise la stupidité rituelle. Cela prend beaucoup de temps pour rassembler des données et transmettre des ordres par voies lentes de transmission. L’intendance d’un pays pendant l’ère des chevaux et des voiliers ressembla au pilotage d’un avion radiocommandé mais défectueux, nanti du retard de contrôle d’une journée entière. Autrement dit, la commande que tu introduirais au moment M n’entre en vigueur qu’au moment M plus 24 heures (ou des semaines ou mois supplémentaires.) Ce délai intégral aurait comme conséquence une longue suite d’abîmes au décollage, soit l’expertise de la main royale aux contrôles, non moins de celles républicaines.
 On a récemment écrit bien des choses sur la gérance du risque. Les théoriciens de la gérance en général ont déploré le fait que les professionnels du risque agissent par instinct, notamment en traitant des politiques étrangères. Faute de mieux, ils basent leurs décisions sur des critères subjectives (lis des conneries.) 
 Les techniciens d'armes sont au premier rang des communications à bande étendue, de la réalité virtuelle, de l'intelligence artificielle et des nouveaux systèmes de connaissance. En attendant, la parcimonie du marché dit « libre » refile aux civiles des systèmes informatiques désuets, à supposer que quiconque se creuse la tête pour satisfaire des applications civiles beaucoup moins bien subsidiées mais pour autant avantageuses à la longue. Peu d'organisations civiles recueillent toutes les données en temps réel et étudient ce contenu en détail. De tels dispositifs viennent à peine de paraître comme systèmes militaires de communication, de commande, de contrôle, d’ordinateurs et de renseignement. Cette expertise et ses dispositifs modernes accélèrent les procédures d'analyse, d’exécution, de surveillance et de répétition... Inopportunément, la plupart des institutions civiles retiennent la promptitude du poney et des voiliers. 
 Les menteurs d'armes pratiquent des protocoles coutumiers vis à vis la paix et le bien-être social, de majesté, de délibération et, autant que possible, de retranchement, censure et réaction. Quant à la guerre, ils prêchent la créativité de libre dépense : vigueur, rapidité, imprévisibilité et résolution des problèmes par l’application d’esprit émancipé. 
 Cela prend des décennies pour renverser des gaffes de la politique d’armes (comme la guerre au Vietnam, puis celles subséquentes.) Après tout, de tels programmes pernicieux doivent être perpétués, aussitôt que des fonctionnaires supérieurs en auront misé leur réputation, jusqu’à leur âpre conclusion. Ils préfèrent sembler infaillibles jusqu'à ce que la catastrophe ne rabaisse leurs pantalons, plutôt qu’admettre leurs erreurs, entreprendre des corrections radicales à mi-chemin et parvenir à un résultat préférable. 

La vulnérabilité d’élites retranchées fait pic quand leurs directeurs les moins scabreux se rendent compte que leurs pires habitudes leur ont porté davantage d'ennuis que gains. Alors conçoivent-ils, soit à quel point à contre-cœur, une nouvelle politique un peu plus élégante. Des réactionnaires bloquent cette transformation à chaque opportunité. Ayant usurpé de grands privilèges et profits en temps de répression aggravée, ils sont outrés par une telle permute. Leur hypnose d'armes décrète que l’exploitation demeure souveraine ; ce leur est devenue plus important que la bonne conscience. 
 Quand la justice sociale dépérit de cette façon, des proto-élites (im) pertinentes bouillonne du prolétariat d’info hôte, impatientes de défier ces élites équivoques. Les réactionnaires et les radicaux renforcent la brutalité qu’ils partagent. Des élites de bataille s’accrochent à une extrémité politique, à l'autre ou aux deux. Tant ceux de provenance étrangère que domiciliaire, des directeurs d'armes financent leur brutalité. Les partisans des deux extrémités politiques agissent souvent pour perturber la paix en concert et en série. Indépendants et en conflit quoique paradoxalement complices, ils occasionnent autant de chaos que possible. Prends comme exemple de tels jumeaux infernaux : les Russes soviets et les Allemands nazis avant la DGM (sic), les fascistes israéliens et leurs pairs arabes, et les psychopathes fascistes globaux, soit leur persuasion corporative ou islamique.

Il faut beaucoup plus de sang-froid pour grincer ses dents et enterrer posément ses morts, que pour expédier le prochain raid héliporté ou équipe de suicidaires à la bombe. Force d’autorité est requise pour interdire la prochaine opération de représailles, au lieu de regarder de côté alors que ceux les plus impétueux s’emparent de l’initiative. 
 Entre temps, les modérés populaires sont visés : ceux courageux, assassinés ; les prudents, terrorisés ; et les avides, corrompus. La cour du monde et la milice mondiale devront promouvoir le monde paisible en défendant les modérés valeureux, en protégeant ceux prudents et subventionnant ceux les plus avides. 
 Le prolétariat d'info est de politique modérée à moins que la menace, la propagande, l’assassinat sélectif et l’agression orchestrée ne se multiplient au point de distordre sa perspective. La violence politique favorise les extrémistes et bloque les modérés. Le problème principal n’est pas le nombre d’instances que ces extrémistes se sont livrés au terrorisme réflexif, mais à quel point rarement la majorité a tenu bon sur ses idéaux paisibles et leur ont infligé les conséquences de leur agression au lieu d’avoir compensé leur brutalité en la multipliant. 
 Le seul cas que je sache où ces terroristes ont souffert de leur action et se sont figés, du moins pour un certain temps, au lieu de se martyriser et inspirer la prochaine série de crétins destructeurs, eut lieu pendant les jeux olympiques à Munich. Des pistoleurs palestiniens ont pris en otage des athlètes israéliens et les ont fait abattre dans un croisement de feu. Ils ont transi l’opinion publique mondial contre leur cause. Quelle différence y utile entre ce massacre et les autres depuis, d'un côté ou de l'autre ? Je n’ai pu la sonder. Les Palestiniens en général se sont-ils peut-être momentanément horrifiés, alors que des consciencieux parmi eux retinrent un lambeau de leur voix politique ?  

Une excellente analyse des révolutions d'armes se trouve dans L'anatomie de la révolution par Crane Brinton. Ignorant l’antinomie d’armes et de paix, il passe d’autres préposés en revue soigneuse. 
 Récapitulons L'Anatomie selon la formule d'Apprenti. L'élite d'info perd son standing privilégié quand ses cadres contrariés passent du côté des proto-élites en nombres croissants. Renforcée par ces transfuges, celle la plus susceptible de reconstruire une armée nationale encore plus létale, absorbe de nombreuses élites de bataille. Elle abat ses adversaires les plus efficaces, terrorise les restants et prend le devant. Souffrant de mentalité de siège paranoïaque, ses chefs rejettent toute idée paisible. Ainsi parviennent-ils à acérer la menace dissuasive de leur nation. 

Le seul dénouement des révolutions d’armes, des guerres et du progrès techno-sociétal, c’est le surcroît d’Etats d'armes encore plus fatals.  

« La révolution [française] a déblayé la voie pour l’instrument d’Etat beaucoup plus ample et centralisé, capable d’exploiter son idéologie de patriotisme révolutionnaire et ses nouvelles procédures de coercition afin de mobiliser les grandes armées et les requises économiques de la grande guerre. Cette révolution ébranla l’équilibre du système d’Etats européens dont la France figura centrale ment. Elle fournit aux deux côtés d’une suite de guerres de nombreuses raisons pour leur prompt déroulement. A son tour, la guerre modifia à fond l’acheminement de cette révolution, en rendant le coup de grâce à l’intervalle libéral de 1789-91, créant donc la bureaucratie de la France fonctionnaire incorporant les éléments du corps professionnel d’officiers et de l’armée moderne nationale. Ce n’est donc pas pour la dernière fois qu’une révolution sociale s’est rendue l’instrument principal du développement de l’engin d’Etat. (Par ailleurs, Marx le reconnut dans le cas français ; il s’est confondu en prévoyant que la révolution prolétarienne livrerait un autre résultat.) Martin Shaw, Dialectics of War: An Essay on the Social Theory of Total War and Peace, (Dialectiques de la guerre : Un essai sur la théorie sociale de la guerre totale et la paix) Pluto Publishing Ltd, Londres, 1988, pages 47-49.

Les élites d'info traditionnelles attaquent chaque nouvelle révolution avec juste assez de rigueur pour remettre ses révolutionnaires sur la voie du développement d'armes. Les révolutionnaires paisibles sont mis a l’écart au moyen de la guerre directe, du terrorisme subventionné ou d’un blocus économique. Là où une invasion directe serait contre-indiquée par une milice populaire mise en place pour la prévenir, des chaosistes internes (des contras criminels) peuvent être lâchés à sa place. 
 Les sociétés davantage libres puisque mieux évoluées en paix peuvent être aiguillonnées sur la voie de la tyrannie d’armes par des piqûres d'épingle terroristes, soit orchestrées de l’intérieur soit de l’extérieur. 
 Les grandes puissances mondiales accélèrent cette régression au moyen militariste ; celles moins robustes les accompagnent de près. Les directeurs d'armes visent chaque idéaliste paisible et le remplacent par des maîtres d'armes favorisés ; ils neutralisent chaque modéré politique et le remplace par des canailles d’élite de bataille. 
 Nous sommes programmés pour admirer (ou négliger) cette sélection darwinienne en faveur de la sociopathocratie et sa brutalité en surcroît. Aucune exception ne nous reste permise. 
 Donc chaque année, le statut quo létal d’Etats en antagonisme armé redouble sa tyrannie ; ce en dépit d’essais erronés de la part de révolutionnaires pérennes de le transformer par des recrudescences de brutalité. Cette tyrannie s’amplifie en dépit et à cause d’elles. Toutes les formes de résistance agressive la rénovent, la renforcent et la perpétuent.

La résistance non-violente à l’échelle globale de la coalition d’Apprentis qui aurait récemment pris conscience enthousiasmée de sa conscience morale, cette coalition transparente, homogène dans sa diversité, et inébranlable , dissoudra une fois pour toutes la pathocratie trop étroitement minoritaire de la terre en armes.

Faites.



 

- L’OPTION CAPITALE –

 

Un capitaliste se respectant lui-même ne demanderait pas mieux que gérer sa version aussi profitable qu’une compagnie de grande marque telle que Rolls Royce. S'il fut raisonnable, (n’ayant pas réussi jusque-là par stupidité) il rendrait son produit ou service de la meilleure qualité et au plus grand montant que le marché put soutenir, y compris les meilleurs bénéfices pour ses ouvriers d’élite et leur famille : de superbes instituts éducationnels, des communautés salubres et sans grand crime, et des nécessitées de survie à bas coût. Tous les bénéfices que partageraient les Apprentis, cet astucieux capitaliste agencerait pour ses ouvriers et consommateurs, lui obtenant le meilleur produit et profit.

En dépit de son envie d'exceller de cette façon, il doit tenir compte de l’imposition d'armes, que ce soit directe ou indirecte. Ou la qualité de son produit devra souffrir ou il devra trouver d’autres moyens de fausser ses clients et employés afin de défrayer cette imposition qui ne lui apporte aucun gain. Le plus qu’accroît la valeur de son produit et profit, le plus d’impôts de guerre qu'il devra payer et le plus ceux-ci tordront l’analyse de ses coûts et avantages. Il réduira la qualité de son produit afin de défrayer ses coûts d’armes ; ses employés, consommateurs et compétiteurs aussi, tout en proportion à leur succès. 

Cet asservissement est inévitable pour chaque entreprise qui se prétend appartenir au marché en quelque sorte libre. 

Ce n’est qu’au monde paisible qu’un tel capitaliste respectueux de lui-même réaliserait sa passion et bâtirait l’entreprise Rolls Royce dont il rêve ; seulement là que la qualité réduite de son offre lui rendrait suicide aux affaires. La course irait au fabricant de la meilleure qualité, plus jamais au fabricant du moins cher aux dépens d’elle. Sur la terre en armes, celui-là doit trahir sa passion, comme nous le devons tous, nos propres. 

 

Au fond, il n'y a pas grand-chose de mal dans le capitalisme, quoiqu’il puisse adopter l’une de deux formes de croissance. Une fois qu'il passe d'une forme à l'autre, il se rend nuisible à chaque société qui tolère sa présence non moins son ordonnance. 

Désignons la première forme de croissance capitaliste, le jardin. Selon cette formule, les ressources du Capital sont investies dans des terrains manquant de telles au préalable. Un jardinier passionné cultive le sol, supplée son alimentation et l’arrose au besoin. Il plante des arbres, des arbustes et des fleurs à son goût ; sarcle les mauvaises herbes et les plantes non désirées et laisse le champ libre pour la semence préférée. Voici l'œuvre du capital à son apogée : supérieur aux autres formes de concentration et développement économique. 

Quant à la deuxième forme, les jardiniers sont partis ou autrement indisposés. Ils ne cultivent plus ce jardin dont les mauvaises herbes se prolifèrent : voici la manifestation de la seconde vague du capitalisme. Tous les sols, engrais et eaux, soigneusement distribués auparavant pour promouvoir la croissance de plantes salutaires, sont engloutis par ces autres qui étouffent la vieille croissance et se propagent avec seul but de se propager. Toutes celles restantes doivent souffrir alors qu’elles prospèrent. 

Tout ça est irréversible faute d’excès de labeur et de soins. Au passage du temps, ce jardin exige de plus en plus de labeur, si seulement pour rester sarclé, alimenté et arrosé, mais pour très peu de retour additionnel. Après tout, un jardin est un jardin : rien de plus ni de moins. 

Une autre analogie comparerait les cellules saines d'un corps en croissance avec des virus qui l'attaquent. La première forme de capitalisme entreprend le soigneux règlement corporel d’eau, d’oxygène et d’aliments requis pour nourrir ses cellules, enlever leur déchet et les développer ; alors qu’en la seconde, un tribu de virus s’introduit avec l’unique intention de se multiplier aux dépens de l’hôte. Ces vibrions s’emparent de la cellule qu’ils trouvent disponible, subvertit sa machinerie reproductive en faveur d’une foule de virus neufs qui éclatent pour décharger le fardeau viral dans d’autres cellules avoisinantes, et ainsi de suite : la rétroaction du capitalisme incliné au mal. 

De nos jours, les capitalistes les plus forts se persuadent que la croissance virale ou de mauvaise herbe leur offre davantage de profit que celle du jardin ou de l’organisme. Ils ont abandonné la croissance à long terme pour privilégier celle des mauvaises herbes : davantage profitable pour commencer mais ruineuse à la longue. 

 

Le livre de Naomi Klein, The Shock Doctrine: The Rise of Disaster Capitalism, (La doctrine de choc : La levée du capitalisme de désastre) Metropolitan Books, Henry Holt & Co., New York, 2007, décrit cette transition tout à fait clairement. Elle passe en revue une série de catastrophes naturelles ou synthétiques, suivis de mainmise politique permettant aux tyrans internationaux de cannibaliser l'économie de nations entières. 

L’école économique de Chicago fut représentée par Friedrich Von Hayek, Milton Friedman, Leo Strauss (l’infâme publicitaire du « noble mensonge ») et d’autres maniaques du capitalisme laissez-faire. Ils établirent l’analogie d’intéressée entre l’anéantissement d’un esprit trouble au moyen d’électrochocs et de drogues psychoactives en dose écrasante, (bien que ces régimes n’aient jamais bien réussi) et l’écrasement du progressisme populaire considéré excessif, par une suite de guerres, de catastrophes et de tyrannies toutes fraîches. En bref, des psychopathes nous dictent notre économie politique. 

En honneur de cette philosophie déshonorable, ils ont pris la première opportunité (et toutes celles à suivre) de faire taire la voix du peuple et saboter sa volonté. Ils ont dépouillé des services publics, des caisses d’épargne et des fonds de retraite en localité ; ils ont gravement multiplié le chômage par la ruine du commerce local et le démontage d’usines ; aussi accablé le peuple d’énormes dettes publiques, de sorte à ne plus pouvoir récupérer sa vigueur acquise si péniblement pour la plupart juste auparavant — le tout au profit du patronat laissez-faire. 

En Iran et en Amérique du Sud pendant les années 1970, en Pologne et en Russie pendant celles 1980, entre les tigres d’Asie aux 1990s, à la Nouvelle-Orléans après l’ouragan Katrina, passant à l’annihilation de l’Irak, des Kurdes et des pays avoisinants, de massifs émoluments passés aux banques et aux services financiers se sont succédés. Chaque nouveau désastre leur remit davantage de bénéfices, par intervalle raccourci et à moindre effort. 

Tout ce qu’il leur fallut, c’est faire taire ceux attentifs au bien-être du peuple. Ils l’ont accompli en payant des criminels au col blanc, soutenus par des militaires bien rémunérés pour brutaliser les dissidents qui restent. Cette combinaison réclame très peu de fonds en échange de revenus colossaux.

L’image proposée par Naomi Klein, d’une alternative saine à l’encontre de ce genre de capitalisme, se trouve à http://topdocumentaryfilms.com/the-take/.

 

En fait, la même sorte de malversation se trace à l’origine du capitalisme et même auparavant, à celle des sociétés de masse. Chacune d’elles s’est développée en asservissant autant d’individus périphériques qu’elle put arracher, en ruinant d'autres sociétés et exterminant celles « primitives » ayant le malheur d’être happées en chemin. Rien de neuf là-dedans. 
 
 Karen Armstrong, The Lost Art of Scripture: Rescuing the Sacred Texts, L'art perdu des Écritures : sauver les textes sacrés, Alfred A. Knopf, New York, Toronto, 2019. Elle fait constamment état du péché originel de chaque ville sur Terre : celle-ci doit détrousser brutalement ses habitants ruraux pour obtenir la nourriture supplémentaire nécessaire aux besoins de spécialistes urbains et de leurs dépendants.

L’exemple le plus transparent que je peux trouver dans l’histoire, c’est Tamerlan (Timor le Boiteux ou le Conquérant, 1336-1405.) Il embellit sa ville capitale, Samarkand, en une des merveilles du monde. Il la couvrit d’énormes domaines, de parcs magnifiques et d’architecture monumentale. Il peupla sa cour de prodigieux musiciens, artistes, savants et preux. Il en parvint en transformant toutes les autres villes sur la route des soies en tas de cendres et pyramides de crânes. Cela va sans dire qu’après sa disparition, l’entièreté de ce réseau commercial dépérit avec sa ville capitale, puisqu’il ne subsistait plus de caravansérails bien organisés pour transborder la marchandise. Même après des centenaires, ce réseau routier ne s’est jamais complètement remis, jusqu’à ce que les Chinois se soient récemment mis à la rétablir d’un bout à l’autre.

 

Hélas, ceux jadis des capitalistes de cultive s’adonnent obstinément à la sorte des mauvaises herbes. Chaque nouveau désastre qu'ils montent inflige mille petites taillades sur l’esprit collectif du monde entier. Paradoxalement, ils en profitent en proportion des dommages qu’ils infligent. 

Marx a déploré le fait que le capital doit inévitablement épuiser les objectifs méritoires d’investissement. En fonction qu’une société mûrit, la marge de croissance de ses diverses entreprises commerciales se rétrécit, car elles se concurrencent avec celles de valeur et de rendement analogues. A la longue, tout ce qui reste pour le capitalisme moderne, c’est la destruction plus ou moins totale d’entités rivales et l’investissement dans leurs ruines : la seule méthode trouvée par le capitalisme pour rehausser sa marge de bénéfices. 

Etant donné une planète économique close (globalisée) dans laquelle le commerce et l'industrie se sont égalisé plus ou moins complètement partout, nulle part ne reste où le capital peut s’investir en attente d’un taux de rendement surpassant celui historique. Ce n’est qu’en brisant diverses économies à tour de rôle puis investissant dans les ruines que le Capital peut surpasser sa rentabilité historique. Je me répète car c’est de lui-même une affaire à répétition de zombi.

 

On peut aussi bien percevoir ça comme une sorte d’agriculture d’estafilade et de brûlure : quand des cultivateurs incinèrent une parcelle forestière et cultivent dans les cendres. Une fois que cette parcelle perd la fertilité acquise par sa brûlure, ils passent pour en brûler une nouvelle. Tant que ces fermiers restent peu nombreux et la grande forêt repousse en comblant les vides, cette forme de cultive réussit assez bien. Mais une fois qu’on se multiplie trop et la forêt vitale diminue en proportion, c’est la formule pour une friche désertique, la ruine du bon climat local et garantie de famine. 

Ayant enduré les derniers siècles (bien avant les guerres mondiales sic) d’estafilade et de brûlure par des investisseurs capitalistes, la terre est arrivée au point où tout ce qui reste après chaque nouvelle incendie « optimisée » perd sa capacité de croitre en compensation. La scène économique mondiale finit par ressembler à une friche là où prospérait la forêt. Comme avis que le monde naturel ait atteint ce palier illustratif de dégénérescence, nous souffrons de l’épuisement simultané de pétrole facile, d'eau potable, de récifs de corail et d'autres ressources géophysiques obligatoires. 

Alors que des premiers matériaux se rendent de plus en plus difficiles à extraire et traiter, qu'est qui reste seule à puiser de ces ressources en déclin  ? Les nécessités de base de la population mondiale. Un exemple typique est la conversion de denrées alimentaires et de capitaux d’investissement exigés désespérément ailleurs en biocarburant beaucoup trop cher. 

Quand les vivres du peuple sont ravis et frelatés en volumes suffisants pour satisfaire les demandes du Capital, et les profits en résultant, décalés vers un groupuscule de milliardaires et leurs clients, le peuple se soulèvera en contestation armée contre ce détournement. Puisque des armes se sont rendues tellement létales (le glaive, l'instrument optimal des tyrans ; l’AK-47, celui de la masse ; le virus, du forcené solitaire), cette bagarre aggravera le problème, faisant disparaître davantage de ressources, d'infrastructure et de vies que celles durant une paix équivalente.

Quant aux riches et puissants, qui justifient leurs abus en se servant de l’expression « trop grand pour faire faillite » ; les anciens Romains ont trouvé punition efficace pour une légion qui se disgracia au combat mais fut nécessaire pour lutter au lendemain : la décimation. Un seul malfaiteur peut être mis à bas pour les péchés de neuf pairs, sans diminuer leur capacité, mais au contraire inciter de meilleures manières dans l’avenir. Deux sur dix si cette correction ne prend pas racine la première fois… Ils n’auront pas besoin d’être tués ou emprisonnés ; simplement séparés du pouvoir et de bénéfices. Au lieu de stériliser la petite boite (comme après les craches de 2008 et de COVID) cette décimation viserait celles de plus grande taille, qui introduisent des malfaiteurs supérieurs et leurs pires habitudes.

Selon cette logique, le)  seul milieu d’investissement à grande échelle qui reste au Capital, c’est l’espace extra-atmosphérique. La terre doit être perçue comme un terrain domicilier plus jamais permis de soutenir l’exploitation destructrice qu’exige le capital. Ses régisseurs doivent traiter des capitalistes qui maximisent leurs bénéfices aux dépens du peuple, de n'importe quel peuple, comme des ennemis de l'humanité à être criminalisés sans pitié et forcés de conformer au meilleur comportement. 

L'économie mondiale n'est pas encore prête à exploiter l'espace extra-atmosphérique et ses ressources semblant illimitées pour le moment. Il faudra encore quelques décennies pour combler les besoins de l'humanité et ses savoirs de base. Ce ne sera qu’alors que de suffisantes infrastructures et capitaux financiers et intellectuels seront disponibles pour la tâche qui suit. En attendant, des dégradations pour seul but de bénéfices à court terme doivent être criminalisées et les financiers capitalistes de telles, réglés au seuil de la survie. 
 
 La différence entre l'approche de l’espace de PeaceWorld et celle de WeaponWorld, c’est le temps. Le monde paisible a tout le temps nécessaire pour se préparer avec grâce, ainsi que ses habitants et son chemin aux étoiles. Idem, l’IA. Sur la terre en armes, tout doit provenir hier. Des horreurs d’asservissement et d’écocide doivent donc être imposées, simplement pour atteindre ou dépasser l’impitoyable quota de temps.

Le capital peut faire appel à des sommes titanesques afin d’engager la sociopathia pour exécuter leurs plus sales besognes dans leur capacité de politicien, de militaire, membre de la presse, agent non-gouvernemental et chef d’agence sociale. 

Des nouveaux leaders mondiaux devront adopter dévotion révolutionnaire pour créer un réseau de renseignement de telle pureté certifiée qu’eux tous unis seront seuls à pouvoir la maintenir et protéger. Un plateau sur lequel de tels personnages et leurs activités pourraient certainement fleurir, c’est le monde paisible ; la plupart des autres offrirait un rendement inadéquat en échange de sa demande extraordinaire de dévotion et de sacrifice.

Je fais appel aux capitalistes eux-mêmes d’admettre le coin de la pièce dans lequel ils nous ont peints. Ils doivent saisir, avec clairvoyance plus pénétrante que l'avarice, l’enjeu qui leur reste, à leurs dépendants aussi et au restant du monde. Puisque cette politique leur sera fort pénible, les traînant au seuil de la faillite et du suicide économique, ils seront les seuls qualifiés à déterminer la rigueur de son application sans tuer l’oie aux œufs d’or, à la limite de leur tolérance. Je compte sur le fait qu’ils aient des enfants, eux aussi, l’avenir desquels ils doivent garantir si possible. De simples remparts de dollars et garnisons de mercenaires se volatiliseront sous les chocs socio-écologiques à venir. C'est à eux seuls de créer la gérance mondiale requise pour cette entreprise, à eux de régler et bloquer les pires de leurs associés. Sans cette transformation, l’économie du monde chutera hors contrôle aux mains de la sociopathia. Dès lors, le montant de pertes et de dégâts foudroiera l'imagination ; la civilisation ne s'en sortira probablement pas.

 

Comment le terme «profit» rend-t-il justice aux priorités du monde paisible ?

La motivation du profit déclenche souvent des résultats négatifs comme la corruption d’élites, comme l'incompatibilité de produits d'entreprise avec ceux d'autres, leurs produits emballés hors gabarit et rapidement obsolètes. Tels que la pécule, le rationnement et la taxation de la connaissance scientifique financée par des fonds publics, par la voie d’intérêts privés et corporatifs, tel que la maison d'édition Elsevier et d’autres. 
 
 Souvent appelées « externalités »: ces coûts accessoires ou cachés, tels que le dommage écologique et l'empoisonnement communautaire, sont déclarés « au-delà du contrôle financier et en-dehors de la loi ». Pourquoi? Parce que la terre en armes n'est pas encore suffisamment consciente pour les contrôler correctement. Elle ne le sera jamais, avant son suicide de stupidité institutionnelle (voir ce chapitre.)

Bientôt de suite, tous ces coûts seront pris en compte dans la comptabilité analytique de base, avec l'accent sur la réduction des maux de la population locale et du monde naturel. Sur le plan constitutionnel, la réduction de la misère du peuple du bas en haut. Sur celui de la ligne inférieure, le ton cosmopolite culturel, l’urbanisme humaine, l’édenisation naturel et d'innombrables autres bénéfices découlant du progrès des Apprentis.

De tels tables de registre, correctement numérisés, prévoiront un rendement beaucoup plus généreux. Ceux qui ne voient que le simple profit financier en bas de la page sont si négligents qu’ils ne répondent qu'à la taxation d’armes aux dépens du reste.

Tels sont les choix auxquelles nous faisons face, à nous, le peuple, tant bien qu’à ces êtres curieux, les passionnés du capital.



 

- COUTS –

Nous devons adresser la question des coûts – si seulement momentanément et de façon circonspecte – étant donnée la misère que nous avons endurée en nous habituant outre mesure à la pénurie fictive. Depuis des millénaires, nous n'avons pu trouver richesse suffisante pour investir dans une abondance certaine. Gémissant des coûts directs de la paix, nous nous sommes roulés en les renonçant, tout en sous-estimant les entorses d’armes en honneur desquels nous nous sommes ruinés. 
 
 Nous la paierons chère, cette transformation. Foncièrement, les pays les plus prospères seront appelés à la première mise et aux plus grandes redevances. Comme d'habitude, des conspirateurs de convoitise se serviront de pénurie fictive pour contrecarrer la transformation des Apprentis ; bien qu'ils soient, comme d'habitude, inondés de liquidité à la recherche de captages avantageux, leur étant introuvables hormis dans la guerre et ses préparatifs. 
 
 Quels choix nous restent-t-ils ? Le tout est en jeu. Nous pourrions endurer la prochaine décennie de désastres écologiques, de pétrole en diminution et de fascisme global découlant d’Etats national-capitalistes en concurrence pour les restes ; sinon céder à l’annihilation cet après-midi même, les victimes d’un quelconque paroxysme militaire inattendu de notre part quoique soigneusement ingénié d’autres parts. 
 
 Si nous entreprenions la transformation concertée des armes à la paix, sa promesse est un futur d’élégance et d’abondance inimaginables. 
 
 Depuis des décennies, des éconologiciens ont défendu des modèles économiques du côté de l'offre (des investisseurs) à l’encontre de la demande (des consommateurs) tout en ignorant l’incontestable désaccord entre la production d’armes et la demande paisible. 
 
 Le système économique d’armes encourage des folies de débours. Elle ne peut pas maintenir bonne équilibre entre le potentiel industriel de la production de guerre et la demande des consommateurs en temps paisibles. Ce déséquilibre entraîne un système économique d’hyper consumérisme, d’obsolescence garantie, de colossaux débours énergétiques et gaspillages en masse qui garantissent des tangages de croissance explosive « boum » et de faillite précipitée « krach. » 
 
 De tels systèmes sont mieux apprêtés à produire d’énormes « surplus » de gens largables, de rations en réserve et de matériel militaire aussi coûteux qu’infécond, en réponse à la pléthore de demandes depuis le champ de bataille. Ils doivent produire à l’instant des quantités massives d’armes sans profit et de conscrits sans autre emploi. Sans meilleure raison, ils doivent subventionner le surpeuplement et la croissance de complexes militaro-industriels d’obsolescence garantie, de nocivité sociale et de toxicité environnementale. 
 
 Un système économique paisible favoriserait plutôt la qualité de la vie. Il soutiendrait des affaires raisonnables en équilibrant les offres paisibles et ses demandes, fournirait de la prospérité modeste comportant des vallées et des sommets économiques rares et bien plats, mais non l’énorme et subite croissance industrielle que réclament des hordes armées alors que la guerre risque d’éclater. Beaucoup plus stable en temps paisible, celui-là éviterait la saturation du marché au cas de l'augmentation ralentie, son arrêt ou même rétrécissement. Dans l’absence d’exigences d’armes et leurs inévitables excès et faillites économiques, l’enchaînement boum, krach, boum se muterait en un bruit sourd calmant. 
 
 Le système économique d’armes réagit en temps paisible comme une voiture de Formule 1 dont le moteur a été ralenti à cinq kilomètres à l’heure pendant des journées entières. Elle se cale donc, pollue et exige beaucoup plus d'entretien. Mieux vaudrait se balader à pied. La voiture compacte paisible est beaucoup plus économe, ronronnant à vitesse de croisière en temps de paix, souffrant d’usure minime et profitant de moindre brûlure de combustible. Mais ne t’attends pas à sa soudaine pétarade de vitesse quand sonne le branle-bas de combat ! 
 
 Le sort de systèmes économiques civiles en temps de paix n'est d’aucun intérêt aux directeurs d’armes, pourvu qu’ils puissent les démonter comme des meubles de théâtre et les remplacer avec des chaînes d'usines d’armes. De leur point de vue, l'économie du monde entier pourrait s'écrouler en temps paisible (telle que sous leur garde durant la grande dépression, telle qu’on menace de le faire chaque année.) Cela ne parvient qu’à augmenter le nombre d'usines abandonnées et parées pour conversion immédiate à la production de guerre, aussi creuser le désespoir de recrues militaires rendues au chômage ainsi que leurs parents. Cela les rend en collaborateurs bien disposés pour la prochaine guerre, en échange d'une bonne paire de godasses, d’une planche sèche où dormir et de trois repas chauds par jour. Génial.
 
 Des sacrifices substantiels seront sans doute exigés pour établir le monde paisible, mais ce que nous estimons le plus ne peut nous être soustrait. La liberté de choisir, la nécessité d’apprendre, notre bonne volonté et sens d'humour : nous les retiendrons sans exception. Le monde paisible ne parviendra qu’à les rehausser. 
 
 Dans Faisant face à l’extrême : La vie morale dans les camps de concentration, (Henry Holt and Company, New York, 1996), Tzvetan Todorov décrit des vertus rares comme l’héroïsme et la sainteté, et les compare aux aptitudes mondaines de survie : par exemple, préserver sa dignité, aimer ses proches (à l’inverse de la charité générale) et cultiver la vie d'esprit en dépit de conditions atroces. Les plus saints des détenus ont dû périr en premier, profitant peut-être d’un brin de miséricorde. Peu importe leur disparition machinale aux camps, leurs gardes meurtrières ne purent supprimer l’instinct fondamental de survie des survivants ; aucune adversité éventuelle n’en sera capable, à moins de nous annihiler. 
 
 Si notre premier penchant était au mal, si la mentalité d’armes pût s'assouvir sans contestation, nos ancêtres n'auraient laissé aucune progéniture et nous ne serions pas là pour en parler. Notre survie à l’heure actuelle confirme le fait que nous sommes en grande partie des kalotrophes attirés au bien, comme les plantes sont des phototrophes attirés au soleil. 
 
 Durant leur idéalisme adolescente, beaucoup d’esprits ardents se sont voués au bien-être commun. La mentalité d’armes s’acharne à subvertir cet idéalisme. Au contraire, nos institutions doivent réintégrer le monde paisible afin de rendre ces idéaux en dynamos de transformation. Tôt ou tard, les pires de nos contradictions sociales se remédieront dans l’air frais du monde paisible et la luminance de sa vérité.
 
 Avec le consentement de son prolétariat, chaque élite d'info gère sa propre combine de politiques paisibles et d’armes. Nous avons marché le supplice de la planche à répétition, de la décadence paisible à la contrainte d’armes : ce choix fondé sur une constellation de métaphores politiques distordue par la menace. Cette décision pourrait favoriser la bonne déontologie paisible, au lieu de celle ou nos élites propagent leurs technologies d’armes aussi nuisibles qu’excitantes. 
 
 L'élite qui opte pour « la paix définitive » s’affranchira de la corvée du rationnement des données. En ce faisant, elle approchera à la cime de l’excellence directoriale. La qualité de la régie terrestre ne pourrait atteindre un apogée bien supérieur. Mais un régime d'armes n’approchera jamais à cette nivelle d’excellence car, en compétition armée contre ses paires, 1) elle rationne les bonnes données et favorise de la mésinformation et désinformation, et 2) elle estime « le réalisme » et le calcule à sang froid par-dessus l’humanisme et la compassion.
 
 La transition habituelle, de la paix marginale à la guerre totale, incite une virevolte d’attitudes, de la frugalité aux extravagances. Aussitôt que le meurtre de masse prend priorité, les soucis de rentabilité et de retenue fiscale sont jetés par la fenêtre. Des buts sont établis, des nouvelles priorités redéfinies et des plans neufs rédigés. Que les parcimonieux aillent se pendre ! Des nouveaux règlements viennent en vigueur, peu importe quels orteils importants soient piétinés. En une seule nuit, des institutions flasques se figent sur des objectifs d’armes — sinon sont-elles jetées de côté sans regret. Pendant la première sic guerre mondiale en Angleterre, la société edwardienne s'est déchirée en lambeaux, comme celles comparables ailleurs. Des millions de conscrits se sont consacrés aux exigences d’armes et ont sacrifié jusque leur vie elle-même pour peu de raison apparente ou aucune. 
 
 Afin de promouvoir une paix durable, nous devons mobiliser l’entièreté du potentiel de guerre de cette planète. Les problèmes paisibles méritent le mépris d’obstacles et l’obstination d'esprit semblables à ce que la gestion d’armes se revendique machinalement. Des priorités d’armes ont bénéficié en exclusivité de tels moyens de résolution. Quand des élites d'info ont conclu que la défaite menaçait leurs enfants, elles ont largué leurs priorités moindres et ont répondu aux exigences d'armes à tout prix. A ce jour, les enfants de tout le monde sont en risque. Le monde paisible, celui seul capable de les sauver, doit bénéficier d’enthousiasme populaire conforme et sa conscription de masse. 
 
 Pour commencer, la transformation des Apprentis arrivera à des petits surcroîts de compréhension renouvelée et de comportement révisé. Elle aboutira en un consensus irrésistible et son débordement de réformes sociales.
 
 Tout le long de l’histoire, l'humanité a conçu sa richesse « en surplus » comme de la houille à être pelletée dans la flamme perpétuelle de la guerre. Les Apprentis en concevront comme la récolte rentrée juste avant le prochain paroxysme. Comme des moissonneurs frénétiques, ils rentreront les gerbes finales à même les premiers grondements de l’orage avenant. Bien à sec sous la toiture étanche du monde paisible, nous pourrons célébrer le festin de récolte (telle que la Succoth des juifs commémorant leur délivrance du pharaon.) Presque tout le monde s’accordera à son intérêt lucide : l’inverse du dévouement sacrificatoire et de la haine sanctionnée par de la propagande du haut en bas. Dès que nous nous souscririons à l’intérêt éclairé, la polémique contre le monde paisible pour des raisons de coût se rendra absurde. Des célébrations au lieu de sacrifices, et des frais paisibles pour remplacer la pénurie d’armes. 
 
 Alors que des technologies paisibles engendrent une richesse incontestable, la technologie d’armes ne réussit qu’à occasionner des dépenses en aval et des mutilations secondaires. Les réseaux d'Apprentis offriront de la richesse vérifiable surpassant de loin nos investissements antérieurs, et la résolution de problèmes que la pensée actuelle trouve insolubles. 
  
 A leur étape d’origine, les réseaux d’Apprentis seront terriblement vulnérables. La population bouillonnante de mentalité d’armes devra défier les ultimes efforts de ses anciennes élites tenant à les précipiter en Armageddon. Un certain nombre d’entre eux, rendus fous furieux par leur endoctrinement d’armes, feront ultime appel au carnage. Les réseaux d’Apprentis exigeront des attributs raffinés de défense et de diagnostic, comprenant des redondances, des subdivisions triples et des sauvegardes encastrées contre la menace de virus numérique, de pulsation électromagnétique, de vandalisme, de violence de bande, d’altération criminelle et de sabotage. 
 
 Les Apprentis auront à trouver l’accord tolérant mais immuable entre la libéralité et la sécurité. De la libéralité lâchée prématurément fera naître le chaos dans une société trempée de mentalité d’armes ; des mesures rigides de police ne parviendront pas à grand-chose de mieux. Celles favorisées par les mauviettes pour dominer leur prolétariat et celles par des prismes pour subvertir leurs proto élites, toutes celles-là devront être révisées ou larguées. Voir Intro et Vocabulaire pour clarifier ces expressions, pourvu que tu ne t’y sois pas encore familiarisé.
 
 La gestion d'Apprentis doit être à l’épreuve d’erreurs dès le commencement. Un enchaînement d’échecs initiaux n’obtiendra pas de seconde opportunité. Ce qui libérera d'erreur la plupart de nos efforts, ce sera notre stricte conformité aux exigences de la conscience morale particulière en bonne forme, en dépit des contradictions institutionnelles qui les opposent à présent.
 
 Tout le long de l’histoire, des individus obsédés ont inventé des nouvelles technologies paisibles avec peu d’appui sinon aucun de la part des responsables. D’ordinaire, ces élites d'info ont ignoré la plupart de ces inventeurs et leur passion. S’ils soupçonnaient que de telles inventions déstabiliseraient leur statu quo, ils les ont écrasées sans hésiter (Tesla, Reich, etc.) Les plus doués des Apprentis sont des amateurs obsédés poivrant la multitude de l'info prolétariat réduite à l’indifférence. Pourvu qu’ils disposent d'assez de revenu discrétionnaire et de temps de loisir, ceux-là étudient l’objet de leur passion, souvent aux dépens d’une vie que d’autres considéreraient normale. On ne les trouve pas en leur appliquant des examens standardisés, ni en les harcelant à travers une course d’obstacles académique, ni en promouvant les rares survivants d'enfers d'examen (le modèle asiatique.) Le plus que nous contraignons ces individus, le plus rapidement se submergent-ils en outre de nos écrans de radar. Ils trouvent leurs intérêts plus « sexy » que les récompenses vides de l'orthodoxie bureaucratique, de l’avidité corporative et de la mentalité de dissidence grégaire et nulle. Hypersensibles aux mièvreries favorisant la forme par-dessus le contenu, ils imposent des demandes stratosphériques autant sur eux-mêmes que sur leurs créations. 
 
 Par passion, j’entends un sujet au perfectionnement duquel on consacrerait volontiers dix mille heures. Ensuite, on à besoin d’une élite d'info assez dingue pour accueillir de telles découvertes, les coordonner et les diffuser. 
 
 D’habitude, les chansons qu'ils composent se font taire en faveur de platitudes trépignées, les jeux de leur invention sont interdits au profit de carences homogènes, et les jouets exquis qu’ils produisent sont remplacés par des rebuts de fabrique en série. Les sociétés de statu quo ensemencent des portiers qui se délirent à faire taire les Apprentis et des mandarins poinçonneurs, à les exclure. Elles abandonnent la plupart des percées technologiques, rien que pour les voir reparaître au renouveau de circonstances idéales. Cette usure sournoise de passions paisibles sabotées doit prendre fin. La liaison de l’humanité entre sa gestion d'énergie et le bien-être de son environnement naturel doit être minutieusement coordonnée par les Apprentis. L’énorme potentiel dévastateur accumulé jadis doit être canalisé en Apprentissage constructif.
  
 
 Le milliard d'enfants qui s'assoupissent à jeûne constitue l’ultime source mondiale de génie inexploité. Je ne préconise pas leur alimentation par altruisme désintéressé, quoique cet objet soit aussi bien atteint. J’y insiste parce que leurs gènes ont survécu des siècles de privation létale. En tant que survivants de cette hécatombe, ils doivent inclure le plus grand nombre d’Apprentis prodiges, une fois décemment soignés. De façon typiquement humaine, nous avons entretenu le moins bien ceux dont nous avons le plus grand besoin. 
 
 Entre temps, des millions de médiocres lisses font tourner les portes en rond de bureaucraties inutiles, voire ouvertement démolisseuses. Manquant assez d’amour, d’empathie et de générosité, ces personnages de moralité amputée ont la même pertinence que leurs précurseurs inscrits aux grandes universités du moyen âge européen. En effet, il existe des ressemblances remarquables entre le plus sombre du moyen âge, le siècle qui vient de finir et celui qui débute. 
 Aux deux époques, l’aristocratie militariste et le clergé d'entreprise ont jonglé le personnel, l’argent et les paperasseries. Tous deux ont compté sur des élites monolithiques : leurs nobles et clergés fragmentés ; nos bureaucrates d'entreprises commerciale, gouvernementale et scientifique. Tous deux ont paupérisé leur prolétariat d'info en élevant depuis des mauvais quartiers puants des gratte-ciel phalliques d’utilité dérisoire pour immortaliser le vide de leurs rêves. Tous deux furent responsables de grosses gaffes – autant en santé publique, en justice et en éducation qu’en l’entretien écologique – remarquablement inférieures à ce qui aurait été dans leur pouvoir s’ils avaient rendu honneur à la mentalité paisible. Les deux ont cultivé leur langage exotique afin d'exclure le prolétariat d’info : leur latin et nos mathématiques. Tous deux ont validé la mentalité d’armes avec de minables mythes d’armes. 
 
 Les deux époques culturelles furent à base de fantasme social : le leur, la religion bureaucratique ; le nôtre, la technologie bureaucratique. Toutes deux ont fait confiance en un dogme aussi incohérent et paumé qu’incontestable. Le leur se servit d’institutions de fausse foi pour esquiver des validités sociales et spirituelles ; le nôtre, des médias de divertissement d'entreprise : ces distractions pareillement séduisantes et divorcées du réel. Ceux-là ont joui de la sorcellerie : des milliers de femmes riches ou excentriques furent embrasées en tant que lampistes pour des maux auxquels les élites étaient évidemment les responsables et bénéficiers. Nous autres soutenons la guerre perpétuelle contre les drogués et les terrorisés, ainsi que le tourment le plus sophistiqué que notre empire policier et régime carcéral peuvent manigancer.
 
 Les deux élites ont broyé leur populace dans des guerres complexes, coûteuses et dégoûtantes. Ni l’une ni l’autre n’a évité la guerre globale. La bagarre maximale fut coutumière aux deux époques, peu importe si intercontinentale ou bornée à la bourgade. Le conflit armé a dominé les deux visions du monde : le leur, entre musulmans et chrétiens ; le nôtre, entre communistes et capitalistes, puis rebelotte. A chaque époque, des chrétiens et des musulmans fanatiques (donc psychopathes) ont hurlé à la croisade et au jihad en poursuite du butin et de la solde du combattant. 
 
 Cette bagarre finira par s’assortir entre les riches et leurs victimes, sinon les citadins progressistes à l’encontre d’habitants ruraux et réactionnaires (comme se range la politique actuelle aux USA.) Ce conflit global se métamorphose entre le monde du Nord riche et du Sud appauvri mais capable d’énorme productivité supplémentaire.  A vrai dire, l’hémisphère boréal correspond au Boulevard des Ambassades à Mogadiscio pendant une mauvaise journée. L’Occident industriel, (avec le Japon, les petits tigres d'Asie et la nouvelle Chine d’élite) sont les quartiers les plus privilégiés, les plus puissants et les mieux armés d’une planète en ruines.
 
 « Après tout, notre bande de rue (bureaucrates paramilitaires et paraciviles, avec leurs partisans) paraît figurer parmi les plus puissantes sur terre. Persistons à fantasmer que nous aurions quelque chose d’important à perdre d’un meilleur arrangement. » 
 
 Ils perpétuent les clichés fades du Boulevard des Ambassades à Mogadiscio pendant une mauvaise journée et ignorent le fait que nous occuperions le même Boulevard sur la planète Genève et y serions d’autant plus magnifiques, beaucoup plus facilement qui plus est. Ils ont renvoyé la fortune à partager lors d’une telle transformation radicale. Voir Mencius.
 Des bandes de rue sont des bandes de rue et rien de plus ; elles souscriront toujours à l’hypocrisie, la criminalité et la tyrannie. Nous pourrions nous plaindre de bon gré de nos problèmes actuels et tenter de rendre à répétition un peu plus coquette notre bande de rue jusqu’à la rentrée des vaches (until the cows come home) — nos résultats seront toujours les mêmes : pires au-delà du pouvoir d’imaginer. 
 
 Le secret serait de transformer cette planète Mogadiscio en celle Genève, et non notre bande de rue en celle retouchée alors que les autres demeurent les mêmes. Il ne reste qu’une seule transformation à effectuer : le remplacement du sacrifice de victimes qu’exige la mentalité d’armes par la célébration des Apprentis qu’ambitionne la mentalité paisible.
  
 Sous la régie d’armes, la complexité économique et la densité démographique aggravent l’inflation et la misère humaine. Sous une tutelle plutôt paisible, ces mêmes donnés multiplient l’abondance et la civilisation. Allons voir en Hollande et au Japon, là où grouille le comble de population que la paix inspire et embellit.
 
 Prenons comme exemple la ville de Pittsburgh. Il n’y a pas si longtemps, cette ville fut célèbre pour ses usines affairées, ses habitants apparemment riches et d’accablants problèmes écologiques et sociaux touchant à la surpopulation et au foisonnement industriel. Sa désignation de belle ville aurait été une mauvaise plaisanterie. Subitement, sa base industrielle implosa et un grand nombre de ses ouvriers furent mis au chômage et forcés d’abandonner leur demeure. Bientôt de suite, cette ville s’est transformée en une de celles les plus « attrayantes » aux Etats-unis. Aussi illustré : l'asthénie de nos villes et leur qualité effrangée en comparaison. Nous nous sommes réduits à la misère par refus d’être magnifiques. 
  
 Il se pourrait que l'espèce humaine attende son rejet, tel que tant de paysans de l’âge sombre. Leur esclavage ne s’améliorera pas avant que la moitié d’entre eux n’ait péri de la peste noire. Les survivants ont tiré profit de ce triage massif en offrant leur main d’œuvre raréfiée pour un meilleur salaire. La noblesse de naissance a perdu quelque signifiance quand tant de fentes se sont ouvertes dans sa régie. Elle ne s’est rétablie qu’en guerre continuelle ensuite. 
 
 La meilleure évasion de la peste, (barrant une série opportune de ciprofloxacine) semble être de s’enfouir dans un château fort bien éloigné du grouillement des gens, et ne plus en sortir pour au moins six mois. Consulter Boccace, l'auteur du Décameronet. Bien que des pertes supplémentaires proviennent de vagues d'épidémie à suivre, fouinant des victimes supplémentaires. Si c’est là ton sort, l’ami, nulle part où te cacher. 
 
 Cette rotation du personnel par la peste noire – avec son bouleversement psychique – a commencé la Renaissance.  Y compris des apports intellectuels de provenance chinoise ? Selon Gavin Menzies, des marins, savants et diplomates de la flotte de l’amiral-eunuque Zheng He ont navigué jusqu’au Caire, puis dans la mer Adriatique et jusqu’à Venise (qui plus est, le restant des océans.) Une ambassade chinoise a rendu visite au pape en 1434 et laissé une masse de données, d’outils et d’instruments agronomiques, mathématiques, cartographiques et astronomiques. Les génies de la Renaissance italienne ont plagié cette trésorerie culturelle et l’ont perfectionnée, s’emparant ainsi d’un millénaire de patrimoine intellectuel que l’Europe loupa lors de son âge sombre. 
 
 Cette flotte transocéanique s’échoua lors de la chute d’une comète au large de la Nouvelle Zélande en 1340, qui déchaîna à travers l’Océan indien des tsunamis de 150 mètres. Subséquemment, des fonctionnaires eunuques chinois ont renoncé au commerce outre-mer et son exploration, et ont sabordé ce qui resta de cette flotte. Gavin Menzies, 1434: The Year a Magnificent Chinese Fleet Sailed to Italy and Ignited the Renaissance, (1434 : L’Année qu’une magnifique flotte chinoise vogua en Italie et déclencha la renaissance) HarperCollins, New York, 2008.
  
 Nous attendons-nous au même sort pestilentiel ? Nos descendants bénéficieront-ils de notre disparition ? Dieu sait, si le SIDA se mute en aérosol infectieux – à peu près comme la peste passe de bubonique en pneumonique – même un optimiste délirant rairait notre civilisation dans quelques petits mois. (J’écrivis ceci en 1990.) La nature semble faire la répétition de notre grande finale, ainsi qu’un petit précoce répèterait son tour de magie. Elle bat ses cartes, recensant la fatalité de ses moyens et opportunités, avant de tendre la carte de La Mort à l’espèce momentanément dominante, comme à toutes celles depuis un milliard d’années. Badine-t-elle avec l’humanité avant de l’écraser sous sa nouvelle défausse ? Nous devrions nous assurer que ce qu’il y a de mieux dans notre civilisation obtienne la meilleure chance d’éviter ce triste sort.
 
 Dans l’avenir proche, la technologie de gènes recombinants mettra dans la portée d’aucuns les moyens de diffuser une épidémie génocidaire. N’importe quel psychopathe disposant d’une formation quelconque en biologie et d’accès à un laboratoire de lycée sera capable de cuisiner des pandémies en état de désemplir des continents entiers — cela dans très peu de temps. Prier remonter ta montre aux années suivantes ! Une fois que démarrera ce cycle catastrophique, ni un professorat de grande école ni un portefeuille des meilleures offres et actions de bourse commerciale n’offriront davantage protection qu'une vie passée dans l’examen minutieux de tas d’ordures. Dans ce cas, le texte d’Apprenti offre un plan de reconstruction globale — supposant que nos survivants abasourdis normalisent à jamais leur vie.
 
 Des pontifes médiatiques ne cessent de nous répéter les mêmes cris d’alarme de ruine imminente. Que ce soit par frappe de météore, par catastrophe environnementale ou par combat aux technologies de pointe : nous sommes sous la menace de désastres synergiques et multimodaux. Cette appréhension résulterait-elle de notre malveillance collective, de la punition astrale pour nos péchés … ou simplement de la triste séquelle de mauvaise coïncidence ?
 D’ailleurs, l’éventualité du suicide nucléaire de notre civilisation est passé du probable journalier à la certaineté statistique entre les années 1950 et maintenant. Qu’est-ce qui l’aurait enrayé jusqu’à présent ?
 
 Des histoires d'OVNI semblent décrire des tentatives maladroites, de la part d’extraterrestres (sinon de post-humains futurs ?) de vendanger la matière génétique de cette biosphère planétaire avant qu’elle ne souffle en éclats. Se divertissent-ils tels que les amateurs pêcheurs si ennuyeux en programme de divertissement télévisé ? « Attrapons-les puis relançons-les, attrapons-les puis relançons-les … » pour aucune raison apparente sauf la remise de leur ennui et la satisfaction de leur curiosité ? D’ailleurs, presque tous les poissons piqués de cette façon puis relancés meurent après une journée ou deux.
 
 Toute cette hystérie pourrait-elle avoir une base factuelle ? Si nous sommes destinés à la simple extinction sur programme, je te prie de contempler Apprenti comme le compte-rendu de ma passion comme je l'ai projeté d'être. Sinon, si notre destin se dévoile comme légèrement moins ridicule, je te prie de considérer la Section III qui suit comme une liste de devoirs globaux trop longtemps négligés qui exigent la dévotion immédiate des Apprentis sur terre.

- PARADOXE D’AMERIQUE –

 

« Et il se pourrait qu’un grand jour advienne, quand un peuple distingué par la guerre et la victoire, par l’ultime manifestation de ses aménagements et renseignements militaires, et puis habitué à y rendre les plus graves sacrifices, élira d’annoncer « Nous romprons l'épée en morceaux ! » et démolira l’entièreté de sa machine armée jusqu'à ses fondations. Comme expression de sentiment élevé, se désarmer quand le mieux armé, voici la voie incontestable de la paix qui dépend toujours d’y être inclinée, alors que la soi-disant « paix armée » telle qu’elle se parade dans les nations de nos jours, c’est propension à l’hostilité qui ne se fie ni en soi ni en son voisin et qui, en partie par haine et en partie par crainte, refuse de poser les armes. » Friedrich Wilhelm Nietzsche, traduit de http://bartleby.com/66/83/42183.html 

 

Les Etats-unis souffrent de tel dualisme qu’ils doivent porter le signe de Gémeaux malgré leur date de naissance du 4 Juillet. L'Amérique est à la fois clémente et oppressive, utilitaire et mythique, authentique et frauduleuse, flegmatique mais fort névrosée, égalitaire et hiérarchique, amante de la paix mais chauvine, et aussi brillante que désespérément lassante.

Ce pourrait à voir avec le contraste que le professeur Allen C. Cuelzo constate dans sa présentation, « The American Mind (L’esprit américain) » réalisée par The Teaching Company, http://www.teach12.com. Selon lui, l’esprit américain se fend entre la volonté et l’intellect, l’action et la raison. 

Quelle habitude te semble-t-elle la plus effrayante : manquer d’agir à temps ou ignorer les conséquences ? Que crains-tu le plus : la paralysie d’analyse ou le résultat inattendu ? 

Ta réponse te case dans un des deux camps de la gérance américaine. D’un côté, ceux tels que Bush le moindre, Trump et leurs fripouilles qui se précipitent là où les anges hésiteraient de prendre pas en avant, menés soit par la foi, l’instinct ou le dogme, soit par simple avidité ou pure sottise ; et avec eux, leurs reflets en miroir : les soi-disant « progressistes activistes paisibles » qui n’ont aucune idée de ce qu’ils font. et puis se fichent pas mal de la continuité de leur débâcle. De l’autre, John Kerry, Bill Clinton, Al Gore et leurs supporters qui n’ont jamais découvert d’idée qu’ils n’ont pu disséquer jusqu’à dimanche prochain sans rien faire entre-temps, ainsi que moi et mes compagnons idéologues enfouis solitaires dans nos chambres d’étude. 

Chaque groupe s’indigne de l’intrusion et des faillites de l’autre et préférerait monopoliser la politique et l’économie. Le pouvoir partagé par ces deux tendances doit être méticuleusement équilibré ; la péremption par l’une ou l’autre s’est prouvée périlleuse jadis et pourrait être fatale bientôt de suite.

L’Amérique se querelle sans cesse. Le changement et la tradition y sont pareillement appréciés. Les meilleurs et les pires éléments d'art et de bon goût sont fabriqués de façon prodigue, pour autant estimés et puis rejetés comme de l’ordure. 

Les plaines fructueuses de l'Amérique rendent certainement les meilleures récoltes sur terre. Néanmoins, ici autant qu’à l'étranger, le sol est miné jusqu’à l’abus, les cultives empoisonnées, les pêches stérilisées, les bêtes de ferme abusées et les fermiers familiaux ruinés. La majeure partie de cette abondance est sur-traitée en une boue toxique qui n’est bonne que pour l’obésité et l’incinération, puis incrustation sur nos landes et dans nos corps en couches d'ordures solides, liquides et gazeuses. 

Se promener autour d’un voisinage américain, c’est circuler au fond d’une énorme poubelle presque vide. Des détritus déprimants y traînent partout, sciemment posés là par l’ordre inférieur des sociopathes, même (surtout quand) à deux pas d’une corbeille à papiers. Ces gens se condamnent a écrire leur vie en ordures.

La parterre autour de ma bibliothèque avoisinante fut récemment recouverte de paillis de copeaux. Au lendemain, cet aménagement serein fut souillé de mégots, de papiers gras et de pelures d’orange. Ceux-ci ne furent pas balancés là par hasard, mais soigneusement posés pour maximum éclat visuel, en dépit d’une corbeille à papiers située tout près. C’est ainsi que des sociopathes contemporains « expriment leur individualité » de la seule manière permise ; à moins qu’ils ne soient des industrialistes corporatifs accordés de plus amples opportunités et profits, à la Wall Street, pour polluer à l’échelle industrielle et globale.

Fripouilles éhontées ! Que le foot aux ordures vous foutent des coups de pied !

 

La loi américaine simule la justice en crises sporadiques, selon la richesse et renommé de l’accusé. Alors que l'équité sous l’examen de fortes assises est la lettre de la loi, la promotion égoïste par concurrence vicieuse en est l’esprit. Quand un indigent se trouve vidangé dans l’empire carcéral que gèrent les réactionnaires à leur profit, il doit sombrer en enfer sur terre, soit son innocence ou culpabilité. Les assises offrent des sinécures culminantes aux réactionnaires furtifs et monstres de contrôle (control freaks), ainsi qu’humbles postes de guet pour quelques génies juridiques — du moins aux paliers inférieurs, là où le Congrès des USA, infailliblement réactionnaire, ne s’en mêle pas autant.

Depuis 2014, les Etats-unis ont subi des convulsions juridiques à l’adresse du scandaleux taux annuel d’étudiantes universitaires (donc filles d’élite) violées sans correction. D’autre part, notre distinction particulière parmi les nations mais non encore adressée, c’est le compte astronomique d’hommes américains violés (minoritaires pauvres en grande majorité) par rapport aux femmes comparables. Ceci grâce à l’empire carcéral à base de fondamentalisme Judéo-chrétien qui juge utile d’écrouer davantage qu’un pour-cent de la population nationale. Comparé à notre nation et ses sinistres usines de viole, les Sodomites de la bible figurèrent comme papas gâteau un peu trop zélés en poursuite de leur jouissance. Comment le Dieu de Lot disposerait-Il de nos tourmenteurs contemporains, et de nous avec, qui les tolérons ? D’ailleurs, la Constitution américaine ne prohibe-t-elle pas « les punitions cruelles et inhabituelles » ? Qu’est-ce qui le serait davantage que le viol homosexuel en série, institutionnalisé et rendu coutumier par l’agence supposée le criminaliser ? Cruelle et inhabituelle ? L’enfer sur terre, plutôt.

Ajoute à cela la pratique insensé d’isoler des détenus violents et leur priver pendant des années de tangible contact humain au quotidien: cette forme de torture certifiée d'entraîner des dégâts psychiatriques permanents en à peine quelques jours. Ajoute à cela le coup de génie de l’ère Reagan : loger ensemble en prison ceux les plus déséquilibrés (en supprimant leurs hôpitaux psychiatriques) avec les pires criminels, puis ajouter une majorité de criminels sans victime. On finit par un cas d’école de sadisme institutionnalisé et de brutalité effrénée : le paradis terrestre pour des psychopathes triés sur le volet, et l’enfer sur terre pour leurs victimes.

La terreur soigneusement cultivée par la terre en armes (à nous la troisième guerre mondiale !), comparée aux célébrations soigneusement cultivées du monde paisible : cela te dit-il quelque chose ?

 

 

           Les tours jumelles s’abattirent lors d’une incontestable démolition contrôlée. Aucun bâtiment de telle taille accidenté semblablement ne s’effondrait si parfaitement sur sa trace. Les médias qui me le prêchent doivent être de sales menteurs et qui plus est des sots pour me croire assez sot pour accepter leur mensonge transparent. 

La première garantie du Congrès américain après 11/9/2001, c’est que la famille des victimes de haut rang reçut compensation supérieure : un bon exemple de ses bavures routinières parmi tant ! Par exemple, pourquoi refuser d’enquêter honnêtement les grands bénéficiaires de cette démolition et ceux qui s’en sont réfugiés auparavant, avec mille autres questions irrésolues ?

 

Par simple recensement, le génocide aux mains d’Euro-américains des peuples indigènes et des noirs en Amérique fut aussi meurtrier que celui des Européens juifs, tsiganes et autres aux mains des Nazis. Pourtant les Américains considèrent leur société comme un modèle de sérénité quand comparé au titre de paria qu’ils ont accordé aux Allemands Nazis. 

La brutalité de fondamentalistes s’est confirmée par des pogroms et nettoyages ethniques aux mains de toute la gamme de religions. Prises en compte les hécatombes de Staline et de Mao, le national-communisme, le national-socialisme, le national-capitalisme et le national-fondamentalisme se sont prouvés pareillement virulents parce que gérées inévitablement par des psychopathes. 

L’élite nationaliste partage ceci en commun avec le psychopathe : ni l’un ni l’autre n’a besoin d’admettre sa culpabilité, de se repentir de ses méfaits d’antan ni de les compenser. « Ce que nous avons achevé, c’est fait ; ce qu’ils ont achevé, c’est impardonnable. Nous sommes bons ; ils sont mauvais. Fin de discussion ! »

 

De nombreuses germes d’idéalisme poussent ci et là en Amérique, répartis à travers un terrain clos d'hypocrisie, d’avidité et de fermeture d’esprit. La liberté et l’esclavage, l’intérêt public et celui particulier, ils sont défendus avec sincérité et férocité égales. Les progressistes ont maintenu l’illusion d’entente avec leurs paires de tendance réactionnaire, libéraux avec conservateurs, en consentant à se contredire quant à leurs définitions fondamentales de la démocratie. Les uns à base d’égalité (l’affranchissement héroïque d’abus aux mains de « supérieurs ») ; les autres, de la liberté (l’opportunité effrontée d’isoler et d’abuser des « inférieurs » en toute légitimité.)

Des politiciens orthodoxes et des commentateurs médiatiques se vantent des sacralités du vote et de la « démocratie représentative » bien que de tels scrutins soient mal chiffrés ou exclus en millions d’exemplaires. En Floride et en Ohio, des suffrages truqués ont exposé le pic d’un iceberg de crypto racisme qui souffle son puant sérac sur le reste du pays. A présent, les même types entravent le vote des minorités, proposant « d’amoindrir les fraudes électorales » à vrai dire inexistantes hormis les leurs fort variées. Décriminaliser les tirs policiers, tolérer la corruption publique : cette triste liste se rallonge bien vite.

Quelques ronds d’apologie civile et de poursuite criminel sont dus.

Trump a remporté (tous?) les États contestés lors du vote présidentiel de 2016, ces États dans la « ceinture de rouille » autour des Grands Lacs, munis de beaucoup de votes électoraux et quelques circonscriptions clés d'équilibre électoral au fil de l’épée -- tous remportés à très faible marge par Trump. Un État contesté, cela signifie qu'environ 50% iront dans chaque sens. Statistiquement parlant, on ne peut pas «balayer» tous les États contestés; seulement plus ou moins la moitié. Trump les a tous balayés par vote automatisé. Va comprendre.

Personne ne se tracasse du fait que le collège électoral américain constitue une minorité spartiate entourée d’une majorité d’idiots, ni qu'aucune tyrannie grecque ne fut gérée par une telle minorité antidémocratique que nos maîtres d'esclave corporatifs et leur police de pensée. 

Tant que les passions des Apprentis seront rejetés du discours public, le bon talent dans la direction devra se rétrécir ; les preneurs de décision, se rendre plus sots et leurs conséquences inattendues, de plus en plus désastreuses. Simple arithmétique.

 

 

 

Après avoir refoulé quelques assauts britanniques, les colons européens de l’Amérique ont conclu, accroupis derrière leurs fosses océaniques, qu’ils étaient garantis de toute invasion étrangère. Bénis de vastes terres vierges à exploiter, ils ont convoqué de massives immigrations que d’autres nations, plus entassées, ont dû résister. Cela en dépit des grommèlements des réactionnaires locaux quant aux vagues d'immigrés internationaux qui leur ont remis, à ces réactionnaires, des fortunes sans arrêt avant et depuis. En dépit de leur bigoterie rotulienne, nos libertés et opportunités ont dépassé celles rêvées ailleurs. 

Avec l’exception des Indiens dépossédés en Amérique, des Noirs arrachés de leur patrie en Afrique, et des Mexicains et leurs riverains de l’Amérique latine : victimes d’une série continuelle de razzias policières aux USA, à cause de leur croyance catholique, leur langue latine (aux tournures de phrase tellement élégantes !) et teinte de peau un peu moins claire, par conséquent « infériorité. » Ces agonisants furent niés le droit qu'estime le plus chaque citoyen américain : accueil libre dans le compagnonnage de la citoyenneté. Ce que chaque être humain mérite sur terre ; ce qui parvint à unifier l'empire romain, soit la provenance de ses citoyens — du moins jusqu’à ce que des Huns régénérés en culte (born-again Huns) ne se soient emparés du pouvoir avec la résolution de tout anéantir.

Ne constates-tu pas l’histoire se dupliquer ici présent ? Nous assoupirons-nous devant ce scandale de vandale, comme l’ont dû les Romains terrassés au plomb ? Sinon le résisterons-nous ? Il est certain que nos poisons sont de loin pires. Saurons-nous surmonter leur effet ou en succomberons-nous simplement?

 

Les affaires américaines – son art, sa science et même sa religion organisée – ont bénéficié de massives infusions paisibles. Toutefois, et sans vraiment savoir pourquoi, les Américains ont sustenté bigoterie raciale, pauvreté de masse, génocide ethnique, esclavage et guerre civile. Leur raison principale de subventionner la mentalité d'armes, en flagrant défi de la lettre et l’esprit de leur Constitution ? Retenir contre l’étranger une technologie d'armes au tranchant de rasoir : ceci en conformité avec la tradition de l’ancien monde, de coupe-gorge immédiat sur commande gouvernemental. 

La prolifération outre-mer d'armes biologiques, nucléaires et scalaires confond la défense de fossé américaine. Notre sens d'invulnérabilité stratégique se fane en même temps que nos prospérités et libertés collatérales. 

A partir de la guerre de Corée jusqu’à celles au Vietnam, en Irak et en Afghanistan, chacune nouvelle s’est prouvée plus coûteuse, injustifiable, corruptrice et nuisible à nos meilleures institutions. Puisque ces aventures ont abouti en échec ignominieux, des réactionnaires américains se sont retirés chez eux pour entamer la chasse aux nouvelles victimes parmi les leurs propres : indigents, immigrés, minoritaires, femmes, enfants, drogués, criminels sans victime, sans-abri, malades mentaux et écosystèmes naturels : tout ce qui parut assez vulnérable comme cible. 

Quelles seront les victimes les plus certaines d’être prises dans l’avenir ? Les baby-boomers âgés: nombreux, laids, ridés, puants, débiles, décrépits, dépendants, empoignant droit de soi, des égoïstes ni productifs ni trop astucieux. Des victimes parfaites pour la politique fasciste en Amérique. Puisqu’ils ne se sont jamais pris la peine de protéger les victimes d’antan et depuis, leur tour adviendra sans que personne ne les protège, hormis les Apprentis.

A présent, c’est le virus corona qu’y besogne.

Retient en tête que l’appréhension croissante de menaces internes et outre-mer (immigrants et terroristes) multiplie la réaction et la pauvreté chez soi. Chaque élite d’armes promet à son prolétariat de le protéger d’élites d’autres appartenances (géographiques, ethniques, politiques) qui semblent grotesques et horrifiantes mais sont à vrai dire identiques dans leur humanité partagée. 

Ce tapage est de prévisibilité lassante, qu’il soit proclamé par des radicaux ou des réactionnaires. Soit leur pays d'origine, idéologie, race et autres distinctions superficielles, ils présument que leur société ne s’unira qu’en affrontant une horde d'ennemis potentiels ; internes ou externes, réels ou de pure invention : peu importe qui ces Autres seraient en réalité. 

Selon les gauchistes, les ultimes ennemis sont les riches. De bourrus pouvoirs étrangers et des criminels astucieux sont les croque-mitaines préférés des centristes. Les réactionnaires définissent l’ennemi comme n'importe qui serait assez faible car manquant de votes et de richesse. Tous trois estiment la brutalité comme une panacée. 

Leurs ennemis se prouvent souvent illusoires. Des vraies menaces n’émergent d’habitude que d’azimuts inattendus. Nombreux les agresseurs (Manuel Noriega, Saddam Hussein, Adolphe Hitler et Oussama Ben Laden, par exemple) subventionnés par les mêmes autorités supposées les garder à vue. 

Quand une nouvelle menace entraîne de solides mesures préventives, des politiciens chauvins bouchent leurs oreilles aux avertissements et permettent au désastre de se dérouler de toute façon, semblant par pure incompétence. En fait, ils provoquent la réaction brutale que leurs vrais plans requièrent.

Dans un sens elle a pris fin, l'inviolabilité stratégique américaine à base de fosses océaniques. Selon nos tribuns chefs, nous devons adopter la mentalité d'armes en permanence même en temps de paix, et accepter ses frais sociaux. Autrement risquons-nous d'être relégués à la deuxième classe. La question persiste : deuxième à qui ? 

Quand les Etats-unis éternuent, les autres pouvoirs en obtiennent la pneumonie. Pendant les années 1970s, les nations pétrolières ont dû renverser leur embargo du mazout, non parce qu’ils avaient estropié le Grand Satan mais parce que leur prise d’étranglement tuait l’oie aux œufs d'or. Ils se sont tardivement aperçus que les victimes principales de leur hausse du prix furent leurs alliés et clients les plus nécessiteux.

 

La tyrannie d’armes en Amérique se mesure d'affaire crue par des statistiques en hausse d’infractions, de détenus et de chômeurs (ceux-ci du double ou davantage des décomptes officiels.) Ces montants effarants n’additionnent à rien comparé à l'enfer auquel nous devons nous attendre si nous permettons aux mauviettes et aux prismes de nous enjôler aux approches d’Armageddon.

Alors que la gestion paisible cherche à rendre la vie aussi productive, rémunératrice et stable que possible, celle d'armes incite des disparités de richesse, de créativité et de sécurité. La vie doit devenir si incertaine que l’engagement dans l'armée paraisse comme une aubaine aux pauvres. La mentalité d'armes crée une vaste main-d’œuvre fainéante en codépendance bien disposée à la répression, la criminalité et la guerre. 

Rappelle-toi que chaque démonstration étouffée, arrestation illégale, acte irrésolu de brutalité policière, coassement de Republican bananier, « Vive la répression ! » trahit une élite en pleine panique, se cabrant contre des cauchemars politiques qui lui semblent plus effroyables que toute foule ou insurrection. 

Pense aux monstres dans des filmes de zombie : des prolétariens courbaturés et affamés à être massacrés d’office. Figure-toi et tes proches comme faisant partie d’une Catastrophe qui nécessite l’administration coriace mais à regret de la solution finale.

 

 

Les conservateurs partagent une faiblesse ordinaire : ils peuvent maintenir certaines anciennes valeurs mais sont incapables d’entretenir de nouvelles. Dévoués à la mentalité d'armes, ils manquent l’étincelle de la mentalité paisible qui attire la multitude des Apprentis à prêter de leur luminance pour l’effectuer. Ça leur a pris, aux élites européennes, trois cents ans à partir du XIIème siècle pour adopter le zéro en arithmétique. 

Les progressistes ne peuvent proposer une nouvelle approche à l’abondance sans que des conservateurs ne résistent « jusqu’à la mort (d'autrui) ! » Ceux-ci ne peuvent se permettre de croire que tout irait mieux à la suite d’un meilleur partage de la richesse. Ils refusent d’imaginer les fortunes à récolter d’une répartition plus expansive. Ainsi se sentent-ils obligés de détrousser la richesse et la créativité sur une somme de base zéro : « Ce que je gagne, tu dois perdre. »

Ceci en dépit de la plus insistante conclusion de l’histoire : que les collectivités restent pauvres dans la mesure qu’une minorité se détourne leur richesse. Autant petite en proportion cette minorité privilégiée et autant simple sa structure sociale, d’autant plus restreinte et donc stupide sa prise de décision et moins prospère sa nation hôtesse. 

L’héritage génétique d’une élite bigote doit pour autant souffrir. Les enfants d’élite, dotés d'une génétique moins disparate que celle de métis inférieurs quoique plus robustes, souffriront de mortalité rehaussée à cause du manque de conjoints dignes de parenté. Une élite tellement close s’affaiblira peut-être fatalement au cours de la prochaine hausse naturelle de mortalité infantile.

Du roi dieu vers sa cour minuscule, scellée de façon hermétique des masses malpropres, l’ancienne richesse dégoulina comme un ruisseau alpin. Elle coula entre des bancs médiévaux de noblesse et de prêtrise soigneusement endigués de leurs inférieures. Ensuite fit-elle glouglou, à la victorienne, entre des gros bourgeois, des ecclésiastiques et le personnel du cartier général : ces braves gens d’armes tenant à la pointe de la baïonnette la populace en outre du cercle magique de la richesse. De nos jours, cette richesse serpente le long de gros affluents de professionnels et de bureaucrates et officiers qui rémunèrent les sous-classes à dépense minime à coups de pain et cirque (hamburgers cultivés en usine et sottises télévisées.) 

Sans tarder, toute cette richesse débouchera dans la plus méritoire des mers : celle de tous les Apprentis sur terre. A chaque palier de redistribution, comme si par magie, la richesse s'accroît exponentiellement, surtout chez les élites. 

Les réactionnaires peuvent geindre tant qu'il leur plaise ; assassiner, torturer, mentir et voler autant que permet leur panique de lâches. Soit, ils s'en appauvriront et ne s'échapperont jamais de cette inévitabilité historique. S’ils agissaient avec un brin plus de sagesse, ils en profiteraient une fois pour toutes à l’exponentielle.

 

 

Les guerres et désastres naturels affaiblissent la gestion paisible. L'harmonie sociale est une fine étoffe tissée de maintes rives de confiance mutuelle, de coopération et de bonne volonté. Cette toile est très fragile : elle s'effiloche sous le stress et se découd soudainement. Des calamités interrompent la bonne distribution de nécessités ; elles incitent le pillage, le rendement de comptes et la dissolution de l’ordre social. « La civilisation, ce n’est qu’une question de fourrage » Berthold Brecht. Faisant face aux surcharges inaccoutumées, le contrôle routinier se rend sporadique, injuste et inadéquat ; la rigidité, l’incertitude et la centralisation se réinstallent. Des mafieux opportunistes se prolifèrent dans des conspirations d'avidité, en synergie avec leurs effets nuisibles. Les technologies paisibles se fanent et la tyrannie se réimpose. En mesure que cela se détériore, une société traumatisée se détroque de la paix marginale pour privilégier sa production d'apogée d'armes. Ainsi reparaît la vraie fièvre de guerre. 

Par intermittences, une épidémie semble infecter des sociétés entières. Alors que la majorité chavire en déclins économique et spirituel, une petite minorité s’amasse des fortunes imméritées. Les valeurs et sources traditionnelles de sécurité sont déracinées à tel point que le combat lui-même paraisse prometteur. 

Cette épidémie de dégénérescence sociale s’est bien illustrée pendant la grande dépression. Le carnage de la première sic guerre mondiale convertit la plupart des prolétariens en pacifistes ardents. Mais elle a transformé des élites clés en fanatiques d'armes. Ceux-ci se sont assurés que cette dépression pétrirait la sensibilité prolétarienne à tel point que la seconde sic guerre mondiale et son plein emploie apparaissent aux prolétaires comme un soulagement.

 

La meilleure recrue militaire, c'est un enfant sans défense de mauvais quartier ou de village miséreux. Cette règle d’or de la mentalité d’armes s'applique autant aux rares forcenés qu’à la douce majorité des gavroches. Ceux davantage chanceux survivent des abus incontournables ; dans la limite du possible, leurs parents ou gardiens leur rendent secours. Souffrant toutefois d’amour-propre abject, ces enfants de la rue ont besoin d’intégrer quelque chose plus important qu'eux-mêmes. Des survivants endurcis, ils savent comment manier l’adversité broyeuse et connaissent à fond les terreurs du combat et de sa discipline draconienne. Leurs chefs de bande sont testés au combat de rue. Les enfants qui manquent de s’adapter périssent jeunes.

La meilleure préparation pour l’apocalypse militaire-industrielle, c’est naître comme Jésus, enfant SDF.

En suivant cette simple formule, la gestion d'armes peut récolter à tout moment un foisonnement d’infanterie solide. La plus brutale leur enfance, les plus fourmillantes les bonnes recrues ainsi que d’inestimables chefs de petite unité de combat. L’aboutissement ? D'innombrables régiments de bonne infanterie; des commandos d’élite parsemées de sociopathes autrement bons qu’à l’internement psychiatrique ; une poignée de chefs brillants comme Booker T. Washington, Martin Luther King, Jesse Jackson, Cornell West, le Général/Secrétaire d'Etat Collin Powell et leurs pairs de haut mérite, suivi d’une cohue de victimes estropiées par la pauvreté, l’ignorance et le crime. Ces derniers, les débris humains du minerai dont sont raffinés à grand gaspillage des précieuses élites de bataille et de nombreux techniciens d’armes. 

 

« La première qualité du soldat, c’est la constance à soutenir fatigue et privations ; le courage n' est que secondaire. La pauvreté, les privations et la misère sont l'école du bon soldat. »

Citation de Napoléon par le Lieutenant-Colonel Dave Grossman, On Killing: The Psychological Costs of Learning to Kill in War and Society, (De la tuerie : Les coûts psychologiques d’apprendre à tuer dans la guerre et la société), Back Bay Books, Little Brown & Co., Boston, New York, Toronto, London, 1995.  

 

La gestion d'armes perpétue l’indigence dans chaque communauté qui l’accepte. Ce fait reste tapi sous des mythes d’armes de norme qu’on nous conditionne infatigablement à admirer. Tout et n'importe quoi : intempéries ; dieux hostiles ; hérétiques, magiciens et sorcières ; drogués et seigneurs de drogue ; petits criminels ; main-d’œuvre vieillissante ; mamans à l’assistance sociale ; minorités inférieures ; guérilleros auparavant et actuellement terroristes : tous peuvent servir comme lampistes pour des systèmes économiques qui devraient s’épanouir mais n’y parviennent jamais.

Comment se fait-il qu’après des millénaires en pratique de la vie civilisée, nous souffrons de déroutes économiques périodiques sans bonne raison, ainsi qu’un coureur olympique trébucherait continuellement sur ses lacets qu’il manqua de nouer ? Et personne sauf moi ne trouve ça bizarre ?

Pour une société mûrissante, la pauvreté de masse n’est pas la meilleure option. Au contraire, c’est la politique sociale la plus coûteuse de toutes. Permets-moi de le répéter pour le mettre en meilleure évidence, puisque nous l’avons ouï si rarement dans le passé (jamais.)

 

La pauvreté, c’est la politique sociale de loin la plus coûteuse.

 

Aucune société ne s'est jamais rendue riche en entretenant de la pauvreté. Les élites d'info gaspillent une richesse prodigieuse en cultivant ces frais d’armes, entre d’autres. 

Toute cette richesse devrait nous appartenir par droit, pour investir en paix. Nous serons étonnés par la qualité de la paix que les Apprentis pourront nous procurer avec, sans parler de l’ouragan de brutalité qu’ils seront en mesure de racheter et neutraliser avec une partie infime comparée à nos dépenses militaires.

Malgré tout, la bonne vie gâte les gens, les rend en querelleurs pourris qui ne se refusent plus rien : du fourrage de canon fort insatisfaisant. La décadence sociale n’est pas mauvaise en soi, mais il serait imprudent de maximiser la prospérité et le pacifisme chez soi alors que le restant de l’humanité persiste à satisfaire ses besoins l’arme au poing. 

La privation de masse n'est jamais l’enjeu des échecs d’une gérance stupide : avidité égoïste, folie, corruption, aucune d’elles n’en est la cause primaire : ce ne sont que des symptômes secondaires de la mentalité d'armes, le fléau sous-jacent. 

Au fait, l'argent dans toute son intégralité : le jeu de coquilles à somme zéro qui dépend de l’usure toxique aux masses mais si précieuse aux politiciens, aux hommes d'affaires, aux universitaires et rentiers réactionnaires de l’élite d'info : c’est simplement le système énumérateur de main-d’œuvre et de ressources en quantités astronomiques destinées à nourrir nos technologies globales d'armes à pure perte. « Le manque d'argent » c’est notre excuse préférée pour ensemencer des quartiers pauvres et sans profit dans le sillon de nos guerres destructrices.

Invoquant le feu Ian M. Banks (mon regretté frère philosophique) : La prépotence de l’argent dénote la pauvreté de la société qui s’en asservit.

 

 

Nous voici confrontant un problème d’œuf et de poulet : qu’advint-il d’abord ? Quand l’économie orthodoxe sombre en déclin, pour quelle raison que ce soit, le militarisme rotulien devient un moyen irrésistible de rehausser la richesse aux sommets sociaux. Si la masse humaine s’appauvrit soudainement, son premier instinct sera de se convertir aux anciens protocoles militaires. Une fois que les dépenses d’une société dépassent ses bénéfices, elle trouvera une nouvelle population de gibiers à croquer avec sa technologie d’armes récemment remusclée.

 

Quand je parle plus loin des Américains, j’implique de même tous ceux qui ont perdu l’âme dans l’étreinte nue de la mentalité d’armes. Assure-toi que tu ne sois pas affligé par le même fléau alors que tu maudis les Américains en étant assujettis.

Ceux-ci ont tété une formule toxique de matérialisme obsédant et de satisfaction nulle aux seins bombants de la télévision et des publicités. Ainsi leur a-t-on enseigné à n'obéir leur conscience morale que quand ce serait commode, le bon sens que quand commode, le bon goût quand commode. La transformation politique et sociale n’aura pas lieu avant que cela ne leur soit commode — sinon, encore mieux, jamais. 

Ils agissent comme si leur mauvaise conduite, leur apathie et leurs décisions minables n’eussent jamais de conséquences. « Si tu n'apprécies pas notre simplification des actualités, tu n’as qu’à changer de station télévisée (quoique nous ayons barré le bon renseignement sur elles toutes.) Mieux encore, reste pépère en attente de la prochaine réclame commerciale insignifiante. Rien de signifiant ne changera, quoi que tu fasses — et l’insignifiant se multipliera, quoi que tu fasses. » 

Ce leur est devenu une frénésie : satisfaire leurs indulgences jusqu’au bout et se ravir de leur impunité aveugle. Des escrocs et bigots américains prospèrent donc sous le bouclier de définitions dérisoires de la liberté.

 

Le reportage « équilibré » du journalisme américain ? Cela implique que le mal sera accordé l’avantage. Quiconque paye le plus a droit aux larcins, tricheries et menteries et à mieux s’en sortir que les moindres payants, quoique ceux-ci payent beaucoup plus au total. L’ultime issue du « journalisme américain en équilibre ? » La démocratie du dollar selon quoi un million de dollars équivaut à un vote et un votant n’équivaut à rien.

Constate le contrôle d’armes à feu particulières ainsi qu’une dizaine d’autres issues sociales aux Etats-unis : favorisés par le peuple presque à l’unanimité, mais sabotés en faveur de grandes fortunes.

Quelqu'un d'autre est responsable pour les désastres en aval, non nous autres Américains. Nous nous répétons sans cesse que de tels désastres soient une aberration et non le reflux toxique de nos habitudes et institutions pourries. Aucune raison de les rénover ! 

Bismarck remarqua que Dieu semble favoriser les Américains, les ivrognes et déments. Ces premiers semblent pouvoir s’en sortir à demi propres de leur ouragan de merde la plupart du temps. L'Amérique s’est donc rendue en une nation d’enfants gâtés : l’ultime issue d’empires juste avant leur dissolution. 

Mais du moment que Dieu se détourne en dégoût, prenez garde ! Des désastres aux proportions bibliques se manifestent, tels qu’à la Nouvelle Orléans et au Golfe du Mexique. Alors les Américains font piteuse mine : la faute doit sûrement appartenir aux autres. Comment, sinon ? 

Les affaires de cette nation ne seraient pas si consternantes si ses citoyens ne mûrirent un peu, sans passer directement de l’enfantillage futile à la sénescence grincheuse. 

Après tout, ce ne sont que des nouveau-nés comparés à la sottise meurtrière âgée de centenaires en Europe et de millénaires supplémentaires au Proche Orient et en Chine. Il ne reste que ces bambins américains et les autres infantilisés à vie, supposés réaliser cette transformation à date limite sans merci. Peu de temps ne reste à s’écouler avant que l’anéantissement ne nous rattrape, faute du mûrissage miraculeux de la collectivité. Bonne chance avec cette croisade d’enfants !

Entre temps, les Américains (y compris les Democrats fainéants) n’ont figuré que comme une tourbe de Republicans sustentés au maïs OGM, c’est à dire des fascistes pas encore muris. Patientez un peu que les Etats-unis obtiennent assez de corde pour se pendre. Ronnie Raygun ne fut pas parfaite, mais assez près ! Etant donné Bush le moindre, Nixon, Trump et leurs larrons dans la cour suprême et au Congrès ; laissons-nous seulement élire entre eux des prête-noms en plâtre, des Democrats de Weimar, décoratifs mais insignifiants : tout ce que nous puissions tolérer. Ensuite, le suivant (infailliblement pire) pourra renouveler l’enfer sur terre. Nous n’avons qu’a rétrograder de la démocratie à l’aveuglette, un pas en avant et trois en arrière, dans un Reich de mille ans drapé en rouge, blanc et bleu. 

En Irak et en Afghanistan, une armée de citoyens mercenaires, anathème à la constitution, se répète des tactiques de « pacification » avec l’ultime intention de les appliquer à Buffalo, St Louis et Seattle. Mais ne nous dérangeons pas ! Asseyons-nous simplement sur nos mains et assistons au bâtiment de cet enfer. 

De nos jours, les Américains font appel à l’arrogance nihiliste ou au puritanisme dogmatique : vacuité morale ou moralisme nul. Les seules prescriptions admissibles sont profit dérisoire, dogme, manie ou commodité. Autant vaudrait prendre un grand souffle dans un vide. 

Il y a un médian d'or, un mi-chemin de bonne conduite que dédaignent ce pays et cette terre en armes. La route en enfer serait-elle pavée de bonnes intentions ? Dans tes rêves, peut-être. En réalité, elle est dallée de certificats d'action militaro-industrielle (des achats supérieurs !) 

La conscience morale, la compassion, simples rendements du bien et fuites du mal : ceux-ci méritent révérence, si seulement parce qu’ils entraînent moins de désastres inattendus. Obéis à ta conscience morale, même quand elle semble dicter le démodé, l’incommode et le peu lucratif ; puis attends-toi aux miracles inattendus. Viole-la et souffre le plus souvent de désastres imprévisibles. La bonne déontologie et l'intérêt éclairé sont davantage promoteurs de meilleurs résultats. Les négliger à notre péril. 

 

Après cette jérémiade des faillites américaines, je dois accentuer ce point central. 

Etant donné notre association de Gémeaux, nous autres américains retenons davantage de pouvoir, de gloire et de génie que les autres nations. Pendant deux siècles, l’Amérique s’est peuplée de la crème du restant du monde : ceux les meilleurs et les pires. Si nous poursuivions ces avantages à coups de la générosité américaine notoire, cela nous permettrait de neutraliser nos pires faiblesses.

Américains ! Dégourdissez-vous ! Si nous appliquions les vigueurs de cette nation aux ultimes pratiques paisibles, nous trouverions étonnantes la grâce et l’élégance de notre réussite, comparées à la pagaille qui nous enclose à ce jour.

Nos autres options ne seront pas marantes du tout.



 

- QUELQUES GROS MENSONGES –

 

« En temps de guerre, omettre de mentir, c’est de la négligence ; douter d'un mensonge, c'est un méfait ; et annoncer la vérité, un crime. » Arthur Ponsonby, Falsehood in Wartime, La contrevérité en temps de guerre.

« La première perte de la guerre, c’est la vérité. »              http://www.guardian.co.uk/notesandqueries/query/0,5753,-21510,00.html 

Nous pouvons congédier les annonciateurs publicitaires et gouvernementaux comme des menteurs furtifs qui vont tromper le public à jamais, sinon jusqu'à ce que nous leur arrachions la vérité. Repoussés par l’honnêteté spontanée, ils ne s’y rattachent que sous examen minutieux, même ces fois-là à contrecœur et seulement de façon provisoire. Ils préfèrent enterrer leurs énormes mensonges sous un déluge de mi-vérités. Le monologue vide leur est préférable au débat équilibré ; le mensonge croyable, à la vérité. Le gros mensonge leur est devenu devoir, bol de riz et « source d’honneur. » A quel point peuvent-ils se leurrer, nous avec ?

 Ici aux USA, « l’équilibre du reportage » veut dire qu’à la télévision, des politiques injustifiables méritent davantage de commentaire favorable que les autres, et davantage d'encre de disculpation dans les journaux. Trump a bénéficié de cent fois plus d’exposition médiatique que Bernie Sanders.  L’inadmissible est donc validé par répétition machinale. 

Des sociopathes flagrants et des escrocs dévoilés ont davantage droit à l’adulation médiatique que l’honnête homme. Des réactionnaires et des conservateurs y sont appariés, démoblicains et républicrates. Leurs débats pro forma simulent la controverse alors que la tyrannie sous-jacente reste soigneusement inexplorée. Le « débat » télévisé oppose des contestants qui acceptent le statu quo scandaleux avec ferveur égale, mais dont les disputes marginales sont travesties en débat honnête. Voici l’ordinaire dans les actualités « équilibrées » aux Etats-unis.

Il y a d’autres exemples de cette menterie institutionnalisée. Les industriels américains rendent le consommateur confus en lui offrant des produits dans des récipients aux poids et dimensions fractionnelles : 1,32 livres, 8,3 pintes liquides, 0,7 litres ; même produit, compagnies différentes, prix différents. Prenez une minute pour résoudre. La quotité du « service unique » est dérisoire afin de minimiser sa déclaration obligatoire de composants nocifs. De telles portions individuelles ne satisferaient pas l’appétit d’un petit gamin. 

Aucune étiquette avertisseuse n’est requise pour afficher le traitement radioactif d’ingrédients ni que leur nature génétique n’ait été modifiée ni que la viande fut gavée de poison en usine agronome, atténuant le bienfait d’antibiotiques par leur application excessive. Ces affiches mettraient fin à la vente de tels produits expérimentaux, moins chers à produire que leurs remplaçants « bio » (élevés à l’ancienne) mais marchandés aussi coûteux ou plus, quoique de potentiel beaucoup plus coûteux à assainir en aval du temps que n’indique leur label censuré et coût de production subsidié.

Ces mêmes fabricants geignent des dépenses recourus en faisant état du contenu nutritif de leurs aliments : ces sommes insignifiantes comparées aux fortunes versées en publicités.

Les corporations ne cessent de se plaindre de la réglementation gouvernementale. Fâcheusement pour eux, c’est le seul mécanisme qui puisse contenir leurs plans les pires. Chaque nouveau règlement est une réplique chétive à quelque méfait monstrueux d'entreprise. Au nom de la compétition dite « salubre » les comités d'entreprise plagieraient chaque nouvelle escroquerie, si seulement elles pouvaient s’en sortir. Dans l’absence de réglementations supplémentaires, celui qui manque d’imiter son concurrent moins honnête sera chassé hors d’affaires. Des infractions d'entreprise précédent chaque nouvelle réglementation et protestation corporative ensuite.

Depuis le neuf septembre, la poursuite de suspects terroristes a monopolisé presque toutes les ressources du système fédéral de justice, ce mandat remplacé dernièrement par la poursuite massive d’immigrants en infraction mineure. Le crime corporatif passe sans enquête dans la plupart des cas. 

Attrape une hypercorporation, précédemment muette, se louant en nouvelle annonce à la télé ou à pleine page dans les journaux, et découvre assez souvent sa tentative de dissimuler l’outrage auquel elle s’est récemment fait pincer les mains rouges.

Le ruineux sauvetage des caisses d’épargne (Savings and Loan) aux USA, la putréfaction des services de ligne aérienne, des tarifs d’énergie et de soins en escalade et l’impunité croissante des responsables de scandales de comptabilité d’entreprise : tous démontrent ce qui advient quand des corporations se réglementent elles-mêmes. Leurs fonctionnaires seront ravis de « se réglementer » jusqu’à la caisse d’épargne la plus proche. Profitant du laissez-faire habituel aux six derniers présidents, le cartel pétrolier a remplacé la réglementation gouvernementale avec un Etat de providence illimitée aux corporations. Tant pis pour le « marché libre » et ses pouvoirs de se réglementer. Comme prévu, la main invisible que décrit Adam Smith n’est qualifiée que pour des filouteries au jeu.

Le seul pays européen qui survécut la récession de 2008 et émergea plus ou moins indemne, ce fut l’Islande où les banquiers responsables n’ont rien accru que des peines criminelles, et la seule réponse à leur appel pour un plan de sauvetage fut « nagez ou noyez-vous. » Comme pour des légions romaines des fois paniquées mais irremplaçables, la décimation résolut le problème du « trop important pour faire faillite. »

Espérons que ces hypocrites n’obtiendront jamais mainmise sur les fonds de la sécurité sociale américaine. Ils en ont bavé depuis des décennies. Au cas où, nous vieillirons en tant qu’indigents, en dépit de l’imposition d'épargnes obligatoires à vie. Comme il se trouve, le gouvernement américain depuis Reagan et Clinton, a trempé ses mains de filou dans cette caisse pendant plus d’une année d’embarras fiscale. 

 

« Attention, attention à cet important canular politique ! Au lieu de témoigner de l’évaporation boursière de vos épargnes de retraite, rendez-vous immédiatement au casino le plus proche pour y perdre votre montant au chiffre d’affaires. Que triomphe le marché libre une fois pour toutes ! » 

 

Sérieusement, je blague. Pourvu que le chiffre d’affaires de ces casinos offrît un profit crédible pour le joueur ou seulement le prémunit! Pourquoi ne pas adopter un mulligan de casino, comme au golf ? Tu sortirais toujours avec tes sous d’origine, moins une petite prime de rentré. Des gains de survie dans la plupart des cas. Après tout, au monde paisible, ces casinos seraient subsidiés par le gouvernement.

La détresse subite de la moyenne classe américaine a résulté de dizaines d’années d’épargnes captives à la retraite (401K) et leur décalage obligatoire en investissements désastreux de bourse commerciale. Elles disparurent dès que celle-ci s’effondra : cette turbulence exponentiellement plus fréquente et désastreuse au passage du temps. 

L’expression « dérégulation » est code secret pour « des services inadéquats remis au prix maximal. » Une élaboration du slogan favori des capitalistes : « Profits pour les rares, aux risque et dépens de ceux nombreux. » Voici peut-être la meilleure expression du national-capitalisme : l’ultime perfectionnement historique de l’exploitation d’armes.

 

Les publicités commerciales surchargent la capacité déjà trop restreinte de nos canaux d'émission. Un bruit blanc continu de décharge statique jaillit des médias de masse.  Rends-toi compte que presque toute la programmation diffusée (films, télé, radio, Internet) gaspille le maximum de temps disponible à l’assistance tout en lui transmettant le moins de données utiles. Assiste à quelques heures de ce charabia en série et constate-le.

Ce phénomène ne se laisse décrire que comme un complot planétaire à banaliser l’important et rendre important le banal. Après tout, beaucoup d’information de moindre ou nulle importance est plus facile à contrôler d’en haut que celle de grande importance pour d’aucuns, soit son volume.

 Il y a des centaines chaînes d’émission par câble, transmettant 24 sur 365. De nombreux jours-personne font partie de chacune de leurs réalisations. Penses-y : non moins de la part d’acteurs, de directeurs, d’écrivains, de réalisateurs et leurs équipes de techniciens ; mais aussi de simples comptables, responsables du personnel, employés d’appui, gardes et commis généraux ; des journées entières de la vie de chacun d’eux dévouées à la production de peut-être vingt minutes seulement de données utiles sur une seule chaîne par heure. Et je me suis généreusement servi du terme « utile. » Tout le reste fabriqué par cet effort monumental n’est que du bruit sourd qui ne sert qu’à la perte massive de temps. Multiplie chaque nation sur terre et ses industries télévisées. La seule bonne analogie que je puis trouver, c’est celle de milliers d’Egyptiens massés pour bâtir, décorer et meubler des pyramides inertes. Quoique leurs efforts aient produit des monuments de taille, alors que les nôtres, rien que du buzz électromagnétique. 

Personne n'analyse les besoins de chaque consommateur ni ne lui vise des données selon son goût et tempérament. Des tentatives balourdes dans cette direction sont attaquées comme des empiétements sur la vie privée. 

Nous sommes des obsédants compulsifs quant aux données. Si elles nous paressent utiles, soit en particulier soit institutionnelles, nous les amassons, les rationnons et en limitons l’accès pour la moindre raison. Nos ancêtres se sont brûlés vifs, les uns les autres, au sujet de nouvelles idées simplement inédites. Ces jours-ci, des tas de rebuts sont fabriqués au gré de « besoins commerciaux. » « Notre produit est supérieur au leur » sans tenir compte des intérêts de l’assistance. Nous sommes enterrés vifs sous des tas de données superflues. Cette épreuve de masse obsessionnel compulsif nous demande de multiples libérations autant individuelles que communautaires. 

Pour nous en réception de ce babillage repoussant, c’est comme d’être murés dans une petite cellule avec un maniaque bavard mais dépourvu d’honnêteté, de bon sens, bon goût, raffinement et modestie. Nos pensées sont inondées d’averses de papotages exauçant des rayons pervers d'éthique, d’esthétique, de matérialisme et de sexualité incrustée de brutalité. La criminalité de routine et sa suppression vicieuse sont les normes. Au jour le jour, nous sommes gavés de données sur des produits et services superflus. 

Ce serait comme évaluer une bibliothèque dont les étagères ne contiennent que des grands tas de serre-livres et un petit tas de livres poche. Si tous ces instruments de monologue se turent à la fois, le ramassis de désinformation serait déjà assez inique. Mais nous, les auditeurs enthousiastes, nous entre-répétons les mêmes absurdités, puis rentrons chez nous pour absorber le contenu d'une nouvelle soirée. Ainsi recomposons-nous nos problèmes en pire.

Si un comité scolaire attrapait un de ses instituteurs refilant de tels rebuts à ses élèves, il serait congédié à l'instant. Avec bonne justification, tu fermerais la porte au nez d’un colporteur qui oserait soumettre tes enfants à ce lavage de cerveau. Mais nos médias nous trompent ainsi de façon routinière, dégorgeant de la désinformation en volume criminelle. Le rendement sans faille de vérités correspondantes nous illuminerait l’esprit.

 

Le gros mensonge engendre la routine du mal, ainsi que trop de sucre provoque la carie des dents. Selon les menteurs professionnels, la vérité est une pâte crue à être moulée selon la commodité de leurs patrons. Tous ceux assez « stupides » pour contester cette notion sont des candidats favoris pour les abus à suivre. 

Contemple la fin de tel parasitisme. Le Niagara d’inconséquences et de mensonges hurlerait à la halte. Silence assourdissant ! On aurait tout de même besoin de produits et de services ; le gouvernement persisterait à imposer son triste fardeau. En bref, la vie continuerait. On cesserait pourtant d'absorber tant de gros mensonges. M Honnêteté et Mlle Déesse se rendraient en meilleurs compagnons dans l’absence des supercheries de frère aîné (Big Brother) et de séduisantes nymphes représentantes. A qui manqueraient leurs mensonges impudiques ?

 

« La vente de produits est moins importante que nous ne présumons. On a qu’à observer les pays communistes : des millions d'images de Lénine, affichés partout, ne stimulent aucun amour pour lui. Les agences publicitaires du parti communiste (celles soi-disant agit-prop) ont depuis longtemps oublié le but fonctionnel de leur activité (rendre mieux aimé le système communiste) et sont devenues une fin en elles-mêmes. Elles ont créé leurs formules, leur langage et leur esthétique, (autrefois, les chefs de telles agences retinrent maîtrise absolue sur l’art du pays) leur idée de la bonne vie qu’ils ont cultivée, disséminée et imposée sur leurs peuples malheureux. » Milan Kundera, Immortalité, traduite en anglais par Peter Kussi, Grove Weidenfeld, New York, 1991, p. 113. Par autorisation de Grove/Atlantic. 

 

As-tu récemment examiné une voiture neuve ? Nous sommes serinés jusqu’en crever à quel point lisses, belles, élégantes et séduisantes elles sont. En réalité, ce sont des investissements minables : antisociales, écocides, élitistes, hiérarchiques, malpropres, puantes, peu fiables, non ergonomiques, inconfortables, dangereuses, inefficaces, inertes la plupart du temps, envahissantes, onéreuses, toxiques, induisant de la pauvreté, destructrices de belles villes, encourageant des infractions, et de désuétude garantie. 

Penche-toi par claire de lune sur la balustrade d’un pont de passage sur une autoroute. Constate la cataracte d'acier, de chaleur et de luminance qui découle dans deux sens en ligne droite de l’autoroute, au lieu de couler en éventail au bas d’un volcan. Toutes nos villes ont été transformées en volcan actif. Quel gaspillage de précieuse énergie! 

Un mamba noir aurait plus d’attrait qu’une de ces automobiles. On les a transformées en porte-clés d'une tonne, en idoles de culte et en totems de classe, reniant l'évidence de leur valeur.  Bien sûr, une voiture offre l’illusion de la commodité. Cela s'évaporerait si une fraction de la richesse en étant consacrée le fut à l’amélioration de transport public. 

Regarde autour de toi pendant ta prochaine balade en ville. Note-la scintille de pollution dans les gouttières, l'horizon voilé de sépia et l’intarissable puanteur des échappements. Ces bavures sur la vie réelle ne gâchent jamais les publicités d’automobile, bien qu’elles aient saturé la conscience collective à tel point que l’on l’ignore : autant ces onctuosités que les bavures en résultant. Note l’inondation de voisinages à sec depuis des décennies, alors que de plus en plus de forêts sont pavées pour satisfaire ce Mammon d’automobile. Le pullulement de « développement » et l’exportation de grandes bûches d’arbre bon marché perdurent en échange d’importations d’autos et de carburant qui croulent les balances de commerce. Note à quel point ça te brûle les yeux et combien le pollen marié au smog rend le simple rhume de foins en asthme chronique pour, combien ? Quatre gosses urbains sur dix ? Encore plus au passage du temps ?

Le réchauffement planétaire est devenu un phénomène « cosmique » : un autre cas qui transcende notre compréhension et contrôle, alors que cela ne résulte que des pets de nos voitures, bétails, usines et centrales électriques. 

 

Projette-toi en arrière dans le temps jusqu’à celui des bourgeois médiévaux. Pour bonne raison, tu pourrais ricaner de leur bêtise. Parmi d'autres sottises létales, ils jetèrent de l’excrément dans la rue pour que des bêtes et passants s’y embourbent. Les Apprentis futurs ricaneront de nous pour des raisons semblables. Adoptant la même sorte de sottise, nous souillons nos sols, eaux et cieux ; abusons effrontément des pauvres ; et prêtons attention aux vétilles médiévales au lieu de nous pencher sur des sujets importants. Quels rustauds !

Pour la majorité (à vrai dire, pour presque tout le monde, nous compris), la vérité est une question de répétition. Ce que l’on entend le plus souvent doit être la vérité, peu importe ses ambiguïtés. Nous pourrions être persuadés que la nuit, disons, c’est le jour, qu’une quelconque puissance étrangère veut de notre peau en secret ou que des automobiles privées sont « belles » … pourvu qu’assez d’individus et de machines le répètent. Leurrés à subventionner l'industrie de guerre éclair, nous refusons d’admettre ses scandales. Plutôt employons-nous une armée de rédacteurs publicitaires pour diffuser le sophisme évident que des automobiles soient séduisantes. Des segments grossiers de plastique et de métal verni, coupés, enveloppés et soudés à la tonne, pétant et bavant des poisons : sexy ? Selon quel déviant sexuel ? 

Subvertissons ensuite le transport en commun et faisons disparaître les technologies davantage prometteuses. Obtenons enfin que tout le monde se répète (à grands soupirs !) : « Une telle transformation coûterait trop cher. »

 

Puis il y a cette autre absurdité. « Le gouvernement est incapable de réduire la pauvreté, d’améliorer l’éducation, de redistribuer l’abondance, de parfaire la science et de fournir justice. Rendons-le donc aussi lent, débile et stupide que possible. » Ceci malgré son inévitable croissance en tout cas. 

Evidemment, le gouvernement ne peut fournir de tels services quand des réactionnaires font leur affaire en les sabotant. Nonobstant, des Apprentis talentueux pourraient appliquer aux pauvres des politiques non dépourvues d’imagination, si seulement on leur ôtait momentanément ces réactionnaires du dos : notre devoir et notre avantage évidents. 

Dis-moi, qui a achevé les projets suivants ? L’émancipation de l'esclavage, la terminaison de la grande dépression, le plan Marshall de reprise économique en Europe, (et ses équivalents en Asie) les expéditions équipées à la Lune, etc. … un gouvernement central ou un troupeau désagrégé d'individus riches et puissants ? Dis-moi maintenant, qui a déclenché l'esclavage, la grande dépression et son clone en 2008, la fente du paysage économique aux USA en quelques bons quartiers entourés d’un tiers monde national, le ravage correspondant de la classe moyenne, l’écroulement de l’exploration planétaire, etc. ? Un gouvernement central ou une tourbe désagrégée d'intérêts privés mais puissants, leurs mains dans le tiroir-caisse ? 

Bien sûr, des menteurs et des propagandistes talentueux remplissent des niches inestimables : celles de troubadour, d’acteur, de magicien, de prophète, de prêtre, de chaman et d’Apprenti. Un âge d'or de contes et récits nous attend, une fois que toute cette menterie organisée sera privée de profits. 

Ces jours-ci, on se régale de brutaux contes de remplacement, de propagande réactionnaire, de bavardages sportifs et de radotages d’opéra de lessive, tous produits en masse. Dans l’avenir, de plus en plus d'Apprentis s’appliqueront à leurs passions particulières. Prenant pause de leurs études préférées, ils se divertiront d’inventions les plus audacieuses que des menteurs doués pourront leur filer : les meilleurs récits, pièces de théâtre et autres divertissements. Mais rien de tel ne soustraira de l’honnêteté du gouvernement des Apprentis.
  

Je peux concevoir au moins dix-neuf sous-ensembles du gros mensonge couramment produits et consumés en série (ce tango exige deux partenaires.)

 

1. Le mensonge dogmatique : des fictions sont certifiées véridiques en dépit de leur fausseté évidente. Des mensonges incontestables sont émis au public trompé qui se les répète (par commission) sinon les acceptent par négligence de la vérité (par omission.) Consulter le déni du réchauffement global. Bon Dieu, ces menteries sont promues tant fréquemment ! Par qui et à quel but ? Ces questions, à elles seules, ont enfanté Apprenti.

 

2. Le mensonge simplificateur : Ton jugement est trop borné pour percevoir la validité compliquée de ma demande. Je mens afin de simplifier mon bavardage. Tu vas céder à mes demandes sans me forcer a cultiver notre compréhension mutuelle (la démocratie représentative.) 

En mode inverse, le mensonge compliquant : Mes amis et moi, nous pouvons transformer une transaction relativement élémentaire en celle tellement incompréhensible que nous serons les seuls capables de décoder sa logique en lambeaux, remplir nos poches et vider les vôtres (les lois d'imposition.)

 

3. Le mensonge paternel : La vérité lâchera la panique dans les masses ignorantes. Nous mentons afin de protéger leur innocence enfantine. Par pur altruisme, nous épaulons des vérités qu'ils ne pourront pas soutenir (grand soupir.) La question fondamentale partagée ici : ces menteurs professionnels peuvent-ils mieux se servir de la vérité que nous ? A toi d’évaluer la réponse à l’affirmative qui leur sert le mieux. 

Ce mensonge s’étend à la démocratie soi-disant. Les majorités abandonnent des candidats péniblement honnêtes (tels que Ralph Nader et Bernie Sanders) en faveur d’arnaqueurs et bonimenteurs de carnaval. Prends ton choix des présidents américains, leurs concurrents chez eux et équivalents outre-mer. Ils n’ont pas besoin de « politique correcte » comme cette expression est mal exprimée de nos jours par ceux qu’y estiment les pires applications du contraire. Mais ils doivent satisfaire les exigences d’intérêts aux dépens du bien commun.

 

4. Le mensonge altruiste : La vérité te blessera pis que mes mensonges rassurants. Des adultes bien intentionnés collent ce mensonge comme un baume sur la conscience de leurs enfants. Le mythe du Père Noël persiste avec d’autres visant les petits, en dépit de leur effet à double tranchant. « Ne fais confiance en personne ni en rien, même dans les meilleures circonstances. » Ainsi sommes-nous réduits à subsister en méfiance intégrale sous un bombardement continu de mensonges.

 

5. Le mensonge d’après abus : Des victimes (et surtout leurs descendants) exagèrent ou dissimulent leurs tourments, rendent leurs oppresseurs en démons incarnés du mal et préjugent leurs descendants. Des anciens tourmenteurs justifient leurs abus, les minimisent et tentent d’en faire oublier le public. Les spectateurs d’abus antérieurs radoucissent leur lâcheté morale en estompant leur négligence criminelle.

 

6. Le mensonge d’intérêt : Mes intérêts sont compromis par ta vérité et prennent priorité sur ton droit d’apprendre qui m’est insignifiant. 

 

7. Le mensonge d’armes (et d'entreprise commerciale) : Chaque vérité publique est un cadeau à l'ennemi. Toute donnée de qualité supérieure à la propagande manipulatrice doit être étranglée. Celles non secrètes doivent être incomplètes, déformées ou fausses. Pour confondre les choses, beaucoup de vérités insignifiantes doivent être ajoutées à la discussion. Chaque admission d'erreur rend faveur à l'ennemi et sera donc niée. 

La discipline militaire est à base de punition. Les techniciens d'armes mentent aussi souvent que possible pour les éviter, bien garder leurs secrets et rapporter l’accomplissement de tâches impossibles. Des tas de punitions sont pelletés pour supprimer ces habitudes ; ce qui entraîne des suppléments de terreur militaire auxquelles les directeurs d’armes se spécialisent. 

 

8. Le mensonge naturel : « Je fais part de ton tissu ou te suis inoffensif. Ne m'attaque pas, nourris-moi au lieu » : parasites, vampires, agents infectieux, embryons et oiseaux imitateurs au nid. Autrement, (et souvent renforcé par des exceptions factuelles) « Je suis toxique, un autre prédateur ou tout juste une brindille. Ne m’attaque pas. » Autrement encore, « Je suis plein de sève nutritive ; débarque ici et féconde-moi. » 

Un autre intéressant sophisme d'entreprise commerciale, c’est l’assertion que les pollutions artificielles sont « naturelles » et par conséquent acceptables car produites par l’homme. Il fait partie de la nature, après tout. Est-ce que la peste fut « valide » parce qu’elle fut naturelle et transmise par l’homme et ses taudis ? 

Un autre sous-titre du mensonge naturel comprend notre idée de la réalité. Des données sensorielles inondent notre conscience en volumes au-delà de notre capacité d’en traiter. En compensation, nous tirons un filet fin de ce torrent et traçons notre image de la réalité selon lui seul. Sélectionnant quelques stimuli estimés importants, nous garnissons les intervalles de façon créative, tissant une approximation stylisée de la réalité. 

La santé mentale se définit selon sa fidélité à la rude réalité matérielle que nos abstractions délimitent. Si chaque stimulus enclenchait perception équivalente, on serait entièrement informé mais aussi impuissant que celui assommé à l’acide ou le nouveau-né : inondés de stimuli crus. 

En tant qu’êtres charnels, nous nous mentons à chaque clin d’œil.

 

9. Le mensonge révolutionnaire : Si nous devons endurer au milieu d’une populace piégée en une futaie de mensonges et écrasée sous une tyrannie pérenne, pourquoi ne pas mentir comme un bandit pour nous endurcir et renforcer le contre-assaut révolutionnaire ? Encourager un mal rien que pour résister un autre plus important : voici un vortex aussi périlleux que d’extraction difficile. Ne serait-il pas préférable d’encourager la vérité pour récolter ses bénéfices, même à moindre efficacité ?

 

10. Le mensonge scientifique : Des données sont barrées parce qu’en conflit avec le dogme scientifique. On les renvoie sans enquête, à grandes haussées d’épaule, comme sans rapport, de la superstition mal réchauffée sinon, encore pire, mauvaise science. Comme si les sciences d’armes n’étaient autre chose que le plus récent songe collectif de l'humanité, du moins jusqu'au changement de station à la prochaine pause d’annonces publicitaires ? 

Assez souvent, des nouvelles découvertes sont dépréciées quand des individus doués poursuivent une percée unique dans des conditions optimales, celles qui ne peuvent nécessairement être dupliquées car la plupart de ses paramètres sont à mi-compris sinon pas du tout. Si elles ne peuvent être répétées à tout moment par l’assistant gradué de chaque doctrinaire scientifique, elles sont déclarées inexistantes.

 Crois-le ou pas, la question « pourquoi » est interdite par la science courante : une autre raison que de nombreux Apprentis lui tournent le dos (et encore un autre gaspillage de talent par la mentalité d’armes.) Aucune question ne doit être interdite aux Apprentis intéressés, pour quelle raison que ce soit. 

Je suppose que l’on doit distinguer la mentalité scientifique de sa technologie. Aux mieux, celle-là inclut de la flexibilité d’esprit, de l’honnêteté soutenue, précision clinique et méthodologie rigoureuse dont les scientifiques aiment se vanter. Au pire, l’autre nous force d’endurer ses puanteurs, poisons, terreurs, peines et soucis périodiques d'abandon et d’appréhension. Tels sont les résultats directs de la concurrence rabique, de l’esprit clos, de l'indifférence aux conséquences, de la déshonnêteté promotrice de soi, et du manque de camaraderie dont les scientifiques d'armes sont les patrons. 

Eugen Rosenstock-Huessy, dans Out of Revolution, (Au sortant de la révolution) William Morrow and Co., New York, 1938, p. 231, cite le philologue français, Gaston Paris [dont le texte en français m’échappe à présent ; ne te fie pas nécessairement à ma retraduction] qui proclama : 

 

« Je professe absolument et sans réserve cette doctrine : la science n'a d’autre but que la vérité à son propre compte, sans componctions quant aux conséquences pratiques, bonnes ou mauvaises, regrettables ou bienfaisantes. Qui se permet – soit par patriotisme, par religion, même par moralité – la moindre dissimulation, la permutation la plus minuscule des faits qu'il étudie ou les conclusions qu’il en tire, celui-ci est indigne de sa place dans le grand laboratoire dont le billet d'admission de l'honnêteté est plus fondamental que celui de la capacité. Ainsi comprise et poursuivie avec élan conforme dans chaque pays civilisé, l’étude communale forme un grand Etat qui enjambe les nations limitatives, diverses et souvent hostiles ; qu’aucune guerre ne peut souiller ; qu’aucun conquérant, menacer ; et chez qui nos âmes peuvent trouver l'abri et l’unité fournis jadis par la cité de Dieu. » 

Consulter STP le texte originel.  

Il serait difficile de trouver un serment d'allégeance plus dévoué à la science absolue. Cette exaltation pour la vérité absolue (ou tout autre absolutisme, du reste) entraîne des résultats encore plus dévastateurs que les autres mensonges énumérés ici. L'absolu constitue le terrain idéal pour une simplification de la réalité dont les ultimes manifestations sont la terreur politique et le meurtre de masse. 

Je suis convaincu qu’il n’existe presque aucune vérité incontestable, seulement des approximations plus ou moins utilitaires. Certainement pas la centième partie de celles que des hommes ont soutenues jusqu’à la mort d’autrui, encore moins celles tenues comme absolues pour sous-tendre la logique occidentale et sa culture. L’incertitude peut promouvoir soit le rejet rotulien d’une nouveauté soit sa revue pour utilité. Si je profère des spéculations et des conjectures, ce n’est que pour renforcer l’ouverture d’esprit aux nouvelles idées que censurent les bureaucrates de l’orthodoxie. 

 

11. Le mensonge hermétique : Afin de favoriser la morale militaire et la cohésion interne, nous, les partenaires en clandestinité, devons adopter de ronflants serments de silence et d'aide mutuelle, gestes d’identité, codes raffinés et rituels secrets. Des organisations hermétiques (tels que les premiers chrétiens, les francs-maçons et les directeurs d'armes) se prêtent à l’accusation de conspiration infâme, qu’elle soit valide ou non. Ces agences permettent aux élites de bataille leurs perversions préférées. Les élites d’info pénètrent ces sociétés secrètes par aptitude innée : elles persécutent les hermétiques d'en haut, les corrompent du dedans et les calomnient d’en dessous. 

 

12. Le mensonge bureaucratique : De nombreux bureaucrates justifient leur budget en s’appropriant des données significatives. La validité des gardiens semble être dictée par l’étendue du monopole de données et la difficulté de les acquérir, et permet la croissance de leur bureaucratie. Souffrant de vive contrainte de la part d’intérêts spéciaux (tant particuliers que corporatifs) ces bureaucrates adoptent un secret ordre du jour qui contredit leur mandat public. La mascarade de cette contradiction est une compétence cruciale des bureaucraties civiles d’armes, sans quoi leurs budgets se rétréciraient en faveur d’allocations directes aux armes.

Des exemples abondent. L’altération de statistiques de réussite me vient à l'esprit : des prohibitions consécutives en Amérique contre les buveurs et les drogués, aux décomptes de chômeurs, (toujours réduits en reportage officiel) aux études sur la sûreté des centrales nucléaires, aux rapports officiels projetant la victoire éventuelle en Indochine et en guerres subséquentes.

Fréquemment dans des politiques de mésinformation, leurs bureaucrates arrivent à la supposition que leur tabulation de données crée la réalité au lieu simplement de la quantifier. Soit le chiffre conçu, voici la réalité en ce qui les concerne. 

Une autre menterie ordinaire cheville au crêt actuel le degré acceptable de polluant, de crime et d'autres retombées sociales, ajuste pareillement l’inacceptable beaucoup plus haut. Des doses de fond peuvent être nocives, mais sont déclarées tolérables ou même rehaussées afin de déférer l’effort corporatif de les réduire. La nivelle officiellement acceptable peut masquer des menaces incontestables jusqu'à ce qu’elles forcent leurs victimes, les seules au courant, de sonner l'alarme à leur propre compte. Des responsables peuvent être avisés du problème d'avance, mais bloquent ces nouvelles alarmes à chaque étape. Ils sont rarement jugés pour avoir subverti la vérité et en sont souvent promus. 

Cette alarme est d’habitude miraculeusement ignorée par les médias de masse ; l’opposé exact de projets réactionnaires (Trump) flagornés de façon impardonnable.

Par exemple, juste avant la fonte nucléaire de Fukushima en 2011, le compte de fond officiel d’irradiations tolérables fut doublé de façon arbitraire. Et personne ne nous avertit que l’ultime enchaînement de ce désastre put être la civilisation terminée, du moins sur l’hémisphère boréal. Cela exemplifie l’aboutissement de la technologie d’armes en débandade : ressemblant à la décharge accidentelle d’un pistolet lors de son nettoiement, mais à l’échelle supérieure. 

D’autres méthodes en service courant déforment ces statistiques. Beaucoup sont reportées exprès plus grandes ou petites qu’en réalité ou différés jusqu’après leur date de reportage, puis révisées énormément au long d’années. Cette longue série de révisions provisoires rend plus difficile et moins précise l’interprétation scientifique de ces chiffres, donc moins profitable au public et davantage à ceux qu’y ont quelque chose à cacher.

Le Congrès U.S. à interdit la tabulation de statistiques de mortalité nationale à cause d’armes à feu et beaucoup d’autres donnés problématiques aux intérêts. Problème résolu…

Des bureaucrates rendent souvent triviales les pires conséquences de leur politique. Leur renvoi de conséquences imprévues peut prendre la forme de mauvais comptes au palier d’énumération, de trifouilles aux mains d’intermédiaires et de distorsions depuis ceux supérieurs, là où des sous-catégories défavorables peuvent être simplement éliminées. Des statistiques favorables sont souvent accumulées par des méthodes semblables mais dans l’autre sens. Autant qu'augmente l’impulsion pour un certain résultat, autant seront distordus les contrôles officiels. De l'évidence anecdotique, rassemblée au raz des pâquerettes, indique souvent des conditions locales avec beaucoup plus de précision que la compilation scientifique de statistiques officielles.

Des rangs multiples d’autorités doivent passer ces chiffres en revue : chaque palier encore plus isolé du phénomène tabulé et donc incliné à tordre les résultats officiels à la convenance de ses ordres du jour. Somme toute, des statisticiens malins manipulent ces chiffres pour en tirer n'importe quelle interprétation souhaitée par leurs patrons.

La communauté d'armes peut facilement balayer ses conséquences imprévues sous le tapis, puisque nous sommes convaincus d’avance que de tels désastres en grands nombres et de grande portée sont inévitables. 

 

13. Le mensonge par omission : Des ultra, en candidature pour des positions de responsabilité publique, ont refusé de préciser leurs prédilections quant aux controverses. Soit, leur évasion peut ne pas empester du mensonge direct, mais leur droit de ne pas s’incriminer n’équivaut pas à celui d’un suspect criminel. Après tout, les hautes fonctions d’ordre public sont mises en cause ici, non une simple punition criminelle. Pendant une interview d'emploi, le moindre soupçon de telle inaptitude devrait susciter le renvoi immédiat du candidat, tant bien que sa tendance à dissimuler ses préjudices.

Sinon se trouvera-t-on renversé partout par des majoritaires de la Cour suprême actuelle : ne plus ultra.

 Evidemment, un système complexe de contrôle et d’équilibre politique ne parviendra qu’à contrôler quelques déviants qui refusent d'agir en bonne conscience. Aucun système ne fonctionnera de manière satisfaisante si une majorité embrasse avec ardeur des conspirations d'avarice. Un principe de moralité supérieure doit hériter du jeu. Autrement doit-on s’attendre à ce que tout ce fumier soit soufflé par des conséquences inattendues. Soyez prévenus : quand celles-ci partiront en éclat, ce ne sera pas du tout marrant sur notre terrain d’abandon.

Des gens persistent à nier le fait que le mauvais comportement a des mauvaises conséquences et doit donc être contrôlé d’avance. L'idéalisme retient son ultime récompense, non dans son propre intérêt mais parce qu’il engendre des meilleurs résultats au moyen de miracles de générosité. J'ai honte d’avoir à rappeler cette évidence aux Apprentis. Une collectivité a belle et bien enrayé ses roulettes si elle doit justifier l’idéalisme malgré le désaveu de l’opinion majoritaire : l’état actuel.

 

14. Le mensonge memetique : Certains fanatiques trouvent profondément satisfaisant leur dogme choisi, quoique leur croyance reflète des circonstances et des aspirations pour la plupart uniques et ne convient nécessairement aux préférences d'autrui. Afin d’étayer leur ego fragile, leur insécurité particulière, impuissance et manque d’amour propre ; ils contraignent l’autre d’accepter leurs idées fanatiques, même si elles contredisent ses plus grands besoins. Si une suffisance de tels partage cette croyance, ils peuvent se rendre assez puissants pour blesser l’individu qui les menace de désaccord. La mieux entretenue cette croyance et les plus passionnés ses croyants, (par exemple, la confrérie internationale de nationalistes en conflit perpétuel entre eux) le plus il sera certain que cela finisse mal. 

Des pratiquants honnêtes de la satyâgraha sont les seuls en état de surmonter ce paradoxe, à laquelle deux chapitres sont consacrés dans ce texte. 

 

15. Le mensonge de la mentalité d’armes : Nous récitons les mêmes vérités, quoiqu’elles soient reconnues comme des mensonges. Des menteurs doués d'armes gagnent grand fric en raffinant, mettant à jour et répétant ces mensonges sans jamais finir. Toute dissidence efficace est amortie à tous coûts, jusqu'à ce que des mensonges évidents remplacent la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Même si cette déchéance prend mille ans et même si elle multiplie des contradictions sociales et des crises mortelles sans compter. 

 

16. Les mensonges du sport : Pourvu que moi et mes compagnons se bornent aux babillements sportifs, nous pourrons négliger des problèmes sociaux monumentaux. 

L'injustice prend le devant quand des étrangers ne discutent plus des problèmes sérieux sans courir le risque de brutalité imprévue. La rumeur sportive se rend en incantation magique : le moyen acceptable de désarmer l'animosité et dérouter la discussion, le dénominateur inférieur commun de l'irresponsabilité mutuelle. Chaque adulte qui réprime son apport à la pensée critique et à l'activisme social est un idiot dans le sens ancien grec : un enfant trop âgé. 

Les médias soutiennent cette bêtise en alimentant le prolétariat d'info de cuillérées de formule tiède, en escamotant des matières complexes et controversées, et les remplaçant avec des spectacles insignifiants. 

Je me suis assis l’autre jour dans deux abreuvoirs aléatoires, coincé entre une paire de grands écrans et leur beuglement sportif. Dans les aéroports américains, on ne peut éluder le hurlement de leur radotage gratuit. Cela m’a frappé qu’à travers le monde, des millions de tels lieux prolifèrent : presque les seuls rendez-vous publics qui nous restent, distribuant le moins possible de donnés de grande signifiance les 24 heures de 365 jours chaque année. 

Il est temps de recouvrer le raisonnement d’adultes en forçant nos médias de fouiner les vérités sociales dans toute leur complexité, avec la fidélité de bons chiens d'oiseau. 

 

17. Le mensonge à soi : De loin le plus insidieux, celui-ci peut prendre n’importe quelle forme décrite en haut mais doit être énumérée à part. 

Tu es seul à pouvoir corriger cette sorte de fausseté une fois qu'elle prend racine dans ton crane. Comme Scrooge, le protagoniste du Conte de Noël de Dickens, les victimes du mensonge à soi doivent témoigner à répétition des répercussions de leur délusion (comme ceux qui perdent un parent au COVID, la dangerosité duquel ils renièrent.) Ces aveux prennent du temps irremplaçable, exigent un courage surhumain, redoublent souvent le dol d’innocents, et incitent de l’insoutenable culpabilité chez ceux qui s’en repentent. Nombreux ceux qui doublent et redoublent leurs propres mensonges sans jamais se repentir.

A quel point nos vies s’amélioreraient-elles si nous priorisions la véracité de manière préventive ?

 

18. Le mensonge par exclusion de la vérité : Quand un grand problème se pose, les intéressés au pouvoir excluent la réplique pratique mais défavorisée et n’émettent que celles d’extrémisme inacceptable, afin de maintenir le statu quo officielle, problématique mais lucratif (le control des armes aux USA, etc.)

 

19. Le mensonge du déni simplificateur : « Quoi que ce soit ou sera, cela ne peut pas exister ni jamais réussir. Cela ne vient pas de se passer. C'est faux, peu importe sa ressemblance à la vérité. Celui-là ne peut pas être ce qu’il se proclame d’être ; cet autre n’est pas stupide et corrompu mais entièrement supérieure. Soit que cela ait l’allure d’aller de mal en pire, tout s’arrangera de façon passable en fin de compte, sans trop avoir à s’en préoccuper. » Faute d’une meilleure réponse.

 

20. Les mensonges de l'art et de la créativité : Ah ! A quel point plus malheureuse la vie se rendrait en leur l’absence ! La dérobade de la misère, mes Apprentis, contrairement à la « poursuite du bonheur » de fantaisie huppée. 

 

Le premier symptôme de la routine du mal, c’est la prolifération de gros mensonges. Selon les Apprentis, le mensonge brûle de l’énergie en démesure, dans un monde où chaque joule devrait être chiffré au compteur intelligent (ce que notre ignorance collective interdit) ; c’est dégradant, insultant et vulgaire ; cela mène aux erreurs de fait et de raisonnement. Comme d’autres formes de violence, le mensonge prend encore plus d'effort à la longue que l’adhérence à son opposé. Il est difficile d'embrasser le mal et adhérer tout de même à un semblant de la vérité sans s’égarer sans remède. Des suppléments de vérité pourraient donc nous aider à distinguer le bien du mal. 

La connaissance, c’est la richesse ; le mensonge, s’en est le vol. Qu'est-ce que la mentalité d'armes nous recommande ? Adopter l'opposé. 

 

Les stipulations de Gandhi furent catégoriques. Selon lui, la bonne action, la vérité et la non-violence sont congénères : chaque tiers reflétant les deux autres. Le mal, la brutalité et les mensonges renforcent l’illusion cartésienne de la séparation humaine de l'univers. Le mensonge, la cruauté et la faim du pouvoir ne sont que des saveurs distinctes de la brutalité. Il n'y a pas de « petits » mensonges ni de « nivelle acceptable » de brutalité. A nous d’embrasser cette sagesse ! 

Il tenait à ce que chacun se tape des demandes impossibles, de façon à apprendre de ses erreurs. Selon lui, la politique offre aux êtres moraux le défi suprême, tout comme la traversée d’une corde raide est davantage fascinante qu’une petite flânerie au boulevard. Le risque intensifié rend l’affaire plus intéressante. En outre, qui est supposé mener nos politiques :  des escrocs ? 

Lui arpentait la voie de service suprême et d’optimisme tragique : le chemin glorieux de Bouddha et de Jésus. Seulement des super héros oseraient suivre sur leur trace. Nous autres, malins de lâcheté morale, devons témoigner de leur trajectoire éblouissante, accroupis dans nos braises rougeoyantes d'enfer. 

Notre rédemption momentanée peut advenir en établissant une commune de biens d'Apprentis au monde paisible. A ma connaissance, la promesse de réincarnation dans le Christ, par la voie solitaire du Notre Père, est la seule capable d’ouvrir la trappe de secours d’ultime rédemption suffisamment pour laisser toutes les âmes passer : celles de Gandhi, de Bouddha et de nous autres incluses.



- CHOISIS TON POISON –

 

« Pour la plupart, on ne comprend pas la machinerie compliquée du gouvernement. On ne se rend pas compte que chaque citoyen soutient en silence mais formellement celui du jour, quoiqu’il l’ignore. Chaque citoyen se rend donc le garant de chaque démarche de son gouvernement. Et cet appui est fort propice, tant que de telles sont soutenables. » Gandhi, cité du livre de Raghavan Iyer, La pensée morale et politique de Mahatma Gandhi, Oxford University Press, New York, 1973, p. 321.

 

Nous avons passé en revue les dispositions qu’entreprend le gouvernement pour se soutenir ou s’estropier, avons établi son partage d’attributs et disséqué ses dadaologies, patareligions et technosophismes. Nous les avons magnifiées à l’envergure cosmique et démontées en pièces composantes. Si nous persistons tout de même sur ces anciennes voies, des vieux fléaux risquent de resurgir. 

Il nous reste cette simple question : pourrons-nous déjouer l’omnicide de la technologie d’armes, la dissuader d’occire tout ce qui reste en vie ? 

Si tu nies cette éventualité, je te prie de repenser. La technologie d’armes a évolué pour exécuter son comble de douleur, de ruine et de fatalité ; tel qu’un serpent à sonnettes, la frappe de ses crochets. Des années passées encellulé n’empêchera pas à celui-ci de se fouetter vers une cible tentante, suspendue juste au-delà de la vitre. Soit que cette attaque ne lui fournit qu’un superbe mal de tête, cette vipère frappera de toute manière par réflexe. 

Des décennies passées à se remettre de guerres totales n'empêcheront pas à une technologie d’armes d'exercer sa potentialité destructrice d’apogée, même si cet assaut ne parvient qu’à nous offrir, à nous et notre civilisation, notre fiche de licenciement. Navré, ma petite — à la suivante !

Des technologies primitives d’armes ont lâché leur potentiel destructif d’apogée. Cette brutalité de masse n’a eu jusque-là que peu d’effet sur la biosphère : la membrane vitale qui enveloppe la terre ; mais impact massif sur l'anthroposphère : celle beaucoup plus effilée et délicate contenant les êtres humains. 

En renouant sa prise d’étranglement sur l'esprit humain, la minorité autrement insignifiante de directeurs d’armes monopolise l'expression sociale et étouffe toute politique paisible. Grâce à leur mainmise sur la plupart des données, ils ont porté atteinte à la biosphère et seront bientôt en mesure d’effacer anthroposphère entière. A vos marques, prêts, partez !  Parmi les restants, une poignée consignée aux marges psalmodie de la paix alors que les restants vénèrent la gestion d’armes ou ignorent sa menace jusqu’il ne soit trop tard. 

Toutes les requises de destruction massive ont déjà été parachevées. Des éléments insignifiants mais illustratifs traînent ci et là en grands nombres : l’artillerie à tir rapide et celle de portée régionale et de précision métrique à la roquette, chars, avions et armes automatiques. Puis ceux davantage symptomatiques : armes nucléaires, chimiques et microbiennes, ainsi que des « contrôles » scalaires d'electrogravitisme, de climat et de séisme. L’humanité a déjà perfectionné tous les rituels obligatoires à l’omnicide : conscription de masse, bureaucratie d’armes, mythes d’armes pour autant fraîches que vénérables, etc. 

Cette cascade de létalité n’a pas encore été lâchée, voilà tout. Autrement, tout le nécessaire a déjà été parachevé à la limite du suicide certain. 

Encore que les Etats d’armes les plus dévastateurs ont restreint leurs activités destructrices en-dessous leur potentialité d'apogée. Ces tentatives unilatérales de désarmement sans grand enthousiasme ont été uniques dans l’histoire humaine. Autrement, des mentors d’armes de plus en plus sophistiqués ont justifié autant de brutalité et de terreur qu’ont pu subventionner leurs auditeurs enthousiastes.

A la mi du dix-neuvième siècle, l'armée allemande perfectionna le collège d’état-major général : le premier programme de maîtrise académique de l'administration d’affaires. Ayant perdu aux mains des Français à cent reprises pour chaque victoire, ce summum leur parut le meilleur moyen de changer la donne. Les autres grands Etats d’armes l’ont imité bientôt de suite. S’en suivit le bal de promo des écoles militaires : la première sic guerre mondiale que je désigne le grand paroxysme. Pendant cet exercice d’adieu, la ligne du front fut transformée en géante usine en plein air : là où la mort, la misère et la mutilation seraient fabriquées en série. Les quartiers généraux adversaires, surveillant cette ligne de démontage biologique, ont partagé davantage avec l'un l'autre qu'avec leurs troupes. Cloîtrés avec leurs armuriers d'entreprise, ils ont formé quelques-unes des premières corporations multinationales modernes. 

A vrai dire, les premières corporations multinationales ont colporté des religions d’armes : des inventions au poids de plume, bon marché, faciles à assembler et diffuser. Pourvu que les libertés d'adoration, d’assemblé, de parole et de pensée eussent pu être supprimées avec impunité, celles-là ont offert marchandise idéale pour la vente aux hautes volume et contrainte, la promotion de profit rapide et de monopole à long terme. Ainsi que nos annonces publicitaires, politiques et « médias sociaux » marchandent du narcissisme stupide aux dépens du bien être commun. Rien d’autre ne se vend mieux.

 

Des Etats d’armes se sont super-envenimés de toxines biochimiques, tant durant qu’après le plus grand paroxysme (la DGM sic.) Les forces alliées ont ensemencé une petite île avec des spores d'anthrax de létalité constante depuis presque un centenaire. Des scientifiques nazis ont raffiné des gaz létaux et s’en sont servis contre leur gibier humain au taux de millions de victimes ; ceux japonais ont abattu autant d’innocents à coups de fléau d’artifice.  Tandis que nous en parlons, le développement d’armes biologiques se poursuit sans relâche en secret criminel et absolu, avec notre consentement. Ses produits finis, létaux et contagieux au-delà d’imaginer. 

Puisque l'empiètement humain broie de plus en plus de biomes terrestres, des organismes de maladie zoonotique doivent se réadapter ou périr. Ceux confortablement adaptés aux niveaux trois et quatre de maladie dans leurs hôtes habituels, dégringoleront aux niveaux un et deux en hôtes humains moins familiers.  Voir le chapitre Outre Darwin.

Au demeurant, des échecs impardonnables de santé publique rouvrent la boîte de pandore d’anciens fléaux. Des agences de santé mieux financées les auraient tenus en échec ou radiés. Une résurgence d’infections, soit manifestes dans l’histoire soit neuves et inconnues, trahit de l’incompétence en santé publique à l’échelle globale. D’autres exemples incluent l'introduction par l’ONU du choléra en Haïti et le manque, de la part de l’OSM, d’éradiquer l’Ébola à chacune de ses manifestations (2019). Le témoignage commence de fléaux résultant du réchauffement climatique qui afflige des populations de naïveté épidémiologique en zones tempérées rendues sous tropicales.

 

Soit à quel point désespéré sa perspective, aucune nation combattante moderne n’a fait usage de ses armes les plus fatales, du moins à l’encontre d’un adversaire autant bien armé. On s’est retenu à l’unilatéral, sans accord public en place — sinon doit-on l’espérer. 

Hitler, Staline et leurs myrmidons auraient pu péter du gaz toxique à partir des moellons de leurs capitales cernées. Ils s’en sont abstenus. L'artillerie japonaise aurait pu tirer des obus d'anthrax et de botulisme égrène dans la figure des Marines américains en approche, mais elle s’en est abstenue. Les Américains étaient prêts à bombarder en tapis des pays communistes de maladie, et vice versa contre le paysage américain. Cependant, à quelques exceptions près de canons déliés, ils s’en sont tous abstenus.

 

Des Etats-nations de prisme font valoir leur dominance régionale en menaçant leurs voisins. La Corée du Nord sert comme bon exemple de ce genre de crise d'otage international. Imagine un forcené planqué dans sa demeure, le couteau à la gorge de son voisin : l’état actuel entre les Etats-désunis du monde.

Les USA crèveraient si une dizaine de centres-villes américains furent frits en éclat par un nombre correspondant de « petites » armes atomiques. Les effets collatéraux de deux cents millions d’Américains affamés, affligés du SIR et s’écorchant vifs pour survivre, ceux-là s'occuperaient du reste. En toute probabilité, une demi-dizaine suffirait.

Le SIR, à propos, c’est le syndrome immunitaire d’irradiation. Cela ressemble au SIDA mais afflige chaque survivant d’irradiations. Les fonctionnaires de la guerre nucléaire ne veulent jamais en entendre parler, jamais. 

La civilisation planétaire saisirait si une cinquantaine de bombes carbonisaient les grands centres nerveux de la planète. Des centaines de fois plus sont disponibles pour le paroxysme final, auxquels on doit ajouter d’innombrables tonnes de biotoxine et d’exquis poison chimique. Qui plus est, des armes scalaires de guerre météorologique et tectonique sont au point d’être perfectionnées.

On a pu te rassurer qu’il y eût moins de bombes en inventaire que ça, qu’elles furent récemment réduites par une série de négociations tranchantes : voici du moins ce que l’on t’a expliqué à maintes reprises afin que la promesse de génocide planétaire à l’avis d’un instant ne te coupe pas trop l’appétit. Mais ce truquage nucléaire ne prend pas en compte des bombes dites « tactiques » ni d’autres encore plus petites, tenues en réserve discrète, non moins celles en milliers d’exemplaires détachées de leur fusée obsolète mais toujours en inventaire. 

Te rappelles-tu le modèle de gravitée dans ta classe de physique ? Une toile en caoutchouc est étirée à l’horizontale comme un trampoline, sur lequel des poids enfoncent des petites fossettes représentant planètes et étoiles ? Par la suite on roule une bille dessus. Attirée vers une des fossettes, elle tourne autour du poids et le touche au fond ? Illustrant ainsi la mécanique gravitationnelle ? 

Le trampoline représente la terre en armes sur laquelle une trentaine de guerres nous rendent disgrâce. Son aire congestionnée se rétrécit avec chaque renouveau de nos systèmes de communication. Toutes nos guerres sont des poids, (surtout celle entre Israël et Palestine : l’astre central de notre système solaire d’armes) et des bombes nucléaires portatives, les billes, soit verrouillés en arsenaux gouvernementaux soit parcourant le monde de main milliardaire en main terroriste. Nous n’attendons que l’une d’elles ne déclique contre un poids, et puis boume !

Rends-toi compte, quand (pas si) s’abat le rideau atomique, les réacteurs nucléaires, les usines chimiques, les raffineries de pétrole et les labos de biotoxine éclateront tous. En effet, presque l'intégralité de l’infrastructure et la biomasse dans l'hémisphère boréal : des clairières de forêt, champs de graine, habitations, allumettes et boucles de cheveux enfantins éclateront en flammes et fumée toxique. Simultanément ? Il serait plus probable que leur incinération se prolonge en années sous un filet de bombes nucléaires disséminées au compte-gouttes depuis de moelleux blockhaus bien recelés. 

Cette dévastation aura des conséquences plutôt graves pour les survivants. Les niveaux d’irradiation retiendront en partie leur toxicité pendant des années, surtout dans les anciens centres-villes et sous leur vent : les principaux ports océaniques et riverains, des passes et plateaux en montagne, ainsi que des élévations salubres en bas-fonds marécageux : des noyaux économiques que la civilisation trouvera irremplaçables. Les nouvelles récoltes seront toxiques pendant au moins une décennie.

Nous avons été menés à fabuler une guerre nucléaire qui dure seulement deux semaines. « Deux semaines d'enfer et les survivants se remettront à construire ! » Ce chiffre provient de la règle nucléaire des Sept : la contamination radioactive se dévalue par 90% chaque fois que s'écoule une nouvelle puissance de sept heures après la boule de feu. 

Une vingtaine de minutes après, disons que ton petit coin d’enfer reçoit mille röntgens d’irradiation. Certes, une très petite dose en vent arrière d’une bombe nucléaire, facilement multipliable par des dizaines de fois. Cinq cents feront abattre tous ceux exposés en quelques heures ou jours d'agonie de pourrissement interne. 

Précipite-toi dans un abri encaissé d'acier, de plomb et de béton ; à l’épreuve de coups et contre-coups de souffle, et pourvu d'une citerne d’eau fraîche et d’un méticuleux filtrage d’air. Assure-toi que tu pourras te déterrer d’en dessous des décombres qui t’enterreront à la surface, aussi que ton abri ne jouxte pas aux aliments de la tempête de feu urbain … tu devra en être séparé par au moins une dizaine de kilomètres. Mieux vaut expirer tout de suite du souffle principal, que cuire à petit feu dans ton bunker. Tout ça ne se laisse pas creuser à l'improviste, quoiqu’on ait pu te confabuler.

Explosion + sept heures, cent röntgens : dose affligeante et bientôt létale pour trop de monde, de cancer. Ne remue pas de ton refuge.

Plus sept x sept heures = quarante-neuf heures ou deux jours : dix röntgens. Ne mange ni ne bois ni ne touche à rien exposé à l’air, ne respire pas à l'extérieur sauf pourvu d’un masque à gaz aux filtres sitôt remplaçables. Enterre ou jette dehors les habits portés en dehors et rince-toi bien avec de l'eau propre et précieuse en revenant dans ta caverne. N'utilise jamais à cet instant de l'eau de pluie ni celle à la surface. Ne prends pas la peine de la faire bouillir ou filtrer ; cette eau prise en dehors demeurera radioactive de toute façon. Une combinaison de distillation et de filtration de pointe pourrait réduire certaines sortes de contaminations radioactives dans de l’eau suspecte mais pas assez pour le rendre potable ou à se laver sans péril.

J’espère que ta patrie aura défrayé le montant de ton abri de luxe pourvu d’air filtrée et d’eau potable, car presque personne hormis des millionnaires ne disposent des moyens autrement. Sais-tu que les Suisses s’étaient fait construire des abris à l’épreuve du souffle, pourvus d’air filtré, de bonne eau et de vivres empaquetés pour tous ses citoyens ? Du moins dans le passé… Nous autres fumes trop pingres pour y veiller.

Le Pays-Bas approchait à la ruine après la seconde sic guerre mondiale. Des milliers de Hollandais périrent de famine. Cependant, leurs survivants ont construit un système massif de digues en 1953, ce que les Américains beaucoup plus riches ne se sont jamais troublés de dupliquer autour de la Nouvelle Orléans. Porcins de capitalistes ; profiteurs satisfaits de leur intendance d’une république bananière.

Plus sept x sept x sept heures = deux semaines : les irradiations sont prétendument de retour « à la normalité. »

Quoique la terre demeure radioactive sur les sites des premiers tests atomiques à la surface. Trois quarts de siècle plus tard, ce terrain déclique inlassablement deux fois le compte dit « normal au monde. » Celui-ci a triplé à son tour, (quintuplée, depuis Tchernobyl et Fukushima ? Sextuplée ?) à cause d’empoisonnement systématique depuis la deuxième sic guerre mondiale. 

Tant pis pour la « règle des sept » ! Et bonne chance préserver la civilisation ! 

Ceci présumant que ta bombe n’ait pas été malicieusement enrobée de matières radioactives dites « sales » d’irradiation moins forte, donc de plus longue demi-vie. Dans ce cas, multiplie par moitié ces durées relativement courtes, (une pelisse en or rend davantage d'irradiations d’abord mais pour peu longtemps) par deux, par des années, voire des milliers d'années selon la pelisse létale. La règle empirique ? Si la radio isotope te brule tout de suite, elle s’éteindra rapidement ; si elle te tue lentement, elle pourrait durer indéfiniment de ton point de vue.

En tout cas, les bombes les plus sales sont celles soi-disant Hydrogène (bombes H) dont seulement 10 à 15% de l’énergie est lâchée par la fusion thermonucléaire et le reste par des processus très sales et radioactifs de fission (mille fois merci, Edward Teller.) Ceci selon l’écrit de Howard Morland, "La bombe d’holocauste : une question de temps" (en anglais), à http://www.fas.org/sgp/eprint/morland.html. Voir aussi, en anglais et PDF, un article historique sur la bombe H dans le magazine The Progressive, http://www.progressive.org/images/pdf/1179.pdf

Ajuste ton compteur aux alentours de 20.000 rœntgens plutôt que 1.000, et recalcule tout ça en proportion. A cette dose, il te faudra passer 100 jours ou plus sous terre au lieu de 14, pour en revenir au cran quasi « hors danger. »

Cette formule ne prend pas en compte la seconde, troisième, quatrième, etc., vague d'attaques nucléaires. La radioactivité de chacune durera la même longueur de temps après celles d’avant et ajoutera à ses conséquences néfastes. 

Pourras-tu retenir ton souffle assez longtemps ? Faire pousser ton bétail et tes bambins sous terre ; tes champignons, carottes, patates et la graine de ton pain ? Je ne pense pas. En quittant ton abri, enlève (soit quelque part et d’une manière ou d’une autre) un demi-mètre de terre arable en état de contamination permanente et laboure comme tu pourras l’argile en dessous. 
 
 

Cinq anneaux de contrôle centralisé ont monopolisé le déploiement d’armes nucléaires pendant la guerre froide : la France, les Etats-unis, l'U.R.S.S., la Chine et le Royaume-Uni. En dépit de cette stricte limite, des accidents nucléaires et des confrontations au fil de gâchette ont compromis l’avenir beaucoup plus souvent que le bilan nul qui fait publicité actuelle.       https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_nuclear_close_calls 

Puisque la Russie en faillite se délassa de la course d'armes, du moins momentanément, n'importe quel milliardaire avec un penchant du génocide a pu se procurer une hargne nucléaire sinon ses composants. Etant donné que des sots de richesse folle peuvent se taper des millions pour collectionner des bandes dessinées ou d’autres camelotes à la con, qu’est ce que tu penses qu’accumulent ceux aux moyens vraiment sérieux ? D’autres pays se sont mis en ligne pour s’en munir. En outre, des groupes terroristes de mieux en mieux financés ne sont pas loin en arrière. 

Des batteries d'antennes d’armes scalaires se prêtent à être fabriquées encore plus facilement ; elles sont capables d’émettre des ondes destructrices à partir de n'importe quel point sur terre jusqu’à tout autre : instopables et difficiles à repérer. Au niveau bas de diffusion d’énergie, elles peuvent diffuser des champs irritants sur des surfaces étendues : rendant irascibles, stupides et Republican ceux sous leur influence. Le chef soviétique Khrouchtchev a menacé précisément cela lors des années 1960, quand ses chercheurs ont entamé ce projet. La tendance réactionnaire et hébétée, exhibée par des majorités au cœur lieu américain, peut être attribuée à un tel rayonnement continu.

De l’énergie légèrement rehaussée peut rendre malade tous ceux attrapés dans la zone ciblée et les occire tôt ou tard. Des appareils électromagnétiques peuvent y être neutralisés, soit leur état de protection soit leur concentration ou diffusion. Encore plus d’énergie peut être focalisée sur des zones de hausse et de baisse de pression atmosphérique, stimulant des catastrophes climatiques. Des applications encore plus énergiques peuvent distordre des lignes de faille séismiques et déclencher des tremblements de terre. Vraisemblablement, cette arme peut servir à la défensive, créant une bulle de destruction autour d’un point protégé qui bloquerait, si pourvues d’assez d’énergie, même des avenantes fusées nucléaires.

Le savant Tesla amorça ces études. Apparemment les abandonna-t-il à la suite de l’explosion atmosphérique à Toungouska en 1908. Je te laisse conclure. 

Le plus effarant, en ce qui concerne ces ondes longitudinales de transmission scalaire, c’est qu’elles peuvent, en fluant et refluant, multiplier l’énergie d’application initiale au lieu de la diminuer à cause d’inefficacités de transmission qui nous sont familières. Nourris ce champ d’antennes avec l’énergie d’un réacteur atomique, disons, et provoque l’énergie de multiples réacteurs sur un point ciblé sinon aux alentours. Des effets sismiques et météorologiques ont ceci en commun : ils représentent des forces équivalentes à plusieurs grandes bombes nucléaires sautant ensemble ou en série. 

L’entendement nécessaire pour déployer ces armes scalaires sera bientôt démontré lors de quelques exercices ahurissants. Te rappelles-tu la tempête de vent en France l'hiver de 1999 ? Voici une application potentielle d’arme scalaire. Bientôt de suite, des organisations et des individus terroristes, aux moyens autrement médiocres, en bénéficieront encore plus aisément qu’employant des armes atomiques et nucléaires : plus coûteuses, balourdes, périlleuses et faciles à tracer. 

La bombe atomique utilise des réactions à fission pour casser des isotopes lourds et produire des explosions de kilotonnes, équivalant à des milliers de tonnes de TNT. Des armes nucléaires, des réactions à fusion pour tasser deux atomes légers en celui plus lourd et produire une explosion de mégatonnes équivalant à des millions de tonnes de TNT, jusqu’à l’équivalent de cinquante millions de tonnes de la « Tsar Bomba » testée en Russie – sinon plus. Ses seules limitations explosives, celles du poids et du volume de ce paquet.

Qui peut imaginer un million de tonnes de dynamite sautant en une fraction de seconde ? 

Cette nouvelle entrée dans la formule de menace promet des résultats hallucinants. Les élites d’armes préféreraient aiguiser sans interruption leurs précieux préventifs de menace. Quittes de l’abjection en résultant, ils insistent que chaque conflit surpassant l’étape minimaliste d’AK-47 et de machette peut être calculé selon leur arithmétique désuète d'armes. Pourtant finissent-ils toujours par tirer un résultat imaginaire de leurs ultimes calcules et rentrer chez eux en impasse et défaite.  C’est un peu comme les calculs impénétrables d’un billet d'impôt : « Vos calculs achevés, veuillez diviser votre produit final par la racine carrée de -1 nucléaire. » 

L'usage d'apogée d’armes ne fut jamais une proposition sensée, d'autant moins aujourd’hui. Plus jamais une puissance principale ne pourra pénétrer là où elle veut, sa marche alourdie par la puissance de feu dont elle dispose. L'opinion publique du monde ne lui permettra pas sa victoire « décisive. » « Tu as créé un désert et appelles ça la paix. » La seule option du côté perdant serait son contrecoup nucléaire. 

On te dira que l’on n'a pas encore déclenché la prochaine guerre nucléaire, (des catastrophes nucléaires, oui, à quelques reprises) malgré quatre-vingt années d'attentats ratés. On s’est persuadé qu’une telle ne sera déclenchée ni aujourd'hui ni demain. 

Ce qui nous présente un problème intéressant. Lors des années entre la DGM sic et les 1980s, l’éventualité de la guerre nucléaire sur terre approcha 100% chaque jour. Elle demeure atrocement élevée à ce jour, après quarante ans, en dépit de notre déni collectif. De sérieux accidents de réacteur nucléaire eurent lieu des dizaines de fois depuis, mais non celui unique obligée pour une guerre nucléaire. Ce fut le cas, quoiqu’il y ait moins qu’un millier de noyaux de responsabilité pour ces accidents le long d’un certain temps, alors que davantage du coté militaire montant la garde beaucoup plus longtemps. L’accident combattant aurait dû être inévitable quand comparé aux statistiques correspondantes de faillite civile. Aucun système préventif ne parvint à les prévenir tous ; aucun système humain n’aurait été en mesure tout seul de le parer de façon catégorique. Quelle entendement surhumain devons-nous remercier pour ce sauvetage miraculeux de nos mains les pires pendant 31.000 jours d’annihilation fort probable ? 

 

L’homicide dans les limites de l’acceptable ne prend pas en compte des nouvelles biotechnologies. Exploitant des compétences de percée qui se prouveront banales dans quelques courtes années, des forcenés pourront cuisiner des microbes d’incroyable contagiosité rongeant la chair humaine, pour ainsi dire dans leurs éviers de cuisine. Par exemple, un laboratoire de lycée pourrait répondre aux besoins du dévastateur de villes entières.

Les dispositions de pointe de la guerre biologique peuvent enfiler des composants de multiples espèces d’organisme, un peu comme l’assemblage des wagons variés d’un train de marchandises. On peut s’emparer de la capacité infectieuse du virus de grippe, par exemple, et l’attacher à la machinerie fabricante de biotoxines de l’Ébola ou la fièvre jaune ; adapter ce système d’armes à la situation actuelle et au chiffre de fatalités souhaité — même au ciblage d’une seule race ou ethnie (des consommateurs de porc, par exemple.) Tout ce qui a gêné la lâche de tels modèles expérimentaux jusqu’à présent, c’est que ceux-ci pourraient se muter au-delà de la protection du vaccin fabriqué pour protéger la populace des lâcheurs.

Ce ne sera pas un problème pour le psychopathe génial que cette terre en armes couve en série et laisse à la dérive pour parachever ses maléfices. Il se soucie de moins en moins du sort des survivants qu’il exècre autant que ses victimes.

Ce problème sera aggravé par des bionanotechnologies qui viennent à peine d’émerger, bientôt en mesure de produire des organismes cybernétiques mortels, microscopiques et auto dupliquant, capables d'être éparpillés en liquides et en poudres aérosols. Ces technologies d’armes mettront des pertes à l’échelle continentale dans la portée de n’importe quel psychopathe ambitieux. Il reste à peine une décennie ou deux avant que ces technologies ne mûrissent à ce point. 


 Cela illustre le modèle de Buckminster Fuller, d’ephemerization : le soi-disant « progrès. » Davantage d'activités (meurtrières) peuvent être accomplies avec moins de matériel, de temps et de frais généraux.

« En 1917, … davantage de performance comprenant moins de poids et de volume de matériel, moins d’ergs d'énergie et moins de secondes de temps investies pour chaque unité d’accomplissement : d’abord manifesté dans la métallurgie, la chimie, l’électronique lors de la première sic guerre mondiale en armements en mer et au ciel. » Voie cruciale, St. Martin’s Press, New York, 1981, pp. 132-33.  

L’ultime aboutissement de cet ephemerization d’armes sera la paralysie militaire globale. Quelques heurts militaires alarmeront le monde entier, au point ou personne à part un dément ne se permettrait même une petite saccade. 

Cela ressemble à l'évolution des comportements de menace d’une meute carnassière. Les plus létales les dents et griffes de ces rapaces, les plus compliqués, cérémonieux et « polis » leurs arrangements sociaux afin de ne pas s’anéantir. Toute meute perdit le jeu évolutionnaire pour de bon par manque d’adopter de la politesse exquise ; son ADN tomba aux égouts. C’est pour cette raison que la noblesse internationale dût instituer l’étiquette courtoise et la manière exquise de parler, car toute suggestion d'insulte exposait passion ardente, acier glacé et sang fumant. 

Des militaristes lassants ont gémi haut et fort contre toute limitation de leur meurtre militaire, exhortant à la hurle pour la reprise des bons vieux temps de sang versé à plein seau. Pendant les paroxysmes coréens et vietnamiens, ils ont pleuré d’ordres leur retenant d’agresser la Chine, la Russie et les pays du pacte de Varsovie. En vain ont-ils lancé des appels pour des offensives qui leur auraient permis, selon eux, « d’éliminer les sanctuaires ennemis. » En vérité, l’ultime sanctuaire du guérillero Viet Cong fut le blockhaus de contrôle des engins stratégiques de l’Union soviétique. 

Plus tard, des Français, enthousiastes de l’Armageddon, se sont adonnés aux rites d'armes récents : pilonner un récif de corail comme site d'épreuve nucléaire afin de permettre à la confrérie internationale de scientifiques d’armes de raffiner ses ultimes calculs d’omnicide. Ils cherchaient des meilleurs moyens de tailler en facettes de diamant les points durs militaires de l'opposant, au lieu d’écraser simplement ses villes entières. Comme si de telles victimes et leurs alliées se seraient retenus là, une fois que cette bêtise serait entamée au sérieux.

Un autre mythe d’armes d’un certain intérêt, c’est l'accusation de trahison par les masses. Des militaristes effrontés ont souvent tiré leur ambition nationaliste au-delà d’une évaluation réaliste des forces et faiblesses de leur nation, obtenant donc qu’elle soit écrasée. Ce qui pourrait être le but subconscient de chaque directeur d’armes : parvenir une fois pour toutes à faire mitrailler ses concitoyens si odieusement paisibles.  Une fois que ce militant nationaliste fait écraser sa nation, il fait plongeon en oie aux plages fascistes bien ensoleillées et leurs comptes en banque discrets. Émergeant de son piqué du nez une décennie ou deux plus tard, ses premiers mots sont toujours les mêmes : « On nous a trahis ! » 

L'armée allemande, saignée à blanc et en plein écroulement vers la fin de la première sic guerre mondiale, condamna les progressistes allemands pour sa reddition. Les écuyers d’Hitler ont accusé le peuple long souffrant allemand de les avoir trahis pendant la finale, malheureuse pour eux, du plus grand paroxysme. 

Des chauvins américains ont abandonné le Vietnam après l'avoir réduit en ruine fumante, convaincus qu’ils avaient battu les communistes en détail. National-capitalistes à l’outrance : ils ont dépouillé d’honnêtes patriotes vietnamiens de leur patrimoine vivement contesté et l'ont présenté aux pires conspirateurs d'avarice qu'ils purent trouver en localité. Ceux-ci n’ont pas pu rallier le pays en un ensemble viable : une inévitabilité, étant donné leur impopularité bien méritée. Ensuite ces chauvins sont rentrés chez eux, dégoûtés par leurs concitoyens qui les ont « forcés » dans la défaite.  Comme si autre chose que le génocide, la disgrâce et l’évacuation en branle auraient été possibles dans de tels circonstances. La seule autre possibilité envisageable aurait été la guerre totale et nucléaire : d’abord, le long et large de l'Orient, et puis à travers la planète entière.

Peu importe ce que ces menteurs d’armes aient pu te dire, garde ceci bien en tête. Pendant la course en relais des pouvoirs impérialistes au Vietnam (Chine, Chine, Chine, France, Japon, Angleterre, France, Amérique et Chine à nouveau) le passage du témoin aux Américains fut un exercice de génocide cru ‒ ni plus ni moins ‒ effectué et dissimulé avec assiduité nazie. La CIA, l’association protectrice de West Point, ceux au pouvoir qui assassinèrent le Président John F. Kennedy, abrogeant ainsi son veto de cette guerre, tous s’engagent depuis à dissimuler les traînés d’entrailles de leurs victimes innocentes.

Le gouvernement chinois s’est réjouie d’organiser la lutte folle internationale au Vietnam. Les Chinois savaient que se sanglaient là les nationalistes les plus irréductibles en Orient Sud-est. Ces rebelles ont tiré la barbe aux Chinois pendant des millénaires, peu importe le montant des Vietnamiens massacrés. Quelle ironie suprême, que ces rebelles intraitables pussent heurter les orteils de militaristes US coupables d’ignorance arrogante ! 

Ces assassins de masse ont autorisé My Lai (« mon mansonge » ainsi mal épelé en anglais) et une galaxie d'atrocités semblables mais sans reportage. Ainsi insistent-ils qu'aucun authentique patriote américain n’ait droit de discuter telles choses. Ces massacres n’ont été que la pointe de la glace au sirop de sang confectionnée sous notre nez. Jusque-là, qu’une petite bouffée de sa puanteur a pénétré nos narines, et nous renvoyons cette mauvaise odeur comme une aberration. Voici son répand renouvelé par drone ̶ en Irak, en Afghanistan et ailleurs au monde des pauvres ̶ avec son déroulement de revers prévisibles. Ne le renifles-tu pas ?

Ces enfants du diable persistent à diriger les Etats-unis et, par son intermédiaire, le monde entier. Chaque nouvelle atrocité de masse qu’ils animent est en poursuite de leur Reich de mille ans de meurtre, misère et terreur. Je crains que leur apothéose et ultime tactique défensive soient la réduction de la civilisation entière à l’état Cro-Magnon ou pire, alors qu'ils restent pépères à l'abri de ses retombés radioactifs. 

A vrai dire, la guerre froide ne fut pas combattue telle qu’on ne la prétend : entre l’Occident capitaliste et l’Orient communiste pour saisir contrôle du monde des pauvres. Les gros bonnets militaristes des deux côtés étaient motivés d’alourdir leurs budgets militaires en fonction de la frayeur de l’Autre ressentie par leurs prolétariats respectifs d’info. Mais ils étaient pareillement effarouchés à l’idée de nuquer la planète entière en même temps que leurs propres foyers insuffisamment fortifiés. Ils n’ont pas pu s’engager en guerre totale, exception faite de quelques raides commando, duels aériens et sous-marins, avec des guerres par procuration de leurs tyrannies clientes. 

Non, la vraie guerre froide fut combattue par les gérants psychopathes bicaméraux du complexe militaro-industriel mondial ; à l’encontre d’une fraternité internationale d’humanistes, de modérés, de croyants, de démocrates et de socialistes populaires (les proto-apprentis du monde) agissant en tant qu’individus isolés et donc énormément vulnérables. Presque tous furent arrêtés, torturés, fusillés ou autrement rendus au silence sitôt qu’ils parurent en public avec leurs sympathisants. Si nécessaire, leurs armées de supporters furent arrosées au napalm. Les régimes militaires d’extrême droite et de gauche se sont alternés pour effacer toute trace de progressisme de la part d’activistes pacifistes émergeant des deux ailes politiques de beaucoup de pays.  La machine militaire, gouvernemental et médiatique du premier et du deuxième monde a écrasé celle pacifiste du tiers, sans exception ni merci. Voila la vraie guerre froide !

 

 Ayant assisté à une série télévisée sur les origines de la DGM sic, je fus frappé par les similitudes géopolitiques entre les années 1930s et celles des 2010s. Que de guerres et rumeurs de guerre ! 

Partout au monde, des tyrans fascistes ont émergé, analogues à leurs fumiers prédécesseurs et contemporains, comme s’ils avaient tous chapardé la même copie du livre Tyrannie fasciste pour les nuls. Chacun se pavane devant ses supporters de plus en plus abondants, rendus téméraires par leur mécontentement de la vie actuelle. De plus en plus d’entre eux s’enragent devant la caméra. Ils refusent les semblants de la sagesse, soit qu’ils se fassent ruiner avec leurs enfants sacrifiés en guerre. Ils croient qu’ils peuvent s’inscrire pour le meurtre organisé sous la direction de leur Leader et s’en rendre moins misérables. O, mes frères et sœurs ! Quelles mauvaises surprises vous attendent ! Les modérés errent en cercles, uniformément futiles, manquant de conviction, de fiabilité et de pouvoir politique. Les armements modernes promettent des génocides encore plus extensifs. La corruption fleurit partout comme de la moisissure noire bien arrosée (voir « tyrans fascistes » en haut.) Le sang d’innocents coule à plein flot, sans que personne n’ait le cran de le stopper. Des millions de réfugiés additionnels abandonnent leur domicile chaque année. 

Que Dieu reprenne la barre !

Bienvenu à la terre en armes que gèrent des grands criminels de guerre à leur gré. Depuis quand ? Depuis le début de l’histoire écrite.

Avant que ces faits ne soient entrés dans le dossier officiel, et ces goules, interpellées pour leurs atrocités, aucune confiance ne peut leur être prêtée. Au demeurant, leurs institutions sanctifiées n’effectueront aucun bien sauf par erreur et à cause de révolte. Ce ne sera qu’après l'identification de ceux impliqués dans la conspiration d’assassinat du Président Kennedy et sa mascarade, que l’on pourra lâcher un soupir de soulagement. Une fois, peut-être, que ces survivants avoueront leur part dans ce crime sinon disparaitront officiellement impliqués, mais pas avant. 

La guerre au Vietnam, gagnable ? Celles en Irak et en Afghanistan ? Celles à suivre, de commodité corporative, d’aubaines aux actionnaires et de banqueroute nationale ? Mon cul, oui. Tandis que des interventions militaires pour seul but d’humanisme (…, Rwanda, Bosnie, Syrie, …) sont laissées tomber de manière ignominieuse. 

 

La technologie d’armes moderne se réduit en ampleur, d'un ensemble de massues fort coûteuses, en une poignée horriblement onéreuse de scalpels en acier chromé. Quelques satellites orbitaux, escadrons de drones, groupuscules terroristes, commandos gouvernementaux et bandes de guérilleros promettent de remplacer des essaims de navires, d’avions, de chars et de fusées intercontinentales. L’ensemble de ces massues sera conservé, bien sûr, pour être ressorti quand cela semblera plus commode. 

Jusqu’à récemment, sept mille chars de combat Abrams furent garés au large du désert américain. Les unités blindées américains n'ont eu besoin tout au plus que de trois mille remplacements. Les autres attendaient d’être engorgés de sable pendant leur passage en Irak… pour être sans doute remplacés au neuf à nos frais ?

La seule chose qu'ait apprise l'armée américaine au cours de ses guerres récentes, c'est comment gérer une insurrection civile. Je me sers exprès de l’expression « gérer » telle qu’entretenir un feu du camp. Comment l’apprêter, l’allumer, l’attiser et le maintenir indéfiniment à force de brutalité sélective. 

Des millions de fanatiques, ici aux USA, ne se sont jamais rendus compte de la faillite des Nazis : au moins vingt pour-cent de la populace aux USA ne l’a jamais pigée, ni ce que signifie la vraie guerre quand combattue au seuil de sa porte au lieu d’outre-mer. Pour les ultra américains, les traîtres les pires sont les modérés dans leurs rangs et ceux de l'autre côté. Voici la rébellion à laquelle ils s’apprêtent. 

A la différence de la guerre civile américaine – avant laquelle des esclavagistes aux contrôles du gouvernement ont arrangé les affaires nationales aussi avantageusement pour eux que possible au moyen d’escroqueries diverses – qu’ils ont perdue malgré tout car l’industrie appartenait toujours au Nord. Cette fois-ci, ils contrôleront les loques de la puissance industrielle des USA (surtout ses usines d’armes) qu’ils ont autrement démolie le long de ces dernières décennies. Ainsi espèrent-ils mieux prévaloir sur la ruine de l’Amérique qu'ils ont exécrée depuis que leurs précurseurs perdirent la première guerre civile. Esclavagistes sans remords…
  

Du moins en théorie, les armes modernes ont une précision « chirurgicale » qui promet de diminuer les dégâts collatéraux tant à la biosphère qu'envers des victimes combattantes non armées. En réalité ? Les centaines de milliers d’enfants assassinés par simple manque de médicaments, d’eau potable et de bonne nourriture de la part des Nations unies après la guerre de Kuwait ; des économies nationales dévastées et des écologies régionales tombées aux égouts à travers la planète : tous illustrent ce que veut dire des « dégâts collatéraux minimes. » Les tours jumelles en démolition contrôlée, pareillement. Des conséquences imprévues en aval, mes jeunes Apprentis. Il va falloir prêter davantage attention aux conséquences imprévues en aval. 

Aucun besoin de se limiter aux querelles bilatérales. Dans l’avenir, toutes les factions souffriront d’insultes stratégiques comparables. Il sera de plus en plus difficile d’épingler exactement qui aurait fait quoi à qui. Cette dévastation sans adresse de renvoi offrira des excuses irrésistibles aux élites d’armes pour démolir les droits civils de leurs natifs avec leur niveau de vie. 

Les technologies non-soutenables ne sont pas mauvaises en soi, mais parce qu'elles ne peuvent pas être soutenues. Inévitablement, le prix des nécessités de survie montera en flèche. L'élite choyée de chaque nation devra faire face à son info prolétariat contrarié, guidé par des proto-élites vengeresses et armé par des puissances étrangères calculatrices. 

Luisant dans les yeux d'orphelins réfugiés rendus psychotiques, rédigées sur des planches à dessin pour livraison ultérieure, soigneusement stockées et parées à être lancées sur nous à tout instant : ces armes de destruction massive portent nos noms polycopiés dessus. Elles n’ont qu'à être dépaquetées et distribuées à des millions de troupes dont le doigt de tir leur démange, voire à une poignée de maniaques agitant le pistolet, pour qu’elles nous pleuvent dessus sans relâche. 

Pourrions-nous déjouer cette sentence de mort ?

 

- LA PATHOHISTOIRE D'ARMES –

La pénible vérité ? Pour des milliers d’années, la sélection darwinienne a optimisé la mentalité d'armes dans la culture humaine. Qu’une ancienne société ait mûrie en prototype de technologie paisible, sinon retenue momentanément ses hantises d'armes, des hordes d'armes avoisinantes l’engloutirent. 

L’histoire humaine peut se résumer ainsi :  

1.       La perfection graduelle des trousses d’outils sociétaux et technologiques requises par la mentalité d’armes du jour.

2.       La décharge de cette technologie d’armes optimisée au cours d’un holocauste d’apogée n’étant limitée que par les moyens disponibles (un peu comme la décharge d’un pistolet pendant son nettoiement.) 

3.       Un âge sombre qui permet à l’humanité de se remettre de ce paroxysme.

4.       Retour à la première étape.  

Une fois mêlée convenablement et mise à feu, la munition binaire du christianisme d’armes et de la technologie d’armes romaine a amorcé un âge sombre de durée presque millénaire en Europe, correspondant à ceux diachroniques en Chine, Perse, Asie du Sud-est et Islam, ceux-là à peine surmontés récemment. 

Ces implosions culturelles ont engendré le mépris subconscient de la paix de notre part et surtout de celle des élites d'info. Bénéficiant de notre consentement placide, elles ont réduit la technologie paisible à la limite de l’endurance de leur prolétariat d’info : cette usure de paix enchainant le prochain paroxysme. Celui prochain, promu par nous tous selon cette procédure historique, promet un âge sombre planétaire d’encore plus longue durée et envergure, sinon permanent. 
  

Les livres furent très périssables avant que l’imprimerie et le papier résistant et bon marché ne les aient rendus banaux avec le savoir-lire populaire. Un culte millénaire, (consacrant mille ans ou plus à un texte primaire comme la bible) réclamait une prêtrise d’élite pour gérer écoles et bibliothèques. Elle exigeait bonne garde contre des hordes armées plutôt intéressées de butin que d’études. Forcément, ces hordes ont fini par abattre les gardes et réduire les embrasures. La prêtrise survivante dut leur persuader de ne pas supprimer ce texte unique mais de le préserver au lieu ; que celui-ci réduirait leur terreur, quoi qu’y arrive, et satisferait leur convoitise.

Dans Plough, Sword and Book: The Structure of Human History, (Charrue, épée et livre : La structure de l’histoire humaine), The University of Chicago Press, Chicago, 1989, Collins Harvill, Londres, 1988, page 94-99, Ernest Gellner postule qu’une classe littéraire peut prévaloir sur celle guerrière dominante en déterminant la légitimité des factions du conflit. Des grands chefs jusqu’au moindre troufion, les guerriers doivent deviner leur probabilité de succès à long terme selon le nombre de participants qui reconnaissent leur organisation et y souscrivent. La prêtrise (les lettrés) put documenter cette légitimité et souvent se rendre en arbitre moral des bandes guerrières.

 

Nos textes millénaires ont été la lecture préférée d'une longue lignée d’égorgeurs et de pirates. Cent générations de maîtres d'armes de plus en plus autoritaires ont réécrit nos textes sacrés et distordu nos doctrines saintes afin de mieux servir les exigences antinomiques de la mentalité d’armes. 

Si une société paisible n’eut créé que des pacifistes, elle se serait rendue riche et innovatrice, reconnaissante à Dieu, exubérante, sage, dévouée aux lois, et très vulnérable à l'agression militaire. Par contre, les sociétés d'armes ne sont adroites qu’aux hostilités. Elles redoutent leur(s) dieu(x) guerrier(s) et prétendent que leur religion ou idéologie soit la seule acceptable. Leur incapacité pour quoi que ce soit hormis la punition leur sert le mieux. Le splendide « seigneur des multitudes » dans la bible King James, ce n’est est en réalité que « le dieu des armées » en hébreu et en français.

Désolé, messieurs dames. Dieu existe partout et dans tout, même dans ses multiplicités et sa non-existence. Le Dieu désigné par chaque religion fournit une description autant valable qu’insuffisante. Aucun moyen de s’absenter de Dieu pour se taper une cloque ; ni n'existe-t-il de Dieu particulier « supérieur » aux autres. Quel préjugé absurde et typique des êtres humains ! Surtout si fondée sur des millénaires d’homicide et de terreur ! 

De telles sociétés guerrières perdent la capacité de s’entretenir, sans piller des voisins moins belliqueux pour des esclaves, des rations, lois, technologies et d’autres avoirs paisibles. Peut-être plus important, elles exilent les pires de leurs psychopathes natifs outremer chez leurs victimes coloniales. Celles de plus longue date doivent équilibrer leur contenu technologique autant d'armes que de paix, mais fortifier la gestion d'armes comme protection contre tout nouveau venu. 

La grande majorité des textes et découvertes avantageux au monde paisible a depuis longtemps disparu, l’aliment d’autodafés. Sans jamais finir et sans compter le prix, des maîtres paisibles isolés ont prêché leur anéantissement (et celui de leur culture) aux mains sanglantes d’élites de bataille, soit concitoyennes soit étrangères.  

Les historiens disposent d’un petit inventaire d’anciens textes censurés. Les mieux documentés des anciennes littératures (celles romaine, grecque et chinoise, par exemple) ont subi un taux de destruction surpassant 99%. Ce qui reste ne consiste qu’en noms de moins d'un sur dix anciens auteurs et moins d'un sur dix de ses titres ; des gribouillages de provenance incertaine ; des vieilles lamentations traitant d’écrivains oubliés et leurs chefs-d’œuvre éclipsés ; mention marginale d’énormes bibliothèques d’anciennes civilisations anéanties (voir le chapitre « Les bibliothèques qui brûlent ») des mémoires apocryphes de villes grandes et petites, réduites en poussière, cendres et vase sous-marine. 

A noter avec intérêt : l’histoire à l’orale de communautés primales eut pu bénéficier d’une meilleure chance de survivre la défaite aux mains de la communauté littéraire de dominance militaire. La destruction de rares collections de textes et la disparition de lettrés minoritaires urbains auraient été plus fréquentes et faciles que la réduction au silence de mythologies épiques qu’une multitude de grands-parents, de tantes et d’oncles tribaux récita à leurs gamins attentifs autour d’humbles foyers à la campagne. 

Par exemple, les Celtes et leurs druides furent systématiquement exterminés par les Romains. Tels qu’en d’autres temps et lieux durant l’histoire, des fanatiques (psychopathes) religieux ou idéologiques ont exterminé leurs rivaux d’intellect paisible. En fin de compte, la mentalité d’armes devint la norme.
  

Sur une hypothétique carte rase et blanche du monde, la géométrie des guerres préhistoriques s’enregistra comme des éruptions de petits boutons rouges (pointillisme) représentant crimes, escarmouches et incursions isolées, là où contraintes par la concurrence de tribus trop densifiées. La géométrie du massacre mondial s’est épaissie et complexifiée de suite. De l'aube de la métallurgie à la révolution industrielle, ces éruptions se sont tressées en rubans rouges de mortalité : les routes de marche d’armées, leurs sites de siège et lignes de bataille (en géométrie linéaire.) Des zones débordantes de fatalité ont oscillé par voie de terre et de mer depuis le siècle des lumières jusqu’aux guerres dites mondiales (en planes intermittentes.) La bataille moderne d'air et de terre peut dévorer à son gré la superficie de régions entières (en plane sphérique.) En attendant, l'irritation initiale s'épaissit et se boursoufle en tant que crime ubiquitaire : cette varicelle se mute en variole.

Du point de vue historique, la létalité presque certaine et instantanée, l’omnicide planétaire, peut résulter d’un désastre nucléaire, scalaire et biochimique (en sphère creuse.) Si nous permettons aux pratiques d'armes de s’envenimer encore un peu, des essaims de guêpes aux dimensions variées, robotiques ou mutantes militarisées, pourront chasser nos quelques survivants en caverne profonde et leur infliger des blessures telles à supplier la mort (comme dans Révélations) ; une nanopeste soigneusement brassée, ébouillanter la biosphère jusqu’à sa décomposition en molécules organiques ; et le soleil, être rendu nova. De telles constitueraient nos prochaines étapes de cataclysme synthétique (en sphère solide d'annihilation.)

Points, lignes, surfaces plates, superficies courbes, cubages, volume locale de destruction totale.

 

Le lieutenant-colonel américain, Dave Grossman, a étudié nos choix réflexifs et soutenus d’adrénaline : intimider, combattre, s’envoler ou se figer sur place ; nous permettant de faire face momentanée aux inquiétudes et stresses de crises mortelles, exigeant en échange quelques jours de repos afin d’examiner nos cauchemars et les verbaliser pour rétablir un semblant d’équilibre mental. 

Contrairement aux scènes filmiques de guerre stéréotypée, lors desquelles un esprit faible craque et les autres poursuivent leur chemin avec fermeté sinistre, presque chaque vétéran a le regard fixe et égaré (dit « de mille mètres ») après un mois ou deux de combat ininterrompu. Un certain pourcentage exceptionnel d'élites de bataille (le sien 2%, le mien, 4 ; quoique la moitié des miens ait pu finir déserteurs) s’avère immunisé contre les stresses du combat. Il se compose d’ores et déjà de sociopathes durs. Après un mois ou deux de combat, ses épreuves psychiques réduiront l’unité militaire ordinaire en une cohue recroquevillée autour de sa cellule médicale sursaturée, bombardée à feux d’enfer et maraudée obstinément par des commandos déments. Rappelle-toi les conscrits prisonniers souriants de la défaite de Saddam Hussein. 

Sonnant l’alarme, le professeur Gabriel conclut que de nouvelles drogues sont sur le point d’être développées (l’ont déjà été ?), séparant la conscience cognitive du combattant de son socle émotif, tout en épargnant ses cycles sensoriels de coordination, de vigilance et de sommeil. Ceux prenant cette forme de drogue se rendent en versions alertes et bien coordonnées d’un chauffeur sous l'emprise du Valium : filant ta deux cents kilomètres heure, avertis intellectuellement du danger mais affectivement dégagés. En bref, des psychopathes artificiels.

La recherche historique a révélé que de nombreux combattants des deux côtés de la deuxième guerre mondiale sic prirent des stimulants primitifs. Blitzkrieg fut en réalité Methkrieg ; Hitler fut un toxicomane, ainsi que Goering ; beaucoup de combattants allemands furent des methomanes jusqu’à l’épuisement. Par exemple, les « Rares » pilotes à bout de souffle pendant la bataille aérienne de Grande Bretagne ; les équipes de Panzer en panne devant Dunkerque et qui sait quels autres objectifs cruciaux sur des fronts variés ?

Monteront en flèche, sous l’influence de ces drogues, la létalité du combat, les crimes de guerre et les problèmes du retour de vétérans au monde civil (49.000 vétérans SDF de récentes guerres corporatives). Après le débordement prévisible de telles drogues d’armes dans le marché noir, le monde assumera la même teinte de cauchemar détrempée de criminalité à sang froid que celle dépeinte si assidûment dans la brutale programmation à la télé. A l’inverse de la vie réelle dans laquelle la brutalité et le crime se tapissent tant pénombres alors que prédomine la routine paisible, ces problèmes parviendront ta dominer notre existence, comme actuellement aux médias et en guerre. 

A moins de la criminaliser sur un plan global, la pratique d'armes menace de nous chasser, l’arme blanche à la main (sinon au saupoudrage radioactif ou aux bios de la guerre) jusque dans nos salons. 

Il y a un lien direct entre la terreur militaire et l'abus d’enfant. Autant que le peuple soit guerrier, autant plus maltraités ses enfants. Moussashi, Shi Huangue di, Alexandre, Romule et Rémuce, Gengis Khan, Shaka Zoulou, Friedrich le Grand, Staline, Hitler... les « grands sieurs » de guerre furent des enfants abusés. 

Imagine l’enfer que des enfants ordinaires ont dû subir si leurs princes furent tellement affligés. Rends-toi compte des horreurs que l’enfant en bas âge doit endurer à ce jour : la tendre progéniture d’Etats d'armes les plus létaux dans l’histoire. 

Un peuple qui subit une hausse de stress militaire projette de plus en plus d’enfants maltraités dont la gestation tragique et l’enfance pathétique les adaptent bien au prochain paroxysme de la guerre mondiale en perpétuité. Des orphelins, natifs de la famine, du fléau et des terreurs de guerres précédentes, ont encadré des agences de police secrète en tant que gardiens fanatiques d’Etats sans merci : ce que George Orwell souligne dans son livre, La ferme aux animaux, Animal Farm. Ce point revisité au Cambodge, en Afrique soudée par le SIDA et ailleurs alors qu’on ans discute sereinement. Dés le début de l’histoire, des enfants soldats nous ont désolés et terrorisés. Rien n’est plus terrifiant qu’un barrage routier tenu par des enfants défoncés, drapés d’armes.  Les armes à feu modernes ont pu les pousser au premier rang des meurtriers militaires actuels, mais le jeune David retenait tout de même sa fronde létale. 

Comme des imbéciles suicidaires, nous cultivons la prochaine récolte de terroristes impatients de nous garrotter tous. Si l’on les avait nourris depuis l’enfance innocente, on aurait pu jouir d’une meilleure vendange que leurs grappes de courroux.

Dans une brève décennie, les armes nécessaires pour stériliser des villes et des régions entières remplaceront leurs simples AKs et bombes suicidaires de pratique actuelle. Ils en seront parfaitement équipés et résolus, grâce à nos technologies sophistiquées d’armes et à notre apathie affable quant à leur sort : l’ultime aboutissement que notre endoctrinement d’armes nous réserve.
  

Les écoles militaires et les « Public Schools » anglaises (internats privés non limités aux Anglais) produisent des techniciens d'armes en masse. Mettant de côté la fantaisie Harry Potter, ces écoles sur le plan britannique imposent un environnement esclavagiste et autoritaire. D’adroites élites de bataille y obtiennent une éducation brute mais certifiée, donc accès aux portes du pouvoir. 

Des cadets de première année à West Point (les « plèbes » de l’académie de l’armée américaine) furent interviewés au sujet de leur politique. Quatre ans plus tard, ils ont vu partir la petite minorité de cadets s'admettant libéraux dans l’ancien sens progressiste de cette expression : l’affaire d’hyperdiscipline supplémentaire à celle familiale.

 

L’administration présidentielle Republican peut envoyer les militaires au feu pour aucune raison ou celle mensongère, les abuser par pratiques corrompues et mauvaise intention avant leur rentrée et les brusquer scandaleusement après ; celle Democrat, leur assurer un honorable retour en maison et mieux veiller sur leurs revendications de réintégration civile. La majorité de ces militaires demeureront farouchement Republican de toute façon. 

A noter que les défenseurs les plus ardents du capitalisme sont des militaires de carrière, pratiquants de communisme pur dans les rangs : muni d’assurance universelle de santé ; de promotions strictement au mérite et non héritées ; tant bien que des subventions domiciliaires, vestimentaires et alimentaires. Le capitalisme laissez-faire qu’ils adorent ferait faillite dans leur bocal de poisson. Des chefs militaires sont les premiers pratiquants du capitalisme coordonné quand leur Etat totalitaire ex-collectiviste se dissolue.
  

A noter aussi que les réactionnaires ont tendance à s’obséder de menaces pour la plupart fictives et souvent hallucinatoires (fraude électorale non la leur, émeutes organisées), tout en renvoyant celles réellement dangereuses (Covid, réchauffement global) que leurs opposants reconnaissent tout de suite. Alors que les progressistes affirment qu'ils affrontent leurs problèmes avec raison et science, la brutalité se prouve la solution routinière des réactionnaires. En pratique, les progressistes ignorent leurs problèmes jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour les résoudre rapidement et à moindre coût, et les réactionnaires aggravent les leurs afin de se décider de se battre.

Le jusqu'au-boutisme politique et peut-être même le simple conservatisme peuvent refléter des stresses humains endurés durant l'enfance, l’adolescence et même des vies antérieures (voir le réactionnaire en tant qu'ancien carnassier.) Le long de générations, la criminalité et le militarisme se renforce au moyen d’abus systématique d’enfants. Peut-être encore plus explicatif, l’anéantissement psychique imposé pendant la puberté, comparable aux désavantages sociaux de la petite taille comme comparés à l’avantage des grands. 

Des impérialistes charismatiques ont d’habitude été des individus aux attributs excellents mais accablés d’une enfance pénible. 
  

Les mieux soignés la plupart des enfants, la plus paisible, anti-violente et coopérative leur société adulte (au point peut-être de finir comme commune de médiocrité anti-compétitive) et le plus vite leur psyché s’émiette en confrontant la guerre dite « civilisée. » La faiblesse principale des sociétés prétendues primitives, c’est la tendresse coutumière avec laquelle elles élèvent la grande majorité de leurs enfants. Une jeunesse tendre à ce point n’a aucune chance en confrontant des bandes d’étrangers impitoyables, systématiquement malmenés comme enfants et choisissant comme chefs les plus abusifs d’entre eux (voir les héros espagnols de la conquête de l’Amérique latine.) 

Ce n’est qu’après que plusieurs générations tribales seront abusées et massacrées de cette manière, et seulement alors, que leurs membres maltraitent leurs enfants, d’un besoin sub conscient et désespéré de sécurité collective. Jamais vu auparavant, l'abus d’épouses et d’enfants, la criminalité organisée et l'abus de drogues et d’alcool : tous émergent ainsi qu’un flot régulier de guerriers de sang-froid superbe. 

Le cœur tribal du monde paisible a été arraché. Faites repousser ! 

Le laxisme des frais de la bonne garderie répond à l’exigence en gros de tueurs militaires. Des enfants assez fortunés pour être bien élevés sont « rééduqués » par des jeunes vauriens et des petits tyrans adultes pendant leur assaisonnement en autocuiseur social à l’école et au camp d’entraînement. Enseignés à imiter les pires modèles de rôle, ces gosses mûrisse en arrogance, ignorance et agression sociale. Les plus sagaces nourrissent cet abus jusqu'à l'âge adulte, à partir duquel ils acquièrent des fortunes prodigues par tous les moyens. D’autres encore s’accommode ta la petite délinquance, à l’incarcération, au service militaire ou à d’autres voies de médiocrité anonyme.
  

La densité des populations préhistoriques aurait parfois épaissi au-delà du soutenable, surtout sur les steppes d’Asie centrale, crèche des pires tribus combattantes au monde. Des contrôles de population, (notamment l’infanticide et les soins prolongés de nourrisse) ainsi que des nouvelles terres sans limite (trappes d'évasion pour le sage opprimé) ont maintenu la plupart de ces populations préhistoriques sous la densité promotrice de génocide. Autrement, des tribus familiales et à demi-statiques ont dû confronter des adversaires équivalents. Dans ces conditions aberrantes, des rituels de champ de bataille furent élaborés pour limiter la brutalité martiale. Ces lices primordiales offrirent aux mâles alésés (soit celtiques, africains ou natifs américains : la même logique s’applique) un plateau symbolique sur lequel dramatiser leur héroïsme et leurs talents soldatesques. 

Par exemple, compter coup, parvenir à toucher en premier l’ennemi, cela rendait davantage d’honneur que son massacre ; et nuire aux non-combattants menait au déshonneur. Le suicide rituel des non-combattants devint le sujet de mythes épiques (soit parmi des tribus amérindiennes, soit des conquérants romains : Massada ; mais non parmi nous aujourd’hui.) Aussi le meurtre ou la meurtrissure liminaire rendait assez souvent fin au combat rituel. 

Puisque la télévision n’existait pas encore pour les vautrer en brutalité shadique, ils ont torturé des prisonniers en tant que sport d’intérieur. D’ordinaire, ils ont passé des prisonniers de guerre à travers des initiations tortueuses dont les survivants les plus stoïques furent adoptés dans la tribu pour la remettre de ses pertes. Encore que le génocide fût rarement contemplé sauf en cas d’extrémités de surpeuplement et d’épuisement de ressources. Bien avant ça, une conspiration de sage-femmes, de shamans et de druides mit fin aux tels conflits. D'après leur rendement de compte : « Qui le continue maintenant en sera la victime subséquente. » A l’heure actuelle, plus personne n’est autorisé à remplir cette tâche essentielle. 

Nous les contemporains considèrent le génocide comme triste nécessité. Afin de mettre le plus grand nombre de bataillons en marche, nos sociétés chevillent la reproduction au-delà de la ligne rouge du surpeuplement et le rendement industriel au-delà du bon sens écologique. Un compte élevé de cadavres d’étrangers semble rendre un avantage mythique (hommes, femmes et enfants, abattus sans discriminer.) L’effondrement économique d’un certain pays réduit simplement le taux de pollution globale, du moins momentanément. 

Compter coup, c’est devenu non pertinent. L'héroïque individualisme martial est interdit tant dans l’entraînement militaire, quoique projeté au-devant dans nos divertissements de masse (Rambo.)

L'omerta, le code du silence, tient place égale dans le discours public et privé de nos jours. Des gardiens d’école et des parents insouciants enseignent ta leurs rejetons la même leçon fondamentale : « Apprends à vivre sans protection d’en haut.  Ton bourreau n'est pas nécessairement ton plus grand problème ; plutôt ceux au prochain palier du pouvoir qui te puniront aussi sûrement que lui, puisque ce sont des paresseux qui rangent leur aise par-dessus la justice. » Cette triste habitude, elle aussi, démontre les politiques de désinformation de la mentalité d'armes. 

Personne n'est responsable. La récompense des malfaiteurs dépasse leurs punitions et chacun finit par empirer les dégâts et les ignorer ensuite. Nous payons la facture de cette indifférence publique avec un déluge de massacres « non confirmés » de désastres non-admis et de conséquences imprévues pour lesquels personne parmi les profiteurs n’est pris pour responsable. A quel point cette coutume de stupidité fainéante leur convient ! Imagine le résultat opposé de la part de ceux mieux acérés à la poursuite de justice diligente. 
  

Une fois que la routine du mal déshonore la loi en confirmant la corruption et l’incompétence des sources orthodoxes de contrôle, le respect et l’honneur particuliers la succèdent, nous décalant encore plus de la justice et de l'harmonie sociale. Des êtres civilisés ne trouvent aucune grâce sociale dans les champions de cette sorte de respect et d’honneur ; au contraire, nous les rejetons. Après tout, leur standing s’alimente de terreur crue : la suite d’actes de vengeance sanguinaire. Les réactionnaires admirent ces gens.
  

Certains enfants maltraités, devenus adultes, maltraitent leurs gosses à tour de rôle, justifiant ce règne de terreur en tant que formation d'obéissance. Une telle scène s’entrevoit dans le film américain, Aube Rouge (Red Dawn.) Un père, jeté au goulag et rompu, envoi son fils, depuis ses barbelées, au maquis combattre l’oppresseur : « Voilà pourquoi je t’ai mené la vie si dure ! Il est à présent trop tard pour moi. Mais toi, va me venger ! » Très dramatique et ordinaire à l’homme. Ces héros auraient autant bien été des Africains noirs, des Orientaux ou des Musulmans de l’Asie méridionale ou du Moyen Orient ; et les méchants, des mercenaires occidentaux et corporatifs. S’aurait été plus usuel.

La seule excuse ? « Infligeons-leur du mal par là-bas, afin que cela ne nous soit pas infligée en maison. » Quoique, bien sûr, cela ce manifeste tout le temps chez nous, aux mains de criminels riverains ou de combattants étrangers.

La dynamique d’armes demeure immuable. Les armées dominantes à ce jour ont évolué parce que leurs guerriers furent défaits et ont surmonté leur défaite. Les nations défaites évoluent en armées « victorieuses ». La victoire et la défaite stratégiques ne sont pas plus significatives que les faces revers de cette grosse pièce de monnaie que je viens de chiquenauder sur mon bureau.

D’abord jamais vu de la vie, puis scandaleux, puis découragé, puis simplement plus à la mode ; le banditisme public, le lynchage, le duel, et la guerre de clan se rende t’en institutions « honorées. » Multipliés et rendus triviaux de ce fait, ces accrocs assument le rôle de carte de points sportifs. La somme de blessures soutenues et d’individus malmenés établit la valeur de l'homme en question. Le mal bien organisé se transforme en ruée vers l’or. Depuis des millénaires, nous ne sommes parvenus à grand-chose de mieux. Ce modèle reste conforme depuis des millénaires, en Chine antique, en Europe médiévale, en Amérique méridionale avant la guerre civile, ainsi qu’en ghettos contemporains. Secondaires sinon hors de propos : la race, le revenu et d'autres hantises. Les seules nécessitées ? L’excès de population, des enfants malmenés-en grands nombres, le sous-emploi et le vide de politique légitime. 

Chaque déviation de cette norme réduit le nombre de tueurs dont la collectivité dispose en temps de guerre. La dévastation militaire résultera de cette diminution. Les survivants traumatisés reprennent alors leurs abus habituels. Ce cycle d’abus, de leur relaxation, d’assaut, et d’abus repris ; il rend impertinentes les considérations de droiture et de faux moralisme, surtout quand elles sont posées hors de contexte. 

Ce n’est qu’au monde paisible que l'on pourrait adopter de bonnes valeurs morales. Malheureusement, les autorités en faillite morale et les proto-élites qui les défient avec férocité analogue rejettent pareillement la gestion paisible. Soit originaire ou révolutionnaire, les maîtres d'armes invoquent des mythes d'armes coutumiers. 

 

 La liberté humaine est inaliénable. Chacun nait, vit et meurt dans l’ombre frais de la liberté ; non parce qu’elle fut rédigée dans une certaine constitution, ni par la bonne humeur d’un gouvernement cette décennie, ni même parce qu'un certain prisme se proclame « Regarde-moi maman, combattant pour la liberté ! » Les êtres humains sont ce qu'ils choisissent d’être. Ils ne « gagnent » jamais la liberté mais sont nés avec. Ce en dépit de quelques fanatiques, mal orientés quant aux sources du pouvoir, qui trafiquent l’illusion de la liberté pour satisfaire des besoins secondaires : sécurité, autorité, finances, drogues, appartenance, loyauté, etc. 

L’immuable liberté ne quitte pas sa cachette avant que le combat ne prenne fin. Ni ne s’atténue-t-elle ni ne s’améliore tandis que le meurtre persiste. N'importe qui prétend procurer de la liberté, sinon la monopoliser et la défendre militairement, telle qu’une simple cache d'or, s'asservit lui-même et n'importe qui lui rend l’oreille. Les élites d’armes masquent leurs instincts sanguinaires derrière de tels mythes d'armes paradoxaux.

Dès que cette perspicacité fait surface, des directeurs d'armes l’annulent, comme s’ils piégeaient un insecte mesquin et l’écrasaient. Déployant avec monotonie morbide leur combinaison de pain et de bâtons, de corruption et de terreur, ils aigrissent le stress social. Une fois celui-ci amplifié au-delà du supportable, des prolétariens affligés quêteront des proto-élites pour germer une nouvelle membrane politique qui puisse les abriter de cette aliénation autoritaire. 

Des chefs d'armes ont tendance à contrecarrer dru. La révolte populaire est d’habitude hésitante ; son écrasement semble affiler le pouvoir d'Etat. L'histoire démontre cependant que la morale en décomposition de troupes dites « de sécurité interne » les transforme en vauriens sans vaillance. Grâce à Dieu ! Sinon serions-nous tous des squelettes entassés en camp de concentration. 

La cruauté autoritaire se dissout sous la lumière de la vérité. En cela ressemble-telle à de la glace d’eau dans le monde naturel.  Celle-ci se forme sur la surface des flots et fond sous les rayons solaires, au lieu de remplir les fonds noirs et glacés en permanence. Miraculeusement, elle agit à l’inverse de presque tous les autres composés, davantage denses en état solide qu’en celui liquide.
  

Libres de gérer à leur gré, les mauviettes orchestrent de l’agression armée internationale, des guerres civiles et de la répression politique ; leur galimatias stratégique décompose des nations entières. Dans l’état actuel des choses, des bandits internationaux rôdent sans contestation le long et large de la planète (Wagner, la corporation Xe, devenue la Brigade Commando de la compagnie transgénique Monsanto, et combien d’autres boutiques de la mort ? ) Armés jusqu’aux dents grâce à nos impôts, et exempts de poursuite efficace, ils ont maîtrisé tous les pas de danse d’une brutalité prodigue. 

Seulement le trio d’un gouvernement unique au monde, de sa cour mondiale et sa milice universelle serait en mesure de nous en défendre de manière efficace. Enfin ! Ces criminels seront officiellement déclarés parias ; les mains de tous levées contre eux et leurs patrons, soit qu’ils s’abritent sous des titres commerciaux, religieux, ethniques, privés ou gouvernementaux. Les Apprentis leur trouveront d’autres emplois au monde paisible : d’autant plus dangereux, intéressants et spectaculaires ; mais pour autant moins toxiques.
  

Dans une technologie d'armes, les prolétariens d’info sont transformés en maunades isolées, à flot de divagations économiques qui transcendent leur entendement. La moindre mésaventure les projette à travers des filets ravalés de sécurité sociale, en indigence, SDF, misère et crime. La terre en armes lamine des structures ancestrales de famille étendue et des habitudes de subsistance datant de millénaires ; elle découd des rapports entre l’individu, ses parents et compagnons, même son appartenance au sol ; elle nous fait lâcher nos croyances les plus fermement tenues et nous transforme en crédophobes trop anxieux pour tenir confiance en quoi que ce soit hormis sa norme corporative.

La famille est fissurée en minima nucléaire, puis isolée encore plus : en solitude nourricière et particulière, en sans-abri, dépendance institutionnelle et délaissement de rogue. Nous sommes bannis de presque toutes les nations et tribus auxquelles nous rendrions allégeance naturelle. Esseulés, délaissés et mis à la dérive dans un monde strictement mercantile et autrement hostile, les prolétariens d'info abandonnent leurs traditions, culture, autonomie, croyances et espoirs particuliers. 

Ces sacrifices satisfont des magnats de corporation, des agromonopolistes, des rentiers absentéistes et des chefs de grands projets qui engloutissent des propriétés privées et des petits établissements pour satisfaire la demande insatiable de leurs portefeuilles. La seule tribu restante réglementaire : celle globale des riches. 

Tout taux d'intérêt au-delà de cinq pour-cent, c’est de l’usure qui doit induire du tourment superflu chez d’aucuns, si bien cachés soient-ils. Les bureaucrates locaux et internationaux trafiquent de cette tragédie en échange d’un chèque bien réglementé. En attendant, des taudis, des prisons, des fosses communes et des friches se multiplient à travers la planète.

Tout ça serait formellement interdit au monde paisible ; leurs gérants, remplacés par d’honorables serviteurs publics.
 
 

Si des maunades isolées sont prises au piège de lois injustes, tant mieux pour le pouvoir actuel ! Chaque nouvelle injustice accorde à la direction d'armes une autre prise d’étranglement. Une fois notre désespoir et répugnance de soi approchés au comble, nous nous rendons en crochets serviables à la machine de guerre. Nous nous méfions les uns de l’autre, exception faite des directeurs d'armes et leurs manipulations de vie et de mort. Soit que nous les reconnaissions comme des désespérés rampants et, dans de rares cas, que nous nous avouerions trop névrosés pour ne plus croire en rien ; nous nous soumettons à leurs escroqueries de toute façon.  

Les Apprentis techniciens paisibles défieront ces normes et les renverseront. Profitant de plein appui public, ils promouvront l’interdépendance économique, les intérêts mutuels, la politique commune et révérence pour les intimités de la famille étendue et les doux despotismes de la vie communale. Ils envelopperont chaque individu dans un cocon complexe d'obligations et de compensations particulières ; encourageront chez tous l’expression particulière, la bonne santé et le recul de leur misère particulière.

Compare le nombre de concurrents olympiques chaque année avec celui des assistants et employés passionnés par ce spectacle. La plupart des soldats ne réintègrent pas la ligne des tirs par souhait d’assassiner l’ennemi mais par amour pour leurs frères en armes auprès desquels ils veulent affronter la mort et pire. Presque partout, chez presque tout le monde, la coopération surplombe la compétition.


 Le problème a toujours été comment coordonner les méthodes balourdes de contrôle gouvernemental avec le dénominateur inférieur commun de la compréhension des masses. L’ancienne solution était d’écraser des moucherons à coups de marteau de forgeron jamais assez massif (comme à présent la N.S.A.) « Obéissez ou nous vous ferons mal ! » Celle neuve résidera dans le bon équilibre entre un gouvernement pensif et la compréhension particulière aussi expansive que possible. Cette relation évoluera donc des fouets de l’obéissance forcée donc ingérable, à la coopération éclairée, bien moins problématique et davantage fructueuse.

En défi de cinq millénaires d’histoire culturelle, ces groupes de parenté sociale prendront des mesures conscientes pour promouvoir le monde paisible et y interdire la guerre. L’entrée politique au-dedans sera bon marché ou gratis, et la partance paisible, facile. 

Dans l’avenir d’Apprentis, la plupart des sociopathes ne souffriront plus assez de négligence et d'ostracisme pour extérioriser leur agression. Un des buts fondamentaux du monde paisible, nos communautés en laisseront beaucoup moins courir sans soins et retireront ceux les plus subtiles de tout placement d’autorité. Les prédateurs sexuels seront identifiés et soignés bien avant qu’ils ne corrompent la prochaine génération de jeunes impuissants. Des sociopathes, fous du pouvoir, seront bafoués par des drames thérapeutiques, enseignés la valeur de l’abnégation, et drogués si nécessaire en complaisance sereine. Tous ceux ainsi affligés seront identifiés aussitôt que possible (de préférence, avant la naissance) et bien soignés à longueur de vie. Ainsi ne nous menaceront-ils plus aussi souvent ni avec telle monstruosité machinale. 

Ces thérapies deviendront la passion d’Apprentis doués en psychiatrie. Une fois que le stoïcisme, la passivité télévisée et l’invisibilité sociale cesseront d’être normalisés, si seulement parce que nos communautés décérébrées sont incapables de manier quoi que ce soit de plus subtil, des chercheurs psychoshamans développeront des drogues, des thérapies et des nouveaux rituels religieux en mesure de raviver des sentiments salubres dans ceux aux émotions maladives. Ce qui reste de la brutalité se mutera en problèmes de santé publique : pandémies regrettables à adresser d’un à un et d’institution en instrument. 

Dans une seule génération, on pourra bien réduire les pires retombés de la violence humaine. Les péchés de nos pères ont pu nous revisiter jusqu’à la soixante-dix-septième génération, mais la promesse du rachat spirituel par amour nous reste à satisfaire : engagement sacré négligé à notre péril. Les Apprentis rachèteront, surveilleront et devanceront de loin la plupart des faits de brutalité individuels et collectifs. Ils atténueront les pires conséquences du crime, chaque fois, partout et n’importe comment qu’elles ne s'échappent de leur contrôle.  

 La citation suivante inclut un autre mythe d'armes et son éclaircissement.
  

« Notre vision occidentale de la société, comme un contrat social hobbesien, [nota : Thomas Hobbes, Léviathan] consciemment rédigé afin d’assurer en principe l'harmonie sociale, elle n'offre aucune explication pour l'existence des liens de parenté, d’amitié à vie, d'adhésion culturelle convenue dans une langue partagée, ainsi que des milliers d’autres astuces précieuses. En effet, elle rate entièrement et nie même la condition la plus fondamentale qui caractérise notre espèce : l'exigence d'identification sociale. » La notion de Hobbes, qu’absent la société, les êtres humains se jetteraient les uns sur les autres en mêlée générale, elle est entièrement correcte mais pour précisément la mauvaise raison. Il supposait que des êtres isolés dans l'état de la nature se détruiraient naturellement l’un l’autre à cause de leur disposition concurrentielle, censément innée. Ce que Hobbes n'a jamais compris et que beaucoup d’autres ont autant mal compris, c’est que les êtres humains ont évolué dans le désir d'appartenir et non de concurrencer. Dans le sens biologique, nous sommes d’obligatoires animaux sociaux absolument dépendants d’une structure de soutien sociale ; et ce n’est que dans l'absence d'un tel système d’appuis que nos comportements destructifs et inhumains s’exhibent. » Mary E. Clark, “Meaningful Social Bonding as a Human Need,” in Conflict : Human Needs Theory, (“Les liens sociaux significatifs comme un besoin humain,” dans Conflit : La théorie des besoins humains) John Burton, editor, Macmillan, Ltd., Londres, 1990, page 40.
  

J’avancerais cet argument d’encore un pas. Nos tendances destructrices ne s’exhibent pas tellement par manque d’appuis sociaux, mais à cause de la mentalité d’armes dominante qui prêche de la sociopathie pour, par, et à l’encontre, de nous tous.
  

Si des monstres doivent émerger quand nos conventions sociales se délabrent, le redoublement de nos liens sociaux pourrait les remplacer par davantage d’anges gardiens. 

La caricature de Hobbes, d’êtres humains comme bêtes calculatrices en guerre totale entre eux, elle ne s’exhibe qu’après la renonciation majoritaire d’accommodations culturelles et d’habitudes berceuses requises pour maintenir la santé d'esprit majoritaire. Ce pantomime obscène ne lui est parvenu à l’esprit qu’après le mouvement de clôture en Angleterre, quand les élites d'info britanniques ont arraché leurs paysans de la campagne et les ont fichus dans des enfers urbains pour remettre à la reine Victoria davantage de fusiliers, de matelots, de putains et d’ouvriers industriels bon marché. 

Nous souscrivons aux erreurs semblables, ravageons de tels dégâts à travers la planète et subissons leurs échecs sans nombre ; Puis nous demandons (très brièvement) qu’est-ce qui ne tourne pas rond ? 

Nous devons au lieu nous rassembler en une commune de biens d'Apprentis et mettre toute cette misère derrière nous.



 

- PAROXYSMES –

 

Voici pourquoi l’expression « sic » accompagne chaque évocation de la « guerre mondiale » dans Apprenti

Nous avons été inculqués qu'il n’y eut que deux guerres mondiales sic, datant du 20e siècle de l'époque commune ou chrétienne (EC.) Encore des mensonges d'armes. 

Nous voici, deux millénaires après le Sermon sur la montagne. Constate notre manque de progrès ! Avec notre acquiescement, les descendants idéologiques de ceux qui L’ont crucifié restent en charge du monde. Ainsi que les assassins par procuration de Gandhi, dans l’Inde moderne.

La guerre n’est pas une aberration momentanée que les faibles évitent et que les forts terminent au plus tôt. Au contraire, c’est l’usage constant de l’humanité. Les massacres continuels ne sont interrompus que par des intermittences de brutalité légèrement réduite pour se réarmer, remplacer ses pertes et réaligner ses alliances. Partout au monde, la guerre perpétuelle se ravive de suite. Plus précisément, nous devrions désigner les guerres mondiales I et II comme des paroxysmes « le grand » et « l’encore plus grand » de la guerre mondiale perpétuelle.

Tel que l’arrangement pour la casse du triangle d’un jeu de billard américain, on s’apprête à l’ultime paroxysme. 

Mais si l’on étalait en toute humilité le monde paisible devant l’autel de Dieu ? 

 

De nombreux conflits organisés ont supplicié le monde « connu » alors que des individus un peu moins enrégimentés se sont assassinés avec l’abandon des non documentés. Au 18e siècle, les guerres du « siècle des lumières » ont fait rage autour du monde. 

En effet, de considérables variations climatiques ont déclenché des réflexes d'agression humaine : celles pour le mieux ont explosé la densité de population ; pour le pire, l’épuisement de ressources. Par une voie ou l'autre, la guerre s’ensuit de toute manière.

Lors de leur métastase et apoptose, les empires précurseurs se sont épuisés en exécutant des pertes dévastatrices que nous, les modernes, induisons au pousse-bouton. Alors que la maladie et la privation ont fouetté les combattants ancestraux de manière interchangeable, nous autres entremêlons l'appartenance ethnique à la machette facile avec des fausses idéologies à la veste explosive, des extraditions de torture avec des frappes de drone, puis injectons de la famine et de l’épidémie sur commande. 

Dans mille ans, des archéologues horrifiés (non nécessairement homo sapiens) déterreront, des tombes de masse du 20e siècle, encore plus de squelettes clivés à la lame, fracassés par massue, criblés de balles, de privation et de maladies induites exprès et suffoquée au gaz toxique, que dans toutes les creuses antécédentes. 

Quelle civilisation « évoluée » que la nôtre !

 

Les Etats-nations en guerre poursuivent un cycle apériodique, une équation de chaos, une sorte de code morse s’alternant de guerre et de fausse paix. Eugen Rosenstock-Huessy a constaté, dans son livre Out of Revolution: Autobiography of Western Man, (A partir de la révolution : l’autobiographie de l’homme occidental), William Morrow et Co., New York, 1938, p. 128, que l’Amérique subit une révolution sociale quinze ans après chacune de ses guerres, presque comme un rouage d'horloge. La réplique des Apprentis aux mutilations récentes pourrait ou non remédier nos réactions Reaganoïdes aux débâcles antérieures.

D’ailleurs les guerres récentes ne finissent plus jamais pour remettre l’horloge. La condition de guerre perpétuelle interdit la révolution décrite en haut, n’est-ce pas ? La triomphe politique de Trump et de ses patrons psychopathes nourrit la paranoïa de masse et subvertit la Constitution par grands bonds.

 

A tour de rôle, chaque classe militaire permet à sa jeunesse dorée d’être ruinée en guerre – victorieuse, perdante ou de partie nulle – puis se rétablit. Se remettant ou non des séquelles du combat qui les ont estropiés, les survivants inculquent dans leurs rejetons la même aliénation qui leur fut apprise, puis les expédient pour être râpés à leur tour.

Assez fréquemment, une épidémie d’ultraviolence infecte des peuples entiers. Presque toutes les communautés sont venues aux mains avec celles voisines ; toutes ont mené « la guerre mondiale » comme politique étrangère faite exprès. 

Il était une fois, des empereurs chinois tirèrent leur garde du palais d'une distante colonie d’anciens légionnaires romains, battus, rendus en esclaves et obtenus comme tribut de leurs vainqueurs Parthes. L'empire de Parthe se trouva entre celle romaine et chinoise ― tous trois rivaux et associés de commerce le long de siècles.

Là où le terreau fertile, des minerais abondantes et (encore pire) la terre sacrée ont attiré l’humanité, dans le sol à tes pieds, tu trouveras des traces de sang versé en violence organisée. Les Néandertaliens artistiques et référentiels (leurs cerveaux plus volumineux en moyenne que les nôtres) furent traqués de la terre en armes. Celle-ci est grêlée de traces de civilisations annihilées depuis.

 

« Il est important de reconnaître que toutes les guerres sont des guerres saintes, non parce que des bannières théologiques y sont déferlées, mais parce que l'écoulement du sang et la déchirure de la chair consacrent la terre dans son sens le plus élémentaire et ancien que l’on puisse envisager. La tuerie et la mort au champ de bataille, y mutiler et saigner, tous nous rapportent devant la divine table de dés : là où le hasard, la compétence et le courage s’accordent pour marquer les joueurs de façon définitive. Certains seront triés pour rejouer au lendemain ; certains, blessés et cicatrisés ; et d’autres, mutilés au-delà du reconnaissable ; mais tous se seront réunis dans la présence du plus véridique : se reconnaître et être reconnu avec clarté suprême dans l’orgie festive de générosité et de haine. Par où ailleurs pourrait-on trouver l'opportunité de consacrer ses énergies les plus considérables, limitées et clôturées comme elles sont aux buts communs ? Par où les offrir franchement aux dieux à qui elles doivent manifestement appartenir ? » Dudley Young, The Origins of the Sacred: the Ecstasies of Love and War, (Les origines du sacré : Les extases de l'amour et de la guerre) St Martin’s Press, New York, 1991, p. 224.

 

Des bibliothèques, autant celles importantes que menues, ont attiré destruction massive ― de l’ancienne Chine et du Proche Orient jusqu’à Dresde, Tokyo, Beyrouth, Amritsar, Sarajevo et Bagdad. La connaissance, c’est le pouvoir. Le meurtre de masse se rend plus facile une fois que l’ennemi est aveuglé et assourdi. (Voir Les bibliothèques qui brûlent.) 

Aryeh Neier écrit depuis les moellons mitraillés de Sarajevo en Bosnie dans le journal The Nation (l’édition du 3 mai 1993, p. 585.) Il conclut qu'un nouveau modèle d'assaut est en train d’émerger, qui ne vise pas la proie particulière ni sa politique d’identité, comme l’on s’attendrait à croire, mais l'urbanité en général. Les citadins cultivent des compétences de base de survie urbaine : cosmopolitisme, tolérance de l’étranger, ouverture d’esprit et attitude générale qui permet de se mettre à la place d’autrui. La réduction des tensions devient un usage spontané parmi des étrangers qui partagent une métropole . En bref, ils font preuve d’urbanité. 

Dans une communauté effectivement salubre, il n’y aurait aucun besoin de verrouiller sa porte d’entrée. L’affranchissement de nos arrière-grands-parents, de Babylone disparue, oublié par tout le monde. L’abondance et la justice soutenues par l’humanité et le devoir, comme prédits par Mengzi (Mencius.) Adieu aux technologies dévastatrices ; peut-être un coup d’œil sur celles supérieures et leurs applications paisibles …

Des sectaires enragés d'armes – d’ordinaire, des fanatiques ruraux et des voyous citadins – réclament des doses de rattrapage de génocide. Aussitôt que la tendance courtoise met en question leurs préjugés rabougris, ils marquent comme lâcheté toute tentative civilisée de modérer leur terreur instinctive de l'Autre. 

Des villes magnifiques – reconnues pour leur commerce, piété et hospitalité – furent ravagées dans les années récentes. Une liste brève inclut Jérusalem, El Qunaytra, Nicosie, Belfast, Hue, Vientiane, Phnom Penh, Jolo, Kaboul, Beyrouth, Téhéran, Bagdad, Herat, Dubrovnik, Sarajevo, Vukovar, Kuito, Ngiva, Monrovia, Groznyï, Kigali, Oklahoma City, Mogadishu, Nairobi, Adis Abeba, la ville de Kuwait, Bagdad, les villes en Palestine, New York City et Beyrouth à nouveau, Alep, Homs, Alep et Damas. D’autres villes furent visées pour cette sorte de destruction. Je te demande pardon si j’ai omis ta ville hachée par la guerre. 

Hélas, ce préjugé fort humain ne figure rien de neuf. Le chaosisme : l'ignorance, la dévastation et les souffrances imposées avec préméditation comme des fins en soi, cet ensemble peut constituer le pénultième but des directeurs d'armes. L’omnicide nucléaire, biologique, scalaire et nanobiochimique sera leur ultime œuvre-maître ‒ à la limite de leurs technologies d’armes ‒ pourvu que nous le leur permettions.

Des Etats d'armes en mûrissage peuvent s'accabler d’industries sophistiquées d’armes singulièrement qualifiées à provoquer de l’indigence. Des années supplémentaires seront requises pour maximiser la production d'armes, bien après que tous les grand-papa et enfants soldats auront été mis en marche pour périr. Le matériel combattant, fabriqué en temps de paix, sera obsolète quand indispensable. Malgré cela, chaque gouvernement national stocke des armes coûteuses et obsolètes, et les troque aux nations étrangères par voie d’ombrageux plans d’aide internationale, afin de subventionner l’industrie domestique d’armes en temps paisible. A partir de là, ces armes seront transmises aux pays les moins capables d’en soutenir le coût d’entretien et aux plus vulnérables à la ruine qu’elles induisent. Elles finissent par lacérer les plus pauvres des pauvres.

Les massacres internationaux dont nous témoignons contre gré presque chaque soirée dans les actualités ? Pratiquement tous sont l’œuvre maître d’un membre ou plusieurs du Conseil de sécurité des Nations unies : celui-ci éhonté, sans repentis et jusque-là impuni pour sa perpétuelle trahison collective du monde paisible.

Dans l’avenir, ce sera à la cour du monde de compenser les victimes aux frais de ce conseil chaque fois que celui-ci échouera à sa tâche principale : assurer toujours davantage de sécurité au monde, non moins.

 

Des nations défaites gagnent souvent la course technologique d’armes. Elles ont tendance à se munir d’armes et de tactiques les plus cassantes. Puisque leur matériel obsolète fut détruit, leurs remplacements sont de l’avant-garde technologique. De manière trop prévisible, des généraux victorieux se préparent pour la dernière guerre remportée et perdent ainsi la prochaine. 

Chaque gouvernement d'armes adopte au moins une technologie assoupie d'armes, tentant de parer coup de main de la part de voisins agressifs. Des obligations somnolentes au lieu d’être des atouts d'urgence, ces technologies résiduelles s’atrophient puis se boursouflent. Elles se prêtent aux corruptions d’élite, répressions politiques et impositions excessives. Nous autres, les prolétariens d'info, sommes contraints d’exploiter des profits à court terme, d’usures particulières et d’extravagances environnementales, pour essayer de tarir ces frais d'armes intarissables. 

De façon réflexive, des élites d’armes rehaussent le niveau de stress social. Sans bonne raison, une fausse cause peut toujours être trouvée : privilèges de classe ; jeux de coquille économique ; préjugés raciaux, ethniques ou religieux ; controverses culturelles sans rime ni raison ; abus de drogues et de leur police ; croyance, magie et hystérie. La plus insignifiante la controverse et la plus intraitable qu’elle semble être, le mieux elle sert. 

Des concurrents politiques redoublent leurs parts de shadisme policière et de cabale déversant du sang ; n’importe quelle excuse stupide peut faire l’affaire. De très sottes contestations prismatiques sont cultivées, mises de côté un certain temps, puis ressorties à loisir. Des petits martinets peuvent toujours être recrutés et gérés avec bien moins de soin que l’exceptionnel chef paisible charismatique qui n’assistera qu’au service de la justice, la compassion et la vérité. Des sociétés entières doivent passer en revue les mauvaises conséquences de cette répression : conséquences inattendues, comme d’habitude.

Dans Evil: Inside Human Violence and Cruelty, (Le mal : A l’intérieur de la violence humaine et de sa cruauté) W.H. Freeman and Co., New York, 1997, Dr Roy F. Baumeister décrit trois attitudes adoptées vis-à-vis le partage des maux de la société.

 

·      La première, celle des victimes. Elles magnifient le mal rendu, leur innocence absolue et la bestialité de leurs tortionnaires dont les ancêtres, descendants et imitateurs émettent le rire saccadé de démons incarnés. 

·      Deuxièmement, les malfaiteurs tentent d’effacer le rappel public des maux qu’ils ont effectués. Des explications créatives – autant raisonnables qu’absurdes – rationalisent leurs méfaits. Le châtiment antérieur des leurs y figure formellement. Ils trouvent moyen d’adoucir leur honte et détourner les critiques subséquentes : leur réaction réflexive pour protéger la conscience piquée sinon manque psychotique de telle. « Rien de grave ne s'est vraiment passé. Leurs accusations sont de grosses exagérations. Tout ce qui s’est passé fut hors de notre contrôle. Quelqu’un d’autre a donné les ordres. Et puis ils ont mérité ce qu'ils ont obtenu. » Cela te semble familier ? 

·      La troisième attitude peut être la plus sérieuse : celle des spectateurs. La plupart réagit avec passivité et indifférence affectée. L’on conclue que son intervention ne peut influer le dénouement sauf en lui procurant le rôle de prochaine victime. Au contraire, l'intervention la plus superficielle, de la part de spectateurs aléatoires, fait hésiter la plupart des malfaiteurs et laisse à leurs victimes l’opportunité momentanée de se défendre et fuir. Les Nazis et les Bushidos se sont tirés d’assassinats politiques en série et de leur saisi du pouvoir parce que leur public, hostile en général (« Mais qui sont ces déments en chemise brune ? ») s’abstinrent de les stopper au lieu de leur rendre à la police (de plus en plus fasciste) et à l’oubli quand les fanatiques furent faibles.

 

Chaque témoin du mal doit saisir cette vérité fondamentale : qui se protège le mieux, obstrue sans crainte ni hésitation la victimisation de son voisin. Les Apprentis seront assidus à diffuser cette leçon, alors que des élites d'info la suppriment. « Laissez faire les autorités ! » Bien que leurs agents regardent ailleurs ou gèrent le pogrom. 

 Quant à moi et mon expérience ? Je dois admettre que j’ai renié ma responsabilité aussi fréquemment que ces tortionnaires. Je suis donc encore plus coupable qu'eux à la longue. Et ce sera mon tour prochainement, sans que personne n’intervienne.

Quand des actes indicibles sont commis avec sanction officielle, les survivants endossent leur part de culpabilité. Selon Antjie Krog dans Pays dans mon crâne : La culpabilité, le regret et les limites du pardon dans la nouvelle Afrique du Sud (en anglais, p. 123) des théologiens allemands, d’après la seconde sic guerre mondiale, ont formulé quatre catégories de culpabilité de guerre : 

 

·       celle criminelle pour les tueurs pratiquants ;

·       celle politique pour les politiciens et leurs collaborateurs qui employèrent ces tueurs ;

·       celle morale pour ceux qui détestèrent les tueurs mais ne les résistèrent pas à la mort ; et

·       celle métaphysique pour les victimes qui survécurent.

 

Peu de résistants allemands ont survécu. Les Nazis les ont traqués avec méthodisme teuton. Je pressens que beaucoup plus d’Allemands ont résisté que ceux admis en public. D’honnêtes gens (tant portant l'uniforme que non pas) furent dégoûtés par les jeux enfiévrés des Nazis, au point de se trahir. Se débarrasser d'eux, de leurs amis, famille et paperasseries, s’aurait été un jeu d'enfant. Les options des Nazis furent multiples : le peloton d'exécution d’occasion, les camps eux-mêmes, convocation au centre de villes embrasées, l’issue d’un billet simple vers un bataillon pénal aux fronts en écroulement… 

Cette poignée de résistants finit consumée en chaudières à souffle :  des grillons noctambules, exceptionnels et mal disposés, coincés dans un épais nuage de loyaux papillons de nuit : de vifs éclairs en une nuit emplie de clignotements sacrificiels — des vrais Apprentis. http://www.humanite.fr/monde/les-resistances-allemandes-hitler%E2%80%89-une-histoire-qui-est-la-notre-491839

Quel dommage que si peu de monuments ne rendent honneur à leur mémoire ni en Allemagne ni ailleurs ! Le monde paisible devrait s’ensemencer de monuments héroïques, en pierre et en bronze, commémorant toutes les interventions particulières contre la tyrannie. Il nous faut cette inspiration continue. 

Je me rappelle la statue en bronze d’un fantassin Ami ramenant dans ses bras un enfant affamé : l’apothéose de l’intervention épique des Etats-unis durant la « seconde » guerre mondiale sic. Voici un autre exemplaire : http://christianjstewart.zenfolio.com/bw/h29275cfb#h29275cfb. (Lien numérique grâce à Christian J. Stewart Photography.)

Nous devons transformer cet idéal en mantra global. Son antithèse, aussi inconcevable en pratique que le cannibalisme.



 

- LA TECH D’ARMES –

 

« La déchéance systémique d’une communauté militaro-industrielle est un phénomène d’opposition à la modernité : l’abrupt renversement de développements clés qui ont défini chaque société industrielle jusqu’à ce jour. Dans le cas soviétique, ce déclin social est animé par les attitudes anti-innovatrices de son système économique, adjointes à l’attribut autodestructeur de sa modernisation aux mains des militaires. Sa déchéance peut être formulée en quatre procédés adjointes : stagnation technologique et rabais de rendement ; étiolement de la complexité des structures sociales et stagnation du partage des travaux ; incapacité de développer des nouvelles demandes, croyances et valeurs, toutes obligatoires au progrès ; finalement, gaspillage des ressources et surcroît de dégâts écologiques. » After Empire: Multiethnic Societies and Nation-Building; the Soviet Union and the Russian, Ottoman and Habsburg Empires (Après l’empire : Les sociétés multiethniques et la création des nations ; l’union soviétique et les empires russe, ottoman et habsbourg), édité par Karen Barkey and Mark Von Hagen, Westview Press, Boulder, Colorado, 1997, p. 81.

 

Ci-dessus, Victor Zaslavsky écrit son explication d’après le fait de l’effondrement de l’Union soviétique. Ces critères s’appliquent aussi bien à celui imminent de la gérontocratie occidentale de pratique conforme. D’après lui, la chute des Soviets eut lieu à cause de leur incapacité et manque de vouloir assimiler des majorités natives en Asie centrale et convertir des technologies militaires en celles paisibles. 

Apprenti préconise que les sociétés occidentales vont bientôt crouler par incapacité et manque de vouloir embrasser des étrangers dans une coopérative globale et paisible et son refus « Après Exxon, le déluge » de développer des technologies alternatives à la brûlure du carburant de fossile en voie rapide de disparition et au risque entre temps d’ébouillanter la biosphère. Contrairement à l’effondrement soviétique, ni aide étrangère ni vitalité globale ne se présenteront pour amortir cette catastrophe —seulement magie, miracle et imagination.

Un autre mythe d’armes affirme que la méthode scientifique évolua de l'alchimie : tentative systématique, de la part de malins, de convertir des métaux vils en or. Ce rêve tenace et anal s’est prouvé une grande perte de temps et d’avoirs pour de nombreux charlatans ingénieux et leurs dupes royales bien disposées. Etant donnée la découverte d’une telle transmutation, elle serait annulée par la chute de la valeur de l'or. 

Encore plus stupide : leur recherche d’un alcahest ou dissolvant universel qu'aucun récipient ne put contenir. D’autres souhaits alchimiques :

·      des homuncules : « des petits hommes. » Pourquoi s'embêter ? 

·      palingénésie : la reconstitution de plantes depuis leur cendre. Cette fantaisie ne semble pas très distante de la capacité de restaurer la vie de la mort ; 

·      Spiritus mundi qui dissout l'or et provoque d’autres astuces magiques ; 

·      le principe actif ou la quintessence des éléments. Ce qui semble une bonne manière de raviver le « Big Bang » (le grand boum amorceur de l’univers.) Souhaitons-nous tenter de surnager le prochain grand boum ?

·      l’ultime absurdité alchimique assurerait la santé humaine au moyen d’un or liquide et potable, appelé aurum potabile : une autre ambition nulle. 

 

Une importante divergence entre l’enfer et ce monde, c’est notre opportunité de bien vivre, bien mourir et mieux réincarner. L’immortalisation de la sénilité de nos bourreaux les plus riches serait un autre triomphe pour la gestion d’armes, et qui plus est du vampirisme obscène, alors que tant de monde demeure affamé ; ainsi qu’une durée de vie de 120 ans alors que la population de continents entiers dispose du tiers de cette moyenne. Quelles transgressions les riches peuvent-ils se permettre ?

Je ne critiquerai pas les hobbys inscrits en sus, extraits du livre encyclopédique de Manly P. Hall, The Secret Teachings of All Ages (Les enseignements secrets de toutes les époques), The Philosophical Research Society, Inc., Los Angeles, 1977, pp. 154-55, s’ils ne ravissaient pas tant de temps et de talents de nos mandats fondamentaux : à savoir, rendre illégale la guerre sur terre et rétablir le monde paisible. Je ne reviens jamais de la gamme de trivialités dont les gens se distraient autrement.

Je trouve fascinante l'insistance des alchimistes que leurs formules terrestres constituent une de quatre formulaires distincts. Afin d’entrer en vigueur, selon leur croyance, ce quatuor doit se manifester simultanément sur trois plans spirituels et celui-ci terrestre. 

Une fois que les Apprentis auront résolu nos problèmes de guerre et de paix, nous pourrons nous obséder de telles bagatelles que transformer des navets en soucis, sinon faire fortune dribblant un ballon sur un terrain de jeu : poursuivre sans reproche nos passions là où elles nous mènent. Mais les cinq derniers millénaires d’hyperactivité prodigue qui n’ont mené nulle part sont une disgrâce pour chaque Apprenti. Des petits enfants égarés dans le noir, se divertissant de jeux triviaux. 

 

La « méthode scientifique » fut l’usage de routine de techniciens d’armes, bien avant que des alchimistes aient saisi l’avant-scène. Ceux-là se sont servis de raisonnements inductifs et déductifs, d’épreuve et d’erreur, de répétition et confirmation de résultats ; de l'extraction, affinage et mélange d'éléments conformes en composants homogènes, ainsi que beaucoup d’autres astuces de labo. 

Les alchimistes furent des vantards stridents quand comparés au sépulcral mutisme de ces anciens institutions d’armes.

Les premières applications scientifiques ont servi aux technologies militaires. Des armes furent forgées des matières disponibles de plus en plus exigeantes, nécessitant la plus forte énergie et les outils les moins frangibles pour leur façonnage : os, calcaire, silex, quartz, cuivre, cuivre à l’arsénique, bronze, fer (forgé d’abord, de fonte ensuite), alliages, acier, acier inoxydable, uranium, plutonium, titane, et composés de céramique et de plastique ― afin de perfectionner davantage d’armes et de meilleures. 

En fouillant dans la terre, une donnée remonte à la surface. Des armes définissent l’âge de pierre, de bronze et de fer ; elles définissent l’époque de la pyrotechnie que l’on traverse à pleine vapeur, ainsi que celle du biotech (de la vie ingéniée) que nous pénétrons à la charge. 

Dans l’absence de prudence extraordinaire, celle neuve pourrait ne durer qu'une petite génération ou deux ; après quoi nos survivants auront à tailler du silex radioactif — à supposer que quoi que ce soit survive nos conséquences imprévues, à part des mauvaises herbes, des cafards et des bactéries aux strates profondes… 

Je n’ai aucun désir de réincarner en bactérie de strate profonde – la niche écologique la plus analogue à l’enfer biblique que je puis imaginer – et d’avoir à ré-évoluer, après des agonies sempiternelles, en un nouveau semblant de la conscience humaine ― non moins comme rongeur mutant ébréchant du silex radioactif. 

Rends-toi compte à quel point notre conscience vitale pourrait évoluer dans un futur monde paisible : aussi supérieure à l’humanité habitant la terre en armes qu’elle le serait aux bactéries de strate profonde ! Quoique de telles dissemblances ne peuvent être en fin de compte qu’une question de dimensions environnementales et de détails aux marges.

On entame l'époque de la biotech car des scientifiques ont finalement pris au sérieux l’idée d’armes biologiques. Pour qu’une science puisse se rendre « dure » elle doit livrer promesse comme nouvelle technologie d’armes.

Ses techniciens ont produit les inventions les plus raffinées, solides et coûteuses : les objets de pointe des chasseurs et des guerriers. Ce fut toujours le cas. Les armes ont été œuvrées au degré d'excellence le plus rigoureux, ont retenu les éléments disponibles les plus coriaces, dangereux et ardus à manier. Elles furent mieux révérées que des idoles ; amassées avec plus d’avidité que du trésor gaspillé, lui, en folies de débours militaires. Celles les plus fortes ont été nommées et chéries en grands nombres, avec encore plus d'estime que pour beaucoup d’enfants considérés davantage largables ― quoique personne n'en admette autant. Encore aujourd’hui, un quasi milliard d’enfants manquent des moindres appuis alors que des milliards de fonds dorlotent des dizaines de milliers d’armes nucléaires.

 
 Le standing des maréchaux-ferrants, par rapport à celui des guerriers, a longtemps alimenté le débat savant. Des tyrans ont assujetti les meilleurs maréchaux-ferrants à la fabrique d’armes. Cette maréchalerie figura jadis comme une virtuosité mystérieuse, imprégnée de magie. Partout, pour le mieux ou le pire, l’ancien forgeron retint son ascendant surnaturel.

Par exemple, les lames en acier les plus fines furent chauffées au rouge et baignées en sang frais écoulé juste auparavant d’un sacrifice humain terrifié (quand bien angoissé, l’on respire à fond.) Vois-tu, l’éteinte de telles lames dans de l'hémoglobine lourdement oxygénée produit de l’acier d'épée « le plus fin » composé de nanotubes de Carbonne très forts et flexibles, tels que ceux découverts en épées de Damas fabriquées de spéciaux lingots de wootz ferrique retenant certaines traces minérales, du moins selon l’article dans Le Monde couramment archivé et ne m’étant donc plus accessible.

De tels blocages du flux des donnés pour de simples raisons de profit sont d’une imprévoyance outrageuse ! Rien de moins que la conscience bien enregistrée de l’humanité entière ne comblera l’Agora du monde paisible. Cette franche distribution de renseignements offrira infiniment plus de profits que les dictats de cupidité capitaliste et leur famine contre-productive d’infos pour profit immédiat.

Voir Google : wootz.
  

Autant est élevée la facture pour ces techniciens et leurs matériaux, autant plus dangereux sont leurs ultimes ouvrages. Des chefs de clan guerrier ont dû royalement compenser le maréchal-ferrant, mais soigneusement entretenir son habileté comme un secret d'état. Or, des « alchimistes. »

Alors, dis-moi : est-ce vrai que la science moderne ait évolué de l’alchimie et non d’inavouables technologies d’armes ? Voici un mensonge transparent, professé devant tous les écoliers sans exception, retenu et répété de façon révérencielle par nous tous ― soit notre prétention d’être amoureux de la paix. Instruit intentionnellement, remarque bien, pour dissimuler la dominance de la mentalité d’armes sur nos normes culturelles, et celle de sa technologie sur nos possessions chéries. 

L’ultime triomphe du diable, c’est convaincre tout le monde qu’il n’existe pas. 

Combien plus de mensonges pour autant vicieux qu’absurdes la mentalité d’armes nous a-t-elle fourré dans le crâne ? Combien d’avantage de camelotes nuisibles nous réclamera-t-elle, quand nous dûmes parachever les joyaux de la technologie paisible ? A quel point ignares en sommes-nous ? Va lire plus loin.

 

Dans son livre, Technics and Civilization, (Technicités et civilisation) Lewis Mumford discute l’influence des mines et des mineurs sur la technologie primitive. Il fut certainement correct : pour produire des armes, les maréchaux-ferrants ont requis du minerai ; les tyrans, des métaux précieux et des pierres rares pour les compenser. La guerre de siège ne fut qu’une élaboration des techniques minières primitives. Les premiers engins à vapeur, et ensuite les premiers engins à actionnement réciproque, pompaient de l’eau de mines inondées.

Des pauvres manants ont appris la manœuvre du fusil à culasse, bien avant qu’ils n’aient allumé une ampoule électrique, ne se soient servis d’une lampe de poche ou d’un stylo de fontaine, nonobstant que ceux-ci aient été inventés plus ou moins en même temps.

A notre époque soi-disant civilisée, des fortunes sont versées dans les arts et virtuosités de la guerre. Les USA versent des capitaux peu disponibles pour développer des chasseurs-bombardiers du dernier cri. Ces merveilles futuristes sont lancées par escadrons entiers, leurs pilotes entraînés au coût de millions supplémentaires ― pour bombarder de l'infanterie la moins chère au monde. 

Selon Stanley Kubrick, on aurait pu envoyer un engin spatial jusqu’à Jupiter en 2001. Cet homme ne fut pas un sot ; un tel exploit aurait pu être dans nos capacités en dépit de ses problèmes et dangers. On a opté au lieu d’envoyer trois cents chasseurs bombardiers et un corps d’armée en Afghanistan. Afghanistan ! Le cimetière de perdants impérialistes ! Quel génie, quelle créativité, quels dons ! Je te le demande.

Autrement, prends un simple pistolet. Voici un objet de beauté glaciale, œuvré de façon superbe rien que pour l’homicide. Fabriqué en masse, il peut être vendu pour presque rien, voire distribué gratis. On peut se faire payer pour le porter, au lieu de gagner une vie honnête. Notons aussi : les munitions à circuit guidé de cet Age de silicium et l’ensemble de satellites militaires lancé en orbite pour les guider de façon impeccable. 

Nous n’y trouvons pourtant rien d’anormal. Nos habitudes de primate meurtrier se sont rendues de plus en plus complexes. La tuerie est devenue le focus primaire de la complexité communautaire, pratiquement l’ultime à laquelle nos sociétés ont excellé à court et long terme. 

La guerre est un gâchis stupide par définition, soit sa complexité technologique entre nos mains. Elle requiert que nous suspendions nos doutes quant à ses ultimes résultats, nous réclame de la pensée magique. La paix est beaucoup plus cérébrale et complexe, soit que nous ayons rendu son semblant impraticable.

 

Le deuxième avant-coureur de la science fut la céramique : à présent une technologie militaire qui fait bonne science-fiction. Etant donné le chauvinisme des mâles actuels, il serait tentant de renvoyer la poterie, le tissage des paniers et des étoffes, et la gastronomie comme des poursuites d’insignifiance féminine. Malgré cela, les fragments et les restes du foyer sont de fiables indicateurs de l’ancien raffinement culturel. La plus inventive et adaptative la gastronomie, la plus dynamique la civilisation. Quelle œuvre d’art serait plus éphémère qu’un repas ?

En dépit de l'arrogance patriarcale de l'histoire écrite, la vraie civilisation paraît tourner autour des arts apparentés de la médecine, (surtout l’obstétrique et l’herberie) de la charpenterie, de la lessive et donc la plomberie, puis ceux de la table ; suivis des permutations psychiques, religieuses et divertissantes de la divination, des contes et récits, de l’astrologie et de la géomancie : des épiques que nous devrions chanter autour du feu du camp (lire les médias de masse.) De très vieilles compétences peu à peu détériorées dans nos croyances et idéologies d’armes corporatives. Nous avons rejeté sans analyse raisonnable cette ancienne sagesse dans l'aveuglement renouvelable de notre positivisme scientifique. « Je suis scientifique matriculé et comme tel persuadé de manière positive que vous ayez tort ; aucun besoin de preuve ! » 

La troisième ancienne source de la science fut l'élevage de bêtes : d’abord, des chiens de chasse et bêtes de nutrition, puis des mulets de chariot et chevaux de bataille, parmi d’autres. En poursuite de leur passion, des fermiers adultes et des naturalistes juvéniles se sont rendus en agronomes, botanistes et zoologues expérimentés. Leurs études paisibles en profondeur ont attiré davantage d’attention que les alambiques putrides d’alchimistes, quoique beaucoup moins de mention dans le dossier historique. 

Hélas, nous avons compté plutôt sur des registres de butin de gros tyrans pour commémorer le passé. 

Pour tout ce que nous pourrions convenir, l’épissure des gênes a pu être un artisanat préhistorique au pilon et au mortier. Un peu comme l’étude faite par Mendel des cosses de pois, mais des millénaires auparavant. A vrai dire, tout le nécessaire n’aurait été qu’une potion magique qui enlève le derme des cellules de leur noyau nucléaire et de son ADN, puis plein de patience. Les résultats auraient pu être analysés au microscope ou en croisant des organismes pour découvrir leurs nouvelles fonctions. Comment dit-on en génétique, la phylogénie ? Cela aurait pris plus longtemps et nécessité une prêtrise héréditaire, voire des clans d’experts à la longueur de générations humaines. 

Il se pourrait, d’ailleurs, que la vision d’autres hominidés, et peut-être même d’anciennes espèces d’animaux ou d’insectes, ait pu accélérer cette analyse à l’échelle microscopique. La plus menue l’espèce, le plus plausible que sa vision y pénètre. Il n’aurait s’agi ensuite que d’une forme de communication chimique à laquelle les insectes et surtout les microbes sont bien exercés. Une espèce terrestre ou amphibie aurait pu exploiter l’amplification des goûtes d’eau, sinon une plante, croître des lentilles. Ces plantes n’existent plus. Pourtant, dans un passé distant, de telles auraient pu croître des ampoules leur servant comme lentilles organiques pour magnifier l’énergie solaire, et une autre espèce, en bénéficier visuellement.

Même si ces postulats manquent de preuve, (ce qui ne les invalide pas) il est certain que des fourmis capturent d’autres insectes et les « traient » pour leurs sécrétions. Il y a fort à parier qu’ils favorisent leur « bétail » ainsi que des fermiers humains le font : en abattant les mauvais producteurs et nourrissant ceux meilleurs. D’autres insectes sociaux ont pu faire autant jadis, peut-être encore mieux. En fait, des bactéries, des virus et d’autres micro-organismes se troquent des fragments d’ADN et s’en servent pour infecter des bêtes multicellulaires (l’évolution par la maladie.)

La supériorité de l'entendement humain et de ses communications, ainsi que l’infériorité de ceux d’autres espèces dans le présent et le passé, ce ne sont que des préjudices sans preuve adéquate. L’entendement collectif des micro-organismes devance celui d’êtres humains par des milliards d’années et des générations sans compte. 

L’humanité doit faire preuve d’humilité bienséante devant l’opulence prodigieuse du monde naturel. Les Apprentis ne sous-estimeront plus le génie vital ni la pression sous diamant de la sélectivité évolutionnaire au fur du temps. Nous les étudierons plutôt en toute humilité, prévoyant des profondeurs insondables de complexité et des tours de force d’ingéniosité inattendue, soit la rénovation de nos sciences. Mimons méticuleusement la nature ! Dans cette adoration du sacré, cet amour sans bornes comme celui d’un bambin envers ses parents, pourrait percher la survie humaine. Entre-temps, notre entendement des systèmes vitaux retient la clarté de boue, seulement assez de perspicacité pour entamer leur destruction en gros au présent et la nôtre en fin de compte. 

Admettons au moins cela.
 
 

Les scientifiques ne viendront pas à notre aide – comme on s’attendrait qu’ils fassent, déçu à chaque reprise – avant qu'ils n’embrassent une idéologie plus appropriée que la certitude flatulente, le nihilisme ricaneur et le narcissisme académique. En déférence à l’orthodoxie d’armes, ils nient le sacre manifeste et s’en rendent moindres.

Pour prix fixe, des scientifiques peuvent rendre douteusement avantageux un mal accaparant, dissimuler le simple vol, ingénier la misère des masses et étouffer l’alarme valide. Etant donné des subventions suffisantes, des docteurs professeurs distingués peuvent affirmer que l’incompétence sociale, la guerre, la pollution et l’écocide soient énigmatiquement salutaires, inévitables sinon « insuffisamment étudiées : laissez-les donc continuer sans interruption. » Des querelles médiatisées entre des égoïstes scientifiques peuvent paralyser des milieux scientifiques qui auraient pu surmonter cette corruption autrement. 

Comme des prostituées exercées, des scientifiques professionnels servent des conspirations d'avidité : les passions primaires subventionnées par nos Etats d’armes. Bien que quelques talonneurs aient un cœur en or, et de nombreux scientifiques, une éthique adamantine, il serait peu prudent de confier notre destin à leurs soins sans ample surveillance populaire. 

Cette sagesse serait-elle inadéquate pour apprécier les complexités de la science et bien les régler ? Ce serait plutôt la faute des élites d'info et de leurs absurdes protocoles académiques. Dans une seule génération, ce train en déroute pourrait être pris en charge et aiguillé vers le monde paisible.

 

L'épreuve du Q.I. (quotient d’intelligence) est notre jauge simpliste de savoir-faire cérébrale. Développée pendant la première sic guerre mondiale pour classer des conscrits militaires, ses notes sont parvenues à rendre dignité au racisme, surtout dans des œuvres d'anti-génie comme La courbe de cloche

 

« C'est une vérité de La Palisse : chacune des guerres fait faire un bond aux sciences et aux techniques. Ainsi que l’ont affirmé beaucoup d’historiens et de philosophes, depuis toujours l'arme a précédé l’outil. Les premières machines sont des béliers, des balistes et des catapultes. Le plus ancien métier du monde est celui de forgeron d’armes et non pas de prostituée, comme l’on prétend. Les premiers chemins furent des routes stratégiques, les premiers canaux furent militaires. Le crédit vient des opérations à terme entreprises par les chefs des mercenaires, et la chirurgie est la fille des campagnes de la deuxième moitié du XIXème siècle. » Jean Bacon, Les saigneurs de la guerre, Editions l’Harmattan, Paris, 1995, p. 139.

 

De tels luminaires qu’Archimède, Da Vinci, Michel-Ange, Cervantès, Dürer, Descartes, Lavoisier, Goethe, Eli Whitney, Somerset Maugham, Dr. Seuss et d’autres ont fondé leur réputation en tant que soldats, officiers, espions, ingénieurs de fortification, armuriers, reporters et bureaucrates militaires : les principaux chemins de carrière en une civilisation d’armes. 

Les légions romaines servirent comme les premières usines de butin et d’esclaves à l’échelle industrielle pendant des centenaires, selon Marshall McCluan dans Comment comprendre les médias. Fabricants de villes et de routes aussi.

Les études « du temps et des actions » ont d’abord rationalisé la poussée et parade du jeux d’épée. Elles ont ensuite décrites les trente et quelques actions requises pour faire feu avec l’arquebuse malcommode, (un primitif canon d'épaule) bien avant que des tâches d’usine n’aient exigé de telles analyses. L'encyclopédie Diderot, la charnière technologique du siècle des lumières, servit comme dossier « comment faire » de primitives industries lourdes, en d’autres mots, de technologies d’armes. La tourelle Blanchard, outil primaire de l'industrie moderne, servit d’abord à sculpter à la machine des pièces de bois conformes aux fusils dits de Kentucky (fusils de chasse Jaeger.

 

Toutes les transformations politiques affectionnées par nos historiens : de l’allégeance tribale à celle à l’Etat-cité, (soit tyrannique, soit oligarchique) de l’empire au domaine royal, et de la démocratie représentative jusqu’à notre marché combattant d’esclaves corporatifs/industriels : toutes furent des séquelles et accélérateurs de la technologie d’armes.

 

La première chaîne d'usine qui exploita des pièces interchangeables ne fut pas celle de Ford au début des années 1900, non plus le Springfield Federal Arsenal assemblant des fusils aux âmes rayées et à chargement par gueule, de pièces pratiquement identiques pendant la guerre civile américaine, sous la tutelle d'Eli Whitney célèbre pour son gin de coton. Bien auparavant, avant même le deuxième siècle AEC, (de l’époque chrétienne ou commune) des arsenaux chinois tournèrent des arbalètes par centaines de milliers, aboutissant avec celles à répétition, aux chargeurs à vingt coups et aux barils doubles coupés court, (c’est-à-dire, des pistolets automatiques pré poudre.) Leur tolérance mécanique rivalisa celle des serrures à percussion de la guerre civile américaine, leur létalité au combat à l’arme blanche, analogue. 

Pendant le 15e siècle de l’EC, quelques-uns des premiers engrenages à réduction métallique furent soigneusement sculptés de lingots de bronze pour créer des cranequins : roues d'encliquetage pour les arbalètes du dernier cri.

Quoique le mécanisme d’Anticythère, récupéré en 1901 (pourquoi dissimulé tout ce temps ?) d’un vaisseau marchand sombré dans la Méditerranée deux millénaires auparavant, laisse supposer qu’au moins quelques ateliers et savants furent capables de tellement haute précision. http://fr.wikipedia.org/wiki/Machine d'Anticythère.

Aussi des cartes parmi les plus vieilles de notre connaissance illustrent les rives de l’Antarctique et des Amériques avec une précision inconcevable à l’époque, à moins de celles inédites mais équivalentes tracées par des navigateurs de la grande flotte chinoise construite, expédiée aux sept mers et abandonnée au 15e siècle.

A peu près en même temps, l'arsenal à Venise mit en œuvre une chaîne d'usine canalisée pour assembler des escadrons de réserve à partir de coques nues de galère – réunissant matériaux, gréements, armements, équipages et vivres – au taux d'une embarcation par heure pendant des jours entiers. 

Venise devait envoyer au loin pour du bon bois de construction naval. L’ancien Rome avait déjà rasé les forêts régionales d'apogée. Toutes les puissances navales à l’aviron et à voile ont perpétré les mêmes mutilations de la forêt mondiale. Rends-toi compte des grandes forêts abattues pour construire des fortifications et des flottes impériales ! 

La fonte de bronze et de fer exigeait conversion en charbon de bois dur par mètre cube dans un milieu autrement anoxique au feu de haute température à l’air forcée, aussi sa brûlure dans des fours avec le minerai de ces métaux. Des forêts entières furent nivelées aux alentours de ces fours, leur fumée souillant le sol et étouffant donc leur croissance. 

En 1997, un des derniers grands arbres en Amérique fut abattu pour remplacer la mâture de la carcasse pourrie d’un navire commémorant la guerre de 1812. Quelques hommes d'affaires ont amassé de grands profits en démontant des vieux immeubles et recyclant leurs bois équarris aux grosses dimensions. Des troncs d'arbre murs et entièrement développés n'existent plus que dans quelques sanctuaires perdus dans la forêt, du moins ceux que les Bush/Reagan/Trumpoïdes n’ont pas encore réussi à dévaster. 

L'apogée militaire à Venise dura jusqu'à ce que son arsenal n’ait sauté en circonstances louches, enlevant irrémédiablement cette ville du tableau de service des premières puissances. 

Des avancées spectaculaires de navigation et de planification navale sont échues des flottes de guerre. Des vaisseaux d'assaut amphibie de la seconde sic guerre mondiale ont inspiré l’évolution des bâtiments de cargaison « container » et ceux transrouliers. Des techniciens d’armes furent uniquement capables de solliciter les capitaux illimités requis pour le château de navire, des ponts multiples, le plein gréement, la chaudière à vapeur, l’hélice à vis, le placage en acier, les turbines à gaz, la coque sous-marine et le réacteur nucléaire. Sans parler de l’aviation et de sa quincaillerie obligatoire.

 M. S. Anderson, dans War and Society in Europe of the Old Regime 1618-1789 (La guerre et la société en Europe de l'ancien régime 1618-1789), Sutton Publishing, Phoenix Mill, England, 1998, pp. 142, 143, 152, 153, décrit l’organisation byzantine requise pour bâtir un grand bâtiment de guerre à voile et maintenir ses grandes flottes loin de leur port de rattachement. Ces appareils furent ceux les plus complexes de l’ère (tels que le porte-avion de nos jours.)

 

Le projet Manhattan fut celui technologique le plus éminent depuis lors ; ses employés ont fabriqué à la main les premières bombes atomiques. D’autres pays ont suivi cette première mise environ une dizaine de fois depuis, afin de créer en secret sournois des bombes à fission atomique. La bombe à fusion d’hydrogène a exigé des milliers de fois plus de saletés et de gaspillage, dupliquées depuis par chaque tyrannie d’armes vénérable. 

Imagine cette recherche d’apogée consacrée au contrôle rationnel de la population et au maintien de la vie élégante. Quel irréalisme de ma part, d’oser suggérer telles choses ! Les Apprentis en insisteront. A présent, des percés de technologie civile sont à la merci du « marché libre » : code secret selon lequel les corporations suppriment des technologies paisibles et étouffent des petites entreprises valables pour privilégier leur monopole d’armes beaucoup moins compensateur. 

 

Le sport d'équipe ritualise la manœuvre d'infanterie au combat, surtout parmi les jeunes. Des statistiques sportives encombrent des milliards d’esprits et les médias chargés de les nourrir. Des précieuses tranches d’heures d’antenne, pages imprimés et fonds académiques rassasient en gaspillage journalier des statistiques sportives sans signifiance. Certains des meilleurs journalistes sont des reporters du sport. Cela témoigne de trois aspects de notre culture. 

·      A quel point nous nous distrayons de trouvailles importantes en les publiant si peu. 

·      A quel point des astuces triviales sont rendues importantes en les publiant trop. 

·      Finalement, combien de talent et d’effort sont requis pour rendre intéressante les contractions musculaires stylisées de l’énième mésomorphe. 

 De fins journalistes sportifs sont bien rémunérés en grands nombres pour rendre en musique littéraire le trajet d’un ballon : ce que des millions de lecteurs lisent chaque jour (même s’ils ne lisent rien d’autre, ces millions.)  Alors que moi, je dois me marmonner sans un rond du monde paisible, comme si de rien n’était. Du jour le jour, en lieux communs et privés, nous sommes écrasés sous un caquetage sportif aux technologies à grands écrans éclatants. Mais que personne n’ose parler du monde paisible !

L’amour que ressent la majorité du prolétariat d’info pour le sport peut être expliqué du fait que c’est une des seules institutions d’un Etat d’armes qui opère de façon confortablement prévisible et innocente, du moins pour les assistants n’étant ni hooligans psychopathes, ni brigands financiers, ni patriotes assoiffés de sang.

Le livre de Michael Murphy, The Future of the Body: Explorations into the Further Evolution of Human Nature (Le futur du corps : Explorations dans l'évolution éventuelle de la nature humaine) collationne des anecdotes sportives sans jamais finir, illustrant des talents hypernormaux. Il ignore des tas d'exemples équivalents en temps de guerre. 

Tout le monde se souvient du vieux moniteur coriace qui nous exhorta de ne pas nous détendre, ne jamais lâcher prise, jamais devenir lâche.

Les politiques les plus tarées de l’Occident (telles que le reniement de la planification familiale à l’échelle globale, sans parler de ses guerres, famines, etc.) ont été légitimées par des victimes de secousses cérébrales subies comme jeunes participants de rugby en Europe, de football divers des deux côtés de l’Atlantique, et d’arts martiaux ; voire comme jeunes vétérans survivant des secousses explosives proximales durant les guerres intermédiaires. La guerre rend stupide assez de leaders en série pour engendrer des suppléments de guerre et de leaders stupides en aval du temps.

Si tu y réfléchis, tous les massacres, tous les crimes contre l’humanité, toutes les batailles et guerres furent entrepris et poursuivis par des obsédés sinistres qui ont refusé de lâcher prise avec grâce, même après que toute sagesse et bon sens eussent saigné à blanc de leurs motifs.

Voici nos priorités pourries. Ressentons regret et repentances

Il était une fois, Carl Marx décrit la religion comme « l'opiacé du peuple. » A l’heure actuelle, le sport professionnel est devenu son héroïne, et les publicités, sa cocaïne crack, en plagiat sophistiqué des arènes de Rome aux attractions un peu plus crues. 

Partout au monde, la malnutrition et le sans-abri s’enveniment sans surveillance adéquate, alors que nos villes se votent des nouveaux stades sportifs fort onéreux et redondants (à la sonnette des caisses d’élites imprévoyantes) qui se prouvent de superbes noyaux d'embouteillages urbains. Le commentaire intelligent se noie dans des délires de sport alors que tout ce qui reste de valable s’écroule en douceur. Vive la coupe du monde !

Dans L'évolution de la civilisation, Carroll Quigley décrit la dégénérescence du football dans les universités américaines : de folâtreries par après-midi ensoleillé entre des fraternités d’étudiants stupéfaits par leurs études ininterrompues, jusqu’à nos confrontations mercenaires de complexité byzantine, d’obstination trempée de stéroïdes, de heurt cérébral et de lucre de Mammon : bien illustrant la boursouflure d’institutions avec le temps. 

Afin de confirmer l’extrémité de cette folie, voir les émeutes de football. La guerre de football, entre El Salvador et Honduras que décrit si bien Ryszard Kapuscinski, fut le prélude choquant de la guerre civile en El Salvador, durant laquelle des milliers de campagnards innocents et leurs enfants furent bombardés aux sous-munitions grâce au suave enchanteur Ronald Reagan.

 

L’amirauté britannique commanda les premiers chronomètres précis pour permettre à ses capitaines de se localiser en mer. Les champs de bataille de Frédérique et de Napoléon furent davantage « soignés » car leurs commandants de régiment et de compagnie pouvaient consulter une bonne montre de poche et se déplacer sur programme. Les premiers compas ont servi un but semblable, comme l’ont les premières cartes et technologies de navigation céleste et de positionnement global. 

La géométrie cartésienne a d’abord tracé la trajectoire des boulets de canon et non des planètes. Ces inestimables prédictions ont été raffinées ensuite par la trigonométrie, le calcul différentiel et la physique newtonienne. La bombe atomique ne se calcule pas dans l’absence des formules d'Einstein et de la mécanique de quanta, quoique ces dogmes d’armes se contredisent et quoiqu’ils requièrent que 96% de l’univers ne consiste qu’en matières et énergies imperceptibles, appelées sombres. Et puis qu’un univers primitif a dû « s’enfler » à vitesse hypersupralumineuse de façon magique. Voilà le tour joué ! Tu parles de charabias pseudo scientifiques !

Les premiers télescopes ne satisfirent pas d’abord des astronomes de la mythologie galiléenne, mais pour permettre aux généraux bien nantis de surveiller leurs massacres à la lorgnette, du haut de collines et de flèches d'église en arrière bien sécurisée du front. 

Les industries de haute énergie ont d’abord évolué pour fondre et forer des canons. La plupart des cloches d'église fut fabriquée par des civils, puis refondue par des tyrans pour se procurer davantage de canons. En ironie parfaite, des protestants iconoclastes ont démonté de nombreuses cloches d’église, permettant aux nobles catholiques de les racheter bon marché, les fondre en canons et les mitrailler avec.

Au cours de la Première Guerre mondiale, Glasgow, en Écosse, a offert le plus gros don d’une collecte spéciale de fonds visant à envoyer davantage de chars au front en France. Ces chars que la ville rémunéra, y ont pénétré pour étouffer sa grande manifestation d’après guerre pour améliorer ses conditions de vie. Tanks, dans l'enfer des combats (Age of Tanks) Netflix, 2017  

Lewis Mumford parle de canons comme des « premiers engins à réaction réciproque. »  Il décrit les premiers essais d’actionner un véhicule en se servant de poudre comme combustible. De la page 81 de son livre, Technicités et civilisation, aux environs de 101, il passe en revue l’influence qu’eut la guerre sur la technologie. 

« Anderson écrit : 

« "Or, en Angleterre, Henry Cort entama ses expérimentations sur le fer forgé, culminant en 1784 dans le procédé du puddlage, en grande partie pour parachever un métal de qualité supérieure afin de produire des canons et des amarres de marine. Plus tard, l’amirauté [britannique] n’accepterait que du fer de cette fabrique. Le développement du tour à canons par l’industriel et inventeur John Wilkinson en 1774 : l’aboutissement d’une décennie de travaux sur le façonnement de l’artillerie, rendit praticable la percée de cylindres à justesse raisonnable et transforma donc, plus qu’autre chose, l’engin à vapeur de Watt en une proposition réalisable." » M. S. Anderson, La guerre et la société en Europe durant l'ancien régime 1618-1789, Sutton Publishing, Phoenix Mill, England, 1998, p. 182.

 

L’ingénieur britannique Bessemer inventa la fabrique d’acier à partir du fer et du coke en fonte (ce coke, du charbon cuit au vide pour purifier son contenu de Carbonne.) Cette mixture en fonte était barbotée d’oxygène, exclusivement pour produire de l’ordonnance militaire. 

L'acier inoxydable fut une invention militaire du plus grand secret, introduit pendant l’année 1917 de la première sic guerre mondiale. Selon Buckminster Fuller, sa première application civile ne fut capitalisée qu'en 1928.

 

 Les relations publiques ne sont pas devenues « respectables » qu’à partir du moment qu’un déluge d'argent réactionnaire engagea la copie de bonimenteurs pour huer au silence le parti progressiste américain. C’est ainsi que l’Amérique fut tirée à intervenir dans la première sic guerre mondiale : la moins populaire de ses guerres impopulaires ; du moins jusque celles au Vietnam, sans parler de celles sans jamais finir en Irak et en Afghanistan, puis celles bientôt à suivre de connivence corporative et de disgrâce nationale.

 

« Le plus démocratique l’Etat, les plus impopulaires ses guerres. » Machiavel, Le Prince

 

Des experts en relations publiques se sont assurés que la pandémie de grippe en 1918 deviendrait une note en marge de l’histoire, bien qu'elle n’abattît en deux ans quelques multiples des pertes de quatre années de combat du genre broyeur de viande pendant la PGM sic. Un tel nombre de victimes de fièvre est survenu que les autorités ont dû en censurer tout reportage. « Fabriquez davantage de cercueils » fut le seul conseil utilitaire dépêché aux fonctionnaires de communautés non encore atteintes. La presse alliée désigna cette grippe « espagnole » parce que les Ibériens neutres eurent la témérité de la reporter sans censure dans leurs journaux. Elle frappa particulièrement des jeunes adultes en bonne santé, épuisant la main-d’œuvre militaire en réserve de tous : ce qui mit fin à la guerre pour terminer toutes les guerres. Sans quoi, plus qu'assez de stupidité institutionnelle perdurait pour prolonger le bain de sang mondial qu’on ose prétendre le premier. 

L’Armistice de 1918 apparut comme une grande surprise aux occupants des tranchées. Ils croyaient qu’ils auraient à se taper la guerre sans remise pour au moins une autre génération, jusqu'à qu’ils eussent tous été assassinés avec leurs fils. Les chefs des deux côtés perdirent un tel nombre de leurs propres enfants qu’ils ne purent plus se permettre de céder. 

En effet, des armées alliées furent expédiées envahir la Russie soviétique après l’Armistice avec l’Allemagne en 1918, jusqu'à leur mutinerie en masse et appel au retour chez eux, et, dans le cas des troupes britanniques et américaines, que leurs mères et pairs politiques l’aient exigé. La flotte française est revenue en France depuis la Mer Noire, pilotée par ses matelots dégoûtés par leur bombardement de civiles, tous les officiers sous verrous.

En fin de compte, des techniciens de relations publiques ont chassé l'idée du monde paisible, telle que l’eut articulée le Président Wilson et qu’en languit le monde entier. Elle n'offrait pas assez de bénéfices aux nouveaux industriels d’armes, à leurs laquais restés pépères dans le congrès américain et aux rangs bien serrés de maîtres d’armes vierges du champ de bataille, qui se sont occupés du monde universitaire, de la politique et des médias pendant cette guerre, alors que leurs meilleurs se sont mis en marche pour y périr. Une cabale équivalente de petites têtes chauvines, sociopathes et refusées à l’appelle (des grands amateurs du fascisme international, du reste) a escamoté la politique américaine pendant la seconde sic guerre mondiale, après la mort du Président Roosevelt. 

Ils n’ont jamais lâché prise depuis.



 

- LA MYTHOLOGIE D'ARMES –

 

« Le mythe, c'est l’unité d'imagination qui permet à un être humain d’accommoder deux mondes, qui réconcilie de manière réalisable leurs contradictions et qui maintient la voie ouverte entre eux … »

« Le mythe te permet de vivre avec ce que tu ne peux pas supporter. »

« Et si ce mythe a été bien appris, il devient un mot, un seul mot commutateur qui allume tout un système de délusions réconfortantes … »

« La fonction du mythe, c’est fournir un modèle logique capable de maîtriser une contradiction. Le mythe prouve que les choses ont toujours été telles qu’elles sont, et qu’elles ne changeront jamais. » Antjie Krog, Country of My Skull: Guilt, Sorrow and the Limits of Forgiveness in the New South Africa (Pays de mon crâne : Culpabilité, chagrin et les limites du pardon en nouvelle Afrique du Sud), Times Books, Random House, New York, 1998, p. 250. 

 Le texte d’Apprenti n’est ni fiction ni documentaire. Ses paragraphes forment des échantillons de base d’une mythologie paisible renouvelée qui remplacera au monde paisible celle d’armes de la terre en armes. 

Tu peux trouver alarmant ce qui suit. Les assertions les plus prisées de notre société sont des mythes d'armes nuisibles à la paix. L’antinomie d’armes et de paix corrode la conscience humaine, telle que de la salive sucrée fond l'émail des dents et de la pluie acidifiée dissout le marbre. 

Quand je jette ces mythes en l'air et les bâtonne vers toi au rondin de base-ball, dépiste leur trajectoire en crête et place-toi en dessous sans crainte, ne te couvre pas la tête de tes mains. Seulement ton raisonnement intuitif peut remplacer les platitudes de la mentalité d'armes. 

Tout le monde peut trouver le livre De la guerre, mais non son équivalent antinomique, De la paix. Ce gouffre culturel confirme notre dilemme unanime.

Selon Carl Von Clausewitz, auteur de l’œuvre proverbiale De la guerre (l’ultime exercice pédantesque de la mentalité d’armes) : « La guerre est la suite de la diplomatie (politique étrangère) menée par d'autres moyens. » Autant conclure que l'agriculture est la suite de bonbons menée par d'autres moyens. Compare les dépenses préparatives du combat, même en temps de paix, contre le maigre revenu disponible aux diplomates professionnels. La guerre, c’est l’enchaînement de la technologie d'armes dans sa forme la plus pure : la digestion du potentiel énergétique de la société en excrément de carnage actif.

Dans son chapitre « Les buts et moyens de la guerre » il arrive à la conclusion suivante : 

« On pourrait occuper un pays entier, mais des hostilités peuvent se renouveler à l’intérieur sinon peut-être à l'aide d’un allié. Certes, cela peut se manifester aussi bien après un traité de paix, mais ça ne parvient qu’à démontrer que non toutes les guerres mènent nécessairement à la décision finale et à l’accommodement. Même si les hostilités se renouent, un traité de paix éteindra toujours une masse d’étincelles qui auraient pu couver posément. Qui plus est, des tensions sont assouvies car les amants de la paix (et ils abondent en tous cas dans tous les peuples) abandonneront alors toute pensée de passer à l’acte. Quoiqu’il en soit, on doit toujours considérer qu'avec la conclusion de la paix, le but de la guerre a été atteint et ses affaires ont pris fin. » De la guerre, Oxford Classics, p. 32. 

 
 Si l’incomparable Clausewitz fut contraint de conclure que chaque guerre doit aboutir en traité de paix ; nous devons pareillement conclure que la guerre perpétuelle mondiale n’aboutira pas avant qu’une quasi-unanimité n’ait contresigné la constitution du monde paisible.

 

Dans The Causes of War, (Les causes de la guerre), The Free Press, Macmillan Publishing Co., New York, publié au préalable par Macmillan à Londres, 1973, pp. 115-117, Geoffrey Blainey explique que les négociations entre deux diplomates ressemblent à celles entre deux marchands qui négocient des privilèges et des obligations au lieu de marchandises et de comptant. Alors que l’offre et la demande peuvent régler les transactions marchandes, celles diplomatiques sont plutôt comme une troque dont la valeur d’échange doit être déterminée alors-même que la procédure se déroule. Ces diplomates doivent soigneusement étudier leurs engagements pour déterminer qui vendra et qui achètera et à quel prix. Ils peuvent néanmoins se tromper quant au montant de ces valeurs pour diverses raisons, à tel point qu’aucun accord ne peut être obtenu sauf celui fautif dont la guerre soit le seul correctif. Je dois ajouter qu’il y a tant de mauvais alternatifs comparés aux rares bons, que la guerre croit inexorablement sur la terre en armes.

 

« Au contraire, la véritable cause de la guerre se voit le plus clairement quand étudiée en corrélant l’amoindrissement des profits ; ce qui puisse être dû en soi aux accroissements de population et diminutions de productivité du sol, mais aussi se manifester, indépendamment de ces deux phénomènes, comme l’effet direct de diminution de productivité travailliste [sinon technologique] … En d’autres mots, comme l’a remarqué Proudhon, la guerre est toujours la séquelle d’une déformation économique qui ne se laisse pas remédier par des moyens moins compliqués et coûteux, tels que commerce ou monopole commercial. Du même coup, Benjamin Constant observe correctement : "Les hommes n’ont recours à la guerre qu’une fois qu’ils ressentent que le commerce ne peut leur sécuriser ce qu’ils tâchent obtenir par force." » Achile Loria, The Economic Causes of War, Charles H. Kerr & Company, Chicago, 1918, p. 55.

 

Alors, imagine-toi pénétrant dans une petite épicerie, de l’argent en une main et un pistolet dans l’autre. Tout le monde agirait ainsi. Quiconque s’offre même une gomme à mâcher, lui et son négociant doivent déterminer le comptant qui changera de mains selon leur évaluation de qui va gagner un tir aux flingues, faute de quoi. 

Serait-ce une manière sensée de gérer ses affaires, non moins celles de la planète entière, si celle supérieure se présentait ?

Afin d’illustrer notre réalité de réserves d’eau fraîche et bon sol en diminution et d’inventaires d’armes en surcroît, imagine en plus que ces mêmes acteurs ont des enfants qui crèvent de faim et de froid chez eux, et que ceux-là empoignent, au lieu d’un pistolet, le détonateur des bandoliers de dynamite enveloppant le corps de tous : branché de façon à détoner simultanément.

Est-ce qu’un témoin sensé tarirait dans les parages – soit riverains soit planétaires – pour constater le dénouement ? Y aurait-il une alternative moins surréelle ? 

 

Disposons maintenant de la paire suivante de mythes d'armes : ceux les plus communs, insistants et fâcheux. 

Premièrement, le monde paisible n'apparaîtra pas avant qu’une unanimité de saints ne se soit repentie de ses péchés. Rien de moins que cette caricature injouable ne parvient à définir le monde paisible à la satisfaction de ces mythomanes. Je me demande si un nombre équivalent de gens eut dû éprouver le semblant avant la terminaison du cannibalisme ou de l'esclavage : tout le monde dût se transformer en saint auparavant ? 

Mais bien sûr, mon brave. 

Au contraire, le monde paisible sera fort désordonné, controversé, « politique » et corrompu, tragique et assujetti aux échecs périodiques, peut-être à l’échelle globale, peut-être létales pour l'humanité et sa civilisation. Le bonheur et la misère d’êtres humains y auront les mêmes sources que sur la terre en armes ; en d’autres mots, sous l’influence nocive de psychopathes opérant à découvert parmi les riches et les puissants. 

La seule dissemblance ? Le meurtre organisé y sera illégal et cette loi imposée partout avec acharnement. La guerre deviendra moins fréquente, musclée, avantageuse et confectionnée en série.  Elle ne sera plus marchandée comme honorable, productive ou glorieuse. En son absence, les autres formes de conflit humain se prolifèreront pour combler le vide. 

Le second mythe d'armes, c’est qu'un avocat du monde paisible doit aspirer à la sainteté sinon être dès lors un saint acceptable (selon la manière que son auditeur le condamne.) « Es-tu humain dans tes actions, faiblesses et échecs ? Ton baratin publicitaire froisse-t-il mes préjugés ? Tu ne peux pas m’en parler. Prétends-tu prédiquer pour le monde paisible tel qu’un saint ? Tu es trop ambitieux, prétentieux, affligé d’un complexe de messie et donc impropre à la tâche. En tout cas, aucun besoin d'auditionner tes propos. » 

Les champions paisibles sont des êtres humains qui puent quand ils manquent de se laver ; qui aspirent de l'air frais et exhalent du CO2 et parfois de la mauvaise haleine ; qui, comme tout le monde, éprouvent des besoins, craintes, haines, avarices et ambitions. Aucune sainteté n’est requise pour cette entreprise. Cela pourrait bien servir, sans être obligatoire. N’importe qui pourrait le hasarder. 

Ailleurs dans ce livre, j’invoque les saints massés du monde paisible. En concis, ils ne sont pas nécessaires pour y parvenir, mais plutôt dans l’ordre opposé : leur amélioration particulière sera plus probable au monde paisible. Par contre, la sainteté est impossible sur la terre en armes, quoique toutes ses religions l’exigent. La mythologie d’armes a transposé ces requis et résultats ; celle paisible les arrangerait simplement dans leur bon ordre : le monde paisible d’abord, la sainteté ensuite. 

Ces deux mythes sont aussi raisonnables qu’anodins. Des menteurs d'armes les soutiennent afin d’embouer l’eau, satisfaire leur prédilection belliqueuse et attarder la paix autant que possible.  Nous avons accepté leurs avis à l'aveuglette.

 

En dépit de ta volonté, on te fera avaler la guerre et la guerre sera faite pour t’avaler, nonobstant la brocante de cet autre non-sens : « Qui désire la paix, prépare la guerre. » Cette citation, qu’un autre contaminant en latin de notre constellation de métaphores politiques. 

Végète, un Romain du 5e siècle, l’inventa. Un total de 150 copies de son De Re Militari (Des affaires militaires) parvint à survivre l’âge sombre en Europe ; ceci en dépit de l’hécatombe de littérature paisible concomitante (selon l’article d’Arther Ferrill, “Vegetius”, p. 487, dans Robert Cowley and Geoffrey Parker, Editeurs, The Reader’s Companion to Military History). 

Comme d'autres désastres, la guerre ne sert aucun but que ses propres ; elle n’exsude que des mauvaises conséquences imprévisibles. La seule suite prédicable de la guerre, c’est une nouvelle tournée de technologies d'armes encore plus létales.

La guerre n’a jamais été courte ; elle est perpétuelle. Quelques guerres furent raccourcies par de la diplomatie rusée : l’Orage du désert, Panama et Grenade, par exemple. Cet homicide interruptus n’est parvenu qu’à diminuer sa valeur décisive. Les guerres longues sont trivialement décisives ; celles courtes, absolument dérisoires. 

La mythologie d'armes rend noble des guerres non plus nobles que les seaux de latrine dans un couloir de la mort. 

On crédite la guerre d’innovations dans l'instruction, la liberté, l'harmonie sociale, l'égalité et d'autres prestations sociales que des élites doivent expectorer tôt ou tard ― ne serait-ce qu'avec la plus grande chicane, quoique à la longue bénéficient-elles le plus de cet échange. Tant bien que mal, la guerre constitue la forme la plus respectable de liaison masculine : elle transforme des garçons en hommes. En réalité, ceux que la guerre transforme en invalides mentaux ou corporels sont rendus invisibles et muets, comme si par magie noire.

N’a-t-on pas entendu ces mythes d'armes mille et mille fois ? Depuis une centaine de générations, ne les a-t-on pas récités et mémorisés de façon hypnotique ? Nous n’offrirons plus tant d’écrits, de raisonnements, de drames, d’actions et d’aboutissements sinistres sur l’autel de la mentalité d’armes. Au contraire, nous dédicacerons l’Agora virtuelle à la mentalité paisible, saturerons la superconscience collective de mythes paisibles, les rendrons appréciables à ceux intéressés sans exception et constaterons l'amélioration du lot commun avec l’affranchissement de leurs points de vue. 

L’on devrait emprunter la sagesse des shamans primordiaux. Ceux-ci consignaient le survivant du combat à une élaboration de rituels d'isolement et de purification. Aucun individu ne pouvait rejoindre la communauté paisible sans rendre honneur à ces cérémonies. Sur la terre en armes, on ignore ce venin subliminal. Sans que l’on ne l’admette, il caille la psyché des vétérans et les transforme en morts ambulants : les ultimes sinistrés de guerres oubliées. 

« Les chiffres les plus récents démontrent que 264 vétérans [britanniques] de la guerre aux Malvinas se sont suicidés depuis ce conflit, comparé à 255 décédés en service actif. »         http://www.spacewar.com/2003/030521165439.qscyf5x8.html

Le reporter Simon Gardner écrit pour Reuters (le 19 août 2004) que plus de trois cents vétérans argentins se sont suicidés depuis cette guerre. Dénotant peut-être les bénéfices thérapeutiques, vis-à-vis le stress post-traumatique, de la passion latine par-dessus la réserve émotionnelle des Anglo-Saxons, puisqu’il y eut beaucoup plus de vétérans argentins et qu’ils souffrirent de la défaite militaire et de ses retombées psychologiques. 

 

Victorieux ou défaits, des vétérans du combat sont accablés d’avoir survécu leurs pairs bien aimés. S’ils ne trouvent aucune issue admissible pour leur peine, leur monologue intérieur de grenadier d’adrénaline s’écho comme tel : « Manquant d’avoir mieux fait, j’ai permis aux forces armées (de hargne) de gaspiller ma jeunesse en enrégimentement de dédain, de brutalité et de terreur. Moi-même, mes chers compagnons et d’innombrables innocents ont dû parcourir ce gantelet de souillure, de défiguration et décès. Rien qu’en participant, nous avons approuvé toute cette douleur. Nous, les survivants, soutenons une effarante culpabilité de sang. Ceux refusés à l’appel sont encore plus coupables à nos yeux. » 

Les activistes paisibles sont à leur avis les plus condamnables. Nous avons rejeté l'utilité de la guerre sans l’éprouver. Comme si l’on avait besoin d’attraper la peste pour rechercher sa cure ? Ce faisant, nous avons rendu insoutenable leur fardeau de douleur et d'ignominie. Après tout, ne devrait-on pas être reconnaissant qu’ils l’aient épaulé ? Ne serait-ce pas le moins que l’on puisse faire : leur rendre honneur, autant qu’à leur peine ? 

Point du tout. Des guerriers ont été honorés à la mort pour beaucoup trop longtemps, sans amélioration notable de leur part ni du nôtre. Il est temps que l’humanité reprenne ses anciens rituels de décontamination guerrière et de décompression psychique, au lieu d’honorer ceux qui ont traité d’abominations sans s’épurer. Il est temps de rétablir les mœurs paisibles autant pour des guerriers mal disposés que pour les non-violents confus. 

 

Quels que soient les bienfaits de la guerre, le monde paisible les rendrait mieux. Ceux qui suggèrent autrement se mêlent d’une escroquerie, consciemment ou pas. Et s’ils affirment que la guerre favorise la créativité alors que les sociétés paisibles stagnent, ils vivent un cauchemar infernal. 

Telles qu’en sont parvenues des anciennes tribus paisibles, on pourra neutraliser les retombés de l’égoïsme, de la fainéantise et de la luxure. Leur élimination devint l’excuse mythique pour perpétuer l’assassinat de masse que Dieu interdit, bien que non pas ces trois autres ― au cas où on l’aurait oublié.

 Je me souviens d’un auteur belliqueux qui affirma combien plus avancé, éclairé et brillant la guerre rendait le monde : encore un autre mythe d'armes trop souvent répété. Sans crainte, (ce que je dois admettre avec une certaine admiration) il se rendit à Kosovo, à Kigali et en pareils carrés de tuerie pour faire le plein de son journalisme autrement perspicace. A chaque étape, il établit des amis influents et des contacts puissants. Il aurait pu choisir n'importe quel de ces bleds pour s’aménager. Au lieu élève-t-il ses gosses dans un patelin discret en Massachusetts occidental. Ce qu’il entendait dire, sans doute, c’est que la guerre est créatrice et éclairante pour les gosses d’autrui

Les directeurs d'armes se méfient de la véritable créativité et de l’étude sérieuse de choses paisibles : au mieux des influences efféminées et débilitantes, au pire la trahison de leurs protocoles paumés et traditions prisées depuis lors. 

Quant à la stagnation de la paix, eh bien ! « 95% de tout n’est que de la merde » comme l'a si bien exprimé un malin jadis ; et 9,5 sur dix gens sont des bourdons dépourvus d’esprit, condamnés par la pédagogie courante à la fainéantise intellectuelle, la multiplication réflexive d'enfants et la répétition de banalités futiles. Entre temps, les restants disent et accomplissent tout ce qu'il y a de conséquent, pour le mieux ou le pire. 

Seuls les Apprentis, agençant un milieu réellement paisible, sauront transposer ces pourcentages ridicules par des applications bien réfléchies d’Apprentissage. 

La liste de mythes d'armes s’étend sans fin ; sans fin nous les répétons-nous. Aucune paix authentique n'émergera avant que nous ne les ayons identifiés, défiés et remplacés tous, séance tenante.
 
 

Deux autres mythes permettent aux gens d’enfouir leur tête dans le sable pour obturer le danger mortel.

Le premier, c’est l'adjectif paranoïde. De ces jours, elle sert aux commentateurs pour décrire celui qui discute d’affaires controversées et périlleuses sans rendre déférence adéquate au statu quo pourri. L’expression paranoïde, c’est leur code pour dire : « J’étais trop distrait et indifférent pour faire l’étude sérieuse de ses propos ; ils ne valent pas la peine d’être mis en examen. Ayez confiance en mes préjugés d’invertébré, conformes au vôtres. »

Deuxièmement, l’expression « théorie de conspiration. » D’abord proposée par la CIA pour remplacer celle davantage pertinente « théorie d’assassinat » à la suite de l’assassinat de Président Kennedy, puis transposée illico par la presse. C’est du 1984 orwellien, pure et simple ! Opinée depuis, chaque fois que des élites d’info se tirent d’un autre homicide public. 

On persiste à me sermonner qu’une conspiration complexe est impraticable s’il implique davantage qu’une poignée d’individus, surtout si ceux-ci retiennent des formations et priorités diverses.

Merde.

D’abord, un seul acronyme : NSA (L’agence de sécurité nationale aux USA), cette fosse aux serpents de conspirations. Une ou deux centaines de milliers de prestataires de renseignement pullulent à Washington, D.C. 

Ensuite, un paragraphe. Le programme américain de surveillance secrète à haute altitude par avion de reconnaissance, U-2, a duré une demi-décennie, non-reporté par la presse et strictement nié par tous, du Président à son moindre subordonné. Ce programme employa des centaines d’ingénieurs industriels ; des milliers de militaires, de cuistots aux chefs de base ; des centaines de scribouillards gouvernementaux et de techniciens de renseignement ; aussi des responsables à l’étranger pour autoriser ces avions en base d’urgence outremer et en vol à travers des cieux de souveraineté étrangère. Soit, ces avions « n’ont jamais existé » jusqu’à ce que les Soviets n’en aient abattu un exemplaire et traduit son pilote, Francis Gary Powers, devant un procès spectacle. 

Ces conspirations « impossibles » font part de la routine des complexes d’armes qui comportent des militaires, industriels, législateurs et leurs médias de propagande. Alors pourquoi pas d’autres encore plus sournoises et criminelles ? Surtout si elles laissent une traînée de témoins abattus ou terrorisés ? 

En Amérique, il n'existe qu’une sorte de conspiration : celle qui échoue. Des amateurs ineptes commettent leur crime massif en plein jour, laissant une traînée de paperasseries et de données numériques compromettantes qu’aucun journaliste débutant ne pourrait rater. Ils sont trop délicats pour tuer et terroriser de nombreux témoins qui trahiront l’affaire sans se soucier de la sécurité de leur famille. Voici la seule définition d’une conspiration admise par la culture populaire et ses médias d’obscurcissement.

Hélas, il y a une autre sorte : celle dans laquelle des malfaiteurs puissants et sans scrupules sont bien rompus à commettre des crimes et exposer ceux de leurs ennemis. Eux et leurs patrons ont fait répétition depuis des centenaires : ils sont experts. Ils peuvent faire appel à une énorme mémoire institutionnelle de crime et d’affaires policières, aussi embaucher les meilleurs professionnels pour leurs sales besognes. Leur linge sale est tamponné Secret Défense et protégé par la totipotence de la loi. Ils sont si riches et influents qu’ils contrôlent les médias de masse. Ils n’ont aucune conscience morale : le meurtre de témoins clés leur est un souci mineur. Ils ont assez de patience pour lessiver leurs traces, et de subordonnés fervents pour flanquer à la trappe si nécessaire.

Les Grecs de l’âge classique, au sommet de leur pouvoir, ont signalé cette pratique comme du despotisme oriental, efféminé et dégénéré. Ils ont craché dessus et l’ont écrasé presque sans effort. Quelques milliers de leurs citoyens libres ont mis en déroute la plus grande cohue que ces gangsters purent rudoyer au front, quoique dix fois plus nombreuse. Ils ne se sont soumis à l’empire romain qu’après avoir été subjugués par des gangsters congénères en localité. 

Notons cette dégénérescence quasi-incontournable en fonction du temps et indépendante des particularités historiques, politiques, géographiques, religieuses et ethniques. De tels gangsters pourrissent leur armée par degrés. Leur gangstérisme transparent, (« Soumettez-vous à nos délits incontestables, sinon prenez garde ! ») c’est tout ce qui reste de nos libertés vibrantes. Notre tolérance de cette corruption nous rend disgrâce. Gare à ses ultimes conséquences !

Une fois l’affaire accomplie, des paperasseries compromettantes n’existent plus, ni témoins en vie sauf ceux terrorisés en silence. Il reste une superfluité de preuves circonstancielles, de mensonges transparents et de bouts pendants que personne ne peut expliquer, aussi des cadavres suspects à la place de témoins clés, mais aucune preuve admissible en cour d’assise. Quiconque déterre de telles après toute une vie d’investigation, il sera doucement éliminé. L’extorsion et le chantage persistent des décennies, même la menace de guerre civile si un seul mot n’en sorte de travers. Des archives sont scellées, des preuves dénonciatrices réquisitionnées et « perdues » en gros lots. La plupart des investigateurs officiels sont sous le contrôle de ces conspirateurs et leurs patrons ; ils ne trouvent donc rien de grave, apparemment par incompétence inconcevable : ce qui leur vaut la prochaine promotion.

Cela n’est pas une conspiration, ici aux USA. Une conspiration bien réussie, ce n’en est pas une, mais une démarche officielle et parfaitement légitime, sinon rien du tout. Celui qui déclare autrement est un « théoricien de conspiration » stigmatisé comme tel et renvoyé sans audience. 

Quel moyen aisé et rassurant de chouchouter des malfaiteurs puissants, influents et bien connectés. Quelle commodité pour eux ! Combien lâches les restants : dans leur solde et à leur merci. 

Quant aux conspirateurs, leur réussite engendre celles subséquentes. Ils sont tentés de se surpasser la prochaine fois, à répétition enthousiaste. La conspiration criminelle, c’est leur atout en manche, leur ultime argument en réserve. C’est parfaitement légitime : protégé par sanction officielle, répression médiatique et approbation populaire. Rien d’autre ne les retient. 

On habite une époque où personne de bien relié n’est responsable pour rien, et tout est la faute d'un d’autre. Des faibles sont écrasés, qu’ils soient coupables ou non, et les puissants opèrent avec impunité parfaite en anonymat parfait. 

Du moins pour le moment…

 Le gouvernement, c'est toujours une conspiration, par définition. Conspiration pour la guerre ou pour la paix? Voici la question.

Un cas robuste peut être dressé, que l’accomplissement fondamental des politiciens hiérarchiques, c’est induire deuils et souffrances parmi leurs ennemis et obliger leurs supporters d’endurer de la misère supplémentaire. Après tout, les défunts ne votent pas et n’ont pas besoin de se soumettre à l'ordre public. Il n’y a que des survivants exténués et affligés qui doivent choisir à grande peine entre reddition, rébellion ou résistance continue. Une armée ne s’effondre qu’après que sa douleur collective ait atteint un cran intolérable de chagrin, de manque et d’agonie. Le compte des pertes quantifie la misère en masse que l’armée doit produire et ses victimes, supporter.

 

Heureusement pour nous, notre ADN eut des millions d'années avant l'histoire enregistrée pour perfectionner l’éthique de partage entre les membres paisibles de petites meutes d’omnivores. Toute déviation de l'éthique la plus pure : mutilation cumulative, criminalité stérile, faux signaux ou mauvaise allocation de ressources extrêmement rares, détruit les meutes souillées de cette brutalité interne. Opérant au fil de rasoir de la survie, aucune marge d'erreur ne leur permit de diverger de la bonne moralité à la règle d’or. 

Nous semblons scellés dans l’armure encroutée de millénaires d’histoire militaire. Mais ce n’est en réalité qu’une feuille métallique rongée, frangeant un corps d'excellence comportementale cent fois plus ancien, fort et flexible. A nous d’arracher la plaque de blindage et raviver le noyau beaucoup plus profond et souple mais ankylosé. 

La liberté que nous poursuivons ne se fonde pas sur une fantaisie utopique, (bien que des maîtres d'armes y insistent) mais sur les libertés parfaites dont nos ancêtres se sont dotés au cours d’une centaine de millénaires. La liberté des chasseurs-cueilleurs paléolithiques, voici le contexte politique que nous sollicitons, émancipé des craintes que des maîtres d'armes nous ont gravées l’esprit à l'eau-forte d’adrénaline. 

https://www.psychologytoday.com/us/blog/freedom-learn/201105/how-hunter-gatherers-maintained-their-egalitarian-ways

https://archeocontreletat.wordpress.com/tag/chasseur-cueilleur/
 
 

La diffusion du monde paisible touche non seulement aux Apprentis dans un vide. Quand nous confrontons un agresseur à l’heure actuelle, (qu’il soit bandit armé ou complexe militaro-industriel) nous nous attendons à ce que l’Autre partage nos craintes et mythes d'armes. Ceux-ci dictent que nous hésitions de lui offrir une ouverture paisible et qu’il en rejette nos tentatives, à moins que l’un de nous n’ait d’abord été abattu. La mythologie d'armes chuchote les mêmes préjudices dans l’oreille de tous. Selon ses préjugés, des gestes pacificatrices sont « de l’apaisement » : aveux de faiblesse et de trahison qui doivent provoquer des réactions universelles de soupçon, d’hostilité et d’agression. 

Si la mentalité paisible prévalut dans nos constellations de métaphores politiques, nous pourrions dissiper de telles agressions (soit bilatérales, soit unilatérales) au moyen de gestes communs et formules acceptées de réconciliation. Ceux-ci ne feraient plus preuve de faiblesse, mais de sagesse, de fiabilité et de maîtrise. Un petit enfant pourrait désamorcer à l’instant un échange de tirs ; ainsi qu’un loup bêta, en exposant son abdomen sans défense, interrompe sa punition mortelle de la part de celui alpha dominant. 

Cette capacité spontanée de s’entretenir en paix, elle est encablée dans chaque adulte sain d’esprit. Nous l'avons simplement déprogrammée de notre esprit pour le moment et sommes ainsi parvenus à nous rendre hors d’esprit. 

Tout ce sonner d’alarme me fut d’abord inspiré par le livre en percé de Jean Bacon, Les Saigneurs de la Guerre, des Presses D’aujourd’hui, Paris, 1981. Ce titre fut publié à Tokyo en 1983, en Angleterre en 1986 et republié par l’Harmattan à Paris en 1995 ; il est reparu en troisième édition chez Phébus en 2003.

Par la suite, beaucoup de potentialités et de talents autrefois cachés seront mieux étudiés et institutionnalisés, lâchant ainsi d’énormes énergies psychiques tenues à l’écart jusque-là. On a sublimé ces talents par instinct légitime d’autoprotection. Après tout, si ces énergies s’étaient prématurément libérées sur la terre en armes, elles nous auraient annihilés. Actuellement, nous sommes bornés à nous lancer les uns sur les autres de la matière inerte et des eaux d'égout saupoudrées. Comme nos ancêtres les singes, nos troupes se catapultent de la merde. En dépit de cette limitation fécale, nous avons franchi des nouvelles cimes d’annihilation globale et dansons à claquettes au seuil de l’omnicide de notre propre agencement.

 Ce n’est qu’au monde paisible que nous pourrions sécuriser de l’énergie supplémentaire par des ordres de magnitude sans faire sauter le monde avec. 



 

- LES RECONNAITRE A LEURS FRUITS –

 

« Ne juge pas, que tu ne sois pas jugé. » Matthieu 7-1. 

Les religions organisées illustrent bien l'antinomie d’armes et de paix. Chaque prêtre, pasteur, rabbin, mullah, imâm, uléma et moine expose à notre observation directe les conséquences fonctionnelles de sa croyance. Leurs hiérarchies ont abrité quelques maîtres paisibles : des initiateurs comme Bouddha, Abraham, Moïse, Jésus et Mahomet, ainsi que leurs amants mystiques et marginalisés de nos jours ; tant qu’à présent de nombreux mentors d’armes : des organisateurs secondaires comme Paul, St Augustin, les Califes, leurs partisans et leurs bureaucrates religieux d'aujourd'hui avec leur clientèle.

L’église catholique moderne décrit sa hiérarchie comme un mélange « d’introvertis » qui préfèrent la tradition majestueuse de s’affairer de la vie privée des autres et les tourmenter ; et « d’extrovertis » qui favorisent le pardon affectueux des autres et la grâce au modèle de Saint-François. Réponds-moi, qui suis un introverti de la dernière souche : depuis quand des introvertis se mêlent-ils aux affaires des autres et les affligent ? Alors que des sociopathes extrovertis, certainement…

Soit leur credo particulier, les maîtres paisibles espèrent qu’à l’éventuelle et sous le regard de Dieu affectueux triompheront l’amour héroïque, la vérité, la justice — en bref, le monde paisible. Ils sympathisent avec d’autres adhérents intègres aux aspirations semblables et ne se soucient guère de leurs divergences idéologiques et théologiques. 

Mais les mentors d’armes se servent de la religion (et d’autres mèmes culturels) pour mettre les leurs à part et justifier davantage de brutalité. Ils luttent, souvent jusqu’à la mort d’innocents qui leur sont confiés, bien qu’eux et leurs ennemis déclarés puissent partager la même croyance et les mêmes symboles. Ils rejettent les attaches communes de l'Apprentissage, ce rejet stimulant le conflit dont ils sont tant friands.

Permets-moi de répéter, car c’est important. Les psychopathes de chaque affiliation religieuse se servent de la foi pour justifier leur tendance carnassière. Ils abusent la croyance des non-psychopathes (du combattant volontaire jusqu’au suicidaire à la bombe et leurs supporters) pour multiplier la terreur de dégâts et de pertes. 

Nos idéologies et systèmes politiques sont des sous-produits de l’aveugle foi humaine : la progéniture bâtarde d’anciennes religions d’armes. Ils illustrent convenablement l'antinomie d’armes et de paix. Il ne reste qu'à remplacer le verbiage des vieilles croyances avec le jargon idéologique contemporain et observer les mêmes contradictions se manifester, alors que des maîtres d'armes et de paix se désagrègent comme de l’huile et du vinaigre en émulsion et puis cohérent autour de leurs préconçus respectifs. Constate que l'antinomie d’armes et de paix reste soigneusement négligée donc intacte. 

 

Pour des techniciens d’armes comme nous, la religion est une obligation collective qui prend racine dans l’obéissance sociale. Elle est cérémonielle, objective, conformiste, réductive, répétable, flegmatique, reconnaissable et rationnelle ; la folie lui est répugnante. Les religions traditionnelles professent un scénario bien établi, facilement mémorisé et analysable. Elles s'efforcent de retoucher la superconscience collective en y imposant leurs mythes, dogmes et préjugés. 

Ces pratiquants cérémonieux ont tendance à être compulsifs, sévères, liés au temps, historiques, archivistes, opaques, absolutistes, simplificateurs réagissant selon formule, linéaires, rigides, menaçants et dépourvus d'humour. Ils accentuent la forme, la structure et la mode de transmission : « Notre médium, c’est le message. » Les gérants d’armes chipent les plus riches et séduisants des symboles religieux, devant lesquelles tous doivent se courber. Ceux-ci firent assez souvent partie des religions percusseuses mais présentement bannies et oubliées. Les hiérarques religieux repoussent le sacré comme tel. Ses manifestations dans le monde réel leur sont épouvantables car elles échappent leur contrôle et les exposent comme des pitres en robe.

Qu’une petite poignée de prophètes, disparus depuis, a pu éprouver l'émerveillement du sacré. Nous autres, les non élus, devons nous contenter de formations religieuses obligatoires, sinon de rien. La plus absolue notre soumission à cette absurdité, le mieux l’aboutissement pour des religieux traditionnels. 

 

Quant à la conscience primale, tout lui est sacré. Ses rituels et cérémonies servent à rehausser l’émerveillement du sacré : ce qu’un témoin clairvoyant peut entrevoir à chaque moment de sa ronde journalière, voire dans ses rêves de jour et de nuit. L'adoration du sacré est un don particulier ; elle est enracinée dans la conscience de soi, subjective, non formulable, passionnée, intime, dramatique, chaotique, adaptative, situationniste, transcendante, poursuivi en rêves et accélérée par la drogue. Cela frôle à la folie : canal de naissance au sacré réservé à un petit nombre d’individus bien désignés et tourmentés (chamans et chamanes.) Elle est souvent transmise sans mots par musique ; par la danse comme pratiquée chez les soufis, les Indiens américains, des Africains et d’autres ; et par d’autres indices sensoriels et extrasensoriels. En général, les religions sacrées sont obsédantes, créatives, naturalistes, persistantes, cumulatives, magiques, pragmatiques, anecdotiques, spontanées, holistiques et taquines, des fois jusqu’à la malveillance. Si possible, elles s'efforcent d’exploiter la superconscience collective, mais non la réécrire.

En ce qui concerne ses pratiquants, qui oserait imposer de telles contraintes sur le Sacre infini — à part des religieux enrégimentés à vie ? A leur encontre, ces autres accentuent le contenu, la signification et les séquelles de leur poursuite du sacre. « Le Message est. »

 

La foi humaine a subi une entropie écrasante aux mains de sociopathes en étant dépourvus, quoi qu’ils soient les gestionnaires de religions organisées. Elle a dégénéré d'un état de vénération et d’exaltation partagée de tous, en embouteillages d’inventions baroques et pareillement ridicules, chacune encore plus incompatible, exclusive et obligatoire. La seule justification qui reste pour les religions contemporaines, c’est la technologie d’armes qu’elles ont pondue pour répandre leur vide de sens et le défendre. 

Chaque nouveau dogme d’armes se rend encore plus cruel, arbitraire et nocif que ses prédécesseurs. Il n’entend plus son hypocrisie et s’immunise contre toute amélioration. Les habitudes de ses praticiens, de contre-pensée inertielle, simplification grossière et répétition de routine, peuvent être passivement neutres ou activement vicieuses selon l’importance accordée à l'ignorance et la misère sous leur régie. Ces fanatiques méritent mépris, incrédulité, ridicule et pitié dans la même mesure que leurs nombres, ferveur, pouvoir et puissance de feu. Cette religion s’invalide d’office, autant elle-même, que ses adhérents crédules, en absolvant la brutalité de masse. 

A vrai dire, les religions de masse obscurcissent notre perception du sacré. Elles peuvent étouffer l’émerveillement du sacré et en détourner la majorité, mais non le remplacer. Il n’est pas étonnant que tant de monde ne croit plus en rien ces jours-ci, sauf quand la mort ou la misère plénière leur approche ! Les cultes contemporains opèrent sous la présomption qu’ils ne pourraient fleurir que dans la misère et l’ignorance qu’ils cultivent parmi leurs croyants, non dans la compréhension et l’abondance qu’ils rejettent comme profanes. 

En vérité, c’est le cas inverse.

Des meilleurs rites et formules confessionnels amplifieraient notre perception particulière du sacré sans en rendre dol. Il nous manque ce sentiment de merveille d’un temps perdu hors duquel nous avons exilé nos âmes. Ce dont nous aspirons, c’est une ancienne sagesse beaucoup plus profonde que les dogmes cérémonieux d’élaboration plus récente, celle qui les justifierait comme rien d’autre n’en serait capable.

En attendant, nous devrions pouvoir témoigner de notre Dieu ou pas, porter et présenter nos symboles de culte ou les récuser, n’en être ni interdits ni forcés, pourvu que ce soit en révérence privée, avec respect pour les croyances d’autrui en public et toujours tranquillement et sans menace. Cela ne pourrait advenir sans rancunes et contradictions traditionnelles qu’au monde paisible : là où la religion paisible est sacrée et celles mondaines n’ont plus d’emprise.



 

- CE QUE JE PENSE DE LA RAPTURE, MON POTE –

 

L’expression « rapture » ne se trouve ni dans les versions coutumières de la bible, que je sache, ni dans ses écritures d’origine. Quelques références bibliques reflètent quelque chose de semblable (surtout dans 1 Thessaloniciens 4 : constate le flou typique de l’apôtre Paul.) Mais elles manquent assez de lucidité pour justifier prophétie méritoire. Cela n’a jamais fait partie de sérieuse scolarité biblique, mais du détournement des croyants par quelques méchants.

« Rapture » ça résonne comme si d’être happée comme une souris par un rapace : ce qui advient foncièrement à chaque croyant innocent qui admet une telle fourberie.

 

Jésus admit qu’Il ignorait l’heure de Son Avènement, que seul Son Père le savait. Il nous avertit de faux prophètes qui oseraient le prédire (Marc 13.) Personne ne s’en rendra compte, avant Son arrivé.

Mettez une épave en marche et appelez ça la bonne nouvelle. Bourrez autant de crédules à bord que possible, à destination malencontreuse. Favorisez ou pas ce marivaudage, vous autres fondamentalistes sournois ; j’opte pour autre chose.

Matthieu 24, dans la Bible de Sacy

36 Quant à ce jour et à cette heure-là, personne n'en a connaissance, non même les anges du ciel, mais seulement mon Père.

37 Et il arrivera à l'avènement du Fils de l'homme, ce qui arriva au temps de Noé.

38 Car comme dans les derniers jours avant le déluge les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient, et mariaient leurs enfants, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche ;

39 Et qu'ils ne connurent le moment du déluge que lorsqu'il survint et emporta tout le monde : il en sera de même pour l'avènement du Fils de l'homme.

40 Alors de deux hommes seront dans un champ, l'un sera pris et l'autre laissé.

41 De deux femmes qui moudront dans un moulin, l'une sera prise et l'autre laissée.

42 Veillez donc, parce que vous ne savez pas à quelle heure votre Seigneur doit venir.

43 Car sachez que si le père de famille savait à quelle heure de la nuit le voleur doit venir, il est sans doute qu'il veillerait, et qu'il ne laisserait pas percer sa maison.

44 Tenez-vous donc aussi, vous autres, toujours prêts ; parce que le Fils de l'homme viendra à l'heure que vous ne pensez pas.

45 Qui est le serviteur fidèle et prudent, que son maître a établi sur tous ses serviteurs, pour leur distribuer en bon temps leur nourriture ?

46 Heureux ce serviteur, si son maître à son arrivée le trouve agissant de la sorte.

47 Je vous dis en vérité, qu'il l'établira sur tous ses biens.

48 Mais si ce serviteur est méchant, et que disant en son cœur, Mon maître n'est pas près de venir ;

49 Il se mette à battre ses compagnons, et à manger et à boire avec des ivrognes ;

50 Le maître de ce serviteur viendra au jour qu'il ne s'y attend pas, et à l'heure qu'il ne sait pas :

51 Il le séparera, et lui donnera pour partage d'être puni avec les hypocrites : c'est là qu'il y aura des pleurs, et des grincements de dents. 

 

Une grande partie de la Rapture se déplia dans presque deux semaines. Elle ronronna assidûment alors que des gens disparurent par uns et par deux … ici et là, de temps en temps.

Les disparus ne furent d'abord que des sermonneurs à la radio et des télé-évangélistes qui crevèrent le tympan le plus. La nouvelle année débuta un dimanche. La plupart des ondes saccadèrent en silence ; des sermons radiodiffusés se sont tus à mi-fourberie. Une carte de test à la télé bloqua posément des appels incessants pour encore plus d'argent, de bigoterie et d'exclusion au nom du Christ. 

Les églises se sont vidées quand leur prédicateur Disparut et ses ouailles se sont sauvées en panique. Ce ne fut qu’ensuite qu’ils comprirent ce qu’ils ont fui. Soit leurs nombres en décroissance, ils sont revenus et ont ardemment prié. Nombreux ceux restés à prier et demeurés en priant. Seulement certains furent Choisis pour Disparaître. 

Vois-tu, il fallait avoir un penchant singulier pour être Choisi. L’on dut d’abord prôner son propre salut, puis aspirer sans pause ni remords à balancer le restant du monde dans un puits d'enfer ; enfin prédire l’arrivé du Christ : cela impossible pour Lui selon Ses propres Paroles, non moins pour un quelconque loup en pelisse de mouton, un blasphémateur mortel brandissant son Évangile. 

Dieu seul sait l’heure du Retour de Son Fils, Lui seul peut le prononcer. Le Christ en dit autant de façon catégorique ― aucun humain crasseux ne peut Le contredire.

Jésus dit que Dieu pardonnera tous les péchés à part le blasphème contre le Saint Esprit : le Consolateur qu’Il nous laissa en attendant Son Retour (la connaissance du bien et du mal, peut-être ?). Quoi d’autre croirais-tu l’être, à part ce déni ? Seuls des sociopathes y risqueraient autant. Redoutez leurs propos et esquivez-les.

Quant à l’exile des juifs et leur retour dans la terre promise : eh bien ! Cela s’est répété fort souvent dans l’histoire et pourrait recommencer dans les millénaires à venir, selon Son souhait, sinon plus jamais. Aucune indice certaine là-dedans, du Retour. 

Faux prophètes ! A genoux devant vos ouailles et suppliez leur pardon de votre mensonge évident, formellement interdit dans la Bible ! Les restants, brebis de Dieu, n’écoutez plus leur blasphème ! Soyez toujours parés pour Son Retour (semblable au voleur dans la nuit) mais plus jamais trompés par la clameur indue de Son imminence.

 

La plupart eut des difficultés à concilier les commandements de Jésus : aimer ses ennemis, ses voisins comme soi-même et mourir pour ses amis ; avec l'idée que la majorité des âmes éternelles n’étaient que de l’ordure largable. Cette espèce de différenciation nécessitait de fortes clairvoyance et résolution, un manque incomparable de bienfaisance et un ego géant : des talents extraordinaires dont disposaient seulement quelques-uns.

Les églises furent d’abord bourrées de gens ; de longues queues serpentèrent autour. Elles se sont vidées par la suite. Les restants ont renoncé et ramené leur famille en maison, aussi tristes que des gosses exclus de la recrée.

 

Des individus ont simplement Disparu. A un moment, ils étaient là, causant de bêtises sordides ; de suite après, ils ont disparu. Certains ont grimacé comme si grippés par une crise cardiaque, d’autres ont haleté comme si pour crier, puis ont Disparu. Des témoins ont rapporté qu’un bruit fugace se fit entendre quand la pression atmosphérique remplit le petit vide de leur Balayage au loin. On a reniflé ensuite quelque chose comme la décharge d’un pistolet aux amorces, vaguement sulfurique... 

Ceux Choisis ont semblé plus à l'aise quand ils se volatilisèrent à haute altitude. Des gens Rapturés en avion ont souri puis disparu, du moins selon les passagers restants. Quelques avions se sont écrasés quand tous à bord furent Balayés au loin. L'emballement d’avions Lear Jet est devenu routinier. La plupart des vols civils ont atterri sans accroc avec un copilote ou autre volontaire aux contrôles, pareillement secoués.

Ils ont Disparu un peu plus aisément du haut de grands bâtiments, aussi comme alpinistes en montagne ― sinon c’est ce qu’on nous reporta. Denver, Lhassa, La Paz, Cuzco, Quito : des lieux typiques de départ agréable. Sur ce, des évangélistes exaltés ont recueilli leurs affaires et se sont précipités dans les collines, d’où beaucoup ne sont pas revenus. Les meilleurs sont rentrés chez eux, découragés d’avoir été Laissés. D’autres ont fait attention et se sont mis à camper sur le toit. Personne ne les fit descendre et peu l’ont tenté. Alors que certains Partirent, ceux restant, les meilleurs, furent délaissés.

 

Dans quelques heures, l'aile droite fut amputée du congrès des USA et des législatures d'Etats. Le parti Republican sombra ; les Democrats, à peine mieux. Les quarante-cinq restants au Congrès se sont réunis en session d’urgence pour nominer des remplaçants provisoires. La moitié de la cour suprême s’en est Allée, ainsi que la plupart des juges fédéraux : tous des réactionnaires sûrs. Le bureau ovale de la maison blanche se vida, ainsi que les bureaux feutrés des lobbyistes et des désignés politiques. 

Selon des règles d’urgence, une secrétaire (ministre) assistante du département des services sanitaires et humanitaires s’est assurée de la présidence en attendant des élections d'urgence. Cette doctoresse, une franche agnostique du nom de Dean, allait bientôt être virée par le titulaire contemporain, car elle remuait trop d’ennuis sur la planification familiale, l’assurance universelle de santé, la malnutrition et les pollutions corporatives. Plus personne ne resta supérieur à elle et personne ne s’en est plaint. Bientôt élue présidente, elle s'avéra tout à fait satisfaisante dans sa nouvelle fonction, de loin préférable à la douzaine précédente.

Les militaires se sont figés au DefCon 1 mais n’ont trouvé personne à nuquer. La plupart des bunkers de contrôle des fusées se sont vidés, comme les bureaux du Pentagone. Seulement quelques cadets traînèrent dans les académies militaires, guère mieux équipées que celles de la garde côtière, de la NOAA et de la marine marchande. La plupart des collèges militaires privés sont devenus des villes désertes ; les quelques cadets restants ne s'y sentirent plus à l’aise de toute façon et rentrèrent chez eux. Les vaisseaux de guerre sont revenus en port d’attache avec des équipes de squelette. Des chasseurs-bombardiers plongèrent du ciel comme des moineaux par-dessus un volcan actif. Les militaires américains, ceux qui restaient, rentrèrent d’outre-mer. Cette opération prit deux mois et se conclut sans pertes au combat. Des deux côtés, des gangsters à la gâchette facile s’en allèrent.

L’antenne Fox News disparut des ondes avec d'autres filiales d’actualités. Les commentateurs réactionnaires s’en sont Allés, qui transmettaient par radio d’amplitude modulée. Des cadres de média et hôtes d'entretiens télévisés ont Disparu (devine lesquels.) Les journaux principaux ont cessé temporairement de publier, à la recherche de nouveaux employés et publicitaires. Plus personne ne resta pour réclamer « équilibre et objectivité journalistique » et rendre ainsi hommage obligatoire au mal. 

Au fond, si l’on souscrit aux mensonges et beugla assez fort pour la haine et l’avidité, on s’en fut Allé. Si l’on trouva l’Autre assez effrayant pour prêcher son massacre, pareil. Si l’on eut tué, tourmenté et privé quelqu’un de subsistance autrement que par accident, sinon persisté à cela par accident... tu me comprends.

Dans leur univers fantasque, beaucoup de ceux Balayés par la Rapture eurent déjà sacrifié à l’Armageddon chacun d’autre sur terre, puis à leur damnation éternelle. L’éducation en masse de bonne qualité ? La salubrité écologique ? Paix et justice pour des étrangers délaissés ? Pourquoi s’en énerver ! Le monde ne fut-il pas le cendrier de Dieu ? Ne serait-Il pas capable, dans Son propre temps, de purifier toute la crasse et l’horreur de l’entassement humain institué par la chrétienté pour précipiter Son Retour ? En ce qui les concerne, tous ceux exclus de la Rapture ne furent pas plus valables que de l’ordure en décomposition. 

Quoiqu'ils eussent parfaitement raison quant à leur Balayage au loin, la terre et tous ceux Laissés ont certainement tiré profit somptueux de leur départ. Bien sûr, des désastres et des signes dans les cieux ont crépité, ainsi que des guerres et des rumeurs de guerre, comme depuis toujours. Rien de prophétique là-dedans. Toutefois, avec étonnante facilité, les choses se sont copieusement améliorées pour le restant du monde.

 

Qu’est-ce qui advint à ceux Saisis par la Rapture ? Qui s'en fiche ? Bon débarras !

Le plus drôle ? Ce n’étaient non seulement des chrétiens fanatiques qui disparurent. Des musulmans, eux aussi. Certains s'étaient plaints qu'il n'y avait plus d’Islam authentique et qu'ils furent les derniers vrais croyants en Allah. Leurs voisins ne leur semblaient que des hérétiques pro-occidentaux, affectueux d’ordures et propres à rien que l’exécution par jihad. Les disparus eurent tendance à s'accrocher au wahhabite, à la Salafiya et à d'autres dictatures dévotes, prêchant le meurtre de masse pour la plus grande gloire d’Islam. 

Soit Saoudien ou Texan, ces gros propos et propre-à-rien ont disparu. Des petits papiers ont flotté à la dérive dans le vide poussiéreux de madrasas talibans et de cours de christianisme fondamentaliste, les élèves desquels errèrent en maison quand leurs maîtres de bigoterie disparurent.

C’était pareil pour les fidèles hindous et bouddhistes : nationalistes fanatiques, démolisseurs de mosquée, incendiaires de bibliothèque, chefs de lynchage : tous disparurent. Plus personne ne resta pour rendre blâme aux minoritaires quant à chaque problème social et le résoudre par nettoyage ethnique. 

Il ne resta plus personne, ni en Inde et ni au Pakistan, passionnément inquiet de l’indépendance du Cachemire. Par un magnifique après-midi typique de ce beau pays, les Cachemiris ont levé leur nouveau drapeau national devant le centre gouvernemental à Srinagar. Personne n'ouvrit le feu, même pour célébrer (cela un triste manque de discipline .) La même chose eut lieu au Sri Lanka : les brandisseurs de pistolet disparurent et la paix éclata en leur absence. D'un bout à l'autre du sous-continent, il y eut la paix. Les gens ont accepté d'être en désaccord et même de temps en temps en accord.

En Cisjordanie, à Bethlehem et dans Jérusalem Este, les nouvelles colonies juives se sont transies en villes fantômes. Studios interculturels de propagande audiovisuelle, fabriques de bombe et classes d'infiltration se sont vidés. Des hélicoptères d'attaque se sont écrasés vides, sans lancer leurs missiles Hellfire (feu d'enfer) dans la foule civile. Des bouteurs blindés se sont calés sans conducteur dans leur carlingue à l'épreuve de balles. Les soirées de vendredi, peu de croyants sont revenus du Mur des Lamentations ou de la Mosquée du Temple. Les autobus ont repris leur ronde tranquille et la vie de rue israélienne, ses soirées un peu plus fraîches. Le grand mur fut réduit en mélange de pavé routier et les sinistres points de contrôle furent tous démolis. L’Etat palestinien se rendit en actualité, comme si de rien n’était. Tous sont rentrés chez eux, ayant appris à pardonner les maux antérieurs. La vie continua de toute façon.

En outre, plus personne ne rêva de réduire en creux de verre radioactive des villes comme Jérusalem, Beyrouth, Alexandrie, Le Caire, Amman, Damas, Bagdad, Téhéran, Alep et d'autres crèches de civilisation. Ni des juifs, ni chrétiens, ni musulmans d'aile droite n’ont plus prié qu’une pluie nucléaire se brise sur les autres. Plus personne ne fut assez fanatique paranoïde-schizoïdique pour puiser leur réalité du livre de révélation ; plus jamais n’y eut-il d’administrations américaines assez démentes pour tordre en actualités leurs cauchemars bourrés de haine.

L’animosité cessa entre musulmans sunnites, chiites et supposés hérétiques. Vivre et laisser vivre. Obéir le Coran et établir la paix tel que Mohammed l’enjoignit. Point, à la ligne.

Beaucoup de rabbins orthodoxes et conservateurs sont Partis, ainsi que la plupart des néo-Sionistes. Les juifs restants ont dû se satisfaire de rabbins reformés, tant peu des autres restaient ! Fatah, Hamas, Jihad islamique ? De l’antique histoire palestinienne. La résidence du Vatican se vida (à part le bon Pape et ses copains) avec la majeure partie du collège de cardinaux : le sacerdoce catholique fut réduit en moitié. La conférence méridionale des baptistes américains disparut. Les églises évangéliques rurales sont devenues des choses du passé. Les hiérarchies chrétiennes orthodoxes ? Celles bouddhiques ? Protestantes ? Aucune ne fut épargnée.

Les athées ne furent pas moins atteints. Le comité central chinois s’est rendu en central chinois de rien. Pékin et d'autres villes en Chine furent Balayés d'indicateurs et de police politique. La Place Tiananmen devint un forum politique où n’importe quel passant put discourir à haute voix, debout sur une caisse à bouteilles comme à Piccadilly Square Londonien. Les Chinois se sont confirmés comme des démocrates superbes, une fois que la crapule fut arrachée de leur dos. L'on s’est finalement rendu compte que chaque Restant était encablé pour la démocratie. 

Le pouvoir politique et militaire Disparut de la Corée du Nord. Après avoir obtenu assez de nourriture, débarquée aussi vite que des cargos ont pu se décharger, ses citoyens ont fait sauter leurs munitions, démoli leurs armes conventionnelles et nucléaires, et rempli leurs fortifications ― tout ça le sourire aux lèvres. La Corée du Sud s’est désarmée dans le temps qu’il fallait pour se débarrasser de toutes les mines explosives à la frontière et construire des autoroutes et des lignes ferroviaires au travers. Des grands-mères ont monté la garde sur la frontière, humiliant les combattants des deux côtés au point de leur faire rentrer chez eux. La tâche ne fut pas difficile.

Sans exception, les Khmer Rouges ont Disparu. Le Vietnam s’est libéré de ses libérateurs. Les Colombiens et Vénézuéliens ont découvert combien plus la paix était agréable pour changer un peu. Adoucis, les Africains et les Sud-Américains ont lâché de profonds soupires et se sont remis à construire. On n’entendit plus de tirs dans les jungles du Congo ni autour des Grands Lacs, ni dans les déserts qui cessèrent de s'étendre. Les bâtiments gouvernementaux se sont vidés à Khartoum, ainsi que les bureaux internationaux des fascistes pétroliers qui les soutinrent. Une mère soudanaise pouvait rentrer chez elle en toute sécurité, après avoir obtenu de l’eau et de quoi nourrir le feu. Plus un seul « technicien » à Mogadishu ni plus de journées de tirs ni là ni ailleurs. 

La même chose eut lieu partout dans le monde autrefois communiste où grouillèrent des tyrans infects. seigneurs de drogue, kleptocrates et brutes fanatiques. Tous disparurent des centrales du Parti, des chambres de torture et des blocs de prison. Leur disparition fut indépendante de striure et de foi : soit des initiés politiques, des gros bras mafieux, des skinheads nazis ou des voyous guérilleros. Être de confession Nazie, c’était de s’en être Allé. 
 
 Dans quelques brefs mois, la terre s’est transformée au-delà du reconnaissable.
 
 Aux USA, le mariage gai, l'avortement sur demande et de robustes initiatives d’opportunité égale furent tranquillement légiférés puis oubliés. Personne ne les disputa. On pouvait brûler le drapeau sinon le brandir fièrement ; personne ne s'en inquiéta, du moins pas assez pour violer des droits civiques. La réforme du financement de campagne électorale fut rapide et draconienne, approuvée sans dispute aux deux chambres du Congrès. 

La planification familiale fut subventionnée à travers la planète, contrairement à son interdit aux ordres de rassemblements de génies de sottise. Peux-tu croire qu’aucune organisation mondiale ne fut autorisée à installer des cliniques de planification familiale partout au monde ? Qu’il n’y eut que quelques salons de causerie charitable comme ZPG (Croissance démographique zéro) très dépensiers et pour autant modiques ?   

Les subventions militaires furent diminuées à la centième partie de celles d’avant la Rapture, ainsi que l’assistance publique aux corporations et aux intérêts. Tant bien que mal, on s’est trouvé mieux nanti et sécurisé qu’auparavant. 

La prière à l'école, c’était quelque chose à méditer tranquillement dans sa tête, de manière civilisée. Jésus remplaça la prière en public et en église par celle du Notre Père en chambre close chez soi. Ses propos dans Matthieu 6 ont été obéis à la lettre, maintenant que les théocrates de dissipation militaire s’en furent Allés, qui rendirent mauvaise mine au Christ et détournèrent presque tous de Sa Voie, présentement évidente à tous.

 

L'Amérique se rétablit en moteur économique du nouveau millénaire : brillant fleuron d’Apprentissage et de développement infrastructurel et environnemental, après des générations de négligence impardonnable. 

Dis-moi. Sommes-nous bien au troisième millénaire après la naissance du Christ, et non piégés dans un perpétuel Age sombre sous la régie d’ignares sadiques ?
  

C’est sans grande surprise que la même chose se reproduit ailleurs. Les régions les plus démunies du monde ont revendiqué un train de vie davantage salubre, juste et confortable que ceux les plus riches avant la Rapture. Un âge d'or d'études... Les écoles publiques ont recueilli tous et toutes… tout le monde ! Et obtenu plus qu'assez de financement pour satisfaire leur mandat. 

On s’est demandé ce qu'avait été le problème, puisque les solutions étaient si simples et évidentes...

 

Les prisons se sont vidées. Ou bien on avait vraiment dû servir sa peine au-dedans ― sur ce, on s’en était Allé ; sinon, (le cas pour la plupart des prisonniers) leur « crime » sans victime ne requit aucune peine pénale. Dans ce cas, les monstres humains qui les avaient flanqués dans cette galère ont disparu, et ceux-là ont pu rentrer chez eux. Quelques petits larcins restants dans ces communes carcérales désuètes ont cultivé des herbes à fumer avec les meilleurs de leurs anciens gardiens.

Ceux recueillis par la Rapture ont à peine additionnée à quelques millions tout au plus : moins d'un sur mille des êtres humains. Les gens normaux, comportant des forces et des faiblesses normales et une gamme correspondante de péchés, n'en ont eu rien à voir. Ce n’étaient que des détraqués exceptionnels qui se firent Attraper vers le Haut. La population mondiale chuta toutefois doucement dans les décennies avenantes, par consentement universel. Les nouveau-nés sont devenus des ajouts rares et bienvenus ; plus jamais aussi dédaignés que de la poussière.

La multitude s’est rendue judéo-bouddho-indou-christo-musulman : un amalgame coopératif des joyaux de toutes les croyances : le chemin évident pour ceux souhaitant pratiquer leur foi mais exécrant les conflits organisés des religions de masse. 

Après tout, Dieu peut se manifester comme Allah, Krishna, chaque Dieu, aucun d’eux, puis rien du tout, puis tout, et puis n’importe quelle autre fantasme ― le tout en même temps, les mains liées dans le dos, pour ainsi dire. Dieu est GRAND, vois-tu ; ni petit, ni moisi, ni de la restreinte d’esprit du fondamentaliste typique. Aucun Demeurant ne souhaita le disputer. 

Divers fondamentalistes auraient combattu jusqu’à la mort (d’autrui) pour que cela n’arrive jamais, mais ils furent hors de jeu à présent. Personne ne demeurait pour exploiter la foi humaine pour sa solde de charité détournée, prêcher la blessure corporelle pour sauver l’âme, et donc rendre mauvaise mine à la religion. 

Les athées, eux aussi, ont eu grand embarras à inciter de l’enthousiasme, puisque quelque chose dût avoir provoqué la Rapture. Chacun découvrit sa part dans l'amour de Jésus Christ … ainsi que les fondamentalistes n’ont jamais prévu ni su partager honnêtement (voir Matthieu 6-5.)

 

Les grandes sociétés d’entreprise se sont effondrées : leurs fonctionnaires principaux disparus. Les gens n’ont acheté que ce dont elles avaient besoin et n’ont vendu que ce qui leur était nécessaire : ni plus ni moins. La qualité de la production ne figurait plus comme plongée en médiocrité bâclé ; la maîtrise artisanale devint point d’honneur.  Les publicités disparurent, pour la plupart, avec leurs versements. 

La télévision s’est rendue spontanément fascinante. Imagine ça : de la programmation astucieuse sans arrêt sur toutes les fréquences ! Le Q.I. planétaire s’est redoublé pratiquement d’une nuit. L’écoute de bonne musique pour des heures de duré, de dialogue pensif et de cours sur n’importe quel sujet ― plus jamais des propos vides, interrompus par des chansonnettes en résidu et des publicités incessantes.

Aussi doucement que certainement, nous nous sommes mis à replanter Eden. On pouvait cultiver des plantations de pin écossais (Pinus sylvestris) dans la latérite nue de forêts tropicales dépouillées. Ces plantations ont attiré des oiseaux et des bêtes et leur crotte remplie de graines. Des millions de plantations telles se sont répandues, comme conçues par la communauté de Gaviotas. La jungle se rétablit spontanément.

Des bosquets de chêne sacré ont été replantés dans tous les domaines que les premiers êtres humains favorisèrent. La purée de marron soutint la vie quotidienne, de l’âge de pierre jusqu’à celui de bronze. Les anciens Grecs et leurs contemporains à travers la planète, et plus tard des monothéistes primitifs, ont scié et brûlé au rat les bosquets de chêne de leurs ennemies. Au nom de la loyauté d’armes, tous ont exécuté leur maximum de profanation environnementale. Cela, l’esclavage et le meurtre de masse ont plus ou moins définie la terre en armes de l’âge de bronze jusqu’à la Rapture. 

Bientôt, l’application agro-industrielle de la terra preta a succédé celle des engrais minéraux et entamé la restauration des sols mondiaux, favorisé à son tour par l’optimisation des colonies microbiologiques dans l’agriculture et la sylviculture.

Les périlleux réacteurs nucléaires furent remplacés par une technologie propre et fiable car alimentée au thorium.

A travers la planète, les pauvres ont découvert qu'ils pouvaient bâtir une demeure fraîche en été et chaud l’hiver, à l’épreuve aussi des tremblements de terre, au moyen de dômes de Roumi fabriqués à leur propre compte avec des briques de terre cuites en four solaire. Personne ne dut demeurer sans abri, maintenant que tous les pilleurs de maison s’en étaient Allés et que Nader Khalili nous démontra un meilleur dispositif.

Partout sur son périple, un voyageur las pouvait frapper à la porte et s’attendre au bienvenu, à un bon repas et de l’eau propre. Partout sur terre, des braves fermiers pouvaient cultiver leur récolte bio avec de bonnes eaux plus jamais polluées par erreur humaine.

Ce que l’homme n’accomplit jamais (plein la bouche d’excuses de cœur vide) Dieu l’acheva tout seul. Lors de cette ultime révolution, les tyrans furent Renvoyés et les doux ont hérité de la terre ― sans répand de sang, à l’heure prévue, comme promis. Chacun s’est réjoui de grâce, prospérité et liberté recouvrées. Personne ne s’attrista de la disparition de ces fanatiques ― à part leurs mamans et gosses, les rares restants.

 

Même à ce point, je crains ne pas avoir différé suffisamment de ceux Choisis, pour être épargné de leur sort. Moi aussi, je condamne des individus que je dédaigne et crains ; moi de même, je compte sur Dieu pour m'accorder le salut tout en leur niant la même chose. 

S’il Te plait, Seigneur compatissant, ne me condamne pas à passer l'éternité en leur compagnie ! Une fois que je meurs, cette fois-ci, que je ne croise plus jamais des Republicans a vrai dire Répugnants! Ce monde d’immondices qu’ils dominent, ce n’est qu’un tourment momentané ; l’autre scène serait l’enfer incontestable.  

La justice de Dieu doit certainement…
 
 [Ces notes trouvées sur un toit abandonné.]



 

- POLITIQUES D'IDENTITE –

 

Laisse-moi d’abord m’enterrer vif en ma propre identité politique, ne serait-ce que pour contourner l’obligatoire exposé et simplification de soi auxquels tout le monde s’attend.

Si tu es assez passionnément voué à ta position d’identité pour dénigrer celle d’autres, tu peux me désapprouver comme un autre sale américain male: riche, blanc, vieux et invariable. A la trappe, de par ma chandelle verte ! 

Si tu te fiches autant que moi de mes particularités, saute donc à ma discussion des politiques d’identité en général, bien plus intéressante au moins pour moi.

 

Bientôt disparu dans plus ou moins les décennies que tu anticipes, sans doute, alors que je les contemple du revers.

Riche : réclamant plus ou moins 90% de la richesse globale que nous au ras des pâquerettes devrions partager globalement, mais n’en parvenons jamais car nous persistons à nous chamailler sur nos précieuses positions d’identité. Nous pourrions au lieu coopérer contre la colossale mentalité d’armes. Elle ne s’égare jamais dans ces fadaises sauf pour mieux nous arnaquer, nous désunir et mettre en marche les enfants pour périr.

 Il était une fois, les riches valurent leur maintenance en assurant le bien-être de subordonnés : c’était leur point d’honneur et justification de gérer, même si le plus souvent enfreints. 

Depuis l’ascendance politique du narquois Ronald Reagan, ils ont mené guerre économique contre nous. Tout en le niant, ils ont écrémé tous nos bénéfices : gains de salaire, épargnes de toutes sortes : argent solide, actions vigoureuses et hypothèques fiables ; sécurité d’emploi, gestion compatissant, protections du mouvement ouvrier et des prestations de la retraite ; soins abordables et santé publique rehaussée ; opportunités éducationnelles pour les jeunes et les vieux ; innovations technologiques hormis celles triviales ou létales ; infrastructure fiable et belles villes ; agriculture et faune stables ; contrôle du crime, justice et sécurité pour tous ; relations extérieures stables et planète paisible ; climat doux ; économie stable et fructueuse ; et gouvernance fiable à chaque échelon.  Tous réduits, un par un, a l'encontre de la nouvelle donne (New Deal) de 1933-39.

Pour bien ancrer cette dictature kleptomane, ils se sont servis de politiques identitaires. En simple, diviser pour régner. 

Tôt ou tard, quelque part au monde, une nouvelle flambée de mentalité d'armes fera incendier demeures et disparaître victimes. Que ce soit à l’échelle transcontinental aux armes nucléaires et scalaires, à coups de mortier et de blindée en région, par répression politique et terreur policière en ville, ou à coups d’émeutiers, de brûlot et de maaachehtte en toute intimité : prends ton choix.

Quelqu’un écrit : « Si le pétrole s’épuise à Londres et coupe ses camions d’alimentation, la ville se transformera en Darfour en quelques semaines. » Le semblant se reproduirait partout ailleurs où l’on se ravitaille au supermarché ― les corbeilles à pain du monde incluses. 

 

Je m’avoue confortablement situé sinon riche. J’ai rédigé ce livre par amour artistique de sa douce contrainte et parce que je n’ai pas pu trouver son semblable ; mon entreprise manquant de partenaire d’ouvrage et de mécène. J’ai bossé sans grand enthousiasme à des fonctions accessoires tant qu’il me l’eut fallu. Les meilleurs boulots sur la terre en armes nous engagent à écoper le Titanic avec un seau de sable au lieu d’une passoire. J’ai goûté des loisirs d’adulte sans sous ni soucis quand je fus assez jeune et aventureux pour les apprécier. Ceux de longue durée sont précieux pour les jeunes victimes des premiers transports de l'amour et pour faire pousser des bébés. Pour les vieux, c’est un peu comme les funérailles : au bénéfice de l’entourage plutôt que l’invité d’honneur. 

Si je n’avais pas été tellement nanti, je n’aurais pas pu te présenter ce texte gratis. D’habitude, les pionniers de découvertes importantes ne sont ni affamés, ni riches de manière obscène, ni dépendants sur leur invention, ni parés à la compromettre pour gagner leur pain.

 

Blanc : bien qu’incorporant les mêmes cinquante millions de gènes que tous partagent. Sur la fiche officielle, je préfèrerai me designer « race : Autre. » Je ressens une forte ruée « rush » dans cette désignation. Toutes les races humaines me sont apparentées ; personne ne reste en-dehors. Je fête les errants gènes bantou, maya, berbère, mongole, bushmen, etc. (ainsi que ceux d’algues bleues-vertes) qui ornent mon génotype. La progéniture métisse est la plus endurcie, comme tout bon fermier t’affirmera. Va confirmer ça chez un pissenlit.

Je suis all-American, c’est à dire, mi-Français, Allemand à vingt-cinq pour-cent et Irlandais au quart. Mes parents sont nés à Madagascar et dans Queens, New York ; et moi, à l'hôpital américain à Neuilly. En d’autres mots, je suis hybride Yankee Doodle, internationaliste cosmopolite et fier de l’être ! 

J'ai passé ma vie d’adulte en supplice, depuis l’assassinat de Kennedy et la guerre au Vietnam agencée par ses assassins, à me demander à quel point ignoble la gérance américaine devait se rendre avant de me forcer au maquis, l’automatique au poing ; aussi comme reconnaissant dépendant public (army brat, mon père fut commandant de blindés) et fier commis des Etats-unis. Que de paradoxes dans la vie ! 

 

Quant à mon identité franco-américaine, j’en suis aussi ambivalent qu’envers autre chose. La dernière minorité que des chauvins dans les parages peuvent insulter en public et s’en sortir ― du moins en mon absence. Cette confluence noble et ambitieuse : scions des nations les plus riches et puissantes, les plus réactionnaires et les moins évoluées sur terre … qui résistent le plus résolument contres les traités internationaux de paix, des droits humains et de l’environnement ; refusés à l’appel au lieu d’y servir comme champions. Pépinières des idéaux les plus magnifiques auxquels l'humanité ait aspiré et des perfidies les plus innommables entreprises en leur nom. 

Allemand : Mozart, Kant et Goebbels ; kultur, passion passionnément garrottée, raisonnement byzantin, science et civilisation … et la puanteur sans fin de latrines militaires. 

Puis Irlandais, en fin de compte, pour cuisiner toutes ces fadaises dans un gouteux ragoût Mulligan. 

Homme : coupable comme inculpé, du moins la dernière fois que j'ai vérifié.

Invariable : que ma femme et d’autres demoiselles me rendent heureux, chacune à sa manière !
 
 Sinon, comme je ferais imprimer sur un maillot : 
 APPRENTI :

Ni de cette espèce

Ni de cette planète.
 
 Qu’on me poursuive donc en justice !

 

Aux alentours de mon premier anniversaire, j'ai mâché le cordon d'alimentation de la lampe de mon berceau. Je me souviens de son ornement de grenadier Sendak, si familier depuis. Ce traumatisme est devenu pour moi un vide subit et muet, un éclair noir veiné de rouge. Souvenir indolore, heureusement. Le courant de maison européen a cautérisé un tiers de ma langue, il a réinitialisé mon système nerveux pour de bon. Maman a doucement déploré le fait que j'étais un bébé si heureux avant. La mort de la crèche lui arracha son fils aîné six ans plus tôt; l'enfer lui-même ne l'empêcherait pas de me sauver. J'ai perdu du temps imaginaire à essayer de remplacer son fantôme, au lieu d'agir comme le cadet jaloux et admiratif d'un vrai génie. Il existe une base biologique pour la primogéniture ; les jeunes parents et leurs premiers-nés sont généralement plus forts que ceux plus tardifs.

Depuis lors, j’ai confronté le TSPT, le TDAH, la dyslexie, l’éphémère mémoire à court terme et une sépulcrale absence d’esprit, tous non reconnus comme tels. Malgré la cuisine raffinée de ma mère, tous les aliments sauf ceux riches en sucre m’étaient amers, jusqu'aux édulcorants munitionnés d'aujourd'hui. La dent sucrée de toute ma vie m'a valu le diabète du type II. Les avatars de génétique ou de réincarnation morts de faim peuvent expliquer pourquoi tant de personnes sont obèses ces jours-ci, en compensation psychique ; tout comme les maux de tête de ma première vertèbre rétablie peuvent refléter ma pendaison pendant une vie passée.

J'ai été recâblé pour l'excentricité d’un loup solitaire. Ce corps, ce peuple et ce monde: tous me semblent bizarrement étranges. Tout ici est baroque, sot et triste. Rien ne me permet de me sentir chez moi, même pas mon propre corps. Je ne repose aucune confiance en cet univers. Si la galaxie était ouvertement compatissante comme le souhaitent les bouddhistes, elle se bourrerait de biomasse écervelée mais enthousiaste en un moment cosmique. Imagine des supernovas, des étoiles à neutrons et des trous noirs de chair gaiement empaquetée. La mort, la douleur, le chagrin et la terreur doivent donc prévaloir partout où il y a de la vie, car pourquoi? Est-ce que toute cette douleur est en quelque sorte plus simple, plus gratifiante ou plus propice au mouvement perpétuel?

Nous, les primates, nous pelotonnons autour de nos feux de camp et partageons le peu de chaleur, de compréhension et d'empathie que cet univers tolère pour le moment. La compassion humaine est, vis à vis cet univers impitoyable, ce que la force vitale est à l'entropie et sa mort par la chaleur. Nous tenons la ligne fine et brillante contre les ténèbres enveloppantes.

Ma mémoire est comme un toit dans un ouragan: tout peut s'envoler. J’ai oublié le nom des personnes avec lesquelles j’ai travaillées pendant des années, dans un emploi duquel j’ai pris ma retraite il y a quelques mois. J'interrompe la conversation, non par incivilité mais parce que je dois parler avant d'oublier ce que je veux dire, ce qui m’arrive souvent. Contre les conseils de nouvel âge, je programme ma réponse plutôt que d'écouter plus attentivement. Certains prennent ma démence pour de l’indifférence envers eux, ce qu’ils sont, ou ce qu'ils disent. Ce n’est pas le cas, je suis aussi oublieux de personnes, de choses et de coordonnées spatio-temporelles que j’apprécie, que de ceux que je n’aime pas ou ne connais pas, sinon qui ne me préoccupent pas. Je m'écris des notes, mais comment indexer et récupérer cette rafale de rappels aléatoires? Pour tous nos gadgets et pixels, nous sommes bien maladroits avec nos données !

À l’école, je fus qualifié « intelligent mais paresseux » et j’ai descendu à route libre de 15 sur 20 faciles. Les devoirs me furent un no man’s land que je traversais rarement. En lisant la page d'un manuel typiquement ennuyeux, tout le texte non captivant s’est vaporisé. Les petits avis juridiques se rendent flous à ma vue. Je n’ai pas pu mémoriser autant de dates, de lieux et de noms ennuyeux, donc j'ai lâché l'université. La logique d’Aristote m’a semblé incohérente; un enfant intelligent pourrait trouer ses premières hypothèses. Les scientifiques et les historiens sont des aboyeurs de carnaval de suppositions d'anneau nasal constamment révisées à mesure que la réalité se focalise davantage, avec de nombreux trous béants rejetés comme de la pseudo science. Les peu de maths que je comprenne façonnent de magnifiques épicycles à partir de rien, ensuite divisés par (n-1) pour confirmer la probabilité de quoi? Ne me parlez pas du calcul: retourner l'algèbre à l'envers, puis ces résultats à l'envers plusieurs fois et faites l'inventaire des résultats. Les professeurs de calcul ont deux genres d'étudiants: ils passent ceux qui suivent par la foi la recette alambiquée de cuisson de nombres, et font échouer ceux qui essaient de comprendre le dessous des choses et se perdent irréparablement car ça a des résultats prédictibles mais n’a aucun sens.

J'ai été un intello (nerd) intégral bien avant que le phénomène intello ne se soit rendu viral. J’adore les sujets variés de l’histoire et désire en savoir plus. Je persiste à me taper des livres, à couper de nouvelles pistes à travers la canopée à trois niveaux de l'ignorance qui repousse visiblement dans mon sillage.

Aucun adulte n'a diagnostiqué mes problèmes ni ne les a résolus. Mes parents ne se doutèrent de rien. Jusqu'à récemment, je ne considérais pas mes indispositions étranges ni ressenti le besoin d'intervention professionnelle. Des stratégies de compensation de routine pour les enfants TDAH contemporains furent inconnues pendant mon éducation d'âge de pierre. Il est trop tard pour moi maintenant : vieux chien inadapté aux nouvelles astuces. J'ai géré tout ça du mieux que j'ai pu, naviguant aveuglément les récifs de détails perdus et d'opportunités manquées. N’essayez pas de faire rendez-vous avec moi ; je le manquerai, sinon le destin y verra. Je ne suis pas acariâtre, plutôt fier de mes improvisations. Je ne serais pas moi sans ces défauts que j’ai devancés ou qui m’ont meurtri.

Non, rien de rien, je ne regrette rien.

 

Je reconnais que la manière la plus facile de me présenter comme un imbécile (après ma tentative d’interpréter ces lignes intimes en français) c’est en généralisant au sujet des races humaines et leurs ethnies. Comme si cela me retiendrait !

En ce qui me concerne, les expressions « ségrégationniste » et « politicien d'identité » sont synonymiques. Elles impliquent les questions suivantes : Quelles sont les sous-identités à l’égard desquelles vous éliriez de retenir un préjugé soit pour ou contre, et avec quelle passion tiendriez-vous que vos bénéfices devront s’accroître en déjouant ceux d’autres ? Tout le monde chante le même duo crétin de somme zéro (ce que nous gagnons, l’autre doit perdre) ― le calcul caduc des psychopathes.

 

A ce point, tu dois comprendre que je n'ai rien de bon à te dire des politiques d'identité et beaucoup à critiquer, ayant pris plus qu’une fois des revers de main dans la figure. 

Tire-toi si c’est ton enclin, sinon demeure auprès et écoute-moi jusqu'au bout. Rappelle-toi seulement que chaque fois toi exclu, puni ou nié quelque chose de grande importance pour des raisons autres que ton mérite et le contenu de ton caractère moral (comme l’a si bien exprimé le bienveillant Martin Luther King) des politiques d'identité, des tiennes et des leurs, s’en sont mêlées. Ne juge point, de peur d’être jugé.

 

La conclusion qu'un sexe est responsable pour la paix alors que l'autre soutient la guerre, ce n’est qu’un autre mythe d’armes et une simplification accablante. 

Une énumération partiale et partielle nous permettra peut-être de rendre démenti à ce préjugé : la berbère Al Kahina, Nehanda de Zimbabwe, Rama Valona la Cruelle de Madagascar, la reine Ya Asantewa, celle Unzinga, Catherine la Grande de Russie, Catherine de Medici, Elizabeth la Grande d'Angleterre, Jeanne d'Arc, Marie Thérèse, Rebecca Felton, Margaret Thatcher, Trung Trac, Trung Nhi, Phung Thi, Trieu Au, Tsu Hsi (Cixi, l'Impératrice douairière de Chine), Moulanne, Zénobie, Boudicca, Sémiramis et Indira (par contre) Mahatma Gandhi, Bouddha, Asoka et Martin Luther King. Pardon si j'ai raté ton favori parmi les gentilshommes paisibles et guerrières conquérantes.

L’ultime pouvoir des femmes doit résider dans leur droit de bloquer les plus grandes sottises de l’homme (aussi d'exiger ou dicter une meilleure option.) Si ce droit avait toujours été honoré dans ses manifestations les plus importantes, les pires décisions n’auraient jamais eu lieu ni ne seront-elles tant prévisibles dans l’avenir.

Alors que des males alpha-dominants comptent au préalable sur de l’agression patente, beaucoup de femmes tendent à la coopération et au consensus à leur dépens, pourvu que leurs petits ne soient pas mis en danger. Si oui, gare aux autres ! L'agression féminine et alpha dominante peut se prouver plus vigoureuse que celle virile stéréotypée. Des femmes d’élite sont souvent devenues chefs une fois que leurs compagnons alpha dominants sont tombés au combat ; aussi ont-elles souvent mené à conclusion prospère (ou à l’extinction) des batailles, des sièges et des guerres d'annihilation.

Depuis récemment, des chefs progressistes ont recruté davantage de femmes que ne l'ont les forces de la réaction patriarcale. Les ultras ont découvert qu'ils peuvent recruter des maniaques délirants aussi facilement parmi des femmes et des minoritaires que des vieilles foulques riches et crayeuses. 

Les progressistes doivent abandonner leur timidité historique et la remplacer par la vigueur inconditionnelle des femmes à la défense de leurs petits. Ils menacent les gosses ! Allons donc les prendre !

Nos écoles sont des piliers d’enrégimentement d'armes. En grande partie, elles sont gérées par des femmes. A défaut de la mentalité paisible, ces chauvines pourraient différer un peu de leurs équivalents virils, mais gouverner sans meilleure sagesse. Bien que de nombreuses femmes ont servi dans les militaires modernes, leur gérance demeure marginale. Ainsi de même, l’apprêt des femmes pour la guerre a explosé la population de criminelles. 

 Comme d’autres trappes de la politique d'identité, l’explication de la dégénérescence institutionnelle à base de genre ne parvient qu’à alimenter la discorde. Le point crucial se trouve ailleurs. Pourquoi débattre les mérites relatifs du pacifisme à l’encontre du féminisme, ou de toute autre question d'identité d’ailleurs ? Ce serait là un exercice aussi nul que déclarer une certaine jambe de chaise la plus importante, ou un certain arbre dans la forêt. 

Ce que j’indique au sujet des femmes s’applique autant à chaque minorité abusée : raciale, ethnique, religieuse et sexuelle. Les femmes ont rarement constitué une minorité, quoique des directeurs d'armes les aient toujours malmenées comme telles (une partie du piège de la plantation, rappelons-nous.) L'existence de minorités inoffensives n'a jamais validé leur persécution. Cet abus n’est parvenu qu’à rendre au pouvoir la minorité de psychopathes nichant au sein de chaque majorité paisible qui se plie à la conscience morale. Cette tyrannie sélective, qu’un autre enchaînement de la gestion d'armes. 

De toute façon, l’ultime pouvoir des femmes réside dans leur veto par voix majoritaire d’initiatives de la majorité mâle avant que celle-ci ne nous précipite dans l’abîme. Derrière chaque homme réussi se tient une femme assez astucieuse pour lui faire savoir qu’il doit s’arrêter net, de peur perdre son avantage. Nous ignorons à notre péril ce droit de veto féminin. Je me répète car c’est crucial.

 

Un autre mythe d’armes, secondé des deux côtés de l’allée centrale, c’est que des homosexuels forment une avant-garde progressiste. Ce qui mène au partage par des réactionnaires homophobes et des progressistes gais de malentendu que l’érotisme homosexuel promeut en quelque sorte l’idéal progressiste. 

Les progressistes gais soutiennent cette méprise pour se remonter l’esprit. Ceux réactionnaires, pour rendre à ceux-là une étiquette aussi infâme qu’ils les présume d’être. Tous deux savent parfaitement qu’ils se leurrent. Il est évident qu’il existe au moins autant de réactionnaires gais que de gais du côté progressiste, et que les progressistes hétéros sont davantage nombreux que les autres.

La même chose est envisageable quant à chaque minorité vis à vis les restants. 

La seule différence, c’est que les réactionnaires gays doivent se taire au sujet de leur prédilection érotique qu’abominent leurs alliés réactionnaires, alors que les progressistes de toutes sortes sont un peu plus tolérants et ne font ni taire ni bannir leurs alliés de cette tendance.

Ça ne sert à rien d’abandonner des principes généraux pour privilégier sa cause, voire celui d’un autre groupuscule d’identité – même au point d’abandonner de puissants symboles progressistes, telle que la coalition de l’arc-en-ciel de Jesse Jackson, afin que les gays s’en parent exclusivement. Perdre ensuite des batailles vitales telles que l’élection présidentielle aux USA en 2004, à l’idée que des gays doivent jouir du mariage unisexe en première priorité. 

Quelles membranes muqueuses peuvent palper celles de qui, tout en retenant l’approbation publique, ce serait une priorité parfaitement anodine si nous ne confrontions pas une foule de problèmes plus graves. Mais cette nullité sert à la mentalité d’armes comme parfaite distraction d'affaires davantage importantes.

 

Cependant, l’année 2017 a passée et par miracle le mariage gay est devenu la réalité légale à travers le pays. A partir de là, des gens pourront se replier sur leurs tendances progressistes ou réactionnaires sans plus se soucier de la sécurité de leur orientation sexuelle. Les politiques progressistes ont bien pu secourir cette cause ; elles peuvent maintenant être licenciées en faveur d’un statu quo un peu plus permissif mais sans autre amélioration.

Le même argument s’applique aux minoritaires d’autres filiations. Par exemple, la controverse entre les partisans « pro-choix » et ceux du « droit à la vie. » Qui s’en fiche entre-temps, que tant d’adultes et d’enfants innocents restent affamés et bombardés aux sous munitions, alors que la précieuse dispute d’aucuns se démêle ! Incroyable et inadmissible ― sur n’importe quelle planète à part celle-ci.

Nous sommes progressistes dans la mesure que nous tenons au progrès et non par appartenance à un certain conglomérat d’identité aléatoire quoique prétendue supérieure. Ceux souscrits au progrès pour seul but d'avancer leur cause subjuguée, qui sacrifient ceux fondamentaux au progressisme afin d’avancer les leurs, et qui se mutent en conservateurs beuglants (ou en insoucieux réflexifs) du moment que leur propre issue ait saisi l’avantage, ce sont des loups réactionnaires en pelisse de mouton. 

Nous sommes tous Apprentis, quel que soit notre position d’identité. Tout le monde ! Tous – soit en admiration des autres soit au mépris d’eux – tous sont des Apprentis entièrement comme nous et également valables, par définition.

 

La mobilisation des femmes dans les fonctions modernes d'ouvrière et de guerrière, voici un autre aboutissement de la technologie d'armes. 

Les armes sont devenues terriblement létales vers la fin des années 1800, à tel point que la conscription universelle (mâle) dut être adoptée pour satisfaire la formidable facture de cadavres. Ces fatalités se sont multipliées à l’inouï depuis. Ainsi, le combat moderne réclame toujours plus de corps pour combler le tas : comprenant femmes, âgés et enfants (Dresde, Hiroshima). Ces soi-disant non-combattants se trouvent de plus en plus souvent parmi les troupes de choc et les amputés en choc du combat moderne. 

Cette hausse exponentielle de victimes « non-combattantes » ne figure rien de neuf. L’idée que des non-combattants restent en dehors du risque et que les guerriers réservent leurs mutilations aux adversaires armés, cette idée n’est qu’un autre mythe d’armes. Au contraire, d’innombrables sociétés, celles anciennes comme modernes, ont annihilé des populations entières d’une certaine région : hommes, femmes et enfants. Sinon chaque femme et enfant fut asservi après le massacre intégral de leurs hommes : la routine martiale.

La guerre moderne massacre des dizaines et des milliers de civils pour chaque soldat qu’elle élimine. C’est plus facile de mitrailler des gens qui se tapissent sous la ligne des tires sans faire feu en réplique, sinon simplement leur priver de nécessités que les militaires peuvent toujours trouver justification d’exproprier.

Faisons-en face : nous sommes tous des combattants. La question demeure : serions-nous des combattants Apprentis correctement motivés et armés, retenant l’opportunité de défense légitime (tels que les Suisses avec leur milice fédérale ?) Ou qu’une tourbe désarmée de bétails humains prête à la tuerie d’Etat policier : soigneusement fragmentée, sabotée et subjuguée par nos politiques d’identité suicidaires ? 

A toi répondre.

 

Une des règles fondamentales de la victoire, c’est la concentration d'effort. Ceux qui défendent tout ne défendent rien, qui attaquent partout ne gagnent nul part. Au lieu d'attaquer en petits paquets tout le long de la ligne ennemie, voire défendre chaque point avec résolution et vulnérabilité équivalentes, on doit trouver un point faible dans la disposition de l’adversaire et lancer au travers une force écrasante. Cette réserve massive s’accumule en lésinant dangereusement ailleurs. Une fois la ligne ennemie fracassée, d’autres réserves doivent être lancées dans l’intervalle. Ces fortes réserves peuvent aussi bien servir à contre-attaquer l’assaut ennemi, supposant qu’il s’estime plus puissant.

Les dissidents d'armes ont ignoré cette exigence, préférant défendre chacune de leurs positions d'identité. Ils ont abandonné la concentration d'effort – toujours capitale – donc toute espérance de succès. Grâce à ces politiques, leurs rivaux d'armes sont devenus la seule minorité admissible au pouvoir. 

Nous avons refusé de faire face à nos pires péchés de racisme, de sexisme et d’âgisme ; permettant au lieu aux professionnelles équivoques et aux compromettants politiques, doués qu’ils sont de la finesse d’un long entraînement, de prendre le pas de côté de nos droits humains.

Qu’est-ce que les politiques d’identité nous ont vraiment procurés ? Je te le demande. Il est certain que nous jouissons du suffrage universel. Mais des politiciens-truands actuels et leurs paires sociopathes sont mises au pouvoir grâce au « suffrage universel. » C’est pareil pour d'autres bénéfices sociaux : tous rendus radioactifs par les retombées de la mentalité d’armes. 

Prier mieux réfléchir. Qui sont tes ennemis actuels et quels sont tes vrais buts politiques ?

Pourquoi ne pas soutenir un quota éducationnel et un mandat d’opportunité égale pour tous afin de parvenir à la représentation proportionnelle et simultanée pour chaque minorité ? Pour chaque centile minoritaire de la population, le même pourcentage devrait trouver embauche comme juges, cadres, gens d’affaires, agents de police,  gouverneurs, législateurs et professionnels ― sans quoi le chaos pourrait en resurgir. Le simple mérite assortirait ceux les mieux qualifiées depuis chaque groupe d’identité ; les médiocres, les incompétents et surtout les sociopathes auraient davantage d’embarras à justifier leur maîtrise imméritée, absente l’inévitable déséquilibre d’empoisonnantes politiques d’identité. 

Qui plus est, tous doivent recevoir la même solde pour le même travail, quelle que soit leur identité.

Rappelle-toi toujours du triage d’une société d’armes pour beaucoup d’infanterie démunie et bon marché. 

 

D’autres prétendent que les occupants des USA, de l'hémisphère occidental ou boréal, de la race blanche, du judéo-christianisme ou d’une autre tribu prépondérante ont à répondre pour la plupart des maux sociaux, alors que les revendicateurs ne sont que d’innocentes victimes et leurs vengeurs combattants pour la liberté, entièrement justifiés. 

Dans un milieu de pénurie perçue, les meilleurs joueurs au jeu de somme zéro forment des petits groupes cohérents de gagnants qui intimident leur majorité prédéfinie de perdants. Les chefs « gagnants » de minorités abusées renvoient leurs « perdants » à la majorité ethnique comme source de leurs peines. 

La ségrégation raciale est un dispositif d’assortiment dans ce genre, comme d’autres sortes de ségrégation : nationalistes, ethniques et religieuses ― en grande partie cosmétiques. D’habitude, la majorité de perdants dans chaque groupe est menée à haïr la majorité correspondante dans d’autres, bien qu'elles aient beaucoup plus en commun qu'avec leurs gagnants respectifs : une minorité dans tous ces groupes qui se protège en attisant puis déplaçant la haine.

En fin de compte, des élites d'info de toutes sortes abusent des prolétaires d'info de toutes sortes et surtout des leurs. Des riches de la race blanche ont toujours exploité des blancs pauvres, car la répétition perfectionne l’exploitation. Des réactionnaires Hutus ont traqué les Hutus progressistes avant de se jeter sur leurs voisins Tutsis. Les Tutsis réactionnaires en feraient de même, contre leurs propres progressistes, s’ils en retinrent le choix. 

Remplace, dans cette déclaration, tes propres militants d’identité. Note à quel point bien ces godasses leur vont.

 

Dans le monde réel, l’agglomération humaine choisit ses chefs et leurs remplaçants éventuels à partir de ses membres particuliers, et fait ensuite exactement ce qu'elle prévint faire dès le début – sinon selon des contraintes transcendantes, aussi bien que la nature permet – soit encouragé par son chef soit en dépit de son mécontentement. Tolstoï en conclut autant. Toute évaluation de la gérance particulière au-delà de ce seuil limitatif est absurde. 

La plupart du temps, cette sélection est à base de phéromones, d'apparence physique, de droit de naissance et d’agressivité sous contrôle. Le charisme politique d’un Alexandre ou d’un Napoléon, et l’attraction sexuelle d’un Casanova ou d’une Cléopâtre, ce ne sont que des suites irrésistibles de certains parfums corporels ; les autres composants remarqués ne parvenant qu’à les renforcer ou les nuire ? Nous nous regroupons instinctivement autour d’eux, comme une ruche d’abeilles autour de sa reine.

Une personnalité si remarquable à l’époque et bien reconnue dans l’histoire pourrait attirer une multitude d’âmes à la dérive à réincarner après le décès dans sa fameuse vie. Assumons qu’une telle réincarnation transcende l’espace et le temps, sans devoir être ni successive ni proximale. Aucune nécessité de réincarner dans un corps naissant après son décès et dans son parage immédiat. Serait-ce peut-être la source de leur charisme : des milliers d’âmes en étant réincarnées et recouvrant la vue à travers leurs yeux ? 

Hitler, Staline et Mao ont pu dégager un parfum aussi attrayant sinon davantage que le plus saint de nos saints. L’histoire militaire démontre que ce parfum et cette sagesse politique ne sont pas nécessairement corollaires ― et peut-être même l’opposé : que seuls en bénéficient des psychopathes et sociopathes. A noter : l’attraction notoire que beaucoup de jeunes femmes ressentent envers des « mauvais garçons » abusifs, ou des électeurs Republican pour des fripons attestés…

Serait-ce autrement un trait négatif ? La capacité de réprimer le dégagement corporel d’hormones de stress et leur odeur indubitable, dont l'absence calmerait et attirerait des individus normaux dans des conditions stressantes ? Des figurants charismatiques de l’histoire ont pu retenir, dans leurs cellules de peau, un groupement du Type O de ces marqueurs de trace : réducteurs de stress, invitant à l’obéissance et l’adulation, acceptés de presque tous. Pense à Napoléon (surtout en Italie) victorieux d’un cheveu de batailles d’annihilation et dirigeant ses subordonnés par conséquence. 

Par contre, le raciste agressif peut souffrir d’une « réaction allergique » aux éléments de trace lâchés par des individus de l’ethnie ciblée ; son préjugé, le symptôme d’une subtile maladie immunitaire aggravée par des normes communautaires de mauvaise foi et de méfait.

Cette démocratie holistique et subliminale se présente indépendamment d'autres détails dans la plupart des hiérarchies humaines. Les recherchistes de science po ne l’ont jamais étudiée au sérieux. De tels aboutissements sont souvent irrationnels, contre-intuitifs et contre-productifs, mais demeurent souverains de toute façon. 

Il peut exister une autre source de tels préjugés raciaux et ethniques, supplémentaire à celle induite par l’odorat et encore plus subtile. Positif ou négatif, ce biais aurait pour base des éléments immunologiques et neurologiques à la place de ceux sociologiques ou plutôt complémentaires. 

On peut percevoir le corps humain comme un poussiéreux balai à franges qui lâche des nuées de cellules mortes quand il se remue et respire ou qu’on le touche. Au lieu de ressembler à un revêtement caoutchouteux et homogène, la peau humaine consiste en couches de cellules superficielles qui ne restent plus attachée au corps, parées à se disperser en poussière pour la moindre raison.

Consentons qu’elles contiennent des marqueurs distinctifs, des composés de trace biochimiques en mesure d’identifier l’individu dont elle se détache : sa souche génétique, ses habitudes hygiéniques, son régime alimentaire et ses attributs sexuels, parmi d’autres distinctions d’ethnie ou de comportement.

Alors, quand des gens se concentrent sur place ou se renferment dans une pièce mal ventilée, elles respirent des cellules détachées des autres. Le préjudice particulier (de race, d’ethnie, de culte, etc.) serait une forme subtile de réaction immunitaire à ces marqueurs biochimiques, les traces desquelles traverseraient en quantités infimes la barrière sang/cervelle et inciteraient des réactions d’intimidation, de lutte, de fuite ou de raidissement ; tant bien, peut-être, que celles d’affection familiale, de loyauté de clan ou d’attraction sexuelle.

Dans certains cas, des foules humaines se mettent à agir comme un organisme collectif qui transcende tout contrôle. La panique aveugle peut s’y répandre tel qu’un feu sauvage, en tant que rage meurtrière, adoration muette ou tempétueuse. Pareillement, des femmes logées ensemble tendent à synchroniser leur cycle d’estrogène et leurs règles. 

Ces marqueurs biochimiques, neurologiques et immunologiques peuvent mieux expliquer ces modes de comportement. Les êtres humains réagissent comme des fourmis par rapport à ces marqueurs biochimiques. Les versions humaines peuvent être aussi complexes, comparées aux leurs, que nos communautés le semblent en comparaison.

Ce texte propose quelques moyens de rationaliser cette procédure. L’Agora virtuel globale servira mieux notre Apprentissage actif par autosélection pour l’excellence dans nos passions ; nous nous en servirons pour filtrer ces éléments neurophysiologiques de nos politiques. L’Agora des Apprentis nous confiera une encyclopédie compréhensive de tels. Nous y examinerions cette maladie immunitaire, ses meilleures applications et la réglementation de ses méfaits ― ainsi qu’en parvint l’humanité quant aux technologies paisibles antécédentes.

  

Il n’y eut pas si longtemps en Amérique méridionale, des ségrégationnistes de la race blanche se tapirent en fainéantise approuvable, dans l’attente qu’une personne noire ne s’exprime ou ne se conduise de manière interdite. Il y eut des milliers d'opportunités malencontreuses. A cet instant, ils purent manifester leur rage, agresser cet individu et lui infliger de grandes peines. 

Ces jours-ci, non seulement ceux les moins créatifs de chaque groupe identitaire persistent-ils à de tels abus, si possible au canon du fusil, mais se tapissent aussi en fainéantise équivalente, dans l’attente que quelqu’un en dehors de leur petit cercle d’identité ne dise ou ne fasse quelque chose qui ne leur plaise point, afin d’aventurer la ruine de cette personne. Ces prédateurs d’embuscade sont des bons à rien autrement. 

Les racistes sont des chauvins sont des xénophobes. La couleur de la peau, le sexe, les tendances, la provenance et la religion de ces agresseurs raciaux et de leurs victimes n’ont aucune portée sur leur partage de shadisme ― pourvu qu’elles soient différentes et vulnérables. Les sociopathes et leurs imitateurs (nous tous à nos pires moments) ont besoin de victime sans remède. Le racisme sert à perfection.

 

Aucune race ni nation n'a su promouvoir l'égalité raciale. Seulement des individus éclaircis et héroïques, appartenant à deux races ou plusieurs – souvent des âmes sœurs et leurs enfants métis – ont pu l'achever. Leur exemple engendra l’acceptation sociale sinon amorça leur extinction. 

Par contre, la ségrégation raciale n'est pas imposée par quelques individus effrontés mais par toute une race cherchant son avantage dans sa dominance stratégique parvenue à l’aléatoire. Ainsi de même, les autres détentes du biais d'identité : parmi d’autres, la religion, l'ethnie et l'orientation sexuelle.

Qui serait le raciste le plus farouche ? Le bigot dominant qui s’écorche l'âme en infligeant de la misère aux autres, ses égaux évidents ; ou sa victime, fulminante de rage refoulée, en attendant l’heure de sa vengeance ? Cela importe ? Le poison qu'ils partagent demeure du poison. Nous devons découvrir l'antidote et l’administrer à chaque partie — n’y assigner de blâme ni en marquer le score.

L'égalité raciale provient de l’éclaircissement autonome à base d’expériences particulières : « Cette personne gracieuse de l'autre race et son noble comportement m’ont permis de constater qu'ils ne sont pas tous si méchants que ça… Ce (répéter l’insulte raciale du dernier cri), c'est mon partenaire ; ta gueule et vire toi ! » 

La ségrégation et le biais racial sont fondés sur des normes culturelles perverties par la politique d'identité. « Depuis que je fus bambin, l’on m'a appris qu'ils ont tous été des canailles. Toutes mes expériences quant à eux ont confirmé ma conclusion car j'ai nié chaque constatation contradictoire. »

Le problème central, c’est la politique d'identité. Ceux qui basent leur valeur personnelle (leur supériorité) sur elle, se trompent dur. Être fier d'appartenir à un certain groupe d'identité, c’est bien ; s'en croire supérieur et amoindrir celle d’autres pour cette seule raison, ça ne l'est pas. 

La solution se trouve dans la responsabilité particulière. Ceux qui fondent leurs actions et croyances sur leur évaluation de chaque individu promeuvent l'égalité raciale. En ce faisant, ils démontrent la noblesse de leur position d'identité. Par contre, les racistes rendent mauvaise mine à leur race tout comme à leurs autres idéaux, soit leur valeur en soi.

On ne peut pas esquiver cette vérité, soit à quel point qu’une telle évasion paraisse réconfortante. Si tu hais mes propos, je t'invite à m'appeler raciste ― ce qui te permettra peut-être de te sentir un peu mieux. D’autres en ont fait autant et ont donc confirmé mon argument. Le raciste, c'est toi, et le racisme, ta précieuse posture d'identité, du moins jusqu'à ce que ta beauté intellectuelle ne te fasse changer d’idées.

 

Qu'aurait cela à voir avec la récente situation ethnique en France ? Voila ce que je propose. 

Le biais ethnique, c’est une norme culturelle qui promeut des croyances particulières. L'égalité ethnique, c’est une série de décisions spontanées prises par l’individu et soutenue par sa norme culturelle. Ce renversement des sources primaires et secondaires de comportement, il est très important.

On peut réduire le racisme en proposant des lois et des institutions culturelles qui le contredisent, sinon le rehausser en proposant celles contraires. Mais on ne peut créer l'égalité qu'en permettant aux individus de s'en convaincre. Le racisme peut être interdit par force et décret ; l'égalité ne se laisse pas être contrainte aussi facilement.

La misère humaine et l'inégalité ont cela en commun : le gouvernement peut les rehausser ou les diminuer à son gré, car ils sont prévisibles, calculables et vulnérables aux interventions institutionnelles. 

Le bonheur humain et l'égalité sont communs dans le sens contraire : ils existent strictement dans l'état d’esprit des individus directement impliqués et n'ont aucun sens en ce qui concerne le gouvernement ni capacité d'être rehaussés ni rabaissés selon le diktat gouvernemental.

Qu’est-ce qui advient quand on tente de contraindre l'égalité ? L'on interdit aux bonnes élèves sages d'obéir à leurs parents et religion. Leur interdire de porter la voile : c’est de la pure folie au nom de l'égalité ! Vous devez vous en rendre entièrement compte avant que vos conséquences inattendues ne débordent autour de vous. L’ultime tréteau de l’égalité public, c’est la guillotine ― ce que mes lecteurs français n’ont qu’à admettre.

Quant au bonheur humain et l’obligation gouvernementale de réaliser quelque chose avec : foncièrement indéfinissable et absurde, (Le défendre ? L’appuyer ? Pousser sur une corde avec ?) Voici le sujet favori de constitutionalistes meneurs d’esclaves, de Republicans et d’autres touche-à-tout sans rien de mieux à proposer.

 

Ce qui nous met face à un intéressant embranchement du chemin à travers le maquis linguistique. La misère n’est pas l’opposé du bonheur. Elle peut être calculée, (combien t’es-tu nourri aujourd’hui et as-tu bu ; pour combien de temps as-tu dû dormir sous la pluie ?) alors que l’autre ne se laisse pas calculer ainsi. Va demander chez un héritier millionnaire en voie au suicide ou un mendiant qui sifflote parce qu'il fait trop beau cet après-midi pour y manquer.

Pareillement, l’égalité n’est pas l’opposé de la discrimination. L’égalité serait-elle analogue entre les paires suivantes : des jumeaux identiques, un frère et une sœur, deux bons copains, deux étrangers de la même ethnie sinon celles différentes ? Prenez deux minutes pour discuter. 

Tandis que la discrimination, c’est assez simple : « Ils sont tous inférieurs aux miens. »

Alors, quels sont les antipodes linguistiques ?
 
misère – satisfaction
bonheur – tristesse
égalité – injustice
discrimination – jugement approprié
 

Depuis de nombreuses réécritures, je n’ai eu aucune bonne idée à quelle conclusion cette tabulation doit nous mener. Je ressens toutefois qu’elle soit indispensable dans les discussions de fonctions gouvernementales.

 

Permets-moi d’ajouter à ce moment quelques méditations intervenantes que je dois introduire.

 

  | MAUVAIS | PREFERABLE | DEGRE | RIGUEUR | LA REGLE | CONFIRMATION
| misère | satisfaction | gouvernable | écrite | d’hommes | témoignage légal
| injustice | égalité | gouvernable | écrite | d’hommes |
| tristesse | bonheur | anarchique | poétique | de femmes | professions de foi
| discriminer | bon jugement | anarchique | poétique | de femmes | 

| viole | n/a | par les mœurs | polémique | victime ? | preuves
 | autres crimes | neutralisation | par la loi courante | écrite | des deux | preuves
 | Nouveaux délits | libération | par décision de jurée | poétique | de tous | aveu du coupable

 

Le mieux serait de ne plus soutenir ces agresseurs racistes, quelle que fut leur politique d’identité, même si pareille à la nôtre et donc très tentante. Mieux vaudrait appartenir à un groupe beaucoup plus vaste que le leur, davantage confiant, influent et bienveillant. Nous compterions dessus pour nous abriter d’agressions d’identité.

Jusque-là, nos concurrences politiques de base ont été menées entre le groupe au-dedans et ceux d’en dehors. Les Apprentis doivent se rallier dans un groupe chéri au-dedans, puis inviter des info-prolétariens et des ex-élites d’info dans ce même groupe ; ne laisser plus personne en dehors sauf ceux qui souhaitent simplement être laissés en paix. Quant à ceux qui préféreraient porter atteinte à la paix : identification enfantine, exclusion d’autorité, emploi spécial et thérapeutiques à vie.

Aucune communauté, soit sa conception, n’a pu s’immuniser contre des conspirations d'avidité ingénieuses, ambitieuses et persistantes. Quand tu condamnes une institution aliénante, tu condamnes en réalité son manque de contrôler ses chefs socio- et psychopathes qui ont pris charge.  Sans eux, celle-ci s’amenderait automatiquement.

Dans une civilisation d'armes, l’adoption d’une politique raciale est aussi futile que celle de genre, de nativisme, de foi ou d’autres positions d’identité. Il est autant inutile de distinguer le ton de peau, la richesse et le penchant sexuel des opprimés de ceux des oppresseurs. Si la situation fut inversée et les victimes antérieures parvinrent à dominer, une courbe de cloche d'abus et de coopération tout à fait semblable en résulterait. 

Si tu te prétends adhérer à une certaine minorité et présumes que tes chefs militants se comporteraient mieux que la cueillette actuelle, tu n’aurais, pour confirmer ton erreur, qu’à consulter les résultats à long terme de toutes les révolutions d'armes au monde. En déplaçant ton entendement assez loin en arrière dans l’histoire, tu seras horrifié de découvrir ta propre minorité dominante quelque part au monde et pareillement brutale envers ses subordonnés. Le seul cadre d’exception ? Le monde paisible.

Les Apprentis ne chercheront pas la dominance bornée à leur seul bénéfice, mais toujours des projets communautaires que tout le monde peut partager sans crainte. L’Apprentissage, voici la conjoncture que chacun pourrait partager en paix et en abondance commune. 

Nous ne parlerons plus du remplacement d’une élite d’info par une autre, en nous attendant que notre position d’identité sera mieux rémunérée) mais de l’égalité universelle et catégorique à travers la commune de biens d’Apprentis. Plus personne ne sera abandonné au froid qui préférerait rester au chaud. 

 

« Etranger : Alors, pensez-vous que ce soit un gaspillage de temps, de talent et de moyens si les pauvres luttent contre ceux riches et puissants ? »

« Fondateur : En effet ; car si les pauvres actuels deviennent puissants … Ils opprimeront alors ceux qui seraient rendus pauvres par ce changement et agiront comme les riches et les puissants ont toujours agi ... du début jusqu'au moment présent. » Robert Owen, Dialogues, 18-20. Pris de La vie et les idées de Robert Owen, par A.L. Morton, 1962, Monthly Review Press, New York, p. 125. 



 

- LES BIBLIOTHEQUES QUI BRULENT !  -

 

Polastron, Lucien S., Livres en feu, Editions Denoël, Paris, 2004. Books on Fire: the Destruction of Libraries throughout History, John E. Graham, Trans., Inner Traditions, Rochester, Vermont, 2007. Des meilleurs traitements de ce sujet.

 

« J’ai donc fait la morne découverte, dans le temple manichéen K, d’une bibliothèque entièrement détruite à l'eau. Quand j'eus déterré de l’entrée sa poussière de sable et de lœss, nous trouvâmes au seuil le cadavre desséché d'un moine bouddhiste assassiné, ses vêts rituels tachés de sang. La pièce entière où cette porte menait fut couverte d'une masse d'à peu près soixante centimètres de profondeur, se prouvant des restes de manuscrits manichéens. L'eau de lœss avait pénétré ces papiers, les avait collés ensemble et, dans la chaleur accablant de l'été ordinaire là-bas, avait rendu tous ces livres inestimables en lœss. J'ai pris quelques échantillons et les ai scrupuleusement mises à sécher dans l’espérance d’en sauver quelques-unes. Mais ces pages séparées sont chues en petits fragments auxquels on distinguait encore des traces de calligraphies admirables, entremêlés de miniatures exécutées en or, bleu, rouge, vert et jaune. Un énorme trésor fut perdu là... » Albert Von Le Coq, Trésors enterrés du Turkestan chinois, Oxford University Press, Oxford, New York, Toronto, 1985, p. 61; par autorisation d'Oxford University Press.

 

La ruine en question s’appela Khocho, Ephèse, Dakianus, Idikuchahri, Kao-chang et Karakhoja : cette chaîne de noms révélant l'arc-en-ciel de peuples qu’elle logea au passage du temps. Du reste, je ne traduirai pas ce chapitre dans son entièreté, averse de deviner l’appellation en français et le genre aléatoire de toutes ces vielles villes et anciens pays sans mention en dictionnaires bilingues. 

Von Le Coq, un allemand de souche huguenote française, eut la bonne fortune de disparaître avant la seconde guerre sic mondiale. Avant et après la PMG sic, il ramena grands soins des quantités énormes – de quoi remplir des musées entiers – d'art inestimable, de manuscrits et de trésors abandonnés sur la route des soies ; sinon les aurait-il pillés selon ton point de vue. Pendant la DGM sic, ces trésors furent incinérés sous une nuée de bombes pyrogènes alliées. D’innombrables écoles, bibliothèques, musées, maisons d'adoration, dépôts de manuscrit et traditions orales furent annihilées concurremment. Cette annihilation se poursuit alors qu’on en parle sereinement.

Ce chapitre est un aperçu désinvolte de la destruction d’anciennes archives. Dans de nombreux cas, une seule mention d'empires et de villes capitales demeure le dernier indice de collections disparues. Elles ont bien pu détenir des pièces vitales de notre puzzle de données. Nous sommes tellement futés, quoique personne n’est parvenu à tracer le destin de la plupart d’entre elles.

Selon Le principe de Lucifer par Howard Bloom, l’humanité se coagule autour de « super organismes » sociaux, parfois fondés sur leur partage de gènes et de géographie mais le plus souvent sur le leur de mèmes : « théories, cultures [et] visions du monde. » Richard Dawkins inventa l’expression « mème » dans son livre, Le gène égoïste, Oxford University, 1976. L’implacable compétition entre ces super organismes de mème incite la plupart des mauvaises usages de prisme. La dissémination d'Apprenti et de textes semblables, c’ est l’assaut en escalade contre le plus dominant de nos mèmes culturels : la mentalité d'armes. 

Tracer l’affaissement des grandes bibliothèques, c’est un peu comme répondre à l’énigme zen : Que rendrait la chute d'un arbre forestier sans que personne ne l'entende chuter ?

 

Dans Famine: A Short History, (Princeton University Press, Princeton, NJ, 2009, p 36,) Cormac Ó Gráda note que peu de famines s’enregistrent dans l’antiquité. Il poursuit l'hypothèse que les famines totales ont dû être relativement rares dans le passé et furent pour la plupart de courte durée et non des « correctifs démographiques » malthusiens. Sinon auraient-elles martelé une telle brèche dans la population locale à base d'agriculture de subsistance et donc au taux de remplacement minime, (planant la plupart du temps juste par-dessus 2,1 enfants par femme : rare le vieillard de quarante ans, point du tout rare la fulgurante mortalité infantile) que l'extinction n'ait pu être évitée, du moins au cran régional.

De même, The Encyclopedia of Plagues and Pestilence, (George Kohn, Ed., Facts on File, Inc., New York, NY, 1995) énumère à peine deux dizaines d’épidémies avant l’an 1.000 de l’EC, quatre cents et demi depuis, dont deux tiers aux 19ème et 20ème siècles. Quoique de nombreux anciens passages biographiques se terminent « disparu de la peste. »

Même s'il est impossible de prouver un négatif par simple absence de preuves, je ne permettrai pas à cela de me retenir, du moins jusqu'à ce qu’une contre-preuve factuelle ne me soit offerte. Entre temps, une conclusion inédite semble évidente.

Non seulement persistèrent des anciennes famines, des épidémies et le chaos social résultants mais pareillement hyper-létales (près de 100 % de pertes en cas de répétition pluriannuelle) donc dévastatrices dans des milieux urbains partageant la même biorégion climatique. Les mentions sont rares de peste et de famine dans le passé, non parce que douces et rares mais si fréquentes et meurtrières que presque aucun dossier n’en ai survécu. Avec l’effondrement d’une civilisation urbaine, ses documents pourrirent sans surveillance, à moins d’être incisés sur des monuments en pierre. La plupart de telles gravures auraient réfléchi les jours gras lors desquels elles furent incises : le cas pour celles déterrées.

Des chercheurs ne cessent d’invoquer le taux maximal de pertes d'un tiers de la population pendant la Peste en Europe, citant quelques registres de recensement qui restent de villes (relativement) géantes de l'époque. Personne ne remarque que la population urbaine ait pu être remplacé plusieurs fois par des survivants venus en ville depuis la campagne dépeuplée. Le taux de mortalité régionale, multiplié par la famine et le chaos militaire qui dussent suivre, aurait pu approcher à 100%. Il aurait abattu la plupart des originaires de ces villes et leurs scribes les plus efficaces, là où la peste renouvela sa fatalité constamment par l’afflux de réfugiés ruraux. Les ultimes détenteurs de ces registres, une fois l’apogée du compte des morts passée, auraient eu d’autres choses à faire qu’énumérer chaque nouveau cadavre et enregistrer la provenance de chaque survivant pauvre. Ainsi la projection optimiste de mortalité d’un sur trois aurait pu doubler ou tripler en réalité, sans que l’on n’en sache rien.

Les anciens registres funéraires sont encore plus trompeurs, car on aurait pu assez commodément disposer de cadavres trop nombreux en bûchers funéraires improvisés, enterrements en arrière-cour et sans dossier, sinon par voie d’eau, plutôt que l’enterrement orthodoxe et bien enregistré.

Le professeur Ó Gráda mesure la gravité de famine en fonction des mauvaises saisons agricoles en succession dont la sécheresse, l’inondation ou le gel auraient gâché la récolte. 

En d'autres mots, une seule mauvaise année fut difficile : le prix de l’alimentation explosa ; beaucoup plus de pauvres ont expiré que d'habitude (soit qu’ils tombaient d’habitude comme des mouches.) Les meilleurs gouvernements eurent des difficultés à fournir des secours ; les pires, un simulacre sadique de l'ordre public. La rapacité accrut vers le haut et le larcin d'en bas. 

Deux années consécutives furent désastreuses. Les défunts se multiplièrent parmi les jeunes et les vieux de chaque classe ; des épidémies s’agrippèrent à cause de l’immunité affaiblie des masses suscitée par la famine ; des élites en général se sont enfuîtes en désespoir pour infecter des places fortes périphériques. 

Etant donné des mauvaises récoltes tri-annuelles, la société s’est simplement effondrée : plus personne n’enterra les morts, cultiva ou récolta, n’aurait poursuivit la vie civilisée, quoi. S'aurait été chacun pour soi ; l’anarchie psychopathe rendue infernale par du cannibalisme de plus en plus routinier. 

Quatre années consécutives ou davantage, et plus rien à consolider hormis des groupuscules de survivants traumatisés subsistant (littéralement) de la main à la bouche en ruine déserte. Même les bandits éviteraient cette zone maudite.

En outre de nos répugnances morales, esthétiques et culinaires, le cannibalisme n’offrait aucune solution durable. Elle magnifiait l'infection entre-humaine et abattait davantage de travailleurs précieux que ceux en étant nourris, dans un monde de laboure humaine sans grand-chose d’autre. Ce n'aurait pas été viable dans l’absence de récoltes alimentaires suffisantes sur place pour le rendre redondant ; comme indiqué par les civilisations précolombiennes dont de nombreuses villes antiques se dressent vides à présent, même si elles logèrent des dizaines de milliers ou davantage auparavant. Les ruines de telles villes grêlent le monde, comme les anciennes plaies d’une victime de variole. Presque toutes nos villes sont sous-tendues par des couches d’anciennes ruines autrefois fleurissantes qui ont déposé une moquette de cadavres. Encore plus de ces sites sont dénués d’une ville moderne.

Des nuées de routiers ont pillé à volonté : soit des cannibales locaux sinon des pillards de provenance moins infecte. Le seigneur de guerre en herbe, avec sa horde de maraudeurs, se serait emparé d’une telle région presque sans résistance, pillant et brûlant partout, abattant tous sauf les femmes nubiles, s’installant en permanence, marchant au travers ou dépérissant de l’ensemble des maladies locales.

Ces jours-ci, les épidémies historiques sont presque toutes décrites comme des manifestations d'une seule maladie, (peste, typhus, typhoïde, fièvre jaune, variole, grippe, paludisme, encéphalite, etc.) Assez souvent, les signes et symptômes soigneusement décrits à ce moment ne coïncident avec aucune maladie connue aujourd'hui. La circonstance la plus croyable serait que de nombreux agents létaux, ayant longtemps mijoté endémiques dans la population locale, aient affligé d’un nouveau cocktail de maux redoutables les zombies immunodéprimés par leur terreur de famine, de ruine et de massacre.

 

Les phénomènes suivants n’ont émergé que récemment : 
  
  

·       des populations cosmopolites, les survivants d'une longue série d'épidémies partout au monde, un peu mieux immunisées et organisées contre celle nouvelle ;

·       le soutien mutuel de centres urbains si bien répandus qu'ils eussent pu tirer force de ceux en dehors de la zone de chute biorégionale ;

·       des élevages de telle diversité que l'échec d’une seule fragile récolte primaire aurait été compensé par les autres davantage robustes ;

·       des populations régionales si denses que l’immigration massive put remplacer des pertes en masse locales ; et

·       une direction si bien instruite et nombreuse que ses survivants purent reprendre en main la gouvernance civilisée.

 

·       Par la suite :        
  
  

o   des mesures de santé publique (vaccinations, antibiotiques, savon et eau chaude, donc de l’hygiène de base) qui ont bloqué des anciennes épidémies, du moins dans des populations assez riches pour avoir « dompté » leurs conflits mortels ;

o   d’importantes populations de naïveté épidémiologique donc très vulnérables aux nouvelles pandémies (èbola, SRMO, grippe) ;

o   des industries alimentaires mondialisées spécialisées en monoculture industrielle accouplée de façon trop proche et donc vulnérable aux intempéries et aux nouveaux fléaux de botanique alimentaire ; et

o   de l’ingénier génétique capable de coudre sur mesure des fléaux neufs de létalité absolue, et des terroristes de fin du monde qui ne s’inquiètent pas de s’en servir contre tout le monde, leurs « proches » inclus.

 

Par ces moyens récents, la menace de peste et de famine a reculé d’un brin mais peut toutefois réémerger mille fois plus létale. Du moins en siècles récents dans les régions peuplées du monde, le climat s’est rendu si doux que ces catastrophes n’ont été que des hoquets momentanés et limitrophes en dépit de la boucle de multiplication humaine toujours en accélération. Le réchauffement climatique peut inverser cette tendance climatique et son taux de croissance humaine, dans un catastrophe pour nous tous.

 

La mentalité d’armes, avec sa violence ignorante et gaspilleuse, se varie au carré ou cube de la PEUR.

Celle paisible doit croitre selon l’ESPOIR, avec sagesse, bonté et créativité.

 

Nous nous sommes donc appris à ignorer la prochaine série de catastrophes décennales touchant des continents entiers, sans prendre la peine de nous barder de leur effet. A cette date, les gouvernements terrestres devraient entreposer des réserves alimentaires comme des écureuils frénétiques, tel que le fit Joseph au bénéfice de Pharaon.

 

 

Si ça t’ennui de lire une longue liste de dates et de noms de lieu, parcours les paragraphes qui suivent et saute le reste de ce chapitre. Tu commenceras à entrevoir des fentes énormes de mémoire qui ne peuvent être ni outrepassées ni comblées. De prodigieux trésors de données ont sombré en oubli total. Celles paisibles, peut-être obligés pour le bien-être commun, disparurent en taux alarmants presque aussi vite que leur saisi par des Apprentis. 

Scrute aux alentours tout en te souvenant que l’on se met à table devant une géante pizza super luxe qui s’étend au-delà de l'horizon, entassée de friandises. Pourtant demeurons-nous affamés car nous focalisons notre attention sur un étroit degré de cette tarte carbonisée au noir et rongée à nu : la terre en armes et ses appartenances et dépendances. Le reste illimité ? C’est le monde paisible que nous persistons à repousser de vue et d’esprit comme rien de plus que fausse science, magie, rêve et utopie.

 

Ce chapitre lustre des immensités d'espace-temps. Trop souvent, des contes de destruction ont accru si impudiques et redondants que j’ai dû en abréger, en condenser et en sauter la plupart. J'ai résisté la myope vision du monde héritée de mon instruction occidentale. D’après elle, l'univers se présente comme une cible stylisée de jeu de dard comme de suite. La noblesse blanche et sa haute bourgeoisie, leurs flagorneurs et satiristes occupent un mille géant de glorification exhaustive. Les pires assassins et pirates de l'histoire reçoivent des saluts cérémonieux. L’étude intensive est faite des tribus de guerre juives, grecques et romaines ― à l’exclusion des autres.

Même ces tribus éminentes ont perdu 99% de leur littérature. 

Un inventaire inflexible de romans d’opéra de lessive et de calembours philosophiques, (les grands livres, à quelques exceptions près) fut sélectionné pour son ennui fracassant, son verbiage labyrinthique, (voir les Grecques, Kant, Marx et al.) son réductionnisme biographique, son insignifiance redondante et son obscurantisme autoritaire. L'ultime utilité de cet inventaire se résume ainsi : il fournit un ardu parcours d'obstacle aux étudiants d’école supérieure, aussi un code culturel complexe, les éléments duquel des élites d’armes peuvent se troquer avec enthousiasme et sans jamais finir, sans jamais expliquer leurs pires contradictions sociales. Cet grasse écran de fumée qui n’enseigne strictement rien de significatif, quel recueil de génie ! Alors que nos vrais textes d’Apprentissage ont disparu.

Une poignée de textes religieux, âgés de milliers d’années, ont fourni de l’embauche sécurisée pour des anciens rédacteurs publicitaires qui enveloppèrent leur ignorance en ambiguïté. Des fondamentalistes contemporains nous honorent avec leurs interprétations « littérales » de valeur et de clarté comparables. 

Des technologies bornées aux armes sont analysées en détail microscopique, ainsi que le dogme squelettique de science qui les soutient ; ensuite sont-elles déclarées les seules certitudes dans l'univers. Je n’ai pas entendu formuler si obstinément de telles sottises depuis peut-être Lagash. Entre-temps, très peu de textes ne restent traitant de la destruction de l’ancienne pensée … ni celle du monde paisible en général, du reste : peut-être les sujets les plus importants et les moins bien documentés sur terre. 

Les dates historiques semblent fluctuer en fonction du nombre d'historiens consultés et à l’inverse de leurs expressions de certitude. Par égard à la commodité, je me suis servi de la dernière date référencée, à condition qu’elle ait tenue bon avec les événements adjacents. J'ai invoqué Procruste quand des dates durent être égalisées pour tenir ensemble. Déchiré entre la relation temporale de ces événements et leur stricte chronologie, je crains leur avoir rendues pareille violence. 

Mes remerciements à Hammond Past Worlds: The Times Atlas of Archaeology; Encyclopedia of Library Science; The Timetables of History – The New Third Revised Edition par Bernard Grun; Timelines of War: A Chronology of Warfare from 10000 BC to the Present par David Brownstone et Irene Frank; The Encyclopedia of Military History par les frères Dupuy; Joseph A. Tainter, The Collapse of Complex Societies; Grousset, The Empire of the Steppes: A History of Central Asia, traduit par Naomi Walford ; War and the World: Military Power and the Fate of Continents par Jeremy Black; et The New York Library Book of Chronologies par Bruce Wetterau. Ces textes m’ont fourni de multiples chronologies et références croisées, comme l’ont d’autres cités en sus. Aussi, celui de Beck, History of Ethics Chronological Index a rempli beaucoup de lacunes ; il est disponible à http://www.san.beck.org/AB-Chronology750-1300.html

Ces textes et d'autres cités en dessous m’ont fourni beaucoup de références et de chronologies ; encore plus n'ont pas reçu la mention qu'ils méritent. Je crains les avoir lus avant de débuter la documentation de mes recherches. Je suis né ne sachant aucune de ces rubriques ; j’aurai dû les annoter toutes.

 

Les anciennes villes ont formé des tas séquentiels de ruines fondés sur un assemblage d'eau douce, de récoltes dignes de confiance, d’opportunités économiques et de terrain défendable en localité ainsi que d’accessibilité régionale. D’habitude, une voie d’eau navigable dut fournir une autoroute naturelle pour de l'ancien transport de charge, de bonnes barrières défensives, la source fiable d’une grande quantité de protéine de bonne qualité : la pêche, ainsi que l’ultime voie de nettoiement pour les pires déchets urbains.  De telles furent exigés pour sustenter une vraie ville, chacune bâtie sur les ruines de celles préexistantes et qui sait, d’élégance supérieure ? 

Pour chaque collection disloquée de textes récupérés du passé, des centaines de bibliothèques royales et des milliers d’histoires à l’orale n’ont pas survécu. On a oublié un nombre incalculable de guérisseurs pré-écrits, de bardes, scribes, sibylles, chamans et mages, tant bien qu’auteurs, rédacteurs et bibliothécaires conventionnels. Eux tous commémorèrent la sagesse de leur peuple, puis disparurent oubliés.

Par exemple, des 142 volumes rédigés par Livie, il ne reste que 35. Lui fut parmi les mieux documentés des anciens historiens romains. Compte tenu de quelques autres fragments, les chiffres qui suivent s’appliquent : Sophocle : sept livres sur 120, Sapho : seulement deux poèmes depuis neuf livres, Euripide : 18 sur 82 livres, Aristophane : onze comédies sur quarante, Agathon : zéro, Alcman : zéro, Diphile : zéro, Eupolis : zéro, Alexis : zéro, les pyrrhonises : zéro, les sceptiques : zéro, les cyniques : zéro, les stoïques : zéro, Zeno : zéro, Cricipus : zéro. Fernando Baez indique qu’il a compilé une liste de six mille pages de telles disparitions.  Tu trouveras quelques autres exemples dans ce livre ; faudra imaginer beaucoup d’autres dont rien ne reste. En lisant ce chapitre, imagines d’innombrables archives réduites en cendre et poussière, penses aussi à d’exquis poèmes et pièces de conviction, de médecine, de psychologie, de botanique, etc. – des civilisations préhistoriques intégrales, commémorées autant à l’oral qu’à l’écrit – tues à jamais. 

Souviens-toi que pour la plupart de l’histoire, des soldats ne furent payés qu’avec des armes, des rations et du butin (et ceux-là assez rarement.) Là où marcha une ancienne armée, la misère suivit de près avec les non-combattants du camp. 

Rappelle-toi aussi que la tyrannie de Saddam Hussein fut en grande partie moyenne comparée à celles plus vieilles, et que ses nombreux crimes et persécutions n’ont équivalu à ceux des antiques seigneurs de guerre. La rancune et des fantaisies de rachat de dette ont dû empester autant parmi les habitants d’anciennes villes, que des rêves d’Ali Baba : s’emparer vite d’un trésor alors que personne n’en tint la garde. Elle persiste parmi les populaces rurales défavorisées (les gilet jaunes et partisans de Trump et de Brexit.) De ce fait, quand le « changement de régime » induit un bref grippage par vapeur dans les lignes de transmission du pouvoir, des criminels locaux ont dû se soulever en émeute, pillage et arçon, tels que l’ont pratiqué les pires habitants de Bagdad quand ils en eurent l’opportunité. Tout le butin urbain que des armées n’auraient pas détruit ou emporté, les survivants locaux pillèrent.

 

 

J'ai entrepris de noter la destruction d'autant de grands patelins que j’ai pu découvrir. Mais ne présume pas que la paix ait régné ailleurs pour la seule raison qu’aucune guerre ne fut signalée dans ce continuum d’espace-temps. Au fond, aucune civilisation n'a su éviter la guerre pour plus longtemps qu'une génération. Constate-nous qui n’en parvenons pas. Nous autres : tellement progressifs, émérites et amateurs de paix ! 

Une catastrophe naturelle s’est souvent abattue sur des civilisations entières. Quelque part au monde le long de millénaires au moins tous les cinq et quelques ans, une importante collection de données subit un dégât considérable en même temps que sa population maîtresse. Assez fréquemment, des civilisations indépendantes se sont écroulées concurremment à travers la planète, peu importe l’écart de leurs villes. 

Alors que quelques inscriptions vantardes et grands registres de butin ont permis aux graisseux seigneurs de guerre d’enregistrer la dévastation résumée ci-dessous, aucun Apprenti lettré n’y a nécessairement survécu pour regretter à l’écrit la terminaison de sa civilisation remarquable. Beaucoup de telles furent sans doute gommées entièrement de la mémoire humaine : peut-être la majorité et certainement celles les plus paisibles. 

 

Selon Rick Potts, dans Humanity’s Descent (L’origine de l'humanité,) William Morrow and Co., New York, 1996, pp. 201-203, l’objet symbolique le plus ancien serait une figurine féminine sculptée d'un caillou exotique déterrée d'une creuse israélienne datée de 230.000 ans. En 2003, une lame de silex fut trouvée admirablement taillée, placée dans un creux funéraire datant de 300.000 ans, aussi celles moins bien œuvrées depuis 500.000. En 2008, on a trouvé des traces âgées de 790.000 ans d’un feu fait exprès ; et puis datant de deux millions et demi d’années en Afrique, des outils reconnaissables de pierre ébréchée et des bifaces mieux développés. Toutes sortes de trousses d’outils de poigne spécialisés ont évolué il y a environ 150.000 ans, comprenant le trafic régional de certaines pierres favorisées. Depuis 130.000 ans, des néandertaliens sculptèrent, encochèrent et gravèrent des os et des dents d’animaux. De l’art reconnaissablement humain et simultanément néandertalien s’est répandu depuis à peu près 40.000 ans, et sa diversité a explosé il y a environ 18.000, quand des flèches climatiques de glaciers menaçants au Nord et de déserts givrés au Sud ont refoulé les survivants humains dans le croissant fertile. 

Nos ancêtres humains et préhumains ont été martelés sans merci. Nous sommes la progéniture mise à l’enclume de l'histoire : pliée et battue en mille feuilles comme de l’acier d'épée japonais ou une patte de napoléon. L’ADN humain fut brutalement forcé à travers une série de goulots génétiques qui ont annihilé toutes sauf une poignée de lignés de descendance. Dans un passé distant, des incidents naturels ont induit des pertes massives.  Une situation plus récente, il y a sept mille ans, est supposée avoir résulté des combats génocidaires de clans patriarcaux. Nous fumes infligés ces épreuves si souvent que nous sommes devenus fort durs, tranchants et friables, ainsi que des frères et sœurs proches, nos sept milliards.

Des codes personnels, des aides mémoire et des écrits dépéris ont pu guider des civilisations néolithiques, (depuis 10.000 à 50.000+ années) paléolithiques, (encore plus vieilles) ou préhumaines. 

Après tout, les quelques baleines bleues qui subsistent de nos jours partagent à travers la planète des chansons qui durent toute la journée et varient selon la saison. Est-ce que leurs chants démontrent une culture avancée mais démunie de technologie dite « dure ? » 

Mis à part quelques bibelots, murales de caverne, ficelles nouées et sites d'enterrement, nous ne reconnaissons aucun registre ni marque culturelle de telle vieillesse. L'ampleur de notre arrogance est stupéfiante, égale à la profondeur de notre ignorance. 

Denise Schmandt-Besserat publia son idée géniale dans Avant l'écriture, volume un : Du comptage au cunéiforme, University of Texas Press, Austin, 1992. Elle découvrit des jetons d'argile employés comme aides de compte et de mémoire bien avant que l'écriture fût développée telle qu’on la reconnaît (de 8.000 à 4.000 AEC – avant l’ère chrétienne.) Les premières transcriptions reconnues furent des inventaires en code inscrits sur des enveloppes d’argile contenant ces jetons. De telles ont été découvertes dans maintes creuses préhistoriques ; elles figurent parmi les premiers objets façonnés en argile. Jusqu'à leur découverte, on n'avait jamais présumé que de telles écritures préhistoriques n’aient existée : vanité humaine typique. Il s’avère que ces « primitives » peintures murales de grotte, à la frappante beauté de cerveau droit, sont aussi des diagrammes stellaires de singulière précision mathématique du cerveau gauche. Qui aurait su ?

 

Dans Le calice & la lame, Riane Eisler présente un cas impérieux à base de son interprétation de l’œuvre de Marija Gimbutas, The Language of the Goddess: Unearthing the Hidden Symbols of Western Civilization (Le langage de la déesse : Déterrant les symboles cachés de la civilisation occidentale,) 1989, Thames and Hudson, London.

Du huitième millénaire de l’AEC jusqu’au mi-deuxième, des sociétés matrilinéaires adorèrent la Déesse. Ses adeptes occupèrent de nombreux sites non fortifiés à travers l’Europe et la Méditerranée qui furent envahies par des vagues de cavaliers nomades qui les détruisirent et les remplacèrent peu à peu.

Des recherches récentes de génétique à l'université de Stanford indiquent que l'humanité a souffert d'un goulot d'étranglement du chromosome Y il y a sept mille ans, lors duquel la population humaine masculine s’est réduite à la dix-septième de celle femelle. https://news.stanford.edu/press-releases/2018/05/30/war-clan-structubiological-event/. Les généticiens attribuent ce déclin aux luttes de clan patriarcales au cours desquelles environ 94% de la population masculine fut abattu. Un peu comme le Paraguay après la guerre de Triple Alliance en 1870, quand 28.000 hommes survécurent sur une population résiduelle de 221.000, après 302.000 pertes de guerre.

Ce déséquilibre, entre l’homme et la femme, permit aux matriarches locales de prendre pied d’égalité sexuelle et paisible qui aurait pu persister des milliers d’années, jusqu'à ce que les patriarcats guerriers ne se soient rétablis ailleurs (vraisemblablement, les tribus Kourgan depuis les steppes trans-transcaspiennes), n’aient envahi le reste de l'Europe et détruit la civilisation matriarcale. Nous voici, cinq mille ans ensuite.

Leurs villages furent tendrement situés pour de belles vues, des champs fertiles et de l’eau douce tout près ; leurs demeures, de bonne qualité constante et de dessein étonnamment courant, se vantaient de pièces multiples aux murs blanchis, de portes à verrouille, d’étagères par-dessus la tête et de fenêtres à membrane claire. Leur industrie céramique fut prolifique, experte et très variée. Leurs grains furent entreposés dans des creuses soigneusement enduites d’argile, ce qui scellait l'humidité en dehors et au-dedans des gaz de fermentation nuisibles aux insectes. 

Est-ce la raison que les gazeuses et bières descendent si bien avec le mal bouffe ? Leur contenu de Bioxyde de Carbone nuirait-il aux méchants organismes qui provoquent de l’indigestion autrement ?

De l'Europe et de l’Asie occidentale aux nombreux sites en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, des dépouilles furent trouvées couvertes d’ocre rouge dans des creuses d'enterrement remplies de fleurs. De nombreuses figurines féminines stylisées ont fait surface, ainsi que des têtes sculptées de taureau, des crêtes de lune et des haches à tête double, celles-ci fabriquées de minces billets de cuivre, (c'est-à-dire ornementales et inopérables comme armes.) Absentes : telles emphases élitistes que des armes, armures et fortifications urbaines. 

C'est à savoir, comment ces gens auraient disposé des sociopathes et des psychopathes que la génétique humaine projette inévitablement si laissée sans renouvèlement. Est-ce que ceux les plus sournois furent exilés dans la nature ? Leurs survivants se propagèrent-ils sur les steppes eurasiennes pour former les hordes meurtrières décrites en bas ? Sinon, je crains que ce culte de la déesse ait pu impliquer le sacrifice sélectif des êtres humains les plus ternis. 

Ce culte reflétant peut-être une civilisation précédente et supérieure, noyée depuis ?

 

 

Robert O'Connell a conjecturé sur l’origine des êtres humains comme des chasseurs charognards paisibles et indépendants, du type Bushman, dans Ride of the Second Horseman: The Birth and Death of War (Chevauchée du second cavalier : L’enfantement et le décès de la guerre). 

Ils ont d'abord élevé avec grand dévouement un petit nombre d’enfants en adultes sains et sagaces. Ensuite sont-ils tombés victimes du piège des plantations. En échange d’une source de nourriture des fois plus abondante et fiable, cela leur exigea de l’interminable labour au dos voûté, la soumission des chasseurs inaccoutumées à de tels travaux pénibles, et de l’hyperactive fertilité féminine. 

Piégées dans cette plantation, les femmes ont dû faire naître trop d'enfants et se sont trouvées trop abusées, dégradées et surmenées pour leur rendre des soins adéquats. Par exemple, l'allaitement prolongé était la méthode naturelle de contrôle des naissances avant le piège des plantations, abandonnée depuis. Aussi assura-t-il que la plupart des enfants reçurent des caresses généreuses pendant leurs cinq premières années. Des bébés associeraient naturellement cette perspective au monde beaucoup plus facilement si portés à la hauteur d’adulte, qu’ils ne l’apprennent aujourd’hui quand ils rampent par terre et sont poussés en landau. Portés et caressés à partir de l’âge le plus tendre pendant les heures en éveil, ils auraient grandi pourvus d’ossature, de musculature et de système immunitaire plus forts, ainsi que des filets neuraux beaucoup plus denses. 

Le piège des plantations retira ces bénéfices habituels aux chasseurs glaneurs à cause de l’épuisement des parents et leur négligence en raison du surmenage. Ces problèmes se sont aggravés sous la gérance de l’hydro-agriculture au niveau villageois, ce qui nécessitait une main-d’œuvre encore plus intensive. Ils se sont finalement rendus intraitables par des gens libres quand des civilisations hydrauliques et leur gérance esclavagiste – les organisations d’armes dont nos historiens s’extasient le plus – ont exigé des corvées saisonnières. 

Peu importe la dure besogne de ceux attrapés par le piège des plantations, la disette suivit quelques années de largesse passagère. Tandis que la fertilité hyperactive multipliait la main-d’œuvre rurale, elle aggrava des épidémies et de la haute mortalité infantile. De tels fléaux se sont rendus inévitables grâce à la haute densité de population exigée pour l'agriculture. Somme toute, des écosystèmes trop durement cultivés se sont écroulés et la famine suivit de près. La guerre est devenue la méthode favorite de minuter cet engin aux subites hausses et chutes cycliques de population. 

S'ensuivit la fente entre Caïn et Abel : le fermier et le gardien de troupeau. Note que, contrairement à nos préjugés, ce fut le fermier trouvé coupable dans ce conte biblique, l’invention sans doute de nomades. Le vilain est toujours l’Autre dans ces histoires. Bien que, du point de vue psycho statistique, la moitié de tes amis potentiels vivent parmi les Autres et une fraction semblable de tes véritables ennemis sont des psychopathes qui se prétendent appartenir aux tiens. Note comment cet assortiment d’amis et d’ennemis diffère de la sélection actuelle.

A propos, les bêtes d’exploitation ont incubé la plupart des maladies humaines. Celles épidémiques ont dû attendre l’arrivée du monde urbain. Peu de maladies n’ont pu passer des animaux sauvages aux chasseurs glaneurs puis circuler au-delà du site initial d'infection. Ceux-ci furent trop éparpillés, comparés aux citadins. 

Je me change d’avis à ce sujet. La transmission d’épidémies globales par voie d’oiseau sauvage tels que la grippe aviaire, le virus du Nil occidental, etc., aurait frappé ces chasseurs glaneurs aussi durement. Faute d’un tabou compulsif leur interdisant la consommation d’espèces maladives – donc plus faciles à abattre en vol et piéger une fois échouées – celle-ci aurait présenté un danger mortel autant aux chasseurs glaneurs qu’aux citadins. Etant donné des cieux remplis d’oiseaux infectés et un maquis grouillant de charognards également maladifs, l’éparpillement des chasseurs glaneurs, comparé au coude à coude des citadins, aurait été immatériel. Autrement, cette tâche fut accomplie au moyen antédiluvien des moustiques : ces crasseuses piqûres volantes.

La misère des gardiens de troupeau grandit en fin d'hiver quand leurs bêtes furent trop maigres pour être dignes de commerce. C’est alors qu’ils furent tentés de faire la razzia des communautés d’exploitation agricole et y arracher leur surplus évident. Rentrant chez eux chargés de butin, ces écorcheurs furent vulnérables à la poursuite rapide, à l’embuscade et aux représailles. D'après O'Connell, ils ont eu recours à de l’ultraviolence à l’encontre du fermier villageois pour que son choc et deuil retardent sa poursuite. La réaction horrifiée du fermier fut de se fortifier derrière un mur de village, rendu ainsi en cocotte-minute de stress social, de peste et de tyrannie. Qui plus est, des fermiers fortifiés ont commencé à attaquer leurs voisins non fortifiés. Toutes ces communautés furent bientôt rattrapées dans ce jeu sanglant. Ainsi conclut M. O'Connell. 

Cet aboutissement aurait ressemblé à celui des anciens Iroquois situés sur un autre continent et aux millénaires subséquents. La guerre intertribale, nourrie par la surpopulation et les ressources forestières en diminution, s’est rendue si brutale que le chaos anarchique finit par régner. Personne ne pouvait se hasarder au-delà des fortifications tribales pour glaner, puiser de l'eau, cultiver et aller à la chasse ou la pêche. La malnutrition régit les huttes longues et le cannibalisme s’y rendit banal. Aucune mythologie guerrière ne put survivre ce désespoir et ces abus. 

Les Iroquois ont enduré misère pérenne jusqu'à ce qu'ils aient prêté attention aux propos de leur grand forgeur de paix, Déganawida. Il appartint à la tribu Huronne et aurait dû être considéré un étranger, donc une menace potentielle. Il souffrait aussi d’un défaut de prononciation. Mais il fut soutenu par Hiawatha, grand chef de guerre et orateur charismatique aux affiliations onondaga et mohawk ; et par Jigonhsasi, une fameuse hôtesse qui offrit un repas à tous les guerriers courant le chemin devant sa porte, celui principal de guerre entre les tribus, ce qui lui permit d’apprendre leur cœur. Quand ce premier prédiqua la paix, l’abondance et la confédération, ils se sont dévoués à la réalisation de ses conseils. Ainsi naquit la plus forte confédération amérindienne : les Six Nations, qui se sont gouvernées en paix interne pendant des siècles (cinq nations depuis une de deux éclipses en 1142 ou en 1451 de l’EC, le sixième incorporé sans droits politiques au XVIIIème siècle.)

Malheureusement, les tribaux originaires n’ont pas accordé des droits égaux au nouveau rentrant ; donc l’intention du forgeur de paix, d’incorporer 200 Nations, fut entravée. Enfin, des factions d’isolationnistes, de pro-français et de pro-anglais ont rendu cette confédération la proie de la prédation occidentale et de ses épidémies. Les rédacteurs de la constitution américaine ont puisé de précieuses inspirations et modèles exécutifs des traditions politiques iroquoises. En effet, la première constitution américaine fut enregistrée au wampum.

 

 

Riane Eisler diffère un peu dans sa description des premières manifestations organisées de la brutalité humaine. Depuis 5.000 ans AEC, des bandes de guerriers Kurgan ont envahi les communautés non fortifiées d’adorateurs de la déesse. Il semble que ceux-là ont exterminé tout le monde à l’exception de jeunes filles et incendié tous les villages agréables. Ils bâtirent quelques palais imposants entre de nombreux taudis, des inhumations de sacrifices humains, des cachettes compliquées d'armes et palissades fréquemment incendiées. Ces fortifications perchaient sur des monticules et des escarpes branlants : également hideux, rudes, inaccessibles et inconfortables. La régie de la conscience morale humaine a été noyée dans le sang d’innocents. Notre culture ne s’est jamais remise de ce désastre global.

Des belles figurines modernistes remontent de 3.500 AEC sur les Îles Cyclades ; d’autres fouilles d’objets de culte ont pointillé les rives de la Méditerranée. 

L'adoration de la déesse survit à peine aujourd'hui. Elle fut décimée à maintes reprises par décret patriarcal. Des élites sophistiquées d’armes, telles que les nôtres, ont exercé tout plein de patience rusée pour l’extirper. De nos jours, la désinformation remplace la brutalité ; les adoratrices de la déesse sont calomniées et banalisées au lieu d'être simplement massacrées. 

Des chroniqueurs subséquents ont évoqué un « âge d'or » longuement disparu. Ils ont consigné les générations consécutives aux âges dégénérés de bronze et de fer correspondant aux matières premières d'armes retenues en main.

Les Védas de provenance indienne décrivent une série d’époques (Youga) rassemblés en cycles de 25.772 années qui correspondent à la récession de l’équinoxe vernale : une rotation complète dans le firmament de l’axe polaire terrestre, avec l’oscillation du plan des orbites solaires d’en haut jusqu’en dessous de l’équateur galactique et puis de retour, dont la science moderne confirme l’étendue chronologique. 

L’humanité vient d’émerger du Kali youga (d’y passer au-dedans ?) : l’ultime et la pire de quatre époques, dont la moralité, l’empathie et la bonté ont pratiquement disparu comparée aux trois autres Youga. (En anglais) http://cycle-of-time.net/cycles_of_precession.htm

Dans ce scénario, nous sommes le peuple de la dioxine issu de l’âge du plutonium, « à demi en argile et à demi en fer » d'après le cauchemar de Daniel dans l’ancien testament. Nous nous sommes rendus en êtres dégénérés se sauvant des sabots acérés des quatre cavaliers auxquels nous avons cédé cette planète : famine, pestilence, guerre et trépas. Par contre, puisque nous avons évidemment écrasé dans les profondeurs des mœurs, nulle part ne semble rester hormis à la remonte. 

 

La civilisation chinoise a émergé presque mille ans après celle Nilotique et des milliers de plus depuis celle Dravidienne. La Chine néolithique et paisible subit une dégénérescence analogue. La cultive du millet date de 8.000 AEC dans le Nord, et du riz, de 5.000 AEC au Sud. A partir de 3.000 AEC, une reconnaissable transition archéologique, de la paix pastorale au chaos militaire, a broyé la Chine sous les sabots de cavaliers nomades surgis de l’Asie Centrale. 

Des découvertes récentes (2008) en Syrie démontrent que des céréales sauvages avaient été amassées depuis 15.000 à 18.000 ans, donc avant le dernier maximum glacial.     http://www2.warwick.ac.uk/newsandevents/research_pushes_back/. Il est plausible que des communautés agronomes autant primitives seront déterrées dans l’avenir. Des fragments de pots datant du 16e millénaire AEC ont fait surface sur les îles japonaises de Tsushima, Kyushu et Shikoku.

 

La construction d'une série de terrasses a levée jusqu’à 885 mètres sur le mont Gunung Padang plus d'un million de tonnes de blocs en pierre moyennant 300 kilogrammes pièce, à partir d'une carrière inconnue. Ces rares masses sont lithopones : elles sonnent de leur propre musique, telles que celles à Stonehenge. Ce mystérieux « Haut lieu du soleil » indonésien date de 14,000 AEC. www.newdawnmagazine.com/articles/mankinds-cradle-of-civilisation-found-in-java.

Sur la colline de Visocica en Bosnie-Herzégovine (près de Sarajevo) un groupe de pyramides atteignant jusqu’à 220 mètres de hauteur ‒ donc plus grandes que celles à Gizeh en Egypte ‒ fut fabriqué de béton de haute qualité insolite. On les a récemment déterrés d’en dessous de leur couverture naturelle de quelques centimètres de terre. L’ensemble paraît dater de 12.000 ans. http://www.smithsonianmag.com/history/the-mystery-of-bosnias-ancient-pyramids-148990462/?all

A Nan Madol, 250 millions de tonnes de basalte prismatique furent empilés sur des milliers de mètres cube de corail pour former des tours et cours atteignant huit mètres par-dessus le niveau de la mer, pour former 96 îles artificielles sur plus de 18 kilomètres carrés. L’exact datage géologique est interdit par sa situation distante sur un archipel du Pacifique occidental et ses structures écumées sur l'île de Pohnpei.

Des centaines de menhirs équarris ont été découverts en 1994 à Gobekli Tepe en Anatolie. Ces pierres, empilés en Ts ornés de frises d’animaux et de formes humaines (?) stylisées en haut relief, datent d’au moins 9.000 ans et donc de 7.000 AEC, voire auparavant : avant même l’ère de l’agriculture reconnaissable. http://en.wikipedia.org/wiki/G%C3%B6bekli_Tepe

Parmi les plus anciens villages néolithiques connus, Catal Huyuk fut fondée aux environs de 7.000 AEC. Des dessins y ont été trouvés avec des sculptures, des outils, des armes et même une carte de ville. 

Mehrgarh, ville primordiale au Pakistan à présent, fut établie le 7e millénaire de l’AEC. Lepenski Vir, aux Portes de fer du Danube, fut occupé environ 6.000 AEC, ses résidents des villageois chasseurs glaneurs avant de devenir fermiers, établissant donc l’éventualité de cette transition. Des tribus indiennes parmi les plus prospères en Amérique occupaient la côte Nord du Pacifique. Leurs communautés fixes jouissaient de la pêche au saumon suppléant la chasse et la cueillette forestière. C’est à savoir, combien de communautés à base de pisciculture et de jardinage furent annihilées par des rivaux militaristes agriculteurs ou pastoraux. 

En Bulgarie, le village de Provadia est celui le plus ancien découvert en Europe ; il date d’entre 4.700 et 4.200 de l’AEC. Ses 350 habitants entretinrent une bouilloire à sel qui leur procura une cache d’or. Ils ont dû se tapir derrière un mur de périmètre en pierre, haut de trois mètres et de 1,8 d’épaisseur. La richesse rarissime, l’insécurité croissante et l’hystérie en panique ont toujours figuré comme compagnons tenaces dans l’histoire. 

Dans une creuse à Buthiers-Boulancourt au sud de Paris, un squelette fut découvert datant de 4.900 AEC, son avant-bras amputé chirurgicalement. Le patient survécut pour au moins quelques mois. L’absence de traces corporelles d’infection indique que l’opération eut lieu dans un champ stérile, figurant même l’emploi d’une sorte d’anesthésie.  http://www.theepochtimes.com/n2/content/view/38229/

A partir de 5.000 AEC aux alentours de Varna en Bulgarie, une civilisation dite « d’ancienne Europe » évolua tout un commerce de cuivre purifié à grande chaleur et exporté jusqu’à la Volga, modelant la bijouterie de coquilles Spondylidés importées de la mer Egée avec d’autres arts et métiers remarquables. Si tu souscris à la croyance dégénérée que des sociétés hiérarchiques doivent forcément être supérieures à celles égalitaires (sauf du point de vue militaire) celle-là aurait déjà franchi ce seuil. 

Arslantepe (Porte du Lion, en turque) fut fondée environ 4.250 AEC. En 4.000 AEC, un grand temple y fut bâti et consacré à l’entretien de vivres et leur distribution. Des céréales avaient déjà été cultivées depuis trois mille ans en Anatolie, et au moins mille ans auparavant en Palestine. Arslantepe fut abandonné environ 610 AEC, lors de l’effondrement de l’empire assyrien.

 

 

Les premières traces humaines au nouveau monde datent de 15.000 années dans le passé et peut-être 200.000 ans auparavant. http://www.humanjourney.us/america.html.

La première civilisation américaine dont nous retenons des indices date d’il y a environ 5.000 années, donc de 3.000 AEC. Le « premier » site de la civilisation urbaine est récemment supposé être Caral, à deux cents kilomètres au Nord de Lima. Ses ruines ont révélé de l’architecture monumentale et de l’agriculture irriguée datant de 2.627 AEC (donc les contemporains de celles équivalentes en Egypte.) Le site de Caral a été déterré sur le plateau péruvien. La société de Norte Chico dura 1.200 ans, avant que ses habitants n’aient déménagé dans des vallées davantage spacieuses vers l’intérieur au Nord et au Sud, et ne se soient convertis de la pêche et du jardinage à la cultive intensive du maïs. http://www.newscientist.com/article.ns?id=dn6829.

 

Les premiers documents reconnus ont débuté avec un calendrier égyptien qui date (littéralement) de 4.241 AEC. Des textes védiques indo-aryens ont pu être beaucoup plus âgés, étant donné ses anciennes observations astronomiques. Ces Védas furent transmis par récitation miraculeusement libre d’erreur à travers des milliers d'années d'analphabétisme absolu. Des textes védiques intégraux ont disparu en transit, sans doute parmi ceux les plus paisibles.

Le fameux Mahabharata débute avec l’histoire des membres d’une noble famille qui incendia vivants ses serviteurs exprès afin de détourner l’attention de ceux qui souhaitaient homicider cette famille. J’ai coupé court ma lecture en horreur à ce point. Tant pis pour la déontologie des Védas. La Baghava Gita dicte que le jeune propriétaire sage n’a pas besoin d’y lire plus loin que la première page. Je suis tombé d’accord.

 

L'Egypte s’unifia d’abord aux environs de 3.100 AEC. Protégé par le vaste vide du désert, les proto Egyptiens ont enduré de nombreuses guerres civiles, y compris une lacune de sept cents ans, recensée à frisson « l’Anarchie. » Le pouvoir national s’est finalement consolidé le long de l’étroite zone d'inondation du Nil. 

Dans cette bordure, la construction d’enclaves urbaines fut formellement interdite en faveur exclusive de l’agronomie. Nous verrons si les Egyptiens regretteront d’avoir désobéi une ordonnance si stricte.

L'Egypte fut la victime de razzias multiples ; elle fut envahie et occupée par, puis libérée des Nubiens et leurs alliés du Nord, les Hyksos, de 1.800 à 1.600 AEC ; des gens de la mer, de 1.200-1.170 AEC ; des Philistins et des Ethiopiens en 730 AEC ; puis des Assyriens et des Libyens en 671 AEC. Environ 661 AEC, ces Assyriens ont saisi Thèbes, la capitale égyptienne datant de 2.100 AEC avec son temple immense d'Ammon. En 605 AEC, Babylone refoula les armées égyptiennes de la Syrie et la Palestine. 

A l'époque, dans ce qui reste des anciennes villes que nous sachons « lire » rien n'existait sauf des palais, des casernes, des taudis/ateliers et des bazars. Pendant des millénaires, le temple local servit comme banque, hôtel de monnaie, monastère, chiromancie, géomancie, bureau de poste, entrepôt, grossiste, hôtel, bordel, musée, bibliothèque, maison d'édition, agence publicitaire, bureau de journal, station radio, cathédrale, théâtre, casino, maison d’hébergement, observatoire, hôpital, université, et sans doute d’autres fonctions oubliées depuis. Si tu appréciais la curiosité, l’imagination et la camaraderie, la prêtrise figurait comme seul jeu en ville, en dépit de sa réaction encastrée. 

Quel fut le taux d'usure d’anciennes archives égyptiennes ? Imagine la facilité avec laquelle ont dû disparaître, le long de mois sinon de centenaires sans loi, de voûtes remplies de papyrus et d'argiles comprimées. De la poussière transformée en argile et puis passée au feu, au sang et à l’inondation, pour en revenir à la poussière.

 

L’ultime bibliothèque égyptienne gît en toute probabilité intacte et celée sous le lit du Nil à la hauteur des pyramides de Gizeh. Son emplacement pourrait être indiqué de façon énigmatique par une correspondance géométrique entre ces pyramides et les étoiles de la constellation Orion. Dans ce cas, le Nil prendrait la place de la voie lactée. Sa disposition, scellée et submergée sous les fleuves du Nil, serait marquée par la plus brillante étoile dans l’intersection de la voie et la constellation comme orientées pendant la construction des ultimes de ces monuments, et représentée par aucun autre monument reconnaissable ; sinon là où il serait le moins inconvénient de détourner le Nil en amont d’un passage correspondant à une autre maison astrologique. Aucun responsable n’a semblé s’en intéresser. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose, étant donné la prédominance contemporaine de pilleurs de tombe aux longs bras et aux doigts collants, sans parler des grands marteaux, des bulldozers et des explosifs d’iconoclastes modernes de fondamentalisme psychopathe et usurpateur. 

Iconoclastes fondamentalistes modernes ! Andrew Brevig fut déclaré sain d’esprit après avoir massacré soixante-dix enfants en une journée ! Le sans-abri ou la prison sont devenus nos expédients institutionnels pour la maladie mentale ! Nous n’avons jamais construit assez d’asiles de fous ni embauché assez de psychiatres ― pour adresser la folie collective de notre gérance.

 

Des molles ardoises en argile crue ont durci en céramique quand des palais impériaux furent incendiés avec leurs bibliothèques annexes. Il reste quelques petits problèmes : découvrir ces collections et les déchiffrer. Oublis vite des archives de feuilles de parchemin, de vélin, de papier et de papyrus ; tout environnement moins stérile qu’un désert de sel les aurait pourris. 

Pense à ces archives éphémères. Furent-ils tracés à l’ongle avec des marques cunéiformes sur des feuilles fraîches cueillies d'arbres à feuille géante poussant aux marges d’avenues majestueuses ? Voici comment j'imagine qu’ils ont pu s’en sortir si rien d’autre que la nature et la technologie de base n’existait auquel faire appel. Un document copié de cette manière ne serait à présent que de la paille, et de telles archives seraient remplies de terreau illisible.

 

Suit ma version en anglais d’une liste longue mais inachevée de villes détruites, d’archives disparues et de civilisations égorgées. Je n’ai pas eu la force de la traduire ni sans doute toi l’intérêt de la parcourir dans son entièreté. Consulte plutôt une bonne histoire du monde afin de t’en instruire pourvu que tu ne t’en ais pas encore fait une bonne idée. Sinon apprends l’anglais pour lire la mienne. Je ne traduirai que les portions suivantes, m'étant les plus intéressantes.

 

 

La civilisation Minoenne émergea sur l'île de Crète aux environs de 2.000 AEC. Ses structures en combinaison palais, temple et centre de commissariat et de civisme furent reconstruites en 1.700 AEC après leur destruction à la suite d’une série de tremblements de terre, de révoltes et de pillages. L’Age d'or minoen dura jusqu’en 1.450 AEC quand l'explosion du volcan avoisinant, Théra, annihila les sociétés établies sur Théra, sur Crète et qui sait ailleurs sur les rives régionales ? 

La culture de Théra a pu briller plus vive que celle de Minos, ainsi qu’en est parvenu St Pétersbourg vis-à-vis Moscou de vétusté étouffante. Théra n’aurait pu être qu’une base militaire et port naval consacré à la protection de l'île démilitarisée et idyllique de Crète, tel que Pearl Harbor sert aux autres îles enchantées d’Hawaii. 

De toute façon, cette éruption projeta une forte vague de marée sur les rives de la Mer Egéenne, étouffa la saison des croissances sous des chutes de cendre d’un mètre d’épaisseur et détruit en toute probabilité l’ensemble des escadres en port et sur la plage. Des envahisseurs opportunistes (Mycéniens ?) ont talonné ce désastre, envahissant ce flambeau de civilisation pour l’éteindre. 

Pendant leurs beaux jours, les Minoens se civilisèrent en redistribuant des produits forestiers, la faune de montagne, la pêche abondante, des cultives fertiles et des œuvres maîtres par la voie de leur culte de la déesse. Des plantages d’oliviers se sont épanouies en Crète depuis au moins 3.500 AEC. Selon des nouvelles traces archéologiques, les anciens Arméniens ont pu inventer la viniculture. Peu de fortifications insignifiantes y ont été trouvées : ni port fortifié, ni mur de ville, ni inscription militariste ni de royauté. 

Des fresques et des tessons de pots Minoens affichent un naturalisme fascinant. Cela, puis leur prédilection pour l’ocre rouge et le noir du charbon, nous rapportent devant le meilleur art néolithique. Une boucle en bronze enserrait la taille de guêpe des jeunes gens, et la mode découvrit la poitrine des jeunes femmes. Sans tenir compte d’Ursula K. Le Guin, je salue une culture assez allègre et bien retenue pour permettre ce rapport de mode sans perturber la paix. C’est à imaginer, le tumulte qu’une telle indulgence provoquerait dans nos sociétés de « modernité » barbare. 

De l'eau propre fut canalisée en maison (même de l'eau chaude) ; des eaux d’égout, écoulées au loin. Les maisons furent de taille et de qualité égale à travers la population : une autre habitude paisible pas permise depuis. 

Des taureaux sont représentés jetant entre leurs énormes épaules et cornes des danseurs acrobates de culte en l'air. On a spéculé que cette cérémonie dépeignit une confrontation rituelle, suicidaire et pratiquement impossible. Un taureau au combat ne lève pas ses cornes du ras en haut, tel qu’un conducteur de bouteur soulève sa lame. Au lieu fouette-t-il de ses cornes les organes vitaux de sa victime, à la diagonale et d’en dessous comme un bagarreur rusé au couteau. 

Il serait plus probable que des enfants destinés à ce sacerdoce élevèrent des veaux prisés comme bêtes de compagnie. Les deux ont pu exercer cette danse sacrée, ainsi que des enfants villageois en Orient méridional gambadent avec le buffle d'eau dans l'étang de canard du village. Des étrangers (notamment des occidentaux puant la graisse de rognon) risquent une attaque subite de la part de telles bêtes autrement dociles. 

Certains postulent que la civilisation crétoise fut un article truqué. Aurait-elle pu gérer une géante place de mausolée marchandé à travers la Méditerranée comme paradis funèbre pour de riches investisseurs défunts ?  Club mortalité pour des momies ? Tout ce bel art aurait autant bien pu viser à stupéfier ses spectateurs (dans ce cas, nous) qu’attirer d’outre-mer des cadavres embaumés de gros esclavagistes. 

Rien des écrits Minoens ne demeure déchiffrable à part des restes de registres de comptabilité. L’élégance vibrante de son art nous étonne ; sa prose et sa poésie ont dû garder le pas. Quel dommage que rien de telle ne se laisse déchiffrer ! 

Il se pourrait, comme l’affirme Graham Hancock dans Underworld: The Mysterious Origins of Civilization, L'abîme : Les origines mystérieuses de la civilisation, (Crow Publishers, New York, 2002) que leur expression artistique ou religieuse fut circonscrite par la loi et les mœurs aux mnémotechniques fastidieuses et à la récitation, et que l’écriture fut réservée aux trifouilles du profit et technicités telles que des inventaires et calendriers.

Certains présument que les Peuples de la mer, sinon les Philistins, ont pu être des évacués de Minos après ce désastre. L'historien de la Grèce antique, Hérodote, cet avide pourvoyeur de superstitions, (The History of Herodotus, de Tudor Publishing Company, 1943, Dial Press, Inc., 1928, George Rawlinson, traducteur, Manuel Komroff, éditeur) attribut une origine minoenne aux Spartiates : ces vulgaires techniciens d'armes. 

Moi aussi, j'apprécie des soi-disant superstitions. Elles sont plus marrantes, d’habitude, que le dogme prévalant, souvent inexact, d’esprit clos et menant sur la mauvaise route.

Ainsi qu’une technologie scientifique présagée par la science-fiction peut être niée comme de la magie qui ne peut être reproduite, les superstitions (qui ne sont que des anecdotes au sujet de phénomènes récurrents qui manquent autrement d’explication) peuvent être renvoyées comme inexistantes jusqu’à ce que des scientifiques aient pris la peine de noter les détails obscurs qui les clarifieraient. Ce serait comme passer de la vue floue au microscope à celle bien focalisée. Note les plantes curatives dites « de shamans primitifs » en réplique à la pharmacopée moderne.

D'autres postulent que la civilisation crétoise fut le dernier avant-poste des Atlantides légendaires, occupant Théra et d'autres rives à présent submergées. 

Platon, citant son mentor Solon : homme d’Etat et philosophe naturel renommé pour sa sagesse, affirma que cette civilisation revenait de dix mille ans avant ses écrits. Solon l’apprit d’historiens prêtres en Egypte. Ceux modernes affirment que ces Egyptiens furent plutôt nébuleux en comptant mille ou dix mille ans. Je pressens qu’ils parlaient sérieusement de dix milles années précédentes.

C’est bien notre veine : une des civilisations les plus brillantes dans la mémoire humaine, épinglée au point zéro d’une catastrophe planétaire. Ainsi que nous, ses ultimes descendants, avons aménagé un bain-marie planétaire pour notre propre cuisson.

 

Simcha Jacobovici, le réalisateur d’un film documentaire de génie : The Exodus Decoded (l’Exode déchiffré) réunit les Hyksos et les Juifs en un seul peuple historique ; les dix fléaux d’Egypte et la noyade de l’armée égyptienne lors de l’Exode, des suites de l’explosion de Santorin. Voir http://www.amazon.com/Exodus-Decoded-History-Channel/dp/B000HOJR8A

Le mythe d'Atlantide gagne créance en raison des similitudes partagées par des civilisations transocéaniques : leurs représentations artistiques d’êtres aux traits distinctement exotiques ou même inhumains, des similarités saisissantes quant à leurs objets façonnés pour commerce, leurs dispositions culturelles et leur architecture monumentale. 

Le fameux historien, Fernand Braudel, a remarqué que les sites originels de l’agriculture organisée dans le bassin méditerranéen furent établis aux élévations de 600 à 900 mètres au-dessus du niveau de la mer (Fernand Braudel, Les Mémoires de la Méditerranée : Préhistoire et Antiquité, Editions de Fallois, Paris, 1998.) Est-ce que ces sites ont survécu une série de super tsunamis qui effaça la civilisation préhistorique sur les basses-terres côtières ? Sinon aurait-ce été la fuite de pillards amphibies ? Ou une telle série de pairs ? Une marée tidale au mauvais croisement d’instant et de lieu aurait pu noyer la plupart des pécheurs et laboureurs aux rives de tels bas-fonds. Peu de monde ne resta en garde quand des pirates amerrirent à l’homicide bientôt de suite, alors que tout ce monde en vie et en garde aurait chassé ces pirates pour de bon.

Des vagues cycliques de crime peignent des villes croulantes ou en croissance trop rapide, telle que le blanchissage à mort d’une chaussée de corail. Un raz de marée millénaire astiqua les rives, en retira leurs défenseurs natifs et exposa les quelques survivants aux pilleurs sans merci.

 

Les Mycéniens ravageurs n’ont pas duré beaucoup plus longtemps que leurs victimes à Minos. Après l’année 1.200 de l’AEC, de plus en plus de leurs palais furent incendiés et des fortifications monstrueuses prirent leur place. L’artisanat local, au mieux médiocre, s’est rendu rare et effiloché. L’archéologie indique que des pertes traumatiques ont éteint 90% de la population : rapport incroyable, dénotant le génocide interne méthodique. Quel site d’accouchement ahurissant pour la civilisation de Homère et de Platon !

Nota : voici la limite de mon effort d’interpréter ce texte difficile. Je tenterai de m’y remettre si jamais j’en trouve les forces. 

 

 

ADDENDA : Un mardi noir, le 15 avril 2003, la bibliothèque nationale d'Irak, son musée national et sa bibliothèque islamique furent pillés, vandalisés et brûlés par des émeutiers malins et des pilleurs de tombe experts. Pour l’énième fois, le monde dût subir une terrible lobotomie. 

Dis-moi, est-ce que je purge ma peine pendant le 3eme millénaire de l’ère du Christ ? Les héritiers d’Hulagu sont-ils toujours au pouvoir ? En effet, les Américains se sont confirmés un phénomène historique aussi néfaste que les Talibans. Ceux-ci n'ont rien su faire de mieux que faire exploser deux statuts géants de Bouddha dans la vallée de Bamian. Le responsable de ce scandale s’est fait élire au nouveau parlement afghan. Qu’il étouffe de son pouvoir récolté à la dynamite !

Cent ans dans l’avenir, quand presque tout le monde aura oublié Saddam Hussein, on se souviendra de Bush le moindre comme ce rustre américain qui surveilla l'annihilation des inestimables collections de Bagdad. Dans mille ans, voici peut-être une des seules choses dont sera reconnu l’empire transitoire américain. Qu’elle sera dure, la chute de ces nains mentaux ! 

Il n’y aurait que des Texans et leurs compères d’avidité semblable qui sécuriseraient le ministère du pétrole irakien, mais non ses trésors culturels. Leurs maîtresses d’école ne leur ont pas enseigné l’archéologie mésopotamienne comme l’ont les miennes, en toute révérence. Le commandement central des USA en fut prévenu d’avance à maintes reprises, sans en prendre la moindre précaution. Barbares incultes… 

Quant aux Marines américains, un sous-lieutenant de première souche aurait dû saisir ce que ses supérieurs, du président jusqu’au moindre adjudant, furent trop stupides, ignorants et fainéants pour comprendre. Cette sorte de prise d'initiative, c’est la raison que l’on paye des bons officiers : pour qu’ils plantent des postes de garde autour d'installations imprévues mais vitales. Il aurait dû mettre à l’arrêt quiconque toucha ces collections sacrées, et ses supérieurs, le soutenir par réflexe. 

Il l’aurait peut-être essayé ; qui sait ? L'histoire est le premier amour du soldat pensif. Aucun individu épris de l’histoire n'aurait permis un tel outrage sans protester. Mais il aurait dû envoyer sa demande au sommet de la chaîne de commandement, et lors de sa montée, elle dût figurer devant le maillon le plus stupide de cette chaîne (peut-être celui culminant dans la Maison Blanche ?) Un gradé surmené d’état-major, comptant assidûment ses quelques escouades disponibles contre les innombrables blocs carrés de Bagdad à garder, aurait-il simplifié sa carrière nulle en renvoyant une réplique brusque ? « Négatif. Ne faites rien. » Ne fut-ce qu’un autre mercenaire des collecteurs avides arrachant ces objets et satisfaisant la convoitise de leurs patrons politiques ? 

Dans l'un ou l'autre cas, s'il y a une différence entre l’irrésistible puissance de feu et la sagesse victorieuse, les Américains ne l'ont pas encore pigée. 

Voici un nouvel avilissement des Marines américains. Laisser disparaître les collections antiques de Bagdad pendant leur tournée de ronde, ce fut une disgrâce comparable aux batailles de Bull Run et de Beyrouth.

L'Amérique doit apprendre, avec autant de langueur que de peine, ce qu’a dû apprendre chaque empire également débile pendant son acheminement de rouleau caboteur, du développement graduel, à la conquête fulgurante, à la crise subite de stagnation puis à l’annihilation quand ses victimes alliées lui démontèrent pour de bon tout ce qu’il eut chéri. 

Comme un homicide imprévu lors d’une autre infraction, la stupidité, la mauvaise gérance et l’ignorance culturelle n'excusent jamais les conséquences inattendues de leurs pires impulsions. L'histoire ne se soucie guère à quel point Texans, Republican, corporatifs et autrement mercenaires et intéressés nos chefs se rendent, ni notre sottise collective pour les avoir autorisés, sauf afin de hâter notre défaite. 

L'Amérique et l'Australie ont le luxe de dominer leur continent sans rival militaire digne de ce nom, contrairement aux autres pays de partage continental. Ils ont donc pu s’enfouir chez eux et y demeurer aussi provinciaux, fermés d’esprit et chauvins qu’ils le souhaitent. Ces Américains peuvent mal éduquer leurs enfants (à la TV) à tel point que leurs étudiants d’université ne sachent répondre à une question qu’un enfant de douze ans connaît outre-mer.  Leurs gros riches les plus méphitiques peuvent expédier des mercenaires à l’étranger pour ratisser le monde et en arracher sa trésorerie, verrouillée, enterrée ou autrement sécurisée, avec impunité relative. Mais dès que nous nous hasardons hardiment au large de ce grand monde affreux une fois pour toutes, notre incompétence satisfaite nous rend un handicap fatal, qui nous encourent des conséquences encore plus graves que celles à présent qui nous embarrassent en public en illustrant notre fadaise collective. Telle que la cohue des prétendants récents Republican à la présidence des Etats-unis, qui nous rendent disgrâce de par le monde : chaque nouveau venu moins louable que ses précédents.

Américains, soyez prévenus ! Comme un enfant gâté lors de sa crise de colère, nous avons cassé l’irremplaçable vase-maîtresse d’une boutique de porcelaine. On nous a déjà raclés pas mal une fois (le 9/11.)  La prochaine fois, nous pourrions être hachés en lambeaux : le dénouement de tous nos prédécesseurs sur le chemin lumineux de primauté impériale sur la terre en armes. 

Nous rendrions meilleur service en établissant le monde paisible pendant notre tournée de ronde : ce qui répondrait mieux aux intérêts, aux forces et aux limitations des USA, et à ceux ensuite du monde entier. 



 


SECTION 2– COMMENT FAIRE

 

Gare aux menteurs d’armes,
 Soit mauviettes ou prismes,
Avant, durant et bien après Apprenti.

Benjamin Constant [et ma pauvre retraduction] : « Presque tous les hommes sont hantés du désir de se prouver plus éminents qu'ils ne le sont ; l’écrivain, se prouver homme d’État. Ainsi depuis des siècles, toutes les grandes initiatives de force extrajudiciaire et tous les recours aux mesures illégales en circonstances risquées ont été annoncés avec respect et décrits avec approbation. L'auteur, assis pépère devant son bureau, lance des opinions dans toutes les directions et tente donc d'infuser dans son style la célérité irrésistible qu'il stipule pour la prise de décision ; il se croit momentanément investi du pouvoir tout en prêchant ses abus, et sa vie spéculative frémit des manifestations de force et de maîtrise dont il embellit ses phrases. Ainsi se dote-t-il de quelques brins du plaisir autoritaire. Il proclame des formules grandiloquentes du salut populaire, de la loi suprême et de l'intérêt public ; sa profondeur d’esprit le rend en extase et son énergie le stupéfie. Pauvre sot ! Il s’adresse aux hommes qui ne demandent qu’à l’écouter et qui, dès la première opportunité, se serviront de lui pour examiner sa théorie. 

 Cette vanité qui pervertit le jugement de tant d'auteurs, elle incita davantage de difficultés lors de nos troubles civils, qu'on n’en croirait. Toutes les âmes ordinaires qui ont gagné leur part d'autorité ont été enflées par des maximes auxquels la stupidité rendit volontiers bon accueil, car elles ont sevré des nœuds que celle-ci ne pût défaire. Ces imbéciles n’ont rêvé que de grandes mesures de sûreté publique, de coups d’État. »

Retraduit du livre en anglais de Robert Calasso, La Ruine de Kasch, traduit par William Weaver et Stephen Sartarelli, Carcanet Press Limited, Harvard, 1994, page 42.



 

- SERIONS-NOUS BONS ? – 

 

Nous tous, ralliés à la fois au monde paisible, absolument !
  

« L'évolution est toujours expérimentale. Le progrès n’est obtenu qu’au moyen d'erreurs et leur correction. Aucun bien n’arrive entièrement œuvré mais doit être sculpté à force d'expérimentation et de croissance réitérées. La même loi gouverne autant l'évolution sociale que celle politique. Le droit d’errer, ce qui veut dire la liberté d’expérimenter, c’est la condition universelle de tout progrès. » Gandhi, cité par Raghavan Iyer dans La pensée morale et politique de Mahatma Gandhi, Oxford University Press, New York, 1973, p. 354.
 

Un des prononcements les plus corrosifs de la mythologie d’armes, c’est notre partage d'un péché mal défini mais primordial, notre enveloppement dans le mal puisque nous en sommes emplis. Donc aucun bien ne peut émerger de nos tentatives d’améliorer le monde. Nous n’avons qu’à céder au mal collectif et poursuivre plutôt notre perfectionnement particulier, marginale et momentané. Marginale, en réalité, puisque nous retombons dans l’erreur avec facilité redoutable ; momentanée car nous disparaissons prochainement avec toutes nos revalorisations individuelles. Grâce à Dieu, ceux qui raffinent le mal périssent autant rapidement, du moins en attendant des miracles médicaux mieux financés en leur faveur …

Cette idée : « Aucun bien …  » elle est ridicule si l’on y pense. Mon pied n’a pas besoin d’être le plus beau pied au monde, ni ne m’est-il nécessaire de le manucurer, pour pistonner des rebuts du trottoir à la rue.

Comme cette phrase ̶ le polissage duquel me fut aussi ardu que ton déchiffrage ̶ n’a pas besoin d’être parfaite. L’erreur honnête, si admise et permise, peut toujours bien jouer dans le plan global. La perfection n’est pas nécessaire ; l’excellence l’est.

La différence clé entre le progressiste et le réactionnaire ? Ce premier tient à la bonté humaine en général ; l’autre à la méchanceté innée. Vas-y, trouve l’opinion de n’importe qui à ce sujet avec l’histoire de ses votes et rends-t’en compte.

Mon expérience m’a mené à la première conclusion: que, dans la plupart des cas, presque tous agissent du mieux qu’ils peuvent, souvent à grand sacrifice et de manière héroïque. Certes, certains sont pourris jusqu’à la moelle, mais assez rares sur terre (en général, quatre pour-cent.) Je me souviens, bien sûr, de mes actes regrettables ; et il est certain que tout le monde rate son coup de temps en temps et engendre de telles inopportunités. Nonobstant, nous ramons tous aussi vigoureusement que possible, la plupart du temps.

Voyons, si le mal prédominait à ce point, on serait écrasé en traversant la rue ― ce qui n’est la norme qu’en guerre.

La quintessence des erreurs du péché ‒ et d’autres faiblesses humaines, d’ailleurs ‒ c’est que l’on puisse les régler par étapes graduelles d’apprentissage et d’autocorrection, ce dont nous sommes experts. En d'autres mots, le progrès a lieu au moyen d’évolutions volontaires : particulières, institutionnelles, culturelles, psychiques et génétiques : chaque facette interdépendante, de vigueur holistique et opérant en synergie. 

Cela nous laisse la tâche de mieux deviner les liens entre gens, dispositions, et évènements : ce qui entraîne l’augmentation ou la diminution soit du bien soit du mal, et leur importance relative ou manque de telle ― de moins en moins aux médias et politiciens, plutôt à nous et nos pairs.

La notion du péché originel entrave notre obligation d’améliorer le monde. Il n’est plus question d’abandonner l’un simplement pour privilégier l’autre, mais les clarifier tous deux.

 

Comme les dinosaures, nous nous trouvons à l’embranchement du chemin sans nous en rendre compte. Un environnement « idéal » les soutint depuis la nuit du temps, mais des petites transformations sont parties en tremblotes, provoquant haute mortalité. Ils n'eurent pas le temps, ne furent pas dotés de corps assez flexibles et n’ont pas trouvé moyen d’échanger leurs tonnes d'os, de tendon et de blindage, péniblement accumulés le long d’éons, avant que l'extinction ne les rattrape. 

Nous retenons quelques avantages sur les possédants défunts de ces ossements monstrueux. Notre grandeur reflète en grande partie notre capacité de nous entre-aimer : un trait partagé avec d’autres charognards de meute. Un autre talent crucial peut être l’appui que nous fournissons aux jeunes, aux malades et aux infirmes. Ainsi que l’empathie et la compassion sont les ultimes expressions d’identité de l’esprit qui se fane en vieillesse, autant bien que celles de l’authentique grandeur publique. 

En revue : si l’empathie mène à la grandeur vulnérable, la sociopathie mène à la monstruosité morale quoique supériorité militaire. 

Dans quelques âmes tourmentées, la méfie et « le réalisme » ont pris le devant sur la compassion. Cette dégénérescence nous fixe comme inférieurs aux dinosaures qui veillèrent l’un sur l’autre et leurs petits. 

Chacun, soit à quel point abusé et abusif à ce jour, reçut quelques soins affectueux auparavant, si seulement pour subsister jusque-là. Est-ce que la plupart des criminels tournent au mal par manque d’avoir été chouchouté assez tendrement, souvent et tôt ? On a supposé que le meilleur présage du récidive criminel, c’est l’histoire d’abus du criminel prospectif quand il fut enfant. Aussi de sa mère, avant et après l’ accouchement ?

La malice est facile. N’importe quel sot peut flanquer un grand mal sans rompre en sueur. Inversement, les soins humains demandent tout plein d’assiduité. Réduire les soins afin d’en extraire des économies, ce serait aussi déraisonnable que s'affamer à mort pour réduire son billet d'épicerie. 

Si le montant de la brutalité sur terre put être tabulé en un montant d'énergie X, notre richesse équivaudrait aux milliers d’X consacrés aux soins, moins celui unique gaspillé en contrevérité et brutalité. La somme de ces soins doit rendre naine celle du mal, de peur qu’on en périsse. 

Ces jours-ci, la kinésie mondiale des soins atteint un palier dangereusement équivalent à la potentielle énergétique globale d’armes. Pense s’y. Combien prendrait-ce d’étreintes maternelles pour équivaloir à l'énergie d'une grenade, d’une détonation nucléaire ou de tous leurs analogues sautant ensemble depuis les silos et les sous-marins ruineux où nous les avons enfouis ? 

Ces ultimes armes et leurs applications impensables sont-elles des réactions de la culture de masse aux abus particuliers endurés par ses membres ? Ces effets forment-ils une boucle de rétroaction positive ?

 
 Au fond, notre grandeur réside dans notre partage d’Apprentissage. N’oublions pas que chaque génération doit réapprendre la somme des connaissances humaines, et que ce n’est qu’ensuite que l’on peut ajouter son petit apport avant de disparaître. Tout ce qui n’est pas réappris par quelqu'un doit être oublié et vraisemblablement réintégrer la superconscience collective pour récupération ultérieure. 

La théorie de Noam Chomsky, d’une grammaire universelle, postule qu'un sous univers entier de donnés nous est encablé, qui ne vient en ligne qu'avec la maturité. Cette programmation ne s'initialise à moins que l’affection externe n'actionnent notre logiciel interne. Nous devons être élevés avec tendresse afin de nous rendre avertis et sains d’esprit.

C’est le même cas pour le psychopathe et encore plus pour le sociopathe. La supervision continuelle à base de récompenses est beaucoup mieux adaptée à réduire leur récidive criminel que celle à base de punitions après le fait. Leur trouble les immunise contre les punitions et les attire aux récompenses, beaucoup plus vigoureusement que chez les consciencieux.

A la différence des dinosaures piégés dans leur armure extravagante, nos cerveaux élastiques et programmables nous offrent les moyens, motifs et opportunités de laisser tomber nos faiblesses et nous redéfinir pratiquement d’une nuit. Il y aura sans doute du gâchis et cela ne marchera pas nécessairement d’une pièce tout de suite, mais cette capacité nous reste : mieux réussir le coup qu’auparavant.

 

L’Apprentissage rend naines de fortes préoccupations secondaires comme le sexe, la prédation et la survie génétique. Ces hantises trop enflées sont devenues les normes du préjugé scientifique. Elles ont servi aux conspirateurs d'avidité ainsi que leur ont servi le darwinisme social et la prédestination : en tant que mythes d'armes propagandistes justifiant leur plus récente série de malveillances. Contrairement à ces motivations secondaires mais magnifiées au-delà du raisonnable, l’Apprentissage est autant le socle de la conscience de soi que celui du monde paisible. 

Des historiens ont rassemblé des vignettes biographiques de la micro-histoire. Ils ont simplifié d’énormes bouleversements de climat, de ressources et de civilisations en disséquant la vie privée de quelques chefs clés, réduisant ainsi les opulences de l’humanité dans les caprices de quelques égoïstes courtisés et les sanglots longs mais bien étouffés d’innombrables victimes. 

A commencer par Hérodote et finir par les pandits des médias actuels, ils ont écrit: « Le Roi (Empereur, Président, Calife, Dictateur, etc.) X a décrété les actions A, B et pas C. Ses Ducs, (ministres, secrétaires, vizirs, satrapes, peu importe) d’un à six avec l'exception du numéro quatre, se sont insurgés contre cette politique, provoquant ainsi... » D’interminables crises de simplification grossière et de réductionnisme biographique. 

Notre approbation de ces simplismes est aussi raisonnable que la réduction des 460 millions d’années-personne de génie, de travail et d'espoir qu’accumule l’humanité chaque jour, dans quelques pages éphémères de papier journal et segments vaporeux de nouvelles télévisées répétant d’usage la chose d’hier.

Je déteste la biographie. L’art transcende la vie en enregistrant des rêves dans la culture : ceux fades, pour pas trop longtemps ; ceux magnifiques ou terribles, avec tendresse et pratiquement pour toujours comparé à nos vies plutôt brèves. L’art s’empare des petites inadéquations de la vie et les transforme en un holisme supérieur à la somme de ses constituants. 

La biographie renverse cette procédure : elle rend le rêve culturel en une lente récitation des politiques de primates particuliers se grattant les puces ; des tortures d'ordres bien rangés de picotement ; de l'accroissement, du déplacement et de la disparition de poupées charnelles et des fluxes de leur fluide corporel.

Mettant ce lustre de côté pour un moment, constate que le prolétariat d'info cultive la direction qu'il exige selon une procédure d'hyper démocratie organique ressemblant à celle d’une ruche d'abeilles. L’intimité de notre participation dans cette procédure nous la fait sembler davantage complexe et subjective. 

Lors de récentes générations, des historiens insatisfaits ont consolidé des tas de correspondance et d’anecdotes en macro-histoires ; ils ont entrepris de ce fait leur chronique de peuples entiers à longue durée. Il y eut aussi des tentatives préliminaires d’analyser l'histoire à partir de perspectives multidisciplinaires : épidémiologie, météorologie, géoscience, biogéographie, écologie, memetique, psychohistoire, « herstory » (histoire féministe) et sociobiologie, parmi d’autres. Pour autant que ces études ont été interdisciplinaires, pour autant lumineuses leurs conclusions. Elles ont réfuté un bon nombre d’absurdités avancées auparavant et figées dans le biofilme culturel depuis.

Cette casse d’anciennes croyances nous rend des frissons d’incertitude. On hésite à croire en rien. Rien ne se détermine facilement : trop d’incertitude et ni le temps ni les moyens de le clarifier. Néanmoins, le monde entier pourrait s’encabler pour surplomber ces lacunes et permettre à ceux qui partagent la paix d’arriver aux meilleures conclusions de pensée et d’action. 

Avec l’épanouissement de ce point de vue, les habitudes particulières diminuent au point de manquer d'à-propos. Le simple individu disparaît dans la foule et le comportement collectif se rend plus facile à traquer. Des modèles, des stresses et des courants d'énergie presque identiques s’entassent aux échelles distinctes d'espace-temps, comme illustré par la théorie du chaos. 

Il serait difficile de traquer la dynamique d’une rive de mer en tentant de suivre tous ses grains de sable, surtout ceux « exceptionnels. » Ne devrait-on pas plutôt étudier les dénominateurs communs de la marée, des vagues et du vent ? Meilleure compréhension de l'histoire mondiale exigerait que l’on s’arrache des entendements confortablement réductifs : ceux de la vie autoréférentielle, biographique, nationaliste et pieusement moralisatrice ; même ceux humains et assujettis à l’entropie linéaire. 

Prises de l'espace, de récentes photos suggèrent un changement de perspectif qui nous révèle que la vie, telle que nous la convenons, ressemble plutôt à une simple écume d'étang luminescente se tortillant sur une petite bille de porcelaine bleue vernie d’un mince glaçage d'eau et de gaz, orbitant sereinement autour d'une étoile parfaitement ordinaire. Ce troc de point de vue nous permettra peut-être d'isoler les entendements de l'histoire, à condition de rendre vénération adéquate à l’univers qui reluit de l’intention sacrée. 

A cette échelle de perception, des évènements remarquables remontent au jour. Des incidents décisifs résonnent avec leurs équivalents du passé, influent les actualités et déforment les probabilités futures. Les accidents d’individualité, de chronologie et de localité (ce á quoi les professeurs d’histoire insistent à faire bosser leurs élèves) perdent leur signifiance illusoire, sauf comme jargon au raccourci et marqueurs commodes de lieu et de temps.

Carroll Quigley focalisa sa vision historique à l’échelle continentale ; des écrivains aussi divers que Ryszard Kapuscinski, Rian Malan, Antje Krog et John Del Vecchio ont compris ce degré de vénération dans leur reportage. 

En revanche, nombreux les bouchers géniaux qui ont abusé ce don de vision. Par exemple, rejette Mein Kampf par Hitler, sinon endosse, avant de l’ouvrir, une combinaison protectrice de ses hasards biologiques. Ce malin fut mûr pour attestation psychiatrique. Il souhaita remplacer les Juifs, le peuple choisi du Dieu biblique, avec des bons Allemands. Afin d'effectuer cette mutation, il lui aurait fallu massacrer tous les Juifs sur terre, puis tous les autres qui se seraient souvenus des Hébreux de par leurs lectures bibliques, coraniques ou d’histoire occidentale. Ça n’aurait pu jamais bien marcher.

Cette folie collective n'a rien d'exceptionnelle, au-delà de sa folie des grandeurs. Afin de la susciter, cent cinquante générations de maîtres d’armes psychopathes ont invoqué des dieux singeant l’homme, le héro hyperactif, le pouvoir cru, l’éconologie, la dialectique, l’honneur national, la pureté de sang, le positivisme scientifique, « J’affirme positivement que vous ayez tort » le nihilisme postmoderne et toute autre superstition impétueuse qu'ils ont pu fantasmer. Le nazisme ne fut que l’un des plus spectaculaires de leurs échecs d’ingénierie sociocorporative. Ils en ont élaboré d’autant plus auparavant et depuis. Ils ont raté si continûment car ils ont ignoré le contexte clé du sacré. De la vénération adéquate aurait annulé leurs ambitions maladives et génocides favoris. 

Atteints d'indifférence morale et de manque d'empathie à faire tourner la tête, ils ont chicané de façon de plus en plus convaincante en faveur du déterminisme fataliste (tel que dans le livre morne d'Elias Canetti, Masse et puissance) et du sans-merci Nazi. Leurs visions, circonscrites par la terreur, n’ont été que des tentatives en succession de simplifier l’effarante complexité du monde réel en y broyant toute vie, beauté et révérence. 

De tels illusionnés ont pu nous faillir jadis, mais ce ne serait pas là une bonne raison pour nous rendre en crédophobes et ne plus croire en rien : la voie de retour la plus directe au fascisme. Quels qu’en soient les risques, nous devons cultiver notre don de vision. 

 

Je doute que quiconque étudie un peu d'histoire puisse honnêtement se servir des termes « humanitaire, humaniste et humain » comme analogues de « bienveillant, compatissant et simplement pas stupide d’ordinaire. » Les applications d’armes caractérisent le comportement d’êtres humains en masse. La foule a manqué jusque-là de se rendre digne de l'éloge « civilisée. » Ses rassemblements n’ont adhéré au bien qu’après avoir épuisé toutes les potentialités du mal. 

Ce n’est pas très surprenant. Les chevronnés, les athlètes et les professionnels ne se rendent en vrais experts qu’après avoir raté toutes les autres options à maintes reprises. Ensuite doivent-ils assimiler, jusqu’au bas-fond de leurs tripes, le meilleur moyen de s’en sortir ; l’exercer au point de l’automatisme, en dépit de fréquentes rechutes, distractions et irrégularités. C’est ainsi que l’humanité devra instaurer son ultime expression paisible, malgré et à cause de d’erreurs d’armes inlassablement répétées. 

Célébrer, du même esprit que l’athlétisme olympique, la pensée profonde de l’Agora du monde paisible ! 
 
 

La cruauté humaine est moins justifiable que celle d'un carnassier affamé. Auschwitz est un monument typique du comportement d’humains en masse : ses rituels meurtriers reconstitués par toutes les nations transcrites dans l’histoire ― au plan plus modeste et un peu plus en pastorale, du moins la plupart du temps. 

Aucune nation ni croyance ne peuvent se prétendre les mains propres. Chaque culture en survie a été l'œuvre maître de maniaques, de tyrans, de génocides et de leurs maîtres d’armes apologistes. Le troupeau bovin des êtres humains les a tolérés, eux et leurs cauchemars et mensonges, comme des taons qui n’ont valu que quelques coups fortuits de queue. L'histoire a exalté des civilisations aux mains les plus sanglantes ; elle a effacé de la mémoire collective toutes celles de sérénité exceptionnelle. 

Nos institutions d’armes colportent leur point de vue catégorique à travers un grand étalage de multimédias. En tentant d’assurer certitude parfaite, leurs maîtres d’armes ont tenté de vider toutes les énigmes, vérités et beautés de la vie. 

Malgré les mugissements de la logique à la tronçonneuse, ses certitudes brevetées sont des absurdités transparentes à travers desquelles un enfant peut voir clair. En effet, les petits discernent tout à fait nettement cette hypocrisie d’adulte : la raison pour laquelle le monde adulte se prend de grandes peines à leur briser leurs esprit et idéaux tant qu’ils sont tendres et fragiles. 

Nous témoignons chaque jour de telles contradictions. Beaucoup de vérités officielles sont clairement pires que leurs équivalentes repoussées. Nos croyances sociales sont si odieuses que leurs adhérents ne peuvent plus séduire tous les partis. Nous trouvons plus facile d’insulter l'Autre, le terroriser et l’assassiner — sinon tolérer les chefs qui l’exécuteront de notre part. 

Nous pourrions balayer la loge de fonte en comble du moment que nous démasquerions cet incessant lavage de cerveau. Quand les Apprentis adopteront la vérité comme inspiration primaire et la non-violence comme aspiration primordial, nous pourrons rompre le long jeûne du bien et en soulager notre désœuvrement (kalotropisme). 

 

Il faut défier deux autres mythes d’armes. 

D'après le premier de ces illusions subtiles, chacun doit satisfaire sa requête irréalisable de sainteté particulière, soit l’état actuel du monde. Il n’est plus question d’améliorer le terrain communal, sans s’être transformé en saint d’abord. Chaque sous-entendu de notre faiblesse particulière semble confirmer notre korruption kosmique

Personne ne peut critiquer les actualités lamentables sans avoir convaincu son auditoire qu’il est un saint incontestable. Si des responsables peuvent lui coller une accusation quelconque, ils peuvent ignorer comme indigne son commentaire social. Puisque tout le monde a quelque chose à cacher, personne ne peut rendre des comptes sauf ceux auxquels les autorités sont amicales, les abritant d'attaques publiques. Ceux qui les défient sont à leur merci. Comme cela convient bien aux menteurs d'armes !

Ainsi l’apparente impossibilité d’amélioration globale, à moins que nous ne mutions tous en anges. Entre-temps, asseyons-nous commodément sur nos mains et attendons que Jésus nous tende le royaume du ciel sur un plateau d’argent. Ça fait deux milles ans que nous nous attardons ainsi en toute mollesse. 

Suis-je seul à me lasser d’attendre ? Cela me semble le triste cas.

Dans le livre de Jean 14, 2-3, Jésus dit : « Il y a plusieurs chambres dans la maison de mon Père. Si cela n’était, vous aurai-je dit que j’y vais vous préparer une place ? Et quand je m’en serai allé et vous aurai préparé la place, je reviendrai et vous prendrai avec moi pour que là où je suis, vous soyez aussi. » 

Amen, mon frère.

Assurément, cette besogne doit nous appartenir. Je reviens au sermon des talents. Le Seigneur nous a laissé une somme de monnaie. Une fois de retour, Il sera davantage satisfait de ceux qui l’auront augmenté que de ceux qui l’ont enfouie pour n’en rien perdre. Il ne s’agit pas de se sauver l’âme en ne faisant rien, mais de prendre des grands risques afin d'accroitre cette fortune symbolique.

Entre-temps, il ne reste aucun débouché salutaire autorisé pour la frustration qui nous couve au cœur. La terre en armes finit par la puiser, à la Heimlich, en guerre. Cette répression comportementale se multiplie en fonction de la densité régulatrice. Alors qu'un nombre croissant de fonctionnaires fouineurs ajustent les détails de notre vie, le champ d’expression se rétrécit pour quoi que ce soit d’émancipé ou de risqué. 

Emmurés dans notre incapacité, nous picotons du mépris de soi. Maudissant la faute des autres, nous contemplons vengeance futile. Nous nous offensons des intrusions croissantes du monde matériel, nous coûtant de précieux temps et atouts. Dans la mesure que l’inspiration et la satisfaction se rendent distantes et théoriques, des obligations et des sanctions incontestables voltigent à l’horizon comme des fusées éclairantes. Soumis à perpétuité, nous doublons et redoublons les chaînes de notre esclavage. La malice se rend tentante : elle paraît offrir un certain soulagement de ce train sans fin d'obligations et de compromis. La présomption machinale de nos méfaits éventuels sert aux autorités pour justifier notre pilonnage continu. 

Beaucoup de gens finissent par souhaiter qu’un vaste tourbillon vienne simplifier leur vie une fois pour toutes, en balayant ce qui reste en l’air (à part eux et les leurs qui méritent, bien sûr, de vivre par miracle et par obsédant préparatif de survie.) L’écroulement de civilisations antérieures a pu résulter de l’amplification de ce cafard collectif dans l’esprit d’une majorité croissante. Des guerres ont pu éclater parce que trop de gens ne se sont plus satisfaits de la « paix » contemporaine. Gare à de telles convoitises !

La vie ne simplifie pas ; la mort y parvient. Quiconque prêche une idéologie simplificatrice (Apprenti entend augmenter la complexité) finira par verser le sang d’innocents pour l’imposer. Habitue-toi à cela aussi.

D’innombrables jeunes anorexiques, toxicomanes et suicidaires, leurs nerfs enflammés à vif, ont lancé la même lamentation non perçue : « Je ne suis pas assez bon pour négocier tout ça ! » A quoi bon ? Se démerder des demandes infinies de la mentalité d’armes, de son moralisme nul et de ses fausses épreuves hyperactives? 

Alors que nous, les adultes préstupéfiés, sombrons dans « la maturité » ; nous souffrons de la paralysie d'analyse résultant du lavage de cerveau ad hominem de l'orthodoxie, puis châtions nos cadets idéalistes pour vouloir quitter l’unique piste approuvée : l’absolue mentalité d’armes. Nous nous convainquons que celle paisible ne sera jamais assez « réaliste. » Nous sommes supposés grandir et l'abandonner. 

Mûris et embrasse le monde paisible : je te le défi.

 

A vrai dire, nous sommes les meilleures personnes que nous pouvons être : les ultimes chefs-d’œuvre sensibles de l’ADN, de l’univers et de Dieu. Accommode-toi à cela. Personne ne peut te remplacer ni mieux faire. Aucun besoin de radical perfectionnement particulier avant que nos institutions radicalement améliorées ne nous rendent plein appui sans contradiction ni paradoxe. Comment réussir autrement, même après des milliards de milliards de réincarnations ? Pense à tes distantes vies précédentes comme des générations consécutives sans fin de vibrions, de bactéries, etc. 

Le deuxième fâcheux mythe d’armes absout nos institutions. A la différence de l’individu, celles contemporaines sont sacrées, émancipées d’erreur, opaques à l’analyse et exemptes d'amélioration … sauf tous les quelques siècles, lors des paroxysmes de révolution sanguinaire. 

Même dans les pays riches, la méthode convenue d'exprimer sa désapprobation des pires gaffes institutionnelles est une marche de protestation : parfaitement bête, bovine et insignifiante sinon nuisible à la cause. Si le sujet en question est d’une importance quelconque, ce rassemblement aboutira en émeute de police et de goujats : encore d’autres gros titres de propagande en faveur d’institutions balourdes.

Rappelle-toi toujours : NOS institutions. 

Par exemple, la démonstration de Seattle en 1999, contre l'organisation mondiale du commerce, fut signalée avoir induit « des millions de dollars de dégâts » attribués à la conduite tapageuse de ce qui s’est prouvé une foule parfaitement légitime de protestataires moyens se comportant fort bourgeoisement, du moins avant que la police ne les ait refoulés. 

Il est vrai que quelques vandales boutonneux ont cassé des vitrines, mis feu à quelques bennes d’ordures et renversé des voitures dans leur actualisation sur le plan réel du jeu vidéo Anarchie au drapeau noire. Tout au plus, leurs casses n'ont pas surpassé deux cent mille dollars de valeur contemporaine. J'étais là, tant durant qu’après, et j’ai beaucoup vu. J'ai appelé ensuite chez les journaux et leur ai défié d’énumérer ces célèbres « millions de dollars de dégâts. » Personne ne m’a rendu mon coup de file et je n'en ai jamais trouvé l’exact compte rendu. 

Cette émeute policière s’est néanmoins déchue dans l'histoire officielle comme l’attaque vicieuse des masses contre la propriété et la conformité. La même chose eut lieu pareillement en 1968, lors d’une grande manifestation contre la guerre au Vietnam : son reportage pour autant fourbe.

Est-ce donc ainsi que les médias encensés commémorent un événement important dans l’histoire orthodoxe ? On pourrait conclure : « La vache ! Quel raffinement de renseignement politique ! » Voir Apprendre à danser pour trouver l’alternative des Apprentis.

 

« Rends à César ce qui appartient à César. » Bien sûr, cette citation biblique peut autant bien indiquer que César ne possède rien et que rien ne lui est dû. Après tout, par quelle autorité César peut-il nous sommer, se promenant tranquillement dans la mort aux couteaux de ses familiers ? Quelle autorité comparée à celle de Dieu ? L’interprétation contraire nous déconcerte. Des maîtres d’armes idolâtrent Son tréteau de torture et noient en sang Ses idéaux sacrés : sang symbolique sinon trop réel, prends ton choix. 

A quoi de plus doit-on s’attendre du christianisme d’armes : ce vénérable plan de soulagement pour des brigands exaucés ? Quant à leur hypocrisie sournoise, les autres religions mondiales ne sont pas loin en arrière. Les cultes d'abnégation rendent grand appui à la mentalité d’armes : ils aliènent les meilleures âmes en les isolant de la vie politique et leur contentant de faux mysticismes. Les seules croyances plus ignobles que celles qui encouragent leurs dévots à abandonner le monde réel sont celles qui les encouragent à simplifier la problématique mondaine au moyen de brutalité (comme des bouddhistes en Birmanie).

Malgré cela, la bonne volonté essentielle de ces croyants permit à leur religion de durer, en dépit d’erreurs et hypocrisies à cause de son soutien de la terre en armes. Le monde paisible mettrait en symbiose les bonnes politiques et la bonne religion : chacune servant à renforcer la bonté dans l’autre et contredire ses pires méfaits. 

 

Des fonctionnaires d’armes préfèrent administrer des serments ronflants. La plus mesquine l'institution, les plus ronflants ses serments de fidélité et la plus fréquente leur invocation. Hitler fut enthousiaste de prises vigoureuses de serment qui l’ont rattaché à ses gens de façon plus attentive, jusqu’à leur ultime perte. Il est moins difficile d'obtenir que deux peuples s’entre-tuent en les contraignant d’y prêter serment. 

Les communautés d’armes glorifient ce dévouement suicidaire. La propagande de Prisme contredit des principes « vivre et laisser vivre » que tout le monde reconnaît supérieurs. Paul Lackman constate les kamikazes et suicides collectifs japonais pendant la seconde sic guerre mondiale, quoique chaque tendance sacrificatoire de la mentalité d’armes doit être incluse, peu importe son pratiquant, puisqu’elles sont foncièrement interchangeables. Un des premiers pilotes kamikazes de la DGM (sic) au Pacifique fut un Marine américain qui écrasa son avion touché sur un croiseur japonais pendant la bataille de Midway. J’aurai pu faire le même choix si confronté, comme l’ont été des milliers d’aviateurs abattus, par de tels scénarios: crever lentement dans un canot pneumatique, passer des années dans un camp de torture ou être démembré vif par un requin.

La culture moderne révère des nobles guerriers stoïques qui s’offrent aux souffrances, poursuivent la privation et tiennent bon sur leur dernière position contre des forces irrésistibles. Ils doivent violer à sang froid les lois fondamentales de l’humanité, sont sacrés parce qu’ils ont outrepassé la moralité du bon sens.

Dans quel état d’esprit doit-on se mettre pour larguer une bombe sur un centre-ville affairé ? Imagine-toi survolant la métropole, comme avant d’atterrir au terminus de ton trajet aérien. La vois-tu clairement à travers le hublot ? Bien, lâche ta bombe. Tu aurais dû être dingue : figurer comme un terroriste enragé et rendu au désespoir par toute une vie de souffrances et d’humiliations, sous la menace de bombardement au drone de létalité instantanée et jamais trop sélective ; sinon comme un vaillant pilote militaire exauçant son obligation militaire en échange de l’opportunité d’achever son rêve de piloter. 

Le dénouement serait pareil : là où grouillait une foule fascinante, rien ne reste qu’un champ de ruines à nous de nettoyer ensuite, le cœur brisé et à grand coût. Gâchis total de toute façon. 

D’une manière ou d’une autre, nos institutions induisent des souffrances de masse sans opposition. Leurs victimes (pour la plupart innocentes) sont déshumanisées et distancées de l’actualité. Par convention populaire, les individus sont remplaçables et les institutions, elles, irremplaçables. 

La gestion paisible s’assurera du contraire exact. Selon elle, chaque individu est une précieuse dynamo de bonté et de malheur. Des nouveaux instruments sociaux magnifieront les bons traits et canaliseront les pires dans des jeux et pièces de théâtre à demi inoffensives : le tout bien documenté. Les instruments sociaux, par contre, seront modifiés, rejetés et remplacés par ceux préférables aussitôt et aussi souvent que nécessaire. 

Contrairement à la pratique actuelle, les médias d’actualités des Apprentis prêteront attention méticuleuse aux qualités attachantes de chaque victime et aucun du tout aux identités, intentions et biais politiques/religieux/ethniques des meurtriers qui demeureront des psychopathes strictement anonymes en reportage public. Des journalistes et des investigateurs de la cour du monde tabuleront ensuite de tels détails dans des reportages ventrus en vue de poursuite judiciaire subséquentes

 

Malgré la probité de Moïse, de Bouddha, de Jésus et de Mahomet, la proportion des bonnes et mauvaises actions humaines n'a jamais semblé changer le long de l’histoire. Les bons païens de naguère furent les égaux en bonté et en nombres proportionnels aux braves gens d’aujourd'hui ; des païens vicieux, aussi apparents et nombreux en proportion que les brutaux criminels et extrémistes idéologiques, nationalistes et religieux de nos jours. Le sacrifice humain qu’ils exigent à présent, en jihad et en guerres saintes, patriotiques et idéologiques, ça n’a été que la continuation institutionnelle du sacrifice humain que leurs précurseurs pratiquèrent en personne aux mains sanglantes. Comme auparavant, beaucoup de non-croyants, d’athées dévots et de pratiquants d’éthique situationniste ont cherché d’où le zéphyr soufflait à leur ultime avantage. 

Ainsi n'a-t-on jamais su décaler la moyenne des actions humaines, soit bonnes ou mauvaises. Aucun de nos saints ne l'a réussi ni nos prophètes ni nos sauveurs. Je doute que personne ne puisse y parvenir. 

Et alors ? 

Nous pourrions toutefois traduire la qualité de nos actions vers le bon ou mauvais bout du spectre éthique. Fortifier les droits humains, par exemple, et pousser la société à la meilleure éthique ; sinon faire marche arrière au génocide officiel et à l’esclavage légal et refouler davantage de monde et leurs décisions vers le mal. 

Thomas Jefferson s’asservit aux abus et hypocrisies de l'esclavage. Croulant sous ce fardeau, il fut moins homme que le bigot le plus fanatique, une fois l'esclavage aboli. Comme nous n’en sommes pas encore parvenus car sous le joug de la mentalité d’armes. De la même façon mais en sens inverse, nous pourrions demeurer les mêmes individus qu’à présent mais nous rendre en meilleurs praticiens du bien, simplement en remplaçant nos institutions d’armes par celles davantage raisonnables car paisibles. 

Celles valides invitent critique et transformation. Nulle bonté absolue ne réside dans nos institutions ; elles ont simplement été adoptées pour le moment. Elles méritent moins de dévouement que des cercles de champignons dans un bosquet de chênes de druides. Des parasites égoïstes et des sots autoritaires foisonnent dans les institutions trop longtemps incontestées qui ratent leur coup de plus en plus spectaculairement. 

Toi, moi, tout le monde : nous sommes tous responsables du progrès. La bonne conscience morale n’admet d’exception … contrairement à nos institutions maladives qui, elles, nous justifient des exceptions en masse et en série. Dès lors qu’une institution se rend si inflexible qu'elle facilite le mal, elle doit être exposée aux corrections immédiates et consécutives. Ses mécréants adjoints doivent être bannis du pouvoir institutionnel du moment qu’ils se mettent à improviser sur les thèmes : « On n'était pas responsable ; on suivait tout simplement les ordres, le règlement, la politique, la directive de profit, la concurrence, etc. » 

 

« Peu de pratiques sont plus révélatrices de l'homme guerrier que sa tendance à escamoter sa part dans la souffrance et les tragédies qu'il inflige… Comment des hommes peuvent-ils perpétrer nonchalamment en groupes des actes qui les tourmentait au-delà du supportable s'ils les entreprirent tout seuls ? … »

« Assis dans nos salons, écartés de l’action et des passions, nous n’élierions jamais,  pour la plupart, de céder aux anciennes haines. Du point de vue historique, notre succès à endiguer cette marée n'a pas été bon … » 

« Peut-être encore pis, nous ne nous rendons en grande partie compte à quel point la crainte et la brutalité peuvent nous transformer en créatures prises au piège, apprêtées croques et griffes. Si la guerre m'a enseigné quoi que ce soit, elle m'a convaincu que l’on n’est pas ce qu’on semble être ni même ce qu’on se croit être. Rien n'est plus tentant, quand advient la peur, que d’abdiquer à la dominance de la nécessité et agir de manière irresponsable aux ordres d'un autre. On parle facilement de la liberté et de la responsabilité, sans presque jamais reconnaître le courage de fer exigé pour les rendre opérantes dans la vie. » J. Glenn Davis, Les guerriers : Réflexions sur les hommes en bataille, Harcourt, Brace et Co., New York, 1959, pp. 168-169. 

 

Après que les conquérants Nazis ont ordonné aux Danois juifs de coudre une étoile jaune sur leur habit, le roi du Danemark prit sa chevauchée matinale en la portant. Nombreux ses sujets qui ont suivi son noble exemple et rétabli l’honneur de leur nation défaite. 

C’est une légende magnifique. Très souvent durant l’occupation allemande, le roi Christian X fit sa promenade matinale en ville, à cheval et sans escorte, pour rester en bon contact avec son peuple. Les Allemands n’ont jamais imposé l’étoile jaune aux juifs danois, mais à ceux ailleurs. 

Bien rares les non juifs qui ont porté ce tricot fatal !

Le fait demeure que presque tous les Danois juifs furent passés en Suède et sécurité relative, sous le museau flairant des Nazis. Les Danois en général ont conclu que si les Nazis leur avaient imposé l’étoile jaune, leur roi l’aurait porté en premier. Si l’on pouvait s’assurer que tous les rois et leurs courtiers demeureraient aussi honorables, Apprenti se rendrait partisan de la monarchie. A vrai dire, une noblesse internationale et digne de ce nom (au mérite et non héréditaire) serait encouragée au monde paisible, pourvu qu’elle se police bien et reste fiable.

Quand tu confrontes le dilemme ordinaire d’obéir aux règlements ou rendre la main à quelqu'un sans nuire aux autres, entreprends le second avec conviction. Si tu surveilles de tels, protège leur engagement au bien. Si de telles décisions étaient banales, beaucoup de règlements protecteurs deviendraient redondants. Si les employés criminels d’une quelconque institution sont incapables de décrasser leur démarche, ils ne peuvent plus nous réclamer appui. Ainsi dépourvues, leurs institutions s'écrouleraient … sans tenir compte de la terreur qu’elles inspirent.

Il ne sera plus question qu’une institution (bureaucratie, gouvernement, religion, etc.) soit mauvaise ; plutôt qu’elle soit capable ou non, désireuse ou non, de discipliner et marginaliser les psychopathes qui s’y attachent comme des sangsues à la chair. 

 

On occupe une scène globale de délabrement incroyable. Regarde-moi ça ! Elle réclame des améliorations saisissantes. 

Le revenant Sir Lawrence Olivier pourrait recruter ses acteurs favoris en une troupe de bourreaux du travail brillants et obsédés de perfection théâtrale ; ces braves, prendre des semaines pour répéter leurs scènes, et encore plus longtemps pour perfectionner leurs costumes. Mais si leur présentation de Lear eut lieu dans une benne à ordures close, leur rendement en souffrirait, peu importe son élan. 

On m'a répondu, sans doute pour se moquer un peu de moi, que s’aurait valu le coup d'assister à ce triste spectacle. Comme leçon morose de bonne moralité, peut-être ? Il vaudrait mieux assister à ce Lear joué à quasi-perfection dans un décor parfait.

Leurrés par la mentalité d’armes, nous gaspillons des vies entières à affiner notre perfection particulière au milieu d’un camp de concentration planétaire. Notre quête d’auto perfection ne pourra pas porter fruit avant que l’Apprentissage, la compassion, l’empathie, la justice et l’habitat naturel n’aient transformé cette benne à ordures terre en armes dans le monde paisible digne de notre génie — jamais auparavant. Entre temps, nous effritons nos précieuses vies en échange de palliatifs triviaux et de sainteté particulière bien largable, si seulement pour nous sentir un peu mieux en dépit de la faillite continue de nos mœurs.

La preuve réside dans les récents milliers d’années d'histoire. Mal interprétant les instructions de nos prophètes, nous n'avons rien poursuivi de façon zélée que nos améliorations particulières. Malgré cette quête incessante, nous avons ruiné notre moralité, gâché nos schémas sociaux et invité chez nous le désastre militaire pour gâter le festin de fin de semaine. 

Il n’y a pas de quoi se marrer.

 

Quand nos institutions encouragent le mal, (comme en est parfaitement parvenu l’esclavage) elles nous mènent à empirer le lot commun en dépit de nos meilleures intentions. Quand nos institutions nous encourageront de mieux faire – cela de plus en plus souvent, libéré de paradoxe et de compromis – notre comportement s’améliorera de façon décisive, sans nécessiter perfection particulière. Nous découvrirons qui nous sommes en réalité : des êtres bien adaptés à vivre ensemble en paix et en harmonie, soit nos faiblesses transitoires. Une fois que nos institutions se parachèveront, la poursuite de l’amélioration particulière se retrouvera curieusement bien avancée. 

Ce renversement funeste de priorités personnelles et institutionnelles, il provient de nos distorsions coutumières de la perspective historique. De ce point de vue difforme mais habituel, nos institutions nous paraissent comme des corniches de granite polies le long de pénibles siècles d’essai et d’erreur. En revanche, chaque vie particulière semble aussi éphémère que la première goutte de pluie sur une tôle de zinc ensoleillée. Il nous a semblé plus judicieux de doter nos institutions de qualités catégoriques de constance et de perfection, et de charger nos esprits périssables d’adjurations au perfectionnement particulier sans fin. 

Les Apprentis renverseront ces exigences. Nos institutions sont des bouche-trous fragiles, gréés durant ces derniers siècles pour mieux nous débrouiller, alors que nos traits humains ont pris des millions d'années pour nous adapter à ce monde et à l’un l’autre. Transformer nos institutions dans quelques semaines, mois ou années, c’est entièrement possible ; mais la tâche de changer (d’améliorer) la nature humaine, ce serait comme broyer Mont Blanc à la brosse à dents. 

Le problème demeure : comment réaménager nos institutions de façon paisible et donc par consentement quasi-universel ? On doit recruter ceux rendus au désespoir et poursuivre le consentement de ceux qui ont fabulé perdre quelque chose d’important dans cette transaction. 

Comment éviter de régler tout ça avec, par et pour l'épée ?

Il ne reste qu’une alternative aux appâts de l'antinomie d’armes et de paix : c'est-à-dire, le monde paisible. Nous devons introduire de meilleures vocabulaire et dialectique dans notre constellation de métaphores politiques, pour la première fois dans l’histoire, strictement suivre le train de nos propos au lieu de parler dans un sens et agir dans l’autre. Somme toute, l’obligation serait de reléguer à l’état résiduel nos technologies et mentalités d’armes. 

       

« Les êtres humains n’habitent non seulement le monde objectif ni uniquement celui des activités sociales comme comprises d’ordinaire, mais sont strictement à la merci de la langue à la mode courante d'expression de leur société. Au fait, le « vrai monde » il est en grande partie échafaudé de façon inconsciente sur les habitudes de parler du groupe. » Edward Sapir, « La situation de la linguistique en tant que science » “The Status of Linguistics as a Science,” Language (Charlottesville, Virginia: Linguistic Society of America), vol. 5 (1929), p. 209.



 

- ASOKA -

 

« Je me rendrai éclairé par égard à tous les êtres vivants. » Vœu bouddhique, pris du livre Par égard à tous les êtres vivants, de John M. Del Vecchio. 

 

Ces inscriptions sur piliers en pierre furent plantées à travers l'empire Maurien en Inde aux environs de 264 à 233 AEC. Ils sont des aide-mémoires inscrits sur roche, du roi Asoka à ses fonctionnaires et sujets. 

Je les ai copiées du livre en anglais de B.G. Gokhale, Ashoka Maurya. A part quelques simplifications textuelles et de ponctuation, les seuls changements que j'ai effectués ont été la manière dont le roi Asoka s'adresse dans ses rescrits. Il s’appelle parfois le prince, le roi, le roi Devanampiaya Piyadasi, Devanampiaya ou Piyadasi : ces derniers au sens « bien-aimé des dieux » et « de mine bienveillante. » Par égard à la simplicité, je les ai remplacés par « le roi Asoka. » 

Combien souvent as-tu entendu parler d’Hitler, de Gengis Khan, d’Alexander et d’autres des Grossen bouchers de l’histoire ? Combien de fois te serais-tu familiarisé avec le roi Asoka et ses pairs de haute moralité méconnue ? Le livre nous est dû, traitant seulement des souverains « le Bon » dont l’histoire se souvient.

Compare ses rescrits avec nos déclarations politiques les plus à la mode et constate le peu de progrès achevé. Compare-les aux beuglements d’Hitler, de Staline et d’autres tyrans d’armes, les bénéficiaires de beaucoup plus de presse ; aux décrets actuels. Au palier de la moralité, des États « primitifs » ont surpassé les nôtres modernes ; le progrès contemporain semble illusoire, au mieux provisoire. 

Tu pourrais présumer qu’Asoka fut un petit prince qui chouchouta ses excentricités parmi une poignée de sujets. Au contraire, son empire couvrit la plus grande partie de l'Asie méridionale avec de nombreuses villes prospères, une massive armée et une éminente administration civile. 

Si le roi Asoka put consacrer sa vie et son administration à l’éclaircissement morale, la gérance moderne le peut encore mieux. Il nous faut hisser l’amarre et mettre les voiles toutes à la fois, de sorte à abandonner dans notre sillage des radeaux remplis de réactionnaires beuglant à haute voix. Ils changeront vite de ton une fois qu’ils comprennent à quel point mieux le monde paisible irait. Peu d'abstentionnistes persisteront à hurler « Aux ravages ! » quand tant plus de monde chantera en chœur du monde paisible. Les premiers versets de ce cantique paisible des Apprentis ? Asoka les tailla en roche.

Aucun besoin de poursuivre son ordonnance à la lettre. Mais là où il parcourut résolument la voie exiguë de la droiture, nous flânons dans les ronces, lamentant notre sort. Son escalade de la haute moralité n’a été ni utopique, ni idéaliste, ni irréalisable — comme ces mots sont mal appliqués de nos jours. Son exemple demeure magnifique, pratique et inspiratoire pour quiconque jouit d’un peu de bon sens et de fierté en idéalisme, 

Pour tout ce que je sache, le règne d'Asoka a pu être un tissu d'hypocrisie, de contradictions et de mensonges : le dogme officiel, prêcher la paix alors que la mentalité d’armes régnait parmi des subalternes ricaneurs. Ou pas. De toute façon, ses rescrits ont dû être consultés par ses partisans et obéis autant que possible. Une seule bonté supplémentaire et une seule nuisance de moins auraient valu toutes ces peines.

Nous pourrons partager des meilleurs rescrits contenant des prohibitions moins accablantes et les obéir si possible. Cela nous servirait mieux. Nous avons beaucoup plus de latitude qu’en eurent les partisans d'Asoka. Au monde paisible, les rémunérations de cette meilleure conduite ballonneront tel qu’un rouleau de neige, finançant celles supérieures et les promouvant à l’exponentielle. 

Cela n’importe si Asoka l’eut réussi, non moins si nous le réussissons. Lui s’est évertué comme un héros – voila l’important – et nous devons l’imiter avec encore plus d’entrain. Préserver le statu quo ou en pleurnicher sans le transformer, c’est trop facile ; tendre le bras vers l’impossible,  c’est digne de notre génie.

En contraste, le christianisme, l’Islam, l’hindouisme, le bouddhisme et des militantismes comparables professent leur mentalité d’armes en exposant leurs griffes au progrès, soit leur grande maitrise paisible. 

Nous devons explorer la superconscience collective, puiser les meilleurs idéaux religieux de cette trésorerie recélée et les rétablir peu à peu. Aussitôt que la planète éléphantesque remplacera son cerveau d’insecte avec celui mieux adapté à sa taille, de nombreux projets paisibles se suggéreront : chaque nouvelle entrée plus propice — nous attirant de plus en plus profondément dans le monde paisible comme dans un rêve.

 

Mon ami Paul Lackman s’est demandé ce qu’aurait été l'opinion d'Asoka de la coutume hindoue de sati. Une ou deux veuves se sont jetées en désespoir sur le bûcher funéraire de leur mari ; d’autres en furent « encouragées » plus tard par contrainte. Asoka aurait réprouvé d’autres habitudes que quelques Hindous et leurs descendants musulmans trouvent propices : telles gestes que brûler vives des nouvelles mariées pour leur dot inadéquate ou marquer à l'acide des demoiselles indisponibles : des infractions soi-disant « d'honneur. » 

Par correspondance privée, le feu B.G. Gokhale m’informa que la coutume de sati fut « probablement introduite par les Scythes qui parurent un jour dans l’histoire indienne entre le deuxième et premier siècle de l’AEC. » Il eut la gentillesse de me permettre d’inclure l’entièreté de sa traduction dans Apprenti. Merci, bonne âme.

Dans une culture autre que celle d'Asoka, l'habitude d'un tyran, de sacrifier ses proches lors de sa cérémonie funéraire, aurait pu servir un but plus pragmatique qu'hystérique. Après le décès du tyran, un seul successeur et sa suite furent nécessaires. Les autres serviteurs, concubines et enfants n’ont figuré que comme des rivaux, conspirateurs et assassins potentiels. Afin d’éliminer leurs rivaux génétiques, des tyrans humains, des lions et apparemment des marsouins partagent une brutalité linéale curieusement conforme. 

Nous pourrions nous débarrasser en permanence de cette sorte de rivalité, comme une dispute lasse entre les partenaires d’un mauvais mariage, et psalmodier au lieu les premiers cantiques du monde paisible. 

 

Mais laissons à Asoka l’opportunité de nous raconter son histoire :

 

Inscription 1 : Ce rescrit sur la moralité a été commandé d’être écrit par le roi Asoka. Ici, aucune bête ne doit être tuée ni offerte en sacrifice ni aucune assemblée sociable être tenue. Car le roi Asoka constate que les assemblées sociables comportent de nombreuses bavures. Il considère toutefois quelques assemblées bonnes. Jadis, dans la cuisine du roi Asoka, des centaines de milliers d'animaux furent tués chaque jour pour la carry. Mais à présent, depuis que ce rescrit sur la moralité a été inscrit, seulement trois animaux sont tués pour la carry : deux paons et un cerf, et ce cerf pas toujours. Même ces trois animaux ne seront plus tués désormais.

 

Inscription 2 : Sur tous les territoires du roi Asoka, même sur les frontières et dans les territoires des Cholas, des Pandyas, des Satiyaputra, des Keralaputra, même parmi les Tambraparni et partout ailleurs, aussi dans les domaines du roi grec Antiochos et de ses voisins, le roi Asoka s’est arrangé partout pour effectuer deux genres de traitements : celles d’hommes et d’animaux. Pareillement, des herbes médicinales et salutaires aux hommes et aux bêtes ont été apportées et plantées là où elles n'avaient pas existé. Aussi des plantes fruitières et à racine ont été apportées et plantées là où elles n'avaient existé jadis. Des puits ont été creusés et des arbres plantés sur les routes pour l’usage d’hommes et de bêtes.

 

Inscription 3 : Le roi Asoka parle ainsi : Douze années après mon couronnement, voici ce que j'ai ordonné. Partout sur mes territoires, (des fonctionnaires) partiront en visites quinquennales d'inspection afin d'inculquer la moralité et d’autres actions conformes. (Ils instruiront mes sujets que) l’obéissance au père et à la mère est excellente ; la libéralité envers des amis, associés et parents, envers des brahmanes et ascètes, elle est excellente ; excellente l’abstention de tuer des bêtes ; d’autant excellents, l'abstention et le peu de possessions. Et le conseil ordonnera aux fonctionnaires de les remettre en vigueur autant dans la lettre que dans l’esprit.

 

 4 : Longtemps auparavant, depuis de nombreuses centaines d’années, ont augmenté la tuerie sacrificatoire d’animaux, la brutalité envers des créatures, la mauvaise conduite envers des parents et celle importune aux brahmanes et ascètes. A présent, avec la pratique de moralité par le roi Asoka, le battement des tambours de guerre est devenu l’appel à la moralité. Comme n'est pas échu depuis de nombreux centenaires, avec la publication du rescrit de la moralité par le roi Asoka, et par l'exposition de châteaux célestes, d’éléphants, de colonnes de feu et d’autres formes célestes, tout a augmenté, à savoir : la non-tuerie des bêtes pour but sacrificatoire, la non-violence envers les êtres, l’attention adéquate aux parents, celle adéquate aux brahmanes et ascètes, le bien-être de la mère et du père, celui des âgés et beaucoup d'autres genres de comportement moral : tous ont accru et s’accroîtront encore plus. Aussi les fils, les petits-fils et les arrière-petits-fils du roi Asoka avanceront la pratique de la moralité, même jusqu’à la fin de l'univers, en se tenant droit dans la moralité et le caractère moral, et l’enseigneront. Voici en effet la meilleure des actions, à savoir, l’inculcation de la moralité. Pour ceux manquant de caractère moral, cette pratique n'est pas possible. D'où il est certain que le bien réside dans l'avancement de la moralité et la diminution de l’immoralité. A ce but, il a été commandé d’être écrit que tout le monde s’exerce pour le progrès dans la moralité et non pas son affaiblissement. Ceci a été commandé d’être écrit par le roi Asoka depuis qu'il fut couronné il y a douze ans. 

 

5 : Le roi Asoka parle ainsi : La bienveillance est difficile ; celui qui entreprend de la bienveillance accomplit quelque chose de difficile. J'ai entrepris beaucoup de bienveillances. La bienveillance sera pareillement pratiquée par mes fils, mes petits-fils et leurs descendants, même jusqu’à la dissolution de l'univers. Mais celui qui en néglige même une petite partie, il accomplit du mal. Il est certainement facile de commettre le péché.

Autrefois, il n'y avait pas de fonctionnaires de moralité. Depuis que je fus couronné il y a treize ans, j'ai nominé des fonctionnaires de moralité. Ils se sont engagés avec les dévots de chaque croyances pour rendre en vigueur la moralité, pour son progrès, pour le bonheur ci et ci-après de ceux consacrés à la moralité. Ils sont employés parmi les Grecs, les Kambojas, les Gandharas, les Rachtrikas, les Petenikas et le peuple frontalier. 

Ils sont employés parmi les domestiques et les maîtres, parmi les brahmanes, ceux dépourvus et ceux âgés, pour leur bien-être et bonheur et pour enlever d’embarras ceux consacrés à la moralité. Ils sont engagés à rendre aide aux incarcérés, à prévenir leur harcèlement et obtenir le sursis pour ceux qui ont de larges familles ou sont accablées par la calamité sinon sont âgés. Ici à Pataliputra et ailleurs, ils sont engagés dans toutes les villes, dans les harems de mes frères et les établissements de mes sœurs et autres parents. Ils sont employés parmi ceux consacrés à la moralité, voire qu’y sont établis, partout dans mes domaines. A ce but, ce rescrit sur la moralité a été écrit, qu'elle puisse longtemps durer et mes sujets la pratiquer. 

 

6 : Le roi Asoka s’exprime ainsi : Longtemps naguère, la dépêche des affaires et leur reportage momentané n'ont pas existé. Cela, je l’ai accompli. À tout moment – soit que je mange, soit aux appartements des femmes, soit dans les chambres intérieures ou dans l’enclos du bétail, soit chevauchant ou dans le jardin – partout sont plantés des reporters pour m'informer des affaires du peuple. J’entreprends partout les affaires du peuple. Quoi que je commande oralement, qu'il s’agisse d’un cadeau ou d’une proclamation ou ce qui est confié aux fonctionnaires, ou s’il y a une matière en dispute urgente ou que l’on délibère en conseil, cette matière peut m’être vite reportée à tout moment et en tout lieu. Ceci, je l'ai commandé. Je ne suis jamais entièrement satisfait de tels efforts ni de la rapidité des affaires. Car je considère le bien-être du peuple comme mon devoir principal. Son fondement, c’est l’effort et la dépêche des affaires publiques. Il n'y a aucun labeur plus important que le bien-être intégral du monde entier. Et pourquoi ? Pour la décharge de ma dette envers le peuple, que je puis offrir du bonheur à quelques-uns ici et accéder au ciel ensuite. A ce but ce rescrit sur la moralité a été écrit, qu'il puisse longtemps durer ; que mes fils, mes petits-fils et mes arrière-petits-fils puissent s’exercer pour le bien-être du monde entier. Cette réalisation est parmi les plus difficiles sauf au moyen d’efforts ardus.

 

7 : Le roi Asoka souhaite que toutes les sectes puissent vivre partout. Elles toutes désirent la retenue et la pureté d'esprit. Mais les hommes incarnent divers désirs et passions. Ils pratiqueront tous (les articles de leur foi) ou seulement en partie. Même pour un homme généreux, s'il manque de retenue, de pureté d'esprit, de gratitude et de fermeté dans la foi, nulle grandeur. 

 

8 : Depuis longtemps, des rois sont partis en voyages d’agrément tel qu’à la chasse et d’autres agréments. Mais depuis qu'il fut couronné il y a dix ans, le roi Asoka est allé en pèlerinage (au site) d'éclaircissement du Seigneur [Bouddha.] A ce but, sa ronde de piété comprit des visites d’instruction dans la loi et la moralité et des enquêtes chez les brahmanes et ascètes, de la charité et des visites chez les aînés (de l'ordre bouddhiste), et des cadeaux d’or, ainsi que chez les campagnards, l’instruction dans la loi ou moralité, et de telles enquêtes. En effet, le plaisir en cela est certainement grand, dépassant tous les autres.

 

9 : Le roi Asoka parle ainsi : Les gens effectuent à une grande diversité de cérémonies propices. Soit dans la maladie ou le mariage de fils et de filles, pour le don d'un fils, (pour se sécuriser) en voyage ; pour de tels et d’autres matières, les gens effectuent diverses cérémonies propices. Et, quant à ça, les femmes et les mères en particulier s'adonnent à des cérémonies futiles et vides. Mais des cérémonies seront accomplies, quoiqu’elles soient de moindre valeur. Mais voici évidemment une cérémonie très précieuse, à savoir : celle de la moralité : ce qui comprend le propre traitement d’esclaves et de domestiques, du respect aux enseignants, de la retenue envers les êtres vivants, des offrandes aux brahmanes et aux ascètes ; ces choses-là et beaucoup d’autres constituent la célébration de la moralité. Donc actuellement, ceci doit être exprimé par un père ou un fils ou un maître ou un mari ou un ami ou une connaissance, voire un voisin. Voici qui est bon, voici la sorte de cérémonie qui doit être accomplie exprès.

 Et cela aussi a été dit : la charité est bonne. Il n'y a aucune charité ni faveur (supérieure) que le don de la moralité et la faveur de la moralité. Et de cela, un familier ou un ami ou un parent ou un compagnon doit instruire : cela doit être accompli, c’est bon. Par cela le ciel peut être gagné. Qu’est-ce qui est plus méritoire d’être effectué pour l’accomplissement du paradis ?

 

10 : Le roi Asoka n’estime ni la gloire ni la renommée comme sublimes, hormis celles acquises si le peuple saisit et poursuit la loi de la moralité qu'il enjoint. Pour cela seulement, le roi Asoka souhaite gloire et renommée. Quel que soit l’effort entrepris par le roi Asoka, c'est seulement pour l'au-delà. Et qu’est-ce ? Que tous puissent être sans tache. La tâche, c’est le péché. En effet, voici qui est de réalisation difficile, soit par l’éminent ou le nul, sauf au moyen d’efforts suprêmes et la renonciation des possessions. Mais en effet, le sien est le plus difficile, pour celui de haut rang.

 

11 : Le roi Asoka discoure ainsi : Il n'y a aucune offrande comme le don de la moralité, l’éloge de la moralité, le partage de la moralité et la parenté de la moralité. Cela comprend le propre traitement d’esclaves et de domestiques ; le soutien adéquat des mères et des aïeux ; libéralité envers amis, relations, parents, brahmanes et ascètes ; la non-tuerie d'êtres. Ceci doit être adressé par le père au fils, au frère ou à l’ami ; à la relation ou au parent ; même par un voisin : Voici qui est bon et qui doit être effectué. En agissant ainsi, il obtiendra ce monde et ceux prochains et acquerra mérite sans limites, par ce don de la moralité.

 

12 : Le roi Asoka vénère, au moyen de libéralités et divers honneurs, tous les fervents et ceux qui ont renoncé la vie domiciliaire ainsi que les propriétaires. Mais le roi Asoka n'estime pas les cadeaux ou l’honneur pour eux-mêmes. Pourquoi ? Parce que l'essentiel doit s’étendre dans toutes les sectes. Cet essentiel est de toutes sortes. Mais sa racine est de la retenu de parole. Pourquoi ? Il ne doit pas y avoir de glorification de sa propre secte ni dénonciation de celle d'autres pour peu de raison sinon aucune. Car toutes les sectes sont dignes de vénération pour une raison ou une autre. En agissant ainsi, l’on aide à cultiver sa propre secte et rend du bien à celle d’un autre. Agir autrement, c’est déprécier sa propre secte et rendre mal à celle d’un autre. Celui qui glorifie sa secte et dénonce celle d'un autre, il le fait par amour de la sienne. Et pourquoi ? (Pour que) sa secte puisse briller plus fort. Mais en agissant ainsi, il rend du mal à sa secte. L'harmonie est bonne. Pourquoi ? Pour que des gens puissent entendre la doctrine l’un de l’autre. Voici le souhait du roi Asoka. Qu'est-ce ? Que tous les sectaires peuvent être instruits dans l’entendement d'autres et bien se porter sur le chemin bienveillant. Ceux qui y prennent du plaisir doivent parler ainsi. Le roi Asoka ne considère aucune libéralité ni honneur plus important que l'augmentation de l'essentiel dans toutes les sectes. A ce but sont engagés les fonctionnaires de moralité, ceux en charge des femmes et des gardiens de troupeau et d’autres groupes. Et voilà son fruit : que sa secte parvienne au progrès et que la vérité morale soit illuminée.

 

13 : Huit ans après son couronnement, le roi Asoka conquit les Kalinga. Durant (cette conquête) cent et cinquante mille personnes furent déportées, cent mille abattues ou estropiées, et quelques multiples de ce chiffre succombèrent. Par la suite, avec la conquête des Kalinga, le roi Asoka (a adopté) la pratique de la moralité, l’amour de la moralité et l’inculcation de la moralité. Mais le remords est survenu au Roi pour la conquête de Kalinga. Or, quand un pays insoumis est conquis, il y a lieu telles choses que le carnage, la mort et la déportation des gens, et ceux-ci sont considérés très graves et douloureuses par le roi Ashoka. Des brahmanes et des ascètes habitent partout, ainsi que des dévots d'autres sectes et des propriétaires pratiquant des vertus telles que le maintien de la mère et du père ; service aux aïeux ; le propre traitement d'amis, de parents, de familiers et d’apparentés, d’esclaves et de domestiques ; ainsi que de la fermeté dans le dévouement au devoir. Ils souffrent aussi de blessures, (d’être séparés de bien-aimés) de la tuerie et de la déportation de proches. Et pour ceux dont l'amour reste indemne, leurs amis, leurs proches et parents souffrent de calamités et c'est là une blessure envers eux. Cet embarras d’hommes est considéré grave par le roi Asoka. En dehors du territoire des Grecs, il n'y a aucune terre où des communautés comme celles de brahmanes et d’ascètes sont introuvables. Ni n’y a-t-il de pays où les hommes ne retiennent de la foi en une secte ou une autre. 

Donc, quel que soit le nombre d'hommes ainsi tués ou blessés et qui sont décédés et ont été déportés lors de l'annexion de Kalinga, même la centième ou la millième partie en serait trouvée grave par le roi Asoka. En outre, quiconque accomplit du mal, cet individu doit être toléré ou pardonné. Aux gens forestiers des royaumes du roi Asoka, il peut leur être signalé que le roi, chargé de remords comme il l’est, retient la capacité de punir des malfaiteurs qui ne se repentent pas. Car il désire que tous les êtres soient sûrs, retenus, doux et de pensée tranquille.

Le roi Asoka considère souveraine la victoire de la moralité. Et cette victoire a été accomplie par le roi Asoka jusqu'à la limite de ses frontières, même à une distance de six cents yjanas, sous le règne du roi grec Antiochos et au-delà de son royaume dans les territoires des quatre rois : Ptolémée, Antigonos, Mage et Alexandre ; en bas dans les territoires des Cholas et des Pandyas, même jusqu'à Tamraparni. Ainsi de même, dans les domaines royaux où vivent les Grecs, les Kambojas, les Nabhaks, les Nabhapantis, les Bhojas, les Pitinikas, les Andhras et les Paridas, les gens suivent partout l'instruction dans la moralité par le roi Asoka. Et partout où les ambassadeurs du roi Asoka ont pénétré, là aussi les gens entendent parler de ses démarches morales, de son enseignement et de ses instructions en moralité et suivent la moralité et l’effectueront.

 Tout ce qui a été gagné par cette victoire de la moralité, ceci a été agréable. Ce bonheur a été obtenu par la victoire de la moralité, mais même cela n’est pas aussi important pour le roi Asoka que le gain du prochain monde. A ce but ce rescrit sur la moralité a été écrit, que mes fils et petits-fils doivent cesser de penser de nouvelles conquêtes et que, dans toutes les victoires qu’ils gagneront, ils devront se satisfaire d’abstention et de punition légère. Pour eux, la vraie conquête doit être celle de la moralité ; toutes leurs délices doit être celle dans la moralité, pour bénéfices dans ce monde ou bien celles à venir.

 

14 : Ce rescrit sur la moralité a été commandé d’être écrit par le roi Asoka. Quelques-uns sont brefs, d’autres à mi-longs et d’autre(s) encore plus longs. L’intégralité n'a pas été rendue partout. Car mes territoires sont vastes, sur lesquels beaucoup a été commandé d’être écrit et le sera. Mais une partie a été souvent répétée à cause même de sa douceur, que les gens puissent la suivre. Ailleurs, elle a pu être mal écrite à cause de l'incomplétude, du manque d'espace ou du dégât lapidant, sinon par erreur du scribe. 

 

Rescrit sur pierre séparée 1 : Par ordre du roi Asoka, les princes et les hauts fonctionnaires de Tosali doivent être adressés ainsi : ce que j’aperçois, je désire qu’il soit effectué au moyen approprié. Quant à cela, je tiens à ce que mon instruction envers vous soit l’instrument principal, car vous êtes désignés par-dessus des milliers d'êtres humains dans l'attente que vous gagnerez l’affection de tous les hommes. Tous sont mes enfants. Ainsi que je souhaite que mes enfants se portent bien et soient heureux dans ce monde et ceux prochains, je désire la même chose pour tous les hommes... Vous pourriez ne pas entièrement comprendre ce que cela veut dire. Quelques-uns le comprendront, mais d’autres ne le pourront qu’en partie sinon tout à fait. Vous devez vous assurer de la bonne application de cette politique. Quelques-uns peuvent subir emprisonnement ou la torture, aussi dans quelques cas il peut y avoir un emprisonnement sans procès suscitant des souffrances et chagrins. A propos, vous devez suivre la voie de la modération quant à la justice. Mais cela peut manquer de succès à cause de certaines taches mentales telles que la jalousie, la perte d’équilibre, la dureté, l’impatience, le manque d'application, la paresse et la lassitude. Mais vous devez vous assurer de ne pas vous encrasser. La base entière de cette matière se situe dans la prévenance du déséquilibre et hâte dans la mise en œuvre de principes. Celui paresseux n’est pas certain de s'appliquer. Mais vous devez agir et prendre le devant dans vos devoirs officiels, vous en assurer. Et à ce but, vous devez être avisés : acquittez-vous donc de votre dette, le roi Asoka vous le conseille. Acquiescement à ces directives sera très fructueux ; le non-respect malfaisant, n’obtenant ni le monde prochain ni service au roi. Et pourquoi tant l'accentuer ? Par votre acquiescement, vous gagnerez le prochain monde et acquitterez votre dette à moi. 

 Cette proclamation doit être lue lors des jours de la constellation Tishya et dans l'intervalle entre les jours de Tishya ; elle peut être lue à haute voix même à un seul individu. En agissant ainsi, vous obéirez à mes directives. Cette édicte a été inscrite à ce but, que les fonctionnaires urbains puissent l'exercer toujours : qu'aucun individu ne soit emprisonné ni torturé sans bonne procédure. Afin de m’en assurer, j’enverrai en visites d'inspection quinquennales des hauts fonctionnaires qui ne seront ni draconiens ni courroucés, mais efficaces et honnêtes dans chacune de leurs démarches, car ils saisiront mes intentions et agiront conformément. En outre, le prince à Ujjain expédiera des équipes d’inspection conformes toutes les trois années. Cela tiendra aussi bien pour les Takshashilas. Au cours de leurs visites de devoir, ces hauts fonctionnaires exécuteront leurs fonctions dans leur conscience de mes directives. 

 

Rescrit sur pierre séparée 2 : [Le début de ce texte ressemble au rescrit sur pierre séparée 1]... Les peuples frontaliers insoumis peuvent se demander, qu’est-ce que le roi conçoit pour nous ? Pourtant mon souhait envers eux, c’est qu'ils se rendent compte que le roi les pardonnera pour aussi longtemps qu’il lui sera possible de pardonner. Pour moi, ils devront pratiquer la loi de la moralité et gagner ce monde et celui qui suit. Pour le [permettre] je vous en instruis ainsi. Voilà comment parvenir à saisir ma volonté, ma résolution et ma promesse, et m’acquitter de ma dette au peuple. Vous devez agir de cette manière. Le peuple doit être assuré au point de penser que le roi est pour nous comme un père, qu’il ressent la même chose pour nous qu’il ressent pour lui-même, car nous sommes envers lui comme ses enfants. Ma résolution est immuable et aussi ma promesse, et je vous enjoins ma volonté et mes directives. Mes messagers et fonctionnaires spéciaux seront bientôt en contact avec vous. Car vous êtes capables de rassurer le peuple frontalier et d’assurer leur bien-être dans ce monde et celui d'après. En agissant de cette manière, vous gagnerez le prochain monde et vous acquitterez de votre dette envers moi. Pour ce but cette édicte a été commandée d’être écrite, que mes hauts fonctionnaires puissent s’engager pour tout l’avenir à inspirer le peuple frontalier et leur avancer dans la loi de la moralité. Ceci doit être proclamé par récitation, le jour de Tishya chaque mois et saison, et aussi dans les intervalles. Lors de conjonctures spéciales, il peut être récité même à un seul individu. En agissant ainsi vous conformerez à mes directives.

 

Rescrit sur pierre mineure 1 : De Suvarnagiri, par ordre du Prince et des hauts fonctionnaires : ceux d'Isila doivent être souhaités du bien et adressés comme de suite. Depuis les deux ans et demi et davantage que je me suis rendu en adepte laïque, je ne me suis pas exercé vigoureusement. Mais pour plus d’un an depuis que je me suis approché à l'Ordre, je me suis exercé sans relâche. Au demeurant, les hommes qui furent écartés des dieux à Jambudvipa se sont à présent mêlés avec eux. Ceci, à vraie dire, est à cause d'application, non seulement par les grands. Car même un moindre homme par ses efforts peut accéder au grand ciel. A ce but ce message est proclamé : que les grands comme les petits peuvent s’exercer, que même les peuples frontaliers puissent le connaître et ce grand effort continuer longtemps. Cela augmentera et s’augmentera encore au moins une fois et demie. 

Et à ce but, ceci doit être inscrit sur des roches. Il doit être répandu sur toute votre juridiction. Cette proclamation, je l'ai faite pendant une randonnée de 256 nuits.

 

Rescrit sur pierre mineure 2 : Le roi Asoka parle ainsi : La mère et le père doivent être rendus respect, également les aïeux ; la considération adéquate d’êtres vivants doit être fermement établie, la vérité, dite. Ces valeurs de moralité doivent être dites : les élèves doivent honorer les enseignants ; les parents, être bien estimés. Voici l’ancienne loi de longue date ; cela doit être pratiquée. Inscrit par le scribe Chapada. 

 

Inscription sur pierre Bairat : Asoka, le roi Magadan, salut l’ordre (bouddhique) et leur souhaite bonne santé et réconfort.

Messieurs, vous connaissez ma vénération et ma foi dans le Bouddha, le Dhamma et la Sangha. Tout ce qui a été dit par le Seigneur Bouddha a été bien dit. Néanmoins, Messieurs les révérends, il me vient à l'esprit que la bonne doctrine puisse longtemps durer, les passages suivants de bonne doctrine peuvent surtout être signalés, à savoir : Le Vinaya glorifié, les pouvoirs de l'élu, les dangers de l’inconnu, la chanson du sage, le discours sur la solitude, la question d'Upatishya, le conseil à Rahula sur le mensonge articulé par le seigneur Bouddha. Je souhaite que beaucoup de moines et de religieuses puissent les écouter et méditer, ainsi que le doivent les adeptes laïques mâles et femelles. A ce but, Messieurs, je le fais inscrire, afin que le peuple puisse connaître mes vœux.

 

Inscriptions de la Caverne dans la Colline Barabar : Depuis qu'il fut couronné il y a douze ans, le roi Asoka a donné aux Ajivikas cette cave de banian.

 Depuis qu'il fut couronné il y a douze ans, le roi Asoka a donné aux Ajivikas cette caverne dans la montagne de Khalatika.

 Depuis qu'il fut couronné il y a dix-neuf ans, le roi Asoka déclare : « J'ai donné cette caverne dans la montagne très agréable de Khalatika. »

 

Édicte Samchi-Sarnath-Kaushambi : Aux hauts fonctionnaires (de Pataliputra et de Kaushambi), voici le commandement du roi Asoka. « J'ai unifié l'ordre. Personne, ni moine ni religieuse, ne fendra l'ordre. Quiconque perpétue un schisme dans l'ordre, moine ou religieuse, sera expulsé de la congrégation et mis à porter des vêtements blancs. » Cet ordre doit être proclamé à l'Ordre des moines et des religieuses. Le roi Asoka parle ainsi : Cet ordre doit être affiché sur les routes dans votre juridiction. Une copie doit être mise à la disponibilité des adeptes laïques. Durant les jours de jeûne, ils doivent se familiariser avec cet ordre. Dans votre juridiction, vous devez expulser le schismatique. Ainsi devez-vous vous assurer de son expulsion dans tous les forts et districts, conformément à cet ordre.

Voici mon désire : qu’au temps de mes fils et mes petits-fils, tant que durent le soleil et la lune, l'Ordre [bouddhique] vive complètement uni. 

 

Inscription de Kandahar (version grecque) : Dix années après son couronnement, le roi Asoka a instruit la moralité aux gens. Ensuite, il a poussé les gens à pratiquer de plus en plus de moralité. 

Il y a de la prospérité dans le monde entier.

Le roi s'abstient de la violence contre les êtres vivants, comme le font d’autres, et même les chasseurs et pêcheurs s'abstiennent de tuer.

 Ceux débridés ont pratiqué de la retenue autant que possible. 

 L’obéissance aux mères et aux pères et aux aînés menait auparavant à une meilleure vie, ainsi qu’elle en parviendra dans l’avenir avec la pratique des règles données ci-dessus.

 

Inscription de Kandahar (version Aramide) : Dix ans après son couronnement, le roi Asoka a entamé le vrai modèle de vie. Ensuite, par les efforts du roi, le mal s’est amoindri pour tous les hommes et la mauvaise fortune a disparu.

La paix et le bonheur eurent lieu partout au monde. Et voici aussi ce qui s'est passé, à savoir : les quelques animaux qui furent tués auparavant pour l’alimentation royale ne le sont plus, et même les pêcheurs ont été enjoints à cesser de pêcher. 

 Ceux débridés auparavant embrassent maintenant la retenue. Comme décrété, il y a de l’obéissance aux mères, aux pères et aux aïeux, et tous ceux consacrés à la moralité vivent en confiance. 

 Tout ça bénéficie tous et toutes, ainsi qu’il parviendra dans l’avenir.

 

Pilier d’inscription de Rummindie : Ici adora le roi Asoka quand il fut couronné il y a vingt ans, car ici est né le Bouddha, le sage des Shakyas. Une effigie d'éléphant et un pilier en pierre y ont été installés. Et puisque le Béni y est né, le village de Lumbini a été exempté d'impôts et pris de prospérité.

 

Pilier d’inscription de Nigali Sager : Depuis qu'il fut couronné il y a quatorze ans, le roi Asoka a agrandi pour la deuxième fois le stupa du précédent Bouddha de Konagamana. Aussi, vingt ans après qu'il fut couronné, il est lui-même venu ici pour offrir son adoration et installer un pilier en pierre.

 

Le prescrit de la reine : Par ordre du roi Asoka, les hauts fonctionnaires doivent être partout adressés de cette manière : Quel que soit le cadeau donné par la deuxième reine, à savoir : un bosquet de mangue, un jardin, une loge d’aumône ou autre chose, celui-ci doit être considéré son cadeau. Ceux-ci doivent être estimés comme des cadeaux de la deuxième reine, Kuruvaki, la mère de Tivara. 

 

Édicte du pilier 1 : Le roi Asoka parle ainsi : Ce rescrit sur la moralité, je l’ai recommandé d’être écrit depuis que je fus couronné il y a vingt-six ans. Le bonheur dans ce monde et celui à venir, voici qui est d’atteinte difficile sauf par extrême dévouement à la moralité, par introspection aiguë, par obéissance intégrale, frayeur du mal et grand effort. A présent, à cause de mon instruction, cette confiance en la moralité et en son zèle a accru chaque jour et se maintiendra. De même, mes fonctionnaires – tant ceux importants, ceux moyens et ceux de rang inférieur – doivent suivre mon instruction et la pratiquer afin d'encourager autant que possible les faibles et les hésitants. Les hauts fonctionnaires des frontières doivent agir ainsi. Et cela doit être la norme de conduite : que l’administration se conforme à la moralité, que la législation soit d'après la moralité ; elle seule peut rendre les gens heureux selon la moralité et les protéger selon la loi de la moralité. 

 

Édicte du pilier 2 : Le roi Asoka parle ainsi : La moralité est bonne. Mais quelle est la moralité ? Peu de taches, beaucoup de mérite ; compassion, libéralité, vérité et pureté. Mes cadeaux sont de toutes sortes, car j'ai tendu le don des yeux (de la vérité) et j'ai conféré de nombreuses bontés aux bipèdes et aux quadrupèdes, même aux oiseaux et aux créatures qui vivent sous les eaux, jusqu’à l'ampleur du don de la vie. Et j’ai effectué d'autres sortes de bienveillance. A ce but ce rescrit sur la moralité a été commandé d’être écrit, qu'il puisse être accompli et durer longtemps. Celui qui l’accomplit entreprend du bien. 

 

Édicte du pilier 3 : Le roi Asoka parle ainsi : L’on ne voit que les bonnes actions ; j'ai accompli cette bonne action. L’on ne voit pas le mal ; j'ai accompli ce mal, sinon que ce soit une tache. Ceux-ci sont difficiles à remarquer. Mais on doit discerner que la colère, le manque de pitié, le courroux, la fierté et l’envie : tous aboutissent dans le mal. Que ceux-ci n’entraînent plus jamais ma dégradation ! Et voici surtout ce qui doit être perçu, que cela m’est salutaire dans ce monde comme dans ceux prochains.

 

Édicte du pilier 4 : Le roi Asoka parle ainsi : Depuis que je fus couronné il y a vingt-six ans, j'ai commandé ce rescrit sur la moralité d’être écrit. Mes fonctionnaires sont nominés (à gouverner) sur de nombreuses centaines de milliers de gens. Je leur ai octroyé la liberté de juger des cas et d’infliger des peines. Pourquoi ? Parce que ces fonctionnaires doivent opérer sans crainte et avec confiance, et s'efforcer d'assurer aux citadins et aux paysans leur bien-être et leur bonheur ; pour qu'ils rendent faveur aux gens et comprennent ce qui leur rend bonheur ou souffrance. Et ils instruiront aux citadins et aux paysans des principes de moralité pour assurer leur salut autant ici que dans l’au-delà. Ces fonctionnaires seront zélés de me servir et instruiront leurs agents quant à mes intentions. Et ils informeront les fonctionnaires comment agir pour me plaire. Car ainsi qu’un homme se dit, tout en remettant son enfant dans les bras d'une nourrice habile, « Cette nourrice adroite aura assez d’adresse pour assurer le bonheur de mon enfant » ; ainsi de même, des fonctionnaires ont été nommés pour assurer le bien-être et le bonheur des paysans, dans l'attente qu'ils puissent exercer leurs fonctions avec assurance et sans crainte, tranquillement et sans distraction. A ce but ai-je octroyé à mes fonctionnaires la liberté de juger des cas et d’affliger des peines.

 De tels sont désirables. Et quels sont-ils ? L'uniformité en procédures judiciaires et en amendes. Et voici désormais ma règle : qu'à ceux qui seront [mis] en prison ou condamnés à mort, qu’une grâce de trois jours leur soit accordée de ma part. Car, dès lors, leurs parents imploreront la possible épargne de vie ; sinon, au cas où personne n’est disponible, alors méditer, donner de l’aumône, ou bien entamer des actes de jeûne en vue de la prochaine vie. Car voici mon désir : que même pendant ce bref délai, qu’ils puissent servir le monde prochain, et que plusieurs genres d'enseignement dans la moralité puissent élever leur esprit par la retenue et des dons de charité.

 

Édicte du pilier 5 : Le roi Asoka parle ainsi : Depuis que je fus couronné il y a vingt-six ans, j'ai rendu inviolable des espèces, à savoir : perroquets, étourneaux, arunas, canards brahmane, oies sauvages, nandimukhas, gelatas, chauves-souris, fourmis de la reine, tortues d'eau douce, poissons sans os, vedaveyakas, gangapuputakas, patins, tortues, écureuils, cerfs borasting, taureaux brahmane, rhinocéros, pigeons blancs, pigeons communs, tous les quadrupèdes n’étant ni de trait ni de consommation. Également inviolables, les biques, les agnelles et les truies d’autant jeunes qu'allaitant ; ni même les jeunes de six mois ne seront plus tués. Les coqs ne doivent pas être rendus en capons. Les cosses contenant de la vie ne doivent pas être brûlées. Les forêts ne doivent pas être brûlées par simple malice ni pour détruire des bêtes qu’y demeurent. La vie ne doit pas se nourrir de la vie. Les trois jours saisonniers de la pleine lune et ceux de la pleine lune du mois de Tishya, trois jours durant, c'est-à-dire, les quatorzième et quinzièmes jours de la première moitié du mois lunaire et le premier jour de la seconde, ainsi que les jours rapides tout le long de l'année, les poissons ne devront être ni tués ni vendus. Ces jours-là, dans la forêt d’éléphants et l’étang de poissons, aucune autre espèce ne doit être détruite.

 Le huitième, le quatorzième et le quinzième jour de chaque quinzaine, aussi au cours des Tishya et des jours de Punarvasu, aucun taureau ne doit être castré, ni chèvres, ni béliers, ni sangliers ni d’autres animaux. 

Les Tishya et les jours de Punarvasu, les jours saisonniers de pleine lune et durant des pleines lunes saisonnières, les chevaux et les bétails ne doivent pas être marqués. Depuis que je fus couronné il y a vingt-six années, j'ai accordé vingt-cinq sursis de prison.

 

Édicte du pilier 6 : Le roi Asoka parle ainsi : Depuis que je fus couronné il y a vingt-deux ans, j'ai commandé des rescrits sur la moralité d’être écrits afin de réaliser le bien-être et le bonheur du monde, afin que l'abandon du vieux chemin puisse mener à l'avancement de la moralité. Voici ce que je souhaite : le bien-être et le bonheur du monde entier. A savoir, je pourrai effectuer le bonheur et le bien-être de quelques-uns parmi mes parents et personnes proches et distantes, pour lesquels je pourrai donc leur pourvoir. Ainsi de même, je contemple toutes les communautés. J'ai honoré toutes les sectes par divers actes d'adoration. Mais voici la chose principale, à savoir, l’attention particulière aux besoins des gens. Depuis que je fus couronné il y a vingt-six ans, j'ai commandé ce rescrit sur la moralité d'être écrit. 

 

Édicte du pilier 7 : Le roi Asoka parle ainsi : Aux temps passés, des rois ont ambitionné de la sorte : Comment avancer les gens dans la moralité ? Mais le peuple n'a pas progressé convenablement. Mais comment encourager tout le monde d’entamer le progrès dans la moralité ? Par quelle voie pourrais-je aider à au moins quelques-uns d’entre eux de progresser dans la moralité ? « A ce sujet » dit le roi Asoka, « Voici qui m'est venu à l'esprit. Je proclamerai l’annonce de la moralité, je susciterai que soit livrée l’instruction de la moralité, pour que le peuple puisse la pratiquer et avancer au-dedans et pour que la loi de la moralité croisse en robustesse. »

A ce but, des proclamations de moralité ont été effectuées et diverses directives de moralité ordonnées, pour que mes agents, désignés pour gouverner des multitudes de gens, puissent exposer et amplifier mon enseignement. Et mes fonctionnaires ont été établis partout par-dessus de nombreuses centaines de milliers d'hommes ; ils ont été enjoints par moi : Instruisez-leur et de ce fait les gens (se) dévoueront à la moralité.

Le roi Asoka parle ainsi : Avec cette même intention, j’ai installé des monuments à la moralité, attitré des fonctionnaires de moralité et effectué des proclamations de moralité. 

Le roi Asoka parle ainsi : Des arbres de banian ont été plantés le long des routes pour offrir de l'ombre aux hommes et aux animaux ; des bosquets de mangue, plantés ; des puits, creusés à chaque intervalle d’un kos et demi ; des places de pose, installées ; des abreuvoirs ont été établies pour le bien-être d’hommes et d’animaux. Mais cette joie a été effectivement légère. Bien des fois, les rois du passé ont essayé, comme moi, de consoler le monde. Je l'ai effectué avec le désir qu’ils pratiquent la moralité. 

 Le roi Asoka parle ainsi : Mes fonctionnaires de moralité ont entrepris des actes de bienveillance royale par voies diverses. Ils se sont engagés parmi les renonciateurs de ce monde autant que parmi les propriétaires et toutes les sectes. Je leur ai ordonné de prendre part dans le bien-être de l'Ordre, dans celui des brahmanes, des Ajivikas, des Nigranthas et d’autres sectes. 

Ces hauts fonctionnaires s’engageront dans leurs devoirs divers et respectifs, alors que les fonctionnaires de moralité s’engagent en particulier parmi toutes les dénominations, en plus de leurs autres devoirs.

Le roi Asoka parle ainsi : Ceux-là, et beaucoup d'autres fonctionnaires, prennent part dans la distribution de la charité royale, à mon compte autant qu’à celui de la reine, et dans toutes les maisons royales, ici comme dans les provinces, pour dispenser de ce fait la charité de mes fils et d’autres princes, aussi pour promouvoir des actes de mérite et encourager l’instruction de moralité afin que la compassion, la générosité, la véracité, la bienveillance et la bonté progressent dans l’espèce humaine.

Le roi Asoka parle ainsi : Quel que soit le bien que j'ai achevé, cela a certainement été accompli pour le progrès et le bien-être du monde. Des vertus croîtront conformément, à savoir : appui adéquat de la mère et du père, considération pour les précepteurs et les anciens, traitement adéquat des brahmanes et des ascètes, de ceux pauvres et dépourvus, d’esclaves et de domestiques. 

 Le roi Asoka parle ainsi : Les hommes ont été autorisés à progresser dans la moralité par deux voies, à savoir : la réglementation morale et la persuasion. Mais les règlements sont de petite efficacité alors que la persuasion est d'efficacité supérieure.

 J'ai rendu diverses réglementations morales telles que déclarer inviolable des classes d'êtres, et beaucoup d'autres sortes de réglementations morales que j’ai promulguées. Par persuasion, j'ai effectué de l’augmentation dans la moralité parmi les hommes, au moyen de la non-violence et la non-tuerie des créatures. Cela a été accompli pour ce but, à savoir : dans le temps de mes fils et mes petits-fils, même pour autant que dureront le soleil et la lune, voici qui sera pratiqué. En ce faisant, ce monde et les prochains pourront être sécurisés. Depuis que je fus couronné il y a vingt-sept ans, j'ai commandé ce rescrit sur la moralité d’être écrit. 

Le roi Asoka parle ainsi : Là où il y a des piliers ou des blocs en pierre, ces rescrits doivent être inscrits sur la moralité qu'elle puisse longtemps durer. 



 

- APPRENDRE A DANSER –

 

Comment échapper la terre en armes ? Cela semble facile en théorie mais quasi-insoluble en réalité. Nos préalables du monde paisible ont été caducs. Etant donné la profondeur de notre endoctrinement d'armes, notre lutte pour le monde paisible, à ce moment dans l’histoire, peut nous sembler naïve, aventurière et illusoire — autrement dit, « utopique. » 

Evaluons les capacités d'un chat. Alors que ses sens alimentent son cerveau, ses facultés sensorielles et musculaires sont à tel point harmonisées que sa ronde est un plaisir à contempler pour tous sauf sa prochaine proie. 

Revenons aux ères préindustrielles. Seulement un philosophe riche pouvait disposer d’assez de loisirs et d'instruction pour condenser la teneur clairsemée des donnés de son temps. S'il souhaitait trouver des connaissances exotiques, il pouvait errer le monde au prix d’énormes dépenses et périls, et, le long d’une vie assez courte, croiser de rares sages et recueils de documents à quelques centaines de kilomètres de chez lui. S'il voulait faire creuser un fossé, il pouvait ordonner aux esclaves coûteux de le suinter aux outils primitifs.

Les capacités de cet ancien philosophe se sont légèrement avancées au-delà de celles du chat : disons des milliers de fois. D'autres individus devaient obéir à son commandement, même en outre du rayon de ses perceptions et ordres. Les chats ignorent de telles directives. Des commandes parlées et écrites, des esclaves et des outils primitifs ont multiplié sa puissance musculaire au-delà de ses facultés mentales. Ce philosophe put maintenir un équilibre de sortes entre sa puissance musculaire et son intelligence, mais ce lui aurait été un exercice de plus en plus précaire.

Une philosophe moderne peut lire et discuter toute sa vie, en moyenne un peu plus longue. Ses capacités sont suppléées par des meilleurs dispositifs de transport et de communication, ainsi que des appareils perfectionnés d’aide-mémoire. Grâce à ces gadgets, elle sera en assez bonne mesure d’assortir beaucoup plus de donnés. Mais tous ces entrés prennent un certain temps : beaucoup, comparé à nos durées de vie modérément haussées. Et trop peu parmi nous (Apprentis) ne l’entreprennent. 

Bien que la croissance humaine se soit emballée, nos philosophes n'ont pas gardé le pas. Ils persistent à mutiler les mêmes platitudes de la philosophie antique, comme un chat jonglerait sa proie en attendant son coma de choc pour le morceler.

Ainsi que les anciens cultes d'armes ont paralysé la pensée particulière dans le passé, nos idéologies d'armes nous glacent l’esprit aujourd’hui. Quant à entreprendre le bien et déraciner le mal, nous ressemblons à des coureurs athlètes : figés sur place quoique prévoyant un subit élan de vitesse. 

Quant à la force brute musculaire, nous sommes parvenus au vrai progrès. En ce qui concerne la puissance matérielle, nous pouvons basculer des objets mille fois plus vigoureusement que la plupart des anciens ne l’ont pu. Voguer aux fin-fonds du monde en une petite journée, cela coûte moins que le salaire moyen d’un mois. On peut hausser des tonnes de matériel de construction six cent mètres et même le lancer en orbite. De leur point de vue, seulement des dieux purent contempler des exploits de puissance corporelle que nous considérons de routine. 

Et nos développements primaires sont toujours ceux de la guerre. Assis derrière une mitrailleuse moderne, un faiblard contemporain pourrait morceler leurs trirèmes et phalanges d’élite cuirassée – les plus brillantes de leurs dispositions sociales et mécaniques – en tas de bronze en résidu, de bois de plage et de viande hachée. 

Peux-tu déceler ce déséquilibre ? Le chat dispose de la capacité cérébrale x à l'intérieur d'un corps de puissance musculaire y. A toutes fins pratiques, x = y. 

Notre ancien philosophe a pu convoquer quelques milliers d’unités d'intelligence et un million de telles de puissance musculaire : x = ~1.000 y. Couramment, chacun dispose de cent mille unités d'intelligence (plutôt concentrées en appareils d’aide-mémoire et de communication, tant bien qu’en éducation de masse ; à peu près le même raisonnement de base) face à un milliard d’unités de musculature : x = 10.000 y.

Présumant les capacités félines en équilibre, notre civilisation réagit comme le corps d’un éléphant sous le contrôle d’un cerveau de cafard — plutôt un colosse motorisé global sous le contrôle d’un réseau grésillant de sept milliards de cellules cafardeuses et mal reliées. 

La bête à ce point décervelée par rapport à sa musculature se rendrait malade sans le savoir, casserait ses os lors une flânerie et crèverait de faim au milieu d’un marché agricole. Elle ne saurait parer une moustique. Ses organes se gaveraient ou dépériraient sans qu’elle ne s’en aperçoive. 

Concède-moi que ce monde entier est mal bâti ainsi et réagit de cette manière.

Pis encore, le cerveau de cafard serait trop troublé par des crises démesurées pour adresser son problème fondamental : l'écart se développant entre son intellect de puce et ses muscles de baleine bleue. 

S’étant adressé à un ou deux problèmes avec des convulsions de brutalité, elle aurait tendance à traiter tous ceux subséquents avec des applications équivalentes sinon encore plus fortes. Pour l’homme maniant un marteau et rien d’autre, chaque nouveau problème lui parait comme un clou.

Nous refusons d'harmoniser nos réseaux d’Apprentissage (nerveux) avec nos potentialités mécaniques (musculaires.) Ainsi, le dialogue bien équilibré entre la musculature du chat et son système neurologique se dégénère en l’annonce à tue-tête de la loi martiale par des élites myopes qui se prétendent d'Olympe, face aux rugissements de la foule écrasée dans les basses profondeurs. 

Une solution paraît offrir bonne promesse : implanter un cerveau d’éléphant dans sa tête quasi vide et l’observer danser comme celles du filme Fantasia ! Amplifier l’éclaircissement à travers le monde entier. Nous serons étonnés par la crue de notre sagesse, par le compte de grands problèmes réduits et des petits qui disparaîtront une fois que le monde sera relié pour meilleure habileté. 

« Le renseignement » : un autre terme perverti en son antonyme par la mentalité d’armes : « des secrets corrosifs militaires et corporatifs. » 

De toutes nos forces, nous devons harmoniser le dialogue global entre nos données sensorielles et notre rendement musculaire. Des efficacités hors mesure peuvent émerger de nouveaux réseaux percepteurs qui veilleront sur des activités à grande échelle (surhumaines.) Cela haussera au-delà d'imaginer nos normes risibles de vie. 

En plus clair ? Multiplier mille fois les propos paisibles et réduire en proportion les entretiens guerriers. Rendre tous les enfants sur terre en maîtres agrégés d’études autogérées jusqu’à la puberté ; adapter à cette tâche les systèmes les plus modernes de communication jadis perfectionnés pour le massacre. Multiplier des milliers de fois cette technologie remise au monde paisible. 

 

« La manière militariste et privilégiée de se servir de l'insécurité des masses, c'est lever une alarme, de préférence d'une invasion menaçante, et maintenir qu'un danger existe que personne ne peut mesurer à part des généraux experts. Puisque l'histoire n’a pas été écrite sur ces lignes, on ne peut énoncer la fréquence avec laquelle la raison a soutenu ce cri d’alarme. Mais on peut conclure que voici tôt ou tard la supercherie permanente de chaque bureaucratie militaire permanente. » Alfred Vagts, The History of Militarism, (L’histoire du militarisme), Greenwich Editions, p. 341. 

 

La mentalité d'armes réclame sa dominance en criant au loup quant aux menaces massives émergeant d’en dehors de la membrane domiciliaire. La solution ? Se débarrasser de la plupart de ces membranes, les substituer par une seule recelant le monde entier. Moins de menaces n’émergeront, pourvu qu’aucune élite de bataille ne soit permis de cambrioler d’en dehors. Chaque menace résiduelle sera un problème de police appelant une réplique pensive, non celle écrasante militaire. 

Des frais constructifs plutôt que ceux démolisseurs — simplement un peu plus futés et moins maladroits, vois-tu ?

Comment faire ? Une fois de plus, la clef se trouve dans les communications. Là où il n’existe qu’une seule ligne téléphonique, y installer un réseau ; où la factrice ne vient qu’une fois par semaine, la faire passer chaque jour. Là où des bibliothèques publiques existent déjà, doubler leur financement et les fusionner en un réseau global de renseignement. Là où elles n’existent pas encore, installer celles supérieures.

Chaque gouvernement national parrainera une page gratuite sur la toile globale, capable de traduire et interpréter n’importe quel texte d’outremer en langues locales. Il s’agirait de traductions textuelles et d’interprétations sélectives en sens inverses, jusqu’à ce que la traduction retraduite reflète le texte originel. Sinon le retraduire différemment jusqu’à ce que cela se reflète. 

Nous devrions nous entretenir en paix comme des êtres civilisés, au lieu de nous déchirer comme des bêtes. La plus acharnée la mêlée régionale, la plus imposante la nécessité d’y multiplier les communications locales. Entre-temps, des rivaux ethniques et religieux doivent être subdivisés en Etats distincts jusqu'à ce qu’ils puissent recouvrer leurs habitudes civilisées. 

Noter la tendance opposée remplaçant des médias valides par des communiqués de propagande en monologue de moindre valeur, autant parmi les populations riches que celles pauvres. Des villes américaines (si suffisamment importantes et fortunées) bénéficient d’un journal quotidien ; jadis, presque toutes, grandes comme petites, en retenaient davantage. Les radiodiffuseurs communautaires sont pourchassés comme des criminels sinon emmaillotés en rubans rouges bureaucratiques, alors que des hypercorporations consolident leur monopole médiatique grâce aux cadeaux faciles fédéraux. L'accès aux ordinateurs déjà trop coûteux se rétrécit pour les pauvres, alors que les riches s’accumulent l'Internet et renforcent des réseaux désuets de télévision avec de coûteuses technologies de pointe à bande large. L’expression « de pointe » est relative. Etant donné l’essor de telles technologies, dès qu’elles seront construites, elles seront déjà obsolètes.

Ce problème est bien illustré par la liaison intime entre la commission fédérale des communications aux USA et la nouvelle technologie de télévision digitale. Sa conversion de matériel et de logiciel va rehausser ses coûts, de l’extrémité des annonces à celle des récepteurs particuliers. Chavireront les télédiffuseurs indépendants et communautaires. La qualité du contenu devra chuter en faveur de réclames commerciales de plus en plus criardes. Personne ne bénéficiera de cette catastrophe culturelle à part des grands réseaux corporatifs. La problématique du monopole des médias par une poignée de corporations et leurs effileurs d’opinion, ainsi que les gains redoublés de publicitaires corporatifs et de locataires particuliers de services de câble et satellite, ces problèmes ne parviendront qu’à s’aggraver grâce à l'imposition par la CFC d’une technologie récente quoique superflue avant que son contenu ne soit rénové tout en proportion. 

Si l’on encrasse les médias de pointe avec rien que les ordures promotionnelles dont on s’est habitué, toutes ces percées communicatives seront gaspillées. Les meilleurs systèmes de communication admettent le meilleur contenu possible, non seulement une nouvelle quincaillerie de transmission. Des opinions divergentes doivent être accueillies et des réflexions sérieuses, prévaloir sur la propagande conventionnelle. Des idées excentriques méritent audition équitable. Comment s’attendre au progrès autrement ? Sans quoi, la stagnation culturelle est garantie.

Toutes les tribus et nations doivent obtenir accès à leur expression politique et autodétermination : indéniables parce que fondées sur des garanties constitutionnelles appuyées par force majeure et maintenues incontestables par un consensus global. Si l’on ne l’entreprend pas d'un sens inné de justice, on le doit pour atténuer les retombées nocives des « mouvements de libération révolutionnaire » qu'aucune armée ne peut supprimer. 

Aucun Etat d'armes ne mérite souveraineté n'étant établie que sur son monopole chimérique de puissance de feu en localité. Dans ce cas comme dans d’autres, nous devons rendre meilleure justice, si seulement parce que son administration est plus envisageable à la longue, moins périlleuse et plus profitable que son dénie, quelle qu’en soit la raison.

 

Des casinos d’Apprentissage pourront être établis : des centres magnifiques de récréation où se recueilleront des maîtres de jeux, des programmeurs, des artistes graphiques et leurs contestants collaborateurs. Ils y créeront et joueront ensembles des jeux électroniques visuels : des simulations virtuelles de la réalité, des jeux de carte et de table, des drames et simulations interactives en formes dépassant notre entendement actuel. 

Ceux dont le talent serait de réaliser de tels scénarios y trouveront l’adulation et les récompenses qu'ils prisent… un peu comme les peintres de la renaissance italienne, les dramaturges en Londres de Shakespeare, les orchestrateurs de musique classique à Vienne, et les cinéastes du 20e siècle. Voir le livre de Marc Prensky, Digital Game-Based Learning, (L’enseignement à base de jeu numérique), McGraw-Hill, New York, 2001, pour des croquis de ce genre de jeu.

Les problèmes sociaux y seront joués pour extraire des solutions innovantes. Des simulations politiques familiariseront l’électorat avec des thèmes sociaux dans toute leur complexité. Les Apprentis s’engageront dans des scénarios particuliers et sociaux de jugement critique – autant ceux frivoles que ceux présentant un danger de mort – aux volets de jeu micro-, macro- et cosmique. 

Selon un proverbe chinois, dix mille pertes de guerre sont requises pour établir la réputation d’un général. Dans ces nouveaux casinos, des contestants sonderont leur sagesse à moindre coût : leurs décisions les plus désastreuses n’auront que des conséquences « sur papier. » Des logiciels de réalité virtuelle et de vidéo interactive simuleront une vaste gamme de probabilités alternatives. Ces exotismes sociaux seront joués en public afin de dénombrer en détail leurs résultats à longue portée. Les joueurs auront à dépister des faiblesses, conséquences inattendues, fausses idées et échappatoires de malfaiteur. Leurs résultats seront publiés dans un dossier public pour revue scientifique.

Ces casinos d’Apprentis pourront aménager un marché boursier de la probabilité des valeurs comme décrite par John Brunner dans son livre, Sur l'onde de choc. J’ai puisé beaucoup de mes meilleures inspirations de ses écrits géniaux. Là, en tant que ramifications du filet neurologique relié du monde, ces contestants prévoiront des tendances sociales comme profitable spectacle sportif. Ces casinos coordonneront leurs activités avec des réseaux d’Apprentissage, la milice mondiale, des centres de renaissance d’Apprentissage et d’autres fonctions administratives : certaines suggérées dans ce texte et d’autres à venir. 

 

L’authentique prospérité n’est qu’un rêve de pipe avant que chacun ne s'attende à son abondance et sa sécurité comme allant de soi. Nos pauvres méritent d’une existence confortable et du revenu annuel qu'elle nécessite. Chaque jour, des honnêtes gens doivent se sentir un peu plus à l’aise et mieux sécurisés. Ensuite, les ambitieux pourront multiplier leur richesse de cinq à quinze fois (ou peut-être davantage) pour satisfaire leurs appétits, sans grand mal supplémentaire. Pourvu qu’elle soit distribuée de façon équitable, cette richesse commune pourra se multiplier indéfiniment. 

Une fois que le montant de nos innovations paisibles surpassera à l’échelle planétaire celui d’anciens investissements d'armes, le cout des essentiels chutera conjointement. De forts excédents de profit seront entreposés, avec lesquels le système solaire pourra devenir un géant complexe industriel et scientifique, et la Terre, Eden :  scène idéale pour apprendre à danser.



 

- EDUCATION DOLANTE, FAUTEUIL FLOTTANT –

 

« Nous autres psychologues échafaudons d'ordinaire l’exercice ou l’examen pour trier l'enfant qui peut de celui qui ne peut pas : celui-là affiché ensuite comme “davantage réfléchi et mûr.” L’idéal animateur d'études, tel que Socrate instruisant son esclave dans le Menon, s’arrangerait de sorte que tous comprennent et figurent parmi les “je puis” plutôt que parmi les “je ne puis.” » Jerome Bruner, In Search of Mind, (A la recherche de l'entendement) p. 181. 

 

Socrate envisagea-t-il rendre quelque chose d’utile à son esclave dans le Menon ? Fut-ce le théorème de Pythagore ? Quelle leçon difficile à suivre sans son dessein sur le sable ! Ainsi qu’une exploitation brute. Quelle brillance y eut-il dans la simple déduction qu’on pouvait enseigner une idée complexe à un esclave astucieux ? Note comment Socrate tourne le dos à quelqu'un qu’il venait juste de confirmer comme un Apprenti digne. Brillant âge d'or, en effet ! 

L'interprétation d'Aristote, de l'esclavage dans Les Politiques, démontre quelles ronces intellectuelles ceux pensifs doivent négocier pour appartenir à l'élite d'info. Son baragouin, copié ci-dessous, révèle les défectuosités fatales que des meneurs d’esclaves ont dû incorporer dans la constitution américaine. Leurs successeurs, professant une interprétation constitutionnelle dite « stricte » masquent leur psychopathie sous un vocabulaire ronflant et des titres de prestige. Cette malhonnêteté flagrante, répétée continuellement et sans regret, elle doit être la manifestation la plus insidieuse de la mentalité d’armes. Malgré l’abolition de l’esclavage, les meneurs d’esclaves n’ont jamais été destitués.

« Nous pouvons donc conclure que tous les hommes qui diffèrent des autres autant que le corps diffère de l'âme ou que l’animal, de l’homme (comme au cas de ceux qui ont pour fonction le service corporel et qui opèrent le mieux quand ils le fournissent) — tous ceux-là sont par nature des esclaves et il leur est préférable, exactement du même principe que dans d’autres cas cités, d’être dirigés par un maître. Un homme est donc de nature esclave s'il est capable de devenir la propriété d’un autre (et c’est d’ailleurs la raison qu'il le devienne en réalité), et s'il participe à la raison au point de l’apercevoir dans un autre, bien que lui-même en soit dépourvu. Ainsi diffère-t-il des animaux qui n’apprécient pas la raison mais qui obéissent simplement à leurs instincts. Mais l'emploi fait d’un esclave diffère à peine de celui d’un animal docile ; tous deux fournissent de l'aide corporelle à leur propriétaire en répondant à ses besoins quotidiens. 

« Mais c’est aussi l’intention de la nature de dresser une dissemblance physique entre le corps d’un homme libre et celui d’un esclave, livrant au second force suffisante pour les domesticités de la vie, mais au premier, l’allure droite et serviable aux buts divers de la vie civile (bien qu’inutile pour le labour physique) : une vie qui tend, en se développant, à se diviser entre le service militaire et les occupations paisibles. Le contraire de l'intention de la nature advient toutefois souvent : quelques esclaves ont le corps d’un homme libre, et d'autres, l'âme d’un homme libre. Mais si l'intention de la nature s’était réalisée – si les hommes différaient les uns des autres dans leur forme corporelle autant que les statues des dieux – nous conviendrions évidemment que la classe inférieure doit être l’esclave de celle supérieure. Et si ce principe s’avère quand la différence est corporelle, il peut être affirmé avec encore plus de justesse part rapport à l'âme ; nonobstant que ce soit moins facile de voir la beauté de l'âme que celle du corps. 

« Il est donc clair que, comme certains sont de nature libres, les autres sont naturellement des esclaves, et pour ces derniers la condition de servitude leur soit juste et salutaire. » 

Pris de Mitchell Cohen et Nicole Fermon, éditeurs, Princeton Readings of Political Thought : Essential Texts since Plato, (Les lectures de [l’université de] Princeton sur la pensée politique : textes essentiels depuis Platon), Princeton University Press, Princeton, New Jersey ; pp. 112-113.

 

Pareillement à leurs deux mille ans de fausse science, Aristote et ses fans nous ont imposé deux mille ans de fausse route politique. Un de ces jours, quelqu'un m’expliquera pourquoi une centaine de générations d'Apprentis ont dû gober et régurgiter ces fadaises. Pourquoi (hormis les fables d’Aesop) il ne reste plus la moindre revendication de la liberté universelle en grec et latin ? Pourquoi nulle trace ne demeure d’écrits classiques qui qualifièrent l’esclavage comme une infamie, et invoquèrent la fraternité humaine : les équivalents littéraires d’innombrables rébellions serviles comme celle de Spartacus ? 

Qui ose maintenir que l’idéal de la confrérie humaine n’ait débuté qu’après le christianisme ou un autre monothéisme plus récent, que ce soit religieux ou idéologique ? Que les anciens ne se sont pas rendus compte que nous faisions tous partie de la même famille depuis le début de la compréhension humaine ? Que des esprits sages et généreux n’en ont pas écrit pareillement depuis l’origine de l’écriture ? Soit des ressortissants de la Grèce antique ou d’ailleurs, ils ont dû conclure que l'esclavage était injustifiable et interdit par la loi naturelle, en contradiction directe de l’éconologie d’esclavagistes et de leurs griffonnages historiques que chaque enfant dût étudier depuis. 

Des sanctions morales contre l'esclavage leur étaient aussi évidentes, dès lors, qu’à nous aujourd'hui. Des adolescents idéalistes en ont discuté avec leurs parents, précisément comme les nôtres de nos problèmes actuels. Des sages de bonne éthique ont figuré pour autant – en effet, en nombres supérieurs – que les hypocrites brillants adorés dans nos écoles : Socrate, Platon et Aristote, entre autres. 

La règle d’or n’a jamais eu date de brevet d’invention. Le Bon Dieu et les bons parents ont toujours enseigné aux enfants d’agir envers l’autre comme envers soi-même, depuis l’éveil de la compréhension humaine. Par où disparut l’enseignement de ces éclairés moraux ? Dans la gueule flamboyante de la mentalité d'armes, voilà où. 

La gestion d'armes rejette les conclusions de ceux les plus doués ; elle dicte que des petites élites publient le non-sens, censurent des données valides et nous trompent outre mesure. La plupart des prolétariens d'info n’a jamais été permise de développer ses talents Dieu donnés. Appel cela consentir à être esclave, manant ou chauffeur de troisième classe dans la plus salle des machines d’armes (To stoke the WeaponWorld Jive drive) :  aboutissant toujours en verrouillage du prolétariat d’info.

Les élites d'info ne sont pas plus astucieuses que leurs hôtes prolétaires. Au contraire, leurs remplaçants sont triés pour orthodoxie, combativité comme démontrée au sport et au combat, et fidélité à l'élite par liens de sang ; ni pour brillance ni pour compassion exceptionnelles. Ceux dont l’empathie s’effrite au point de répondre aux besoins d'armes n’ont jamais eu grand besoin de compassion, non moins des compatissants. 

La communauté éducationnelle case des candidats pour l'élite d'info. Le carriériste scolaire éjecte de l’enseignement des mentors doués paisibles. Illustratif de ce triage : les jeunes enseignants idéalistes dont les carrières s’abîment : leur idéalisme et compassion sacrifiés sur l'autel d’enrégimentement d'armes.  Afin d’élaborer cette idée, voir Killing the Spirit: Higher Education in America, (Crever l’esprit : L’éducation supérieure en Amérique), par Page Smith, Viking Penguin, Harmonsworth, Angleterre, 1990. Comme le mien, son texte ne trouva aucune maison d’édition aux USA, tant inflammatoire et approprié fut-il. Ni en France ni en francophonie d’ailleurs.

 

Disons que la terre soit un lobe reclus d'un cerveau cosmique. Sur ce lobe (l’anthroposphère), des milliards de neurones humains réagissent entre eux par la voie de réseaux plus ou moins efficaces : en mesure, aux paliers contemporains d’incompétence paisible, d’accommoder en bon confort seulement quelques centaines de millions de telles « cellules. »

D’abord, il est rare que de la bonne nutrition parvienne à chaque cellule. De nombreux individus ne peuvent obtenir leur subsistance quotidienne. Nous autres compensons notre pénurie morale en extravagance gastronomique, soit sa qualité douteuse. Affamés pour des micro-nutriments de rareté corporative, nous nous gavons d’OGM et d’autres éléments nocifs en gros.

La Terre produit de la bonne alimentation suffisante pour tous, ainsi que depuis toujours hormis la catastrophe. Malgré tout, nos réseaux de distribution sont si minables que la population terrestre se fend en tiers. Le premier – avec sa pandémie d’obésité, ses addictions menant au diabète, ses obscènes animaux de compagnie et pitoyables cheptels de viande : énormément gavé ; le deuxième, sous-alimenté ; et le tierce, crevant de faim. En d’autres mots, ceux pourvus de bonnes eaux copieuses, d’eaux polluées à peine suffisantes ou de celles mauvaises et insuffisantes.

Nous épuisons la fertilité du sol mais perdons la moitié des vivres ainsi acquis sans pour autant exploiter ces parasites gaspilleurs (bactéries, champignons, moisissures, insectes et vermines) en tant que propre nourriture de haute valeur protéinique et de renouveau continu (sustainability.)

Cet hypothétique organisme planétaire souffre de syncope chronique : son cœur en arrestation partielle et son corps en alternance entre surcroît et nécrose . Trop d’adultes pauvres trouvent à peine de quoi subsister ; leurs enfants vulnérables sont affamés et empoisonnés dès la conception. La famine et la pollution enfantine doivent dégrader l’Apprentissage, des grandes puissances à celles petites. 

Si tout le monde de bonne volonté se réunit sous un seul bon plan, (ainsi que la polio fut éradiquée jusqu’à sa réapparition aux mains de fondamentalistes résurgents et d’occidentaux néo-Gestapo) ; tout le monde pourrait être proprement nourri, logé, soigné, etc. Cette sorte de gérance serait mille fois plus avantageuse que celle ayant pour but la guerre mondiale à base de pénurie, pour laquelle nous nous préparons si méticuleusement. 

Penses-y.

Qui plus est, notre façon de penser est désespérément embrouillée et nos dispositifs d'étude, démodés. Même des majorités « éduqués » prennent trop longtemps pour assimiler des nouvelles idées : une génération entière ou davantage, supposant qu’ils en parviennent du tout. De temps à autre, la culture populaire adopte une suite d’idées un peu mieux éclairée que le dogme de statu quo (comme pour le contrôle d’armes à feu et la démocratie inaltérée.) Par exemple, elle a défié la valeur absolue de la science autrement immuable depuis le 19e siècle. Nos élites d'info retiennent trop souvent des notions bien au-delà de leur vie serviable.

Trump et ses supporters anti-vérité accusent les médias d’actualités en Amérique de défavoriser la propagande pro-Trump. Ces jours-ci, on parle à foison du « fake news » (nouvelles factices) et comment le résister. Personne ne semble s’intéresser du fait que les amants de la vérité sont déjà tombés dans ce piège en manquant d’interpeller les médias pour leur rejet sélectif de la vérité.  De 1990 à 1994, un hebdomadaire s’appelant The Lies of our Times (Les menteries de notre Times) afficha les menteries, erreurs et omissions délibérées du New York Times, « le journal officiel du pays. » Dix pages par mois.
 

Evoquons la formule fauteuil

Des idées contingentes remontent à l’entendement de manière transitoire. Soit leur brillance, elles sont retenues aussi momentanément que le souvenir d'un rêve. Nous devons sitôt les renforcer pour qu’elles puissent s’enregistrer dans la mémoire à long terme. Autrement, nous les oublions  ; elles réintègrent la superconscience collective pour récupération à un moment plus propice, peut-être par un récepteur un peu mieux dispos. 

Tel est le cas pour nos interprétations fondamentales de la réalité. Si nous sommes isolés trop longtemps de la réalité par réclusion solitaire et privation sensorielle, nous mutons en aliénés. 

Il est difficile de trouver un spécialiste ou un document en mesure de répéter, nier ou confirmer un certain entendement transitoire – presque aussi difficile pour les savants que pour nous autres. L'enregistrement d’une idée fuyarde se rend souvent en une corvée de confusion condescendante. 

Va s’y ; essaie-le. Assis-toi dans un bon fauteuil et propose une nouvelle perspicacité énigmatique. Lève-toi ensuite et va trouver quelqu’un, quelque livre, classe ou enregistrement en état de répéter, élaborer, confirmer ou contester ton inspiration. Combien de temps t’aurait-t-elle prise, cette besogne ? Des heures ? Des jours ? Dans la plupart des cas et en tenant compte d'une pensée vraiment innovante, cela t’aurait pris plus longtemps que le bref délai lors duquel ta mémoire à court terme retint ton idée originelle. 

Les élites savantes écourtent ce retard autant qu’elles le peuvent. Elles cultivent des qualifications d'étude, des ensembles de documents et des réseaux de pairs d'info ; accumulent des sources de référence et des rapports de renseignement. Elles peuvent ainsi confirmer ou dédire leurs idées les plus récentes, à l’ordinateur, au téléphone ou en personne, dès qu’elles se lèvent de leur fauteuil sinon plus rapidement. 

J'appelle leur procédure, la formule fauteuil. Seulement quelques milliers de professeurs et de commis de renseignement militaire opèrent sous une formule fauteuil optimisée. Même les étudiants universitaires manquent des moyens, des mobiles et des opportunités pour entamer la libre poursuite de leurs recherches. 

La toile globale vient à peine de raffiner cette formule. Son perfectionnement bénéficiera tous ceux assez avantagés pour y réclamer accès. Cela augure favorablement la transformation des Apprentis, soit à quel point nous comprendrions ses bénéfices à long terme. De façon prévisible, c’est l’avantage le moins bien énoncé et capitalisé de la Toile, et celui que nous exploitons le moins bien : prendre source dans la foule.

Surtout ces jours-ci, les Apprentis doivent satisfaire de nombreux critères de certification avant d’être encouragés à apprendre. La course à obstacles universitaire est hérissée de haies monétaires et géographiques, de qualifications arbitraires, de certificats et critères de performance. Chaque étape d’une carrière scolaire doit être négociée jusqu'à ses pinacles. Le milieu académique n’est pas tellement intéressé dans ce que l’on souhaite apprendre, mais dans pourquoi et comment cela s’apprend. Si nous souhaitons obtenir ses services, nos connaissances ainsi acquises doivent servir à autre chose : standing, obtention de salaire, placement de travail et manipulation de propagande. Au lieu d'amplifier l'intellect, les professeurs universitaires l'érodent ; ils enterrent les intérêts de leurs étudiants sous des tas d'obligations triviales, jusqu'à ce que chaque haute étude soit réduite à un seul sous-sous-thèse de recherche.

La communauté scolaire érige de massives barrières entre elle et celle laïque. Les Apprentis amateurs ne peuvent suivre sans grande difficulté les savants de n'importe quel sujet donné. Des décennies d’études secondaires et pour la plupart superflues doivent être certifiées afin d’établir rapport correct entre l’Apprenti et ses professeurs appropriés. Cette Apprentie ne peut pas accéder aux renseignements qu’elle nécessite sans concentrer des années d'études sur cette seule voie de recherche. A partir de là, elle doit soumettre les fruits de son ardeur aux caprices de ses supérieurs scolaires. 

Les universités servent comme catacombes intellectuelles. La plupart des recherches y sont enterrées et ne revoient jamais la lumière du jour. J’admets qu’une grande partie ne vaille pas le papier sur lequel elles sont écrites, conformant à la règle générale que « 95% de tout n’est que de la merde. » 

« … Mais dans tous les temps et dans tous les pays et dans tous les genres, le mauvais fourmille et le bon est rare. » Voltaire, Romans et contes, « Le monde comme il va », Garnier Flammarion, Paris, 1966, p. 104. 

Une petite partie pourrait se prouver plus valable, si pourvue de meilleure considération. Et beaucoup de recherches précieuses sont pincées avant qu’elles ne soient entreprises. Des catacombes hantées de fantômes déçus… 

L’actuelle pyramide éducationnelle est fondée sur des masses d’illettrés et d’à demi-lettrés. Sur leurs épaules se perche une minorité chétive de diplômés et d'étudiants en préparation de licence ; sur leur tête pointue se cramponne une poignée d'agrégés. La haute régie des systèmes éducationnels se consacre plutôt aux logistiques de l’éducation : ses affaires financières, politiques, de sport et de commerce. Autant en amont ces directeurs grimpent la ziggourat universitaire, pour autant doivent-elles se distancer de l’Apprentissage. 

Les Apprentis renverseront ces pyramides. Trois minorités minuscules : ceux qui ne souhaitent rien savoir, les fanatiques religieux et les illettrés par incapacité, s’assembleront au bec bien enfoui sous terre de ces cornes d'abondance ; les autres Apprentis partageront leurs passions depuis sa clochette ouverte au ciel. Cet arrangement pourrait être l’ultime substitut de nos travaux bureaucrato-industrielles, une fois que l'automatisation et les efficacités post-industrielles instaureront un chômage quasi-universel. 

 

La propagande corporative ne cesse de nous avertir du nombre croissant de ceux à la retraite comparé à celui diminuant des ouvriers, et la nécessité correspondante de démunir ces premiers. L’ultime but de cette propagande est d’ajouter des centaines de millions d’anciens ouvriers au compte scandaleux des pauvres dans des communautés les plus riches qu’ait connues l’humanité.

Cela pourrait être l’excuse principale pour la prochaine vague de génocide fasciste : quand tous ces vieux becs béants seront acheminés en chaudrons à souffle de nouveaux camps de la mort (de l’électricité gratis !) au lieu d’avoir à les entretenir à grand coût. Nous, les dissolus de la génération « baby-boom » sommes de bons candidats pour ce sort funeste ; notre indifférence aux abus contemporains nous valant ce sort.

On ne peut disputer le fait que, pour chaque ouvrier contemporain, des centaines et des milliers de machines, toutes autant capables d’être taxées, ont multiplié par mille et mille fois le rendement corporatif et ses profits. 

Leur excédent exponentiel de profit se réduirait un peu s’ils rendirent honneur à leur obligation évidente envers les anciens ouvriers. Ils en gaveront, faute de le reconnaître et de l’honorer au préalable ; leurs profits futurs se figeront et les étoufferont sinon. Quelle sottise de propagande de masse au service de la technologie d’armes ! Celles paisibles verraient carrément au travers de ce compte truqué et n’hésiteraient pas d’en rendre l’amende. 

Bien sur, le virus corona influe et accélère cette disposition.

L'éducation progressive par subvention gouvernementale, soit à quel point primitive, amplifie aussi la prospérité en aval. Son adoption globale la rehausserait en flèche. En ce qui concerne les ouvriers précédents, les autres alternatifs ne se manifesteront que comme variantes d’Auschwitz au nom de l’avidité corporative mise à nu. 

 

L'enseignement musical offre un élégant modèle d’Apprentissage à base volontaire, du moins en théorie : des histoires d'horreur abondent d’enfants forcés à répéter leur musique contre gré. Au monde paisible, de telles répétitions seront limitées à ceux qui en raffolent. Des petites classes et des tutelles d’un à un seront favorisées. Ces cours particuliers débuteront à l’âge tendre le plus réceptif et s’accélèreront avec la croissance du talent. La maturité d'exécution sera prévue pour la puberté, avec une suite d'améliorations à travers l'âge adulte. 

La musique est un des seuls secteurs d’Apprentissage dont la maîtrise n’est point réprimée. On apprécie un âge d'or de musique tempérée car cette seule branche d’études n’exerce aucune influence sur la gestion d'armes. Les meilleures méthodes pédagogiques y sont donc tolérées. 

Comme l’âge d’or du Rock and Roll fut à base d’enseignement quasi-universel en musique dans les écoles primaires et secondaires de l’Occident, les lamentations-yodels country-western et le rataplan verbeux du hip-hop l’ont été sur des générations d’éducation libérale réduite au triste minimum d’avarice corporative. Cette faillite de l’éducation musicale à réduit à zéro l’appréciation des masses, permettant la prolifération de formules musicales de maitrise décrue, en attendant celles encore plus machinales de l’IA corporative. Pourtant les musiciens passionnés trouveront toujours leur formation professionnelle quelque part ; et partout les Apprentis assureront que, humains et autrement, les oiseaux chanteurs s’épanouiront.

Il y a de l’ironie dans le constat que le crime peut être l’unique autre métier qui se conforme aux directives primaires de l’Apprentissage. En effet, le criminel aspirant s'y engage dès qu'il en discerne son intérêt. Des cours d’assises envoient tous sauf les meilleurs criminels en prison et en école de réforme : là où les attendent des doyens du crime. Leurs autres options éducationnelles et vocationnelles sont sabotées. Beaucoup sortent de prison pour exécuter des infractions de plus en plus habiles. On ne les punit pas pour leur criminalité mais pour avoir démontré de l’incompétence en se faisant attraper. Les sociétés d'armes pratiquent sélection darwinienne pour des malfaiteurs supérieurs. Quelle surprise ! En accordant priorité pour des prisonniers en majorité à la punition pénale par-dessus les dispositions de réhabilitation et de ré-assimilation davantage civilisées, nous ne parvenons qu’à renforcer le dénouement d’armes au prix du récidivisme criminel en hausse.

 

Beaucoup d’autres préjugés entravent l’Apprentissage. Un autre mythe d'armes présume que la connaissance doit être un privilège à être rationné selon des qualifications arbitraires. 

Un autre déclare que des données valides doivent être découvertes et confirmées en localité. Le nationalisme rabique (chaque pays attestant du sien : le vrai jumeau et Némésis des autres) est une barrière brute contre l’Apprentissage, en plus des frontières nationales, en dépit de réfutations insolentes de la part de leurs doyens. Accroupis derrière ces obstacles, des patriotes et des fondamentalistes soutiennent de l’obscurantisme flagrant. Les gouvernements nationaux piratent des donnés, normalisent la médiocrité éducative et stimulent des recherches redondantes. 

Des percés uniques sont maintenues en grand secret par des corporations d'entreprise, en défie de la transparence scientifique. La science viole l’intégrité de ses enquêtes scientifiques quand elle s’asservit aux intérêts corporatifs et militaires. Ceux-ci persistent à tenir en secret des connaissances dites « propriétaires. » La science secrète ressemble à de la musique sans son : sans valeur sauf pour ses praticiens rémunérés. Quelle valeur retient une connaissance partagée par personne ? 

Voici la raison principale que la science du 21e siècle a manqué de dupliquer la productivité exponentielle des deux siècles précédents. La guerre contre la terreur a aggravé ce problème à cause de sa suppression et centralisation réflexive d’écoulement de donnés. Ainsi, la simplification dite « du marché libre » de l’Internet et des médias par la pseudo-aristocratie internationale (non le Roi Soleil mais des corporations telles).

Ainsi de même que le christianisme corporatif d’armes a trainé les peuples d’Europe en une époque d’ignorance et de chaos social, nos techniciens corporatifs d’armes nous tirent dans une neuve de soupçon, de paranoïa et d’antiscience stimulée. 

 

Un autre mythe d’armes insiste que de l'information dont dispose seulement une petite élite soit de plus grande valeur que celle acquise simultanément par des prolétariens en grands nombres. 

En une société de charrue et de cheminé, la rareté d'un objet augmente sa valeur. Ceux figés à cette étape anale de somme zéro se concurrencent pour leur avancement malgré une stricte limitation d’opportunités sociales, économiques et reproductives. Leur frénésie de consommation enfante l’élite d'info qui se vautre en opulence relative et en dégénérescence sans principe, encerclées par une masse abjecte de prolétariens d'info. 

Horrifiés par l’injustice de telles institutions, des braves gens ont laissé tomber le droit de gérer qui leur appartint toujours par nature. Dans l’absence de ces bons modèles de rôle, même d’exception, les chefs d'armes se sont mis à mimer ceux les pires. 

Ainsi l'exemple public à longue échéance de chefs supérieurs – cette connaissance partagée par tous – rend davantage de signifiance à la société que le dernier secret de pointe retenu par un groupuscule favorisé. La transparence quasi plénière serait encore plus salutaire. L’application de connaissance correcte crée de la richesse : celles communes sont davantage fructueuses que des secrets empilés en obscurité pour leur valeur de standing. Dans le commerce des idées, la distribution mène à la richesse, et la générosité, à la prospérité. 

Ce paradoxe nous promet une abondance incalculable. Nous agissons comme des pirates qui ont perdu leur carte de trésor : lamentant notre misère et nous tapissant en larmes par-dessus une fortune disparue car profondément enfouie, quoique notre détresse soit autogérée et nous pourrions facilement nous en sortir. « Ah ! Voilà la carte ! »

L'éducation concurrentielle est presque aussi sensée que le sexe pour profit. Tous deux sont des efforts coopératifs dont la concurrence se prouve perdante. Celle à court terme produit des gains insignifiants sinon pure perte ; celle coopérative offre de la promesse à longue échéance. 

Les réseaux d'Apprentissage s’étireront et se retisseront avec beaucoup plus d’élégance que nos réseaux grossiers de production et de consommation, pour peu de frais et pour récompense inconcevable. 

En attendant, le milieu universitaire se couronne de guirlandes de contrainte paternelle dont les ramures étouffent toute utilité autrefois prétendue. Une fois que la plupart des étudiants émergent de leur épreuve académique, ils évitent des études supplémentaires au-delà du minimum nécessaire pour leur emploi. Ils considèrent l’Apprentissage comme une corvée désobligeante, mieux réservée aux journalistes, aux porte-parole gouvernementaux et promoteurs commerciaux : des mercenaires intellectuels embauchés pour satisfaire d’insidieux ordres du jour par leur censure sélective, simplification excessive et radotage par cœur de mensonges officiels. Ceux-ci laissent tomber toute idée qui dévie de la norme des médias de masse et qu’ils ne peuvent pas coopter pour la raffermir.

 

Les Apprentis traiteront de l’Apprentissage comme de leur ultime jeu (tel qu’elle l’est.) En cas de doute, ils favoriseront la vérité sur le mensonge et l’humanisme sur le privilège.

Par contre, l’éducation officielle est un pétrissage de monotonie. L'école impose une atmosphère d'incarcération et d’enrégimentement qui prépare ses détenus pour les routines punitives du carré de caserne, du champ de bataille, de la cour pénale et de la fabrique de munitions. 

Les gestionnaires d'armes dictent que cette éducation soit une torture lente, un maniement d’armes intellectuel et une servitude réitérée. Selon eux, ça doit servir comme drain de temps, d'intérêt et d'énergie. Chaque heure de chaque jour passé à l'école, des professeurs tracassés et tracassants doivent dégorger au jour le jour leur programme prédigéré d'études. Toute manifestation d’ennui envers ces sujets, voire intérêt particulier dans d’autres, sera une offense punissable. Chacun devra traîner son arrière train à travers ce calvaire d’une douzaine d’années, au rythme du plus lent. 

Des jeunes Apprentis sont naturellement investigateurs : leur apprentissage de bagatelles les enchante, avec ou sans l’obligeance d’adultes. L’école supprime cette curiosité ; au lieu de l'encourager dans des prolétariens d'info, elle les enrégimente sans merci. 

Depuis nos premiers actes de socialisation jusqu'aux rites mises en boîte de certification scolaire, nous endurons des années d'ennui incité, de répétition sans signifiance, d’initiative suffoquée et de curiosité écrasée. Cette bouillie culturelle est gavée et régurgitée le long d’examens concurrentiels qui s’étendent sans jamais finir. Des devoirs en maison parviennent à saturer de servitude le temps privé des enfants. 

Des anxieux parents et fonctionnaires d'école résistent chaque effort d’enrichir ce gruau culturel. La culture scolaire est dominée par des brutes d’âge de cohorte, des petits tyrans adultes et des parents qui ne veulent rien savoir. Le dénominateur inférieur commun marque la haute marée d’accomplissement culturel. Le moins que l’on puisse dire, c’est que des Apprentis précoces auront à subir certaines difficultés. 

Les enfants finlandais reçurent les meilleures notes d’examen standardisé en Occident : les seuls à bénéficier de quinze minutes de recrée pour quarante-cinq de classe. A présent, tout le monde, eux compris, doivent à nouveau satisfaire les normes brutales de bureaucrates paramilitaires et para-éducationnels.

La férocité de cette acculturation est si coutumière qu’elle doit servir un but dissimulé (la mentalité d'armes.) Elle est légèrement détendue en école privée où des élites d'info entreposent leurs enfants. Là-bas, le snobisme de classe, l’isolement familiale, le charabia religieux, discipline écrasante et concurrence acharnée freinent l'excellence d’études.

Je ne puis imaginer pire manière d'apprendre quoi que ce soit hormis comment endurer l’ennui et la terreur. Aucun meilleur moyen de réprimer la curiosité naturelle, non moins préparer pour la guerre. 

Victor Villaseñor écrit, dans son livre Burro Genius, qu’il est allé requérir dans quelques salles de classe : « Qui se croit un génie par ici ? » Au jardin d’enfants, toute la classe souleva la main ; à partir de la troisième année, plus personne ne l’osa. Voici ce qu’accomplit partout la pédagogie d’armes.

Ce sera aux Apprentis d’identifier et choyer le génie de chaque écolier. Si celui-ci comporte des tendances destructives, elles doivent être exposées aussitôt que possible et amadoués avec encore plus d’entrain et de tendresse : ces derniers beaucoup plus efficaces que des punitions appliquées subséquemment.

Ces recommandations ne peuvent mener nulle part si pratiquées en exception par une petite minorité de professeurs éclairés envers leurs élèves doués, en dépit de l’orthodoxie académique et son expectation d’une majorité d’étudiants médiocres donc rejetés. Voici l’actualité. Afin de parvenir au progrès, on devra entreprendre celles-là de façon intégrale. Au lieu d’avantager le rare étudiant émérite soustrait d’une masse négligée de médiocres, on devra cultiver chaque talent méritoire. Presque tout le monde sera très talentueux dans un sujet de son choix, voir plusieurs. Nous devons nous rendre assez futés pour accepter leurs choix et les encourager tous. La blâme d’en avoir manqué appartient à nous adultes et non aux élèves innocents.

Par protection de soi, les humbles gens sont fiers de leur ignorance. Quel choix leur reste-t-ils, puisque leurs tendres talents furent écrasés d’avance ? Il ne leur reste que le sport, les réclames commerciales et la bêtise médiatique qui les encadre. Le génie cru finit par leur paraitre plus menaçant que l’avarice nue. 

Trois sujets dominent le discours populaire : le sport, le sexe et l’argent ; aucune des trois n’a rien à voir avec les avances principales de la civilisation. Plutôt servent-ils à détourner l'attention publique du progrès. Les hommes s’enfuient dans le fétichisme macho et les causeries sportives aux statistiques volumineuses mais nulles ; les femmes, dans le radotage, les courses et la mode.

Quand ces préjudices s’emparent d’une communauté, leurs adjoints se rendent en gages de la routine du mal. Une fois que la propagande de masse estropie les centres de direction morale, nous ne pouvons nous attendre à rien de plus de nos chefs que le méfait expert, la suite imprévue et la catastrophe intournable. Distraits par l’injonction nulle de poursuivre le bonheur, nous tournons le dos au décrochage de nos voisins de leur misère et notre devoir d’y assister. 

Nous autres, somnambules heureux, nous condamnons à une vie d’indulgences, de consommation excessive et d'insignifiance sociale. Epuisés, nous entreposons, caressons et recensons des tas de matériel superflu. Pour commencer, personne n'a jamais eu besoin de tant de matériel, ni n’eut de toute façon les moyens soutenables de les maintenir. Cette pagaille superflue, le simple substitut industriel des tas d’immondices que la guerre totale réclame, ravagent autant la terre et l’homme. 

Les indigents sont stupéfaits par une vie entière de malnutrition toxique, de misère agencée et d’inquiétude sociale ; leur désespoir aggravé par leur incapacité de se procurer des nécessités et conforts rudimentaires, non moins la bienveillance des autorités.

Ce n’est pas par accident que l'éducation et la conscription militaire se soient simultanément rendues universelles après la révolution française. Ces exigences militaires furent poursuivies jusqu'à leur conclusion logique par Jules Ferry dont la loi de 1882 enjoignit l’éducation libre, séculaire et obligatoire pour chaque enfant français. Il fut le fervent de l’impérialisme colonial français. Aux décennies avenantes, les autres nations militaro-industrielles ont dupliqué sa loi.

D'ailleurs, la conscription universelle est une fourberie d'armes. La classe entière d'âge militaire – de la cohorte pubescente à celle des âgés, les femmes comprises – a toujours été assujettie à l’appelle militaire sur demande. Les seules limitations : le nombre d'armes disponibles, la nécessité de fournir du personnel d’atelier et d’exploitation agricole – femmes, enfants, vieilles personnes et esclaves de guerre, au besoin – et l'énorme fardeau logistique requis pour tenir une armée ensemble en dépit de sa tendance de se rendre malade, crever de faim, courir à l'émeute et fragmenter. 

Ce n’est que récemment que les capacités industrielles ont enflé la croissance démographique en réduisant la mortalité en-dessous du taux de natalité à peu près équivalent. Jusque-là, la fabrique d’armes et leur protection des mains de rebelles furent difficiles, justifiant la séparation des combattants entraînés des civiles. Cette règle ne s’applique plus. Aucune distinction ne reste entre le combattant armé et celui (ou celle) non armé. Nous sommes tous des cibles légitimes de la guerre, ainsi que ses victimes routinières. Il y a assez d’armes pour occire tout le monde.

Par exemple, des pilotes de guerre, des équipages de submersible et des commandos subissent des rituels raffinés d’initiation, de formation et de passe, ressemblant à ceux soutenus par l’ancienne chevalerie. Comme elle, leur équipement et transport de guerre coûtent de nombreux salaires civils à vie. La plupart du temps, les manants civils sont les seuls à prendre leurs atteintes en pleine figure. Alors que les récompenses de la technologie d'armes se rétrécissent à une minorité de plus en plus petite, ses coûts en spirale sont soutenus par nous tous, les pauvres au-devant. 

 

Le prétendu marché libre permet des ambitions particulières à partir de paramètres soigneusement restreints par la technologie d'armes. Voici un avantage incroyable comparé aux anciens dogmes d'armes qui écrasèrent le rêve particulier sous l’engagement au caste. Une fois que s’abattent ces dernières barrières à l'excellence (provenant de la technologie d'armes) les Apprentis, enfin financièrement indépendants, poursuivront leurs talents là où ils les mènent. A ce point, nous pourrons prévoir des surcroîts inédits d’abondance. 

En attendant, nous sommes pour la plupart dotés d’une éducation nominale correspondant à la complexité de nos systèmes d'armes communautaires et pas plus. On enseigne aux citoyens à peine instruits de limiter leur curiosité, leur culture sérieuse et leur imagination. Au lieu, beaucoup d’insignifiances leurs sont gavées et ils sont inculqués de les préférer. Ils sont tenus à être plus ou moins bien adaptés aux outils (en proportion directe de la complexité … etc.) Soumis à ce dressage aveugle, ils doivent trouver facile la prise de décision indépendante, mais seulement dans des circonstances rigidement prédéfinies. On s'attend à ce que la plupart demeure politiquement naïve, de raisonnement clos, indifférente au devoir politique et intolérante du progrès. Ils doivent se transformer en autodestructeurs cryptiques et bagarreurs à cran d’arrêt. Jouissant de santé modérément bonne durant leurs années militaires, ils doivent s’estropier ou s’empoisonner pour aucune raison et rester indifférents aux soins préventifs. 

La majorité du prolétariat d'info est imprégnée de tels attributs : ceux les plus serviables aux armées modernes. Dès qu’une cohorte d'âge militaire achève sa mauvaise formation obligatoire, la gestion d'armes accorde à ses candidats préférés permission nominale d’achever leurs études et escalader leur carrière. Cette subversion économique est tellement répandue que de nombreuses jeunes gens n'ont d’autre choix que les militaires, le chômage ou le milieu criminel. Des banques, des compagnies d'assurance et des agences de service public marginalisent des voisinages entiers pour seule raison de préjudice socio-économique et ethnique. Des fonds légitimes n'atteignent plus ces ghettos, seulement ceux criminels qui enseignent la guerre. 

La pauvreté, c’est la politique sociale la plus coûteuse de toutes, quoique la meilleure pépinière pour des légions de bons soldats. 

Pendant des décennies, le fond monétaire international, le politburo et les agences entravées de l'ONU ont abusé des nations du tiers monde; ils ont promu des projets de grande envergure afin d’amadouer des élites locales et stimuler leur penchant pour des institutions de mauviette. En attendant, le niveau moyen de vie s’est rétréci en fonction de la dévastation environnementale, d’expropriations de fonds publics et de croissance abasourdissante de population : toutes induites par des corporations paramilitaires.

 

Pourquoi ne bénéficie-t-on pas de l’éducation universitaire obligatoire ? Mieux encore, quatre années de congé subventionné pour inculquer aux jeunes adultes leurs qualifications non universitaires ? Cette subvention existe déjà pour envoyer des soldats en guerre. Pourquoi pas pour des civiles paisibles ? Après tout, l’on « profite » du lycée obligatoire. Pour quelle raison ce refoulement, alors qu’un certificat universitaire soit pratiquement obligatoire pour l’embauche de nos jours ? 

En biologie comparative, autant que l’intervalle de développement infantile se prolonge, autant mieux doué de survie la bête adulte. Ne serait-ce pas le cas pour des jeunes êtres humains ? 

Le système éducationnel d'un Etat d'armes trie un corps d’élite d'officiers pour commander une grande majorité d'esclaves militaires et civils : des combattants armés et non armés. La demande des directeurs d'armes dicte le compte exact d’agrégations distribuées ; les universités sélectionnent donc une nouvelle génération d’élites d'info à partir de son prolétariat.

L’éducation universitaire obligatoire n’existe pas parce que les universités orthodoxes – pour profit et subventionnés – produisent assez d’officiers et de bureaucrates militaires comme ça. La technologie délibérément centralisée d’armes est comble de talent, alors que l’éparpillement de celles paisibles les rend anémiés.

L'éducation universelle, ce n’est qu’un navet suspendu au-devant des maîtres paisibles comme au-devant d’un âne, pour coopter leur effort de bonne volonté. Aux Etats-unis, 60% de la population prend place sur le tapis roulant universitaire : ce qui ne dit pas grand-chose, car une grande partie de la population est fonctionnellement illettré, encore plus ne votent presque jamais et qu’une petite poignée n’obtient accès aux couloirs de pouvoir. On doit le regretter et mieux faire.

Mon chapitre, « Cataloguer les passionnés » passe en revue quelques pratiques d’enseignement propres aux Apprentis – suppléant le système scolaire actuel, dirigé du haut en bas, de consommation de masse et de « faire-part, puis tester. »



 

- MOTS DE SUITE –

 

La tâche la plus cruciale de l'élite d’info, c’est restreindre les communications avec sélectivité microscopique. Ce sera celle des Apprentis qu’elles fleurissent de façon somptueuse. 

Les médias d’actualités d’armes doivent exploiter leur véracité apparente afin d’enjôler le prolétariat d’info, tout en retenant assez de flexibilité pour distordre des vérités selon le souhait de leurs maîtres. Bien que des événements globaux doivent être reportés en vitesse, des dépêches indésirables ne doivent jamais voir la lumière du jour. Par manque de meilleure option, le dossier historique leur est confié, quoique des détails gênants soient noyés sous des tsunamis de bruits divers. Des gens doivent attraper ces émissions en masse, mais des petites élites d’info doivent contrôler leur contenu. La liberté d'expression est acclamée quoique chaque nouvelle puisse être étouffée ou magnifiée sur commande. 

Les médias d’actualités parrainent cette censure criminelle. Sans trop se soucier de l’objectivité, leur propagande confirme la paresse tapageuse de peuples en outre de la membrane locale et dénonce l'infériorité inhérente d’autres gouvernements. Ils reportent des sports municipaux en plus de détail que des confrontations internationales. Les publicités ramassent davantage d’espaces d’onde et d'imprimerie que la politique domestique ; des infractions brutales obtiennent plus d’attention que celles administratives beaucoup plus fâcheuses et coûteuses. Le méfait d'entreprise est un sujet tabou, ainsi que l'identité et les affiliations politiques de malfaiteurs au pouvoir.

Chaque jour, l'humanité ajoute à son histoire deux millions d’années-personne d'équité de sueur. Cet effort monumental se voit condensé en deux ou trois pages de formule journalistique et autant de segments de trois minutes d'info divertissement télévisé par jour, souvent réitérés le lendemain. Des événements incontournables sont reportés au présent simple, anecdotique et superficiel, de manière à ignorer leurs causes et effets, motifs et opportunités. Nous nous préoccupons de bouffons célèbres et leurs farces tragiques beaucoup plus souvent que de questions d'importance historique. Des téléromans et histoires de chiot en panier de sont accordés plus de tendresse et de vigilance que des chroniques de faillite sociale. Si les conséquences à long terme de stupidité rituelle sont rapportées du tout, l’identité et les affiliations politiques de ceux ultimement responsables sont minutieusement dissimulées. La voix passive leur sert fort commodément ! Des malheurs sont fidèlement reportés ; les malins responsables et leurs décisions criminelles, presque jamais. Au demeurant, des auteurs de scandales sexuels et d’infractions de la rue – dramatiques mais sans grande importance – sont férocement examinés en intimité psychiatrique. 

Cette dégradation du reportage américain est pareillement flagrante et impardonnable. Les actualités importantes, qu’elles soient nationales ou internationales, sont pratiquement introuvables sur le plateau d’actualités américain, remplacées par des drames spectaculaires de mauvaise météorologie et des spectacles criminels, sportifs et de paparazzi. Des commentateurs remplissent toute la soirée d’interviews d’effileurs d’opinion politique qui partagent la même opinion sans révéler rien de neuf. 

Les médias d’actualité du monde paisible seront tenus aux normes de reportage encore plus exigeantes que celles de son dernier âge d’or. Ils seront attendus à élucider des contradictions sociales sous la lueur de la vérité, comme l’ont toujours voulu pratiquer les Apprentis passionnés de journalisme.

Tout cet effort est dominé par la constellation de métaphores politiques de la collectivité. Celles primaires réglementent celles au-dessous et d’autres activités dans leur train. On partage des clichés tels que « laissez faire, créateurs d’emplois (rendus riches à force de licenciements massifs), marché des idées, destinée manifeste, survie des plus capables, la main invisible » ces notions de partage deviennent des clichés de pierre angulaire qui soutiennent d’autres activités. Le Dr Kielbowitcz, de l'Université de Washington, m’offrit cette brillante thèse lors d’une conférence publique. 

Détournant l’attention de la tyrannie d’armes, ses mentors infusent au compte-gouttes dans le discours public des mots-clefs neufs et des expressions de prise telles que « marchée libre, dérèglement, contrat avec l’Amérique » etc. 

La constellation de mèmes culturels est dominée par des textes chéris depuis longue date : la bible, les écrits de Shakespeare, (ce piètre politique) le coran, le talmud, Das Kapital, Mein Kampf, les citations de Mao, les classiques chinois, ainsi que des distorsions brutales d’œuvres complexes de Thomas Hobbes, Adam Smith, Hegel, Spencer, Nietzsche, etc. Ces mixtures de clichés populaires et de sources textuelles peuvent différer légèrement de celles d’autres cultures, mais leur prédilection pour la mentalité d’armes reste remarquablement homogène, sans tenir compte du pays d’origine. À tout moment, des mentors d’armes réapprovisionnent ce buffet de salade intellectuel, parvenant toujours à énumérer l’utilité, la splendeur et l’inévitabilité de la guerre et de son exploitation crue. 

Ayant mangé à l’auge des riches, des chefs d'opposition d'une génération – promus jeunes par la politique progressiste – claquent la porte de la réaction dans le nez des suivants. Elevés au sommet de privilège à faire tourner la tête, ils rachètent leur dette illusoire aux riches en trahissant les idéaux qui les libérèrent. L'expérience victimaire n’immunise personne contre la corruption à venir et ses hypocrisies. Au contraire, nos misères antérieures peuvent aggraver notre vulnérabilité aux séductions à venir. 

Les réactionnaires débitent des clichés à la mode et des mots clés aussi bien cuits que la pizza de midi. En même temps, les progressistes bouclent leur discours d’expressions de chaîne rouillée puisque forgée il y a des centenaires.

En comparant la propagande politique ordinaire avec les attitudes des parents envers leurs enfants dans une famille nucléaire typique, les conservateurs ressemblent à l’enfant favori intermédiaire qui est aussi sociopathe : trop souvent présenté avec fierté, dont les méfaits sont indulgenciés et les mauvaises conduites, enterrées. Les progressistes figurent comme premiers-nés escomptés, duquel la perfection est toujours attendue et dont la moindre erreur est punie sans merci. La grande majorité neutre est traitée comme le dernier-né, laissé tendrement à lui-même : le bébé éternel dont rien de transcendance soit bonne ou mauvaise n’est attendu (à son lèse éternelle) et chacun de ses accomplissements est une plaisante surprise.


 Des oligarques populistes en ancienne Grèce ont inventé l’expression « démocratie » pour masquer leur tyrannie. Vers la fin du dix-huitième siècle, les désignations de droite et de gauche distinguèrent les monarchistes réactionnaires de leurs équivalents bourgeois dans l’assemblée nationale française. Des modérés s’assirent au centre d'un gradin de bancs ; leurs détracteurs assortissaient leur politique en s'asseyant avec leurs amis des deux côtés de ces modérés. La plus distante du centre leur assise, les plus extrêmes leurs principes. Les membres de la montagne radicale se sont dressés au sommet et bien en arrière, comme des mauvais élèves.

Alors, si les Apprentis se servaient « de gauche et de droite » comme expressions politiques, puis cubaient cette sphère tridimensionnel de préférences selon l’attribut moral, le comportement et le résultat, le politicien moyen tiendrait à se faire désigner haut centriste du devant mais s’y trouverait casé ailleurs sans merci.
 
 

A supposer que le journalisme publie la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, et pourchasse dans ses écrits  « le qui, le quoi, le quand et l’ou »; plus jamais notre quotidien de communiqués d’approbation de chambre de commerce, d’accusation officielle de contestataires et le moins possible de signifiant autrement.

 

Le mot « utopie » peut désigner « ce qui n'est pas mais devrait être » ou « ce qui ne doit jamais être. » La majorité se sert du terme « utopique » comme d’un contrefort ferroviaire qui met fin aux discussions supplémentaires. Par simple torsion linguistique, l'épithète « utopique » parvient à signifier « désespérément irréaliste, consigner à l’oubli immédiat. » Une fois qu’une idée est marquée utopiste, aucune pensée supplémentaire n'en est requise. La mentalité d’armes nous fait clore sur place notre faculté critique. De même, l'expression « idéaliste » pour décrire certains philosophes et leur attitude. Cela veut dire : « Ignore-les ; ils ne valent pas la peine d’être entendus. » De telles ruses linguistiques caractérisent la mentalité d’armes. 

Au demeurant, le statu quo rend le titre d’honneur « réaliste » aux maniaques homicides. Comme si de tels assassins de masse si ambitieux pourraient s’attendre à quoi que ce soit plus utilitaire que leur promotion dans l'élite d’info, suivie de ses mauvaises répercussions inattendues ? 

L’élite d’info bloque des technologies de communication de meilleure accessibilité ; ils réduisent ces systèmes neufs aux dimensions plus menues qu'optimales afin de mieux les orienter en leur faveur. Quand un nouveau dessein de communication plus expansif émerge, ils dessinent en trombe un système en compromis, le financent amplement pour couper court l'alternatif inquiétant et le chargent de vétilles. Ils créent ensuite une nouvelle agence régulatrice afin d’assurer l'avortement de l’intention originelle et de toute sa progéniture. 

Entre temps, des idiots vicieux polluent des systèmes d'information flexibles avec les déchets de leur pensée prismatique. Me vient à l’esprit la vaste majorité d’émissions médiocres à la télé. Pense s’y : l’on pourrait assister aussi facilement à des cours plénières des hautes écoles sans annonce publicitaire, ainsi que des brillants drames, spectacles, pièces de musique et récitations, sans limite en temps réel. C’est pareil sur l'Internet qui comporte plus que sa part d'exploitation commerciale, de harangue fondamentaliste, de disculpation réactionnaire, d’inculpation des autres et de semence obtuse de virus et de flammes numériques. C’est comme si des élites occidentales employaient une armée de trolles, telle que celles de Vladimir Putin, des frères Koch et d'Aldeson, aussi du parti communiste chinois, afin de faire pourrir méthodiquement la conscience collective (celle virtuelle comme celle biologique.) 

En outre, je te laisse passer en revue le contenu des journaux désignés « progressistes » publiés en anglais. Ils ont répété les mêmes vétilles depuis la « Nouvelle donne » (the New Deal) le programme progressiste du Président Roosevelt entre les deux sic guerres mondiales. Ils ont cédé la ferme familiale à des réactionnaires tricheurs aux cartes : arpent par arpent de bonne terre et pièce par pièce de bon matériel. Ils ont soigneusement déploré la vente en catastrophe de notre patrimoine politique, sans rien proposer de conséquent pour le préserver. Ils n’ont même pas entamé résistance contre ce désastre à répétition. Cela leur a semblé une trahison. Beaucoup trop à l’aise avec le statu quo et sa dégringolade au fascisme, ils ont rejeté Apprenti sans examen réel, sans exception et sans appel. Autrement, ils n’ont rien.

Par définition, les médias de masse d’un Etat d’armes étouffent tout le contenu qui serait validé au monde paisible.

Les systèmes civils sont les seuls à souffrir de telles contraintes d’info. Les communications d’armes restent à la tête du développement technologique. Puisque la mentalité d’armes étouffe par routine le discours rationnel, ses techniciens peuvent s’emballer dans du matériel neuf. 

Contemple par exemple les premières routes militaires chinoises, romaines et perses ; ou les autoroutes militaires de fabrique originelle en Allemagne, puis partout ailleurs. Contemple les premiers réseaux télégraphiques et ferroviaires, et l'Internet lui-même, (une expérimentation de Dr Folamour sur la gestion des champs de bataille nucléaire) ainsi que les centaines de tonnes de bijoux militaires projetés en orbite globale, valant facilement leur poids en diamants. 

Quelques agences gouvernementales dépensent la moitié de leurs fonds sur des systèmes neufs de transmission, et l'autre pour assurer que chaque message passé à travers soit crypté en charabia. Pareillement à la télévision. Pense aux miracles qu’achèverait l’humanité si ce système ne semait à tout vent que le meilleur contenu possible ! 

On n’est pas parvenu à déchiffrer les 3.500 inscriptions prèvédiques de l'Inde antique, celles de Crête ni d'ailleurs. Malgré cela, des pirates de l’informatique et des agences de renseignement militaire pénètrent la plupart des codes de sécurité les plus raffinés, quoique inventés par les meilleurs mathématiciens aux ordinateurs énormément coûteux. 

Des pages de la toile ne parviennent pas à traduire l'anglais, le français et d'autres langues dominantes dans la langue primaire de milliards d'individus. AltaVista Bablefish et Google Translate sont des exceptions honorables dont je me suis servi pour traduire des brouillons de ce texte. Mais la norme industrielle de traduction gratis par machine produit des ébauches au mieux quasi-intelligibles. 

Nous assistons sans grand tracas au débours de milliers de milliards en préparations de notre massacre mutuel, (celles-ci la marque primaire de souveraineté nationale) ; mais non les quelques sous requis pour bavarder librement et donc émerger indemnes de la plupart de nos disputes. Entre-temps, des développeurs narcissiques de code se surpassent à infecter nos ordinateurs avec des logiciels de virus. Mais crottez donc dans le puits commun, bande d’idiots savants ! Vous qui devriez servir comme fer de lance de la transformation favorable aux Apprentis ! Ayez honte !

La passion et l’honneur de chaque programmeur d’élite devrait être purifier le contenu de l’Agora mondial ; non pas la salir aux mains d’idiot-savants obligatoirement anonymes. C’est comme si le prix Nobel fut remplacé par un autre, anonyme et psychopathe en totalité, servant seulement à promouvoir la confusion.

Comme depuis toujours, des crétins vicieux nous dictent ce qui sera permis et ce qui ne le sera pas. Neuf sur dix de nos précieuses réglementations ont ceci en commun — elles répondent à la seule question : « Comment sécuriser notre vie et santé d’esprit une fois que ceux les moins sages et les plus malveillants auront été permis de balancer leur merde dans le ventilateur communal ? Celle équivalente des Apprentis : « Combien leur payer pour qu’ils nous laissent tranquilles et entreprennent quelque chose de préférable — la centième ou millième partie de nos acquittements et réglementations actuelles ? » 

Ce cauchemar communicatif comporte son revers réflectif. Les Apprentis peuvent prendre, flambants neufs de l'étagère, tous les dispositifs de communication essentiels. Leurs composants clés n’ont qu'à être cajolés des mains de techniciens d’armes mystifiés et rebranchés en réseaux d’Apprentis. 

Malgré les dénonciations oiseuses du monde scientifique, nous peuplons une ère plutôt magique. Presto ! La gestion paisible pourrait satisfaire nos rêves les plus transcendants. Autrement, des gestionnaires d’armes pourront conjurer nos pires cauchemars. A quelle séance de magie souhaites-tu assister ? 



 

- BIBLIOTHEQUE UNIVERSELLE –

 

« Les bibliothèques te permettront de passer du temps sans sou bien mieux que des sous sans bibliothèque. » L’association américaine des bibliothèques. 
 [Nota : Ce qui pourrait sonner faux pour certains (« Plus aucune bibliothèque ? Et alors ? ») Pourtant faut-il garder en tête ce qu’implique cette absence : primitivisme médiéval ou chaos social. Se rappeler le proverbe chinois : « Une année de tyrannie vaut mieux qu’une journée de chaos. » 
 Quoique cet américanisme ne s’applique plutôt à la fumée du cannabis dit sativa : honorifique en sanscrit réservé au riz et à quelques autres plantes bénéfiques, si je ne me trompe.]

Couronné d’obsolescence classique, la science bibliothécaire n'est ni art ni science. Des routines désuètes y sont maintenues, non à cause de leur validité particulière mais parce que la rémunération requise pour des meilleurs systèmes dépasse de loin la pitance qu’on leur accorde à contrecœur, désespérément insuffisante. 

Une fois publié sur papier, un livre ne s’adapte guère au numérique. Mieux vaudrait le distribuer d'avance en format digitalisé bon marché ou gratuit, puis le publier sur papier comme un souvenir de luxe à la demande.

On aurait pu inventer un ensemble confortable de lunettes de lecture digitale (Google Glass ?). Des lunettes de lecture comme celles de soleil, qui affichent en plein confort des pages de texte admirablement calligraphiés comme sur du bon vélin ; ces pages illuminés de façon contrôlable, interrogeables pour mots-clefs, indexés, magnifiés et de police remplaçable. Ces lunettes numériques visualiseront le clavier sur écran virtuel et une paire de mains virtuelles qui taperont à la machine, guidées par fil depuis des mains gantées sinon des cosses aux doigts. A la ceinture, un appareil de traitement central avec un dock portatif de mémoire et d’autres attaches d’ordinateur. Un casque électro-encéphalique, ces lunettes et ces coches ; l’ensemble lié par câble optique ou Wi-Fi. Une technologie supérieure pourrait dupliquer ces capacités avec moins de quincaillerie.

Enfin ! Ne plus avoir à tenir un livre tapi incommodément sur mon dos et par-dessus ma tête ou assis au lit. On pourrait projeter à partir de ces lunettes un écran sur un mur de chambre ou plafond assombri, n’est-ce pas ? Ces lunettes, rendues transparentes, pourraient même magnifier le monde actuel ou enregistrer des fréquences invisibles, voire projeter des donnés comme si en trois dimensions. Ses potentialités seraient illimitées. 

Rien de tel n’existe. Veuillez admirer au lieu notre génie à viser des armes de longue portée à travers les ténèbres du champ de bataille. Depuis la guerre au Vietnam en 1969, l’escouade moyenne d’infanterie au combat fut munie d’appareils de repérage à l’infrarouge, Quarante ans plus tard, la plupart des chasseurs pompiers n’en furent pas encore dotés pour secourir les survivants d’incendies. Quelles priorités de travers !

Les bibliothèques fonctionnent mieux à base subventionnée et coopérative (tels que des services publics actuels et une profusion d’autres non encore admises comme tels, comme les soins.) Au lieu sont-elles prévues fournir des profits d'entreprise comme si elles colportaient du coca cola, des autos particuliers, du minage à ciel ouvert, la fracturation hydrologique, la biotechnologie génétique en déroute ou une autre fusillade au volant corporatif. 

Pour la plupart, des bibliothécaires sont des adjoints sacrificatoires, non des gladiateurs courtiers du pouvoir. Ils se contentent de fournir un service excellent au lieu d’accumuler des richesses et pouvoirs supplémentaires. Etant donné le tempérament vampirique des bureaucraties d’armes, elles prêtent considération au mieux secondaire aux techniciens des données. Ceux-ci seront parmi les premiers à tendre le cou à la hache de la parcimonie et les derniers à jouir de supplément budgétaire. 

Cette fragilité est évidente dans la bibliothèque du Congrès des Etats-unis, l’une des plus importantes collections de livres au monde. En réalité, ses falaises de bouquins forment un gruyère bien troué de livres égarés et arrachés. En fin de séance, les représentants battus et leur famille sont rentrés chez eux avec leurs lectures favorites : prix de consolation pour légiférer la course des rats. Par ailleurs et encore pis, des bibliophiles exaltés ont versé des fortunes pour corrompre l’humble personnel administratif et ravir des titres irremplaçables.

Passons des maîtres d'avidité à leurs apprentis. Les étudiants d’université ont toujours été imposés des lectures pour leurs cours. Ceux les plus ambitieux ont dérobé des textes clés, mis en réserve d'étude, pour en interdire l’accès à leurs concurrents. De nos jours, le repérage informatisé des livres mate leurs combinaisons dérisoires. Mais il n’y a pas si longtemps, ces malins surdoués démembrèrent la compétition, reçurent les meilleures notes de classe et graduèrent au premier rang à partir duquel ils ont pu prendre des décisions de vie et de mort. Voici comment quelques générations de réactionnaires véreux se sont emparées de nos magistratures, corps législatifs, universités, et agences médiatiques et d'entreprise. 

Ensuite, ces malingres ont recruté des subalternes de moralité pareillement estropiée comme protégés et remplaçants. Il se trouve que les psychopathes sont les seuls subordonnés satisfaits par la direction de tels mauvais chefs ; les autres employés les exècrent. Du reste, leur mauvais exemple et conseils néfastes corrompent les enjambeurs de clôture éthique, majoritaires dans ces professions. De trop honnêtes gens sont sitôt renvoyés. Ces mauvaises pratiques sapent l’intendance de l’orthodoxie. 

Etant donné d’ores et déjà le manque de compétitivité des bibliothécaires et leur souhait de se rendre en Apprentis encyclopédistes, leur mentalité « de service » simplifie la saisie de leurs ressources par des gestionnaires d’armes. Ceux-là ne bornent leurs études à une seule spécialité qu’une fois que ce sacrifice leur soit exigé: un autre handicap de l’éducation d’armes. Les maîtres d’affaires commerciales considèrent le rassemblement de données comme une fonction de service secondaire. Aussitôt que des mauvaises affaires s'interposent, les bibliothèques et agences de recherche souffrent des premières coupures de consolidation. 

Alors que des bibliothèques attirent des professionnels moins compétitifs mais non moins compétents, des directeurs d’armes parrainent la recherche d’applications militaires beaucoup mieux rémunérées. C’est devenu la coupe du monde intellectuelle, si tu veux ; et tout le génie créatif visé ailleurs, simple dada exploitable et pas plus. 

La curiosité innée des Apprentis les attire à la bibliothèque et sa satisfaisante anarchie intellectuelle. Dans ces ruches de compréhension, le pollen de la curiosité se transforme en miel à la saveur du savoir. Ce semis de nouvelles idées souffre de négligence flagrante, d’exploitation myope et d’inattention aux valeurs réelles, en dépit de l'optimisme désespéré des bibliothécaires en première ligne. Si la science d’armes est la maitresse des ressources modernes, celle bibliothécaire en est la mendiante. 

La déchéance institutionnelle a beaucoup à voir avec la loi de recettes en rétrécit. Assez souvent, le premier effort produit le meilleur résultat ; celles subséquentes aux marges exigent beaucoup plus d’effort. 

Les bibliothèques se contentent de beaucoup moins de ressources qu’elles ne recevraient du monde paisible et ne sont donc pas permises d’atteindre leur pleine potentialité. En revanche, les technologies d’armes se catapultent par-delà de la zone crépusculaire de résultats en diminution. De manière obsessive, compulsive, répétitive et pérenne, nous polissons nos systèmes meurtriers aux dépens de ceux de l’Apprentissage, optimisant ainsi la formule de menace aux frais de la formule fauteuil.

Les réseaux d’Apprentis confirmeront ou démentiront des nouvelles hypothèses beaucoup plus spontanément. Les Apprentis s’en serviront pour amplifier leurs passions et les partager avec des enthousiastes analogues. Des petits laboratoires et fabriques proliféreront, dans lesquels des inventeurs concevront leurs expérimentations, prototypes et maquettes d'invention, fabriqués ensuite par des Apprentis ingénieurs dont la passion sera cet ouvrage. L’imprimerie en trois dimensions, mes Apprentis.

On n’obtiendra qu’une seule opportunité d’acquérir cette richesse incroyable. Nos institutions contemporaines sont solidement barricadées derrière leur incompétence. A moins d’une révolution sanglante, elles bénéficient de la stabilité du monopole officiel sans tenir compte de l’abjection de leurs résultats (soit d’éthique pourrie soit de conséquences inacceptables.) Des réseaux nouveaux-parus d’Apprentis auront à se prouver supérieurs sur-le-champ ; sinon seront-ils détruits, comme d’habitude, par des « conservateurs » dilapidateurs, comme d’habitude. 

Ce ne sera que quand des contribuables talentueux se rassembleront dans des réseaux d’Apprentis que des solutions raisonnables pour nos grands problèmes remplaceront les industries extravagantes, originaires de tels. Première priorité : ces réseaux eux-mêmes, comment mieux manier cette avalanche de nouvelles données. 

Débutant leur enseignement à l’âge tendre, la plupart des Apprentis accéderont à un certificat doctoral voire plusieurs équivalents dès la puberté ; quoique beaucoup moins de « courses » chronométrées n’auront lieu pour parvenir à un but particulier. Ceux qui réussiront le mieux vers la fin de leur vie (comme moi) disposeront de tout le temps qu’il leur faut ; les Apprentis rapides, de l’enseignement comprimé. La majorité prendra le tiers du temps pour se rendre en Apprentis productifs que prennent ceux en candidature de la minuscule élite d'info actuelle. 

« Le degré doctoral » est une jauge simpliste de prouesse culturelle. La priorité d'âge et les titularisations de faculté seront sans rapport dans ce système ; le privilège de pairs et l’approbation d’aînés, des considérations décoratives. Des critères arbitraires de performance ne dicteront plus la sécurité financière ni ne limiteront-ils l’accès au réseau. Tout le monde devra autant que possible se replier de sa misère et accélérer son Apprentissage, sans tenir compte de provenance, de productivité et de recommandations en réplique. 

Chaque ville diffusera une exhaustive collection vidéo de drames, de musique et d’art en localité ; ainsi que des tours guidés de ses magasins, musées et conventions. Des reportages analytiques narreront à fond chaque habileté, passe-temps et industrie régionale. Des programmes de scolarité intégrale seront disponibles en localité et en temps réel, à l’appel de n’importe qui pour recensement à toute heure, à commencer par des sujets élémentaires jusqu’aux colloques de haute école. Les équivalents d'autres villes apparaîtront sur demande. Tout ça sera gratis, gratis, gratis ! Les profits indirects découlant de ces activités se prouveront plus importants que ceux récoltés en direct par les institutions « éducationnelles » actuelles.

A ce jour, il est interdit d’auditer, d’enregistrer et de réémettre la plupart des classes et des performances artistiques ! Au lieu de chaque salle de séjour et cabine d'étude, le contrôle des données émane de quelques gratte-ciels bien branchés. Une poignée de centrales de télé, de studios cinématiques et d’universités d'élite dictent le contenu de la culture populaire, assurant que son rendement soit dépourvu d’esprit, de perspicacité et d’à-propos. 

Ce soliloque sans esprit nous assourdit sans rabais. Trop peu de conversations publiques ne nous permettent de clarifier la réalité. Le petit nombre de maîtres médiatiques, « au contrôle » de presque tout imprimé et écrit, réagit comme un groupuscule d’arpenteurs qui se sont rendus aveugles en visant trop longtemps leur théodolite sur le soleil mercantile. Leurs cartes fautives, publiées en millions d'exemplaires erronés, n’arrivent qu’à mieux nous égarer. 

« Une fois pris de richesse, que ferais-tu de toi ? Après avoir étudié un échantillon de ceux récemment enrichis, des recherchistes ont conclu que tu changerais probablement d’emploi afin d’apprendre ce dont tu as toujours voulu t’instruire et te transformeras en authentique expert dans ton nouveau domaine. » De Mike Mailway (pseudonyme pour le feu LM Boyd), le journal Seattle Post Intelligencer, 6 avril, 1992. 

Ce qu’accompliraient la plupart des gens si une exceptionnelle bonne fortune leur sourit, notre civilisation doit reproduire en série pour tous. L’Apprentissage en masse remplacera les options perdantes de la pédagogie compétitive : divertissements creux et tortures lassantes. Des économies d'échelle, mes enfants ! Qui plus est, chaque euro déboursé sur ce projet prodigue engendrera de grands montants supplémentaires en la forme de découvertes inédites. 

En frayant notre chemin un peu plus loin sur cet arpent de route, le monde paisible se déroulera à l’horizon et nous tendra sa bienvenue. 



- VALEUR-CONNAISSANCE –

 

Deux thèses brillantes sont avancées dans l’œuvre de Taichi Sakaiya, The Knowledge Revolution or a History of the Future,  George Fields (Auteur), William Marsh (Traducteur), Kodansha USA Inc; First Edition (Janvier 1, 1991), La révolution de la valeur-connaissance ou une histoire de l'avenir :

·       Les gens consomment volontiers des ressources abondantes, et

·       Ils prisent celles considérées rares. 

En subissant ces deux impulsions, la communauté ressent deux états intermittents de conscience.

Dès lors qu’une nouvelle abondance apparaît, la collectivité s'organise pour la consommer. Le raffinement intellectuel, l’objectivité et la logique réductionniste règlent cette consommation en accélération. Pour autant que cette ressource reste abondante, autant vite se rendent ordinaires le savoir lire, l’efficacité industrielle et la promotion du mérite. Ces habitudes industrieuses renforcent les réglementations de la loi dont le consentement quasi-universel justifie une répartition plus fiable de main-d’œuvre, de responsabilités et d’obligations. Une comptabilité complexe soutien des transactions extravagantes à base d’indices compliquées d'échange. L’art se rend plus expressif, compétent et répandu. Nous consommons de plus en plus de ressources, sans nous soucier de leur épuisement. La surconsommation devient sa propre récompense : ses conséquences inattendues et peines à venir, négligées. 

Quand débute un intervalle de pauvreté, cette perception d'abondance vacille. L’amassement criminel, la corruption, la réaction politique, le désastre et la guerre prennent la relève des préalables d’une distribution mieux réfléchie ; les vantardises et mensonges de dirigeants menaçants remplacent le discours rationnel et la résolution des problèmes. Quand cette transition se gâte – de la productivité accélérée à la pauvreté provoquée – la culture en question abandonne ses critères de productivité et cesse d'estimer ses objets et actions selon leur valeur objective. Au lieu embrasse-t-elle davantage de reconnaissance subjective des valeurs. En fin de compte, ce nouveau système d’estimation remplace entièrement celui objectif.

 

Je parle de notre perception d'abondance plutôt que de l'abondance elle-même. 

Tu pourrais te trouver échoué dans un désert et affligé par son vide au point de te tuer de soif et de privation. Il pourrait toutefois fleurir si pourvu de soins adéquats, voire renfermer une énorme richesse (de pétrole, par exemple) quoiqu’elle semble au-delà de ta conscience et donc de ta prise. 

Chaque centimètre cube de terre, d'océan et de vide recèle de l’abondance énergétique surpassant nos fantaisies. On doit simplement l’exposer sans déranger la structure naturelle de sa cachette : un travail auquel nous nous serions rendus experts à force de pénibles répétitions d’épreuve et d’erreur au sujet de problèmes mieux solubles mais pour autant létaux. 
 
 

On peut évaluer une montre selon son exactitude, sa durabilité, ses matières premières et les compétences requises pour la fabriquer et distribuer. Le prix d’une telle montre peut augmenter ou diminuer quelque peu, mais il se stabilisera autour d’une courbe de tarification d’uniformité prévisible dans des circonstances normales : en un équilibre dynamique. 

Cette sorte d'évaluation de valeur peut nous sembler objective et « réelle. » Alors que la plupart d'entre nous en conviendraient, Yuval Noah Hariri affirme, dans son livre fascinant, Sapiens, Harper Collins, New York, NY, 2015, que beaucoup de nos structures sociales fondamentales sont en grande partie des mythes partagés. Nous accordons des notions telles que la foi, la justice, le droit divin des rois ou l'égalité ; même si elles manquent de fondation dans la réalité. Il en est particulièrement convaincu à l'égard de l'argent : une formule subjective basée sur la confiance mutuelle dans un taux d’échange partagé, renforcé par tant de formules culturelles, de fonctionnaires et de normes qu'elle semble absolument réelle, quand en réalité pas du tout. 

L'argent permet aux participants d'une société complexe de mener à bien de nombreuses transactions obligatoires avec une souplesse plus ou moins magique. Il soude des liens de loyauté et de coopération entre des grands assemblages d'étrangers à l'échelle impraticable si l'intimité familiale ou villageoise dût être invoquée à sa place. Mais il corrode pour autant les attaches familiales, communautaires et religieuses : des liaisons qui nous ont servi comme sources principales de sureté et de soutien depuis des dizaines de milliers d'années. Grâce à leur remplacement récent par le dollar tout-puissant (ou des anciennes denari romaines, des cauris sur la côte africaine, ou du papier-monnaie médiéval chinois) nous pouvons nous procurer presque tout ce que nous désirons sans avoir à développer des liaisons personnelles, des compétences et des matières premières requises pour matériellement le produire.
 
 

Autrement peut-on appliquer une couche spéciale de peinture de valeur, une valeur-connaissance supplémentaire, en l'appelant Cartier, la dix millionième fabriquée, celle « fortunée » qui appartint à grand-père ou au Général de Gaulle, voir celle qui s'enraya lors d’une conjoncture importante. 

 

Subjectivement, on peut afficher plus ou moins de valeur que ne dictent les stricts critères de consommation. De tels critères peuvent même surpasser l'importance de l'argent et le remplacer avec quelque chose d’encore plus éphémère (pense aux anciennes reliques religieuses ou aux pièces fantaisistes de collecteurs modernes.)

Cette « peinture » subjective peut refléter la teinture de signification qu’un peuple consent de partager, se muter de façon dramatique et inattendue et confondre les calculs d'offre et de demande autant des planificateurs centralisés de l’apparat communiste que des démocrates du dollar se prétendant dévots du « marché libre. » 

Les époques de valeur-connaissance évoluent en temps de déclin et de rabais de consommation : ceux marqués plus tard comme sombres. Ce sont des étapes d’enfantement de nouveaux empires, religions de masse et révolutions : des périodes d'insécurité, d’ultra conservatisme et de pénurie perçue. 

A l’échelle planétaire, des bombardements cycliques de météores et de comètes, voire d’éruptions volcaniques, ont pu diffuser des désastres aux proportions geoseismiques, climato-agricoles et pandémiques en mesure d’entraîner de telles époques ténébreuses. Des désastres mineurs par rapport ont pu induire la même transition locale, pourvue que les locaux furent isolés d’aide extérieure.

Sinon pourrait-on simplement épuiser le pétrole d’extraction bon marché. Etant donné nos préparatifs risibles face à cette inévitabilité, elle surgira comme une catastrophe comparable.

 

La communauté de valeur-connaissance embrasse ses nouvelles croyances avec le fanatisme d’un inquisiteur. Une fois que la collectivité d'armes renvoi brutalement l’ancienne élite, elle élève une nouvelle noblesse selon son héroïsme mythique et des fantaisies de pureté du sang et d’ancêtres mémorables. 

De tels nobles tirent souvent « honneur et respect » de leur brutalité terroriste. Une société paisible agirait à leur encontre avec ostracisme, résistance non-violente et mépris bien mériter : ainsi que les Balinais ont traité leurs militaristes indonésiens et « maîtres » coloniaux européens, tant avant qu’après leur transition postcoloniale. Ainsi que le monde paisible marginalisera les extrémistes militants et les militaristes, au lieu de leur concéder pouvoir et en exclure les pacifistes : le cas sur notre terre en armes.

Les pratiquants de valeur-connaissance s’attendent à ce que le prix d’un même objet subisse des fluctuations extravagantes en cadres différents. Ces sociétés sollicitent une noblesse glorieuse, des gestes exaltés et des mémentos magiques. Leurs chroniqueurs méprisent l’exactitude des comptables et leurs tableaux de compte, en faveur d'exagération épique. D’habitude, leurs meilleurs chefs se retirent des petites agitations de la politique quotidienne, en contemplation monacale et pourparlers de philosophie profonde. Dans leur absence, des satrapes insignifiants prennent la relève avec leurs priorités dérisoires d’intéressés. Autant estropié leur sens d’éclaircissement, autant vorace leur faim du pouvoir et onéreuse au public leur concurrence. Dis adieu aux anciennes libertés et indépendances sous leurs tendres soins.

La valeur-connaissance poursuit l’équilibre, la sécurité et la survie pendant des durées économiques de stase et de déclin ; les critères objectifs encouragent la découverte, la prise de risques et l'accroissement en instances d’abondance. Celles-ci n’auraient probablement pas pu assurer la survie pendant une durée rugueuse de valeur-connaissance. Tous les coins sont rongés et la société se rend bien ronde et dure afin de mieux pouvoir rebondir. 
 
 

Une bénigne commune de biens d’Apprentis négocierait équitablement entre les convictions de valeur-connaissance et les efficacités de la consommation objective, niant ni à l’une ni à l’autre sa place mais interrompant leurs excès respectifs. La technologie paisible équilibrerait la coopération et la compétition, encouragerait le partage équitable de stabilité et de risque, et inciterait une économie calme, comprenant des surplus et des pénuries pareillement rares, comme au cas du communisme des chasseurs glaneurs.

 

Des critères objectifs s’avancent avec inertie croissante, comme si aux rochets : deux déclics en avant et l’un en arrière ; alors que la valeur-connaissance s’approche et se retire tel que les vagues d’une marée montante. 

Les concepts d’Apprenti se prêtent à la dissémination de valeur-connaissance. Bien que notre mentalité actuelle s’écroue dans ses valeurs d'armes, celle paisible pourrait repeindre notre piètre compréhension effectivement en un clin d’œil. Pratiquement d'une nuit, d’étonnantes transformations sociales pourront défoncer les barrières courantes au progrès. La ferveur de la valeur-connaissance fera avancer les buts paisibles beaucoup plus promptement que quelques massifs graphiques de Gant tenant à dénombrer l’irréalisable démilitarisation de nos institutions et la conversion en vrais Apprentis d’un trop grand nombre de collaborateurs d'armes. 

Depuis au moins trois cents ans, l’Occident s’est vanté de pacifistes plus ou moins bien organisés. Qui plus est, l’humanité a nourri l’idée de la paix universelle depuis que le premier enfant sage fut frappé pour aucune raison (soit par un vieillard impatient soit une clique de frangins bruts.) La question a toujours été : avec quelles précautions et délais approcher à la paix universelle, si irréaliste et distante selon la modalité courante ? 

Le temps ne semble pas se déplier de manière constante, mais plutôt comme l’orbite d’un satellite : indolente à grande distance de son point focal et précipitée à son approche. Après une poursuite sans répit par de longues étapes graduelles et pénibles, son approche peut s’accélérer aux ailes exponentielles et, de notre point de vue rabougri, surgir en un clin d’œil.

Au lieu de prescrire un dogme expéditif, le texte d’Apprenti propose une approche plus tempérée et moins linéaire. Nos entendements de gradualisme et de spontanéité ne sont plus à propos. L’ère paisible n’était pas encore, ni n’en étions-nous parés ; bientôt le sera-t-elle et le serons-nous. D'un début à peine perceptible de mentalité paisible, suivi d’infusions d’elle en redoublement constant, une inédite politique d'info pourrait déborder nos politiques de désinformation habituelles.

Cette correction d'Apprenti dans nos évolutions politiques n'exigera aucun führerprinzip (principe de chef d'armes : « Autorité sans restreinte vers le bas et responsabilité sans restreinte vers le haut » - A. Hitler.) Ni n’aurons-nous besoin d’embaucher des chefs charismatiques de guerre, bien qu’ils aient pu gérer quelques transformations sérieuses dans le passé, des fois pour le bien mais trop souvent pour le pire. Les chefs indispensables s’éveilleront d’eux-mêmes : des chefs de tribu de sagesse paisible et non des barons d’armes.

 

Ma bibliothèque municipale étale une centaine de mètres linéaires de livres sur l’art de la guerre, sa science et son histoire, et moins qu’une poignée sur l'institution de la paix. Multiplier par deux ou trois fois en prenant en compte les bibliothèques satellites en ville, et, suivant l’étendue géographique de cet inventaire, il côtoie la proportion d’armes par rapport à la paix qui dépasse mille contre un. Les livres de guerre sont regroupés sous deux ou trois thèmes, alors que les quelques titres de paix sont éparpillés par uns et par deux à travers toute la bibliothèque. 

En Afghanistan, le State Department (le Ministère des affaires étrangères aux USA) manquait des compétences, effectifs et fonds nécessaires pour installer une honnête administration civile et rétablir la paix. Ses fonctionnaires ont dû aller mendier, casquette en main, auprès des militaires beaucoup mieux nantis, pour des corps tièdes, des esprits en bonne équilibre et de l’argent sonnant. Mais rebelote, les compétences nécessaires leur manquaient à eux aussi. Voici la norme arriérée de nos priorités et compétences culturelles quant à gérer la guerre et minimiser la paix.

 

Les plus nombreux ceux qui examineront Apprenti et des œuvres paisibles comparables, et le plus souvent qu’ils aborderont leurs sujets en conversation, le plus vite cette valeur-connaissance prendra racine. Une fois que ses propos se rendront ordinaires, la commune de pairs d'Apprentis émergera comme si de nulle part. Tectonique et imparable, elle fera surface, tel qu’émergerait un nouveau continent de la mer morte qui l’entoure, saturée d’indifférence, de stase et d’inertie ; un peu comme L’Etoile Mystérieuse de Hergé.

Quand l'orthodoxie d'armes frappe son antithèse de révolution d'armes, leur collision synthétise une nouvelle technologie d'armes encore plus létale ; ainsi que la collision de particules en accélérateur produit un éclat de fragments sous-atomiques.

L’heure est venue d’écailler et récurer la rouille de la mentalité d'armes, d’appliquer une couche de fond d’âme, puis tout repeindre à grands coups de pinceau et petites touches simultanées de pointillisme paisible superposés.



 

- DEMOS : LAOCRATIE OU PATHOCRATIE -

 

« On dit que la démocratie est le genre de gouvernement le pire, exception faite de tous les autres de temps en temps éprouvés. » Winston Churchill.

Tout d'abord, qu’est-ce que la pathocratie ? C’est la régie des sociopathes. Voir le chapitre leur étant consacré.

Des sociopathes comprennent quatre pour-cent de la population : 3% des hommes et 1% de femmes, ce pourcentage en flux selon leur mère patrie et alimentation. Ils peuvent différencier le bien du mal mais sont sans remords en ayant commis ce dernier. Ils nous infligent dols, misères et souffrances car ils s'ennuient et n'ont rien de mieux à s’offrir. Pense aux vampires sans soif de sang mais avides pour la souffrance des autres (ainsi le soulignement culturel du stoïcisme visé vers leurs victimes.) 

La conscience morale est une combinaison de calculs très complexes qu’effectue le cerveau humain pour déterminer, d’avance et ensuite, les conséquences morales de son comportement. De la même sorte que des calculs subconscients (moindres mais tout de même volumineux) lui permettent de rester en bonne équilibre sur une bicyclette. Les sociopathes manquent cette source primaire de la conscience morale. 

Les institutions humaines ont été prises en charge plus ou moins rapidement par des sociopathes, presque toujours de façon définitive. Même l'amour sacré du Christ a été subverti par des inquisiteurs aux mains sanglantes et des prédateurs sexuels avides d’abuser les innocents. 

Nous autres, guidés par notre conscience morale, n’infligerions jamais de telles souffrances sur autant d’individus, à moins d’en avoir été formés, ordonnés et guidés (et nos littératures, philosophies et textes sacrés, certifiés) par une succession historique d’amputés de conscience morale. Dans l'absence de leurs prescriptions et guidage néfastes, le monde se transformerait en une quasi-utopie affranchie quasi-spontanément par notre conscience morale collective. La bonté, la justice et la vérité s’y rendraient plus claires dans la plupart des cas, souvent beaucoup plus qu’à ce jour. Il y aura toujours les problématiques du mal et de la malfaisance, comme dans nos vies particulières, seulement moins de moindre influence. 

Est-ce claire ?

 

La démocratie sans réforme ne servira pas comme gérance paisible, quoique nos réactionnaires et progressistes l’aient soutenu avec ferveur égale. Les réactionnaires, parce qu'ils reconnaissent que la kleptocratie, l’oligarchie, le national-capitalisme et le fascisme corporatif : les politiques de désinformation qu’ils dissimulent sous l’expression « démocratie » sont ignobles, injustifiables et infructueuses en fin de compte ; les progressistes, par manque d’inspiration après des millénaires de défaite cyclique. 

Au mieux, la démocratie, comme couramment conçue, demeure élitiste car leurs systèmes sont « représentatifs » et du gagnant saisissant le tout, au lieu d’être directe et proportionnelle de façon davantage risquée. Elle promeut des politiciens professionnels : race trop spécialisée qui semble avoir maîtrisé les complexités du pouvoir civique et de l'opinion populaire, bien qu’elle n’ait réalisé très peu au-delà des ruses électorales et la maîtrise de leur financement.

La laocratie exige l’équité particulière dans son intégralité, l’émancipation particulière, des sauvegardes complexes contre l’exploitation et beaucoup plus de temps libre pour philosopher. Elle exigera que nous élevions nos enfants rares et bien-aimés jusque leur âge adulte salubre ; qu'un public bien éclairé prête attention aux avertissements éthiques pour décroitre leurs conséquences inattendues ; enfin, que tous valorisent l’Apprentissage avant tout.

En laocratie d’Apprentis, le rôle de politiciens sera strictement limité. Ils satisferont leur besoin d’inspirer de la confiance, d’être admirés et choisis en concurrence : après tout, c’est leur passion. Une fois élus, ils se rendront en antennes sociales pour puiser les problèmes des électeurs et leurs manques. Ils soumettront leurs constats à la communauté intellectuelle d’Apprentis dont la passion est de résoudre ce problème, puis retransmettront ces solutions aux votants concernés pour qu’ils puissent en choisir un par suffrage. L’Agora du monde paisible facilitera ces entretiens globaux. 

Les politiciens ne seront plus tenus à légiférer des répliques aux problèmes sociaux : ce dont ils ne sont ni formés ni assujettis à la passion ; plus jamais ne seront-ils permis d’enterrer des problèmes, différer leur résolution en se servant de minuties procédurales, et d’être bien rémunérés pour leur négligence criminelle. D’abord, ceux tant corrompus ne pourront plus se faire élire même aux moindres volets du pouvoir. Ceux en étant tentés, une fois au pouvoir, se rendront aussi évidents qu’un chirurgien boucher et mis à la porte au moyen de règlements aussi clairs qu’expéditifs. 

De préférence, un politicien honnête agira par rapport à ses électeurs ainsi qu’un magistrat honnête le fera envers ses jurés : en tant que guide spécialisé et conseiller intime dépourvu de prise de décision. Les décisions seront confiées aux citoyens votants et aux jurys aléatoires dont l’honneur humain et l’orthodoxie de longue date interdiront la trifouille.

Nous ne discutons pas ici d’un paradis immaculé, mais de l’atténuation des sacrifices et d’accroissement correspondant dans les célébrations. Que l’on évite de sacrifier quiconque à part soi-même. Choisis une célébration, choisis-en plusieurs et célèbre-les. Faites mieux ! 

 

La démocratie permet aux riches de cueillir à la main des candidats politiques qui conviennent le mieux à leurs besoins. Le politicien en défaut de cette simple contrainte est mis hors du jeu. Par conséquent, les progressistes décisifs et charismatiques que nous attendons à chaque élection n’apparaissent presque jamais. 

Les quelques braves qui éludent cette contrainte, des psychopathes riches peuvent neutraliser avec l’adresse de longue pratique. Des Gracchii aux Kennedy et de Martin Luther King au prochain en ligne, chacun sera coopté, marginalisé ou assassiné par des conspirateurs d'avarice avec facilité à en bâiller. La plupart du temps, ces assassinats publics ne sont même pas investigués de façon sérieuse, de peur de guerre civile. Les communautés qui ritualisent la punition capitale (ou font disparaître leurs protestataires principaux, soit en prison soit par liquidation anonyme) réservent l’extinction certaine pour les meilleurs leaders. Chaque fois que le prolétariat d'info récupère justice et abondance, cette erreur est lessivée dans le sang et les cervelles de son promoteur.

Quel est l’occupation la plus périlleuse en Amérique ? Pécheur de crabe aux côtes d’Alaska ? Désamorceur de bombes ? Non ; plutôt servir comme politicien progressiste (surtout durant l’ère de Bush le moindre.) Les dénommés qui suivent ont subi un écrasement d’avion avant, durant ou après leur service politique. La famille Kennedy reçoit sa propre colonne. 

Ernest Lundeen 1940
 Clement W. Miller 1962
 Birch E. Bayh, II 1964
 Nicholas Begich 1972
 Thomasse Hél Boggs 1972*
 George W. Collins 1972*
 Jerry Litton 1976
 George T. Leland 1989
 Mel Carnahan 2000
 Paul Wellstone 2002
 
 Joseph P. Kennedy 1944
 Katheline Agnes Kennedy Cavendish 1948
 Michael Joseph Kennedy 1949
 Ted Kennedy (blessé, son aide mourut) 1964
 John F. Kennedy, Junior. 1999
 Carolyn Bessette-Kennedy 1999
 Lauren Bessette 1999

* Les mêmes écrasements : l’un en 1964 (que Bayh et Kennedy survécurent, quoiqu’un aide en ait péri) ; l’autre en 1972 (quatre défunts.)


 Dans de nombreux cas, ces individus furent non seulement des progressistes mais des chefs de bande : des individus de dynamisme exceptionnel, des chefs confirmés du parti Democratic sinon en formation comme tels. Leurs remplaçants récents n’ont été au mieux que de pales imitateurs (Gore) ; au pire, des renégats de centre-droite (les Clintons, Obama, Biden ?)

Seulement quatre leaders confirmés de la droite américaine ont récemment périe en avion. Il y eut Larry MacDonald dont le vol Korean Airlines 007 fut abattu en survole de la Russie en 1983 (conspiration transparente, même selon les critères permissifs des américains. En dépit d’une rafale de procès de la part des familles endeuillées, ainsi que ceux de compagnies d’assurance également affligées, aucune cour d’assises n’a rien souhaité passer en examen). Puis John Tower, le président décédé en 1991 de la commission qui investigua le scandale Iran Contra, et John H. Heinz, la même année. Puis le décès par accident aérien de Ted Stevens en 2010, sénateur réactionnaire renvoyé de l’Alaska. Chacun menaça d’exposer les squelettes politiques dans la penderie Republican.

Il y eut d’autres politiciens décédés, mais leurs tendances politiques furent plutôt floues et ils ont périe en toute probabilité par accident. Etant donné que si peu de progressistes authentiques furent admis dans les politiques américaines et d’autant plus de réactionnaires, ce taux disproportionné de mortalité semble encore moins probable. Un actuaire devrait faire l’étude sérieuse de ces anomalies troublantes.

 

Des élections démocratiques  « au petit d » sont falsifiées avec impunité (Trump) par des intérêts de vieille souche, inséparables des agences de contrôle électoral. Quelle coïncidence ! La plus séculaire l’acceptation de leur autorité, la plus rarement mise en question leur légitimité et les plus acceptables leurs infractions sans investigation ni correction sérieuse ; bien moins pénalité directe, condamnation publique ou révocation de conséquences. 

Même au 21e siècle, des élections populaires sont falsifiées. Elles passent non corrigées, même après la découverte de malversations flagrantes, des nations les plus riches à celles les plus pauvres. Nous permettons chaque escroquerie démocratique à tour de rôle, sans en confronter les escrocs pour leur abus de confiance. Nous avons gâté la démocratie en la célébrant, par refus de discipliner des scélérats influents. Leur tyrannie croît avec chaque nouvelle malversation réussie, le tout au nom de la démocratie sacrée.

Ainsi que des révolutions démocratiques ont renversé la tyrannie royaliste, celle des Apprentis renversera notre tyrannie dite « républicaine. » La différence, cette fois-ci, sera que nous remplacerons la tyrannie d’armes par un gouvernement paisible et strictement retenu, plus jamais celle renouvelée pour létalité en ascendance.

La démocratie est l’agencement idéal pour un Etat d'armes en mûrissement, mais l’ennemie insidieuse des valeurs paisibles. Le gouvernement d'armes obtient au moins quatre avantages de la démocratie :

·      Moyennant des paramètres fastidieusement définis, le recrutement et la promotion reposent sur fidélité à l’élite et leur rendement de services. Cette configuration est légèrement préférable au remplacement héréditaire par la noblesse soit stupide, malade ou dément, sa famille et ses sycophantes. 

·      Comparée aux tyrannies d'armes antérieures, la démocratie offre une transition au pouvoir mieux ordonnée. Alors que des prête-noms élus se remplacent avec régularité placide, des courtiers d'arrière pièce spécifient chez qui le gazon politique se rétrécira ou se développera selon l’intérêt de grandes fortunes. S'en suivent moins d'émeutes et de rébellions incommodes et pas trop de bagarres internes ; du moins en théorie, du moins la plupart du temps.

·      La démocratie accorde aux riches beaucoup plus d'influence que ne justifie leur petit nombre. Le plus ils sont riches et restreints en nombre, les plus puissants qu’ils se rendront en une démocratie. Cela leur rend un excédent de pouvoir politique, en dépit des récompenses exclusives de leurs petits intérêts privés. Par pure arithmétique, le plus petit le nombre de ces décisionnaires, les plus bornées et maladroites seront leurs décisions et la plus évidente leur vulnérabilité à la mainmise par de jeunes psychopathes héritiers de leur rang, et leurs esclaves sociopathes.

·      Elle rend aux prolétariens d'info l'illusion d'une voix dans le gouvernement sans conséquence fonctionnelle. L’ignorance institutionnalisée interdit la participation de la majorité dans des décisions vitales. Confirmant le simulacre du pouvoir aux raz des pâquerettes, les campagnes électorales dégénèrent en slogans de convenance, anecdotes sans pertinence, souillures de personnalité et supercheries non corrigées mais systématiquement répétées (Trump.) Par consentement universel, rien de grande importance n’est débattu en public. 

 

Ralph Nader et Bernie Sanders ont montré le quatrième défaut. Lors de leurs campagnes présidentielles, ils furent de vigoureux candidats de réforme, soutenus par des partis politiques bien encadrés au raz des pâquerettes. Ils disposèrent d’incontestables appuis populaires dans chaque Etat de l'union et entretinrent des propositions scrupuleusement étudiées pour résoudre des problèmes actuels. Par contre de leurs opposants louches, ils décrivirent clairement leur position devant de grands assemblés populaires. Leurs adversaires médiocres se sont avoués incapables de dupliquer l’assistance enthousiaste de leurs réunions, à l’exception de Trump, plus tard, et de ses cohues néofascistes rendues beaucoup plus d’attention médiatique. 

Mr. Nader fut exclu des débats de candidats orthodoxes, refusé du temps proportionnel dans les médias et nié accès aux conventions des partis traditionnels. Encore plus écœurant, il fut ignoré par la grande populace. Les médias de masse l’ont persuadée que leur vote serait « gaspillé » si elle osait voter sa conscience morale. Sanders, non mieux. Plus tard, Trump fut accordé énormément plus de reportage que n’importe qui, même son adversaire Democratic, Hillary Clinton.

Dans une démocratie dite mûre, quiconque menace de discuter sérieusement de problèmes politiques sera barré du discours public. Il sera ignoré avec obstination égale : du dessus par les médias et d’en dessous par les ouailles de parti majoritaire. 

 

« Comme forme de gouvernement, la démocratie appartient à l’avenir. Elle prit forme si récemment dans l'esprit humain et ses affaires, qu’elle n'est que l’ombre de ce qu’elle deviendra. C’est d'ailleurs une forme gouvernementale qui n'existera pas réellement avant que des changements sociales, économiques et même culturelles non encore apparues ne se réalisent. … M. Henry Wallace parla du siècle de l’homme, du centenaire démocratique, comme quelque chose à venir. On a bien dit que “La raison que des hommes raisonnables estiment que le monde démocratique doit survivre, non parce qu’il s’est déjà réalisé à perfection, mais parce qu’il vient à peine de l’être ... ” » Mortimer J. Adler, Comment penser de la guerre et de la paix, Simon and Schuster, New York, 1944, page 186. 

 

L’expression « démocratie » vient du mot grec « demos. » Traduit ordinairement, « demos » signifie une parcelle de terre rurale, ses propriétaires, ou l'ensemble des habitants « libres » car propriétaires. Ce terme peut aussi décrire l'assemblé urbain et la commune. En conclusion, il signifie l'autorité populaire ou les exigences étatiques. 

« Laocratie » se dérive du mot grec « laos » : la multitude, les gens communs, le simple soldat, les sujets du prince et les masses dans le sens marxiste. Le mot grec « laos » sert mieux que celui « idiotes » (des gens qui ne votent pas) : les fanatiques de sport et de téléromans qui passent pour des citoyens libres ces jours-ci. 

La démocratie diffère de la laocratie comme telle. Les démocrates se prétendent « réalistes » en considérant anodines des contradictions sociales et l’injustice en résultant, alors que les laocrates considèrent la liberté et la justice comme des impératifs auto renforçateurs à être promus sans exception et compromis. 

Les démocrates redoutent la foule : l’ultime arbitre de l'injustice démocratique. Dans une commune d’Apprentis, la prétendue foule se rendra en source de tranquillité, d’abondance, d’élégance et de raffinement : le cadre de stabilité massive qui ancre les gyroscopes de la laocratie tournant à folle allure en grands nombres dans l’Agora. Les Apprentis trouveront des dispositifs davantage délicats que la brutalité émeutière de la foule et sauront mieux transformer l'anéantissement politique en législation révisée et réforme notoire. 

 

Le terme « laïc » se dérive du mot grec « laos » qui décrit la masse des non professionnels. Ce qui diffère un laïc d’un professionnel, c’est que l’amateur gaspille beaucoup de temps et d’énergie dans ses premiers efforts dont la plupart échouent par manque d’expertise. Prends comme exemple les premières ébauches indéchiffrables d’Apprentis : De la terre en armes au monde en paix, à partir des années 80s. Par la suite, l'exécution laïque peut s’améliorer de façon dramatique. Des amateurs doués ne sont limités que par le temps et l’énergie qu’ils dévouent à l’amélioration de leurs qualifications, et aussi par leur tendance, au passage du temps, à adopter les défauts professionnels énumérés en-dessous. Leur courbe d'accomplissement diffère de celle des professionnels dont les premiers efforts produisent des résultats combles et ceux subséquents aboutissent en de moins en moins, selon le compromis coutumier. 

L’accomplissement des professionnels est malaisé dès le début, comme leurs professeurs leur ont appris. Toute divergence, pour le mieux ou le pire, soulève la polémique professionnelle. Une efficacité supérieure menace le bol de riz collectif. Les professionnels sont instruits à compromettre leur bon sens en faveur de la discipline et la cohésion interne. Des collègues chancelants sont protégés au frais public, bien que leur compétence et honnêteté fassent défaut de la norme de médiocrité prédéterminée. 

 

Autrefois, des technologies raffinées étaient nécessaires pour préserver des documents et des médias fragiles. Ce fut toujours le cas ; pareillement aujourd'hui. Le savoir lire fut une compétence rare et coûteuse. Une poigné de jeunes élèves subirent formation brutale. Au moyen d’examens exhaustifs, des solutions réglementaires furent gravées à l'eau-forte sur leur esprit. Une seule solution, apprise par cœur, fut privilégiée, dans la tentative d'assurer contrôle uniforme à longue distance.

Les diplômés furent expédiés à perpette dans le bled culturel, pourvus d’un rouleau de feuillets ou d'un panier d’argiles, leur crâne bourré de clichés d'armes. Leur déplacement de l’école centrale fut difficile, périlleux et onéreux. Une fois débarqués sur leur nouveau poste, ils étaient supposés régir une communauté de prolétariens illettrés, figés dans un vide d'info, ce silence poussiéreux seulement interrompu par l’intermittent messager à cheval dépêchant des proclamations de l’élite d’info, des requises d’impôt toujours en croissance et d’exceptionnelles nouvelles d’affaires commerciales. Ces disciples infortunés s’apparièrent avec des brutaux hommes de guerre. Armés de pouvoirs militaires et de police, ceux-ci imposèrent leurs décisions après avoir en principe écouté l’avis de l’érudit. 

Mon ami, Paul Lackman, évoqua Théodoric, un autre boucher désigné « le Grand. » Lui et ses Ostrogoths saccagèrent Rome puis réintégrèrent les administrateurs survivants latins (comme Cassiodore) à leurs responsabilités civiques. En principe confina-t-il ses Goths aux fonctions militaires. Il ne dépluma que le petit malin aléatoire, du genre Boettes, de sa tour en verre et ivoire, et le mit en taule puis à mort. Le condamné osa proposer que l'intellect émancipé soit supérieur à la gestion d'armes. L’histoire humaine est hérissée de telles exécutions exemplaires.

En Chine, un mandarinat monolithique évolua. Personne ne pouvait se lier à l'élite d'info avant d’avoir passé l'examen impérial ; celui-ci pour bonne mémoire, comme d'habitude, et non pas pour sociopathie. La bureaucratie résultante devint hautaine, inflexible et enracinée d’exemples précédents : son orthodoxie rigide, l’ennemie farouche de la créativité, de complexité et de transformation. Ces mandarins ont eu tendance à jeter leurs mains en l’air – pourvu que leurs ongles trop longs le leur permettent – quand le hasard rendait nul leur stock de banalités apprises par cœur. Ils ont abandonné de vastes marchés outre-mer et réprimé des technologies des siècles en avance de celles occidentales. Ils se sont livrés à l'agression, au provincialisme, a la misère et la corruption en résultant, le tout en soumission aux préceptes d'armes de leur certification mandarine.

Des Apprentis brillants ont déclenché un âge d'or de technologie occidentale ; ils ont presque entamé celui comparable sous les empereurs-dieux, les Wu des Han (156-87 AEC),  les Taizhong des Tang (599-649) et les Yongle des Ming (1360-1424). Au lieu décrût-ils sous le contrôle de mandarins subséquents. Rien n'amortit la créativité comme l'exigence d’une certification scolaire pour chaque position de responsabilité. Voici l’avant-dernière mauvaise alternative (bien que peut-être la mieux rangée) si des circonstances transitoires exigent le renouveau social. L’option évidemment la pire, c’est la promotion par voie de la brutalité : l'alternative d’armes spontanément cultivée lors de crises martiales et leurs dénouements de suite. 

Les attributs conjoints de mandarinats et de systèmes universitaires se dévoilent autant en Chine antique qu’en Occident contemporain. La forme et l'aspect prennent l’au-devant du contenu et du résultat : les moyens permis justifient une fin lamentable. Chez les deux, l'empaquetage a de l’importance supérieure au contenu. Les questions « qui » et « comment » éclipsent celles « pour qui » et « pourquoi. » L’obligation universelle devient de montrer des bonnes intentions (et de ne pas trop basculer le canot.) Cet engagement supplante la menace des conséquences imprévues en aval et leurs suites catastrophiques. 

Nous allons devoir basculer le canot en réaménageant sa charge et cela vigoureusement et vite, afin d’éviter le chavirement avant la prochaine série de rapides en approche torrentielle. 

 

« La fin justifie les moyens. » Formulée d’abord par le poète romain Ovide, Machiavel s’en servit dans son livre, Le Prince. Plus tard, Hitler et ses écuyers en firent autant. En d’autres mots, leur résultat héroïque en principe justifie des méthodes démentes. Pour Hitler, etc., leurs conséquences et moyens ont équivalu en démence. Grâce à eux, notre discussion des fins et des moyens aboutit en cul de sac. De nos jours, la prévision de conséquences valables se dissout dans l’examen au microscope de moyens insignifiants, conduit de préférence par litige. Cette contradiction de Hitler est passé en revue à pas d’oie du moment que quiconque préconise un bon résultat à son propre compte. Dis-moi, s’il te plait, qu’est-ce qui nous prend de citer Hitler l’un à l’autre, en discutant des valeurs morales ? 

Je cite Mein Kampf dans quelques chapitres ici, avec grande circonspection d’ailleurs. Quand il parle d’un certain sujet dans ce texte et révèle ses intentions d’armes à l’encontre de celles paisibles dans ce texte. En citant Hitler hors de propos, je risque d’encaisser la censure des deux côtés de l’allée centrale. De toute façon, je pressens que certaines personnes nieront l’entièreté de mon texte sans en avoir lu la moindre partie, et s’empareront de telles citations comme leur excuse. Tant pis ! Je trouve flattant d’être renié par de tels esprits renfermés.

Quant à ce sujet, j’habite la terre en armes et dois donc me servir du matériel que j’y trouve. Si j'avais restreint mon analyse à rien que des textes paisibles serviables, je n’aurai jamais rassemblé cet ouvrage. En grande partie, ceux pareils ne survécurent pas la revue critique des mentors dominants d’armes.

Sur cette planète, l’ultime prix littéraire de la paix, c’est le refoulement de son texte par l’industrie du livre, (comme insuffisamment « commercial ») son incendie par un fanatique ou interdit par la religion ou l’idéologie du jour. Être niés de cette manière, moi et mon œuvre, cela nous honore.

En fait, la formule du monde réel est beaucoup plus précise en ce qui concerne ce débat, puisqu’elle repose sur l’aboutissement. Les fins se rangent en parallèle des moyens ; la qualité des fins justifie celle des moyens. Si uniformément obéis, les bons moyens produisent des bonnes fins et ceux mauvais engendrent celles mauvaises. Une bonne fin ne justifie jamais un mauvais moyen ni n'en revient. Tour à tour, les mauvais moyens ne scorent presque jamais un bon but. La première apparition de mauvais moyens sans correction immédiate mène le plus souvent à la saisie du pouvoir par rien que des mauvais moyens à partir de là. Nul besoin d’attendre d’inévitables fins mauvaises avant de rétablir les bons moyens et assurer donc une meilleure fin.

Tout ça devrait être incontestable mais ne l'est pas, grâce à notre abus assidu de cette citation d’Hitler. Abusant de ce mythe d'armes, ses menteurs ont forcé la conclusion que les moyens doivent être de médiocrité acceptable, alors que les fins peuvent être renvoyées. Selon notre préjugé le plus à jour, les bonnes fins ne sont plus pertinentes, et nos meilleurs moyens, sans doute impraticables. Voici comment parvenir à affamer des bébés par centaines de millions chaque année sans opposition concertée, et permettre en même temps la dépense de milliards par an, sans jamais en allouer au monde paisible.

Une illustration intéressante de ce mythe d'armes se trouve dans le paradoxe que décrit Dostoïevski concernant l'utopie. Je crois l’avoir trouvé dans le chapitre « Le Grand Inquisiteur » de son livre, Les Frères Karamazov. Un protagoniste y fait la demande : 

« Si vous pouviez garantir l'utopie à perpétuité en torturant une fillette innocente jusqu’à la mort, le feriez-vous ? » 

La meilleure réponse ? « La torture d’une jeune innocente ne pourrait en aucun cas promouvoir l'utopie. Au contraire, un tel crime nuirait de façon certaine à cet objectif. Ton paradoxe n’est qu’un autre mythe d'armes diabolique. Tais-toi à la fin, mythomane d’armes et réactionnaire sans scrupules, et cesse d’empoisonner cette conversation ! »

 

Les Apprentis convieront des consultations presque sans limite dans l’Agora mondiale. Beaucoup de prolétariens d'info saisissent leur passion mieux que leurs semblables professionnels. Des milliers d’experts amateurs attendent d’être convoqués. Chacune de nos décisions sociales sera un chef-d’œuvre réalisé sur commande, unique et tendrement œuvré. La laocratie est pratiquement à l'horizon. 

Comme les autres de nos institutions prisées, la démocratie est le produit final de la mentalité d'armes. Ses directeurs l’ont peaufinée en un outil polyvalent qui luit entre leurs mains attendries de sang. De l’hypocrisie hautaine est tout ce qu’on peut prévoir de leur part. Ils prévoient le contrôle absolu de tous et de tout par des nouveaux systèmes miraculeux de gérance automatisée et des données mises en boîte découlant du haut en bas. Ils ont tourné le dos aux solutions de rechange menées par des Apprentis à partir de racines populaires évidemment préférables. 

Comme la plupart des technologies paisibles globales que nous allons nécessiter, nous pourrons tirer des meilleures solutions de rechange directement de l'étagère des technologies d’armes et les rebrancher au bénéfice honnête du monde paisible. 

Alexis de Tocqueville s’est pris des grandes peines pour distinguer les responsabilités administratives de celles gouvernementales. La démocratie en Amérique fut son excellente photo « avant » des politiques américaines. 

En principe, le gouvernement se focalise sur les problèmes d’enjambement national : affaires étrangères, stratégie militaire, commerce outre-mer et d'autres fonctions d’intérêt global. Il doit s’en occuper exclusivement et abandonner d’autres issues. Le gouvernement se concentre en haut dans la capitale, vers l'extérieur dans l'espace et à l’avenir dans le temps. Celui supérieur traite d’engagements à longue portée avec bienveillance désintéressée. Il luit quand le désastre accable les services locaux, quand les exigences se réduisent en quanta simples de sustentation, d'abri et de sécurité. S’il fonctionne bien, il réduit la misère collective, quoique des locaux, emballés par l’avarice et la crainte, aient tendance à aggraver une situation déjà pénible. 

Cette capacité gouvernementale fut dramatisée dans la version filmée par Frank Kapra du livre de John Steinbeck, The Grapes of Wrath (Les raisins de la colère) Des employés fédéraux pouvaient fournir aux pauvres migrants des logements sécurisés, sanitaires et peu coûteux, alors que les locaux n'en étaient ni capables ni bien disposés.

Du côté négatif, l’intervention gouvernementale tend à s'amplifier au-delà de toute utilité pratique. A la longue, ces bureaucrates empoignent des responsabilités trop sensibles et diverses. Quand leurs échecs se multiplient, leur sens de responsabilité se brouille. Les apparences superficielles surmontent le bon sens ; la corruption et l’hypocrisie remplacent la sagesse fixe. 

Après tout, à moins qu’une révolution sanglante n'opprime ces bureaucrates, ils goûtent du monopole sans entrave et se permettent des imperfections que la concurrence honnête supplanterait. La seule rivalité politique en force dans un Etat d’armes, c’est la révolte militaire : celle la moins capable de promouvoir un remplaçant efficient et paisible.

Les propos officiels sont assez fleuris et fallacieux pour permettre à leurs promoteurs bureaucratiques de mieux s’isoler d’erreurs évidentes de leur politique. Ils adoptent le point de vue dégagé de la troisième personne, la voix passive (ce dont personne n’est responsable) des structures de phrase trop longues et alambiquées, et un vocabulaire chargé de jargon qui manque de sens concret. Leur prose guindée a de moins en moins à voir avec la réalité. Les responsables préoccupent leurs subordonnés de comptes superfétatoires, au lieu de leur permettre de manipuler la réalité afin de réduire ses peines. Paralysés par leur langage officiel, ces agences se rendent trop inflexibles et dépersonnalisées pour protéger quoi que ce soit hormis des intérêts particuliers et corrompus laissés soigneusement anonymes. L’avantage de la voix passive dans les actualités, c’est que ses rédacteurs n’ont plus besoin d’identifier ceux à l’ordre desquels le fait fut effectué. Constate cette mode d’emploi au prochain reportage de la négligence criminelle d’intérêts.  « De tel fut décidé (ou fut refusé d’être décidé)… donc des enfants en grands nombres doivent souffrir. »

Si ces responsables criminels étaient identifiés à chaque opportunité, leurs crimes et leur mauvaise portée s’écourteraient.

 

Par contre, les fonctions administratives incluent l’éducation, la police, la santé, le soutien des arts et métiers ainsi que d'autres utilités et services aux volets municipaux et départementaux. L'administration se focalise vers le bas et vers l’intérieur, elle répond avec pragmatisme aux minuties de problèmes de petite envergure. Avec bon équilibre et diligence, elle corrige l’abus en localité et gratifie le besoin particulier. 

L’administration locale se décompose lors de catastrophes et guerres, quand elle tend à intensifier la bigoterie d’élites locales. Aux dépens de l’impuissant, elle favorise quelques insatiables et leurs subordonnés. Sous ces contraintes pesantes, l’administration de longue date met en évidence le côté nasard du comportement de meutes de carnassiers : des voisins alpha dominants obtiennent priorité de vie et de mort, et les personnes bêta subalternes tombent comme leurs proies. 

Dans de meilleures circonstances paisibles, ces administrateurs délèguent leurs responsabilités de gérance aux participants de base au moyen d'associations publiques et sources indépendantes d’actualités. L'enchaînement complexe dont parle De Tocqueville : de service volontaire et d’engagement électoral, rend chaque participant le responsable en particulier de chaque matière en localité. Attirées dans les politiques locales d'info, les bons citoyens s'inculquent des principes fondamentaux : 

·      en votant souvent et en détail ; aussi, si nécessaire (mon supplément) en enregistrant leur désapprobation politique par abstention bien enregistrée ;

·      en assistant en personne aux discours publics ;

·      en lisant des journaux (des sources d’information) indépendants ;

·      en participant pleinement aux fonctions de jury ; et

·      en se présentant pour une multitude d’offices publics également limitatifs et promouvant du pouvoir, et en servant au-dedans. 

Avant tout, chacun prend réplique de ses pairs communautaires les plus consciencieux : aussi attentifs au bien-être commun qu’à leur avantage privé. En effet, ils considèrent les deux inséparables : qui bénéficierait le plus les autres, en bénéficierait d’autant plus. Hypocrites, larcins, manipulateurs, lâches et incompétents : tous seraient exposés par l’enthousiasme populaire et chassés du service public. Cette transparence intégrale devient le plus grand atout des administrations d’Apprentis. 

Les gouvernements actuels ne peuvent profiter de cette transparence. Leurs dimensions et exigences d'armes ne le leur interdisent à moins qu'ils ne soient tenus au stricte régime de la mentalité paisible. Le monde paisible s’adaptera afin d’y parvenir.

 

Dans La fin du travail, Jeremy Rifkin maintient que les associations volontaires forment la colle qui tient ensemble une collectivité pluraliste. La Russie d’après le communisme se tortille en agonies mafieuses parce que les Soviets n'ont jamais développé des réseaux communautaires (clubs, associations professionnelles, églises) émancipés du pouvoir d'Etat. Il marque cette activité civique comme du « capital social » et le compare au « capital gouvernemental » et à celui « du marché. » Des affiliations paisibles équilibreront ces trois formes de capital. 

Les Etats d'armes lèguent le capital social au quatrième rang, alors que les capitaux du gouvernement et du marché luttent entre eux pour obtenir dominance sur le capital criminel (le crime organisé.) M. Rifkin laisse tomber ce dernier sans analyse, quoique le marché noir ait toujours opéré en parallèle des marchés orthodoxes (ou crû supérieur en temps de grande misère) selon leurs efficacités relatives. 

Il prévoit que 20% de la population (tout au plus et se rétrécissant ensuite) trouvera boulot adéquat dans les arrangements économiques du futur, établis sur la connaissance technique. En attendant, l'automatisation industrielle soutiendra de moins en moins d’emplois de toutes sortes, soit musculaires ou intellectuels. Les moyennes gens feront-elles bon accueil à ce loisir imposé ? Sinon souffriront-elles des abus familiers du chômage de masse d’un Etat d’armes : cette misère leur acclimatant à la prochaine guerre ? 

Il propose que les trois genres de capital : social, gouvernemental et mercantile, doivent bénéficier de standing égal et de ressources équivalentes, ce qui permettra davantage de monde de demeurer employé et productif. Sans quoi, le crime organisé se réintroduira en force. Après tout, combattre la loi avec succès et maintenir ce combat contre sa résistance active, ce sont des compétences techniques acquises, particulièrement dans un environnement démuni d’autre emploi. Le capital criminel, (que M. Rifkin ne signale même pas) c’est le remplaçant du capital social : sinistre image en miroir du point de vue de la technologie d'armes. 

Cette triple recommandation fournit trois solides pieds de tabouret sur lequel asseoir une inédite renaissance d’Apprentis. Trois justifications pragmatiques étayent cette triade. 

·      Elle permet à une société paisible d'éliminer la dominance du capital criminel et ses frais inacceptables ; quoique ce paradoxe social demeure habituel dans les sociétés d'armes, parmi d’autres contradictions choyées. Du reste, une petite dose de criminalité aide à lubrifier une civilisation trop enrégimentée, quand des règles trop dures sont mises de côté en faveur de moyennes gens, au lieu d’être souscrites à leur dol. Les meilleures lois sont draconiennes mais presque jamais mises en force car restreintes par droits d’appel réitérés. La tradition tolérante d’Amsterdam, Gedogen (illégale mais tolérée) sera adoptée dans chaque cas d’application bien sécurisée.

·      Alors que moins de gens trouveront emploi orthodoxe, de moins en moins de revenu de taxe seront disponibles pour créer des nouveaux produits et maintenir la production industrielle. 

·      Avec l’évaporation de bénéfices ouvriers, des fonds de retraite en contraction fourniront de moins en moins de capital d'investissement pour nourrir la croissance industrielle.

 Ces trois préposés menacent d'étrangler la démocratie du dollar, selon laquelle un million de dollars équivaut à un vote. 

Ce livre esquisse beaucoup d'infrastructures qu’exigent M. Rifkin et ses démocrates du dollar pour satisfaire leurs schémas. La laocratie prédominante incorporera la démocratie du dollar comme agence proprement subordonnée, focalisée sur ce qu’elle fait de mieux mais pas autre-chose. Tandis qu'une démocratie dominante du dollar ne croise jamais une laocratie subalterne sans l’étouffer.

Selon Alexis de Tocqueville, la démocratie et l'aristocratie sont également bien disposées à la tyrannie : la première, par la gérance d’une majorité aveugle, et la seconde par celle d'une élite égoïste. A ce jour, les branches exécutives, législatives et judiciaires du gouvernement américain sont supposées étayer son gouvernement au moyen de contrôles et d’équilibres. Au lendemain, les fonctions gouvernementales et administratives contrecarreront l’inclinaison des deux de monopoliser le pouvoir, ses responsabilités et ses redevances d'impôt. 

Les Apprentis nourriront une volonté populaire éclaircie qui, sitôt mûrie, assurera ses responsabilités politiques en perpétuité. Une fois bien accordées à la productivité de la superconscience collective, de telles se rendront aussi incontestables parmi les Apprentis que les droits humains le sont parmi les Français contemporains.

La démocratie en Amérique contient des observations brillantes en nombres trop élevés pour être introduites en détail ici. Lecture recommandée. 

Ceci dit, De Tocqueville prit son cliché « d’avant » des USA pendant les années 1830s. A cette époque, les Etats-unis disposaient d’une armée de six milles hommes et d’une milice omniprésente, d’une marine de guerre caduque mais d’une flotte marchande parmi les plus importantes au monde. Son petit gouvernement fédéral fut soigneusement lové en éclosion dans un marais insalubre. 

Vivifié par la guerre contre la Mexique, celle civile et sa reconstruction ratée, le parti d'armes américain subit la méiose de ses diploïdes républicain bananier et démocrate du dollar. Il s’est segmenté ensuite en quatre gamètes haploïdes duplicatives : centriste, conservatrice, réactionnaire et fasciste. Depuis lors, ces larves ont grossi des suites d’une succession de guerres impopulaires. Par intermittences paisibles en diminution, la tyrannie d'armes a mûri plus ou moins à l'aveuglette. 

A l'heure actuelle, dans le cliché « d’après » ; l'Amérique souffre de gangrène militaro-industrielle : ce fléau plus toxique que celui qui affligea la France pendant le Troisième Empire fréquenté par de Tocqueville. Ce régime corrompu traîna la nation française en décennies d’écroulement financier, de scandales politiques, d’aventures impérialistes et d’ultime désastre militaire. 

Les Etats-unis disposent d’une force armée comptant un million et demi, avec huit cents mille réservistes en appel permanent, mais d’aucune milice réelle (en dépit de sa constitution qui revendique l’opposé.) Nous retenons des forces navales et aériennes au moins deux fois supérieures à toutes les autres concertées, et pour ainsi dire aucune marine marchande. Les militaristes américains présenteront leur National Guard et la désigneront la milice, bien qu’elle ne soit en réalité qu’une réserve stratégique (et souvent tactique) pour l’armée régulière : sans valeur, entraînement ni fonction locale, sauf peut-être celle de s’enfler cent fois multiples pour mener le prochain paroxysme de guerre mondiale ou guerre civile renouvelée in extremis

Nous autres Américains avons scellé notre transition de la tyrannie républicaine à celle impériale en passant de l’appel universel à celui volontaire de l’armée de métier. Soit simple signe diagnostique ou enclenchement obligatoire, ce fut indispensable pour déclencher la pétrification de la république d’armes d’entre les deux âges, dans celle sénescente d’empire ; que ce soit en Amérique, en ancienne Rome ou en France contemporaine. Combien longtemps ces nouveaux empires dureront-ils : des années ? Des décades ? Pas plus, je crains.

La capitale de l’Amérique est un travesti : là où les intérêts les plus riches au monde occupent des vestibules en marbre, semblant parfaitement à l’abri, alors que des taudis parmi les plus malsains du pays les environnent de près, administrés sans représentation par ces mêmes intérêts bourrus au Congrès, à leur bénéfice et au détriment du bien public. 

A ce jour, des républicrates et démoblicains américains dirigent, au nom du « bipartisme » un parti de consensus d'armes sous le contrôle centralisé de sociétés d’entreprise. Un côté ou l’autre peut toujours trouver bonne raison pour bloquer l’évolution de la gouvernance, souvent en dénie absolu de leurs promesses électorales et votes précédents. L’Amérique s’est rendue en république bananière dont la mauvaise gérance est devenue l’unique expertise de ses politiciens. 

Des péquenauds qui tiennent l’urbain en horreur prédominent dans les politiques américaines déséquilibrées exprès pour subsidier des circonscriptions conservatrices rurales et suburbaines, et surtaxer celles progressives urbaines dont les infrastructures et services vitaux sont systématiquement cannibalisés pour offrir des cadeaux faciles aux autres. Tout cela est routinier en dépit de massive désapprobation populaire, ouvertement et sans censure autant dans les législatures d’états qu’en celle de la nation. Les fonctions exécutives et les cours, pareillement.

Le revenu de quinze pour-cent ou plus de la population provient d'impôts ou des rejets de prison. Beaucoup moins qu’un pour-cent possède presque tout et ne remet presque aucune contribution — à la Victorienne. La classe inférieure s'érafle pour subsister. Imposé à la limite de son endurance, soit indirectement soit en directe, elle ne peut gagner de quoi subsister alors que ses appuis sociaux sont systématiquement décousus. Une minuscule élite de parasites s’accumule richesse superflue et la bourgeoisie s'évapore dans la chaleur de friction entre ces deux groupes. 

 

D'autres civilisations ont enduré de tels affaissements, notamment celle romaine. Elles ont réagi à la menace en crête dont elle se sentit envoutée. L'empire romain manqua de barrières maritimes et monticoles ; il s’est donc ruiné sur des chaines de fortifications indéfendables mais pour autant étendus, ramifiés et coûteux que le grand mur en Chine. Enfin de compte, la corruption et la peste ont creusé un vide militaire au-dedans de cette mince croûte, qui aspira ses destructeurs, pauvres et avides de butin, d’en outre.

Des gens évoquent, leur voix adoucie en déférence, le constat que ce grand mur soit un des seuls objets façonnés en évidence depuis l'espace orbital, hormis les alignements lithiques de Carnac et quelques mines géantes à ciel ouvert. Ce mur est en réalité une autre tumeur monstrueuse de la technologie d'armes ; sa visibilité depuis l’espace, un autre mythe d'armes. Il n’est pas visible car fabriqué de pierres locales et décousu en de nombreuses barrières moins longues donc indifférenciables du terrain ambiant, à l’exception de certains segments affichés au radar depuis basse orbite. Le gouvernement chinois désigne ce grand mur comme symbole viril de sa grandeur (quant à sa mentalité d'armes.) En attendant, le Chinois moyen regrette (par consciencieuse mentalité paisible) les cadavres oubliés d’esclaves affamés que renferment tous les quelques mètres de cette « longue cimetière. »  De même, le Canal impérial creusé avec la perte de deux sur cinq millions de ses artisans, passé en revue ensuite par une flottille impériale surchargée d’opulence, de flagornerie et de gloriole.

 

Les corporations commerçantes présentent les pires attributs autant administratifs que gouvernementaux. Imitant l’administration malsaine, elles se récompensent de l’abandon de vertus civiques, quittes de leurs crimes sociétaux et environnementaux. Tel qu’un gouvernement outrancier, elles sont trop monolithiques et maladroites pour assurer leurs tâches administratives sagement. Elles ont hérité des pires traits de l’ancienne mentalité agronome et de ceux pareillement mauvais de celle pastorale. Comme dans le cas d’anciens fermiers, leur légitimité repose sur la coercition sociale de la part d’une hiérarchie pyramidale d'armes, ainsi que son exploitation implacable de ressources non renouvelables et de gens plutôt largables. Comme dans le cas des gardiens de troupeau, elles se considèrent fort mobiles, attachées à aucun territoire particulier et garantes de personne hormis leurs doyens : une meute d’actionnaires et de cadres qui se votent les uns aux autres des augmentations immérités. 

Comme des syndics criminels, elles sont des organes dissimulés du gouvernement. Plus ou moins attachées aux agences orthodoxes de contrôle, elles satisfont les intérêts clandestins de puissants commanditaires privés, et abusent avec cynisme et malveillance les conséquences inattendues dont elles sont responsables. 

 

Dans l'agora virtuelle à venir, les sociétés commerçantes et des regroupements d'intérêt particulier pourront contraindre leurs associés de voter en bloc. Le vote doit demeurer secret et volontaire pour contrecarrer cette tendance, quoique le suffrage secret cache souvent de la malfaisance politique. Des groupes de surveillance publique et de consommateurs privés gagneront égalité d'accès aux réseaux politiques. En d'autres mots, dans une politique d’Apprentis, la richesse toute simple cessera de se traduire en pluralité garantie. 

 

Privés de droits, des milliers de groupes minoritaires bouillonnent sur la terre en armes. Ce n’est pas étonnant, puisque nous permettons à cinq mille nations terrestres de concurrencer pour plus ou moins deux cents certificats de pouvoir d’Etat. Des paysans ruinés résistent la troupe la plus impitoyable de gangsters en localité, sinon endurent leurs abus en silence imposé. Terrorisés, ils se sauvent de leur patrimoine dans des ghettos urbains en carton saturé de vidanges et à travers des pseudo-frontières en tresses dans des trous pestilentiels sponsorisés par l’ONU. Sur le terrain, des volontaires non gouvernementaux et des employés de l'ONU opèrent comme héros pour réduire leur misère. Souvent sacrifient-ils leur tout y compris leur vie. Que leurs chefs se prouvent aussi bons par moitié que Fred Cuny, avant qu’il nous fût arraché par des psychopathes ! 

La situation actuelle est corrompue par la realpolitik coutumière des directeurs d'armes qui dirigent l’ensemble du haut en bas. Des réfugiés fourmillent par dizaines de millions avec encore plus déracinés chaque jour. Il n’est plus question d’aménager leur déroute en panique afin de réduire ses pertes et coûts horripilants. Il est temps de restaurer les conditions de vie dans leurs pays d’origine au point qu’ils se sentent suffisamment en sécurité pour demeurer chez eux ou rentrer en maison s’ils ont fui. Cette suggestion s’applique aux réfugiés politiques et militaires ; ceux paisibles climatiques doivent être rassemblés en régions urbains près de l’eau potable et de nouvelles installations portuaires situées en amont de ceux actuels.

Ici aussi, des exigences antinomiques ont saisi prise. Les directeurs d'armes cherchent à entremêler des groupes disparates en ensembles bien enrégimentés. L’idéal d’armes comporte une vassalité urbaine homogénéisée, dominée par des élites internationales identiques (c'est-à-dire identiquement corrompues : des chefs honnêtes ne conforment pas assez aux intérêts spéciaux.) Afin d'étayer ce régime d’aliénés, ils créent des exemples en démontrant ce qui advient à ceux pris du mauvais côté de la voie. Grâce aux « efficacités modernes de production » des élites d'info osent déclarer surplus des peuples entiers et ignorent les suites monstrueuses de leur verdict. 

 

Pour aucune bonne raison, la technologie d'armes nous réclame un effort collectif extraordinaire. A l’avis d’un instant, nous devons laisser tout tomber pour privilégier la fabrique de divisions mécanisées, de flottes navales et d’aviation en nombres dépassant de loin ceux de la deuxième sic guerre mondiale. Leur puissance de feu et mobilité doivent être supérieurs et leur manufacture, prendre moins de temps. Afin de rattraper ces quotas fantasques de quatrième sic guerre mondiale, nous avons dû accroitre un excédant de population et d’industries écocides, de façon aussi ruineuse que possible. 

Nous combattons déjà la troisième sic guerre mondiale, tandis que nous en parlons : la guerre contre la terreur, contre les drogués et celle de nous autres contre tous ceux-là : toutes celles que nous avons eu la crédulité de stipendier. Même si celle quatrième sic n'éclate jamais, sa facture gargantuesque nous échoira bientôt. Personne, à part les Apprentis, ne sera en mesure de la défrayer soit renégocier son défraiement ; surtout quand nos réserves de pétrole s’épuiseront dans quelques petites années du point de vue pragmatique.

Les grands Etats d'armes ont une compulsion primaire : amasser assez de capitaux, d'usines et de personnel en surplus pour soutenir des armées modernes sur pied de guerre. Selon ces élites, le gâchis en résultant est entièrement justifié. Autrement, autant que grandit un Etat d’armes, d’autant diminués seront les besoins de son prolétariat. En cela ressemblent-elles à la plupart des agrégats humains. Autant petite la nation, autant lui sera-t-il facile de maintenir des contacts particuliers de responsabilité civique et de dialogue civilisé entre son gouvernement et ses citoyens.

 

« L’égalité ne peut être préservée qu’au moyen du fédéralisme [voir http://plato.stanford.edu/cgi-bin/encyclopedia/archinfo.cgi?entry=federalism]; et elle advient plus fréquemment parmi eux [les anciens] qu’au monde moderne. Si la répartition du pouvoir partagée entre plusieurs éléments étatiques est l’entrave la plus efficace de la monarchie, celle du pouvoir partagée entre plusieurs Etats est la meilleure à l’encontre de la démocratie. En multipliant les centres de gérance et de discussion, elle promeut la diffusion de savoir-faire politique et maintient la vigilance et l’indépendance de l’opinion publique ; elle est la protection des minorités et la consécration de l’autogérance. » Lord John Emerich Edward Dalberg Acton, The History of Freedom (L’histoire de la liberté) McMillan and Company, Ltd, London, 1909, pages 20-21.

 

Hitler récapitule commodément les avantages militaires d’un grand Etat. 

Citation de :  http://sunsite.org.uk/packages/Online-Book-Initiative/Adolf.Hitler/unpacked/mkv1ch04.html

« L'étendue du territoire national est un rapport déterminant de la sécurité externe de la nation. Le plus vaste le territoire dont dispose un peuple, les plus fortes ses défenses nationales. Des décisions militaires sont acquises avec meilleures célérité, facilité, complétude et efficacité contre les habitants d’un territoire national de superficie limitée, qu’à l’encontre d’un Etat en possession de territoires extensifs. D'ailleurs, l’étendue du territoire national est en soi l’assurance incontestable qu'une puissance étrangère ne risquera pas une invasion à la hâte ; car, dans ce cas, la lutte devra être de durée exténuante avant que la victoire ne puisse être espérée. Le risque étant si énorme, il faudra des raisons extraordinaires pour une aventure si belliqueuse. De ce fait, l'étendue territoriale d'un Etat fournit la base sur laquelle sa liberté et son indépendance nationales peuvent être maintenues avec facilité relative ; alors qu’au contraire, l'Etat au territoire menu offre une tentation naturelle à l'envahisseur. » Adolph Hitler, Mein Kampf, Vol. I, Chapitre 4. 

 

Le plus restreint le secteur de représentation politique, les plus sensibles aux besoins de l’électorat ses élus demeureront. Des organes politiques plus menus, indépendants et autonomes s’adresseront aux revendications de leurs électeurs de manière fiable. Gandhi indiqua quelque chose de semblable à un auditoire sceptique d’administrateurs britanniques : « Il est mieux d’être mal gouverné par les siens que d'être gouverné sagement par des étrangers. » Encore mieux, d’être sagement gouverné par les siens.

Autant vaudrait consigner ton vote à un ouragan qu’aux partis politiques de masse contemporains. Comment leurs minables chefs de parti peuvent-ils représenter les intérêts de tous avec équité, équilibre et exactitude ? Comment osons-nous confier nos aspirations particulières aux arrières chambres interchangeables de politiciens égoïstes ? Il est ridicule de spéculer qu’un ou deux ou moins que des milliers de partis politiques puissent articuler tant d’exigences divergentes. 

Il nous faudra une Agora beaucoup mieux reliée et avertie : retenant un réseau nerveux si sensible, pétillant et truffé de faits triplement vérifiés qu'elle tomberait paralysée sous les contraintes de la terre en armes et ne demeurerait libre qu’au monde paisible.

En se subdivisant en groupes moins extensifs et les redéfinissant, des partis politiques augmenteront le pouvoir de leurs adhérents. Une telle redistribution de pouvoirs privera les élites d'armes de deux avantages déstabilisants : l’économie d'échelle dans la vente d'influences politiques et le contrôle en monologue des médias de masse. Elle rendra superflue la seule tâche à laquelle ces élites se prouvent certainement les mieux adaptées : élever précipitamment de gargantuesques forces armées. De leur point de vue, cet unique talent justifie chaque malhonnêteté particulière, incompétence institutionnelle et malheur imprévu dont elles devraient se reprocher. 

Au 20e siècle, des spécialistes auparavant suprêmes : militaires, politiques et de trésorerie, ont dû prendre arrière place, remplacés par des directeurs de corporations d’entreprise qui avaient maîtrisé tous les fondamentaux de la guerre mondiale : propagande de masse, production industrielle, extraction de ressources et suppression de toute recherche scientifique sauf celle militaire. 

En 1602, la République hollandaise établit la première compagnie (mercantile) d’actions conjointes, afin de saisir du butin colonial et le défendre militairement ; suivie bientôt par les autres Etats impérialistes. Elle finit par se ruiner sur le prix en décroissance exponentielle de bulbes de tulipe (figure-toi ça !) Aujourd'hui, des techniciens d'armes dirigent chaque Etat souverain, si seulement de manière indirecte. Beaucoup d’entreprises transnationales jouissent davantage de ressources que la plupart des nations. Et les bulles économiques qui mèneront tout à la ruine seront encore plus ridicules que le prix stratosphérique de tulipes.

 

Les clergés corporatifs de civilisations précédentes se sont rendus désespérément corrompus. Cela leur est arrivé tôt ou tard, soit leurs bonnes intentions, discipline et honnêteté au préalable ; cela adviendra à n’importe quelle organisation qui se présume capable de régir l’ensemble à l’unilatéral. L’honnêteté et la compétence à longue échéance nécessitent une compétition permissive et permanente. Toute « victoire permanente » d’un côté ou de l’autre, (les particularités de ce côté hors de propos, pourvu qu’elles restent honnêtes) aboutira cumulativement en corruption et incompétence du vainqueur.

Dans d'autres circonstances, la noblesse et la prêtrise se sont disciplinés avec plus grande sévérité que les membres de la classe marchande dédaigné par ceux-là. Ses membres, dont les moyens furent strictement limités et de moralité correspondante, ont vu leurs ambitions récompensées par la fraude marchande, l’usure d’armes, la surenchère d'impôts et le commerce de la famine. Que leur provenance ait été babylonienne, de la Chine antique ou de l’Europe féodale, ces individus ont servi comme agents de répression favoris des tyrans. Les descendants les plus prospères de ces scélérats ont formé la bourgeoisie originelle. Pendant la guerre froide, la police secrète et les bureaucraties totalitaires ont recruté le même genre d’individu avec autant de succès. En proportion que ces gens sont devenus puissants et bien reliés, la flagrance de leurs délits institutionnels a crû. Leurs méfaits illustrent une tire à la ligne frénétique entre le pouvoir particulier, administratif, gouvernemental, civique, corporatif et criminel : chacun luttant pour dominance en refusant aux autres l’efficacité maximale qu’ils exhiberaient dans leur milieu optimal de compétence.

Les dépensiers inutiles à l’échelon global se présentent en deux catégories :

·      deux cents gouvernements tout-puissants qui rassemblent d'énormes fortunes par surtaxe d’armes. Ils minent des administrations affamées, dispensent au compte-gouttes subsistance minime à un prolétariat d'info de misère ingéniée, et graissent la paume des riches avec de massives subventions publiques; ou 

·      deux cents hommes d'affaires (ou une vingtaine ou deux millions) davantage riche que la faible moitié de la même population. 

 

Les administrations d’Apprentis traiteront de la plupart des responsabilités collectives avec des associations électives et volontaires comportant ceux directement touchés au raz des pâquerettes. Ce schéma sera intratribal, égalitaire et anarchique ; donc dépendant sur le respect, l’égalité et la conformité au palier individuel. Les responsabilités et les droits particuliers domineront pareillement les priorités administratives et celles gouvernementales. Ceux publics tomberont au palier le plus bas à partir duquel elles pourront être manipulées avec efficacité. La plupart des délégations d'autorité (et surtout des recettes fiscales) devront favoriser l'administration aux paliers inférieurs par-dessus ceux plus élevés, et l'administration intermédiaire par-dessus le gouvernement. 

Si des responsabilités politiques incombent à un palier trop bas (manquant de fonds pour les défrayer), ses adjoints devront les déléguer au prochain palier supérieur. Si maintenues à un palier trop élevé, elles doivent être rendues à celui inférieur capable de les administrer avec plus grande efficacité, comme déterminée par l'électorat directement touché. A moins du désastre et de la guerre, aucun palier politique ne doit consolider des responsabilités qui fonctionneraient mieux à celui inférieur et davantage décentralisé. 

« La communauté des peuples du monde, vivant ensemble sous gouverne, ne sera pas une société de nations mais une collectivité d’hommes divisés en sous-ensembles uniquement selon les subdivisions du gouvernement local. » Mortimer J. Adler, Comment penser de la guerre et de la paix, Simon and Schuster, New York, 1944, p. 120.

Une lecture essentielle à l’Apprenti aspirant. 

Les débats d’Apprentis se rendront en mesures de référendum automatisé ouvertes aux audiences publiques à travers la communauté. Toutes les lignes budgétaires, directives et lois auront à courir le gantelet d'examen minutieux et de veto public de la part de chaque citoyen intéressé. Les votes en temps réel seront tabulés au quotidien par machine. Absents ces moyens numériques (car non fiables), des rassemblements politiques de ceux concernés seront enjoints selon la nécessité. De plus en plus de dialogues s'épanouiront entre des élites et des prolétariens d'info, jusqu’à la dissolution de cette dichotomie de classes. 

Chacun pourra offrir la moitié de ses impôts à ses projets favoris et nier l'autre aux articles en ligne particuliers. Le peuple sera donc permis de voter par référendum populaire (autant au palier gouvernemental qu’à ceux administratifs) en opposition des lois les pires et en faveur de celles préférables. Des intérêts particuliers et corporatifs ne jouiront plus d’exemptions administratives. 

Le partage de tels pouvoirs sera impensable sans stipuler d'avance que les Apprentis doivent poursuivre la vérité et la justice de manière persévérante — et en être enjoints à chaque opportunité, surtout pendant leur Apprentissage d’enfance. Ils devront fonder leurs décisions sur les meilleures données possibles. Ces conditions seront bien servies par l’Apprentissage approprié. De telles habitudes doivent être rapidement réapprises par tout le monde. 

La foule, devant laquelle tremblent les démocrates du dollar, elle serait beaucoup moins redoutable si elle comportait des citoyens mieux informés, davantage consciencieux et autodisciplinés : également conscients de leur liberté et de leurs devoirs au moyen de leur apprentissage systématique de tels.

L'adversaire le pire de la laocratie, c’est un apparat de journalistes entièrement dévoué aux élites d'armes. 

Quelque chose d’important fut découverte en Pologne lors du pire de sa répression politique, juste avant l'effondrement du gouvernement communiste. Son bureau central de propagande ne pouvait pas maintenir la cloison étanche entre la vérité et son suppléant de mésinformation. Les leviers de propagande se sont prouvés davantage maniables quand des maîtres d'armes semblables, triés à la main pour leur orthodoxie politique, sont restés garants de la désinformation décentralisée. 

A l’heure actuelle, cette même confrérie de maîtres d'armes – effectivement décentralisés mais collectivement motivés – domine la plupart des organes majeurs de nouvelles : en particulier les monopoles américains de désinformation. Des sociétés commerçantes et des chambres de commerce écartent l’attention des médias d’issues importantes vers celles insignifiantes servant mieux à la gérance d'armes. Cette tendance sera renversée. Beaucoup d’agences d’actualités indépendantes défieront la poignée responsable pour le focus actuel du reportage corporatif (ou manque de tel.) Faisant enfin face à une concurrence propice, les médias orthodoxes seront contraints de représenter un étalage extensif d'opinion publique. Face à la compétition honnête, pour changer un peu, ils devront lancer des appels de réforme progressiste afin de gagner la loyauté de leurs clients.  

Mais parlons un peu plus de l’objectivité louée de la presse. 

Constate-moi et mes écrits, par exemple. Je suis franchement de parti pris : catégoriquement opposé aux Répugnants de toute striure qui ignorent leurs limitations et organisent donc le prochain hyper désastre. Un lecteur d’Apprenti peut constater ce biais et y réagir comme il lui plaira. Je n'ai pas grand-chose à cacher. Je suis également opposé à ceux qui insistent qu’ils soient sans biais simplement parce qu’ils ignorent le leur, soit par opportunisme soit par illusion. 

Tu n’as pas le droit de te considérer impartial si tu es hostile à tous les points de vue sauf le tien ; ainsi qu’un culte d'Etat ne peut être considéré tolérant si son gouvernement par procuration supprime les autres cultes. Cette forme d'impartialité s’appelle l’inquisition ou son équivalant ailleurs, (islamiste, hindou, bouddhique, confucéen, chacun dirigé par des psychopathes actuels), qui supprime avec impartialité chaque autre croyance. 

Voici la routine du journalisme occidental : supprimer tous les points de vue non le sien et désigner ça de l’impartialité. Son manque de biais est confirmé avec chaque nouvelle suppression de point de vue, soit sa provenance politique de droite ou de gauche. En d'autres mots, autant qu’il se rend étouffant, autant d’histoires qu'il passe en silence ou déforme par le biais de sa sélectivité éditoriale, autant de celles qu’il ignore, que l’un ou l'autre côté trouve importantes; autant impartial et objectif se croit-il permis de se désigner. Que cela lui est commode ! 

Je désigne cette stratégie celle de Tito ou de Saddam Hussein : punir les deux partisans de chaque dispute et s’en prétendre objectif. 

Cette sorte de presse et son élite d'info peuvent adopter leur politique considérée la plus opportune, mais demeurer impartiales selon leur définition. Elles peuvent accepter chaque abus fasciste qu'elles trouvent utiles à court terme, (comme certaines administrations présidentielles en Amérique) mais s'appeler « modérées et objectives. » Elles pourraient aussi bien adopter une politique progressiste, mais n’en parviennent jamais parce qu'elles ont stérilisé l’aile gauche politique aux Etats-Unis au nom de la « modération. » 

En Amérique, on t’appellera gauchiste délirant (looney leftist) si tu cherches à préserver des protections constitutionnelles établies il y a cent ans ou plus. De sorte, des conservateurs centristes sont stigmatisés comme des gauchistes. 

Il n'y a pas d’aile gauche dans les politiques américaines, telle qu’elle serait comprise en Europe et ailleurs. Les droitistes sont libres de distordre et ignorer la constitution selon leur avantage. Tous les quelques cycles électoraux, ils poussent cette nation à droite par une ou deux décliques du crochet— de plus en plus loin du centre politique toujours plus périmé et marqué actuellement comme « l'extrême gauche. » Quant aux centristes, ils sont tirés de plus en plus vers la droite (seulement un peu moins vite) durant leur détention provisoire du pouvoir. 

Les abus de la droite ultra sont préférés par l'élite au pouvoir, tels qu’en Allemagne Nazie, car davantage ouverts à l'avarice monopoliste, à son inévitable brutalité et sa suppression de dialogues politiques. L’ultime aboutissement sera toujours tristement semblable, à moins d’une transformation massive. Le seul changement sera l’appellation du parti au pouvoir, de national-socialiste à national-capitaliste, pour mieux exprimer le corporatisme d’armes dans son cadre d’Etat-nation qui finit par régir de toute façon.

L’agence de presse des Apprentis acceptera n'importe quel point de vue pour confirmer son objectivité. Elle organisera des salles de presse bicamérales : composé d’un côté de progressistes enthousiastes et, de l'autre, ceux sinistrement réactionnaires. Les deux lobes de ce cerveau bicaméral opéreront avec le même budget et recruteront le meilleur talent en accord avec leur biais. Chacun publiera un ou plusieurs éditions de son journal ou émission (d’un point de vue de plus en plus extrême afin de satisfaire son auditoire choisi.) Chacun couvrira sa tranche de la tarte politique et acceptera tous les points de vue extérieurs qui la soutiennent. Tant que chaque point de vue peut trouver son forum sans tenir compte de son extrémisme, le système de nouvelles pourra honnêtement se désigner équilibré et objectif.

Cette salle bicamérale pourrait gérer une édition à mi-chemin, pour laquelle un côté écrit les articles et l’autre les édite, les vérifie et les met en colonne. Ils changeraient de place ensuite, comme le feraient deux enfants, l’un coupant une pâtisserie en deux et l’autre choisissant sa tranche. Ils se concurrenceront pour établir de quel côté provient le reportage le plus équilibré et objectif. Tout cela ressemble remarquablement à l’implosion des médias actuels, et pourrait bien servir aux Apprentis.

Autrement aboutissons-nous avec une très subtile agence de propagande au service d’intérêts spéciaux, indifférente à son biais ou manque de tel, tant que leurs objectifs soient atteints. Ce subtil biais peut être le plus pernicieux, comme l’on s’attendrait de l'ultime évolution journalistique de la gestion d'armes.

 

Dans Mein Kampf, Vol. I, Chapitre 10, Adolphe Hitler énumère trois catégories de lecteurs de la presse :

« En général, les lecteurs d’imprimés se trient en trois catégories :  

1.     ceux qui croient tout ce qu’ils lisent ; 

2.     ceux qui ne croient plus en rien ; et

3.     ceux qui examinent ce qu'ils lisent de manière critique et en forment leur opinion. 

Il congédie le premier groupe comme celui le plus nombreux mais le moins intelligent, et le deuxième comme inutilisable. Il conclut que le troisième groupe, de penseurs critiques, est trop petit pour atteindre ascendance alors que le premier, celui de simplets et de crédules, est le plus influent et facilement maniable.

Si l'Agora virtuelle s’établit, la vérité et le mensonge bénéficieraient d'égalité d'accès. Son troisième groupe deviendrait une majorité écrasante et tout cela poserait beaucoup moins de problèmes sauf aux ressemblants d’Hitler qui subiraient de nombreux pépins supplémentaires.

 

Les partis politiques à venir se cristalliseront autour de noyaux géographiques, économiques, culturels et religieux. D'autres clubs et regroupements d'intérêt fourniront des noyaux de politique valide, pourvu qu’ils méritent du temps de leurs enthousiastes, de leurs recherches et votes. Déjà, quelques adultes en Amérique Latine s’occupent de communidades de base étudiant la bible, promouvant leur éducation et débattant les lignes de conduite possibles dans la lumière de leur foi. C’est dommage qu’ils ne puissent choisir entre les Apprentis (non encore organisés ni au Brazil ni ailleurs) et les fascistes militaristes qu’ils favorisent au lieu. De telles communautés d’Apprentis se rendront bientôt coutumières. 

 Les Apprentis apprécieront énormément de tendresse envers leurs riverains proches et distants, pourvu que tous soient enfin affranchis au point d’exprimer leurs vraies convictions en public. Ce front chaud d’estime mutuel nous semblera prodigieux, ainsi que ses bienfaits.

« A ce jour, les gens paraissent incapables de comprendre l’amour comme concept politique, quoique ce soit exactement ce qu’il nous faut pour saisir le pouvoir constitutif de la multitude. La conception moderne de l’amour, elle est presque exclusivement bornée aux couples bourgeois et aux confins claustrophobes de la famille nucléaire. L’amour est devenu une affaire strictement privée. Nous exigeons une conception de l’amour beaucoup plus généreuse et moins étroite, devons récupérer sa conception publique et sa politique associée aux traditions prémodernes. Le christianisme et le judaïsme, par exemple, entendent similairement l’amour comme action politique qui construit la multitude. L’amour, cela veut dire précisément que nos rencontres expansifs et collaborations continues nous rendent joie. Il n’y a vraiment rien de métaphysique dans l’amour chrétien ou judaïque pour Dieu [ni celui islamique, etc.] L’amour de Dieu pour l’humanité et celui de l’humanité pour Dieu sont exprimés et incarnés dans le projet politique, matériel et commun de la multitude. Nous devons récupérer ce sens matériel et politique de l’amour : cet amour aussi puissant que la mort. Cela n’empêche pas que tu aimes ton époux ou ton épouse, ta mère ou ton enfant ; seulement que ton amour n’aboutisse pas là ; qu’il serve comme le socle de nos projets collectifs et la structuration d’une nouvelle société. Absent cet amour, nous ne sommes rien. » Micheal Hardt et Antonio Negri, Multitude: War and Democracy in the Age of Empire (Multitude : La guerre et la démocratie dans l’époque d’empire), The Penguin Press, New York, 2004, pages 351-352.

 Bientôt débarrassés de notre renvoi obstiné de l’entendement et la camaraderie, nous ressemblerons à un infirme qui, venant d’être guéri par miracle, jette ses béquilles importunes. Les Apprentis encourageront toutes sortes de gemeinschaften : communautés d'affection, pour remplacer nos gesellschaften : communautés de l’œuvre et du devoir d’armes. 

Laisse-moi répéter cette idée. Ce front chaud de sympathie sera global ; sa capacité d’inclusion, universelle — à tel point que nous ne saurions l’imaginer. 

Je suis reconnaissant au feu Randy Revell et à ses rassemblements sociaux et commerciaux sous le titre Context, Inc., pendant lesquels la tendresse spontanée de l’audience fut lâchée de façon routinière par ses employés et volontaires, et son énorme énergie créative, attelée aux projets futurs ― comme s’ils nous épataient d’une combine de magie à quiconque de dupliquer.

Les nouveaux partis politiques encourageront des communications électroniques et publiques de volontariats politiques. Ce sera à la majorité laïque des Apprentis d’avancer la politique d'information ; plus jamais à un mercenariat de désignés officiels, de tribuns de comité, de magnats médiatiques et de patrons de parti politique résolus à la réprimer. 

Une fois que ce ballon fantaisiste éclatera, nous serons consternés par l'inanité des politiques actuelles. Afin de l’expliquer, des Apprentis historiens feront appelle à l’allégorie de l’éléphant affamé gouverné par un cerveau de cafard : incapable de se nourrir même au centre d’un marché agricole. 

Cette efficacité en mesure inverse est risquée en soi. Tout le reste étant égale, il serait plus facile, par exemple, de manigancer du racisme en tant que chef de petit village, moins facile à partir d’une préfecture ou d’une région administrative, plus dur, d’un électorat métropolitain et encore plus depuis un gouvernement d’enjambement continental. Des bigots et psychopathes pourraient s’emparer du pouvoir à un certain cran de gouvernance, mais ceux actionnés par leur conscience morale se rallieront aux paliers supérieurs et inférieurs afin de les expulser. La résistance contre cette forme de bigoterie semble croître à chaque palier supérieur de gouvernance. C’est pour cette raison que la politique des grands-mères devra jouer le rôle d’observateur par-dessus tous. Elle assurera que l’universalité des droits humains surpasse les préjudices locaux en toutes circonstances sauf celles les plus insignifiantes. 

 

Fustel de Coulanges décrit, sur la page 395 de La ville antique, Librairie Hachette, Paris, 1963, l'extraordinaire degré de temps et d’attention exigé de l’ancien citoyen grecque pour satisfaire ses obligations démocratiques. A peu près une fois par semaine, il dut auditionner de nombreux discours pour formuler ses questions de guerre et de paix, de vie et de mort autant pour lui-même que pour les membres de sa famille et sa ville. Sans avoir participé pendant toute la journée, il ne pouvait pas voter. 

Murray Bookchin dit, dans The Ecology of Freedom: The Emergence and Dissolution of Hierarchy (L’écologie de la liberté : l’émergence et dissolution de la hiérarchie) Black Rose Books, Montréal, 1991, réimprimé en 1995, p. 263, qu’il ne s’attend pas à ce que le citoyen « moderne » puisse soutenir ce fardeau de liberté aux dépens de son temps libre, de ses divertissements, son busyness et ses loisirs — soit la perte de temps institutionnalisée qu’impliquent ces mots. Les Apprentis s’attendront à ce qu’un grand nombre de passionnés épaulent ce fardeau dans l’Agora du monde. 

Il serait peut-être propice d’offrir 50.000 votes automatisés à chacun par jour. 

Je pourrai ajuster 1.000 de mes votes vers mon candidat mayoral préféré, 5.000 pour un certain représentant, 6.000 contre deux candidats dégoûtants d'un suffrage pour gouverneur, 20.000 pour soutenir le prélèvement d’une université communautaire, une vingtaine pour remplir le nid-de-poule d’une rue avoisinante, 5.000 pour recommander la paix dans un bled lointain déchiré par la guerre, et 5.000 supplémentaires afin de libérer des prisonniers politiques incarcérés dans une patrie éloignée. Je pourrai me servir de 7.980 votes restants pour pétitionner la cour du monde d’adjuger si, oui ou non, il fallait intervenir par là-bas… 

Au lendemain, je pourrai changer d'avis. Une certaine atrocité pourrait me pousser à appliquer chacun de mes votes au remplacement du commissaire de police de ma métropole. 

Je pourrai choisir de rédiger un projet de loi. Je le rechercherai sur le réseau virtuel avec d'autres Apprentis intéressés et nous assignerions nos votes pour le faire diffuser et ratifier. 

Des ordinateurs traceront chaque entré de vote. Le système laocratique tabulera ces décisions sans manipulation secrète ni frein bureaucratique.

 

« L’accaparement singulier de la démocratie, c’est la tyrannie d’une majorité, ou plutôt d’un parti politique pas toujours majoritaire, qui réussit à emporter des élections par force ou par fraude. Rompre cette pointe, c’est éliminer ce danger avec le système ordinaire de représentation qui le perpétue. Les électorats inégaux n’offrent aucune sécurité aux majorités ; ceux égaux, aucune aux minorités. Il y a trente-cinq ans, on a établi que le remède, c’est la représentation proportionnelle. Elle est profondément démocratique car elle amplifie l’influence de milliers d’individus autrement dépourvus de voix dans le gouvernement ; aussi rapproche-t-elle les hommes à l’égalité en assurant qu’aucun vote ne soit gaspillé et que chaque votant contribue à l’envoie au parlement d’un membre qui retient ses opinions. » Lord John Emerich Edward Dalberg Acton, The History of Freedom (L’histoire de la liberté) McMillan and Company, Ltd, London, First Edition 1907, pages 97-98. 

 

Il est évident que des ordinateurs sont vulnérables aux truchements politiques et fraudes électorales. Des avaries dans le recensement automatisé de suffrages l’ont confirmé. Nous reviennent à l’esprit les fraudes cruciales aux élections présidentielles en Floride de l’an 2000 et en Ohio en 2004 : en désaccord avec les sondages de sortie, ne permettant apurement fiable et sous le contrôle de contribuables politiques étant partisans : autant les chefs d’entreprise distribuant ces machines que les fonctionnaires supposés les surveiller. Sans rachat, sans correction, sans évolution administrative ni législative ni interdiction formelle de répétitions à venir.

A présent, ce doivent être « les Russes » coupables de tourner les votes de districts clés d’Etats clés, tous en faveur de Trump à marge risible. Il les lui fallait tous pour acquérir ces Etats et leurs votes électoraux, sans quoi, aucune victoire possible. Penses-s’y : les deux candidats auraient dû en gagner plus ou moins la moitié chacun, mais Trump les a saisis tous. Votes frauduleux, ce de quoi les Republicans accusent sans preuve leurs adversaires depuis. Et les Democrats, jamais. Quelles coïncidences incroyables !

Selon ceux effectivement coupables : « Nos politiques pourries nous ont menées dans l’impossibilité de gagner la prochaine décade d’élections et nous sortir des tricheries qu’elles nécessiteront. Soit : raffinons nos fraudes électorales au point de les rendre infaillibles, réduisons peu à peu l’ampleur de nos défaites à chaque cycle de suite électorale, et garantissons-nous la victoire dans l’avenir (Trump.) Après tout, personne d’honnête ne nous en retient, ni même la Constitution. » 

Hitler en aurait été fier. Quant à moi, cette politique frauduleuse me rend l’eau à la bouche, comme avant de vomir. Je dois me rappeler que nous commettons ces erreurs de rustaud afin de nous instruire comment les éviter une fois que nos politiques de provincialisme borné évoluent en celles globales et franchement cosmopolites.

Une corruption équivalente est à prévoir pour chaque recensement commercial à l’ordinateur : par exemple, ceux des bourses commerciales et leurs transactions informatiques. Ça n’est pas le cas, hormis l’exception rarissime, car beaucoup d’experts sont bien payés pour garantir l'intégrité des systèmes informatiques commerciaux. 

Ce sera le cas en atouts pour le système électoral d’Apprentis. En grands nombres, des Apprentis géniaux feront leur affaire, leur passion et leur honneur en assurant son intégrité. Les tricheurs potentiels seront surveillés de près et perdront vite leur opportunité d’y accéder et nuire. D’ailleurs, les voies de recensement politique s’accroitront à tel point multiples et redondantes mais entrelacés en validation mutuelle que personne ne pourra les saisir simultanément. Cela deviendra beaucoup plus difficile de corrompre les scrutins de vote de manière consistante mais intraçable. 

Chaque système atteint de corruption, ou seulement suspect de l’être, sera abandonné dans son intégralité et remplacé par plusieurs de meilleur fiabilité. Quant aux contacts (si innocents soient-ils) entre des politiciens et les gérants de ces machines de vote, ils seront scrutés sans merci et nuiront à leur réputation jusqu’à ce que de tels rapports soient considérés tabous : comme pour des avocats honnêtes envers un juré en dehors de la cour d’assises.

Sinon nous reviendrons aux scrutins sur papier plus faciles à contre-vérifier en temps réel et apurer ensuite, quoique leur recensement soit plus lent et laborieux. La vitesse maximale du reportage des votes, poursuivie au risque de graves tricheries: cela n’importerait que pour des agences d’actualités commerciales aux intérêts spéciaux à camoufler et sans grand-chose d’autre à reporter.

Ce qui reste des partis politiques et sociétés commerciales pourra rassembler les votes de leurs associés bien disposés et les assigner en bloc selon une plate-forme politique prédéterminée ; offrir des menus d'arbres de décision, analyses détaillées d’issues complexes et paquets prédigérés de votes pour chaque Apprenti en leur faveur. 

Autant que chacun recevra un nombre égal de votes, l’esprit renouvelé « d'une personne égale à un vote » remplacera l’électorat désenflé par les abus politiques de la désinformation : « un million de dollars égal à un vote ; un votant n’égal à rien. »

Il va sans dire que le « collège électoral » américain sera rejeté avec toute sa machinerie de dominance politique par des intérêts anonymes.

Une majorité d’abstentions à l’écrit forcera un nouveau plébiscite ‒ les candidats principaux antérieurs interdits d’y reconcourir ‒ jusqu’à ce qu’un candidat admissible soit élu. 

En outre, ce système permettra aux minorités maltraitées d'avancer leur cause condensée en renchérissant les priorités floues de la majorité. Il admettra à ceux fascinés par un certain sujet, plus grande portée sur cette matière, indépendamment de leur participation financière. Voici l'essentiel de la démocratie de petite envergure rehaussée au palier mondial. 

Ce texte préconise un parti politique multivariant d’enjambement global. Ses partisans amplifieront la mentalité paisible et relégueront en vestige celle d'armes. Il recommande quelques principes laocratiques mais non un modèle précis des fonctions administratives à venir. Celles-là devront évoluer de façon organique selon le consensus populaire et les usages paisibles en localité. Chaque culture retient son idéal de sagesse et de justice d'âge d'or dans la superconscience collective. Les Apprentis devront les choyer tous, chacun dans son propre cadre. 

 

« Mais ces objets généraux de toute bonne institution doivent être modifiés dans chaque pays par les rapports qui naissent, tant de la situation locale que du caractère des habitants, et c’est sur ces rapports qu’il faut assigner à chaque peuple un système particulier, d’institution qui soit le meilleur, non peut-être en lui-même, mais pour l’Etat auquel il est destiné. » Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, Bordas, Paris, Bruxelles, Montréal, 1972. Livre II, Chapitre 11.

 

« Il est impossible d’anticiper, de ce point de vue panoramique sur le temps, les particularités convenues de la structure institutionnelle, une fois que la conscience politique paraîtra qui engendrerait une révolution dans l'ordre mondial. Malgré une certaine mesure d'interactivité, les dispositifs de la gestion administrative sont des pousses de la conscience politique plutôt que sa source… » 

« …La nécessité est d’un nouvel élan politique, animé d’un côté par des buts planétaires et une vision cohérente, et de l'autre propulsé à l'action par l’intérêt particulier et le sens d'urgence. » Richard A. Falk, A Study of Future Worlds (Une étude des mondes à venir), Free Press, New York, 1975, page 154.



 

- LE DEVOIR DE JURÉ –

 

Les jurys sont d’incomparables instruments communautaires. Lors de cérémonies publiques, la civilisation maîtrise des maux graves en appliquant la règle d’or. Quel dommage que leur bonne influence soit circonscrite par les contraintes de la loi et la sélectivité d’avocats. Les plaidoiries de jury fonctionnerait mieux si on appliquait ce qui suit au préalable :           

·      La sélection des jurés serait aléatoire et irréversible sauf en cas humanitaire. Elle ne comporterait aucun voir dire ni défi au-delà de l'exclusion des aliénés mentaux et des criminels servant leur peine. 

·      Chaque matière en évidence sera admissible y compris le témoignage contraint. Tout soupçon de coercition superflue dans la collection des preuves attirera revue disciplinaire sur la police en question. Laissons ces décisions aux jurys: quelles données sont préjudicielles, quels méfaits policiers exigent un châtiment en contrepartie et quels avocats sont fallacieux. Dans certains cas, un verdict d’innocent rendu aux détenus malmenés par la police validerait sa mise en examen correspondante.

·      Les jurys auront la responsabilité pour l'imposition de peines, d’amandes et de surveillance supplémentaire, peut-être selon la proportion de leurs votes :

o   Innocent : Douze jurés pour

o   Innocent par majorité : De onze à sept pour

o   Nouveau procès, nouveau jury : Six pour et contre

o   Coupable par majorité : De onze à sept contres

o   Coupable : Douze contre 

Ce n’est qu’un exemple. Un autre, peut-être :

o   Innocent : Douze ou onze pour (afin de neutraliser le misanthrope aléatoire.)

o   Innocent par majorité : De dix à huit pour

o   Nouveau procès : De sept à cinq pour

o   Coupable par majorité : De onze à neuf contre

o   Coupable : Douze contre 

Quoique les anciens juges hébreux libéraient un détenu trouvé coupable à l’unanimité. C’est à cogiter. La présomption d’innocence sera l’inspiration primaire des jurés : autant leur premier choix suivant leur nature, qu’avisée plus prometteuse de justice par le juge.

La décision de jury ne sera assujettie à la revue judiciaire qu’au cas où les membres de ce même jury réclament l’assemblée d’une cour supérieure et d’un autre jury en raison d'appels leur étant adressés par celui jugé coupable, au soin de la première cour en question ; une simple majorité du jury originel pouvant sommer cette revue judiciaire.

Les juges et avocats seront assujettis à revue disciplinaire lancée par des jurys qui se sentent mal servis : ce dernier point très important. Sous les normes historiques de discipline juridique en Amérique, très peu de juges fédéraux méritoires de tel ont été renvoyés pour cause. 

La future cour du monde, qualifiée à rendre des décisions globales de vie et de mort en masse, devra fonder ses décisions et revues disciplinaires sur des discussions de jurys non manipulés, au-devant desquels presque toutes les plaidoiries criminelles et civiles devront être passées.

 

Dans The Shield of Achilles, (Le bouclier d'Achille) Alfred A. Knopf, a division of Random House, New York, 2002, l’auteur Phillip Bobbit fait l’analyse du droit international et sa prétention à la légitimité. Il conclut que sa revendication actuelle semble provenir de l’assentiment d’Etats qui se soumettent à sa juridiction.

En fréquence ascendante, ces Etats ont échoué de protéger leurs citoyens nationaux du terrorisme, par exemple, et d’améliorer leur niveau de vie malgré des ressources en diminution. A cause de ces échecs, la plus récente incarnation de l’Etat national se remplace par l’Etat du marché dont la seule prétention à la légitimité est la livraison de bénéfices immérités aux élites financières (d'info.) Voici en quelques mots la thèse de M. Bobbit. 

Depuis cette publication en 2002, ces Etats mercantiles ont confirmé leur illégitimité par la voie d’escroqueries, de truquages politiques, désastres environnementaux, abus du capitalisme de désastre, faillites et massifs transferts de richesse illégitime vers le haut (croissant exponentiellement avec le temps et ruineux pour l’Etat hôte.) 

A la différence des régimes précédents, leur transition au pouvoir n’a pas encore exigé une guerre d'époque (si ce n’est celle entre l’Occident et l’Oumma.) Celle-ci peut durer plusieurs générations sous des régimes précédents, au cours desquelles divers compétiteurs trouvent leur côté ; gagnent ou perdent par intermittence ; lâchent prise, transfèrent leur allégeance ou sont remplacés par des nouveaux-venus auparavant neutres. Elle se termine par un traité de paix quasi-universelle qui définit le nouveau partage d’arrangements constitutionnels et de régimes politiques de ses Etats, plus ou moins selon le souhait des vainqueurs.

Ce modèle confirme la thèse d’Apprenti, que nous nous soumettons à la sélection darwinienne pour des Etats d’armes davantage insidieux et létaux.

Un schéma de l'analyse de M. Bobbit inclut :  

Le Traité d'Augsbourg (1555) - Etat princier 

La Paix de Westphalie (1648) - Etat royal 

Le Traité d'Utrecht (1713) - Etat territorial 

Le Congrès de Vienne (1815) – Etat national

Le Traité de Versailles (1919) – Nation étatique

La Paix de Paris (1991) - Etat mercantile 

Presque sans répand de sang et pratiquement d’une nuit, cette dernière s’est prouvée aussi mal qualifiée que le communisme soviétique en effondrement. Des Etats défaillants ne peuvent pas certifier leur propre légitimité nationale, non moins celle du droit international. 

Ainsi revenons-nous au point de départ. Restent à adresser deux questions fondamentales. 

« … Si le corps des règles de la légalité internationale ne peut pas, à lui seule, déterminer la légalité d'un acte particulier de parties qu’il est censé régir, comment serait-il la loi ? Et si le droit international est la loi, pourquoi semble-t-il manquer de portée ? » page 642. 

Si la légitimité du droit international ne peut pas être fondée sur celle de ses Etats adhérents, car ceux-ci subissent leur propre forme de décomposition et n’en retiennent aucune particulière, qu'est-ce qui reste ? L'épée qui fendra ce nœud Gordien, c’est l'épreuve de jury choisi au hasard au devant d’un tribunal. 

Soutenant leur cas devant cette cour, les avocats des deux côtés pourront invoquer tous les arguments, positions philosophiques, traités historiques, etc., qu’énumère si bien M. Bobbit. Ils soutiendront leur argument avec n'importe quel fait, norme, précédent, accord, document, contrat ou mythe, le cas échéant. Il n'y aura aucune limite aux points de vue, permutations et chicanes intellectuelles à invoquer. Tous seraient également valides et admissibles, tant qu’appropriés au cas en question. Nulle école philosophique ni critère administratif ne pourra réclamer dominance sur les autres ; tous seront également acceptables dans cet arrangement adverse. Comme dans d'autres procès, une présentation trop longue et nuancée agira contre ses présentateurs, comparée à celle mieux résumée et plus précise, donc accordée meilleure audition. 

Aucun parmi eux ne pourrait nier ni confirmer la légitimité de ce décret. Seulement le vote d'un jury dûment désigné en serait capable, suivi par celui de l'histoire. Si ces jurys sont honnêtement choisis à l’aléatoire, leurs décisions et ceux de l'histoire se rendront pratiquement identiques en fonction de l'objectivité que partagent leurs ensembles de jugement. 

Au fond, le droit international entre des Etats ressemble au droit civil entre les citoyens d’un Etat et à celui pénal entre le citoyen et l’Etat. Après tout, l’Etat-nation est un agrégat colonial d’individus incorporant leurs propres histoires, besoins et aspirations ainsi qu’équivalents sociaux et culturels ; l’individu est tant bien un agrégat colonial de cellules incorporant les leurs propres. Et selon le précédent à l’intérieur d’un Etat, les arguments en opposition de la loi internationale sont nuls. 

Ces contradictions sont encore plus évidentes dans le cas du droit international. A la différence de celui au sein de l’Etat, il n’y a pas encore de pouvoir tangible supérieur d’où solliciter l’ultime résolution. Autrement, les mêmes paramètres s'appliquent ; la meilleure solution individuelle serait aussi celle collective. 

La loi gagne légitimité en soutenant la justice plus souvent que l’injustice ; de préférence beaucoup plus souvent ; dans l’idéal, toujours. Par manque de la soutenir, peu importe le système justicier établi ; la séparation des pouvoirs dont il se vante ; la séduisante élégance de sa philosophie ; ou à quel point mieux instruits, mieux payés ou d’élite ses officiers. 

Les plaignants, leurs avocats, patrons et alliés d'Etat, avec les fonctionnaires de la cour, chacun d’eux peut se prouver aliéné, vénal, surchargé de préjugés, criminel ou militant facho (pour n’importe quelle raison) et donc circonvenir la justice pour satisfaire leurs priorités iniques. Des psychopathes se spécialisent dans ce genre d’entrisme graduel et mainmise éventuelle.

M. Bobbit et les doyens constitutionnels auxquels il fait appel se tordent en nœuds pour créer un système de justice du haut en bas, si parfait qu’il éviterait ces défaillances. En bref, une boîte noire en état de livrer pure justice, indépendamment de circonstances et d’antagonistes. 

Ce projet est voué à l’échec : chaque faiblesse de pratique non dévoilée dans l’immédiat le sera tôt ou tard, puis exploitée dans une sorte de sélection darwinienne, jusqu'à ce que le système entier ne croule sous ces mauvais effets. 

La solution n’est pas la perfection du haut en bas, mais la crédibilité établie du bas vers le haut. Le meilleur mécanisme pour écarter de tels abus : un jury dûment constitué de pairs choisis au hasard, réalisant de leur mieux leur sens naïf de justice, guidés de préférence par un juge (male ou femelle) dépourvu de pouvoirs de décret et mandaté de fournir aux jurés le meilleur conseil sollicité. Voici la clef de la justice, que ce soit dans la résolution de conflits contractuels, punitions particulières (qui se dénouent souvent en vendetta comble de crime sans cet agencement) ou querelles internationales (qui éclatent souvent en guerre sans ça.) 
 
 

Ces jours-ci, la convocation au jury ressemble à un ancien cirque à trois anneaux : un diplômé de droit doit maîtriser ses jurés, tel qu’un ancien dompteur de lions. Les fonctionnaires de la cour prennent des journées entières pour « trier des candidats acceptables au jury » quoiqu’elle soit de moins en moins capable de livrer justice rapide. Un candidat de provenance interdite (telle que les militaires ou les agences de la loi) se trouve souvent rejeté. D'autres causes de renvoi incluent l’appartenance ethnique, la pauvreté, l’opinion fermement tenue de crime et de peines, voir une histoire de brimades policières ou criminelles. Ces aspects ne seraient plus à propos au monde paisible. 

Au fond, chaque juré est mis à l’épreuve avant celui appelé devant la cour — bien que les autorités le nient. 

Une simple épreuve existe pour chaque procédure judiciaire. Si c'était toi mis à l’épreuve, t’inquiéterais-tu que les membres de ton jury aient été assujettis au voir dire ? Penses-y bien, de peur desservir la justice. 

 

Selon Alexis De Tocqueville, le devoir de jury était la leçon principale de civisme du citoyen américain. Le destin d’étrangers absolus leur était confié, inspirant leur dévotion civique. 

A présent, cette leçon comporte une interpellation de sa demeure ou de son travail pour durée indéfinie, à être scruté sur des sujets privés et sensibles, rejeté à cause de légalismes arbitraires et rudoyé par des fonctionnaires juridiques censément omniscients et sciemment sournois. De nombreuses gens esquivent cette tâche lassante, difficile et intrusive. Ils considèrent leur dérobade justifiée, et ceux qui en prennent part, des nigauds. 

La gestion d'armes applaudit cette perversion de justice. Les cours stigmatisent des citoyens responsables comme des gages impuissants de l'autorité centrale. Par des cérémonies complexes et formelles, des jurés parfaitement acceptables ont leur vie privée dénudée et sont stigmatisés comme inadaptés aux besoins de l'Etat. 

Quelle parfaite leçon de civisme !

Par ce moyen et beaucoup d’autres, la mentalité d’armes s’assure que la plupart des citoyens se rendent en autistes civiques. 

On pourrait mieux faire. 

Il n’y a aucune meilleure défense à l’encontre de la réaction politique – sinon son revers : le chaosisme – que des jurys choisis au hasard. Je répète, ce devoir de jury est la leçon primaire de l'école sacrée de la citoyenneté. Comme telle, il ne doit jamais être trifouillé, de peur corrompre l’ensemble du système constitutionnel — comme on en parvient de façon indiscutable à ce jour. 

En vérité, le devoir de juré doit être l’engagement sacré du bon citoyen. « Présente-toi en bonne foi, sers et sois-en honoré. » Point, à la ligne.

Tout arrangement moindre nous rend disgrâce. 

 

Les jurés locaux peuvent partager le même préjugé contre un certain plaideur ou genre de plaidoirie. C’est pourquoi le voir dire a été instituée dans les cas prononcés par des jurys aux USA : afin de neutraliser la quasi-universalité de préjudice racial. Dans ce cas, des protocoles ont déjà été mis en place, permettant le changement de lieu juridique pour cause de préjudice local. Ceux-ci doivent être renforcés, mais la nature aléatoire des jurées ne serait plus compromise de ce fait.

Sans doute, des avocats malins corrompront ces protocoles de changement de venue juridique, comme ils sont parvenus à avarier le recrutement aléatoire de jurys en faveur de plaidoyers assez riches pour défrayer cet avantage dispendieux. Dans ce cas, des protocoles neufs seront avisés. Avant tout entre temps, simplicité et élégance !

Autant importante la décision juridique, autant imposante la nécessité de jurés choisis à l’aléatoire, et autant minutieuse la documentation de leurs conclusions non manipulées. Le procès de jury doit rester ouvert au public, mais ne jamais se rendre en spectacle. 

 

Dans trop de procès civils, on élimine des jurés potentiels qui divulguent leur compréhension de la plainte, qu’elle soit relative à l'emploi, apprise à l’école ou à l’autodidacte. Des diplômés d'école de droit renvoient des jurés bien informés, laissant le réglage de questions complexes à un jury de moindre compétence. Dépourvus de l'aide de ces initiés, ces jurés sont à la merci d’inventions promulguées par des officiers de la cour. 

Des juges aigrissent cette confusion en désavouant les demandes de jurés d'éclaircissement de la loi : ce qui devrait être leur tâche primaire. Ils rejettent comme inadmissibles des preuves pertinentes, interdisent aux jurés la prise de notes et d’autres initiatives. Enfin renversent-ils des décisions de jury qui dérangent leur sens de bonne convenance. De telles trifouilles cesseront. 

 

D’ailleurs, quand des plaidoyers contractuels s’accordent sur leur dispute, ils laissent souvent tomber la plainte originelle. Les participants consentent à sceller en secret les détails de leur dispute, que plus personne ne puisse les passer en revue — surtout pas le public ni la presse. Dans ces cas, les officiers de la cour conspirent avec les plaidoyers pour récuser des données signifiantes au public. Donc des grands maux sont ajournés pendant des décennies, conservant un certain temps juridique mais compromettant la sécurité d’innocents ultérieures. Le public souffre de ce démenti. 

Les tribunaux réussissent en servant le plus grand bien public. Toute poursuite moindre n’est que permis au banditisme en expansion. 

Des accords de règlement exposeront à l'examen public chaque problème sérieux de malversation corporative. Autrement, des accords en dehors de la cour auront lieu avant tout recours au litige. L’intervention de la cour doit ouvrir à grand les portes de la transparence publique. A vrai dire, cette recommandation accélérera la résolution de nombreuses disputes contractuelles, puisque la plupart auront lieu en dehors de la cour en intimité hermétique, avant de se rendre en matière de procès-verbal de transparence publique. Une déclaration publique unilatérale de telles disputes pourrait amorcer un compte a rebours délimitant l’échéancier obligatoire de résolutions en dehors de la cour, au terme duquel son intervention transparente serait obligatoire.

 

Activistes de la cour, notez bien, je vous prie. La Loi n’est prévue ni pour décourager le crime, ni soutenir des structures de pouvoir, ni identifier ni punir les coupables, ni de tels non-sens paranoïdes. 

Les sociologues ont convenu (quel miracle !) que la seule particularité que partagent les systèmes juridiques, comparés aux coutumes et religions, c’est leur application de peines. Ce n’est certainement pas le cas, puisque la bonne loi sert plutôt à affranchir les faibles des peines capricieuses qu’infligent souvent les forts : une délivrance que ni la religion ni la coutume n’aient pu effectuer, bien au contraire. 

Les faibles se protègeront mieux en servant la loi comme des jurés honnêtes et en permettant à cette procédure souveraine de les protéger.

A chaque séance, le juge d’instruction ne doit pas accabler ses jurés de leurs obligations et pénalités découlant du manque de les avoir obéis ; plutôt les apparier à la règle d’or : « Faites pour lui ce que vous souhaiteriez que l’on vous fasse. Jugez-le selon votre souhait d’être jugé dans les mêmes circonstances. » Une des contributions les plus robustes de la chrétienté à la loi et la civilisation, quoique cette règle ait été disséminée par des religions beaucoup plus vieilles et variées que le christianisme plutôt jeunot.

 

Le meilleur corps de lois ouvre à grand les portes autant matérielles que de comportement. Par exemple : « Nous n’avons pas besoin de verrouiller la porte d’entrée ni de nuit ni quittant les lieux. » Quand des gens cessent d'en attester de façon spontanée, la loi aurait échoué. Aucune intervention policière toute seule, si robuste soit-elle, ne peut retenir cette dégringolade au chaos. 

Un Etat d'armes en maturité, c’est celui de la terreur où des embrasures médiévales doivent être verrouillées chaque nuit, où des élites criminelles et policières sont les seules permises de porter armes, au sein d’une citoyenneté de manants désarmés, autant vulnérables et soupçonneux que dangereux et soupçonnables. 

Le revers comprendrait une milice universelle bien armée et de vertu fiable, une force de police qui n’en ressent la nécessité que rarement et un milieu criminel qui n’oserait l’exhiber ; plus jamais notre tyrannie constamment renouvelée mais sénile au fur de millénaires.

La communauté paisible remplacera cette terreur par de l’abondance matérielle et des services de médiation bon marché, de préférence gratis et défrayés comme nouvelle branche un peu plus abordable de la police. Ils seront de telles élégance et facilité d’emploie que la confiance publique et la sécurité particulière règneront suprêmes. 

Des jurys choisis au hasard confirmeront la loi et s’assureront de la justice — ainsi qu’aucun autre groupe n’en serait capable. Un tel système de jury souverain mûrira avec le temps : de plus en plus vigoureux et clairvoyant dans la mesure qu’il se rend coutumier.

Comme démontré par les Etats d'armes actuels, les jurys rendent davantage de justice certaine qu'un quelconque mandarinat d’école de droit. Aucune différence à quel point ces mandarins se croient mieux qualifiés et rémunérés, davantage compétents et de classe supérieure. Les jurys souverains bosseraient mieux.

Mesdames et Messieurs activistes de la cour, je vous prie de vous accoutumer à ces idées.



 

- CATALOGUER CEUX PASSIONNÉS –

 

Un mal considérable résulte quand l’élite d’info interpose trop d'obstacles entre sa provision de données et la propension du prolétariat d’info d’en apprendre et d’y ajouter. Tous en sont appauvris. 

De nos jours, les fournisseurs de services informatiques ressemblent aux compagnies privées de distribution d'eau à l’époque romaine, et à celles téléphoniques avant la première sic guerre mondiale. Les riches obtiennent des services très onéreux et peu précis d'un pêle-mêle de compagnies en démarrage ; les pauvres, très peu d’utilitaire (sinon rien) sans le voler des riches. Nous patientons l’arrivé de viaducs d’info et de fontaines publiques aux flots propres, gratis et sans limite : pareilles à la meilleur grandeur de la ville the Rome : sa provision gratuite, sans limite et propre d’eau chez tous les Romains.

Nos nababs d’ordinateur marchandent des millions de terminaux indépendants de moindre potentiel et d'obsolescence immédiate ; aussi tirent-ils des profits monstrueux « d’ordinateurs personnels » et de joujoux électroniques à foison. Chaque ménage et affaire commerciale doit procurer le sien ou un réseau de tels. Ceux aux recettes suffisantes payent le salaire moyen d’une semaine toutes les quelques années pour se procurer des machines de la prochaine génération et leurs logiciels marginalement meilleurs mais pour autant mal écrits. Des maux de tête supplémentaires : le transfert de vieilles données de machines désuètes et la reliure de réseaux incompatibles — bien sûr, tous peuvent être plus ou moins bien réparés au cas par cas et au prix de robustes montants supplémentaires. 

L'industrie de logiciel a récidivé en monoculture de dinosaures numériques : grincheux, trop détaillés et dispendieux, moins bien documentés. Un système d’ordinateur extraordinaire est requis pour le seul but d’exploiter de tels logiciels d’opération et d’application, non moins sérieusement bosser. On pourrait administrer un petit pays avec les dossiers perdus chaque jour par des ordinateurs balourds. Bien que leur capacité s’enfle régulièrement, (ce que des logiciels mal écrits emplissent de suite) leur magistrale étiquette de vente ne semble jamais baisser tandis que d’inédits impôts de service supplémentaires s’accumulent.

Nous gaspillons des heures par mois pour nous prémunir de marées montantes de virus numériques que nos machines sont à peine capables de parer non moins traquer à la source et contrecarrer en force. Rien de supérieur ne nous est offert à l’encontre de ce fléau, l’œuvre en série de prétentieux crétins savants, exception faite de palliatifs aussi onéreux et laborieux que futiles en fin de compte.

La technologie d’ordinateurs personnels marque le pas à l’étape de développement des automobiles précédant le Ford Model T. Ces ordinateurs s’alimentent de claviers inefficaces dont le plan originel ralentit l'entrée manuelle à la lenteur de primitives machines à taper. Les logiciels de traitement de texte, fondés sur Windows, Apple et d'autres programmes qui dominent le marché actuel, sont désespérément compliqués, incommodes et inadéquats.

Aux environs des années 1980, le logiciel de traitement de texte Wang offrit un excellent agencement macro. C'est-à-dire qu’avec très peu d'entraînement, on pouvait le programmer pour trouver dans ses textes des combinaisons alphabétiques, numériques et de ponctuation (y compris les retours de ligne, les onglets et d'autres marques utiles que Windows refuse de repérer), d'y appliquer la logique booléenne et des rapports (</=/>) en branches de décision, et donc d’effectuer des applications complexes de calcule et de frappe à répétition. Au fond, ce logiciel incorporait un langage de programmation élégant et facile. Toutes ses commandes correspondaient à leur frappe équivalente au clavier et à leur marque sur l'écran, que Wang reconnaissait et incorporait dans sa programmation. Cela éliminait la nécessité d'avoir à apprendre toute une nouvelle série alambiquée de codes d’agencement et d'identification. 

Aucune de ces capacités, à part celles les plus élémentaires (piratées pour la plupart de Wang) ne restent disponibles en logiciels courants de traitement de texte, sans se taper de grandes études supplémentaires de code de programmation comme Java, Python, etc.

Le courriel, la télévision par câble et les bases de données numériques : tous sont prohibitifs, alambiqués et infructueux. Des tableurs scannés en format PDF ne peuvent pas être traduits en équivalents serviables d’Excel sans frais additionnel pour se procurer des logiciels spécialisés.  Les entremetteurs de données, cadres de corporation et réglementaristes gouvernementaux conspirent à rendre leurs protocoles en ligne aussi limitatifs, exclusifs et coûteux que possible.

Le système français Minitel inclut un marché en ligne d’élégance bienveillante, de simplicité d’accès et de sécurité des débours. Les technocrates anglo-saxons l’ont boycotté en faveur d’alternatifs trop complexes, gangrenés de problèmes et de sécurité toujours davantage en déchéance. 

A grand coût, la technologie de microfilme remplace des tas encombrants de textes imprimés avec des écrans de texte illisible, résultant en copies encore moins bonnes. Les dossiers sont coûteux à produire en micro format, encombrants et aussi difficiles à accéder que maintenir. 

A peu près une centaine de journaux quotidiens servent plus ou moins un milliard de lecteurs et leurs dépendants à travers la planète. Journellement, une monoculture inféconde d'arbres est nivelée pour fournir du papier journal. Ces jours-ci, des forêts canadiens entiers pour des papiers hygiéniques duvetés ? Il vaudrait mieux plomber tout ça au bidet. Comment peuvent de tels établissements d’actualités, désastreux du point de vue écologique, soutenir une discussion raisonnable de la politique environnementale ? Ils ont centralisé l’écoulement des données et l’homogénéité de leur contenu. Si leurs colonnes furent transcrites sur du papier ordinaire, elles ne pourraient pas être distinguées. Chaque article se lit comme si approuvé par le même bureau de rédaction de biais politique uniforme.

Les médias télévisés agencent leur monologue vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Aucune entrée n’est attendue de la part des spectateurs. Les promoteurs de réclames commerciales dictent son contenu : leurs motifs, au mieux douteux ; leur goût, celui du dénominateur inférieur commun de la moindre clairvoyance. Les stations radio ne sont pas plus sensibles. On subsiste au milieu d’un étalage de systèmes d'info en monologue qui gueulent fort des annonces publicitaires effectivement sans pertinence. Comme des mauvaises herbes obstruant meilleure croissance, ils se sont rendus aussi inutiles, stupides et coriaces qu'omniprésents. 

La prétendue autoroute informatique est une course à obstacles de fournisseurs concurrentiels de logiciel et leurs protocoles énigmatiques. Ses engins de recherche sont tellement maladroits que très peu de données pertinentes peuvent être triées de cette pétarade aléatoire sans beaucoup trop d’effort et dépenses supplémentaires. Des numéros de téléphone auparavant livrés gratis en gros annuaires téléphoniques, ces numéros ne peuvent plus être obtenus ces jours-ci que depuis des bases de données pour profit ; ni des adresses e-mail autrefois disponibles après une simple recherche Google ; ni les cabines de téléphone à sous publiques, introuvables à présent. Avant, un simple coup de fil depuis de telles coûtait quelques centimes ; maintenant, ce coup est impossible sans un contrat téléphonique au coût du salaire de quelques heures de travail chaque mois et d’un gadget d’obsolescence garantie qui coute autant sinon plus. Quel progrès ! Quel progrès ? Quelques enthousiastes et bureaux d’entreprise bien équipés de professionnels en informatique peuvent négocier tout ça avec succès, mais en quasi-unanimité non nous autres ignares et dépourvus. Les pauvres n’obtiennent presque rien d’utile. 

Le récent sacerdoce de programmeurs d’ordinateur psalmodie des incantations complexes : l’équivalent moderne du latin médiéval. Ils empochent des fortunes pour rémunérer leur mystère d'ordinateur. La documentation et la formation requises pour employer ces ordinateurs correctement sont coûteuses, interminables et d’obsolescence programmée. 

Nos arrangements informatiques, éparses et sans défenses, sont encore plus vulnérables aux attaques de virus et de vers informatiques que le serait celui centralisé auxquels les ordinateurs personnels ne serviraient que comme machines à taper, extraire et enregistrer des données, et dont les logiciels d’application et centres de mémoire proviendrait de centrales de service d’abonnement. Ceux-ci seraient plus faciles à défendre et moins chères car ils serviraient à tous, sinon offrirait service gratuit à base d’impôt. 

L’actualité informatique se focalise sur ces réalités malencontreuses : 

·       Le droit d’auteur est davantage facile à ouvrir en brèche. Des malfaiteurs peuvent déformer et redistribuer les données d’autres avec facilité croissante. Dans l’autre sens, des citations franchement signalées et parfaitement raisonnables du point de vue éducationnelle, telles que celles nombreuses dans Apprentis, sont condamnés en cour de loi européenne.  Que faire ?!?

·       Quelques entremetteurs de données monopolisent le profit informatique. Nous, leurs clients, devons leur verser loyer pour transmettre nos messages particuliers comme un passe-temps coûteux ou un projet de publicité commercial, alors que nos anciens emplois de production et de consommation industrielles flétrissent et s’envolent. 

·       Les élites d'info recueillent de plus en plus de données et ruminent ce contenu afin de le rendre meilleur marché et plus profitable, mais au prix de monopoliser son usage au lieu de l'offrir gratis et s’attendre aux bénéfices indirects en aval, comme le ferait un service public.

·       Etant donné le montant excessif d’honoraires et de matériel, les prolétariens d'info obtiennent de moins en moins de service informatique. 

·       Beaucoup d’analystes, de chercheurs et de commentateurs indépendants sont bannis du discours public, quoique leurs idées soient supérieures à celles de mercenaires corporatifs, bureaucrates et bourdons scolaires que les médias consultent journellement. Ces pandits adulés souffrent de la prépondérance de leurs intérêts spéciaux, tendances hiérarchiques et obsessions du profit.

Notre problème principal n’est pas la quantité des données disponibles mais leur qualité terrible. Nous noyons dans des torrents de données inutiles. De plus en plus de bruit blanc grésille, de moins en moins signifiant. Même sur l'Internet où des données semblent disponibles, l’insignifiance prédomine en quantité illimitée. 

La subvention des Apprentis permettra aux centrales publiques d'info de desservir des données de la meilleure qualité en quantités facilement assimilables et à coût minime. Elles finiront par ressembler à nos services publics et bien réglés d’eau et d’électricité, et cesseront de correspondre aux fournisseurs monopolistes de services exorbitants de télévision par câble et satellite. Comme les pourvoyeurs publics d’eau du 20e siècle, ces utilités d'Apprentis, distribueront des données de la meilleure qualité, au prix bas et à base hors profit défrayée par impôt.

Ces utilités publiques offriront un logiciel d’usage facile, bien documenté et interactif ; courriel et hébergement de pages interactives de simplicité fiable ; banques de données d’origine gouvernementale, corporative et non-profit ; rédaction, imprimerie en lot hors ligne et bonne traduction gratis ; indexation massive et stockage titanique de mémoire ; et une collection colossale de vidéos digitales : le tout transmis par câble à fibre optique ou par voie supérieure. 

La technologie électrogravitique qu’inventa Tesla, de transmission d’énergie et de communications par voie de terre, pourra être adoptée du moment que les Apprentis marginaliseront les intérêts corporatifs qui l’ont sabotée au profit de leurs technologies infiniment plus gaspilleuses. 

Le rapport entre l’usager et son ordinateur individuel et ces utilités publiques ressemblera à celle entre son carnet de chèques et le restant de ses comptes commerciaux, bancaires et boursiers. Des transactions compliquées se dérouleront, surtout dans ces centres informatiques, avec autant possible de simplicité et de transparence pour l'usager. 

Ces dépôts et centres de données serviront chaque récepteur statique et mobile. Les bibliothèques se transformeront en noyaux de vastes complexes neufs de référence et de recherche. Ceux-ci bénéficieront d’énormes économies d'échelle. 

La protection contre la piraterie informatique et le sabotage de virus se prouveront plus faciles, surtout vis-à-vis de l’identification, l’isolement et la répression des malfaiteurs. Ils sont imperceptibles et intouchables par des ordinateurs particuliers et leurs usagers naïfs, énormément vulnérables à cette forme d’attaque. Chaque essai de monnayer des systèmes de défense passive antivirus depuis l’ordinateur particulier est voué à l’échec, quoiqu’il soit fort profitable pour ses distributeurs (qui trafiquent aussi des virus ?) On ne protège rien en se tenant partout sur la défensive ; on se sécuriserait mieux en identifiant, isolant et châtiant ces agresseurs à partir de centres de contrôle mieux apprêtés à les poursuivre.
 
 

Des lunettes de soleil, projecteurs de réalité virtuelle, offriront accès facile à n’importe quel texte, performance et vidéo digitalisé. 

Les fonctions de publicité et de malpige politique seront bornées aux médias de la TV, radio et imprimé : des services aînés estropiés par leurs coutumes dégradantes d’obsession du profit, désinformation intentionnelle et service public risible. Même de tels méfaits se remettront dans la mesure qu'un auditoire curieux et investigateur remplacera l’assistance contemporaine de têtes vides de rumine. 

Des programmes universitaires interactives offriront des conférences gratuites et des comptes rendus de projets de recherche sur chaque question. Ces présentations seront disponibles en temps réel, émis en phases et rejouables si nécessaire, à la vitesse et dans le délai exigés par l'usager tout seul. 

Le Massachusetts Institute of Technology (MIT) a lancé un projet analogue pour ses classes, mettant en ligne ses notes et documentation de cours, d’accès gratis quoiqu’elles soient squelettiques au point d’être peu utilitaires. Chaque école supérieure aura à suivre ce mouvement. Comme d'habitude, le texte d’Apprenti trotte au-devant de la meute quant à son accès gratuit. La compagnie Google contemple d’indexer de nombreux titres rares et les mettre en ligne. 

Un nouveau modèle électronique de « l'université silencieuse » de savants partageant leur domaine scientifique, poursuivra l'intention originelle des visionnaires de l'Internet. Le bottin intellectuel des pages jaunes énumérera les Apprentis et leurs passions. La certification scolaire sera établie selon les heures d’interactivité passées en ligne sur le sujet attesté, sans autres limitations, qualifications ni honoraires exorbitants. Les mentions d’un certain document établiront le profit et le prestige de son auteur. Seront ignorés tels critères que l'âge, origine, métier, scolarité antérieure et d’autres. 

La revue de pairs professionnels ne validera plus le dossier de recherche dans les journaux scientifiques publiés sur papier. La concurrence de chien enragé, dite « publier ou périr » disparaîtra de la science de prestige. Les articles de recherche subiront la revue simultanée et sans limite de la totalité de ce réseau d'étude, indépendamment de leur validité apparente. Ce nouveau système acceptera n'importe quelle entrée de données pour être marqué ensuite par la communauté entière. 

Si l’on refuse d’apprendre l'algèbre mais souhaite assister à une classe de calcul différentiel, soit. Des précepteurs en ligne aiguilleront cet Apprenti sous-qualifié vers des modules d'étude mis en boîte. Si nécessaire, ils le renverront vers d'autres maîtres pour achever ses études préliminaires. 

Les participants emploieront des programmes de filtrage finement accordés pour détourner les données non désirables et attirer celles d'intérêt particulier. 

On n’entendra plus parler de publicités hors propos, semées partout à l’aveuglette. On se demandera comment les publicitaires d’antan ont pu abasourdir tout le monde, au lieu d’améliorer la vie en particulier de leur assistance convoitée, sans quoi faire révérence et abattre le rideau. Quelle gaspillage d’effort !

 

L'Internet a été déformé dans le sens opposé. Comme d'habitude avec chaque nouvelle technologie d’armes, ses utilisateurs prioritaires sont parvenus en ligne comme de suite :

1.     les requises militaires en premier, bénéficiant du maximum de comptant ;

2.     le milieu d'élite universitaire ; 

3.     l’exploitation commerciale ; et 

4.     les besoins particuliers en dernière place, remplacés par le spam, le virus et d’autres décharges informatiques. 

 

Des nouvelles machines pédagogiques s’occuperont des corvées à répétition de la formation scolaire. Beaucoup d’idéalistes doués réclameront l’honneur de servir comme maîtres d’Apprentissage. Cette maîtrise universelle pourrait être l’un des derniers travaux structurés dans une économie post-industrielle paisible. La vocation d’enseignant évoluera d'asservissements de cléricalisme, d’enmerdement disciplinaire et de répétition par cœur ; en échanges d'inspiration et de consultation entre des Apprentis passionnés, pour seul but de profit mutuel.

Note bien s'il te plait, cette transformation vitale aux Apprentis. Sous une gérance d'armes, des professionnels autoritaires ‒ juges, professeurs et politiciens, entre d’autres ‒ nuisent à leurs clients d’office et les punissent. Ils se transformeront en conseillers bénévoles et guides intimes, ne détenant plus la capacité de nuire sauf sous la direction d'assemblées plus étendues d’experts. Ils trouveront l’imposition de peines non seulement dégoûtante mais nuisible à leur dignité professionnelle. Comme chez les médecins, le rendement du bien et rien que tel deviendra la clef de la maîtrise professionnelle ; son opposé, inacceptable par un praticien honnête. 

Du reste, chaque enfant maîtrisera avant la puberté son doctorat dans au moins une de ses passions. Presque tous se rendront en maîtres d’une étude paisible ; la plupart, dans quelques disciplines adjointes. 

Ceux sousmotivés ou estropiés par abus tireront bénéfice de nouveaux systèmes de soins. Ils ne participeront pas au système standard d'étude avant que tous deux puissent profiter de cet échange. Quant aux individus affligés d’incapacité grave, des aides raffinées biomécaniques et spirituelles leur permettront de réintégrer le système standard d'études. Personne ne sera laissé en arrière sauf volontairement. Le plus provocant et laborieux le scénario d'enseignement, les plus dévoués et subtils les maîtres d’Apprentissage, attirés là par leur culte de passion. Des académies spécialisées serviront ceux qui nécessitent un logement restrictif jusqu'à ce que leur convalescence puisse les libérer. 

Afin d'accélérer l’Apprentissage, ces réseaux se serviront de chaque fraude de Madison Avenue et hantise de culture de masse qu’ait fantasmé l'humanité. Des messages subliminaux clignoteront sur des canaux « d'arcade de recréation » qui persisteront à offrir vingt-quatre heures sur vingt-quatre de ce divertissement de cerveau terne dont on s’est habitué. Ils encourageront pareillement leur assistance sous-développée à poursuivre leur instruction de lecture et de calcule, découvrant ainsi leur passion définitive. Ces « annonces publicitaires » prendront une fraction de l’énorme capacité disponible de traitement de texte et de mémoire numérique. La participation ou le refus de participer seront considérés autant valides. 

Des enfants bien élevés mûrissent au sein d’une collectivité clémente et raisonnable, non celle coercitive qui nous est familière, qui ne produit de façon fiable qu’un grand nombre de soldats. Les mères nourriront leurs enfants au sein pendant des années : la formule naturelle de contrôle des naissances. Les familles étendues coopéreront à porter leurs enfants en bas âge à la hauteur adulte pendant les heures en éveil. Cette forme de coopération, autant au sein de la famille qu’en dehors, durera plus ou moins les premiers cinq années de chaque nouveau-né. 

Des enfants bien élevés au sein d’une société raisonnable apprécieront beaucoup plus de libertés que celles qui nous sont permises à présent. S'échappant de la canicule quotidienne, les enfants balinais assistaient à des divertissements publics jusqu’à trois heures du matin. Pourvus de protections spéciales à l’encontre du pédophile aléatoire, aucun mal ne leur advenait de cette habitude. 

Comme une salle commune de télévision, les bâtiments scolaires serviront comme lieux de réunion volontaire, au lieu de centres de détention. Les écoles d’Apprentis, opérant en décalage de jour et de nuit, attireront des enfants ennuyés et des adultes sans meilleure destination. Peu de classes imposeront une assistance quotidienne et enrégimentée. Par contre, beaucoup d’installations et d’instituteurs aménageront des sports continus, des jeux, des travaux pratiques et des projets d’affaires. Les réseaux d'Apprentis coordonneront, programmeront et annonceront une gamme extensive de classes et de divertissements. 

Des enfants inoccupés seront surveillés par des membres de la communauté encore plus attentifs à leur bien-être que la plupart des instituteurs aujourd'hui. Les écoles évolueront de prisons de jour en lieux évidents où des gosses ennuyés iront se divertir. Le « Va dehors jouer » deviendra « Va t'amuser à l'école. » Comme pendant les âges d'or d’antan, des jeunes gens avides s’assoiront aux pieds de maîtres brillants. 

La plupart des Apprentis poursuivront leurs études comme un bien en soi. Pour un honoraire honnête, les Apprentis absorberont des données sur n'importe quel sujet choisi, au niveau correspondant d'expertise. 

Un cycle d'études programmées enseignera les fonctions d’un terminal d’ordinateur standard, ses entrées de commande et capacités initiaux de lecture et calcul. Ce réseau d’Apprentissage fournira ensuite des définitions de dictionnaire, des essais encyclopédiques, des études programmées en détail, des classes du dernier cri, des conférences d’école supérieure en temps réel et des revues professionnelles de livres et de cahiers traitant de chaque sujet, fournissant des copies imprimées de tels à plein texte. Contrairement à l’Internet qui n’offre qu’un buffet incohérent de donnés de profondeur sans limite mais d’indexation incongrue, l’Agora des Apprentis guidera les jeunes Apprentis en poursuite de leur Apprentissage accéléré le long de chemins simples et bien structurés, tout en facilitant des détours vertigineux pour autant bien éclairés, selon le souhait de chaque Apprenti en quête d’infos.

 

Par égard à la brièveté, j'avoue que mon enseignement d’enfance fut un schéma directeur : comment ne pas enseigner les maths à un gosse. Je sers comme porte-parole pour ceux dont l’aptitude en maths fut écrasée dès leurs premières années d’école. Il est trop tard pour nous autres — mais non pas pour les générations à suivre.

Ma proposition ? Le ministère de l’éducation (n’importe le pays) tend un contrat d’un million de dollars à SEGA, Nintendo et chaque autre qu’y proposeraient l’offre. Le projet serait de rédiger le meilleur jeu d’arcade de tireur en première personne, tel que DOOM. (DOOM+, BOOM ?) Ce jeu serait désormais monté gratis sur toutes les plates-formes numériques (Windows, UNIX, Mac.) Chaque joueur ayant accès à un ordinateur en bénéficiera gratis.

Lors de ce jeu, des monstres en approche seront tatoués d’une équation. Le réticule de ce jeu se focalisera sur les éléments distincts de cette équation (contrôlée par le joueur, elle s’ajustera aussi grande ou petite que nécessaire pour cibler l’élément de l’équation à simplifier.) Le jeu comprendra des touches de tir : addition, soustraction, multiplication et division pareillement à celles pistolet, fusil, etc., dans les jeux contemporains.

Le but sera de « tirailler » les éléments de cette équation jusqu’à ce que ce monstre fût « abattu » (cette équation simplifiée pour X ou une autre variable.) Dans l’équivalent pour des enfants paisibles, il s’agira de « tailler » une vigne en folle croissance jusqu’à sa « floraison. » Une simplification fautive s’enregistre comme une « rature. » Manque de le simplifier permettrait au monstre « d’abattre » le joueur ; manque de « tailler » la vigne résulterait en son « étranglement. » Des joueurs experts s’imposeront des contraintes supplémentaires de temps écourté et de munitions diminuées afin de rénover leur amusement. Faites plus vite et avec moins de tirs ou perdez le jeu.

Aux paliers élevés de complexité, une suite de touches « de contrôle alternatif » permettra aux joueurs de résoudre des problèmes d’algèbre de plus en plus complexes comprenant la trigonométrie, les valeurs absolues, les calculs différentiels, les matrices, etc. Des variantes incorporeront la probabilité, les statistiques, la physique, l’ingénierie, la chimie et la programmation numérique. Le monstre surgissant de jeux davantage complexes sera tatoué d’une série d’équations de plus en plus compliquées. Toutes les règles mathématiques figureront posément comme instructions, allusions et indices ; les formules classiques et les découvertes historiques seront émises comme des « tricheries. » 

En dehors de leur palier particulier de difficulté, les résultats imaginaires se rendront en « tilts. » « Félicitations ! Tu viens de faire sauter le couloir de jeu à coups de bombe atomique ! » Puisqu’une grande partie des mathématiques avancées s’appuie sur des équations dites « complexes » cet aboutissement comportera une sortie qui mènera des Apprentis précoces aux calcules « imaginaires » encore plus alambiquées et fructueuses. 

Ce logiciel mettra l’accent sur le narratif, la splendeur d’images et l’aspect ludique par-dessus celui didactique : toujours davantage de jeux et moins de corvée. Les enfants s’initieront en leurs aptitudes mathématiques à leur propre vitesse pendant des jeux fascinants. La bonne disposition du numérique en masse et ses enjeux technologiques peuvent se prouver prodigieux. 

La réplique orthodoxe à ce problème offre un petit cadeau aux bureaucrates contemporains d’enseignement, mais elle est vouée à l’échec en fin de compte — soit la satisfaction que l’on puisse obtenir de cette nullité. Les cours de maths à venir renforceront le jeu primaire d’Apprentissage. On n’interdira plus ces jeux électroniques et leur potentiel de développement mathématique. Les classes de math se transformeront en arcades de jeu bien surveillés.

Malgré quelques décennies de développement de l’instruction numérique, aucune telle n’existe, encore moins celle gratis et de distribution universelle. Les jeux contemporains de mathématique sont balourds, trop didactiques et bornés aux habiletés élémentaires. 

Je te le demande : quelle bureaucratie se sert le mieux de ce manque en masse d’adresse mathématique ? Qui bénéficie le plus de fonds académiques dévoués à la faillite de l’enseignement de la mathématique car rendu en corvée sans satisfaction ni spontanéité sauf pour une poignée de surdoués ? 

Ce nouveau jeu mathématique sera ma revanche à l’encontre de tous ces raseurs insupportables. Comme dans le cas des généraux qui gèrent la guerre, l’enseignement des maths est un sujet trop important pour le laisser entre leurs mains. 

Si l’on m’avait offert ce genre de jeu quand j’étais petit, j’aurai pu mieux me qualifier pour répondre aux problèmes actuels. A défaut de ce jeu, je fus dépourvu d’enseignement opportun en maths et ma propension d’enfance fut estropiée. J’ai sombré en indifférence passive aux revendications académiques de langueurs successives. Me voici inculte quant aux maths avancées ‒ ma fenêtre d’opportunité close ‒ aussi le porte-parole exhérédé de générations d’Apprentis doués à venir.

Je me suis détourné trop fréquemment de la plupart de mes difficultés et en mit à fin la plupart trop rapidement. J’ai aussitôt eu marre des moindres obstacles et m’en suis écarté. Moins souvent, ceux encourus depuis ma quête d’Apprenti.

Ce sera à chaque Apprenti de choisir son niveau d’étude et de jeu. Le réseau fournira des noms, adresses et liens audiovisuels d’autres Apprentis qui partagent la même passion. L'amateur et l'autorité y seront enregistrés, ceux lointains et ceux proches. Cette assemblée constituera le bottin aux pages jaunes à venir.

Les pauvres pourront accéder à ces services gratis, pour la même raison qu’ils sont envoyés à l’école gratuite ces jours-ci. Ils bénéficieront de subventions d'impôt pour défrayer leur obtention d’ordinateur et son emploi au réseau. Les Apprentis distribueront gratis des terminaux d'ordinateur à travers la planète. Pour commencer, tous les marchés et salles de classe du tiers monde devront en recevoir au moins un. 

Là où des services de maintien de vie sont insuffisants aux besoins des jeunes gens, des académies d’Apprentis récemment établies leur fourniront de tels, ainsi que de la chaleur humaine et l’étude supplémentaire.

Une fois correctement nourri et instruit, le génie collectif des enfants du tiers monde, aux intellects autrefois affamés, fournira toutes les percées technologiques, perspicacités théoriques et nouveautés sociales dont on aura besoin.

 

Finalement et d’importance finale, la convention des formules mathématiques doit être transformée.

A commencer, citer le maitre Soborno Isaac Bari, prodige de cinq ans : « Tout d’abord, il faut un diagramme. » https://www.youtube.com/watch?v=r2Xu37gEvsA&t=1967s

Ce peut être un graphique classique aux axes XYZ…, un dessin d’actions, un diagramme de Venn, n’importe quoi selon l’application. Il sera étiqueté avec chaque variable connu et inconnu. Chaque constant devra être affiché et son effet représenté ; les autres donnés impliquées, indexés pour récupération immédiate.

Ensuite, sans parler de leur complexité, ces formules ne doivent plus être écrites à l’horizontale puis définies plus ou moins suffisamment selon ses termes et opérateurs, selon la formule actuelle. Elles doivent au lieu être écrites à la verticale, chaque terme et opérateur définie de façon microscopique et cette explication toujours placée à coté à l’horizontal. Comme tel : 

A – la somme des pommes

+ – additionné à 

B – la somme des poires

= – égale à

C – la somme des fruits dans ce cas

 

Ou

 

A – gens comptés

/ – divisé par

B – partis politiques

= – égale à

C – la moyenne des participants politiques

(Incluant toujours les unités spécifiques de mesure.)

 La plupart de nos formules mathématiques imposent des tas de termes mal documentés qui doivent être interprétés, devinés, recalculés ou retenus en cours de route. Cela mène aux erreurs communes et fâcheuses telles que des transpositions de négatifs formulaires et des confusions d’unités de mesure.

Nous devons rendre nos formules mathématiques aussi faciles à suivre que possible, avec chaque élément minutieusement défini ; ne plus les rendre en puzzles de plus en plus alambiqués, n’étant adaptés que pour ceux surdoués et assujettis aux fautes simplettes qu’eux-mêmes trouvent difficile à éviter.

Ce pourrait simplement être une autre application, à la smart phone contemporaine, de DOOM+ décrit en haut.

Avant tout, davantage de simplicité, de spécificité et de clarté ! 



 

- BRUIT BLANC –

 

« L’homme doit constamment récapituler ses expériences et persister à découvrir, inventer, créer et avancer. Les notions de stagnation, de pessimisme, d’inertie et de laxisme sont toutes mauvaises. » Mao Tsé-toung. 

Jusqu’à présent, bien régir l'humanité en ébullition fut impossible en pratique. Même les Etats les mieux gérés ont permis à la menterie de ternir leur vertu ; la brutalité, leur justice. Etant donné le bruit blanc de la mentalité d'armes, l’abus et la terreur sont devenus les ordonnances sociales de routine. Il y eut tant de demandes, de distractions et de contradictions à traiter en concurrence ! L'attente de sagesse et d’équité est devenue chimérique.

« Une des raisons que les présidences de Kennedy et de Johnson ont manqué d’adopter une approche ordonnée et raisonnable aux questions de base du Vietnam, ce fut la variété et les complexités renversantes d'autres enjeux auxquels nous dûmes faire face. En simple, nous affrontions une tempête de problèmes, il n’y eut que vingt-quatre heures par jour et nous manquions d’ordinaire assez de temps pour y réfléchir avec soin. 

« Cette situation fâcheuse ne fut pas limitée aux administrations auxquelles j'ai servi ni même aux Etats-unis. Elle a existé à tous temps et dans la plupart des pays. Je n'ai jamais vu un examen pensif de ce problème. Elle existait alors, elle existe à ce jour et il va falloir la reconnaître et la prévoir quand un gouvernement s’organise. » Robert S. McNamara, En rétrospective : La tragédie et les leçons du Vietnam, Time Books, 1995, page xvii. [Mes italiques. Cotisé avec permission.] 

 

Le gouvernement chinois a souvent eu la douteuse distinction de régir dix fois plus d’individus que le prochain grand Etat sur terre. Nul choix là-dedans. Soit à quel point dégradée et en guerre contre elle-même, son empire a enduré plus longtemps que les autres dans l’histoire écrite. Aussi fut-elle pilonnée comme du bon acier par des vagues de barbares d'armes. 

En Chine, la formule la plus sincère de la gestion d'armes, dite l'école de la loi, parut pendant le chaos d'armes datant de 450 à 300 AEC, désigné « les Etats en guerre » quand des dizaines de millions de Chinois s’entre-tuèrent en guerre totale et en famines et fléaux subséquents. Shang Yang, Premier ministre de l'empire Chin, lista seulement deux composants gouvernementaux : guerre et agriculture. Il réduit la gouvernance en deux fonctions clés : enrégimenter autant possible de tueurs et les alimenter. Sa philosophie, dite légaliste, fut comparable au « réalisme politique » qui prédomine dans l’Occident actuel. Les robots militaires optimiseront cette formule, à notre perte totale.

Pas mal pour une nation dont diverses factions combattantes ont enterré vivante une armée de 200.000 prisonniers rebelles, à deux reprises, et laissé la famine emporter trente millions de riverains en cinq ans, deux fois aussi ? Des motivations sans égale pour agencer ses affaires un peu mieux la prochaine fois. Je te laisse imaginer les spectres qui ont dû hanter les cauchemars des gérants à l’époque !

Les maîtres d'armes chinois des Etats en guerre auraient trouvé bonne compagnie en comparant leurs notes avec des réactionnaires modernes, à supposer que de tels paranoïdes racistes eussent pu s’entretenir franchement entre étrangers. 

Des démocrates du dollar peuvent s’appeler Republican (bananier), Democrat (corporatif) néo-libéraux (donc élitistes corporatifs), conservateurs, travaillistes, populistes révolutionnaires, radicaux institutionnels, partisans du peuple, royalistes féodaux, militaristes fascistes ou absolutistes impériaux. Ce qui fulmine au fond de leurs calculs, c’est leur crainte morbide de guerre à l’outrance entre ceux nantis et ceux pauvres. La dissemblance entre ceux de droite et de gauche, c’est leur prévision du sortant « victorieux » de cette guerre ; quoique personne, ni riche ni pauvre, n’a jamais gagné quoi que ce soit d’un conflit tellement stupide et destructif.

Ceci dit, la pensée politique chinoise se consacre pour la plupart à la paix, à l'harmonie sociale et aux valeurs particulières de retenue et de sagesse. De la flexibilité du bambou, ses doctrines mohistes et taoïstes concurrencent favorablement avec les meilleures offrandes ailleurs. 

Les civilisations d’armes ont publié des tas d’ouvrages de philosophes d’armes et pas grand-chose d’autre. Mengzi et son œuvre les dominent de la tête et des épaules : l’une des gloires de la Chine. Une culture moins magnifique les aurait fait disparaître comme ne comprenant que de la mentalité paisible. Comme on dit au monde Anglo-Saxon : « Ton projet n’est pas commerçable. »

 

« L’empereur Hui de Liang dit : Je me suis tout à fait dévoué aux soins de ma nation. Si la famine arrive au nord de la rivière, je déplace des gens à l’est de la rivière et du grain au nord de la rivière. Et si elle se plante à l’est de la rivière, je fais l’opposé. Je n’ai jamais constaté une telle dévotion de la part des gouvernements de pays avoisinants, nonobstant que leurs populations s’augmentent par grands bonds, alors que la mienne, à peine. Comment cela ? »

« Vous appréciez la guerre » entama Mencius, « ainsi puis-je emprunter une analogie de guerre. Les tambours de guerre battent, les armées se croisent, et aussitôt que sonnent les glaives, les soldats jettent leur armure et s’envolent, l’arme à la traîne. Certains fuient trente pas et s’arrêtent, d’autres, quinze et s’arrêtent. Est-ce que ceux qui ont couru la quinzaine sont justifiés de rire de ceux d’une trentaine ? »

« Bien sûr que non » répondit l’empereur. « En vérité, ils n’ont pas filé tous les trente pas mais ont filé tout de même. » 

« Si vous l’avez compris, vous ne brigueriez pas davantage de population que les pays avoisinants. Voyez bien : quand les saisons de récolte ne sont pas ignorées, les gens ont davantage de grain qu’ils n’en peuvent manger. Quand les étangs ne sont pas fouillés avec des filets au petit maillot, les gens ont davantage de poissons et de tortues que ce dont ils peuvent manger. Quand les forêts monticoles sont coupées selon leur saison, les gens ont davantage de bois que ce dont ils peuvent s’en servir. Quand il y a davantage de grains et de poissons que ce dont ils peuvent manger et davantage de bois que ce dont ils peuvent s’en servir, les gens nourrissent la vie et endeuillent la mort en tout contentement. Un peuple qui nourrit la vie et endeuille en contentement la mort, voici le début de la voie impériale. »

« Quand les fermes de trois hectares ont des mûriers autour du mas, les gens portent de la soie à cinquante ans. Et quand les saisons propres aux poulets, aux porcins et [aux bétails] ne sont pas négligées, les gens mangent de la viande à soixante-dix ans. Quand les fermes de cinquante hectares ne violent jamais la propre saison, même les familles larges n’entreront pas dans la faim. Prêtez bonne attention à l’instruction de l’école villageoise et étendez-y les responsabilités familiales de l’enfant. Alors, quand luiront leurs cheveux argentés, les gens n’iront pas tirer de lourds fardeaux par route et sentier. Nos gens aux cheveux noirs, libérés de la faim et du froid, portant de la soie et mangeant de la viande à soixante-dix ans : il n’y a jamais eu de temps pareil dans l'absence d’un empereur incontestable. » 

« Mais vous ne considérez pas le lendemain quand les gens donneront leur grain en surplus aux cochons et aux chiens. Ainsi, quand des gens meurent de faim dans la rue, vous ne concevez pas de vider les entrepôts pour les nourrir. Des gens meurent et vous vous dites, Ce n’est pas ma faute, c’est la récolte. Comment cela diffère-t-il de poignarder quelqu’un à mort et puis se dire, Ce n’est pas moi, c’est le glaive ? Cessez de rendre blâme aux récoltes, et les gens s’attrouperont à vous depuis partout sous les cieux. » Mencius (Mengzi), p. 6.

 

Encore que le confucianisme accentue trop le pouvoir en lieux publiques et privées. Jusqu'à l'arrivée du communisme, la politique chinoise a sauté les exigences administratives. Elle comptait sur l’idéal mandarin pour appliquer une bureaucratie homogène et centralisée du haut en bas de la société. Cette approche en formule favorisait le perfectionnement individuel, la puissance gouvernementale et la rigide cohésion sociale, entérinée à chaque palier par des figures d’inflexibilité paternelle et leurs subalternes dociles. 

 

Le Parti communiste chinois perd son mandat du ciel en abusant de ses pauvres par corruption d’élite, ses minoritaires raciaux et fidèles par fiat, et ses peuples adjacents (Uigurs de Xinjiang, Corée du Nord, Hong Kong, Taiwan, Vietnam, Cambodge, Tibet – tous abusés). Ses récents désastres climatiques peuvent résulter de cette perte. Chacune de ses stratégies de somme nulle vis-à-vis de ses voisins nationaux l’enlève d’un pas de plus de son devoir global. La Chine ne se rendra pas honneur avant qu’elle ne duplique de façon compulsive la compassion éclairée des meilleurs empereurs de son histoire.

 

Pour la Chine et d'autres empires complexes, les seules solutions de rechange ont semblé être : 

·       Centraliser la prise de décision. Enlever le contrôle des mains de ceux au raz des pâquerettes, retenant meilleure prise sur la situation actuelle. Fonctionner par fiat, tout en souffrant les retards inévitables du contrôle des ordonnances.

·       Décentraliser ce contrôle. Dans l'absence de dépêches efficaces, opposer les intérêts particuliers en concurrence, empiler la surabondance et la pénurie dans diverses régions et permettre au conflit paroissial de franchir le seuil chaotique de turbulence. 

·       Se rendre. D’époque en époque, des nomades à cheval, en chariot et en jonque ont patienté dans les ailes, avides de renverser chaque dynastie chinoise dont la dévotion au militarisme parut trop hésitante. Les premières nations industrielles de l’Occident ont récemment cessé d’adopter ce rôle ? 

·       Quand la guerre civile ne parvint pas à induire la faiblesse requise, une certaine combinaison de famine, d’inondation et de peste purent conclure l’affaire. http://www.physorg.com/news198301240.html (en anglais.) 

 

Bien que la Chine soit célèbre pour l'énergie, le génie et l'autodiscipline de ses citoyens (singulièrement comparables aux Français) ce dilemme passif-agressif a déclenché de nombreuses crises d’anarchie aux mains de seigneurs de guerre. L’absence de solutions de rechange valides provoqua conflit de bascule entre l’aveuglement central et la rapacité périphérique : le cas comparable dans toutes les sociétés de telle complexité. 

Nulle doctrine absolue ne répond bien à chaque dilemme de la condition humaine. En tentant de microcontrôler les complexités sans limite de l’existence humaine, des commandes paternelles se sont entassées « faites toujours » et « ne faites jamais » qui ne sont parvenus qu’à s’entre dérailler. 

Les doctrines autoritaires ne sont que des tentatives méprisables de simplifier les issues d’extrême complexité à la norme simpliste d’un dogme inflexible. Autant vaudrait nager les pieds enfouis dans un seau de béton, sinon, comme disent les Chinois, « Se bander les pieds afin de prévenir son progrès. »

L’Apprentissage global et libre peut remédier à lui seul notre manie de réduire la réalité fractale en formules de simplicité fixe. Au lieu de pétrir chaque personnalité dans un moule pinçant de comportement approuvable, un chambranle sociétal fort, flexible et raisonnable étayera les talents particuliers de tous, éclaircira leurs aspirations, identifiera et compensera leurs apports passionnés. 

 

Selon l’avis d’Apprenti, beaucoup de pays en voie de développement érigeront des mégastructures géantes et avaleuses de cités, comme décrites par Robert Silverberg dans le livre Les monades urbaines (The World Inside, « Le monde au-dedans ».) Leur modèle fonctionnel en miniature pourrait être l’arcologie de Paolo Soleri, du nom d’Arcosanti en Arizona. 

L'on pourrait témoigner d’un rassemblement équitable et bien ordonné de grandes populations dans des structures énormes, plantées sur leur talon aiguille au lieu du pied plat des villes et banlieues actuelles. Le territoire périphérique, comportant des populations très réduites, serait réaffecté à l'agriculture et la restauration écologique. Dans ces conurbations géantes, la sûreté particulière et celle collective dépendront du luxe autant physique que politique que ces cessionnaires trouveront dans leur nouvelle demeure. Leur coopération enthousiaste sera indispensable pour y soutenir la bonne vie. Des demi-mesures et des compromis pour seul but d’en réduire les coûts, écrasés sous des doses coutumières de contrainte et d'embrigadement, provoqueront des désastres aux dimensions de fatalité dépassant celles aux mains des Khmers Rouge. 

Aussi, les habitants des Etats-unis, de la Chine, de l'Europe et des tigres d'Asie libèreront de leur lot de misère ceux d'Afrique, d’Amérique latine et de ce qui reste de l’Eurasie communiste. Ces nouveaux plans Marshall (la nouvelle route de soies parmi d’autres) ressembleront, quant aux coûts et résultats, aux plans de développement économique qui ont tiré sur leurs pieds l’Europe occidentale, le Japon et les petits tigres d’Asie d'un coup sec à la suite des ravages de la deuxième sic guerre mondiale. Le premier monde et son bon vieil intérêt particulier dicteront le développement de robustes économies neuves dans ces régions prises de pauvreté, afin de promouvoir d'énormes marchés neufs de marchandises et services en deux sens. 

Nous devons découvrir des nouvelles industries énergétiques, avant d'être suffoqués par celles contemporaines. Les Apprentis dans ce genre, habitants du tiers monde, soutiendront ce front tropical de renouveau. 

En Colombie, la commune de Gaviotas nous offre un remarquable modèle de transformation soutenue par la population indigène. Voir le livre d’Alan Weisman, Gaviotas : Un village pour reconstruire le monde, Chelsea Green Publishing Co., Vermont, 1998. Voir aussi Gaviotas, douée du génie de Paolo Lugari ; et Nader Khalili avec son dôme de Roumi en Arizona. 

Les Apprentis multiplieront et raffineront ces efforts de génie dans des millions de communautés en voie de développement. Leurs œuvres-maîtres nous remettront des fortunes hors mesure et d’autant plus de sagesse.
 
 BRUIT BLANC 2023 notes de haut en bas

Lignes droites, angles carrés et tours de boîtes nous définissent et nous confinent en paysages et habitations inamicales aux êtres humains, inutilement sur-mécanisés et écocides à long terme. Cependant, un vaste réseau sous-financé d'architectes et d'urbanistes rêve de nous sortir de ces boîtes contre nature et de nous ramener en structures vives et respirantes, bien sécurisées, construites en vue du confort humain et de la santé à la fois mentale et corporelle.

Parmi ceux-ci, Moshe Safdie et son Habitat 67 brillent de mille feux. Ses pentes de boîtes adaptées à la vie familiale (trouvées partout en Israël, construites aux années 1970) devraient devenir des structures partiellement cintrées à l'aide de dessins CAO et d'imprimantes 3D de bâtiment ; soit des unités, modulaires préfabriquées, soit coulées sur place si possible. Retour aux dômes de Roumi, mais tassés en hauteur.

Les cadres de tours urbaines peuvent être dépouillés des dispositifs de bureau et rideaux de verre. Au lieu, des modules de logements familiaux seront insérés autour et entre les puits de service public. On laisse intact un étage de bureaux tous les dix ou vingt étages, plus de la vente au détail et des services de petite ville (ordinateurs, mairie, services de secours, cliniques) en bas ; plus piscines, salles de sport, écoles, tout ce qui fait demande dans ce quartier.

True Zero Building, par le Dr. Eugene Tssui, fait model de projets plus amples d’architecture révolutionnaire au bon sens écologique. Ses idées diffèrent, quant à leurs contenus et résultats, des nôtres aujourd’hui. Les siennes sont plutôt meilleures : moins de contradictions, dépenses supplémentaires et faiblesses que les nôtres. Réoutiller tout ça sera certes difficile, mais la ré-apprentissage de toute l’industrie du bâtiment, beaucoup plus.

David Sheen est le promoteur de l’architecture écologique sans compromis. Ses exigences extrêmement compliquées et difficiles sont élémentaires pour une personne réfléchie. Tu te demanderas : « Pourquoi pas héberger les gens à sa façon. », Chaque habitant de ses structures les adopterait avec gratitude. Ces habitats à flanc de colline et de tours nécessiteront beaucoup plus d'études pour robustesse, simplicité, bonne affaire, et amélioration de la vie.

Des modèles modernes, inspirés par la maison longue iroquoise, offriraient bons abris aux réfugiés et sans abris. Organisés correctement avec bonne gouvernance, assainissement de l'eau et des vivres, ils relèveraient des communautés brisées, favoriserait des petites entreprises, les protégerait du crime et des éléments. L’échafaudage et les revêtements doivent être modulaires et normalisés pour en faciliter l'installation, la réparation et le démontage. 

Les grandes populations des régions frappées par la famine seraient évacuées vers les rives de la mer, d’une bonne rivière ou de la source de pluie la plus proche, afin d’y être mieux hébergées et approvisionnées. Les maisons flottantes, résistantes à la tempête doivent être ingéniées : soit perchés sur radeaux de biomasse flottante, soit reliées ensemble et à la rive par racines partagées.



 

- ANCIENNE ABONDANCE : Dinosaures ou éléphants ? –

 

Le monde est paradoxalement dépourvu d’énergie à cette époque, comparé à celle de sa jeunesse. Chaque minute, trois millions de molécules de potassium crépitent dans le corps humain. Nous, le tiers le mieux nourri de l'humanité, transformons l’excès de nourriture en graisse quotidienne. Ce régime énergétique reste toutefois misérable comparé aux ergs déchaînés qu’un corps de masse humaine put rayonner à l'époque Hadène il y a quatre milliards d’années. Alors, la conscience vitale a pu occuper des orages de feu départementaux au lieu de nos petits paquets isolés de quelques vingtaines de kilos de chair en décomposition.

D’ailleurs, l’humanité figure probablement comme la plus récente d’une série d’écologies lucides (ésotériques, électriques, calorifiques, minérales, protistes, végétales et animales) de passage sur la scène terrestre, puis s’éteignirent soit par sottise multiplicative et noyade en déchets (tel que nous l’entamons à présent comme des cons) soit par un hoquet cosmique. En effet, le royaume subséquent festoya en toute probabilité sur les déchets de celui précédent, comme en sont parvenus ceux qui se servent d’oxygène vis à vis leurs prédécesseurs anoxiques.

Ici au fond ensoleillé de notre puits de gravité, nous menons lutte continue contre l’entropie. A propos, qu’est-que vraiment cette gravité ? Sa distorsion infatigable de l'espace-temps se moque bien de nos lois de conservation d'énergie. La pesanteur règne suprême sur la plupart des manifestations observées de l’entropie inversée, résultant apparemment de la distorsion du temps par la masse en gros. Cette force est risible comparée à celles électromagnétiques et atomiques : les trois ou quatre que nous distinguons. L'attirance d’un petit aimant sur une épingle peut inverser celle de la planète entière. 

Faisons-en face : notre civilisation « de pointe » s’alimente de l’accroissement de minerais et de matières organiques en décomposition. Une petite bouffée de gas-oil trahit son origine comme de la sentine naturelle. Il est probable que ce pétrole serve une fonction géomorphologique et mystérieuse. Comme des moustiques affamés, nous refusons d’y prêter attention en le suçant à sec, et risquons d'être écrasés par les conséquences imprévues de notre gloutonnerie. 

 

Des anciennes espèces de plantes ont pu fournir un contenu alimentaire beaucoup plus généreux que nos variétés domestiques apparentées de trop près. Bien avant, des plantes davantage nutritives ont pu évoluer en codépendance avec des espèces consommatrices et se seraient éteintes avec leurs consommateurs, voire au fil d’épidémies et de catastrophes. 

Une récente mutation de moisissures vient à peine d’anéantir la récolte globale de bananes. L’extinction d’autres plantes nutritives dans la nature rend inquiétude : grenades, pistaches, pastèques, pommes, ananas, mangues, patates douces, ails, cacahouètes, sojas, tomates, cafés, blés durs, raisins et sans doute d’autres non énumérés ici : de quoi affamer l’humanité.

L’agriculture industrielle ne peut pas être soutenue. Ses applications de plus en plus coûteuses de masses chimiques et pétrolières empoisonnent l’environnement et réduisent le rendement nutritif jusqu’à la transformation de plaines jadis fertiles en nouveaux déserts. De l’eau propre géologique est puisée en taux irremplaçables et insoutenables. 

Des meilleures applications devront remplacer nos appuis actuels.

 

Le microbe n’a pas nécessairement été le plus nuisible aux cultives et rares bêtes ; s’eut plutôt été l’homme. Les Romains moissonnèrent à l'extinction le silphium, un aromate culinaire et stimulant sexuel de Cyrène en Afrique du Nord. Ils ont exterminé les baleines de la Méditerranée et réduit à l'extinction plusieurs espèces de grands fauves pour garnir les jeux meurtriers du Colisée. Toute une succession d’empires et de nations peut réclamer quelque responsabilité d’extinctions ; ceux les plus récents, les plus populeux, les plus coupables.  Des livres entiers furent sans doute écrits à ce sujet seulement, accusant chaque ethnie et nation. A moins qu’elle n'effectue des avances colossales de sagesse et d’Apprentissage, la race humaine finira en une exposition fixe dans le musée d’histoire naturelle galactique, comme une infection planétaire d’ultime fatalité subite et hébétée. Nous avons même oublié comment infuser le soma, probablement d’un quelconque pissenlit de catégorie supérieure (de supériorité binaire : aussi fraiche que son frère sent mauvais.) 

 

Les mastodontes antédiluviens ont crû jusqu’à deux fois le poids d’un éléphant moderne ; les dinosaures, six fois davantage. Jusqu'ici, aucune physiologie alimentaire plausible ne leur a été proposée.  De la prêle ? Benjamin-burger.com

L’archaïque Béringie, le pont terrestre submergé à présent entre la Sibérie et l’Alaska, est supposée avoir hébergé des mammouths et une mégafaune conforme ; des pionniers humains, l’avoir traversé depuis l'Asie. Personne ne peut modeler une écologie qui soutiendrait une faune de telle voracité sur un terrain arctique récuré de tempêtes et ceinturé de glaciers des kilomètres d’épaisseur. Des glaciers tant massifs auraient été nécessaires pour abaisser le niveau de la mer et découvrir le pont terrestre. Imagine ces bêtes superbes s’attroupant en Antarctique actuel, et l’homme le traversant à pied de l’Afrique en Amérique du Sud. Du n’importe quoi.

Une possibilité ? Ces animaux se nourrirent de plantes encore plus nutritives que les nôtres, résistant au haut vent, au gel intensif et à la précipitation basse. Des pollens de génotype singulier peuvent confirmer cette hypothèse, et une révolution alimentaire, reposer méconnue dans notre dossier de fossiles. Se cachent-ils parmi nos mauvaises herbes et plantes aquatiques ? 

Quelques porteurs de l’étincelle vitale, peut-être même des écologies entières, ont pu survivre le glaçage de la planète entière à coups de bolide cosmique et de volcanisme continental, peut-être encore de nombreuses fois. Ce froid omniprésent insoutenable : le glaçage de sommeil bienvenu et permanent, fouinant pour des survivants avec la patience imperturbable de millénaires et les congelant sans merci. Pareillement, des ouragans de débris cosmiques et de gaz volcanique ont étouffé la planète entière. Terre, souffle, glace et feu : chacun à son tour en disproportion suffisante pour rendre fin à la vie. Qu’est-ce qui aurait survécu ? Sans doute, des écologies aux bouches volcaniques sous-marines et des bactéries de strate profonde, mais quoi d’autre et à quel point mieux évolués ? Préservés par la science de qui, plutôt que par hasard ? La vie à elle seule prit un bon moment pour évoluer de bactéries en singes puis en philosophes un peu moins hirsutes. 

Aurait-ce été une espèce extraordinaire de Ginkgo Bilobé ? Depuis l’ère des dinosaures, cette plante a subsisté comme fossile vivant qui survécut toutes les catastrophes planétaires. Elle comporte son propre ordre botanique : Ginkgophyta, ses cellules embryonnaires en symbiose avec des cellules d’algue verte. Aussi est-elle colonisée par une espèce parmi les plus extrêmophiles : les tardigrades. C’est fascinant ! 

 

Au demeurant, le surpeuplement humain menace la civilisation entière. 

Des économistes s’attendent, pantelants d’impatience, à de nouvelles projections d'accroissement industriel. Ils ressemblent aux docteurs ignares du moyen âge, qui s’attendirent à ce que leurs malades exsangues se ranimassent alors que leur pouls disparut. Paradoxalement, notre progrès à venir exige de profondes coupures dans la population humaine et la réduction correspondante de l’empiètement de ses technologies. 

Nous sommes presque huit milliards sur terre à ce jour, avec 160 millions nouveau-nés chaque année, moins seulement 50 millions de défunts. Pour renverser la croissance humaine sur terre avec son taux courant de naissances, nous devrons subir des pertes, à partir de là, équivalentes à celles de presque une paire de Deuxièmes (sic) guerres mondiales par année. Afin d’éviter de telles pertes et souffrances supplémentaires, nous devrons réduire les accouchements par 30 ou 40 millions par année (environ un enfant de moins pour 20 couples ?) Le moins, le mieux.

Les partisans de l’augmentation brute sont comme des avares qui quittent leur gîte à contrecœur pour extorquer davantage d'or. Munis d’hypocrisie sans pareille, ces propagandistes d'empire nient le contrôle rationnel de la population comme équivalant à l’impérialisme. D’autres défendent avec dévotion fanatique le droit de chaque fœtus de devenir un adulte humain, puis votent des milliards pour bombarder au napalm et aux sous munitions, torturer, affamer et couper court la vie d’innombrables adultes ainsi défavorisées. 

Nous pourrions bientôt découvrir des nouvelles technologies et des sources fantasques d’énergie renouvelable. Mais aucune d’elles ne nous permettra de demeurer si nombreux sur cette planète et nous attendre à y prospérer. Le surpeuplement humain annule le progrès, il encourage la tyrannie en diminuant la valeur de chaque vie humaine. Il rend chaque enfant moins précieux et chaque injustice plus tentante. Les psychopathes cherchent à multiplier leur transhumance d’affligés.

 

La photosynthèse vertébrée pourrait se prouver une nouvelle biotechnologie attrayante. La bête terrestre peut grandir au point d’à peine permettre à ses os de soutenir son poids sous l’attirance d’une gravité, mais seulement en bénéficiant de nutrition supplétive. Des chloroplastes, activés par rayon solaire, ont pu envahir des cellules de peau, suppléant les mitochondries habituelles. Des dinosaures ont pu bénéficier de cette adaptation, car la communauté scientifique ne leur propose aucun régime alimentaire viable. Pense aux plats verticaux brodant la crête dorsale de certains d’entre eux : des panneaux solaires ? 

Une bête qui se nourrit sans arrêt de plantes peut croître jusqu’à la pesanteur d'un éléphant moderne mais non celle sept fois plus grand d'un dinosaure. Autrement trouverions-nous des éléphants plus massifs. Permets-moi de te répéter que les mammouths hivernaux furent deux fois plus massifs.

La chimie est remarquablement semblable entre la chlorophylle végétale et la pigmentation animale tant dans la peau que dans l’œil. Etant donné une infusion de substances semblables à l’APT dans des organelles cellulaires, la peau humaine pourrait absorber de la lumière rouge à la longueur d'onde aux alentours de 666 millimicrons. Comme des plantes, le corps humain puiserait de son système circulatoire de l'eau, du bioxyde de carbone, des gaz et des minéraux de trace, puis y déchargerait de l'oxygène et des acides aminés. Il métaboliserait peut-être des graisses, des vitamines et des hydrates de carbone supplémentaires, au moyen d’une physiologie semblable à celle des plantes.

Une nutrition alternative ? La croissance accélérée des bactéries du système digestif humain, non seulement pour faciliter la digestion mais pour procurer des protéines et des nutriments supplétifs pour absorption directe du cellulose dans les viscères humains modifiés pour ressembler à ceux des termites et au rumen des taures. Clairement ardus, ces projets !

Toute cette quincaillerie biologique (et d’autant plus, sans doute) peut se tapir inappliquée dans l’ADN dite « en surplus. » Cette alternative offre une certaine promesse aux Apprentis à la recherche de nouvelles sources de subsistance. La nutrition photosynthétique et autonome (NPA) pourrait atténuer beaucoup de problèmes industriels de transport, d’agronomie et de recyclage de déchets. Ces problèmes décontenancent le système économique actuel. Quand la famine frappe ces jours-ci, des experts secouristes du désastre dépêchent des vivres par voie d’eau, d’air et de terre ; puis observent des masses affamées s’enfler à nouveau, estropier l’écologie, broyer l’économie locale et céder l’autonomie politique à la malveillance de tyrans. 

Par contre, des secouristes pourraient inoculer de la NPA les victimes du désastre, de sorte qu’un peu au moins de leur subsistance proviendrait directement du soleil à travers la peau. Si oui, l'indépendance économique et les biohabitats locaux pourraient se rétablir, et les sectaires d’armes, avoir moins d’opportunités de prospérer.

La peau d’Adam et d’Ève eut-elle pu être infusée de pigments ressemblant à la chlorophylle ? Auraient-ils pu occuper Eden comme nous irions au parc : l’admirant sans avoir à chasser des bêtes pour se nourrir ? Le serpent les aurait-il tentés avec la pomme d’Adam : l’antidote naturel de cette capacité photosynthétique ? A partir de quelque chose de semblable, la Chute ?

Contrairement à ce qu’implique Genèse dans la Bible, le fruit de l’arbre de la connaissance n’a pas permis à Adam et Eve la compréhension du bien et du mal. Le fruit interdit les a laissés sourds et muets aux pensées et sentiments des autres (tel que du Serpent, leur dernier interlocuteur en pensée naturelle). Ainsi furent-ils privés en permanence de compassion pour d’autres êtres en vie : eux deux, tous ceux ensuite et nous. Les meilleurs parmi nous font semblant de compassion de notre mieux possible, en dépit de notre entendement naturel contaminé.

 

Une indolente Etat maman cosmique doit être en expansion plus lente que sa vague de piraterie en éclat. Sa bureaucratie doit à l’ADN planétaire la redevance d’abus aux mains de ces éclaireurs et leur progéniture sur terre. Aguerrie à ce précèdent par des milliers d’affirmations de victimisation planétaire antécédentes, elle accordera compensation minime au tampon en caoutchouc : la millionième partie ou moins de celle juste. Matthieu XV 27, même les chiens saisissent ce qui tombe de la table. Cette pitance bureaucratique : de quoi rendre en millionnaire chacun sur terre, cultiver Eden, etc. Il ne s’agirait que d’unir l’humanité pour le négocier.

 

Pareillement, l'Exode mosaïque de quarante ans aurait pu être davantage serein si ses fidèles s’inoculèrent par voie orale de manne bruinant comme de la rosée sur les sables du désert. De l’eau pure, jaillissant partout où Moise toucha son bâton, suffit pour le reste. Ensuite, l'épreuve purificatrice du désert inspira le génie hébreu.

Nous pourrions nous contenter paisiblement en rétrécissant notre empiètement sur la terre, assistant ainsi à sa récupération. En développant la NPA, les Apprentis réduiront les agrocorporations et leurs industries alimentaires et les disperseront. Ce projet mérite réflexion copieuse en dépit du désaccord féroce d’intérêts puissants puisqu’il promet d’amincir des tirelires fort ventrues. En grande partie, l'économie mondiale tourne autour de l’alimentation de bouches affamées — quand elle ne s’occupe pas trop de les fermer en permanence. 

La soi-disant « révolution verte » a estropié la diversité des récoltes avec quelques moissons accouplées de façon trop contiguë : dépendantes de suppléments agrochimiques, voraces de la fertilité du sol et vulnérables aux maladies, aux bêtes nuisibles et au mauvais temps. Nous engloutissons l'héritage de nos descendants. Les corporations agro-industrielles ont institué une parodie aventureuse d’anciennes méthodes de cultive qu’esquisse Apprenti ci-dessous. 

Avec grande efficacité, des communautés néolithiques ont moissonné toutes les ressources végétales dans leur zone de cueille. Des communautés tassées de fermiers aggravèrent cette cueillette en compactant l’éparpillement des chasseurs-glaneurs. En réplique, des élites d'info locales ont dû priser les espèces de plantes aux meilleures vertus médicinales et culinaires. Elles les auraient assemblées systématiquement, compensant des laïques pour en avoir dépouillé la campagne, et les auraient élevées dans des jardins sacrés un peu comme nos postes modernes de recherche agricole. 

Note bien, s'il te plaît : aucun besoin de limiter ce scénario aux hominiens. Des reptiles sociaux, des insectes et d’autres espèces mieux organisées ont pu manipuler leur environnement de cette façon, ne laissant aucune trace reconnaissable de leurs activités. Des communautés de multiples espèces d'insectes gardent certaines plantes qui les nourrissent et les logent à leur tour. Quelques-unes cultivent astucieusement des moisissures et des algues, d’autres construisent des structures complexes pour se protéger, régler le climat interne et contrecarrer l'inondation. D’autres encore annihilent ou domestiquent d’autres espèces et traient leurs sécrétions pour de la nourriture et des drogues psychotropes. Des anciennes bêtes, peut-être celles les mieux nourries, ont pu opérer de cette manière et probablement encore mieux.

 

Des scientifiques ont déjà confirmé une longue averse de météores, quoique la centième partie n’en ait encore été tabulée (uniquement 200 grandes frappes reconnues à ce jour.) Les premières armes en fer furent œuvrées de météorites recueillies. Ces scientifiques ont pareillement confirmé la controverse de Louis A. Frank (publié dans Le grand éclaboussement) : que des hydrobolides de glace hurlent des cieux pour emplir nos océans. 

Jadis, la rive de mer longeait des talus continentaux à présent submergés : la simple différence de cent mètres de profondeur ou plus. Des légendes d'Atlantide et du déluge ont pu commémorer des catastrophes océaniques beaucoup plus fréquentes. Qui sait quelles anciennes civilisations, humaines ou distinctes, se seraient plantées le long de rives distantes ? Leurs villes pointillèrent – tels des colliers de perles – des anciens fleuves loin en aval du bord de mer contemporain. Toutes celles qui coulaient à notre altitude continentale furent bloquées par des rapides infranchissables, interdisant à leurs riverains l’opportunité d'exploiter le rapport direct avec la mer. Des cueilleurs-glaneurs et des nomades pastoraux ont pu être les seuls à prendre la peine de subsister si loin en amont des grèves florissantes de la mer.

Les trésors archéologiques mis sous verre dans nos musées ont pu être des restes minables de montagnards en exile, éclipsés par des civilisations magnifiques sur les plaines sous-jacentes, à présent submergées. Des civilisations opulentes ont pu se développer en aval des restes minables que nous sommes parvenus à fouiller ; leurs villes, pointiller des anciens littoraux et deltas de rivière. Plongées dans la mer depuis ? 

Les sites les plus probables de telles civilisations urbaines préhistoriques gisent à cent kilomètres au large des débouchés contemporains de rivières majeures du monde, engloutis sous une centaine de mètres d’eau de mer et au moins des dizaines supplémentaires de limon alluvial. Aucun de tels n'a été investigué. Pourtant ose-t-on nier l’existence de civilisations urbaines d’un passé distant — ce déni n’étant basé que sur les traces miséreuses d’anciens bergers alpins. Voir mon poème, Atlantide Globale. Au centre de cette discussion, Graham Hancock et son livre, Underworld: The Mysterious Origins of Civilization, Crown Publishers, New York, 2002.

En effet, Max Estenhofer, Buckminster Fuller, Sir Alister Clavering Hardy (Le ruisseau vital), Elaine Morgan (Le singe aquatique), Michael Crawford et David Marsh (La force motrice) m’ont inspiré l’adoption de cette hypothèse. Ils ont postulé que des êtres proto humains se seraient appris la marche bipède le long de plages, de laisses et de deltas de rivière dans les tropiques, bien avant que leurs descendants ne se seraient rassemblés dans les premiers villages en amont. Nos précurseurs ont pu se lever de leur quatre pattes en fourrageant à travers des écologies intertidales, à demi dans l'eau et à demi en dehors. Après tout, voici peut-être le garde-manger le mieux stocké de la nature. Ce milieu aurait certainement dû être moins pénible dans lequel distordre, au fur de centaines de générations, la colonne vertébrale, horizontale dans la plupart des animaux à quatre pattes, dans celle verticale du bipède humain. 

Des plantes de meilleure teneur alimentaire et médicinale – probablement des anciennes algues dont l’isolement et l’identification sont difficiles à ce jour – auraient amélioré les chances de telles sociétés, soit humaines ou autres. Ainsi, la super nourriture disparue dont je postule l’existence. 

De retour à cette culture plantée dans sa vallée préhistorique : en s'étendant aux marges et se concentrant au centre, ses participants auraient tamisé toutes les plantes désirables. Juste avant leur disparition, celles exceptionnelles durent être entretenues par des shamans et sorcières dans des jardins et bassins sacrés. Celles-là ont pu exiger de la pollinisation artificielle, bénéficiant de l’ingéniosité civilisée pour se propager. Quand d’inévitables désastres militaires ou naturels éteignirent ces sociétés paisibles, ces moissons fragiles disparurent sous des mauvaises herbes, avec tous les dossiers les décrivant. 

L’entendement vital a pu évoluer bien avant la déposition des restes paléolithiques que nous cataloguons de nos jours ; les collines, vrombir au rythme de communautés vivantes inconcevable à notre façon de penser — à l’exception peut-être de la science-fiction d'Olaf Stapleton et d’autres écrivains aussi imaginatifs. 

La récente recherche de prions, de protéines qui se reproduisent singulièrement sans acide nucléique, peut confirmer l'existence de tels sables reproductifs et pré-organiques. L’ARN est un autre candidat possible. 

Le tholin, terroir potentiel de la vie, se forme sur tous les globes du système solaire dont les conditions ne l’interdisent. Cela implique que tout l’univers peut être tapissé de passages à la vie. L’univers proche, avide de la vie, nous attend-t-il comme ses premiers pionniers, tels que nos ancêtres vis-à-vis de la terre  ? Sinon serions-nous un passager nouveau-venu au métro de Tokyo cosmique à l’heure de pointe ? N’importe. En avant, mes Apprentis !

Notre table périodique d'éléments est un maigre schéma en deux dimensions qui pourrait s’étendre dans d’autres inexplorées par Mendeleïev. Ces éléments trans-dimensionnels ont pu détenir des capacités transcendant nos préjugés scientifiques, quoique bientôt dans la prise potentielle des Apprentis. 

Des dépôts de minerais rares, de sites et de bassins sacrés aux particularités extraordinaires, ces mythes nous sont familiers. Les plus extraordinaires de ces éléments ont pu incorporer des composés davantage familiers durant la synchronie de leurs demi-vies. Des pierres, des sols et des bois magiques ont pu détenir des capacités exceptionnelles mais de durée relativement brève, puis se rendre inertes avant notre temps.  Tant que ces matériaux retinrent leur énergie précieuse, elles furent œuvrées en objets d'adoration et en ustensiles bien appréciés. Toutefois leur propension magique, en se fanant, paupérisa les possédants autrefois prospères. Cette chute de valeurs provoqua la chute économique en guerre ; ainsi que la disparition de réserves pétrolières en sera capable quant à nous, dans l'absence de l'intervention des Apprentis. 

En s’affaiblissant, ces terres rares formèrent des potions corrompues de vigueur réduite. Des recettes magiques ont prescrit des portions spécifiques d’insectes, de plantes et d’organes d’animaux, car ceux-ci ont pu concentrer les dernières traces de ces éléments — ainsi que l’oiseau ou le poisson concentre des polluants modernes dans ses organes internes. Celles-ci ont fini réduites en contaminations boueuses et indiscernables : de la poussière en poussière.

Tôt ou tard, des vandales combatifs ont fouillé ces pierres vénérées, brûlé des bois sculptés et cassé des poteries sacrées. Ils ont pu tailler des idoles perverses, adoptées probablement comme décors d'armes et talismans intimes, et les briser ensuite au cours de combats rituels, les enterrer comme décorations de tombeau royal ou les éparpiller par négligence. 

Nous avons oublié les meilleures herbes médicinales et récoltes nutritives, ainsi que l’utilité de bibelots, d’amulettes et de statues magiques, de centres sacrés et de repères géographiques aux anciens attributs mystérieux. Des monuments construits d’énormes blocs en pierre manœuvrés avec vigueur miraculeuse et meulés (ou liquéfiés ?) avec précision telle à ne nécessiter aucun mortier pour tenir ensemble ; des murs cyclopéens sur la trace d’anciennes villes abandonnées ; des projets de monticule dont la construction prit des générations ; des grandes pyramides plantées autant sur terre qu’au fond de mer (et peut-être même sur des plaines extraterrestres ?) ; des bustes sculptés, jars, orbes, stèles et menhirs ; des anciens dessins de qualité exceptionnelle, voir aux dimensions colossales, encavés profondément sous terre ou seulement visibles en vole par-dessus des plaines désertiques : si des êtres humains les ont conçus, avec ou sans l'inspiration d'étrangers à l’humanité, ils dépassent toujours notre compréhension et nos capacités technologiques. Leur façonnement est inopérable sans technologies que nous ne saisissons plus ; leur mobile transcende notre capacité d’imaginer. Ni esclaves, ni bêtes ni machines en foule – la quincaillerie grossière à la disposition de notre imagination enlisée – n’offre d’explication pragmatique pour leur construction. Comment nos ancêtres ont-ils pu réaliser tout ça à perfection, sans que nous puissions les imiter sauf en prenant des peines extraordinaires et impraticables de leur part ?

L’histoire humaine pullule de projets gâchés : d’irrigation rendue au sel, d’épuisement de terres arables, de désertification par surpâturage, de pêches stérilisées et de déboisement pour construire des flottes de guerre et des fortifications urbaines lors de courses d’armes longues de centenaires, ponctuées par des villes embrasées. 

La construction de villes primitives réclamait la mise au feu de millions de briques en boue et l'armature d’édifices sans compter, déboisant de ce fait les approches urbaines bien arrosées de pluie, une par une. Chaque mètre carré de terrain urbain Maya nécessitait vingt arbres, si seulement pour le plâtre de chaux. La fabrique du béton moderne est encore plus nuisible à l’écologie. Ces énormes projets de construction échoués ont fini par stériliser les littoraux et vallées les plus fertiles au monde : les berceaux, crèches et cimetières des premières manifestations de la civilisation.

Avant l'ère des empires, des forêts d'apogée, comme celle au Liban biblique, s’étendaient depuis le Maroc, le long des rives de la Méditerranée jusqu’aux côtes chinoises du Pacifique et de retour, puis plus loin au Nord, aux rives de la Mer Baltique. D'autres, disparues depuis, jonchèrent le restant du monde. Le climat était doux alors et les mers grouillaient de poissons monstres. 

L'écocide par gestion débridée d’armes n’a jamais été unique à notre époque. Nous avons simplement mécanisé nos pires habitudes et aggravé énormément leurs effets nuisibles. L’humanité a déjà détruit la moitié de la couverture sylvestre sur terre, pour la plupart assez récemment. Les activités de la masse humaine pourrait même perturber l’inclinaison axiale de la planète, la faire basculer telle qu’un enfant renverse une toupie, peut-être fatalement en ce qui concerne notre civilisation.

Aux Apprentis du monde entier de restaurer ces pertes et les garnir encore plus.

 

En plus des sept merveilles du monde, envisage sept millions de temples, de cours centrales, de bibliothèques et de jardins menus et éphémères ; puis cent fois plus de sites naturels de vue splendide et du chant sucré d’oiseau — chacun encore plus attrayant que celui précédent. L’ancienne civilisation s’est rendue éminente dans la mesure qu’elle établit de nombreux sites élégants d’adoration, de méditation et d'étude. Seulement accessoirement sont parus les sept « merveilles du monde. »

Comme exercice enjoué de reconstitution historique, les Apprentis reconstruiront ces merveilles ou réornementeront leurs ruines : celles naturelles et artificielles, celles grandes comme petites. Imagine le Parthénon, le Sphinx, les pyramides d'Egypte, le palais de Minos, Angkor Watt et d’innombrables trésors culturels restaurés à leur splendeur originelle ! Des monuments semblables seront érigés à côté ; la totalité encadrée de forets d’apogée. 

En même temps, envisage le meilleur site d’Apprentissage tant pour toi-même que pour tes bien-aimés ; que tous puissent autant bien construire. Rends-toi compte de cette exubérance cosmopolite ! Pour une fois, ce serait l’authentique emploi de la richesse et non pas la misère d’armes que nous acceptons comme notre due. Ne m’ergote pas ta peccadille : « Qu’il n’y aura jamais sur terre les moyens d’entreprendre ce que tu proposes. » Tu aurais tristement tort. Notre misère collective ne résulte que de notre frayeur d’armes et sa stupidité induite en masse. Une fois affranchis de telles, nous nous mettrons en jeu avec la richesse cosmique.

Ceci dit, rappelons-nous les propos de Mengzi : le devoir et l’humanité doivent toujours jouer de l’atout sur le simple profit.



 

-  LA SCIENCE DES APPRENTIS –

 

« Une nouvelle vérité scientifique ne triomphe pas en convainquant ses adversaires et en leur illuminant l’esprit, mais parce qu’ils périssent, en fin de compte, et une nouvelle génération grandit en étant familière. » Max Planck, pris du livre de Robert Greene, The 48 Laws of Power, (Les 48 lois du pouvoir) Penguin Books, New York, 1998, p. 398. Dont j’enfreins les règles avec allégresse sur chacune de mes pages, portant atteinte en toute probabilité à mon succès mondain. Et alors ? 

Je prends un grand risque en exposant à la culture d’armes l’antinomie d’armes et de paix avec ses formules de menace et du fauteuil. Pourquoi ? Parce que ma grande théorie prétend marquer la voie de l’expérience humaine en prenant le tout pour compte.
 « Quel je-sais-tout ! »
 Ce que je sais, c’est que tout le monde agit ces jours-ci sans meilleure idée que Trump. 
 Tends l’oreille à la raison, pour changer un peu ! 

Les sciences politiques et sociales, comme d’autres sciences couramment conçues, reposent sur l’empirisme et le positivisme : la prétention que la connaissance n’est envisageable qu’en étudiant des exemples, des habitudes et des phénomènes isolés selon leurs particularités. De sorte qu’ils se sont bornés à un assemblage d’expressions souhaitables mais plus ou moins nébuleuses, tautologiques et contradictoires, offrant moins de valeur prédictive qu’un constat bâclé de météo. De telles faiblesses sont inévitables dès que la curiosité humaine se voit réprimée.
 Les sociologues préfèrent que cela perdure indéfiniment. Ils ne briguent ni les moyens, ni le motif, ni l’opportunité de décrire la mentalité d’armes de façon scientifique et donc de la dépiécer. Quiconque leur offre les outils nécessaires leur tend une effarante provocation. 
 Soit que l’antinomie d’armes et de paix ait une valeur prédictive, ils la renvoient par torpeur, frayeur, et tradition, comme si de telles attitudes faisaient part légitime la vérité scientifique. Ça leur semble sans doute préférable : la renvoyer au lieu de l’étudier : une habileté professionnelle et pratique routinière parmi ces positivistes scientifiques. Manquer d’honorer cette censure, voire l'accepter sans grand enthousiasme, cela appelle au bannissement professionnel qui serait impensable dans un univers géré par l’honnêteté scientifique.
 Quelle différence reste-t-il entre le fanatique religieux et le dogmatiste scientifique, à part le perfectionnement scientifique de l’Etat policier et de sa puissance de feu pour imposer ses convictions réactionnaires (sitôt singées par des contemporains religieux en Iran, Birmanie, Cachemire et ailleurs, puisque des psychopathes parviennent à dominer chaque croyance, idéologie, ethnie et nation) ?
 Je soumets que la valeur prédictive de cette antinomie brille plus vive que les sombres candelas clignotantes des modèles courants. Je leur défie de la contester ou valider. Nous verrons si leur « désintéressement scientifique » en soit digne,  sinon ne cache simplement le conformisme politique de leurs propositions de recherche et résultats faussées.
 Je me vois forcé de poser la question suivante : pourquoi la recherche scientifique au 21ème siècle n’a-t-elle pas gardé le pas exponentiel avec celle de trois siècles précédents? Et ne me réponds pas avec une connerie telle que « la révolution informatique. » Nous nous sommes simplement mis à réviser la roue pour plus parfaite circularité et taper fort avec de plus gros marteaux. De telles lacunes s’expliquent pour les raisons suivantes.  

La différence principale entre la science des Apprentis et celle des gérants d’armes, c’est que la première embrassera toutes sortes de découvertes et d’innovations, alors que l’autre ne trouve que des moyens neufs de rénover la formule de menace et réprimer chacune qui lèse à ce statu quo. La science des Apprentis nous guidera en abondance alors que celle d’armes ne mène qu’à la ruine en échange d’armements davantage nombreux et puissants. 
 Une fois que nos préjugés se subtiliseront d’un brin, des découvertes inédites fleuriront. Les Apprentis pourront s’attendre à deux percées en mathématiques. La première clarifiera la théorie du chaos, nous aidant peut-être à déterminer la probabilité d'événements uniques. La suivante, non encore perçue, poursuivra la voie impériale en rédigeant les maths pour simplifier leur maîtrise.
 Comme cela se trouve, une élite sacerdotale de mathématiciens bourre des ordinateurs puissants et de pesants tomes académiques avec des tas de formules qu’une petite minorité puisse à elle seule déchiffrer. Leurs meilleurs efforts à calibrer la réalité ne parviennent qu’à formuler une caricature brute et stérile du monde naturel. Le chemin impérial frayera un meilleur chemin à travers cette ronce intellectuelle, que les Apprentis suivront aux prochaines découvertes inédites. 
 La valeur-connaissance transforma le monde quand des réformateurs ont remplacé la bible en latin avec des copies écrites en vernaculaire déchiffrable par des laïcs. La voie impériale pourra parvenir au même but pour les mathématiques et les sciences populaires. Des découvertes sans précédent en découleront. 

Ainsi que la presse d’imprimerie a transformé la pensée humaine ; la cybernétique, la réalité virtuelle, la reconnaissance mécanique des voix, la technologie d’abaque et l'énergie à l’échelle microscopique, propulsée par luminance solaire, voire le pouls de l'utilisateur et sa chaleur corporelle, parviendront peut-être à nous dégager de nos pires ornières intellectuelles.
 Qui plus est, les enfants jouiront bientôt d’un jeu numérique enseignant les mathématiques : aussi passionnant que nos jeux de tireur en première personne. Ce jeu les subtilisera à s’enseigner les maths jusqu’à leur ultime palier de compétence. Plus jamais des corvées en maths : seulement des jeux à apprécier et des habiletés dont se vanter. Qui plus est, une majorité globale beaucoup plus à l’aise avec le savoir-faire mathématique. 

Nonobstant les nombreux inconvénients de la technologie d’armes, elle a inoculé ses praticiens médiévaux contre leurs pires superstitions. Ils ont dû tâtonner le long de rebords alarmants de science et de technologie surplombant leur grouille de gargouilles. En effet, ils sont allés trop loin. Ils ont distordu en simples chimères certains phénomènes surnaturels qu’ils n'ont pu exploiter illico, alors qu’ils fabriquaient davantage d’armes et de meilleures depuis les restes.
 Durant notre ère de science tyrannique, nos technologies d’armes ont pris des enjambées surpassant l’entendement humain, au point de confondre même des directeurs scientifiques comme Robert McNamara. Ces sauts quantiques nous menacent d'annihilation. Peux-tu imaginer l'explosion d’une mégatonne de dynamite, ou la réplique de la civilisation industrielle quand (très bientôt) il n’y aura plus assez de pétrole pour tout le monde ?
 La science biologique se mute en « science dure » (hard science) parce que ses chercheurs promettent de fabriquer des armes horripilantes à partir de matières vives, comme ceux précédents l’ont réussi de celles inertes.
 Ainsi devrons-nous rendre nos recherches davantage holistiques et moins réductives, rafraîchir notre inspiration à coups d’intuition, d’instinct, de perspicacité particulière et de mémoire primale. Il n'est plus question d'abandonner une école de pensée pour l'autre, mais de les intercaler sans endommager ni l’une ni l’autre et d’institutionnaliser cette fusion.

Des nouvelles technologies élégantes peuvent émerger d’études intensives faites de lignes spectrales, de gaz nobles qui devraient reposer dans nos cieux mais n'y sont pas, d’aurores, d’électricité statique et de la foudre. 
 L'énergie fulgurante est mieux disponible dans les tropiques. Des nations parmi les plus pauvres pourront harnacher cette richesse énergétique en vue du développement local et de monoculture d’exportation. Elle favorisera la croissance de forets d'apogée pour récolter davantage d'énergie meilleur marché. Osmar Pinto, du Groupe d'électricité atmosphérique de l’Institut brésilien des études dans l'espace, doit étendre ses études, ainsi que d'autres Apprentis de la foudre. Est-ce qu’ils parviendront à alimenter l’énergie des villes futures, ceinturées de foret d’apogée ?
 
 Comment osons-nous nous prétendre civilisés quand nous faisons puer si industrieusement l'air ? Des chimistes obscurs s’immortaliseront en rendant le moteur diesel moins fétide et en remplaçant la technologie de combustion interne. Des maitres d'histoire démontreront notre primitivisme, simplement en réchauffant en classe quelques gouttes de gazole et informant leurs élèves écœurés que toutes nos villes puaient ainsi jour et nuit.
 
 Le pauvre Dr Diesel ne doit pas attraper trop de blâme pour la puanteur de son invention. Lui y brûla de l'huile d'arachide pendant l’exposition universelle de 1900 à Paris. Il souhaita motoriser tous les domaines sur terre (ceux en Afrique et en Asie inclus) cent ans en avance du temps, ainsi que Ford rêva de vendre aux masses américaines des voitures bon marché quelques années plus tard. 
 En 1913, ce bon docteur disparut par-dessus bord d'une embarcation pour l’Angleterre. Une affaire louche, sans doute ? Churchill et ses copains se sont arrangés pour que ces nouveaux moteurs brûlent du pétrole : un carburant minéral beaucoup plus toxique et coûteux. Disposant de son corps noyé, ils ont mis en œuvre la motorisation des armées. La marine de guerre des grandes puissances exigeait déjà du mazout au lieu du charbon. Maintenant, leurs armées en nécessiteraient de même. Que débute la tuerie sérieuse !
 
 Pareillement en 1913, un ingénieur américain, Frank Shuman, offrit à l’élite coloniale d’Egypte, Lord Kitchener inclu, une démonstration fonctionnelle de pompes à eau solaires. Ses appareils furent remarquablement comparables aux nôtres modernes. Il y eut une floraison de technologies alternatives, juste avant la Première sic guerre mondiale. Hélas, quant à celles non-associées au carburant de fossile, ce conflit les abolit pour une autre centenaire ou plus. http://www.guardian.co.uk/environment/2011/dec/11/sahara-solar-panels-green-electricity. 

Les Apprentis dévoueront des semestres universitaires à l’évaluation de notre « raffinement » professé, et encore plus pour expliquer nos problèmes de sans-abri, de fléau, de famine et de guerre. Espérons qu’ils ne trouveront aucune excuse admissible pour ces constants sordides de l’histoire d’armes. Ils les interpréteront peut-être comme de sanglantes mais incontournables pierres de gué menant à la transition au monde paisible. 
 
 Des anciens textes védiques indiens font allusion à des machines d’antigravité fabriquées de sphères en cuivre à l'intérieure desquelles un gyroscope baratte du mercure : cette technologie hypothétique pas nécessairement farfelue. Après tout, une pile électrique produit du courant direct de feuilles successives de cuivre et de mercure, et une bobine de cuivre tourne autour d'un aimant pour produire du courant alternatif. Une interaction encore plus subtile, entre le cuivre et le mercure, pourrait-elle générer des ondes de gravité ? Pourrait-ce résulter de l’interaction d’un fort acide hydrophile et d’une puissante base hydrophobe, magnétisés à la même polarité afin de les séparer, et tourbillonnées en collodion avec un peu d’eau pure ? De telles recherches peuvent se prouver de récompense incalculable. 
 On devra se méfier du fait que l'application abusive de telles technologies électro gravitationnelles peuvent déformer et polluer la structure de l'espace-temps elle-même. Bien sûr, notre surpopulation surindustrialisée a déjà réussi à saboter le climat global qui semblait optimisé pour le confort humain ; pourquoi pas démolir l’espace-temps elle-même, pendant qu’on n’y est ?

Peut-être également valable sera l’étude d'orgones supersensibles empaquetées entre des couches de laine de pierre, (fibres de verre) pailles de fer et laines organiques (du coton ou de l’agneau.) Aux années 1950s et pour des raisons inexpliquées, des hiérarques scientifiques et judiciaires ont déclaré ces expérimentations taboues. Soutenus par la pleine force de la loi, ils ont assassiné en prison l'expérimentateur Wilhelm Reich, détruit son matériel, brûlé et interdit ses écrits. Même aujourd’hui, même dans les pays les plus « affranchis » l'inquisiteur est disponible par petit coup de file.
 La recherche de Nikola Tesla subit un sort comparable aux mains de barbares semblables. Après son trépas (ou assassinat par le commando nazi Otto Skorzeny en 1943 ?) ses papiers de recherche, au volume d’un fourgon ferroviaire, furent confisqués par le gouvernement américain, consignés temporairement à l’oubli puis tamponnés Secret d’Etat à la suite de la deuxième sic guerre mondiale, après avoir été parcourus par des scientifiques nazis assemblés aux USA sous l’agis de Project Paperclip. Depuis, ces écrits n’ont pour la plupart pas été permis de reparaître. Dieu sait quelle quantité fut simplement jetée en l’air, tel que le fut sa machinerie. 

L’eau est une substance tellement mystérieuse qu’elle semble contredire les attributs de base d’autres composés. Elle semble faite exprès pour soutenir la vie et obligatoire pour son existence : le cadre constant de la vie, si tu veux. Autrement, l’ensemble des océans maritimes et atmosphériques serait-il l’être en vie primordiale et nous autres, que des virus auxiliaires, simplement à la nage au-dedans ? Quels autres attributs l’eau retiendrait-elle que nous ne reconnaissons pas encore ? Par quel moyen pourrions-nous mieux nous entretenir ?

Gerald H. Pollack, professeur de biophysique à l’université de Washington, a publié son livre fascinant : Eau, énergie et vie (Water, Energy and Life.) Ses recherches peuvent être primordiales. J'ai auditionné en 2008 sa conférence transmise sur la Chaîne des recherches (qui n’existe plus : trop « intelligent » pour la télé sur la terre en armes) puis lu son livre. Du peu que j’en ai saisi, l'eau s’organise de façon autonome à son interface avec l'air ou une couche d’acide gélifié. Là, elle se transforme en une sorte de cristal liquide bien organisée, (cet état physique supplémentaire aux quatre autres reconnus : liquide, solide, gazeux et de plasma.) Elle maintient une petite différence de tension électrique dans cette couche de plusieurs millions de molécules. Cette « zone d'exclusion » reste épurée des produits chimiques qui demeurent en solution en outre. Elle se maintient et s’accroît en profondeur par l’actionnement de la lumière solaire ou d’une autre source infrarouge
 L’équipe du Prof Pollack est parvenue à purifier de l’eau en solution de deux cents parties à l’une, en tirant de l'eau pure depuis cette interface et en refluant celle adultérée dans un autre récipient ; le tout actionné par la simple lumière solaire sans filtrage ni barrière matérielle. Il a proposé que la vie primitive ait pu s’organiser indépendamment dans cette interface de cristal liquide. 
 D’autres recherchistes se sont penchés sur celle microscopique entre la mer et l’atmosphère, qui grouille de vie microbienne quand l’humanité ne l’appauvrit pas. 
 Ces résultats sont préliminaires et je n’ai probablement pas été assez clair. Pour en connaitre davantage, prier consulter Google quant à son nom et ses écrits.  

Certains recherchistes, scrupuleusement ignorées, ont étudié des attributs singuliers de l’eau, capables de retenir et propager de l’énergie quand mise en vrille et propulsée à travers des turbines spéciales. Leurs résultats ont semblé presque mythiques : projetant de l’anti gravitée et d’autres radiations insolites.
 D’autres recherchistes (Victor Schauberger en avant) ont étudié des attributs hygiéniques de l’eau alpine qui, en dansottant du haut des monts, ramasse des molécules naturelles et les suspend dans une solution en collodion semblant lactée, aux attributs hygiéniques prometteurs. 

D’autres encore ont fait tourbillonner de l’eau, sans autre ajout qu’une poignée de fumier âgé, dans une cuve en sens inverse à répétition et ont extrait un élixir aux attributs extraordinaires pour la fertilisation des plantes, l’attrait d’insectes bénéfiques et le renvoi de ceux nuisibles, contribuant à la santé générale du sol et la qualité et quantité de ses cultives, aussi peut-être à la purification de mauvaises eaux ? Voir Christopher Bird et Peter Tompkins, The Secret Life of Plants (La vie secrète des plantes), Harper & Row, New York, Evanston, San Francisco, London, 1973.

Au début des années 1800, l’électricité se manifestait comme un jeu pour quelques mandarins scientifiques, sans application pratique. A présent, la collectivité industrielle n’existerait pas sans courants électriques en direct ou en alternance à travers des milliards de circuits. Dans l’avenir proche, des nouvelles formes d’énergie aquatique remplaceront nos combustibles de fossile, réacteurs nucléaires et autres sources de courant électromagnétique. Cette nouvelle énergie sera peut-être électrogravitique, hydrogravitique ou énoncée par un autre terme polysyllabique dépassant l’entendement actuel. 
 Celles neuves devront être étudiés en profondeur. Elles nous sont aussi obscures que l’électricité l’était parmi les savants du 15e siècle. Eux, au moins, reconnaissaient la foudre, les aimants et l’électricité statique à partir d’ambre et de soies. C’est depuis là que nous devrions renouveler nos recherches sérieuses, à la découverte de perspicacités fondamentales négligées jadis. 

Nous ne reconnaissons presque rien des technologies de secours pour la civilisation humaine. Leur avènement exigera le remplacement des gérances les plus cupides et réactionnaires dans l’histoire, comparées auxquelles des anciens despotes furent des progressistes d’esprit émancipé. La nécessité sera d’une suite de miracles technologiques, de technologies miraculeuses et d’une gérance concordante pour libérer la civilisation corporative industrielle de son addiction aux combustibles de fossile, sans affamer et geler des millions, peut-être des milliards à mort en ce faisant, quand s’éteindront leurs chaufferies et lumière, et les camions de nourriture qu’ils prennent comme allant de soi cesseront de rouler en ville. Toutes ces technologies dont nous sommes dépendants se rendront secondaires comparées à celles à peine imaginables à ce jour, dont pourront dépendre la survie de la civilisation entière.

L’heure est venue d’obliger les monopolistes d’énergie de fossile et du nucléaire de s’ôter du dos de la communauté scientifique, cesser de dicter l’admissibilité de ses recherches selon leur dogme et soutenir la prochaine génération de technologies qui rendront obsolète le carburant de fossile … avant que celui-ci ne s’épuise et non après. 
 
 On aurait dû initier ces travaux au sérieux il y a une cinquantaine d’années et arriver à ce point à des technologies alternatives mures. Il est peut-être trop tard pour mettre ces technologies en œuvre avant que des masses humaines ne souffrent de la faillite du carburant et de ses technologies, aussi de ne pas les avoir remplacées à temps. Ceux responsables pour ce délai auront à répondre en personne pour les pertes que leur avidité occasionne à l’humanité. Une guerre civile planétaire pourra découler de cette confrontation toute seule — entraînant leur perte à la longue, puisque la majorité de l’humanité les opposera. Ils doivent changer d’avis radicalement et vite, se rendre en points de lance de nouvelles recherches pour des sources alternes d’énergie afin d’éviter le sort des tyrans de rapacité précédente.

L’autre option – celle du routier Mad Max : notre banqueroute culturelle, technologique et sociale aux mains de la gérance la moins méritoire de ce titre – elle ne vaut pas la peine d’être contemplée.

Il n’y a pas de mauvaises troupes, seulement des mauvais chefs.

 Comme il se trouve, nous refoulons l’enveloppe de la stabilité écologique et de l’endurance humaine. Ce que des industriels et militaires réalisent me rappelle une blague au sujet d’un individu qui se jeta du haut d'un grand bâtiment. Lors de sa chute au-devant d’une fenêtre au vingtième étage, on l’entendit marmonner, « Pas mal, jusque-là. »  

« Wallace Broecker, savant de la circulation océanique à l’observatoire terrestre Lamont-Doherty dans l’Etat de New York, décrit à perfection la situation actuelle en observant que : "Le climat, c’est comme une bête féroce qu’on taquine avec une branchette." » De Bill McGuire, Est-ce que le réchauffement de la planète déclenchera une époque glacière ? Du journal The Guardian, le 13 Novembre 2003. 

Une autre expérimentation sociale serait de planter les jeux olympiques là où la guerre menace d’éclater. On les organise à présent dans les villes les plus riches, les plus tranquilles et les mieux policées : là où leur potentiel paisible reste obscurci. Les Apprentis s’en serviront pour restreindre la violence organisée locale, tels que les anciens Grecs s’en sont servis. Pendant de tels jeux, des seigneurs de guerre en localité seront tenus à soutenir la paix sous minutieux examen public. Ils se rendront en stars internationales si leurs efforts portent fruit et en parias s’ils n’en parviennent pas. Athlètes, reporters et spectateurs, tous devront vivre comme des héros : se rivaliser dans des villes de tente, sous le feu et périssant comme martyrs si nécessaire. La reconstruction et la réconciliation y seront renouvelées avec obstination provocante et aux frais rivalisant ceux d’une guerre combattue dans les mêmes circonstances. 
 Si ces projets ratent et la violence persiste, un massif embargo international suivra. Les natifs auront à épuiser leur penchant de violence, isolés du restant du monde, puis recouvrer leur sagesse. Leur brutalité de masse pourrait languir quand l’opinion du monde condamnera quiconque ose interrompre ces jeux sacrés. Ces jeux se muteront à nouveau en un service culturel pour le monde paisible. Plus jamais des spectacles sans signifiance dont on s’est habitué : d’insipides statistiques sportives, de chauvinisme national et de publicité écervelée.
 Des détracteurs réactionnaires peuvent évoquer les jeux olympiques de Sarajevo en 1984, quelques années avant que la guerre civile n'ait saigné à blanc la Yougoslavie. Cette ville s'est trouvée assiégée, bombardée et ruinée. Le cosmopolitisme pour lequel sa populace fut célèbre, ne s’est jamais récupéré complètement.  Un tel projet peut être jugé sans valeur, étant donné le modèle tragique de Sarajevo en défaillance. Le conflit ethnique latent n’y fut pas traîné dans la lumière du jour, et aucun débat public n'a cherché des stratégies de résolution avant que la guerre n’éclate. Tous ces détails chiants furent noyés dans des torrents de balivernes olympiques — rien que pour émerger quelques années plus tard, dans le spectre de génocide qu’on aurait pu éviter.
 L’agencement olympique des Apprentis aura pour but exactement l'opposée : davantage d'application à la résolution des conflits locaux, et beaucoup moins aux mièvreries, balbutiements sportifs et publicités criardes. 

L'énergie dont dispose l’humanité se multiplie en fonction de nouvelles technologies paisibles imprévues — non seulement en mettant plus de moulu sous la charrue, en ayant encore plus de bébés, ni en brûlant à l’aveuglette davantage de combustible de fossile. 

Des fermes expérimentales, imitant celles néolithiques, sont parvenues à la même productivité par arpent que l'agro-industrie moderne sans massives entrées de produits chimiques, destruction mécanique du sol ni réserves de graine trop apparentée. Le secret semble résider dans la caresse du sol poignée par poignée. N’as-tu jamais remarqué à quel point un jardin luit après avoir été manié centimètre par centimètre ? Ce jardin rayonne, semblant avoir été fait l’amour.
 
 Ça, puis la cultive astucieuse de microbes souterrains aussi attentive que celle historique des plantes par-dessus terre.
 
 La cultive industrielle épuise la fertilité naturelle du terroir. Ce ne sera que l'application religieuse de labeur intensif, d’attention à l’écologie microbienne et de concentration psychique, à la Findhorn, qui sera en état d’augmenter la productivité du sol sans plus d’entrées artificielles. Cette forme de cultive est esquivée par les corporations agronomes et ne sera vraisemblablement praticable que par des petites fermes familiales. 

Peut-être reprendrons-nous la consommation modérée d’espèces sauvages ? La nature « inaltérée » soutient des herbivores sauvages plus naturellement que ceux domestiqués, maladifs et dépendants pour leur nourriture. Leurs traces de sabot, précipitées par la prédation, pétrissent à perfection le sol et leurs déchets lui rendent fertilité au lieu de l'éroder en tant que polluants artificiels qui eutrophient nos voies d’eau. La végétation native dont ils s'alimentent est mieux adaptée au climat local et résiste aux bêtes nuisibles en localité sans nécessiter de transformation génétique. Nous pourrions profiter de cette vigueur naturelle. Une nouvelle culture de chasseurs-glaneurs moissonnera des ressources sauvages dans des écosystèmes restaurés à leur palier d’apogée. 
 Cette transformation nous permettra de cesser de murer des bestiaux de nourriture en fermes d'usine. La consommation de bétails de nourriture détenus en ferme pourrait devenir non seulement obsolète mais tabou ; et une sorte de végétarianisme, la norme nutritive, peut-être suppléée par celle d’insectes, de microbes ou de protéines poussées en laboratoire. Dans une génération ou deux, on pourrait même se rendre malade à l’idée d’ingurgiter de la chaire animale, comme s’il s’agissait de la chaire humaine.
 
 Entre temps, la science renouvelle le désastre en tentant de réduire des espèces naturelles en marques commerciales. On ne peut que souhaiter le renversement de cette tendance insensée. 

Irlande aux longues souffrances – pour ainsi dire la première et dernière des colonies abusées de la Grande-Bretagne – subit sa grande famine pendant une des premières expérimentations de monoculture industrielle. Alors que des propriétaires britanniques ont exporté sous garde armée sa récolte diversifiée, la seule alimentation du paysan irlandais, ses pommes de terre, a pourri. S'ensuit famine massive. Pendant les années 1840, sa population décrut par moitié à cause de famine, de fléaux et de départs désespérés. A propos, encore plus de soldats irlandais qu'anglais furent inscrits dans l'armée britannique pendant les années 1830.

En accordant la monoculture industrielle, aux Etats-unis comme ailleurs, et en dépossédant des agriculteurs familiaux, l’on s’apprête à des attentats terroristes de contrecoup vengeur — sans parler de la multiplication courante des suicides de cultivateur. La consolidation de terrains par des grandes entreprises commerciales a ruiné le petit propriétaire agronome à travers la planète. Des catastrophes encore pires menacent d’en surgir : des pandémies de fléaux et de rouilles tombant sur quelques grandes récoltes, des émeutes de chômage, des goulots de nourriture et famines de masse. Le suicide du petit fermier a déjà atteint des proportions pandémiques.
 
 Le bombardement au camion piégé du bâtiment fédéral à Oklahoma City en 1995 s’est échu en grande partie à cause de programmes massifs de crédit foncier qui ont fini par ruiner la plupart des fermiers familiaux et incorporer leurs terres saisies dans des tenues d'entreprise. Quelques fermiers désespérés se sont tournés vers des organisations extrémistes ; eux à leur tour ont dégourdi des fanatiques comme les bombardiers de cette ville.  

Un nouveau chantier scientifique de biomime peut dévoiler des nouvelles biotechnologies guidées par des védas. Des architectes génétiques adapteront des coraux, des planctons et des algues marines aux exigences du bâtiment et de l’industrie. Des communautés de tissu refait pourront servir pour la fabrique de logements tout prêts. Des entrepreneurs verseront dans un cadre des organismes préconçus en solution avec leurs éléments nutritifs, comme on coule du béton. Ceux-là se métaboliseront, sècheront et s'éteindront dans quelques jours. Le restant « squelettique » (un peu comme les restes durs du corail, de l'os ou du bambou) offrira : 

·       des matières de construction de robustesse et d’élasticité exceptionnelles ; 
 ·       des appareils aux attributs optiques, de contrôle d'humidité et autres ; aussi
 ·       des ensembles de circuits électroniques de complexité, délicatesse et miniaturisation sans précédent. 

Plusieurs capacités seraient posées en couches de divers organismes et mélanges d'éléments nutritifs dans le même assemblage. Des clones de ver à soie et d’araignée peuvent produire du câble optique, des textiles neufs et des microfilaments d'utilité extraordinaire. Dans le bâtiment, un organisme d'accroissement accéléré pourrait remplacer le bois moulu et le tissu d’isolement inorganique ; l’architecture génétique, transformer les communications, la fusion froide, l’énergie physiologique et solaire, l’illumination, l’isolement thermique et le réglage de température par évaporation. 
 
 Des innovations dans la culture des moisissures, algues, lichens et champignons promettent des percées de pharmacologie et de production nutritive. On vient à peine de reprendre l’étude sérieuse des lichens qui peut être fondamentale si menée en profondeur. La recherche des communautés de moisissures et d’algues peut engendrer des accroissements accélérés aux dimensions d’une maison, dont la surface vitrée de couches opaques de chlorophylle protégerait contre l'ultraviolet et s’adapterait aux besoins nutritifs et de logement. Imagine des panneaux spéciaux, accrochés aux murs de ta salle à manger, qui luiraient de bioluminescence sinon feraient pousser des savoureux pour ton petit déjeuner. 
 Des bivalves refaits et d’autres filtres marins peuvent épurer des ruisseaux et rivières. Des arbres et buissons spécialement conçus imbiberont des polluants durables pour extraction et disposition antérieure. De l'eau pure découlera de presque partout, surtout des fontaines urbaines de nouvelle fabrique.
 Des jardiniers adroits gagneront leur pain dans l’avenir, ainsi que de bons mécanos et codeurs d’ordinateur gagnent le leur aujourd’hui.

Une révolution agricole remplacera la plupart des moissons annuelles par celles pérennes. A présent, nous plantons des semences agro-corporatives ingéniés pour absorber toute la fertilité du sol, qui nécessitent l’addition de masses de fertilisants minéraux, de pesticides et d’herbicides pour moindre rendement avec le temps. Nous moissonnons cette monoculture en dénudant le terrain, puis observons ce qui reste se tarir en poussière, se délaver et s’envoler en taux irremplaçables. Ce n’est plus de l’affermage acceptable mais de l’exploitation minière à ciel ouvert. 
 
 Nous pourrions assembler au lieu des communautés de plantes pérennes, un peu comme celles qui poussèrent naturellement sur l’ancienne grande prairie du Midwest américain. Elles retiendront beaucoup plus de pluie, (atténuant les effets d’inondations et de sécheresses) contrôleront les animaux nuisibles et restitueront la fertilité du sol de façon naturelle. On y récoltera des graines en bonne saison et à basse empreinte, les laissera tranquilles le reste du temps pour restaurer l’équilibre naturel et l’épaisseur du sol.

Les grandes hauteurs aux grandes pluies seront semées de couples reproducteurs de castors bien immunisés. A commencer par les terrains plats à haute altitude, puis ceux en contre-bas et moins pluvieux. Ce projet atténueront en grande mesure les inondations saisonnières et les sécheresses en aval.

On pourra s’attendre à des percées dans les sciences biologiques, une fois que cessera l’abus d’animaux de laboratoire comme mode de recherche principale. Nous y déformons la nature pour qu’elle se conforme mieux aux préjugés de la même mécanique réductionniste qui nous a mené à l'écocide pour commencer. Nous venons à peine de renvoyer l'expérimentation de laboratoire dans les champs et forêts que nos préjugés cultivés en labo nous ont enjoints de détruire. 

Spontanément et en dépit de multiples délais de gérance téméraire, les citoyens des pays riches se sont mis à diminuer leur augmentation de population. Les menteurs d’armes abominent cette retenue rationnelle qui réduit leurs effectifs militaires (son unique détriment.) Malgré les plus récentes projections d’augmentation, une massive réduction dans la surcharge humaine est inévitable, qu’elle soit volontaire, traumatisante ou bien en combinaison. Les seuls contrôles de population que décourageront les Apprentis seront ceux privilégiés de nos jours : décimation d’armes, négligence de masse et incompétence en santé publique : de telles ne seront plus tolérées. 
 
 Bien que les Apprentis acceptent l’abstinence sexuelle selon la prédication d’ecclésiastes, ils encourageront d’autres pour seul but d’augmentation nulle. En plus de la planification illimitée des naissances à travers le monde, ces nouvelles agences offriront de l’Apprentissage de bonne qualité, de la sécurité sociale digne de confiance, de l’équité sexuelle et d’exquis soins médicaux. Ces préalables seront beaucoup plus efficaces pour la bonne planification des naissances que le papotage pieux de névrosés sexuels. 
 
 Des nouvelles exhortations à la bonne santé publique s'étendront du lavage fréquent des mains à la cultive nutritive d’animaux nuisibles, au soulagement de nos désordres de sommeil en pandémie, à la perfection de la micronutrition et à l’hydratation (bois plus d’eau claire et moins des liquides de société d’entreprise !) jusqu’à d’autres options encore plus imposantes. 

Il était une fois, des directeurs d’armes ont tenté de stériliser des déments, criminels récidivistes et porteurs de maladies héréditaires, tant ceux génétiques que transmissibles sexuellement. J’entends que tu ais le souffle coupé et partage ta répugnance. Les interventions eugéniques à venir seront beaucoup plus précises, bénignes et efficaces. Des combinaisons particulières de gènes seront visées, qui dirigent l'agression injustifiée, la sociopathie et d’autres comportements maladifs ; mais la viabilité sexuelle et son appétence ne seront plus déconfits de ce fait. 
 
 Les critiqueurs de la génétique sélective braquent les nazis qui l’ont soutenue en premier lieu. Leurs méfaits confirment son immoralité. L'éradication d’anormalités génétiques est devenue hors de mode. 

Malgré cela, le recyclage des déchets mécaniques reste à la page. Tout le monde loue l'idée du recyclage. Mais personne ne signale le fait que les nazis furent parmi les premiers à y expérimenter à l’échelle industrielle, avec les possessions de leurs victimes dans les camps de concentration. 
 
 A vrai dire, (comme d'habitude) chaque armée qui « gagnait » une bataille rangée pratiquait le recyclage systématique. Le critère fondamental de la victoire au combat était la saisie du terrain – peu importe les pertes prises – et son abandon par l’ennemi. Sa récompense était encore plus d'armes et de butin, sujets au recyclage du côté victorieux, en plus des blessés à occire par compassion ou laisser périr en agonie, et des cadavres putrides à abandonner en marche sans inhumation — que les manants locaux s’en occupent ! 
 
 Le temps s’envole pour éterniser sur de telles affaires quotidiennes. De nombreux obstacles moraux devront être négociés dans très peu de temps. L’enjeu ne sera plus la conscience émiettée que nous rapiéçons en laissant la responsabilité pour tous nos grands problèmes aux ineptes élites d’info, ni le sens aphrodisiaque de rectitude moraliste qu’approprient certains shadistes d’armes en tourmentant sans dispute leur prochaine victime. L’enjeu sera la survie humaine. L’épidémie, la famine de masse et l’ignorance souveraine ne sont plus des options « acceptables. »  Il est notre devoir de combler ces lacunes. 

La fortune qu’exige le lancement du monde paisible sera au moins dix fois celle à notre disposition actuelle. A eux seuls, les Etats d’armes les plus riches ne peuvent amasser richesse suffisante pour amender l’Apprentissage de minorité privilégiée à elle toute seule, non moins celui de tous leurs clients. Ce ne sera qu’après l’application globale de réseaux d'Apprentis qu'un résultat adéquat ne s’obtienne. 
 
 J’avoue en général que de nombreux pays sont parvenus à des améliorations saisissantes en subventionnant l’éducation publique et d’autres fonctions paisibles en localité. Hélas, aucun tel effort localisé ne produira la richesse requise pour satisfaire la demande insatiable de l'humanité, la permettre de bondir aux étoiles et choyer le monde naturel en même temps. La somme de ces tâches, tout le monde devra y parvenir en concert — sinon personne n’en sera capable.
 
 Si nous réalisons tout à perfection, rien ne réamorcera nos réflexes d’attaque. Si, comme la femme de Loth, nous manquons de fuir la guerre totale et la regardons en arrière, elle nous rattrapera avec toute la fureur de sa frustration momentanée.



 

- OUTRE DARWIN –

 

Les divisions de développement évolutionnaire en cinq étapes. L'origine des espèces par Charles Darwin m’a suggéré cette idée. Au bout de son chapitre numéro sept, « Objections diverses à la théorie de la sélection naturelle » il écrit : 

« Des variations abruptes et fortement marquées apparaissent dans nos productions domestiquées, individuellement et par intervalles temporels plutôt longs. Si de telles eurent lieu dans la nature, elles risqueraient d’être perdues par cause accidentelle et entrecroisement. Pour qu'une nouvelle espèce apparaisse subitement, il faut quasiment croire, à l’encontre de toute analogie, que plusieurs individus étonnamment transformés aient apparu simultanément dans le même district [ces italiques, les miens.]

« L'embryologie conteste fortement la foi en changements abrupts. L'embryon sert comme dossier des anciennes conditions de l’espèce. Ainsi celles existantes à leurs étapes initiaux ressemblent fréquemment aux formes disparues de la même classe. Il est incroyable qu'une bête ait subi des transformations abruptes, sans porter même la trace d’une modification subite de sa condition embryonnaire, chaque détail développé par étapes de petitesse imperceptible. 

« Celui qui croit qu'une ancienne forme ait été précipitamment transformée par une force ou tendance interne sera forcé d’admettre la subite création de nombreuses structures admirablement adaptées aux autres parts de la même créature et aux conditions environnementales ; et, quant à cette coadaptation complexe et merveilleuse, il ne pourra même pas offrir l’ombre d'une explication. » [Nota : à l’exception peut-être de la maladie.] Charles Darwin, The Origin of Species, (L'origine des espèces), abrégé et édité par Charlotte et William Irvine, 1978, Frederick Ungar Publishing Co., page 61. 

 

Dans l’absence de clarifications additionnelles, la théorie de Darwin s’échoue sur le récif de détails scientifiques tracés depuis. Sa théorie évolutionnaire s’appuie sur cinq points. 

·       Les espèces engendrent une descendance dépassant le compte en mesure de survivre.
 ·       La population d’adultes en une certaine région tend à rester constante, et il y a donc énorme mortalité. (La majorité des biologistes jugent la première partie fautive, la seconde, largement correcte.)
 ·       La lutte de survie doit avoir lieu, que perd la majorité des créatures.
 ·       Ces concurrents varient selon de nombreuses petites particularités qui influencent leur chance de survie.
 ·      L’effet de ces quatre préalables, c’est que l’organisme le mieux adapté à survivre ces conditions transmet aux générations suivantes ses traits avantageux.

Pris de Doomsday : The Science of Catastrophe (La fin du monde : La science de la catastrophe) par Fred Warshofsky.

 

Gordon Rattray Taylor résume les embarras de Darwin dans son livre, The Great Evolution Mystery (Le grand mystère de l’évolution.) Je prends cette cotation du livre de Michael Crawford et David Marsh, The Driving Force – Food, Evolution and the Future (La force motrice – nourriture, évolution et avenir.

·      La soudaineté [aux paléontologues, « soudain » veut dire résultant au cours seulement de millions d’années] avec laquelle d’importantes transformations de modèle paraissent, et l’absence tangible de restes fossilisés durant l’ère où ils sont dits avoir évolué.
 ·      La soudaineté avec laquelle des nouvelles formes ont « rayonné » dans de nombreuses variantes.
 ·      La soudaineté de beaucoup d’extinctions et leur manque de cause apparente.
 ·      La répétition de transformations qui réclament beaucoup d’innovations coordonnées autant au volet des organes qu’à celui de l’organisme complet.
 ·      Des variations dans la rapidité de l’évolution.
 ·      Le fait qu’après, aucun phylum n’ait apparu ni classe ni ordre. Ce fait si soigneusement ignoré peut être le meilleur argument contre la généralisation de Darwin.
 ·      L’occurrence d’évolutions parallèles et concourantes alors que des structures semblables ont évolué en circonstances fort dissemblables.
 ·      L’existence de tendances à longue portée (l’orthogenèse.)
 ·      L’apparition d’organes avant leur nécessité (la préadaptation.)
 ·      Le cas de « dépassement » ou d’emportement évolutionnaire (c’est à dire, comment des organes, autrefois utiles, tels que les dents de sabre de tigres et les bois d’élans irlandais, se sont surdéveloppés.)
 ·      Le casse-tête suivant : comment des organes, une fois évoluées, sont parvenues à se perdre (la dégénérescence.)
 ·      Le manque, de la part de quelques organismes, d’avoir évolué du tout.

 

Quoique de nombreuses maladies haussent la mortalité, quelques infections peuvent avantager leur hôte. Est-ce que des agents pathogènes « domestiqués » ont pu introduire des cellules spécialisées dans le corps en étant infecté : immunitaires, digestives, neurales et d’autres — bien qu’inexistantes auparavant ? Ont des microbes mutagènes pu léguer une nouvelle mutation transmissible ? Des tumeurs bien adaptées ont-elles pu se transformer en mutation physique ? Aurait pu l’ADN, soit « de rebut » ou d'ailleurs, être « rallumé » ou « injecté » dans des membres d’une espèce maitresse auparavant démunie?

Ces conjectures sont congédiées comme hérésies et renvoyées sous des rubriques maladroites comme « l’endosymbiose » et « le transfert horizontal de gènes dans l’eucaryote. » Des scientifiques viennent à peine de reprendre l’étude d'oncogènes, de transposons, de plasmides, de plasmagènes et d’épisomes : des caisses d'épargne, bureaux de poste et réserves d’échange microscopiques et organiques dont les couloirs résonnent de la complexité des rapports sexuels de l’ADN. 

Nos corps seraient-ils des « nuages bactériens ? » des navettes aux étoiles à générations multiples, construites avec, par et pour ces micro-organismes pour transporter leur ADN (soi-disant « de rebut ? ») en sécurité et confort admissibles à travers des étendues monstrueuses d'espace-temps : de ton fauteuil au réfrigérateur, disons, ou bien au bout de la galaxie ? 

La théorie de mutation adaptative au moyen de procédés bénins de maladie pourrait réconcilier de nombreuses disputes entre gradualistes et catastrophistes évolutionnaires. 

Des catastrophes environnementales peuvent affaiblir le système immunitaire d'espèces dominantes et induire des pandémies de mortalité surélevée, de fragmentation de l'espèce et de sa mutation. Après ces désastres, des troupeaux entiers ont pu se métamorphoser en une nouvelle espèce davantage viable sinon être annihilés. Puisqu'ils auraient tous été atteints simultanément, leurs descendants auraient sauté l'étape « intermédiaire. » Une telle formule évolutionnaire de fatalité sélective est modelée dans La coopération mutuelle de Kropotkine. 

Il est autant intéressant de noter que des espèces jouissant d’une longue histoire de stabilité génétique semblent avoir développé de l’immunité relative contre de nombreuses maladies : requins, mollusques, lichens, champignons et ginkgos (?) Des spécialistes scientifiques devraient en prendre note.

Ce plan évolutionnaire peut laisser le dossier fragmentaire de fossiles qui déconcerte nos paléontologues car il manque les « liens disparus » que les darwinistes insistent à prédire et manquent de trouver : un très mauvais augure pour leur théorie.

Par contre, le comportement paraît avoir évolué sous des influences environnementales, traçant un chemin plutôt graduel et lamarckien. Lors de troubles environnementaux, certains déviants furent frappés de démence et cette nouvelle folie amplifia le succès reproductif de leur espèce. Elle fut donc adoptée par la progéniture subséquente et implantée dans la mémoire de l’espèce. 

Quelqu'un peut sembler dément, mais sa folie peut constituer un facteur de survie lors de bouleversements imprévus que des simples « normaux » ne survivraient pas. Quand le chaos surgit, une réponse déviante peut être plus efficace que celle parfaitement adaptée à la routine normale. 

 

Une espèce a rarement été exterminée par simples prédation, maladie endémique ou compétition sélective ; plutôt à cause de massives perturbations de l’écologie : impacte d’astroïde, volcanisme, époque glacière, inondation ou sécheresse de longue durée, empiètement humain, etc., suivi de pandémies fatales résultant du rabais quasi-universel d’immunité. 

Ensuite, quelques survivants ont remplacé la masse des péris et se sont multipliés pour remplir les lacunes. Leurs particularités partagées sont devenues des « mutations darwiniennes » sans nécessairement rendre leurs possédants « plus capables. » Au contraire, les traits de ce poigné de survivants auraient renforcé la norme statistique de l’ancienne espèce. Des individus exceptionnels, mieux rompus à un certain milieu, ont pour la plupart disparu avec la majorité. Seulement des environnements d’instabilité et de fatalité en quasi-permanence auraient promu la survie de tels mutants radicaux, exception faite de l’annihilation intégrale ― ce sort très fréquent.

 

La planète a attrapé un rhume, et c’est nous qui le sommes. 

Pour confirmer notre place dans cet arrangement d'affaires, l'humanité doit se considérer comme le pathogène de la terre : ni son dominateur, ni son seigneur, ni même son gardien raté. Comme la plupart des organismes de maladie, nous avons évolué à travers une succession de relations avec la nature. Chaque population qui manqua de monter au palier supérieur dût décroître à celui inférieur et languir en obscurité indolente sinon disparaître.

Quelqu’un m’a suggéré que des gamins traversent des stages semblables vis-à-vis leurs parents. N’ayant pas élevé d’enfants cette tournée de ronde, je ne m’y hasarderais pas. 

 

Au premier palier, l’organisme reste rudimentaire et fragile. Il ne survit qu’en circonstances optimales. Opportuniste, il obtient prise périlleuse dans des niches vides et des hôtes affligés d'immunité épuisée. Sa croissance est lente ou statique ; sa défaillance la plus grave, c’est sa simplicité. La perturbation la plus éphémère le menace d'annihilation. 

 

Au deuxième, l’organisme beaucoup plus costaud envahit le nouvel hôte, accable ses défenses et le tue par sa croissance explosive. L'envahisseur se suicide en se multipliant trop pour son habitat. 

Dans quelques décennies, la peste supprima presque la moitié des Européens. Le taux de croissance humaine se raplatit pendant un siècle, jusqu'à ce qu’un certain mécanisme inconnu n’ait mis fin à ce saccage. Après tout, aucun survivant n'en acquit l’immunité. Les rats urbains ont-ils expiré ensemble ? Actuellement, on me dit qu’il n’y eut jamais assez de rats alors (selon les restes de fouilles archéologiques) pour assurer leur rôle de vecteur. Nous devons éclaircir beaucoup de légendes de l’apparition de spectres masqués et voilés en noir, agitant ce qui semblait être une faux, juste avant l’écroulement de bourgs proches, de la peste.

 

La différence principale entre le palier initial et celui secondaire, c’est que les deux participants – hôte et pathogène – ont changé de plateaux sur la balance de pouvoirs. De toute façon, l’un est presque toujours dégradé par le déclin de l’autre.

 

Au troisième palier, l’organisme davantage élégant contrôle sa croissance, réduit ses effets nuisibles et accepte les pertes encourues des défenses de son hôte. Lui et son microbe pathogène survivent pour se reproduire, quoique ni des deux ne s’épanouisse autant qu’auparavant. 

La syphilis prit cette voie pendant la renaissance, ainsi que la grippe à la fin de la première sic guerre mondiale et en notre temps. Ils se sont mutés – de subtils pilleurs d’enfants, de faibles et d’âgées – en tueurs d'emballement de jeunes adultes robustes, puis de retour. Actuellement, l’on me dit que la syphilis ait évolué d’une maladie universelle aux enfants mais bénigne car tout le monde était presque nu et touchait à tous dans les tropiques; en celle tapissée au chaud dans les génitaux, sous des habits que celle précédente trouva difficile à pénétrer, répandu par le sexe et beaucoup plus destructif au temps des romains et auparavant ( ?). L’actualité ne change pas du fait que depuis longtemps ces maladies et d’autres ont répété de telles transitions. 

 

Au quatrième palier, d’autant que l’agent infectieux évolue, il cultive un rapport symbiotique avec son hôte. Les symptômes de maladie qui persistent bénéficient autant l'hôte que l'envahisseur ; leurs effets positifs et négatifs tendent à s’équilibrer. 

L'anémie des cellules en faucille améliore l’immunité de son hôte contre le paludisme: peut-être la maladie humaine la plus fatale. Au fait, des fièvres de paludisme ont cautérisé quelques cas de syphilis et peuvent contrecarrer d'autres fièvres. 

Un compte de fond constant d’anciennes maladies humaines, vigoureuses mais faiblement mortelles, repousse des organismes de descendance plus récente, encore plus létaux mais pour autant susceptibles. Dans l’absence de la multitude microscopique et concurrentielle de norme, les pires nouveaux-venus détruiraient l’humanité au cours de quelques mois sans symptômes et des semaines de fléau incontesté. Partout sur terre, c'est-à-dire à l’exception des bio laboratoires militaires : là où de tels organismes sont choyés, consolidés en milieu stérile mais farci d’aliments, et appris des astuces létales. Voir les paliers un et deux en haut. 

 

Au cinquième palier, l’utilité en ascendance d'un organisme élégant surmonte le mal qu’il inflige. Sous ces douces contraintes, un nouvel organe interne apparait peut-être en tant que tumeur bénigne, comme un godet additionnel dans un cornet de glace. Il loge des fonctions neuves. L'infection bâtit une nouvelle demeure dans le corps renforcé de son hôte. En échange de cet avantage de survie, les gènes de l’hôte se mutent et se reprogramment. L’infection et son hôte s’amalgament de façon génétique dans un frai plus complexe et mieux adapté. 

C’est de la sexualité entre les royaumes biologiques ! L'aboutissement de cet acte sexuel, (on ne peut l’appeler autrement, quoiqu'une telle idée soit taboue selon la pudeur scientifique) c'est une nouvelle entité plus forte que la somme de ses constituants. 

Prenez ça, vous autres darwiniens qui vouent les perdants au diable ! Contestez-le autant qu’il vous plaira !

 

L’étape de maladie que l’humanité maintient avec la terre, elle bascule entre celle deuxième et troisième. Nous avons reçu notre diplôme de traverse de la première au deuxième en apprenant l'utilité d’armes et d’outils. Transition à la troisième haussera notre civilisation au-delà de la technologie d'armes. 

Nos gérants d'armes ont néanmoins ignoré le débordement de populations, l’épuisement de ressources et l’atteinte environnementale. Ils ont remplacé notre graduation prometteuse au troisième palier avec des préparatifs mécaniques, sociales et morales pour l’omnicide (faites tout périr !) : le seul avenir que permet l’hypnose d'armes.

Le surpeuplement humain du deuxième palier est un désastre complexe pour toute la terre, qui promet de nous achever avec notre civilisation entière, ainsi qu'une colonie de pathogènes primitifs s’éteigne en irritant son hôte par-delà le seuil de sa tolérance.

En tout cas, l’aboutissement usuel d’avoir évolué en outre du palier cinq se poursuit ainsi. Une fois que les symbiotes nouveaux-venus partagent une longue pause confortable de stase adaptative, une nouvelle crise génocidaire leur rend une épreuve insoluble qui les ramène au premier palier, sinon les remplace avec la prochaine vague de candidats évolutionnaires.

En tout cas, je crois que notre âme immortelle prend son choix parmi les formes de vie qui persistent dans chaque étendu d’espace-temps, comme un dandy choisirait le costume à porter en flânerie au boulevard.  

 

Les élites d'info ont évolué avec leurs hôtes prolétaires à travers ces paliers. Quoiqu’ils semblent puissants, les riches et dominants sont au mieux en transition entre les paliers trois et quatre par rapport aux pauvres : les bienfaits qu'ils réalisent ne compensant qu'en partie leur maladresse innée. La moindre infraction de la paix menace de nous traîner tous, nos têtes tambourinant les pas d’escalier, jusqu’aux paliers inférieurs et à la destruction.

 Si nous nous rassemblons au quatrième palier et établissons une commune de biens d’info en voie au cinquième, nous pourrions encore prospérer. Les transitions à venir, entre ces paliers plus élevés, nous sembleront presque instantanées comparées aux milliers d’années gaspillées en oscillation entre ceux du premier au troisième. 

 

A noter : j’ai numérisé ces paliers comme les marches d’un escalier. Elles peuvent aussi bien se succéder en sens inverse ou sauter des paliers entiers.

 

Ainsi de même, la communauté dissidente reste à cheval entre les paliers trois et quatre vis-à-vis les conspirateurs de convoitise. 

Le premier palier s’imposa jusqu’à l’ère des prophètes, quand des martyrs paisibles marginalisés (Bouddha, Zarathoustra, Mani, Jésus, Mohammed et leurs adhérents défunts anonymes) festonnèrent les carrefours impériaux de leurs corps cassés ou calcinés. A ce palier, l’élite d'info locale revalida sa mentalité d'armes en distordant l’enseignement de ces martyrs au seuil de la mort et en transmettant cette fausseté à la postérité comme de la vérité sacrée. 

 Le deuxième palier fut franchi quand des dissidents d'armes paumés ont rendu KO le corps politique en dissolution de technologies d'armes royales et impériales. Ils n’ont su que faire ensuite, ne s’étant aperçus que d’un système injuste à renverser. Comme nous, ils ont confondu les indices rudimentaires de cette maladie sociale (tyrannie, corruption et avarice) avec sa cause principale (la mentalité d’armes) et ont tenté de les supprimer à l'aveuglette. Ils ont ensuite ingéré la même toxine et normalisé ses manifestations — les institutionnalisant, perpétuant, modernisant et perfectionnant de ce fait.

Inclues ici : les révolutions patriarchales, urbaines, juive, chrétienne, islamique, capitalistes, industrielles, française, américaine, communistes, fascistes et anticolonialistes. En bref, les révolutions circulaires, à court-circuit, de rétrocontrôle positif et d'aboutissement paradoxal que l’histoire se prend la peine d'enregistrer. 

La civilisation moderne souffre du va-et-vient entre les paliers trois et quatre. Des directeurs et dissidents d'armes s’éraflent sans rime ni raison alors que le surpeuplement, le compte des cadavres, l’industrie insoutenable et la destruction environnementale nous débordent autour. 

Les Apprentis grimperont au palier cinq une fois que nous saisirons la dialectique d'armes et de paix, subordonnerons la mentalité d'armes et rétablirons le monde paisible à sa place légitime. La plupart de ces débordements seront contenus de leur propre agencement. 

Ce qui nous retient ? C'est notre paralysie collective à la suite de chaque appel sérieux au monde paisible.



 

- EN VOYAGE !

 

Les Apprentis confrontent un embarras fondamental. Le prolétariat d'info ne peut plus prêter tant d’attention aux monologues vains de l'élite, ni elle, diffuser tant d'absurdités. Les habitudes qui nous ont semblés réconfortantes ont abouti en cul-de-sac. Petit à petit mais de manière certaine, nous les laissons tomber.

Le cosmopolitisme, l’urbanité et la randonnée doivent être promus dans toutes les populations. 

En optimisant la formule de menace, nos sociétés ont amassé assez de richesse « excédentaire » pour hérisser d’armes modernes des centaines de millions de soldats, les expédier pour semer le chaos d’année en année, là où des élites d’info souhaitent focaliser leur fureur ― du moins au début. Ensuite, cette friche de Mars étalera sa casse là où la moins souhaitée (lis au seuil de ta porte) de façon aussi abrupte qu’inexorable.

Si l’on avait sagement investi ce dividende dans le monde paisible, on aurait pu anticiper d’énormes récompenses de retour : de quoi permettre à chacun de voyager là où il veut, approfondir son érudition à vie et introduire une nouvelle langue mondiale. Ces projets et leurs analogues paisibles engendreront une crue exponentielle de profit et d'opportunités en aval. 

Dans l’absence de monstrueux frais militaires et leurs dégâts collatéraux dont tout le monde s’attend, les Apprentis pourront fournir de modestes conforts à tous, sans tenir compte de leur lieu d'origine, recommandations ou contribution réciproque. Les gains de retour offriront des profits faciles. J’indique ici une richesse communautaire inimaginable. Prier consulter Mengzi quant à la richesse.

 

La plupart des Américains conviendrait que les Etats de Kansas et de Missouri n’ont rien à gagner et tout à perdre d’une confrontation militaire entre eux. C’est le cas pour au moins sept raisons.

1.    La guerre fend des liens d'estime, de confiance et de commerce. Le rétablissement de ces liaisons prendrait des dizaines d’années. L'Amérique doit encore se remettre de blessures qui purulent depuis sa guerre civile dite « achevée » il y a sept générations. 

2.    Un impartial gouvernement fédéral fournit à chaque Etat le moyen paisible de résoudre leurs désaccords. Est-ce qu'un habitant du Kansas pourrait se plaindre honnêtement que « Ces Missouriens bénéficient de favoritisme au Congrès américain » ?

3.    Dans chaque Etat, la vaste majorité demeure fidèle à l'idéal fédéral. Elle s’identifie avec une collectivité supérieure qui semble lui rendre avantage, et ferait taire sa minorité prismatique, par force si nécessaire. 

4.    Les deux Etats profitent d'accès illimité aux ouvriers et ressources l'un de l'autre, sans tarifs ni quotas supplémentaires. 

5.    L'armée fédérale puise autant de ces deux Etats que des quarante-huit autres. Elle seule se vante d’un inventaire d’armes en bon équilibre et d’une armée aguerrie et bien trapue. En cas de bagarre, elle surenchérirait les atouts militaires d’Etats particuliers.

6.    Du point de vue militaire, l’ensemble est plus fort que la somme de ses constituants, offrant meilleure sécurité contre des menaces domiciliaires et étrangères. 

7.    Les deux partagent la même langue, culture et constellation de métaphores politiques. Il ne reste d’issue pour justifier la guerre entre ces Etats. 

 

Pour ces raisons, leurs fonctionnaires n’ont pas besoin de veiller des nuits tardives, inquiets que la garde nationale avoisinante ne les envahisse au petit matin ; leurs législateurs, avancer des projets de loi pour fortifier leurs frontières, mettre une armée sur pied de guerre, ou établir des réseaux d’espions entre ces Etats. Le dingue qui suggérerait de telles bêtises serait flanqué à la porte à grands éclats de rires. 

Alors, pourquoi pas entre les Etats-nations du monde entier ?

Certes, il fut un temps, les Kansans et Missouriens endurèrent des conflits féroces. L’Euro-américain et l’Amérindien n’ont pas pu accepter la réciprocité de leurs contradictions socio-économiques. Aussitôt, l'autorité fédérale prit fin et des élites de bataille locales se sont adonnés au banditisme militant pour forcer la question de l'esclavage. Une fois que cette folie s’est terminée, la première bagarre reprit son dénouement génocidaire. 

Malgré cela, n’importe quel va-t’en-guerre américain peut trouver d’autres raisons pour maintenir la paix entre ces Etats. Si elle peut durer entre Kansas et Missouri – inviolée quoique non imposée – sa validité ne peut pas être dédite ailleurs. Il s’agirait d’instituer les mêmes préposés partout, sans permettre d’infraction. Les Etats-unis du monde, en sus et en amont du modèle américain mais émulant sa grandeur.

Je ne comprends pas ces Américains (en grande majorité ?) qui trouvent dans ce modèle une atteinte à leur vie et liberté. Qui leur a débité cette fourberie ? Au contraire, l’Amérique serait l’aune et l’exemple aux autres d’imiter tant qu’ils en seraient capables. Elle gérerait le monde non par force brute mais par son exemple éclatant. Les bienfaits américains seraient renforcés et ses méfaits, abandonnés comme des vilénies indignes.

Les puissants Etats de New York, de Pennsylvanie et de Virginie se portent mieux quand ils sont unifiés ; leurs populations sont plus riches, mieux affranchis et sécurisés que si elles s’affrontaient. Les nations américaines, russes et chinoises ne seraient-elles pas autant mieux compensées si fédérées avec celles restantes ?

Quel mal là-dedans ? 

 

Il se pourrait que les Etats-unis (ou d'autres pays?) rejettent le projet du futur gouvernement mondial, ainsi que l’élite américaine a rejeté le contrôle des Britanniques pendant sa révolution, pour se protéger du fisc étranger et transposer ce fardeau au dos des pauvres chez eux. Sans quoi, sous la tutelle britannique, les Etats-unis se seraient transformés en une version plus populeuse du Canada ou de l'Australie (quelle effroyable extinction de liberté !) 

Quand les Apprentis consolideront le monde paisible et orienteront la population mondiale à une paisibilité de justice et de bien-être inédites, le nationalisme américain pourrait devenir encore plus répressif ; en effet, la réplique de ses ultra au monde paisible pourrait être leur adoption de fascisme encore plus expansif. Aucune surprise là-dedans, étant donné la tendance des Republicans actuels. Le pire aboutissement ? La guerre mondiale entre les Apprentis progressistes et les ploutocrates retranchés aux USA et ailleurs. Ce conflit s’amorcerait avec des tactiques de routine historique aux Américains, de sabotage furtif, d’assassinat sélectif et de terrorisme réflexif à l’encontre du moindre indice de réussite progressiste. Voir en Iran, Chili, Nicaragua, etc., durant la dernière centaine d’années.

Dans ce cas, les Etats-unis devront être concédés leur désaccord hargneux et isolés du restant du monde. Les Apprentis accueilleront les plus brillants volontaires américains en appui du monde paisible ; ainsi que les meilleurs enfants nés au cœur-lieu Republican ont tendance à déménager aux côtes atlantiques et pacifiques de l’Amérique, une fois adultes, parce que leur raison et empathie l'emportent sur la cupidité, la bigoterie de serre chaude et la satisfaction de gérant du genre tiers-monde, qu'ils ont trouvés retranchés chez eux ; ces derniers traits désignés avec suffisance « exceptionnalisme américaine. » 

Si les Apprentis sont assez patients et retenus face aux provocations sanglantes qui leur seront infligées, l’opinion majoritaire en Amérique finira par saisir les avantages du monde paisible et le rejoindre dans des conditions réciproquement acceptables, même si une petite minorité d'esclavagistes en herbe devra être maîtrisée une fois pour toutes. 

Ce renforcement du monde paisible semble davantage prometteur que l’assaut sur les territoires et populations les plus riches de la terre pour contraindre leur conformité au monde paisible. Les Apprentis imposeront leur veto contre cette sorte de débauche typique de la terre en armes. La Satyagraha des Apprentis sera testée à l’outrance.

 

Sans doute, des allocations irrésolues d'eau, des conflits de race, de classe, et d’autres contestations pourraient raviver l’animosité militante entre ces Etats, notamment quand le réchauffement global se mettra à cuire le monde au sérieux. En attendant leur identification et réclusion, de talentueux psychopathes et sociopathes persisteront aux pires contrecoups. Parmi ses responsabilités fondamentales, les administrations d’Apprentis prendront ces conflits en main et les résoudront en paix avant qu’ils ne se rendent en nouveaux prétextes de brutalité. La cour du monde et ses jurés en seront les ultimes arbitres. 

Un autre mythe d’armes réclame du débridement et la guérison qu’il pourrait occasionner. D’après certains militants enragés, leurs querelles se sont tant envenimées auparavant, leurs maux, rendus tant impardonnables, et des vendettas les ont pénétrés à telle profondeur qu’aucune paix durable n’est envisageable. 

Jadis, la nation suisse (et d’autres régions similaires) ressembla aux Balkans récents : son beau paysage taché de massacres factionnaires. Ses cantons se sont battus pendant des siècles en tant que belligérants rauriques, séquanais, ubériens, allobroges et membres d’autres tribus ; Helvètes, Celtes, Gallo-romains, Allemagnes, Raetiens et parleurs de Romanche. Ils furent maniés comme des guignols en tant qu’alliés fidèles d’impérialistes français, bourguignons, romains du saint-empire autrichien, savoyards et métropolitains de l’Italie désagrégée.

Pendant la bataille de Mortgarten en 1315, les guerriers montagnards des cantons agricoles d’Uri et de Schwytz massacrèrent les citadins bardés de Zoug, de Lucerne et de Zurich sous le commandement de Frédéric, frère du Duc Léopold I d’Autriche, que les Suisses fédérés abattirent plus tard à la bataille de Sempach. La dissemblance entre l’ennemi et le compatriote ne semble être qu’une question de permettre au temps de déferler leur histoire et d’étendre le cadre de leur acceptation mutuelle.

D'âcres disputes entre des sectaires catholiques et protestants ont renouvelé des centenaires de conflit séculier. Autant avant qu’après de s’être fédérés, ces cantons se sont agressés au sujet de droits féodaux, relations étrangères, priorités urbaines et rurales et conflits de classes. Pendant des siècles d’hivers mordants, des Suisses ont brûlé des villages suisses, violé des Suissesses et affamé leurs enfants au cours de meurtrissures organisées. Dans l’avenir, on décrira l’histoire des Etats-nations sur la terre en armes pareillement. Des infractions inexcusables et des actes de vengeance incontournables se sont tassés plus hauts que les Alpes — tout cela réduit en ancienne histoire.  

Les Suisses ont engagé leurs fils belliqueux comme mercenaires ; ils ont encouru un million de pertes aux champs de bataille à l'étranger. Ils se sont confrontés lors de plusieurs guerres civiles, tant face à face chez eux que par l’intermédiaire d’armées étrangères. Leurs mercenaires furent notoires pour leur férocité ; ils n’ont ni accordé ni supplié merci qu’aux ordres de leurs patrons et pas toujours alors.

Les habitants sereins de la Suisse contemporaine (et d’autres amalgames complexes de peuples ethniques) pourraient brandir les mêmes revendications outragées : celles mêmes que les agresseurs croates, serbes et bosniaques ; irlandais du Nord, afghans, sri lankais, indonésiens, et habitants du Moyen Orient se crachent dans la figure sans hésiter. Cette liste peut s'étendre aux longueurs aussi prévisibles que lassantes, quand chaque militant doit une dette de sang de longue date à un campagnard, sinon convoite son territoire pour y agglomérer un « grand Etat-nation ethnique » de fantasme historique et de militarisme suicidaire. 

Nicklaus Von Flüe fut un humble moine suisse qui s’accrocha à sa grotte alpine pour y prêcher fédération et paix, jusqu'à ce que des gens désolés aient résolu de l'écouter. Une fois éclairés, ils ont conclu qu’ils ne résoudraient jamais leurs différends à main armée sans s’asservir aux puissances étrangères qui orchestrèrent leurs querelles. Le bon sens transforma des héros de guerre civile en alliés bienvenus ou en fugitifs désespérés. Leur canton d'origine et la nature de leur fantaisie particulière furent moins importants comparés à leur dévotion à la paix interne et sa pratique concrète. 

Après des années d’essais et d’erreurs – puisque meilleure idée leur manquait et puisque, contrairement à nous, ils ont remédié cette lacune – les Suisses ont négocié des promesses complexes de non-agression. Ces engagements ont lié chaque canton avec ses voisins de façon paisible, les ont alliés contre toute agression étrangère, engagés à arbitrer leurs disputes et séparés durant. Encore plus important, ils ont contresigné des pactes « de s’apposer nette » : les adhérents à cette alliance ont du promettre de ne plus se mêler aux disputes de cantons tiers. Aucun d’eux, n’importe sa puissance particulière et ses prérogatives coutumières, ne pouvait affronter tout seul le restant et s’attendre à croître. 

La nation suisse s’est rendue riche, puissante et assurément neutre en criminalisant la guerre interne et en interdisant les aventures outremer. Les habitants de la planète entière pourraient s’offrir bien-être semblable en pratiquant la même chose. Chaque nation sur terre doit admettre une longue histoire de guerres civiles sur la terre en armes, celles distantes et proches, avant de pouvoir assurer la paix interne. La terre entière est évidemment la plus récente nation de l’humanité. Afin de s’élancer dans l’espace, elle doit établir une paix interne, intègre et sûr. 

On l’accomplirait en jetant un filet de traités de paix sur la terre entière. Autant ceux assez faciles à négocier (entre les Etats-unis et le Canada, disons) mais surtout entre les pays les plus récalcitrants, (les deux Corées, la Grèce et la Turquie) autant qu’entre des minorités subjuguées et leur gouvernement répressif. Ceci, pourvu que les profanateurs de la paix souffrent de sanctions et de poursuite implacable. 

De vastes réseaux neufs d’Apprentis réconcilieront des peuples autrefois méfiants, promouvront une forme sereine de confédération suisse et criminaliseront la guerre. Etant donné beaucoup plus de calme pacifique et de frais militaires diminués, les opportunités commerciales et ses profits en expansion fleuriront outre mesure. 

Nous avons été niés cette prospérité planétaire par des extorqueurs de Prisme et le restant du populo hypnotisé en paralysie hystérique. 

« L’Etat souverain » contemporain et ses forces de hargne forment un gang hyper-organisé qui longe au coin de la rue, se curant les dents au cran d'arrêt en titane. Quand le progrès social menace leur seigneurie, ils attaquent leur population maîtresse, tout en désignant ce barbarisme « de la sécurité interne. » Des agresseurs prismatiques en complicité globale ont recours aux assauts identiques – soit la diversité de leurs dispositions géographiques et politiques – de façon entièrement prévisible. 

On pourrait conclure que la guerre est un problème de santé publique : une pandémie planétaire. Dans ce cas, des forces spécialisées dans l’entretient de la paix mettront en quarantaine la zone infectée par la guerre, l’isoleront d’influences externes corruptrices et mettront fin au combats locaux, soutenues par toute la puissance industrielle, militaire et informatique de la planète. Des millions de volontaires civils reconstruiront ce qui fut détruit et satisferont les revendications locales qui ont mené les locaux au combat. 

Des services en prototype de groupes d’intervention des Apprentis incluent le groupement allemand de Ruppert Nuedeck, Cap Anamu ; les Médecins sans frontières d'origine française, d’administration belge et d’engagement global ; et celle américaine, Témoins de la paix. Des millions de candidats volontaires pour le monde paisible traînent ci et là bien endimanchés mais séchant leur rendez-vous. Nous devons inspirer, organiser et déployer ces corps d’armée du monde paisible.

Une mairie ne peut pas résoudre ses problèmes d'infraction publique en écrasant des quartiers entiers. Des directeurs d’armes ont répété cette alternative en Rome antique, à Paris avant et après le troisième empire, à Philadelphie en 1985, en Gaza palestinien et ailleurs, quand ils y ont pu l’abuser sans grands problèmes. Ils ne le réussissent non mieux en vendant des armes à la moitié des artisans du crime ― quoique certains réactionnaires le considèrent bonne affaire et bonne politique. Au premier rang ces jours-ci, le soi-disant « Conseil de sécurité » de l’ONU.

A l'échelle planétaire, nous devons dupliquer nos villes les mieux policées : enrayer la brutalité organisée, améliorer les services publics et encourager tous ceux privés qu’exige le monde paisible, rien de plus ni de moins.
 
 

A la suite de son hajj (pèlerinage à La Mecque) Malcolm X entama son jihad contre sa rage et en faveur de la fraternité humaine. Il découvrit que des musulmans blancs pouvaient être aussi amicaux envers un homme noir, que des racistes chrétiens lui avaient été injurieux aux Etats-unis. Cette observation lui permit de changer d’avis concernant la nécessité de la guerre totale contre les blancs. Il se résolut à promouvoir la paix, là où il avait incité la guerre. Son subséquent martyre pour la paix offre une bonne leçon des bénéfices précieux de voyages en masse.

Comme Ho Chi Minh qui, malgré sa lutte acharnée contre la tyrannie colonialiste française et le militarisme brut des américains, ceux-desquels il méprisait pour bonne raison, n’a jamais lâché son affection pour les peuples français et américains, ni son admiration pour leurs éclatants idéaux politiques qu’il apprit de ses aïeuls européens lors de son périple. 

 Et aussi Martin Luther King. On pourrait affirmer qu’il ne fut pas assassiné pour avoir prêché la justice raciale (il l’avait accomplie pendant des décennies sans être tué) ; mais parce qu'il a commencé à prêcher l’ultime sujet tabou, la paix sur Terre. C'est pour cette hérésie qu’on aurait permis sa mort. Son ultime prêche de pacifisme, soigneusement censurée et oubliée par tout le monde dans son dossier posthume.
 
 

Quant au chauvin moyen ignare que l’humanité semble produire en série (à chacun desquels j’aimerais demander : n’as-tu jamais vécu parmi tes adversaires ethniques ?) celui-là pourrait découvrir que les nations et les races qu’il avait simplifiées et haïs en bloc sont des assemblés nécessairement complexes d’individus qui lui ressemblent, plutôt comparables à ses bien-aimés, souvent disposés à lui livrer des gentillesses spontanées, donc en bonne mesure d’être admirés sinon tolérés sans façon. Ainsi éviterait-il le dilemme du xénophobe : quiconque généralise au sujet de l’humanité, soit dans son entièreté soit en partie, a probablement tort, à moins qu’il l’aime en totalité et en partie. 

Afin de faciliter ce changement d’avis, on devra développer des réseaux de transport global bon marché et fiables. Des atouts internationaux de transport et de casernement militaires seront démilitarisés, rénovées et enclenchées pour l’usage de tous sur base subventionnée. Des programmes massifs d'échange d'étudiants troqueront les enfants d’adversaires militaires récents et les réuniront avec ceux restant chez eux pour cette année scolaire. 

Un assortiment tellement insolite devra être surveillé de près. Les Apprentis devront éviter d’inonder une communauté close avec des intrus importuns, au risque de raviver la xénophobie locale ; ni livrer des jeunes innocents à la merci de chauvins locaux disposés à leur infliger rancœur ethnique. Des parents idéalistes auront à décider s’ils peuvent risquer la sécurité de leurs précieux enfants en faveur de l’idéal des Apprentis. Les autorités locales devront assurer que les gardiens de ces nouveaux-venus (enseignants, guides, chaperonnes et leurs liaisons de police) en soient qualifiés – peut-être à la suite de leur propre voyage d’étude et stage culturel chez l’ancien ennemi. 

Par ailleurs et tout d’abord, la richesse, la santé et l’érudition devront être à peu près égalisées à travers la planète. Autrement, en sautillant le long et large du globe, des criminels, des réfugiés économiques et des porteurs de maladies exotiques satureront des pays prospères et décourageront la poursuite de ce projet par leurs populations riches. 

Des interventionnistes dédiés et sacrificatoires contrecarreront les massacres qui succéderont ceux à Beyrouth, Sarajevo, Kigali et Alep, sans quoi. Ordinairement, le martyr paisible, soigneusement publié, refoula sur leurs talons de brutales élites bien établies d’armes. Des exemples incluent les Kalingas du remords d’Asoka ; la vague de saints martyrs qui précéda les bureaucraties de religions de masse (ces martyres fuyant sans doute leurs propres bureaucrates religieux d’armes, qu’ils aient été catholiques, islamistes ou bouddhistes) ; le massacre de protestataires gandhiens à Amritsar ; les manifestants sacrificatoires contre l’impôt du sel à Dharesana près de Sourate; les (freedom riders) usagers de bus de la liberté en Amérique des années 1960 ; les protestataires de guerre à Kent State, fusillés en panique par des troupes inaptes ; Steve Biko et ses compagnons brutalisés à mort en Afrique du Sud ; les « disparus » argentins et leurs braves mères ; M. Aquino des Philippines, assassiné à son retour d'exil ; le témoin paisible Ben Linder, abattu au Nicaragua en 1987 ; et les travailleurs religieux brutalisés en El Salvador. D’innombrables martyrs paisibles nous ont laissé leur commémoration au Guatemala, au Mexique et ailleurs au monde. Etant donnée la connivence du Congrès américain et d’autres courtiers du pouvoir, ces sacrifices furent honteusement obscurcis d’ordinaire. Le patriote Russe, Alexeï Navalny, est le plus récent (2024) champion pour la paix, la liberté et la démocratie. Tout comme Aquino, il fit demi-tour dans la gueule de son opposant cannibale. Je m'émerveille de leur courage que je ne pourrais jamais dupliquer.

Au cours de désastres complexes à venir, quelques martyres paisibles, canaris en mine de houille, feront preuve de leur sacrifice soigneusement rendu public. Ils interrompront des crimes de guerre locaux en convertissant en intervention immédiate et concrète l'outrage du monde provoqué par leur témoignage et sacrifice. Leur organisation pourra être dédite à la mémoire sacrée de Rachel Corrie. Scrupuleusement entraînés, ils affronteront des sectaires d’armes sous les lueurs des actualités mondiales. Beaucoup d'abus des droits humains seront ainsi corrigés en contingence sur leur terrain d’origine : réduisant de ce fait la nécessité de troupes étrangères et leur intervention plutôt balourde, coûteuse, lente à réagir et peu crédible à la longue. 

Des familles font tout en leur pouvoir pour dissimuler d’étrangers leurs querelles internes ; au palier international, les Apprentis pousseront des sectaires de prisme aux mêmes pratiques. La cour du monde marginalisera les militants prismatiques et sustentera des modérés politiques à travers la planète, différant ses interventions militaires jusqu’à ce que chaque initiative paisible ait été éprouvée et épuisée et qu’un jury de pairs choisis à l’aléatoire n’ait rendu ce verdict en procès-verbal concurrentiel. 

Les Apprentis remplaceront les improvisations miteuses en confrontant ces crises, telles que celles effectuées actuellement par le Conseil de sécurité de l'ONU, avec des plans de contingence bien répétés, intégraux et vigoureux. De tels instruments complémentaires doivent être mis à l’épreuve : A) les jeux Olympiques paisibles, B) la légion étrangère de la cour du monde, et C) des nouvelles religions planétaires diffusant la doctrine de Jihad paisible : le martyre non-violent et auto sacrificatoire ayant pour but le monde paisible. 

Irhaab haram : « le terrorisme est interdit » comme l’enseigne le parent sage musulman à ses enfants.



 

- LANGAGE –

 

« La liaison intime entre la langue et la croyance religieuse infuse l'histoire culturelle. Un être divin est souvent dit avoir inventé le discours ou l'écriture pour l’offrir comme cadeau à l'humanité. L’une des premières choses qu’Adam dut accomplir, selon le livre de Genèse, fut dénommer les actes de la création : »

«  " Et le seigneur Dieu, ayant formé du sol chaque bête sur terre et chaque volaille dans l’air, les apporta à Adam pour connaître ce qu'il les appellerait : car tel qu’Adam eut appelé une créature animée, le même est son nom. " » 

« Beaucoup d’autres cultures ont une histoire comparable. Dans la mythologie égyptienne, le dieu Thot créa la parole et l'écriture. C'est Brahmâ qui offre le savoir-écrire au peuple hindou. Selon les sagas islandaises, Odin est l'inventeur de l'écriture runique. Celle-là fut livrée aux Chinois par une providentielle tortue d’eau aux marques dorsales. [Nota : un autre père de l’écriture chinoise fut Fou Hsi, l’empereur légendaire qui régna il y a 5.000 ans. Il découvrit, selon les marques qu’il trouva sur l’écaille d’une tortue, les huit trigrammes qui font partie du surnaturel Yi king, le livre des transformations.] Partout sur terre, le surnaturel pourvoit un puissant ensemble de croyances sur l’origine du langage. »

 « Les associations religieuses sont particulièrement fortes par rapport à la langue écrite, car l'écriture est une bonne méthode de préserver et transmettre la connaissance sacrée. Le savoir lire ne fut disponible qu’à une élite, en grande partie des prêtres. Les échos de ce rapport résonnent encore dans le vocabulaire anglais, grâce aux liens entre l'écriture sainte et celle manuscrite, voire que cette écriture fut d'origine sacrée. Il existe aussi des autorisations formelles d’actions humaines exprimées en formules : « Car il est écrit. » David Crystal, rédacteur de l’Encyclopédie de Cambridge du langage, second édition, Press Syndicate of the University of Cambridge, England, 1997, p. 388.

 

« … Le nom de l’alphabet sanskrit est devanagari, ce qui veut dire “afférant à la ville des dieux.” Le hiéroglyphique dont se servirent les anciens Egyptiens pour leurs documents officiels taillés sur pierre, signifiait “inscription de pierre sacrée” (d’ailleurs, les Egyptiens ont eu leurs écritures hiératique et démotique, le plus souvent rédigés sur papyrus.) Selon eux, l’écriture fut inventée par Toth, dieu de la sagesse, et appelée ndw-ntr en égyptien (“la parole des dieux.”) Les Assyriens eurent une légende selon laquelle les caractères cunéiformes furent présentés à l’homme par le dieu Nébo qui tint la destinée humaine sous son emprise . Le cunéiforme s’inscrit en pressant un coin dans de l’argile humide (le nom signifie “en forme de coin”) ainsi que le pratiquèrent les Sumériens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses et d’autres peuples à travers la région mésopotamienne d’environ 4000 AEC jusqu’au temps du Christ. Les Mayas ont attribué l’écriture à leur dieu principal, Itzamna [dieu de la sagesse.] L’écriture ensevelie dans la préhistoire japonaise fut désignée kami no moji, “caractères divins.” Aussitôt que le moyen âge chrétien, le philosophe Constantin (autre nom pour Cyril, l’apôtre des Slaves) est dit avoir eu ses écrits révélés par Dieu. » Mario Pei, The Story of Language (Le récit du langage), The New American Library, New York and Toronto, 1965, p. 96. 

 

On pourrait conclure (à cause de la bible ou en dépit d’elle ?) que l’intellect humain s’inaugura avec le mot parlé à haute voix au monde. Dans cette parole adressée face à face, dans sa droiture et sa sagesse, ont reposé mérite et honneur. De grands efforts supplémentaires seraient requis pour recouvrer sa luisance, une fois ternie de mensonges. 

La corruption humaine a dû s’aggraver dans le mot écrit qui nous soustrait du monde et dont les mensonges et bêtises ne sont que des traits sur du papier ou un écran d’ordinateur : indifférenciables de la sagesse et du vérisme sauf par leurs conséquences à long terme. 

Des citadins ont pu vivre avant le Déluge. Leurs derniers survivants purent être les originaires des Védas hindous, imités par des Crétois ultérieurs. Leur culture d’origine put limiter la lettre écrite aux fonctions de comptabilité (inventaires, astronomie, astrologie et calendriers) et ne permettre aux histoires sacrées de n’être commémorées qu’à l’orale. Fût-ce une forme de darwinisme culturel, triant la lie et préservant seulement l’inspiratoire ? « Apprenons par cœur ce qui est suffisamment beau, véridique et élégant pour nous pousser à la dure besogne de le mémoriser et le réciter ; consignons le reste à l’oubli. »

Maintenant que nous disposons non seulement de la parole et de l’écriture mais de leur enregistrement et transmission en quantités presque sans limite mais pour autant éphémères, quelle forme d’expression, adjointe à celles précédentes, nous traduirait devant nos vérités et mérites les plus profonds, nous rendrait le calme d’agneaux, comparable à celle à l’intérieur d’une meute de loups ?

 

Nous retenons l’expression ordinaire pour un outil à tuer : « une arme. » Prends l'expression : « outil d’Apprentissage. » Quelle locution maladroite ! Évidemment, elle n'a pas de contraction populaire. 

En outre, imagine une arme. La vois-tu clairement ? Maintenant, imagine un outil d'Apprentissage. 

« Un quoi ? » pourrais-tu me mander. « Rien de tel n’existe. Voulais-tu dire un livre ? Ou peut-être un smartphone ? »

Cet exercice mental te suggère-t-il quelque chose quant à notre polarisation culturelle ? Dans un monde raisonnable, on appellerait des armes à feu des hargnes à feu, des hargnes longues et de poing. Le soldat régulier appartiendrait aux forces de hargne. Toutes ces expressions seraient quasi-obscènes et tout le monde serait parfaitement familier avec de fins outils d'Apprentissage. 

 

Les élites d'info règlent la forme et le contenu du langage. George Orwell conclut que s’était là, la tâche principale des élites d'info (mon expression, non le sien) : régler les communications du prolétariat d'info. L’argent, les nouvelles, le sport, la guerre, cuisine, éducation, crime, religion et justice : tous sont des communications diverses, des symphonies, chœurs, danses et solos informationnels que chaque culture orchestre. 

La souveraineté nationale, c’est le contrôle qu’exerce l’élite d'info sur son prolétariat, autant à l'intérieur qu’en dehors de la membrane nationale. Ces communications peuvent s'étendre de l’entremêlement libre de prolétariens d'info internationaux sous contrôle minime, jusqu’à l’ultime exercice de simplification totalitaire quand le discours populaire se réduit aux grondements et fracas de la canonnade.

Dans Gaia : Le voyage humain du chaos au cosmos, Pocket Books, New York, 1989, p. 64, l’auteur Elisabet Sahtouris cite Ivanovitch Vernadsky, le géologue russe qui décrit la vie comme « … une disperse de roches … une procédure chimique qui transforme la roche en matière vivante et fortement active et puis dans l’autre sens le fracasse et le déplace aux alentours en une opération cyclique et sans fin. » Si la vie peut être conçue comme une « disperse de roche » notre civilisation doit se manifester comme une autre forme de dispersion géochimique. 

En temps paisible, la membrane politique qui enveloppe chaque société laisse passer au travers plus ou moins librement de l’information : gens, finances, données et marchandises. En temps de guerre, cette membrane s’enflamme de feu, de souffle, d’éclats et de décharges de statique à la radio, sinon d’équivalents contemporains aussi létaux que possible. Aucun signal hormis la propagande rageuse ne peut la pénétrer. Fais-toi attraper en guerre collaborant à travers cette membrane et sois-en châtié. Tout cosmopolitisme est étouffé. 

Les Apprentis dissoudront ces membranes une fois pour toutes en fournissant aux peuples divers un gouvernement commun, une langue partagée et une culture globale qui se prend de grandes peines pour accueillir l’intégralité de leur diversité. 

On a développé l'espéranto, l’ido, le volapuk et une succession de rapiéçages verbaux qui n’ont servi qu’à offrir un avantage miteux aux groupes linguistiques dominants. La glossa est un langage récemment conçu dont je n’ai constaté très peu au-delà du nom. 

A l’exception de ceux passionnés, personne dans l’avenir n’aura besoin d’étudier une seule langue parmi la demi-douzaine qu’une poignée de voyageurs sache parler (le chinois, l’espagnol, l'arabe, l’anglais : peu importe.) Au lieu, chacun apprendra la même langue supplémentaire à celle maternelle. Au mieux, sa structure linguistique doit être neutre. Ceux en étant familiers ne doivent gagner aucun avantage immérité en l'employant. 

Sa grammaire incorporera le meilleur ensemble de règles de toutes celles connues. Chaque groupe linguistique offre une solution idiosyncrasique à certains problèmes grammaticaux : élégante dans certains cas mais compliquée dans d’autres. Cet embarras comporte un amalgame d'accents et de grammaire avec beaucoup d’exceptions et d’irrégularités à apprendre par cœur. La prononciation et l'épellation torturées de l’anglais, l’épellation et les distinctions arbitraires de genre dans la langue française et d’autres, et les variantes sans fin d'intonation et de caractères écrits du chinois : ces embûches à l’étude du langage offrent de bons exemples. 

De telles idiosyncrasies linguistiques servent comme barrières défensives, des schibboleths, des placentas linguistiques qui enveloppent le prolétariat embryonnaire pour l’abriter de contaminations exotiques. Si l’on parle avec un accent sinon écrit avec trop d'erreurs et de simplismes répétitifs ou inappropriés, on se trahit aux locaux comme un étranger et ennemi potentiel. 

Le dogme scolaire force chacun à apprendre la langue étrangère du dernier cri. Celle anglaise est la plus récente — bientôt suivi par le chinois ? Des Apprentis malheureux sont punis pour ne pas avoir dompté la langue-maître, même après que leur fenêtre d’adaptation linguistique se soit fermée. Peu d’Apprentis de langues pratiquent assez souvent (très souvent) une langue étrangère pour parvenir à sa maîtrise qu’ils nécessitent dans le monde réel. Au lieu oublient-ils leurs leçons après avoir pris trop d’âge pour en bénéficier. L’on dissipe ainsi une quantité prodigieuse d’heures d'étude : ce gaspillage l’un des buts fondamentaux de « l'éducation » d'armes. 

Nous esquiverions ce problème en enseignant des habilités linguistiques à tout le monde durant leur jeunesse réceptive.  Bientôt, les pré-écoliers apprendront une langue internationale de signe manuel qui s’étendra aux antipodes du monde. Les Apprentis la pratiqueront au quotidien dans leurs communautés, soit en classe soit en dehors. Les voyageurs étrangers trouveront des signaleurs aguerris à chaque étape de leur trajet. 

J'ai appris depuis que les différences sont importantes entre la langue de signe américaine (LSA) et celle britannique (LSB) voire entre celles française (LSF) chinoise (LSC) et d'autres. Ce sont des langues tout à fait mûres, en état de transmettre des idées abstraites dans des formules très compliquées. J'avais en tête une forme d’expression davantage élémentaire, permettant autant à l’invité que l’hôte cosmopolite de se mettre à l’aise au d’un code moyen simple et rassurant de gestes familiers : disons de 500 à 1000 termes de compréhension universelle.

Selon le Cambridge Encyclopedia of Linguistics, Second Edition (David Crystal, Editor, Press Syndicate of the University of Cambridge, Cambridge, England, 1997, p. 227, cette langue existe déjà. Elle s'appelle amer-ind, développée par Madge Skelly pour usage de ceux handicapés à l’orale, à partir d'un système de codes de geste communs aux Indiens américains. 

Ceux-ci s’en sont servis pour surmonter leurs barrières linguistiques. Leurs jeunes Apprentis les plus doués – partant en randonnée de majorité comme ceux les meilleurs l’ont toujours entrepris – durent traverser quelques-unes parmi cinq cents nations de dialecte indépendante, (deux mille, compte tenu des Amériques du Centre et du Sud.)

Les Apprentis contemporains pourraient adopter l’amer-ind comme langue de base du voyageur. Ils pourront presque tous l’apprendre assez facilement, car presque la moitié de ses gestes se font comprendre sans entraînement. Elle se rendra davantage subtile et ramifiée dans son propre temps.

Un enfant en bas âge apprend des langues avec étonnante facilité, tant que sa fenêtre d'adaptation linguistique reste ouverte, c’est à dire plus ou moins de sa naissance à son troisième anniversaire. Aucune différence combien de langues ces enfants apprennent alors, ni leur complexité. Il est curieux de voir la plupart d’entre eux s’enseigner sans trop de difficulté la grammaire appropriée et un vocabulaire étendu avec des ensembles très complexes de conventions sociales. Non seulement une grande majorité d’enfants apprend l’ensemble des exceptions et irrégularités de leur langue, mais aussi les déviations faites exprès du patois local, sans faute après un certain temps. Cette prouesse, la majorité des enfants ne peut dupliquer aussi facilement et vite, si instruite plus tard à l’école pour des langues étrangères et la grammaire nationale .

Quand il s’agit d’apprendre une nouvelle langue, des bambins au quotient d’intelligence (QI) relativement bas le réussissent mieux que les meilleures boites noires théoriques développées par des linguistes brillants. Ce constat permet aux Apprentis d’ambitionner quant au potentiel du génie humain — une fois, du moins, que nous nous serions débarrassés de nos habitudes les pires et les plus chéries, comme refuser d’instruire des langues aux enfants quand ils en seraient les plus réceptifs ? Une autre faillite typique de l’éducation d'armes : on n’envoie pas les enfants apprendre des langues à l’école maternelle et auparavant quand ils seraient assez jeunes pour les absorber assez aisément.

Dès leur première jeunesse, les petits Apprentis apprécieront beaucoup plus d’intérêts qui les captiveront. Des adultes garniront ces jeunes esprits au point de leur saturation salubre. On accélérera le repli de chaque enfant de sa misère, favorisera l’affection et distribuera à main ouverte des requises de survie. Ce faisant, on élèvera une génération de prodiges dont on n'aurait jamais vu l’analogue. Ils nous éclairciront des tas de mystères. 

 

Nous aurons besoin d’une nouvelle langue écrite pour enregistrer celle de geste. Si possible, le temps requis pour l'apprendre sera réduit et sa vitesse de transcription hâtée. Sa calligraphie sera aussi ravissante que le sanskrit, l’hébreu, l’arabe et le khmer ; chaque page transcrite une œuvre d’art éblouissante. On doit remplacer l’encre et le papier par une certaine manipulation directe de la lumière, une transformation chimique naturelle, (par exemple, des sels au bout des doigts sur une surface traitée) ou une autre sorte d’enregistrement supérieure et donc plus aisée. La dévastation de nos forêts, rien que pour se fournir du papier, est terrifiante et doit être terminée. 

Une curieuse idée me remonte sans cesse à l’esprit : on doit apporter le média au message et non dans le sens inverse. Quoi que cela puisse signifier …

 

Nous reprendrons en main ce qui aurait pu être l'écriture préhistorique. Je postule que des grandes feuilles tropicales, sélectionnées d’arbres plantés au bord du sentier, furent tracées à l’ongle sinon à l’épine acérée cueillie elle aussi de l’arbre. Une sève noire aurait-elle servi comme encre ?

Prends un moment pour envisager ces villes antiques distribuées le long de fleuves depuis longtemps disparus sous les flots: leurs avenues magnifiques, statues divines et historiques, marchés prodigues, fontaines d’eau douce sans limite, parcs splendides, pêches débordantes de poissons monstres, promenades aussi accueillantes que les meilleures des nôtres … 

Autant raffinée la culture écrite, autant éphémère son média écrit. Constate nos pixels féeriques. Très peu de littérature antique ne reste disponible car des documents vraiment anciens durent être rédigés sur des feuilles délicates. Tous, à part les tablettes d’argile de quelques empires aux mains sanglantes dont nos cultures militaires s’obsèdent. Quand des hordes d’ennemies incinérèrent au raz des capitales impériales et leur bibliothèque minuscule sans examen, ces simples tablettes en argile séchée cuisirent en céramique.

Imagine ces arbres aux feuilles en oreille d’éléphant de croissance prodigieuse le long de boulevards. Sélectionne une feuille et raye s’y des sigles avec ton ongle ou une épine, peut-être. L’écorce de l’arbre s’épilerait-elle comme une patte feuilletée ? Sa sève servirait-elle comme encre ?

De telles pages favorisées auraient été séchées, pressées et archivés en rames de texte lisible. Après des siècles, ces documents se transformèrent en terre tarie et illisible ; leur scribe disparut et sa sagesse exotique devint « préhistorique. »

Ces feuilles auraient-ils pu être attachées à des plantes lucides en état de produire des copies, voire transmettre un message aux plantes distantes ? Trace-moi la limite de la potentielle biotechnologique une fois qu’on comprendra entièrement la croissance d’espèces vivantes.

 

Les religions organisées étaient des sociétés commerciales en prototype, entreprenant la vente ambulante de leur dogme tout en proscrivant celui d’autres. De nos jours, les corporations internationales tentent d’éliminer la diversité culturelle pour lancer sur divers marchés leurs produits de valeur modique par rapport à cette diversité. 

Dans l'avenir, la demande du consommateur dictera la production d’objets œuvrés sur commande et façonnés de haute qualité, et la grâce de religions bénignes réfléchira la piétée des masses. La culture humaine se rendra si diverse et variée que tous les Apprentis seront encouragés de poursuivre leurs passions. 

Pendant cet âge d'or d’Apprentis, chaque groupe linguistique partagera ses profondeurs de sagesse et de mystère. Une armée de traducteurs experts sera à l'appel sur leur réseau ; d'autres Apprentis s’en serviront pour apprécier les subtilités d’autres cultures. Stoppera net le conformisme culturel que nos sociétés commerçantes fomentent. Le célébration de la diversité culturelle deviendra la norme des Apprentis ; son sacrifice à la médiocrité ne déliera plus le porte-monnaie des consommateurs. 

 

Adolphe Hitler, Mein Kampf, Vol. II, Chapitre 10. 

Nota : Si cela te trouble de trouver ici une citation de Hitler, je te demande pardon et te prie de consulter mon chapitre Mein Fahrt, citant Hitler hors de contexte.

 

« Il est certain que dans l'avenir, l’importance des Etats particuliers sera transposée dans la sphère des politiques culturelles. Le monarque qui accomplit le plus pour rendre la Bavière en centre important, il n’était pas un particulariste obstiné aux tendances antiallemandes, mais Ludwig I, consacré pour autant à l'idéal de la grandeur allemande qu'à celui de l'art. Sa première considération fut d’utiliser des pouvoirs d'Etat pour développer la position culturelle de la Bavière et non sa puissance politique. »

 

Peter Hall, Les villes dans la civilisation, Pantheon Books, New York, 1998, p. 7-8. 

« En effet, dans cette affaire de transformation continuelle, les nations les plus avancées intégreront bientôt – sont certainement en train d’intégrer – l’état bienheureux qu’imagina John Maynard Keynes en 1930 : cette condition où nous n’aurons plus à nous soucier des problèmes de base de survie économique qui ont empoisonné la race humaine depuis son origine, mais serons enfin en mesure d’effectuer rien que l’agréable et le plaisant. »

« Keynes écrit de façon inoubliable : “Or, pour la première fois depuis sa création, l’homme fera face à son problème tangible et incontournable : comment profiter de l’absence des pressions économiques, comment occuper les loisirs que la science et l'intérêt composé lui ont acquis, afin de vivre sagement, plaisamment et bien ?" "Pourtant" avertit Keynes, "aucun de nous ne peut contempler avec équanimité cet âge d'or inédit et permanent. Car" précise-t-il, "on a trop longtemps été formé pour le labeur et non l’appréciation. S'occuper sans emploi, ce serait un énorme problème pour l’individu ordinaire démuni de talents particuliers ; si la preuve s’impose, on n'a qu’à constater la performance mélancolique de la minorité riche partout au monde. " »

« "Nous aurons besoin, comme tant peu n’en ont pu, ‘de ne plus avoir le moindre souci du lendemain.’ Nous réévaluerons les fins par-dessus les moyens et favoriserons le bon sur l'utile. Nous honorerons ceux qui nous enseignent comment cueillir l'heure et le jour de façon vertueuse : ces personnes délicieuses qui prennent plaisir direct dans les choses ; ces lis des champs qui n’œuvrent pas, ni ne filent-ils la laine." »  

 « Comportant toutefois le corollaire intéressant, que même Keynes n’a pu envisager : ces poursuites agréables pourront d’elles-mêmes se rendre en sources de revenu et de croissance économique qui engendreront des nouvelles industries de la sorte jamais connue aux ères plus simples d’autrefois. Des nations et des villes riches et cultivées pourront vendre au restant du monde leur vertu, beauté, philosophie, art et drames. D'une économie fabricante on passera à celle informationnelle puis à celle culturelle. Pendant les décennies 1980s et 90s, des villes en Europe : Montpellier, Nîmes, Grenoble, Rennes, Hambourg, Cologne, Glasgow, Birmingham, Barcelone et Bologne – se sont de plus en plus préoccupées de la notion qu'une industrie culturelle (cette expression n'étant plus prise pour insolite ou insultante) puisse fournir une base de régénération économique qui comblera les lacunes laissées par la disparition d’usines et d’entrepôts et créera une nouvelle image urbaine encore plus attrayante aux salariés et capitaux mobiles. » 

 

Sauf qu'il n'existera plus de villes « avancées » ni par extension « retardataires. » La terre se transformera. Ces jours-ci, nous habitons la planète Mogadishu lors d’une mauvaise journée, là ou toutes les villes sont des recoins sinistres, exception faite de minuscules ghettos de privilège. Elle se transformera bientôt en planète (nomme ta ville favorite.) Celles les moins appétissantes seront reconstruites par la diligence des Apprentis sinon transplantées aux sites meilleurs ; ceux les pires seront convertis en terrains de parc bien boisés.

Chaque quartier brillera de sa propre manière, comme actuellement aux voisinages les plus attrayants de ta ville favorite.



 

- LA SUPERCONSCIENCE COLLECTIVE –

 

« Cette sensibilité explique le fait que, pour un système chaotique, une modification infime des conditions initiales peut entraîner des résultats imprévisibles à long terme. Ce résultat souvent vulgarisé sous le nom « d'effet papillon ” ». Wikipédia

« La cause de la révolution d'Octobre se poursuit avec la Perestroïka. Accélération (Ouskoreniye), Démocratisation (Demokratizatsiya), Transparence (Glasnost) ».

« La perestroïka [peʁɛstʁɔjka]a (en russe : перестройка [pʲɪrʲɪˈstrojkə]b ; Écouter) est le nom donné aux réformes économiques et sociales menées par le président de l'URSS Mikhaïl Gorbatchev en Union soviétique, d'avril 1985 à décembre 1991, selon trois axes prioritaires, respectivement économique, social et éthique : l'accélération, la démocratisation et la transparence. »

« Le mot signifie en russe “ reconstruction “, “ restructuration ”, avec un élément novateur de “ péré ”= ré- ; et “ stroïka ” = construction.» Wikipédia
  

Chaque enfant subit sa formation aversive à la paix. De sorte, nous autres adultes bloquons le monde paisible par refus d'assortir nos politiques d'info dans leurs cases paisible et d’armes. 

J’ai rompu correspondance avec un « progressiste » qui conclut, parfaitement content de lui, que le monde paisible n’apparaîtra pas avant au moins quarante ans : le temps d’éliminer sa responsabilité dans cette affaire, puisqu'il serait alors à la retraite ou disparu. Entre-temps, les gens ne sont pas apprêtés, ne disposent pas de sa moralité évidemment supérieure… 

Par miséricorde, je ne le nommerai pas. Je n’ai jamais été adepte aux noms ― bon débarras ! Après tout, son méfait est un cas général, non pas d’exception. 

Quant à la plupart des méfaits institutionnels, celui responsable est rarement nommé de peur de ses représailles ou celles de ces supporters. Dès que les plus petits subissent un grand dol, le responsable doit être dénoncé par les Apprentis, soit les conséquences, pourvu que la victime soit protégée des retombées. 

Dans l’Agora du monde paisible, beaucoup plus attentif que nos torpeurs politiques de la terre en armes, ceux responsables de peines humaines autrement évitables seront chassés du pouvoir en attendant leur poursuite criminelle. La confiscation partielle de grandes fortunes deviendra une punition de routine, en proportion de la gravité des crimes prouvés.  Regret et repentance de leurs méfaits deviendront des préventions majeures ― quoique coûte dans l’intervalle. A exclure, la pratique actuelle de déguiser ses faillites morales dans l’anonymat, autant lors de disputes dérisoires sur l’Internet qu’en graves mésaventures institutionnelles.

Par exemple, le meurtre en 2006 d’Anna Politkovskaya, la valeureuse journaliste à tout prix qui figurait comme immuable conscience morale de l’Etat russe, doit être mise aux pieds de Vladimir Putin, dont l’anniversaire fut le jour de son meurtre, et de son auxiliaire aux mains sanglantes, Ramzan Kadyrov, chef de l’Etat russe tchétchène. 

Les héros qui suivent furent assassinés en Russie, la plupart sans enquête sérieuse ni suite judiciaire, sauf pour des hommes de main, les suspects habituels. 

Nadezhda Chaikova, correspondante, kidnappée et abattue en Chechénie,1996
 Galina Starovoitova, 1998
 Igor Domnikov, 2000
 Sergei Yushenkov, 2003
 Yury Shchekochikhin, 2003
 Paul Klebnikov, 2004
 Alexander Litvinenko, 2006
 Ivan Safronov, 2007
 Magomed Yvloyev, 2009
 Vyachsla Yaroshenko, 2009
 Stanislav Markelov, 2009
 Anastasia Babourova, 2009
 Natalia Estemirova, 2009
 Serguei Magnitsky (battu à mort en garde à vue), 2009
 Edouard Tchouvachov, 2010
 Rouslan Akhtakhanov, 2011
 Gazbek Guekkiiev, 2012
 Alexander Perepilichnyy, 2012
 Mikhail Beketov (battu jusqu’au coma et aux amputations multiples, 2008), 2013
 Boris Berezovsky, 2013
 Boris Nemtsov, 2015
 Anatoly Gerashchenko, 2015
 Vladimir Kara-Murza, (empoisonné deux fois jusqu’au coma), 2015 
 Pavel Cheremet, 2016
 Sergei Tkachenko, 2017
 Denis Voronenkov, 2017
 Nikolai Andrushchevko, 2017
 Valery Pshenichny, 2018 (violé et torturé à mort en prison par ceux qu’il avait rapportés pour détournement)
 Nikolai Glushkov, 2018
 Alexie Skripal et sa fille, 2018
 Sergei Tkachenko, 2017
 Ivan Golunov, (battu en tôle pour possession de drogues, 2019)
 Alexander Kagansky et d'autres experts en protestation des pratiques COVID , 2020
 Igor Nosov, 2021
 
 Depuis la guerre en Ukraine (2022)
 
 Aleksandr Subbotin
 Ravil Maganov
 Ivan Pechorin
 Leonid Shulman
 Alexander Tyulyakov
 Mikhail Watford
 Vasily Melnikov et famille
 Andrei Krukovsky
 Vladislav Avayev avec sa femme et sa fille
 Sergei Protosenya et deux membres de famille
 Yuri Voronov
 Kirill Zhalo
 Yegor Prosvirnin
 Dan Rapoport
 La plupart des experts, irremplaçables en Russie
 Alexei Navalny, empoisonné 2020, arrêté , exilé  et revenu, tué  en prison 2024
 Andrey Morozov, blogger Russe de pertes de guerre

Une liste plus extensive mais en Anglais (je ne trouve pas l’équivalence en Français :  https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_journalists_killed_in_Russia 
 
 Cette hécatombe de journalistes et d'autres professionnels dix fois pire aux mains des Israéliens en Palestine. 
 
 Comparé à la plupart de ceux auxquels j'ai tendu la main, ce type était plutôt optimiste quant à l’éventualité du monde paisible. Le triste fardeau planétaire des collaborateurs d’armes se trie ainsi : la majorité qui tient qu’il soit impossible, et la poignée des restants qui présume sa validité innée, mais doit demeurer improbable dans le moins distant quand la responsabilité particulière serait la leur. Que d’autres y besogne ! 
 Comme s’eut été commode pour lui babillant ses platitudes ! Il va sans dire qu'il ne souleva pas le doigt pour m'aider entre temps.
 Prends ton temps, mon brave. Soit la quarantaine d’années à venir, soit les dernières cinq mille : ton aboutissement sera toujours le même. La mentalité d'armes triomphera de toi et de tes espoirs progressistes, puisque tu ne te présente jamais comme champion du monde paisible, en dépit de tout tes fins propos.
  
 D’une manière ou d’une autre, le monde paisible aura lieu. Ou bien notre folie militaire nous achèvera en majorité et les rares survivants jouiront du monde paisible à défaut, ou les Apprentis se rallieront et l’établiront sur programme, à volonté et bientôt de suite. 
 D’autres meurtres subventionnés par le pouvoir ont passé inaperçus dans la presse occidentale (54 journalistes seuls de 1992 à 2013.) La Russie ne recouvrera jamais sa slava (gloire) avant qu’elle ne veille sur leurs remplaçants avec autant de bon cœur que l’impulsivité du sacrifice de ceux listés, avec de nombreux martyres pairs. Les mains de Putain ne sont non seulement sanglantes, elles pompent l'esprit vitale de la Russie de ses doigts coupés.
 Il serait impensable que des dirigeants légitimes abattent de tels trésors nationaux et terrorisent leurs remplaçants. Au monde paisible, une telle disgrâce les renverrait sans appel du pouvoir. Pourtant prospèrent-ils, certes, de leurs grands délits sur la terre en armes : un autre enchaînement de la stupidité institutionnelle. Ils ne sont pas uniques. Au contraire, presque tous nos chefs actuels seraient recalés par la cour du monde pour crimes de guerre.

D’autres meurtres subventionnés par le pouvoir ont passé inaperçus dans la presse occidentale (54 journalistes seuls de 1992 à 2013.) La Russie ne recouvrera jamais sa slava (gloire) avant qu’elle ne veille sur leurs remplaçants avec autant de bon cœur que l’impulsivité du sacrifice de ceux listés et de nombreux martyres pairs.

Il serait impensable que des dirigeants légitimes abattent de tels trésors nationaux et terrorisent leurs remplaçants. Au monde paisible, une telle disgrâce les renverrait sans appel du pouvoir. Pourtant prospèrent-ils, certes, de leurs grands délits sur la terre en armes : un autre enchaînement de la stupidité institutionnelle. Ils ne sont pas uniques. Au contraire, presque tous nos chefs actuels seraient recalés par la cour du monde pour crimes de guerre.

Comparé à la plupart de ceux auxquels j'ai tendu la main, ce type était plutôt optimiste quant à l’éventualité du monde paisible. Le triste fardeau planétaire des collaborateurs d’armes se trie ainsi : la majorité qui tient qu’il soit impossible, et la poignée des restants qui présume sa validité innée, mais doit demeurer improbable dans le moins distant quand la responsabilité particulière serait la leur. Que d’autres y besognent ! 

Comme s’eut été commode pour lui babillant ses platitudes ! Il va sans dire qu'il ne souleva pas le doigt pour m'aider entre temps.

Prends ton temps, mon brave. Soit la quarantaine d’années à venir, soit les dernières cinq mille : ton aboutissement sera toujours le même. La mentalité d'armes triomphera de toi et de tes espoirs progressistes, puisque tu ne te présente jamais comme champion du monde paisible, en dépit de tout tes fins propos.

D’une manière ou d’une autre, le monde paisible aura lieu. Ou bien notre folie militaire nous achèvera en majorité et les rares survivants jouiront du monde paisible à défaut, ou les Apprentis se rallieront et l'établiront sur programme, à volonté et bientôt de suite.  

Ce texte passe en revue la mentalité d’armes et celle paisible comme des entités discrètes, cohérentes et de libre arbitre : des mèmeplexes. Leurs arrangements se contestent, se développent, s’affaiblissent avec le temps et agissent sur la pensée des masses. Les maîtres d'armes et de paix sont des porte-parole de forces invisibles mais saisissantes ; leurs actions, propos et croyances, des reflets constructifs et destructifs de la superconscience collective. Quelques autres charpentes de raisonnement nous permettront peut-être d’élaborer cette idée.

Jean-Jacques Rousseau évoqua la volonté générale qui prescrit le plus grand bien collectif : la base de la légitimité gouvernementale. Chacun peut restreindre sa propre volonté mais bénéficier à la longue, car c’est ce qu’accomplit le mieux la volonté générale. 

Pour les philosophes occidentaux, cela pousse du bas : de l’individu d’esprit libre vers les cimes gouvernementales. Les Chinois et leurs disciples orientaux parlent du « mandat du ciel » que prescrit Confucius, (Kong Fu Zi.) Cela rend légitimité au gouvernement en vertu de son accord rituel avec la loi cosmique ; elle pénètre du haut d’empire jusqu’aux profondeurs particulières.

Tous deux sont considérés par leurs partisans respectifs obligatoires pour la bonne conduite gouvernementale. J’envisage qu’ils soient naturellement parallèles et synchroniques. La loi cosmique, le pouvoir gouvernemental et la liberté particulière : chacun opère mieux si en bon accord avec les autres. Dérange cette résonance, même un peu à n’importe quel niveau, et souffre du désastre quand ce système, tournant à folle allure, perd sa symétrie et claque en pièces. Par manque de volonté générale, on sombre dans le chaos. Avec la faillite du pouvoir gouvernemental (trop ou pas assez), tout s’écroule tel qu’en République Démocratique du Congo (sans impôts, sans gouvernement, sans lois sauf au canon du fusil : un paradis Republican agencé par la cupidité corporative internationale). Au lapsus du mandat du ciel (oui ou non), la rébellion de masse devient obligatoire car le chaos climatique et la famine s’échappent hors contrôle. Nous nous attendons mollement à ce qu’un pareil sort nous advienne pour secouer en éveille les survivants.

Le gouvernement sert comme diapason central de ce gyroscope géant de résonnances harmoniques aux pièces mobiles autant nombreux que leurs gens, machines et mèmes.

 

Freud a brillamment démontré l’existence du subconscient. Parlant de moi-même, je ne l’admets pas (je blague.) Ces jours-ci, chacun se reconnaît muni d’un paquet d’impulsions subconscientes. 

Carl Gustav Jung parla de l’inconscience collective dont ressortent des archétypes curieusement conformes et des phénomènes en synchronie. Chaque culture commémore ces super-coïncidences ambiguës. Selon Jung, l’inconscience collective comprend la somme des pensées oubliées et celles à venir. En attendant, chaque esprit conscient retient un assortiment des pensées courantes. Sinon le reçoit et le convertit-il, comme une antenne finement accordée ?

Quelques déments seraient-ils munis d’antennes accordées aux fréquences un peu décalées ? Serait-ce la raison que des sociétés primales prisaient leurs fous et les tenaient tout près, au lieu de les marginaliser selon nos habitudes (SDF inexcusable sinon emprisonnement encore pire ?)  Parce qu’ils étaient accordés à de bizarres transmissions de fréquence modulée au lieu des stations radio réactionnaires d’amplitude modulée, telles que celles qui palpitent comme des mauvaises dents aux USA ? Aurait leur réception de signaux singuliers pu mieux servir dans un pétrin ?

Il est reconnu que des gens aux difficultés mentales se sentent et agissent beaucoup mieux au sein d’un milieu affectionné. L’enfer pénal est leur pire scène de récupération, mais la meilleure pour amuser les psychopathes qui les victimisent. 

Qui son ceux les mieux compensés par la terre en armes ? Les psychopathes. Qu’y sont les plus punis ? Les innocents.

Bon Dieu ! Il va falloir renverser tout ça !

 

D'où ces idées proviennent-elles ? Je soumets qu’elles émanent de la superconscience collective

Le subconscient collectif ressemble à une pile de stockage : transitoire et muable, borné aux modes courantes de pensée et de géographie humaine — alors que la superconscience collective sert comme carte fluide (en plasma magnétohydrodynamique ?) de circuit imprimé, opérant en parallèle des collectivités humaines et schématisant là où leurs courants filent, s’accumulent et se dispersent ; incendiant certains circuits et permettant à d’autres de se propager en étendu et complexité.

Espérons que nos quelques circuits paisibles poussent et s’entrelacent de façon luxuriante, alors que nos nombreux circuits d’armes se croisent inconséquemment. Je crois en miracles sous le regard attentif du Dieu d’amour. Le reste est à nous.

Emile Durkheim évoqua la conscience collective comme un impalpable cadre social au-delà duquel des criminels débordent, un peu comme les lignes de démarcation d'un terrain de football. Leurs transgressions (comment a-t-il pu faire ça !) renforcent les normes auxquelles la majorité souscrit, la reliant plus étroitement ensemble. 

Le monde paisible pourrait croître entre ces lignes, et la guerre organisée, autrefois centrale, rouler en dehors du jeu.

Noam Chomsky a postulé l’existence d’une grammaire universelle : que l’on soit en quelque sorte encablé pour les virtuosités du langage. Jung proposa la mémoire raciale : la capacité d’un peuple de retenir des aspects de son passé. Constate l’akassa dans l’hindouisme et d’autres religions : un champ éthérique universel empreint de transcriptions des événements du passé et permettant des prédictions à venir (selon The Oxford Dictionary of Phrase and Fable, Elizabeth Knowles, Ed., Oxford University Press, 2000, p. 17.) 

Je ne parviens qu’à frôler ces sujets ; l’humanité n’a qu’effleuré leur surface et oublié le peu qu’elle en connut auparavant. Des Apprentis avenants les étudieront en profondeur. Cela offrira un formidable potentiel de percés scientifiques, en mesure d’éclipser nos découvertes actuelles : des vaccins contre nos fléaux culturels et des raccourcis à travers nos dédales technologiques.

D'autres chercheurs ont étudié des champs morphiques qui enveloppent le tissu vif d’auras comme ceux captés par la photographie kirlian. Ceux-là peuvent expliquer la façon insolite dont le plasma de germe réalise ses improbables spéciations de modèle et de symétrie. 

Pendant des milliards d'années, de nombreuses réactions chimiques écumèrent la soupe primordiale de molécules organiques transpercée de boulons de foudre. Des entités de plus en plus complexes ont émergé de ce bouillon choqué, au point de couvrir le fond de mer, des éons plus tard, avec des pianos mécaniques ! Figure-toi la simplicité de ce scénario, comparé à l'évolution de la vie. Je ne retiens plus le nom de l’auteur de cette anecdote (J.B.S. Haldane ?) Au lieu de pianos (ou de trilobites) il indiqua dans son exemple des machines à taper IBM Selectric : celles-ci splendides mais en voie rapide de disparition. Un autre écrivain parlait d’une longue série de tornades qui balaye un vaste parc à ferraille pour en assembler un avion gros porteur. 

Dans l'absence de ces champs morphiques, la forme dominante de la vie terrestre a pu être une couche de boue translucide de cinq mètres de profondeur (afin que la lumière solaire la pénètre) englobant la terre. Elle n’aurait laissé aucune trace après sa disparition et aurait pu subsister presque tout le long de la vie terrestre (de manière périodique, voire à longue durée) sans que nous ne la reconnaissions. 

Autre chose favorise une diversité beaucoup plus riche, mobile et adaptative à partir d’une petite trousse de traits qu’on peut hériter. Après tout, les moisissures de boue et les êtres humains partagent les mêmes quatre nucléotides d'ADN et 64 codons en étant formés, dont les codes de partage et les modes d'assemblée en décalage distinguent chaque individu des autres. Un certain champ d’effets inconnu doit jeter cape sur chaque créature : la maintenir en vie, intacte et distincte du restant du monde mais l’y rattachant fermement, elle autant que nous.

 

L’Apprenti le plus éminent du Cabala se nommait Isaac Louria, Yitzhak Louria, Yitzhak Ben Shlomo Ashkenazi et Yitzhak Ashkenazi. Il est également connu sous le nom d’Ari et He-Ari ("le lion") selon l'acronyme pour Ashkenazi Rabbin Itzhak ("Le Rabbin Ashkénaze Yitzhak"), ainsi Arizal avec "ZaL" étant l'acronyme pour Zikhrono Livrakha ("de mémoire bénie" ou littéralement "que sa mémoire soit une bénédiction") : une formule de politesse habituelle pour des juifs défunts ; aussi connu comme Ari Ha-Kadosh ("Ari le saint"). Je le dénomme avec tant de complétude pour deux raisons : 1) par égard à son génie ; et 2) pour que les moteurs de recherche guident ceux intéressés vers mon texte.

 http://fr.wikipedia.org/wiki/Isaac_Louria 

Interprétant son texte dans un cadre simplificateur au bénéfice des Apprentis et selon mon entendement minime, celui-ci a posé le principe que Dieu a créé l'univers en aménageant de la place en dehors de Sa Perfection, un peu comme un homme inhalerait subitement pour qu’on puisse le passer le long d’un couloir étroit (dans un train, par exemple ; sans doute le site de l’« inspiration » de Luria). 

Selon lui, le choc de cette transition engendra la dichotomie mondaine entre le bon et le mal. La lumière divine – qui emplit toutes les choses – eut découlé des yeux, du nez et de la bouche d'Adam, d’une telle luminance que le monde matériel ne pût le supporter. Trois vaisseaux supérieurs de l'univers en furent fêlés, et sept inférieurs, brisés dans un éclat d’étincelles saintes (nos dimensions ?). Les éléments qui ont résisté ce brisement sont devenus mauvais, alors que ceux qui l’ont subi sont restés bons. 

Quant à moi, je présume que le conflit entre le bon et le mal est un réacteur à fission-fusion : rompant Dieu en sous-particules bonnes et mauvaises à chaque seconde Planck, puis de retour. Ce vrombissement cosmique actionne l'univers matériel et l'ADN de la vie perché au-dedans. S’il n’y eut ni bon ni mal, aucune énergie dérivée de leur conflit et le zéro absolu partout. Ce qui pourrait être l’ultime objectif de l’exercice ? 

Selon lui, chaque fois qu'un être humain obéit aux ordres de Dieu, il « répare le monde » en soulevant une étincelle divine des bas-fonds du mal aux hauteurs du bien. La vie rituelle hébreuse est donc conçue pour soulever le plus grand bien, n'importe l’insignifiance des actes d’obéissance (à la règle d’or ?). Pareillement, n'importe quelle déviation du commandement de Dieu laisse encore tomber une étincelle. De ce fait, le juif pratiquant mène lutte existentielle équivalente à celle mythique de Sisyphe, en soutenant une étincelle sainte vers le haut de la lumière, malgré la cascade de celles mauvaises déversant sur lui et son fardeau. Somme toute, Dieu a besoin cosmique de l'humanité pour reconstituer Son ordre saint, autant bien que la paix entre Ses religionnaires d’armes.

Qu’est-ce que cela signifie pour nous autres ? La nécessité d’obéir aux commandements les plus approuvables du Dieu de notre choix, afin de remettre Ses étincelles saintes à leur place. Le premier parmi eux : « fais aux autres ce que tu souhaites qu’on te fasse » qui inclut dans ses sous-ensembles, « ne tue pas. » Ceci régit toutes les lois religieuses que nous admettons ― soit d’un païen, d’un Kantien honnête, d’un agnostique ou d’un athée. 

Tout cela serait le mieux servi en bossant dur pour le monde paisible.

http://www.pasarel.org/main/kabbalah/kabbalah.htm

http://www.wordtrade.com/religion/judaism/kabbalahR.htm

Peter Tompkins et Christopher Bird, dans Les secrets du sol : Des solutions de nouvel âge pour restaurer notre planète, Harper Collins et Row, 1989, affirment avoir découvert des dèvas qui se sont identifiés comme esprits architectes de diverses communautés botaniques, zoologiques et d’autres royaumes. En d'autres mots, des formes communicatives du champ morphique dont nous discutons. Dans des rêves fébriles, la pensée des microbes envahissants ; dans d’autres, du microbiome en bonne santé ? Figure-toi cette outil diagnostique !

A Findhorn et ailleurs, des naturalistes de nouvel âge ont admis s'en être entretenus (si seulement pour satisfaire leur passion). Selon eux, ces dèvas, de plus en plus malmenés par l'humanité, se sont retirés dans leurs derniers bastions de maquis en attendant notre suicide mécanisé. Apparemment préféreraient-ils communiquer avec des naturalistes sensibles parmi nous et rétablir un cadre plus compréhensif d’entendement et de coopération mutuelle, celui même que nous nous sommes acharnés à arracher depuis ces derniers millénaires pour compenser nos esprits maladifs. 

Cela pourvu que nous répliquions avec amour : dans ce cas, l'empathie et la compassion, les soins efficaces et la sensibilité anticipatoire dont notre espèce excelle ; non la sentimentalité, le positivisme et l’hypocrisie dogmatique que nous confondons au vrai. 

Abandonnant l’engagement diabolique d'abus à court terme et d'annihilation au long, des Apprentis et dèvas mutualistes renégocieraient leur association. Présumant que nous élisions de les respecter et suivre leur conseil de meilleure pratique, l'architecture génétique de la technologie paisible pourrait nous offrir une abondance imprévue, évitant des catastrophes transgéniques et leurs conséquences inattendues. Autrement, si nos ingénieurs en génétique persistent avec leurs tâtonnements à double aveuglette, ils ne parviendront qu’à engendrer des technologies d'armes encore plus létales et d’autres désastres incontournables. 

 De même, l’intelligence artificielle. L’advenue d’une intelligence artificielle supérieure à la nôtre semble inévitable. Emergera-t-elle comme une nouvelle technologie d’armes, donc destinée à nous anéantir ? Voici le plus probable. La survie de notre espèce dépendra de la programmation intégrale de l’IA par des techniciens dévoués à la mentalité paisible.

 

Rupert Sheldrake vogue sans peur au-delà de cet horizon d’entendement. Dans La présence du passé : La résonance morphique et les habitudes de la nature et Une nouvelle science vitale : L'hypothèse de la résonance morphique, il postule l'existence de résonances morphiques. Entre autres capacités, elles facilitent ce qui a déjà été accompli. 

Par exemple, étant donné une sélection aléatoire d’étudiants, il leur est plus facile de résoudre un jeu de mots croisés le jour après qu’il ait été publié et que beaucoup d’autres gens l’aient résolu. Ces mêmes étudiants prennent plus longtemps pour résoudre le même genre de puzzle avant que le public n’en ait obtenu l’accès. Des puzzles de contrôle non publiés, ni plus ni moins difficiles à résoudre. 

Souviens-toi aussi du mile couru en quatre minutes : un exploit habituel aux olympiades de nos jours, quoique convenu impossible auparavant.

 

Je suis assez certain que l’écriture de ce texte m’a été rendue moins difficile de manière indirecte par la constatation de mes nombreuses bavures par des lecteurs inconnus qui ne m’en ont pas fait part. L’esprit de ma mère disparue semble se pencher sur mon épaule beaucoup plus fréquemment ces jours-ci pour recommander tendrement du français beaucoup plus extensif que le mien.  Je suis persuadé que nos esprits délicats sont reliés en ensembles mystérieux et jusque-là imperceptibles.

En bref, des bonnes habitudes deviennent plus faciles après qu’elles aient été pratiquées ailleurs ; celles mauvaises, plus difficiles à abandonner dans la mesure que ces indulgences aient été acceptées davantage fréquemment et longtemps auparavant.

Jusqu’à présent, l’humanité a pratiqué la guerre de façon obsédante compulsive. A partir de maintenant, il va falloir qu’elle réalise la paix avec conviction équivalente. Collaborateurs prédisposés à la terre en armes, nous avons récuré l’expression « paix au monde » de sa vigueur émotive, laissé nos maîtres d'armes l’affaiblir dans la pointe d’une plaisanterie scatologique. Désormais, la guerre doit devenir une sale blague, et la paix, pratiquée pour de bon.

 

Un autre exemple : des éruptions périodiques dans le chromosphère attisent des aurores aux cieux polaires ; elles font de temps en temps frire nos réseaux électriques et satellites, caillent l'albumine sanguine et transforment, semble-t-il, des rassemblements passifs en foules émeutières. Il faut se déplacer au moins vingt mètres sous terre pour échapper à leur effet. 

Ce qui paraît être le « vide total de l'espace » d’où tourdille le système solaire, c’est à vrai dire une brume de particules et d’ondules subatomiques adaptée à minuter précisément les infimes perturbations de distantes émissions célestes : électromagnétiques, de gravitation et ceux encore plus subtiles non encore enregistrées. Ce flux de quanta et ces mélanges transitoires dans l’espace-temps et au-delà, en pénétrant les défenses magnétiques et atmosphériques de notre planète, nous subtilisent fort l’esprit, la pensée et le comportement. 

Depuis cinq millénaires, des astrologues ont à peine rayée la surface de ces effets ; depuis trois centenaires, nos astronomes n'ont plus pris la peine de les noter. 

Ça n'a pas été pour rien que Newton se brûla comme une bougie vers la fin de sa vie. Il tenait à reformuler l'astrologie en mathématique rigoureuse, en dépit de l’absence de la moitié des planètes, des satellites, des astéroïdes, etc., qui n’ont été découvertes qu’après sa disparition. Un projet héroïque, qui lui valut la peine d’en périr, même si laissé incomplet ; ainsi de même que chez Johanne Kepler et une chaine brillante d’Apprentis disparue dans la nuit du temps. Cette directive mathématique aurait éclipsé la physique newtonienne et élevé au cube la valeur de son patrimoine. Les Apprentis en disposeront, à supposer qu’ils en dévouent l’entendement.

Ainsi que l'adaptation génétique et la mythologie humaine semblent se ballotter aux brises non perçues, ainsi de même je devine que des champs moraux nous enveloppent et nous agissent dessus, même (surtout !) quand nous refusons de les remarquer. Ces champs corrompent souvent des peuples entiers, tentent leurs élites en indulgences périlleuses et terrorisme des rebelles. C’est comme si le partage proportionnel du pouvoir se renversait entre les psychopathes et les consciencieux.

Cette horreur surgit en Assyrie, en Allemagne Nazi, au Cambodge, au Rwanda, en Bosnie, au Sri Lanka, en Syrie et aux charniers chez toi (leur proximité te surprendrait : celles de la Sainte Barthélemy par rapport à Paris, par exemple.) Des méfaits monstrueux sont devenus banals, quoique impensables lors d’autres conjonctures. D’autres fois, des expressions publiques de compassion et de grâce ont propulsé des nations entières aux nouvelles cimes de complexité sociale. 

On pourrait témoigner d'une nouvelle époque d'éclaircissement global. Dieu sait, on a déjà témoigné de foisonnements de la sorte sanguinaire : suffisamment pour massacrer presque tous ceux impliqués et rendre la nausée aux restants, à l’exception de psychopathes immunisés contre leur toxicité mentale.

Mais là encore, on pourrait tuer en guerre nucléaire cent fois plus de gens que ceux abattus pendant la DGM (sic) ; pourtant se retrouver face à des milliards de survivants affamés et fluorescents dans le noir, sans infrastructure pour les sustenter sauf celle profondément enfouie au préalable pour l’usage d’aspirants psychopathes Nazi bien dispos.

Ou bien, en lisant ce livre se transformer en Apprentis en nombres suffisants, le marchander aux masses, esquiver cet ultime paroxysme et acquérir sagesse adéquate pour durer plus longtemps que les dinosaures, locataires de cette planète pendant des centaines de millions d’années. Nous, moins longtemps.

 

Ces tendances et résultats peuvent résulter la superconscience collective. Jusque-là, nous avons permis aux forces invisibles de nous projeter là où elles veulent, tout en les déclarant inexistantes ou hors d’entendement par résolution populaire. Munis d’un soupçon plus d’adresse, nous pourrions les repérer sans crainte, en cultiver les plus utiles et réorienter ceux hasardeux aux voies moins nocives. Ce sujet vient à peine d’être étudié sous la rubrique « noétique. » Voir Rupert Sheldrake, ci-dessus et ailleurs. 

Ce texte hèle le monde paisible : l'antithèse de la terre en armes gérée par répétition compulsive d’épreuve et d’erreur. Nous sommes piégés dans une résonance morphique de guerre postindustrielle parfaitement remplaçable au monde paisible. Mieux vaudrait y penser comme d’un parc de thème planétaire ouvragé pour enchanter autant ses artisans actifs que ses clients passifs, ne laissant plus personne en dehors contre gré.

Permets-moi de répéter : cela reste à nous d’accomplir.



 

- LES CATHARES –

 

"Jésus ajouta: N’avez-vous jamais lu cette parole dans les Écritures: La pierre qui a été rejetée par ceux qui bâtissaient, est devenue la principale pierre de l’angle: c’est ce que le Seigneur a fait, et nos yeux le voient avec admiration." Bible de Sacy, Matthieu 21-42
 
 

« Au début, notre Créateur accorda les mêmes chants et tambours aux races humaines pour rester en contact et préserver la foi. Mais les gens persistent à oublier. Dans la plénitude du temps, les traditions spirituelles des peuples – toutes pareilles – se réuniront à nouveau dans un grand rassemblement de leurs chefs secrets, [mes italiques] et gagneront le pouvoir de refaire le monde. » Prophétie Mohican selon Tom Porter dans le livre The Great American Bathroom Book, Volume III, Stevens W. Anderson, Editeur, Compact Classics, Inc., Salt Lake City, Utah, 1994, page 439. 

 

Les détails de la religion cathare sont complexes et mal documentés. Selon le manichéisme antique dont naquit le catharisme, un principe du mal domine le monde matériel, semblant équilibré sur le plan spirituel par son congénère du bien. Comme de l’huile et de l'eau en suspension colloïdale, ces principes s’entrelacent en contestation cosmique. Chaque nouveau-né est une frêle barque à la dérive dans l’ouragan ténébreux du mal, animée par une étincelle de bonté. Tout objet matériel semble être l’instrument de Satan. 

 

Les prêtres cathares s’appelèrent perfecti. Des perfecti mâles et femelles adhérèrent aux disciplines et ordres analogues mais distincts : un arrangement inimaginable ailleurs à ce moment dans l’histoire. Ils élurent des jeunes candidats de promesse dans leur apostolat après un apprentissage rigoureux sous un aîné du même genre. Ces êtres bienheureux errèrent la campagne en paires et se reposèrent dans de humbles logis légués avec gratitude par des agonisants sur leur lit de mort. Ceux-là en avaient besoin pour obtenir une chambre close dans laquelle prier en solitude le Notre Père selon l’instruction directe de Jésus dans Matthieu 6. Sinon ces demeures leur auraient été accessoires ; n’importe quel coin de grange, masure au bord du chemin ou seuil d’entré leur auraient suffi. C’étaient des durs de Dieu.

Imitant la vie que Jésus prescrit dans les livres de Matthieu, Luc et ailleurs dans la bible, ils s’abstinrent du pouvoir, de jurer et mentir, de la richesse, de la sexualité et de toute viande sauf celle du poisson. En pleine obéissance à Ses propos, ils ne possédèrent à la fois plus que deux pièces de monnaie, un manteau et une paire de chaussures. 

Ils dédaignaient la croix comme le poteau nu de torture qu'elle fut en réalité. Une fois convoqués, ils aidèrent le laïque avec ses corvées et problèmes, le soignèrent et lui offrirent conseil ; comptèrent sur le Notre Père et les paroles exactes de Jésus pour se sustenter l'esprit. Nulle abrogation ni substitution par l’homme de Ses Paroles ne fut acceptée, contrairement à nos religions chrétiennes qui se les permettent de routine. 

Les laïcs s’appelèrent Crédente (croyant.) Ils étaient libres de se marier et de s’occuper d’affaires terrestres sans ingérence par les perfecti. Sur leur lit de mort, ils reçurent le consolamentum et acceptèrent, pour sceller leur conversion, la mort de faim appelée endura : d’habitude plus rapide, moins malpropre et pénible que celle considérée « naturelle » ces jours-là, comme celles pour autant cruelles (car prolongées inutilement) d’agonisants contemporains.

Les perfecti vécurent avec telle sainteté qu’ils furent vénérés partout ils allaient. Ne me demande pas si je pourrai imiter leur mode de vie ; j’échouerai. Je ne suis pas un saint, ne l’ai jamais été ni ne le serai jamais. J’ai simplement essayé de deviner le contenu de leur consolamentum. Je t’invite au même jeu d’augure.
 
 Voir mon chapitre Consolamentum hypothétique.

Leur communauté s’enrichit de legs d’individus reconnaissants sur leur lit de mort, mais demeura immuable en Christ. Selon des documents de l’inquisition, ils se sont trahis en grands nombres comme des Perfecti lors de tortures finales, refusant l’invitation de leurs bourreaux de jurer ou de se salir autrement l’âme. Cela leur aurait peut-être épargné d’être brûlés vifs par ces chrétiens d'armes. Je le doute fort : de telles tortures offraient trop de jouissance aux inquisiteurs monstrueux.

 

L’hérésie cathare résulta de l’entrecroisement de trois phénomènes historiques, parmi d’autres. 

Le premier date de presque deux mille ans, quand le prophète Mani fut crucifié (!) par le clergé dominant Zoroastrien (dévots du feu) en 276 de l'EC. Le Manichéisme se répandit de sa crèche historique persane jusqu’en Syrie (une autre crèche de l’intellect) puis en Europe centrale, notamment en Bulgarie où il se transforma dans l’hérésie des Bogomiles aux environs de l’an 900. L'empire byzantin chrétien orthodoxe, puis celui turc en expansion (l'ultime expression du militarisme islamique) l'ont réprimé aux abords de 1396. Alors que des congrégations de manichéens pacifistes furent soumises à la conquête militaire et conversion forcée aux mains en alternance de fanatiques musulmans et chrétiens orthodoxes ou catholiques, une poigné de dévots trouva refuge en Italie et en Provence, d’où ils convertirent des Catholiques locaux désabusés par le matérialisme brut qui avait rendu leur clergé notoire. 

Le deuxième phénomène eut lieu avant les croisades européennes (de 1095 jusqu’au XIIIe siècle.) En outre de nombreuses transgressions particulières aventurées par ses prêtres, l'église catholique venait d’échouer sa quête bicentenaire : lancer en Europe à partir de 989 la paix de Dieu et la trêve de Dieu. Ces mouvements sociaux interdirent le combat pendant les nombreux jours saints qui parsèment l'année chrétienne ; protégèrent les paysans, femmes, enfants, clergé et leur propriété ; et offrirent d’arbitrer des rivalités politiques pour mettre fin aux batailles rangées. 

Ces efforts ont échoué. Leurs champions religieux furent remplacés par des chefs d'église plutôt préoccupés de profit. Les nobles militants furent autorisés leurs massacres sans pénalité religieuse en échange de grandes remises à l'église, et des individus purent acheter la rémission de leurs péchés. 

Beaucoup de chrétiens ont cherché ailleurs pour une religion davantage intègre, notamment chez les Cathares incorruptibles. Au fond, l’hérésie cathare fut une des premières et plus pures expressions du protestantisme. Les cathares furent exterminés des centenaires avant que des églises beaucoup plus mondaines et mieux adaptées au militarisme parvinrent au profit immédiat et à la survie historique : voir Luther, Calvin, et al.

Troisièmement, le pape Urbain II lança la première croisade en 1095 afin de reprendre la Terre Promise des musulmans. En fait, il envisageait écumer le brigandage de la cavalerie bardée qui avait envenimé l’Europe depuis la chute romaine, et le projeter au cœur de l’inquiétant empire islamique. Il accorda d’énormes avantages aux guerriers jurés à cet effort, notamment la rémission de péchés et de dettes antérieures. 

Alors qu’ils s’assemblèrent en Langue d'Oc depuis toute l’Europe, (alors un duché quasi-indépendant au midi de la France) ils y ont réservé passage et procuré vivres et matériel pour leur aventure au Moyen-Orient. Les survivants de retour ont troqué leur butin en échange d’argent comptant plus portatif pour amener chez eux. Ce commerce vigoureux transforma les villes du Langue d'Oc en celles les plus riches à cette époque en Europe. C’est là que débuta la tradition des troubadours, la poésie de l'amour courtois et de la noble chevalerie. La religion et l'étude y ont prospéré grâce aux polymathes chrétiens, musulmans, juifs, sauvians, gnostiques et d’autres sages et mages qu’y amenèrent des textes rares à copier, traduire et étudier. 

L’entièreté brûla ou disparut. A part la Bible, Kabala et Zohar secourues outremer, puis le Tarot. Du sufisme andalou (analogue a celui iranien), rien n'en puisse retrouver ?

La noblesse provençale (une autre désignation pour cette région et sa langue et son élite) fut affaiblie par de massives levées militaires et pertes aux croisades, aussi par l'enrichissement d'une bourgeoisie marchande des siècles en avance de sa réapparition ailleurs en Europe. Beaucoup de nobles restants (hommes et femmes) se sont convertis en perfecti chez les Cathares. 

Le pape se froissât un tant soit peu quand il apprit que la plupart des églises catholiques s’étaient vidées dans la province la plus prospère en Europe (cessant donc d’être des centres de profit) alors que les Cathares furent vénérés partout ils allaient. Après l’échec de quelques tentatives de reconversion par débat paisible (notamment par St Bernard qui le renonça) ce pape y projeta son harpon envenimé de la furie des croisés : une des seules croisades lancées contre un peuple de confession catholique (comme celles plus tard contre le Royaume de Léon et les Hussites.)

Puisque ce fut une lutte existentielle contre l’hérésie, une agence de renseignement dut être déployée qui guiderait l’armée croisée, débusquerait les hérétiques, les exterminerait et les remplacerait. Les ordres franciscain et dominicain furent les agences désignés de cette Gestapo. Leur gérance de cette croisade serait la première épreuve de l’Inquisition. Un nombre inchiffrable d’esquisses de telle bigoterie avaient déjà évolué des religions de masse depuis le début de la psychohistoire religio-militaire globale. Celle-là ne figura que comme la version la plus à jour, vigoureuse et terroriste. 
 
 

Quelques autres chapitres d’Apprenti demandent d’être écrits : 

 A)  la suppression institutionnelle de la libre pensée en faveur d’un dogme adopté par des psychopathes, leurs portiers et crétins adoptifs de chaque croyance et striure, de l’ancien temps jusqu’à nos jours.

B)  l’institution de la terreur en masse comme substitut de la religion ou de l’idéologie : cette simplification de la réalité l’ultime but de la mentalité d’armes, à moins de pertes existentielles et d’extinction culturelle (comme un virus trop vigoureux qui extermine son hôte.)

C)  La suppression de nouvelles trouvailles intellectuelles longtemps après qu’elles se prouvent valides. http://www.amasci.com/weird/vindac.html 

D)  …

 

D’ailleurs, aucune justice politique au moyen religieux ne semble exister ; ce en dépit de la théologie de libération et d'autres efforts sans conviction de la part de réformateurs religieux dans toutes les religions de masse pour raviver un peu de mentalité paisible sans confronter celle d'armes. Ni non plus dans toute l'histoire écrite de gouvernement en état de grâce religieuse, ni religion miraculeuse, ni institution de validité morale permanente. Aucune différence, l’absolutisme du pouvoir proclamée par une croyance et son compagnon politique : soit juive, musulmane, protestante, catholique, bouddhiste, hindou, athée ou autre, antérieurement et depuis.

Les accusant du délit du sacrifice humain, les Romains d'élite autoritaire, pratiquants du sacrifice religieux de gladiateurs et de prisonniers en masse, exterminèrent leur Némésis d’intellect anarchique, égalitaire et à base de mérite : les Druides, les équivalents chez les Celtes de la caste brâhmane hindoue. Rome, Constantinople et Moscou, le troisième Rome, ceux-ci ont toujours combattu les Druides pour l’âme occidentale. Druides, cathares, cosmopolites, des victimes à toi choisir.

 

Disons que nous n’étions pas d’accord quant à nos définitions respectives de Dieu. Tu te tiens sur le point A de cette ligne de raisonnement (par exemple, que Dieu n'existe pas) ; et, dans le même exemple, je suis prêt à défendre le point B jusqu’à la mort (que Dieu, c’est la figurine en argile sur mon autel de maison ― je blague.) 

Puisque Dieu est infini (où aussi proche de tel que l’on puisse imaginer) la gamme des définitions de Dieu s’étend sans fin. Par rapport, l'espace entre ton point A et le mien B ne se rétrécit à rien et nos deux points de vue tendent à fusionner, soit combien distants et divergents qu’ils nous paraissent. 

Nous nous servons de synapses scintillantes de lard de cervelle pour saisir notre compréhension bornée de Dieu, de grognements gutturaux de viande humaine pour l’exprimer, et, pour le commémorer, des taches de noir stylisées sur du fibre de plante mastiqués et séchés, sinon du pointillisme numérique sur l’écran d’ordinateur. 

Il n’est pas étonnant que nos propos soient également valides et dépourvus de sens. Nous pourrions autant bien grogner ensemble le même son – sinon écrire l’opposé exacte de ce que nous venons de lire – sans jamais saisir l’incontestable perfection, omnipotence et infinité qui est Dieu. 

Alors, la définition de Dieu de tout le monde doit être également véridique et bénie de Dieu — et pour autant fausse et maudite d'insuffisance. Des textes millénaires comme la bible, les védas et le Qran, ils n’ont servi que comme confirmations à l’écrit et aide mémoire de cette parfaite absurdité ; l’athéisme, son ultime simplification : « Dispersez ! Rien à voir ici ! » Aucune controverse générée à ce sujet tellement nébuleux ne devrait justifier davantage de brutalité. 

Mais bien sûr, mon brave. Les textes de la religion ont toujours servi comme charabia primaire pour justifier la brutalité des psychopathes.

 

Nous supposons, possiblement à tort, que tous les prophètes nous ont enseignés des astuces différentes (des pratiques et cultes en opposition l’un de l’autre) tout en retenant un but constant : le salut. Au contraire, ils nous ont enseignés la même chose avec des buts différents. 

Il y eut les lignes de vie du Christ, de Mohammed et d’autres prophètes et visionnaires, et celles d’individus de grande renommée qui ont captivé leurs admirateurs et ceux qui s’en sont réincarnés. Quant à ceux-là, leurs yeux ont lui d’en dehors et du dedans du charisme de millions d’admirateurs (Napoléon, Cléopâtre et d’autres personnages qui ont servi comme destinations de réincarnation pour leurs fans antérieurs.) 

Mohamed a prêché la meilleure préparation dans cette vie pour réincarner (sans le savoir : sa voix celle suprême de Dieu en récitant comme dans un rêve le message de Son ange Gabriel, moins bonne quand il dut adjudiquer les disputes mondaines de ses adeptes et opposants) ; Abraham et Moise, la loi de Dieu sur terre ; Bouddha, la souffrance, sa source et sa voie de sortie ; Mani, le combat intime entre le bien et le mal dont l’énergie anime cet univers. Alors que Jésus nous enseignait comment nous échapper une fois pour toutes du plan matériel et donc se sauver l’âme. Gardant cela en tête, toutes leurs paraboles se rendent claires et mutuellement complémentaires au lieu de sembler si obscures et en désaccord.

Jésus nous laissa beaucoup de paraboles énigmatiques dans la bible. L’une d’elles (celle des Talents : Matthieu 25-14) confie à Ses domestiques une bourse de monnaie pour mener au risque. Le Seigneur nous projette de diriger nos vies au profit d'âmes, non la simple protection du risque. Comme des cascadeurs dans un film d'action universel, nous sommes là pour prendre de grands risques. Une sûreté médiocre doit nous être illusoire puisque tout nous tue en fin de compte. Dans notre mortalité résident notre gloire et notre salut.

Notre Père s'est rendu compte que la mission impossible du salut particulier s’était transformée en une punition cruelle pour la plupart d’entre nous. Nous étions trop faibles pour prendre le bon chemin et n’avions jamais trouvé assez d’appuis dans les propos de Ses prophètes. Nous avons raté à maintes reprises des opportunités dorées d’atteindre le salut particulier. Avec chaque réincarnation, cette tâche nous est devenue encore plus difficile, non moins. 

Il introduit donc Son Fils sur terre pour nous signaler la seule voie de secours restant ouverte : Lui-même, et l’ultime prière acceptable : le Notre Père. 

Dans le livre Exode de l’ancien testament, Dieu ordonna l’offrande du sacrifice brûlé pour expier le péché particulier, puis le rejeta dans le livre d’Isaïe, sans offrir d’alternative. Dans Matthieu 6 du nouveau, Jésus remplaça la dévotion publique au temple par le Notre Père prié en solitude chez soi.

Les disciples du Christ L'ont mal compris. Ils ont tout mal compris, hormis leur simple amour du Christ. Ce que Lui leur dit très souvent.

 

Moi, je suis un chrétien du placard (a closet Christian.) Voici ce que je crois. Dans Matthieu 6 et Luc 11, Jésus nous apprit de nous enfermer seuls et transmettre le Notre Père à Dieu, pareil à un résistant FFI transmettant son message crypté au quartier général à Londres. Dieu parachuta Son Fils en territoire occupé pour Son ultime trahison, sacrifice et résurrection, afin de transmettre ce code extrêmement périssable à travers un temps inconcevable depuis Sa Croix jusqu’a la notre maintenant. 

Le Nouveau Testament ne valide pas la médiation d’églises et de prêtres; il n'autorise pas les êtres humains de prier leurs besoins et exigences (cela seulement pour Son fiston Jésus dans Son abyme de désespoir.) Tout ce qui reste, c'est toi et Dieu, cœur à cœur en intimité spirituelle cosmique, élisant de partager la formule précise que le Christ nous prescrit : rien de moins et rien de plus.

La prière qu’Il recommande est douce et simple. Ça n’a rien à voir avec des catéchismes courants ni suppliques à dieu en église (ayant pour but de se bénéficier) si bien authentifiés qu’ils soient. La doctrine contemporaine renvoie les mots du Christ et substitue des complications accessoires et peut-être même trompeuses. Deux mille ans de meurtre et de sacrilège commis en Son nom confirment la prévalence de notre vacuité spirituelle.

Deux options restent pour des vrais chrétiens : ou l’enseignement de Jésus est parfait et notre interprétation en est erronée, sinon notre doctrine est parfaite et Son instruction, fautive. Sans quoi, la véritable chrétienté se serait rendue universelle depuis. 

Jésus aime tout le monde : même ses disciples paumés, même les dissipateurs de millénaires de foi, même nous, voici sa gloire suprême. Il ne fait pas le triage d’âmes acceptables mais laisse à chacun le choix cosmique d’être accepté.

Je tente d’éviter les peu de choses que Jésus interdit, puisque Son instruction est tant facile à obéir. Et je n'obéirai jamais à ceux qui me préconisent de Lui désobéir afin d’honorer leur version du « christianisme » selon de simples mortels. Qu’on me désigne chrétien du placard « closet christian » et qu’on aille redémarrer l’inquisition, puisque au moins un de ces cathares si ennuyeux s’est réveillé !

 

Je pressens que le consolamentum inclut l’instruction en détail : comment passer en direct au paradis. Deux perfecti la récitèrent à un crédente sur son lit de mort, tel que des moines bouddhiques récitent des passages du Livre tibétain des morts à ceux sous leurs soins qui agonisent, aussi peut-être les Egyptiens. Dans le chapitre « Les bibliothèques qui brulent », j’entreprends répertorier les 99,999…% de la littérature humaine détruite depuis. Je soupçonne que chaque société littéraire archiva sa version du Livre de la mort, perdu depuis. 

 

Je crois que ces perfecti enseignèrent que le Christ s’offrait comme station de réincarnation et trappe d'évasion au paradis. Ce faisant, Il nous tendait l’ultime carte de sortie de prison : la seule fuite fonctionnelle de la Roue du Désir et de la Mort. 

Evidemment, n'importe qui pourrait se diplômer au ciel en se rendant entièrement comme le Christ durant cette vie. Bonne chance avec ça ! Pourrait-on le hasarder à la suite d’une longue série de réincarnations pénibles ? Nous voici, les produits de milliards d’années de réincarnations emplies de douleur, suivi de deux mille ans de christianisme d’armes. Aurions-nous l’audace de nous présumer même un petit peu plus prêts de le réussir ?

Le Christ dit que l’on pourrait déplacer une montagne si pourvu d’un peu de foi. Pourtant personne, ni le pape, ni ses saints, ni aucun chrétien renouvelé par la bouche et autorisé par des hiérarques aussi corrompus que nous sinon plus ― personne n’est capable d’ainsi déplacer même un grain de sable. Pas moi ni toi ni personne d’autre, à part peut-être le Christ dans toute l’histoire de la chrétienté.

 

Ci-dessous et strictement selon ma croyance actuelle, je te transmets ce message en toute franchise. 

Tout le monde peut se réincarner dans la vie de Jésus.

J'ai pu récemment trouver, mine de rien, moyen de filer au paradis la prochaine fois que j’expirerai, simplement en me réincarnant dans la ligne de vie de Jésus Christ. 

Quand je m’éteints cette fois-ci, je projette de hanter l’abîme noir qui abrite chaque conception et disparition matérielle, voire d’autres davantage accueillantes grâce au bon Karma leur étant attaché. 
 
 On pourrait choisir entre eux en revenant pour l’énième fois, avec comme croupier Karma. Le grand problème concernant le Karma, c’est que, pour toute sa sagesse philosophique, ce n’est qu’une machine à sous en motion perpétuelle. On y introduit son âme comme une pièce de monnaie et la machine la crache dans sa prochaine vie, et puis ensuite indéfiniment. Les bouddhistes se rendent bien flous quant a comment ça se termine. Alors on pourrait traiter le Karma comme le pilotage automatique de l’âme, afin qu’elle atterrisse sur la prochaine conception, à répétition…illimitée ? Mais ici l’on pourrait dégager l’auto pilotage, reprendre le control et atterrir là où l’on veut pour le mieux ou le pire ; oublis Karma.

Cette fois-ci, je compte permettre à mon âme de « renaitre encore » dans la vie de Jésus. Je dirigerais mon âme sur l’intervalle entre la conception immaculée de Marie et la résurrection du Christ. Ces phares de grande portée cosmique se différencieraient brillamment de tous les autres dans l'univers ; ils illumineraient un terrain d’atterrissage lourd entouré de la vaste obscurité d’accouplements furtifs et de décès redondants. 

Je rendrais donc Ses yeux plus luisants d’un moindre soupçon. Ce supposant que j'ai le cran de m’offrir pour Son agonie sinon d’en être dispensé par Sa grâce. 

La voie de ma vie m’a semblé moins ardue qu’elle aurait pu être (touche du bois ; j’ai eu ma part de deuils et de peine.) De toute façon, j’ai trouvé assez de quiétude (merci, ma mie Linda !) pour te transmettre le texte d’Apprenti. Cela a pu m’avoir été télédiffusé si seulement en forme davantage brouillé. Je projette donc de me dégager de la Roue de la vie et la mort, et me jeter au paradis. Cela selon Son souhait et Sa promesse, tel qu’il plairait au Fils de Dieu quant à ses camarades de recréé mondaine. 

Le Christ attire mon âme car Il a été le Sauveur désigné depuis mon enfance sans autre choix. Puis, Lui-même Se désigna la résurrection et la vie : la seule Voie au paradis. D’autres gens ont connu d’autres prophètes : Mohammed, Bouddha, Moise, Mao, c’est à choisir. Nous sommes et eux tous sont Un. Soit, choisis ton prophète favori et réincarne-toi dans sa vie. Quelle autre vie s’approcherait plus près du paradis que celle de ton prophète révéré, sa vie revécue à maintes reprises jusqu’à ce que Dieu ne se lasse de ce jeu de paume et nous engrange tous au paradis ? 

Cela me surprend, tant peu cette inspiration dérange ce que je dois discuter dans Apprenti. Encore plus surprenants seront les grands exploits que nous effectuerons, une fois la grâce accrue dans ce monde et celui à venir. Tout au plus, ces méditations ont transformé ma fortune et mes revers sur le plan matériel en ces lueurs furieuses que reflètent des vaguelettes en fin d’après-midi méditerrané bien ensoleillées : momentanés et accablants au pire, beaux malgré leur peine et bientôt fanés. 

J’ai laissé tomber le conseil gratuit de « Vivre chaque jour comme s’il fut ton premier et ton ultime. » Quel comportement impraticable du point de vue hormonal ! A présent, j'anticipe la fin de chaque jour. Le rêve le plus anodin auquel j'assiste endormi me semble plus intéressant que le spectacle le plus transcendant et émouvant lu ou vu à l'écran. Je pressens que l’après mort, proprement négociée, pourrait se prouver autant supérieure à la vie actuelle. 

La bonne musique, l’amour courtois et le rare bon ami, puis quelques autres usages dans la vie, (de longs rires et bons plats, puis l’aide spontanée offerte à quelqu’un) voici qui rendent la peine de vivre supportable ! Je ne conseil à personne de les abandonner prématurément, quel que soit le destin de l’âme. Il est évident que nous tous avons quelque chose d’important à apprendre ici.

Je puis devoir retourner ici-bas sur terre et répéter ce message. Il se pourrait que des gens ne le saisissent ni ne le répètent assez souvent cette tournée de ronde. Je préférerai que tous l’appréhendent afin qu’il s’écroue dans la mémoire raciale et m’épargne un autre de ces retours effarants. Moi ou mon successeur davantage stoïque, nous aurons peut-être à revenir ici-bas (redoutables, les rentrées dans ce monde de primates meurtriers non-repentants), le fantasmer et le répéter aussi souvent et longtemps qu’il faudra pour que tous les habitants de ce royaume ténébreux le retiennent au bénéfice de ceux à venir (ces mêmes individus réincarnés.) 

 

Des mentors d'armes tels que l’apôtre Paul, Jean du livre de révélation, St Augustin et leurs défenseurs absurdes ont élaboré des erreurs semblables depuis lors. Ils ont confabulé le mensonge évident d’un salut de cul-de-sac par voie douteuse d’un contrat verbal négocié avec leur hiérarchie religieuse pendant cette vie, suivie du cauchemar Gott-Mit-Uns de fin du monde. Géré par le Dieu d’amour ? Raconte-moi une autre histoire !

Cela ressemble de façon sinistre à la situation qu'ont dû confronter les candidats d’entrée aux camps de concentration. « Prends la ligne à ma droite si je te trouve capable de nous rendre service, sinon celle à gauche si tu es trop débile pour satisfaire nos desseins. » Aucun Dieu Se respectant Lui-même ne Se souillerait ainsi, seulement des psychopathes.  Le dénouement ? Deux mille ans de brutalité et d'hypocrisie fatale, négociées par des autorités soi-disant « chrétiens. » 
 
 

Le conseil de Nicée (Iznik en Turquie) eut lieu en 325. Des fondamentalistes d’esprit borné (comme d’habitude) se convertirent un peu auparavant à ne plus persécuter avec des tactiques de Gestapo des chrétiens au nom du paganisme officiel. Leurs descendants les plus haut-gradés se sont rassemblés, ont rejeté la réincarnation (principe très populaire à cette époque d’interaction dynamique entre la pensée orientale et celle dans l’occident) et supprimé presque toute mention d'elle dans la bible. Ensuite ont-ils repris, au nom du christianisme officiel, la persécution simultanée d’authentiques chrétiens et païens. Ils n’en ont été prohibés qu’assez récemment dans la plupart des pays, une fois démis du pouvoir politique. 

Il est évident que les religions de masse ont fait faillite morale, en dépit de la dévotion héroïque de leurs meilleurs adhérents. Les maux qu’elles se pardonnent au quotidien ont outrepassé leurs dernières prétentions à la validité.  Notre vie spirituelle nécessite la sustentation de l’authentique croyance. Nous ne pouvons pas laisser tomber, comme ça, celle organisée ; si tentante que cette simplification puisse nous paraître, étant donné les trivialités qu’elles nous offrent, tel qu’un fier minet, son gibier occis. Dans l’absence de bonne foi, l'omnicide se tapit dans nos cœurs là où la vraie dévotion devrait couver. 

Des matérialistes d’esprit libre commettent les pires atrocités. Leurs vices leur exigent une telle virtuosité qu’ils ne peuvent plus rendre attention adéquate aux poursuites aussi « éphémères et perdantes » que l’âme et l'esprit. 

Nous autres, résolus à poursuivre la bonté, devons nous inspirer du Dieu de bonté. De notre point de vue estropiée, que ce Dieu nous paraisse imaginaire ou éternel, cela ne devrait pas nous sembler si important. Nous nécessitons un modèle de rôle plus compatissant que les génocides perfides couramment proposés comme similis de Dieu. 

D’ailleurs, la Parole de Dieu m’a semblé évoluer à partir d’exigences rigides dictées à base de génocide et de punition par Son incompréhension totale de nous autres et de notre âme, jusqu’aux Paroles de Jésus révélés avec la tendresse de caresses. Comme s’il fallait que Dieu apprenne malgré lui et malgré tout à nous aimer. Dieu aurait pu ne jamais comprendre ni l’être humain ni son amour, et donc agir comme un parent abusif jusqu’à ce qu’il ait eu Son propre Fils bien-aimé ; tel qu’un chef mafieux, élevé en tant que psychopathe meurtrier, apprend à chérir la femme et les enfants de sa famille.
 
 

Ce qui peut mener à l’idée radicale que le serpent d’Eden, condamné à ramper dans la poussière pendant l’éternité pour avoir introduit le savoir du bon et du mal à Adam et Eve (« Vous en mourrez »), devient le Christ qui nous laissa le Saint Esprit (la conscience morale humaine : le savoir du bon et du mal) comme notre Rèconforteur. L’Alpha et l’Omega, vois-tu.

Ensuite, l’idée que le blasphème contre le Saint Esprit (jamais pardonné), c’est l’abandon de notre conscience morale en faveur d’être « sauvé » par le reportage humain du retour imminent ou actuelle de Jésus : ce reportage, également impossible pour quiconque sauf Dieu le Père.

 

 Cette doctrine exotique pourrait proscrire une fois pour toutes le diktat de promoteurs fondamentalistes aux contrôles des religions de la terre en armes, les bannir du discours spirituel à moins de se rendre plus amoureux et sages. Par quel droit, sagesse et bénédiction réclament-ils de s’interposer là, tout de même ? Elle met le royaume du ciel dans la portée de tous dans l’après monde, sans avoir à ne se soucier ni de la vérité ni des erreurs dans cette vie. Elle confierait les soins terrestres à notre responsabilité particulière, et notre salut éternel à l’instruction directe du Seigneur. 

 

John Ralston Saul, dans Voltaire’s Bastards: The Dictatorship of Reason in the West, (Les bâtards de Voltaire: La dictature de la raison dans l’Occident) Vintage Press, a division of Random House, 1991, pages 542-543, indique que l'inclusion de l'Apocalypse dans la Bible (très controversée alors) permit à la religion organisée et ses maîtres gouvernementaux de supplanter la prêche du Christ dans Son Sermon sur la montagne, avec n’importe quelle affirmation extrémiste de bigoterie et de chaosisme trouvée stratégiquement utile : « C’est nous contre eux ! » Le clergé fut exclusivement permis de lire la bible, alors que les laïcs furent limités aux sermons du dimanche en Latin incompréhensible et aux icônes, mosaïques et vitraux : les équivalents médiévaux de filmes étrangers sans sous-titre. 

Ils nous ont nantis d’une seule vie spirituellement famélique durant laquelle nous devions accomplir la mission impossible du salut particulier sous le fouet de leur incompétence, selon leur plagiat éhonté du culte du jour de jugement de l’ancienne Egypte. En promouvant cette élémentaire tyrannie d’armes, ils ont mal interprété les mots du Christ de façon aussi insignifiante que superflue. Je ne leur confirai pas un kleenex usité, bien moins mon âme immortelle, ni à cent générations de leurs successeurs. 

Entre-temps, leur mésentente a rendu le blasphème banal, inévitable le sacrilège et du meurtre une affaire de routine. Prévoyant le défi populaire qui dut résulter de leur aberration des valeurs du Christ, ils ont consigné la plupart des âmes immortelles à un enfer à cinq fourchettes auquel un Dieu affectueux n’aurait pas confiné Belzébul lui-même. Au moyen de leçons particulières dans la gymnastique du perfectionnement particulier, ils n’ont cherché qu’à se sauver, eux et leurs esclaves dévoués. Puisqu'ils ne purent imaginer un paradis vraisemblable, leur option d’enfer par contumace dût être plutôt infecte : un collage de cauchemars passionnément narré par des maîtres de psychose d'armes. Ils ont dû transformer l’enfer en cela afin de le rendre marginalement moins attrayant que leur terre en armes : proprement infernale, elle.

Ne me parle non plus de l'Islam. Quand les musulmans parviendront à ne plus s'entretuer en tant que sectaires sunnites, chiites ou autres pour des raisons triviales quand comparées au sauvetage de leur âme au moyen de la paix d’Islam, prier m'en faire-part. Entre temps, les musulmans subsistent au fil de l'épée de la miséricorde d'Allah, providentiel soit Son nom. Ceux qui Lui désobéissent de façon si flagrante ou le permettent aux autres Musulmans n'ont pas grand chose à m'enseigner. 

Une fois que les 95% des consciencieux se réuniront sur le chantier solidaire de la maison paisible de Dieu, nous en reparlerons, du mérite relatif de diverses religions. Entre temps…

Pourtant la sacralité de leur vocation repose sur la préservation historique des Paroles de Dieu ― sans tenir compte de leur mésentente. Une meilleure interprétation de Ses Paroles, qu’ils ont préservées avec tant de dévotion, leur remettrait leur bénédiction. Notre ultime révélation pourrait être la transcendance avec laquelle les meilleurs d’entre eux réaliseront leurs rêves chéris de dévotion, une fois qu’ils saisiront ce qui suit.

 Les perfecti ont fait passer aux crédentes fortunés un message beaucoup plus compréhensible, en défi absolu du christianisme d'armes. Après tout, celui-ci demeure confus en dépit de deux mille ans de scolarité biblique. Le message du Dieu d’amour serait compréhensible par n’importe quel enfant l’écoutant aux pieds des ses parents.   Les fanatiques d’armes ont brûlés vifs ceux-là et ont extirpé leur enseignement au plus vite, rien que pour nous piéger dans l’hypocrisie moribonde décrite ci-dessus.

 

Il semble que nous pouvons servir Mammon ou Dieu durant cette vie, mais non les deux à la fois. Le choix nous a toujours été imposé, entre le gouvernement ou la spiritualité mutuellement exclusifs. A nous de faire le véritable choix entre le Mammon d’armes et le dieu d’amour, chacun retenant sa propre forme de gouvernement. Apprenti nous suggère de servir ce monde avec grâce et la grâce ensuite. Si tu renvois le précité comme une fourberie biblique du genre fondamentaliste, tu as manqué mon but. Ah, mon ami Apprenti, c’est à ta perte ! Vérifie ça après bonne prière et vois-le se confirmer pour toi en particulier. 

Si tu prends trop au sérieux ton endoctrinement d’armes, tu pourrais t’attendre à assortir la religion du gouvernement comme des variables indépendants. Oublis vite ça. Nous sommes progressistes dans la mesure que notre foi (dans n’importe quoi) nous rend en amoureux héroïques, et des réactionnaires en réagissant (sans foi) contre les ombres de nos craintes et de notre haine. Credo et gouvernance opèrent en parallèle, peu importe les rideaux en toc dont nous couvririons les pilons religieux de notre gouvernement, ainsi que des prudes victoriennes drapèrent les jambes de piano pour se prévenir de leurs obsessions sexuelles.


 Le petit nombre actuel de ceux Choisis doit abandonner les religions traditionnelles et leur cul de sac mystique. En ce faisant, ils pourront rétablir une communauté ambulante de cathares et arriver à un tao supérieur. Ce me serait un grand soulagement d’obtenir un honnête consolamentum sur mon lit de mort, ainsi qu’une mort indolore, quel que soit l’état de ma conscience à ce moment. 

Vérifie tout cela si c’est la religion qui t’appelle. Une brève étape préliminaire serait The End of the World (La fin du monde) par Otto Friedrich. Son chapitre sur « La naissance de l’inquisition » t'offrira une certaine idée des convulsions historico-théologiques qui ont empêtré les cathares. Les livres de Zoé Oldenbourg (en français) offrent beaucoup d’autres renseignements. 

De telles subtilités sont accessoires au buts d’Apprenti. D’authentiques perfecti doivent se rassembler en ordres ambulants, en observance stricte des instructions clairement données par le Christ dans la bible. Ce faisant serviront-ils comme modèles salutaires des religions du monde paisible. 

Attends-toi à de pareils miracles de la part d’autres religions mondiales. Leurs meilleurs adhérents se sont plus ou moins bien approchés à de tels idéaux de dévotion. Elles ont conçu et avorté l’une ou plusieurs hérésies préférables : orphisme, essenes, ahmadiyya, quaker, soufi, bhakti, jaén, gnosie, therapeutae et les deux véhicules du bouddhisme. Chaque religion de masse favorisa certainement des ramifications paisibles plus vigoureuses que les orthodoxies gangreneuses à ce jour. On n’aura qu’à rétablir celles les meilleures pour remplacer celles actuelles trop toxiques. 

Après tout, choisirais-tu de ton plein gré laisser l'instruction religieuse de tes enfants entre les mains des pires maîtres d’armes dans l’histoire ? Même quand leur survie, non moins leur bien-être et bonheur, nécessitent mille fois moins de mentalité d’armes ?

 

Jésus dit que quiconque scrute une femme commet de l’adultère : j’en témoigne des fois pour moi-même. Conclut-Il que nous étions tous en état de péché continu ? Selon sa prescription, personne sur terre n’a eu de vraie foi depuis Son départ ni bon succès à atteindre le paradis dans cette vie, ni tout seul ni par la médiation d’une bureaucratie de pécheurs qui s’en proclament dignes. Ni jamais n’y eut-il de contrat verbal ni de comportement convenu dans cette vie avec des prétendus représentants du Christ, soit les niaiseries que ces individus autoproclamés, revendeurs certifiés et égoïstes en uniforme peuvent nous faire payer. 

Il est évident qu'ils sont autant englués dans cette vie d’enfer que nous. Comment peuvent-ils parvenir à nous tirer de ce tas de fumier ? Aucun d’eux ne cite de manière cohérente les mots du Christ, surtout quand ils prescrivent des changements anormaux de comportement. Ils finissent toujours par dicter à l’improviste et tordre les versets de la bible, puisque jamais Jésus ne dit quoi que ce soit concernant les détails de leurs filouteries bureaucratiques. 

Les chrétiens de masse contemporaine, je les appellerai des paulistes-jeanistes-augustins plutôt que des vrais chrétiens, puisqu'ils prêtent davantage d’attention aux griffonnages et dires de ces hommes qu'à la Parole de Dieu énoncée par Jésus. Comparé au Christ glorieux : Paul, Jean de révélation et St Augustin ; tous les prêtres, saints ou apôtres que tu puisses désigner ; toi, moi et quiconque d’autre : nous sommes tous le même pécheur méprisable.

Par exemple, Jésus nous interdit de prier en église et en public. Selon Lui, nous devons prier tout seul dans une chambre close et seulement le Notre Père (Matthieu 6-6.) Ces prédicateurs insistent pourtant sur la répétition de leurs textes d’homme en foules d’hommes en églises d’homme afin de « commémorer » notre dévotion au Christ (selon les hommes.)

La prière solitaire du Notre Père : le seul moyen pour des pécheurs méprisables comme nous de s’approcher à la vérité de Dieu.

 

Ce que tu entreprends pendant cette vie, pourvu que ce soit anodin, c’est ton affaire n’appartenant à personne d’autre … surtout pas aux fondamentalistes et aux bureaucrates religieux. On aurait toujours dû reconnaître que tel était le cas. Je te conseille de suivre les meilleurs conseils de ta religion préférée, surtout son interprétation de la règle d’or. Cela pourrait soulager ta conscience tourmentée lors de ton prochain trajet de l'autre côté.

Aussi seras-tu libre de te réincarner dans le prophète ou le saint de ton choix et de t’y tenir ferme, l’âme à l’abri dans ce fortin comprenant ses exaltations, agonies et péchés particuliers, au cours de décès, de réincarnations et de renaissances sans compter, jusqu’à ce que Dieu recueille chaque âme une fois pour toutes. 
 
 

En déambulant dans le corps de Jésus et en observant le monde à travers Ses yeux, nous regretterons les maux commis au cours de vies antérieures. Nous serons infiniment reconnaissants pour chaque acte de grâce que nous aurions accumulé précédemment. La meilleure préparation pour l’expérience d’après la mort, ce serait d’être pieu et gentil avant. Les casseurs dans cette vie en subiront pire, je te l’assure. 

Les cinq règles d'Islam, appliquées en bonne foi et sans mains lavés en sang furieux, seraient d’excellents préparatifs pour ce défi suprême ; ainsi que tout autre style de vie pieuse encouragées par d'autres religions valides. 

Chacune des innombrables fois que nous expirons, je crois que nous réincarnons sur la Roue du Désir, de la Peine et du Trépas. Nous l’avons aveuglement répété pendant des incarnations sans compter, à travers des écologies multiples depuis que la vie terrestre débuta ( ?) Je commence à pressentir que chaque conscience particulière (sinon celle toute seule que nous partageons tous) passe l’épreuve des baguettes à travers toutes les bulles de vie dans la chaîne d’ADN universelle qui se tresse et se dénoue à la vitesse de la mort.

 

« Un pour tous et tous pour un. » Il faut aimer les autres comme nous-mêmes car ils sont, eux et eux tous, nous-même.

 

Une fois que tu saisis ce message, personne ne pourra te l’extraire ni par force, ni par manigance ni par persuasion amicale. Une fois que tu te résous de t’en servir, personne ne pourra te retenir. Pour la première fois dans toutes tes vies imparfaites, tu seras parfaitement libre de te sauver l’âme, miraculeusement libre.

Sinon pourras-tu revenir ici-bas aussi souvent que tu le souhaites, en tant que bodhisattva dans ces vies sans fin, pourvu que cette leçon t’attende à ton retour et ne soit plus supprimée comme tant de fois naguère et tant rigoureusement à présent, par ceux pareillement dépourvus de Dieu.

Quand tu expires, j'invite à ton âme de déboussoler ce couvercle de sortie d’urgence. C’est un passage serré ! A travers son hublot, j'ai pu entrevoir une vision embrumée du salut. 

Que ce message s’étende à tous !



 

- CONSOLAMENTUM HYPOTHETIQUE

 

Récité en Languedoc moyenâgeux par une paire de perfecti cathares lors d'une veillée de mort. Comme de comparables croyants itinérants récitèrent les versets du Livre tibétain des morts, sinon celui égyptien de même, et sans doute d’autres textes détruits depuis : des dizaines, des centaines ou des milliers, a l'orale ou a l'écrit, dans autant de villes détruite et de langues disparues.

Ce poème est de mon invention (ou reçu par mon antenne nerveux.) Je le dédicace à mon Dad qui disparut avant que je n’aie pu le lui réciter, à ceux qui confronte les incertitudes de la vie et la mort sans bouclier solide spirituel, et qui doivent périr encore une fois avant de pouvoir s’en servir…

NOTA : Les deux premières lignes sont une formule standard, sinon le chant favori de cette pair de perfecti. Presque autant de formules personnalisées que de participants.  Ceux-ci retiennent souvent de complexes formules de méditation respiratoire, préservés depuis des générations. De toute façon, cette formule est négociée pour répondre aux besoins locaux. Une fois que le rythme formulaire s’accorde confortablement, c’est répété comme ça à partir de là.
  

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 N'aie plus peur, 
 Car tu es sauvé.
 Le Christ endossera ton fardeau karmique,
 Soit combien il te semble accablant. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Ferme tes yeux et prends ton aise.
 Expire aisément, doucement,
 Détends-toi paisiblement cette dernière fois. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Laisse ton âme lâcher ton corps défaillant,
 En bonne confiance, joie et espoir,
 Comme à ta noce,
 Comme nous instruit le Christ. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Tu t’es tiré de myriades de corps avant celui-ci.
 En autant d'agonies de mort.
 Des vies emplies de misère et d’angoisse
 Ont moulu ton destin jusqu’à ce jour.
 Tu es libre de tout ça maintenant. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 La prochaine fois que ton âme jaillit de sa coquille mortelle,
 Comme un pilote de chasse se jette de son avion en flammes,
 Ton âme décharnée dérivera dans l'espace et le temps,
 Jusqu’à ce que tu te lasses de cette corvée,
 De son vide dur et de sa silence. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Passe en revue les étoiles aux cieux, tel qu’un touriste las,
 Et contemple des galaxies s’agglomérer, tourbillonner et s’éteindre en splendeur,
 Ou rappel-toi du chant d’oiseau, de l’haleine capiteuse des flores,
 Du lever du soleil à son relever. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Tu pourrais croiser démons, anges et bêtes,
 Les reflets de tes espoirs, désirs et frayeurs.
 Tu pourrais les toucher et en être touché
 Pour le mieux ou le pire.
 A toi choisir. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Attarde-toi un peu sur terre,
 Hante des vieilles demeures, des lieux familiers et insolites,
 Passe voir tes anciens rejetons et amants,
 Flanque-leur la chair de poule à ton approche spectrale. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Subis perte et solitude a maintes et maintes reprises,
 Tant que t'en tiendras le coup.
 Tu en auras bientôt assez, O noblement né. 
 Tôt ou tard ton âme languira,
 Chargée d’impatience pour la prochaine vie charnelle,
 Telle que l'urgence de pisser. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Tu reflueras dans la vie,
 En bascule de dos dans la vie,
 Comme une pierre trouve sa profondeur
 Et l'eau froide sa ruée au fond,
 Dans la clarté obscure de la vie,
 De manière irrésistible. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Une fois que ton âme languit pour sa prochaine vie,
 Tu déféreras ton retour pour passer en revue une suite de conceptions ,
 En poursuite de renaissance admissible dans ce monde. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Cherche les phares psychiques
 De la conception immaculée de Marie et du Relèvement du Christ.
 Stroboscopes divins aux deux extrémités
 De la seule piste-phare d'atterrissage lourd
 Sur l'aire stérile, morne, grisâtre et charnelle ;
 Le repaire d’accouplements furtifs et de trépas tristes. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Ignore le séduisant flux de Karma,
 De désir, de frayeur et de familiarité,
 Qui te leurrera à renaître
 En un enfant mortel, dans le cadre familial, parmi des familiers,
 Et de retour sur la Roue du désir et du trépas. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Renonce à ta famille, aux meilleurs amis et aux foyers favoris,
 Renonce aux possessions préférées.
 Prends Sa Croix au lieu.
 Renais en Son esprit et dans Sa chair. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Rappelle-toi Ses nombreuses paraboles
 Sans grand sens en d’autres interprétations,
 Mais celui-ci parfait.
 Saisis Sa ligne de survie, revis Sa vie sacrée
 Que tu aurais pu mener si tenant vraie foi. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Mais Dieu est miséricordieux,
 Même aux implacables,
 Même aux méchants,
 Même à toi, 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Examine et repens-toi de tes nombreux péchés,
 Dans la luminosité parfaite de Sa Vie et de Son Agonie. 
 Comme tu souhaiteras de t'être soumis à Dieu !

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 A quel point cruellement ta conscience te tourmentera ! 
 Tu passeras en revue tes nombreuses trahisons auparavant.
 Tout le long de Sa Vie, pendant trente et quelques années
 Pour chacun de tes pêchés, tu t’en repentiras en centuple ;
 Dans chacune de tes bonnes démarches,
 Une lichette de baume pour ton âme lacérée de péchés. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Ces rappels grimaçants te permettront de proclamer Ses Propos avec conviction
 Puisque tu vois le monde à travers Ses yeux avec clarté divine,
 La poutre enfin tirée de la tienne. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Prends courage quand ils se bousculeront pour te trahir et crucifier.
 Penche la tête pour Sa couronne d’épines,
 Sois reconnaissant pour cette distraction de ton manque total de mérite. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Tes peines sont presque achevées.
 Sa clémence pourrait même t’épargner Son ultime tourment,
 Comme le serait Son enclin amoureux. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Son Agonie, le long d’un après midi interminable,
 Le dernier élancement de ton tourment éternel ;
 Son Calvaire sur Golgotha,
 Les derniers pas chancelants de ton Everest au paradis.  

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Plus d'autres renaissances pour toi
 Sur la Roue Karma du désir et de la mort.
 Ni plus pour toi, 
 Renaissances impeccables de l'autopilote Karma.
 Le sort de ton âme est entre tes mains de pilote. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Tu L’accompagneras au lieu tout droit au paradis ce soir même,
 Avec le voleur repentant, Dismas.
 Vous y trouverez Dieu qui vous attend :
 Son Fils unique et Ses compagnons, prodiges bienvenus. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Tu trouveras-là
 Ceux qui se sont arrachés de la Roue du désir et de la mort,
 Et ont élu Sa Croix.
 Tes amis te rejoindront, 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Tôt ou tard, après un décès ou le suivant ou plusieurs,
 Ceux-là te devanceront ou te suivront sur ce chemin.
 Jésus a promis de préparer nos chambres au Paradis
 Et revenir nous y emmener. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Ne te tracasse plus de l’espace ni du temps,
 D’avant et d’après, de singularité et de multiplicités,
 Et quelle âme enveloppe quel corps. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Ta foi débile t’aveugle au fait
 Que tu pourrais te désorbiter ou te couper le bras s’ils t’offensent,
 Sans trop te soucier, tant peu d'importance aurait-ce
 Dans ta vie de fantaisie qui te semble si grave.
 Tu ne peux sonder le monde matériel sous la lueur de la vérité,
 Bien moins celui spirituel. 
 
 Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 N’aie qu’un peu de foi,
 Qu'une brindille d’espoir,
 Car tu es sauf. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Personne ne peut te l’enlever maintenant ;
 Personne, te l’interdire ni te l’extraire
 Ni par force ni par sentiment,
 Non moins par mensonge que par persuasion. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Dis leurs exactement ce qu’ils souhaitent entendre.
 Peu importe.
 Tu périras de toute façon et seras donc libre,
 Parfaitement, miraculeusement libre
 De choisir la croix et le paradis,
 Sinon te supplicier encore sur la Roue.

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Tu pourrais opter de revenir
 Sinon en être gentiment prié
 Aider des gens a retrouver le bon chemin,
 Ramener des brebis perdus à Dieu,
 O Bodhisattva. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Sinon languir pour le prochain retour
 Au bon vieux temps du désire et de l’ignorance ;
 A la prochaine rude leçon,
 L’opportunité de rejouer au dur de dur. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Sinon tressaillir devant l'Agonie destinée au Christ et à toi,
 Sinon ton insuffisance pour cet honneur ;
 Et te soumettre, encore, à la Roue. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Tu es parfaitement libre de choisir, 
 Karma serait ravie de te recevoir. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Eminent le Père, le Fils et le Saint-Esprit :
 Le Rèconforteur de bonne conscience que Jésus nous laissa en attendant Son Retour.
 C’est grâce à Eux que nous sommes délivrés
 Qui choisissent de l'être,
 Qui regardent et qu'y voient,
 Qui écoutent et entendent. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né.
 Laisse tomber ta peur, 
 Quoique tout en vie doit périr,
 Et ainsi de suite à maintes reprises,
 Pourtant renaissons-nous tous au salut
 Dès que nous le choisirions :
 Nous autres bien parés et dispos,
 Comme promis. 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né. 

(Les perfecti ont quitté la veillée de mort …
 Répète tout seul
 Matthieu 6-9, le Notre Père
 En attendant leur retour.) 

Respire à fond,
 Doucement, à trois reprises, O noblement né 



 

- SATYAGRAHA ET ALLAH –

 

Certaines brutes imposent leur privilège en dépit des droits et des maux, aux dépens d'autres dans l’immédiat et d’eux-mêmes à la longue. Des privilèges sont laborieux si acquis par la violence. Ils sont donc moins profitables, après un certain temps, que ceux que tous concèdent en partage paisible. Alors que le désaccord s'intensifie dans l’absence de rénovation, la prospérité communale se fane et s’envole. 

Pourtant Mengzi prescrit de repousser le simple profit en faveur de l’humanité (la compassion) et du devoir (l’Apprentissage) de loin préférables. Je suis persuadé que des profits excessifs mènent au sacrifice de l’Autre. A l’encontre du sacrifice de l’autre induit par la prise excessive de bénéfices, l’humanité et le devoir appellent à la célébration à la suite du sacrifice de soi.

Célébrer l’Apprentissage au lieu de sacrifier l’Autre !

Une fois que ces belliqueux promoteurs d’eux-mêmes achèvent la plupart de leurs opposants, les survivants s’assemblent en élites encore plus sournoises. Dans la majorité des cas, nous autres nous soumettons à leurs injonctions brutales afin de rattraper la paix. Même si des conciliants tournent l’autre joue à la brutalité, cela ne soustrait pas à la légitimité de leurs demandes. Au contraire, nombreux les bénéficiaires de leurs revendications légitimes, y compris ceux puissants ; alors que les demandes arbitraires et agressives multiplient coûts, conflits et contradictions sociales. 

Note ce paradoxe central. Les sociétés totalitaires peuvent sembler puissantes mais sont en réalité rigides et friables. Elles peuvent se protéger de l'agression étrangère pendant un certain temps, mais se creusent du dedans à cause des casses et entorses de leurs contradictions sociales. A la longue, elles se rendent en cosses creuses qui ne retiennent que l’illusion du pouvoir et s’effondrent pour aucune raison apparente. 

Par contre, la société se rendra plus forte et flexible en proportion que le brouhaha de ses pourparlers soit toléré et son écoulement de données, permis davantage de turbulence. Celles aux apparences turbulentes et instables peuvent inviter de l’agression étrangère dans le moins distant, mais mieux surmonter leurs contradictions à long terme. Elles peuvent même assimiler leurs envahisseurs et prospérer à la longue, comme la Chine l’a souvent démontré le long de sa complexe chronologie. La fermeté de la tyrannie est aussi illusoire que la faiblesse que rend la décadence intellectuelle. 

 

Le livre de Marc Juergensmeyer, Combattre en tenant Gandhi offre un excellent bréviaire de résolution des conflits. Lui aussi est hors de copie. Ce chapitre et celui qui suit, « Quelques règles de base » sont des sommaires inclus ici avec son aimable consentement. 

Je te prie d’étudier ces pages avec soin et vite sortir apprendre tout ce que tu pourras au sujet de la satyâgraha. Notre survie pourrait en dépendre. 

La base de la lutte gandhienne, c’est la satyâgraha (en hindi, « saisir la vérité ») : outil fondamental de la gestion paisible. Gandhi inventa l’expression « résistance passive » lors de ses premières expérimentations en Afrique du Sud, puis la laissa tomber comme mal adaptée à sa lutte paisible. Cette expression caractérise l’esprit occidental et sa mentalité d’armes, de même que le titre « Mahatma » ou grande âme qui ne lui plaisait pas du tout.

On remplacera peut-être « la résistance passive » par une expression telle que « vérifaction » : l’alliance volontaire des partisans des deux côtés d’une certaine vérité. 

Les quatre principes primaires que Gandhi prescrit pour la satyâgraha sont : 

·      Satya : la vérité ;

·      Ahimsa : la non-violence ;

·      Tapasya : la souffrance volontaire pour le bien-être commun ; et

·      Sarvodaya : le bien-être commun

Tu es non seulement censé aimer ton ennemi mais aussi l’amadouer par ta non-violence et ton innocuité. Si tu es sans erreur – un devoir terrible – l’ennemi deviendra bientôt ton ami fidèle et agira conséquemment — peu importe l’idée qu’il se serait faite jadis de toi. Cette procédure est volontaire des deux côtés. Elle doit être valeureuse dès le début dans ton cas, courageuse en fin de compte pour ton ennemi libéré de ses craintes de toi. 

Tu peux juger les actions de ton adversaire, mais n’as qu’à le respecter dans son cas sinon le compatir, comme un membre de ta famille qui t’exaspère ou t’inspire. Ais confiance en la bonne foi de ton adversaire. Dans la plupart des cas, ses meilleurs amis sont garantis de son attaque.

A noter aussi : cette règle ne s’applique pas nécessairement à l’individu psychopathe, quoique Gandhi eut des réussites remarquables avec son gardien de prison et d’autres brutes. Par contre, ce sera certainement le cas pour des agglomérations aléatoires d’êtres humains consciencieux qui parviendront tôt ou tard à saisir le contrôle des mains d’une petite minorité de psychopathes. 

Ton bouclier, c’est la Tapasya : ta bonne volonté d'accepter tes souffrances pour réduire celles d’un autre mais non les tiennes. Souffrir à ton compte ne fait pas partie de la satyâgraha. 

Qu’a-t-on à craindre en tant que vérificateur honnête ? Nos trébuchements en tâtant le chemin sur ce parcours escarpé et nos réticences et incapacités de rectifier nos erreurs. Il n’y a que ces échecs engendrés par la crainte qui peuvent retarder cette procédure omnipuissante. 

Comparé à la toute-puissante satyâgraha, la brutalité en panique et les mensonges maladifs doivent aboutir en échec. L’on ne doit jamais compromettre la satyâgraha ni par faiblesse, ni par crainte, ni par inertie particulière. On doit résister en souffrant au lieu. 

 

« Au lieu dois-je résister en souffrant. » Ah ! Que cela m’est facile à rédiger et relire — combien moins à effectuer de façon honnête ! Immanquablement, je m’énerve et laisse tomber mes principes dès que ma colère s’embrase, quand ce n’est pas par fainéantise, frayeur et inertie que j’esquive mes responsabilités. Toi de même, sans doute. Gandhi pareillement, seulement moins souvent. Lui s’était imbu du génie de la satyâgraha et s’en est entraîné toute sa vie. Moi, je ne suis qu’une limace humaine exauçant mes penchants de ver de terre.

Quoi que je sois, je peux reconnaître le génie de la satyâgraha et te la recommander. Et toi, tu peux être parmi ceux doués de la passion que je manque et paré à la poursuivre en toute honnêteté. Voilà mon espoir.

La satyâgraha, c’est un peu comme le karaté, la charité ou le courage : cela ne s’accomplit qu’en l’accomplissant. D’en écrire et lire, voici qui est facile et entièrement superficiel. Ce n’est qu’un simple préliminaire : la saveur terne d’une pâtisserie périmée. 

Si nous étions des briscards de la satyâgraha, nous en apprendrions peut-être quelque chose en y lisant ; sinon peu probable. L’apprendre à maintes reprises d’un maître paisible ; l’exercer dans le monde réel ; le tenter et l’échouer ; se faire terrasser, se ramasser et se dépoussiérer (avec nos ennemis) puis tout recommencer : ce sont-là des démarches exténuantes mais obligatoires.

Ces jours-ci, il n’y a pas de maîtres de satyâgraha chez qui s’exercer. Si nous la pratiquons dans le monde réel, nous serons pris pour des lâches ; ceux charitables nous prendront pour des saints de sottise. Nous souffrirons pour notre folie. Ils nous saisiront tout ce que nous chérissons, nous taperont dessus là où ça fait mal et s’en iront ricanant de notre sottise, sans rien avoir appris de la transaction. Il sera facile de s’en aigrir ; on doit s’y attendre et le prendre en compte.

La différence principale entre les politiques actuelles et celles réglées par la Satyâgraha à venir, c’est que celles contemporaines sont en fin de compte sous le contrôle de psychopathes et de sociopathes pour avantager leurs intérêts. Celles avenantes le seront pour le bénéfice commun aux mains d’individus nos semblables menés par leur conscience morale. Ce sera aussi simple que ça.

La leçon principale de Gandhi, c’est ne pas perdre courage à cause du résultat attardé. Bien que moi, sot d’impatience, je fais fantaisie que Dieu d’amour gratifiera nos aspirations prééminentes à vitesse miraculeuse.

Dans l’avenir, le monde paisible se vantera d’avantage de maîtres de satyâgraha que la terre en armes retient de karatékas actuels (et encore plus d’eux). La satyâgraha deviendra la pierre angulaire de la politesse et la grâce sociale. La multitude la reconnaîtra de suite et y coopérera avec enthousiasme ; les refusards seront tenus pour déments. Seulement alors pourra-t-on contempler la satyâgraha en contentement honnête, dans la clairière de nos pensées intimes. D’ici-là, nous devrons rater nos idéaux dans la plupart des cas et souffrir pour nos convictions. 

O bodhisattva ! Encore un effort. C’est dur, mais tu es têtu. Encore un effort.

 Certains conflits s’achèvent par force et ruse, d'autres par accommodement et compromis, d’autres encore par arbitrage et loi. Gandhi n’en fut satisfait d’aucuns. Des résolutions « je gagne, tu perds » et « je perds, tu perds » ne parviennent qu’à perpétuer la rancune, le mensonge et la brutalité. Aucune vraie victoire n’est envisageable avant que les partisans des deux côtés n’aient convenu de plein cœur qu'ils aient triomphé ensemble.

La satyâgraha exige que les deux côtés identifient, échangent, et embrassent les principes primordiaux de l’autre. Nulle vérité d’un seul côté n’est tout à fait erronée ni entièrement correcte avant qu'elle ne reflète et confirme celle de l'autre. Une fois que les deux parties auront exposé leurs interprétations dissemblables de la vérité, des résultats de rechange confirmeront les principes les plus dignes de confiance des deux côtés et en seront confirmés. Or, le conflit devient une opportunité bienvenue d’analyser et d'embrasser les deux côtés de la vérité : ni un prétexte de coercition ni un mal à éviter. 

 

1.    Enumérer les valeurs prééminentes des deux côtés. Chaque côté revendique ses propres vérités : certaines primordiales et d’autres moindres. 

2.    Laisser aux adjoints de chaque côté l’opportunité d’examiner l'importance de leurs revendications et d’en désigner les plus essentielles. 

3.    Dans ton cœur et ton esprit, fusionner les principes les plus valides des deux côtés. Embrasser cette nouvelle fusion et l’adopter avec ton adversaire. 

4.    Réviser ta position alors que la lutte continue. 

 

A propos, on doit considérer le livre de Steven Brams et d'Alan Taylor, La juste division : Du tranchage de gâteaux à la résolution de disputes

Selon leur formule, pour un nombre n de personnes partageant un gâteau, des parties égales résulteront du tranchage de morceaux en quantités 2(n-2) + 1 et leur sélection dans un certain ordre. Le partage de tranches égales de dessert peut sembler insignifiant, mais des applications plus importantes se suggèrent. Aussi, pour vous autres arithméticiens, notez l’accroissement exponentiel dans la complexité des résolutions en rivalité selon le nombre de ceux intéressés.

Les pratiques courantes de résolution de dispute, ainsi que d'autres efforts paisibles, chancellent par épreuve et surtout par erreur (by trial and mostly error.) Nos prises de décision rêches et houleuses sont en fin de compte basées sur la régie de la terreur. Les Apprentis s’attendront à une précision beaucoup plus subtile des sciences paisibles. Tout le monde aura à maîtriser ces nouvelles façons de négocier les différends. 

Je suis assez certain que la langue française est mieux adaptée à cette tâche que n’est celle anglaise « de somme zéro et du gagnant prenant le tout. » Celui qui apprend à écrire en français est inculqué de prendre son temps pour maîtriser tous les rapports entre les éléments de chaque phrase rédigée, afin qu’il puisse décrire ses idées clairement et les expliquer complètement. S’il manque de le faire, il n’attraira ni ne convaincra personne par ses propos, ni lui-même non plus. 

Par ailleurs, celui qui dispute en anglais est enseigné de vite saisir l’ascendant intellectuel, sans ne se soucier ni du ton ni du contenu de son discours. Nous sommes instruits à prendre l’un ou l’autre côté d’un débat quelconque et le disputer aussi convenablement, sans nous tracasser de nos convictions particulières. Ce n’est qu’ensuite que le maître raisonneur en anglais sera permis de défendre ses convictions dans l’assemblée commune — une fois qu’il aura authentifié leur nature amphibie.

 

« A l’âge de vingt ans à Rome, Richelieu raisonna un sermon devant le Pape afin de prouver un certain argument. Le jour après, il fut à nouveau devant le Pape, traitant du même sermon pour prouver l’argument opposé. » Voltaire’s Bastards: The Dictatorship of Reason in the West, (Les bâtards de Voltaire : La dictature de la raison en occident) Vintage Press, A Division of Random House, 1991, p. 53.

 

Des enfants français ont probablement appris la même logique tarie des anciennes tribus de guerre grecques ; tous ceux éduqués sur la Terre en armes le doivent. Mais je n’en ai pas été exposé pendant mon enseignement coupé court en France — sauf incidemment, de la part de mon regretté grand-père adoptif, le maître Auguste Reynaud d’Agay.

J’ai trouvé dans la langue française la tournure pure de mes convictions. J’ai bien pu entamer ce texte en anglais, mais la vérité intégrale ne s’est pas révélée avant d’avoir traduit et réécrit les deux interprétations à maintes et maintes reprises, puis refilé les idées adventices dans chaque tonnelle ; sinon démoli les deux et les rebâti aux échafauds plus contraignants du français. En ce qui me concerne, des erreurs et lacunes de pensée se révèlent plus facilement en français et des éclaircissements obligatoires, encore plus évidemment. Puis la version en anglais sert à resimplifier. Peut-être est-ce simplement ma formation… Gershwin composa Un Américain à Paris pour nous autres hybrides.

Du reste, les Français n’ont pas peur de termes polysyllabiques et d’idées complexes, comme en sont allergiques les lecteurs en anglais, désespéramment attrayés aux sottises cul de sac à la Trump et Brexit.

Serait-ce la raison que la langue française s’était rendue celle de la diplomatie ? La raison que les anciens adversaires les plus farouches de la dominance française envoient maintenant leurs enfants l’apprendre à l’école ? La pensée de somme zéro et de saisi du pouvoir entier, elles sont moins difficiles à exprimer en anglais. Un raisonnement plus pensif : « je gagne, tu gagnes » sonne mieux en français. Je ne sais pas, moi, mais le chinois mandarin pourrait-il se prouver encore supérieur ? Voir mon chapitre, Langage. 

Il se peut que mes habitudes d’interprétation me permettent de trianguler mes idées, ainsi que la vision stéréoscopique rend meilleure mesure d’ampleur et de distance ? Ce qu’on apprend le mieux au jeu de boules : bien observer les chutes d’artillerie ? Dans ce cas, tout le monde devrait apprendre à penser en au moins deux langues. Le fait que je sois dyslexique et ai tout de même appris plus ou moins bien les deux, confirme que presque tout le monde en bénéficierait.

Cette mise en valeur de compétences sociales marquera la terminaison du chaos sanglant à attendre de la mentalité d'armes. Que sa poltronnerie appliquée ne soit plus jamais permise !

 

Ce qui suit est mon résumé des enseignements du coran, Q'ran. J’espère que Mohamed l’aurait approuvé, bien qu'il condamne l’amplification de son texte. Nous passons un moment difficile ; quelques précisions semblent admissibles pour étancher le flot de sang qu’Allah doit abominer autant parmi Ses fidèles que ceux qui devraient Lui être.

 

Karl E. Meyer, dans The Dust of Empire: The Race for Mastery in the Asian Heartland, (La poussière d’empire : La course pour maîtrise du cœur lieu asiatique), Public Affairs, The Century Foundation, New York, 2003, p. 103-4, décrit l’investigation de Mukilika Benerjee (Le Pathan sans armes) au sujet d’un certain Abdul Ghaffar Khan, connu sous le nom de « Gandhi de la frontière. » Lui et ses « chemises rouges » ou Khudai Khidmatgar (serviteurs de dieu) du Pendjab ont combattu côte à côte avec Gandhi et son Parti du congrès pendant les années 1920 pour une Inde libre, unie et séculière. 

Ses partisans, vêtus d’humbles tenues teintes de la poussière de brique, devaient promettre : « Je ne me servirais jamais de brutalité. Je ne riposterais jamais ni ne prendrai de représaille et pardonnerai à ceux qui s’indulgeront à me maltraiter ou m’opprimer. » Proclamant ce genre de Jihad non-violent, il recruta 100.000 partisans qui se sont soumis à l’arrestation et la torture par l’agence du Raj, ramassant une suite d’élections au Pendjab et formant en série des gouvernements provinciaux sous la direction du Premier Ministre Dr Khan Sahib, le frère, éduqué en Angleterre, d’Abdul Ghaffar.

La Ligue musulmane et les Britanniques se sont pareillement alarmés du succès politique de la revendication de Ghaffar Kan pour l’indépendance Pachtoune à base de non-violence. Ce premier parce que l’ouverture d’esprit de ce mouvement musulman répudiait ses exhortations de routine que l’Islam était en danger ; les autres parce qu’il menaçait une des principautés de recrutement militaire pour leur joyau d’Empire.

Dans un sens, les Talibans sont la progéniture idéologique en banqueroute meurtrière du mouvement populaire d’indépendance politique non-violente pour le peuple Pachtoune. Ce mouvement fut systématiquement abrogé et remplacé par la brutalité d’armes qui s’est prouvé stérile, conflictuelle et futile depuis. En dépit du sang versé en son opposition, la guerre sainte non-violente de l’Islam peut attester d’une longue et glorieuse histoire et d’un essor à venir encore plus éclatant. 

Une fois que l’oumma communautaire de l’Islam réintégrera le jihad non-violent pour la plus grande gloire d’Allah, tout ce terrorisme infect tombera en déchéance : l'affaire de bêtes humaines dépourvues de Dieu des deux côtés. La terreur n’a jamais converti un seul non-croyant ni n’a-t-elle jamais rendu aide aux fidèles. La non-violence islamique leur rendra plein pouvoir, infirmes autrement, et convertira des milliards supplémentaires.

 Irhaab haram : le terrorisme est interdit ! Allah ne fait qu’attendre qu’on Lui obéisse. Qu’elles sont énormes, Sa patience et Sa miséricorde !

 

Tout d'abord, l’Islam est une religion de salut particulier et de révolution sociale. Elle n’a pas besoin de prêtres mais seulement de doctes des mots d'Allah, récités par l’ange Gabriel ou Gibril à Mohamed qui les récita aux croyants pour recueil subséquent dans le Qran. 

De nos jours, trop de fanatiques gagnent leur pain en prônant le massacre au nom de Dieu ou d’une autre vérité révélée. De tels prêtres et idéologues militants ressortent de presque toutes les croyances de l’histoire. D’après le peu que j’en comprenne, l’Islam prescrit qu’il serait mieux d’avoir un travail lucratif que de semoncer du meurtre et de la terreur pour sa solde.

Tout le monde est supposé apprendre à lire le Coran en arabe et mémoriser autant bien que possible ses versets splendides. On m’a expliqué que ce texte comprend les meilleures poésies en arabe : de façon miraculeuse, car Mohamed pouvait à peine lire et écrire. Un peu comme moi et mon français de plongeur restau.

Te rends-tu compte à quel point révolutionnaire aurait été cette notion au 7e siècle de l’ère chrétienne ? Tous les rejetons manants devaient se rendre en savants du Coran (en d’autres mots, en Apprentis.) Les chrétiens ne sont parvenus au même palier d’Apprentissage qu’au 19e siècle. Grâce à Dieu, nous incluons les petites filles à présent.

Tu es seul à pouvoir te sauver, y parvenir en suivant cinq règles simples autant que possible (Allah est infiniment miséricordieux) : 

·      Shahada : Une fois durant ta vie, annoncer avec pleine compréhension et conviction absolue : « Il n'y a aucun Dieu sauf Allah et Mohammed est son prophète. »

·      Salat : Prier cinq fois par jour (auparavant, ce ne fut que deux ; ensuite, des douzaines de fois) : à l’aube, à midi, durant l'après-midi, au crépuscule et une fois qu’il fait sombre dehors. Bien te nettoyer d’abord. Les communautés musulmanes se sont arrangées pour faciliter cette tâche pour tous.

·      Zakat : Offrir de l’aumône avec générosité — puis encore plus. Pareillement, les sociétés musulmanes l’ont convertie en impôts officiels pour le mieux ou le pire.

·      Sawm : Maintenir le jeûne les journées du mois de Ramadan (dont la date varie chaque année selon le calendrier lunaire) : ne manger ni boire qu’après le coucher du soleil.

·      Haje : Une fois durant ta vie – pourvu que tu en sois capable : Allah est infiniment miséricordieux – faire pèlerinage à la ville sainte de la Mecque. Ce-durant, témoigner de la famille humaine sous la tutelle d’Allah.

C'est tout. Le reste dépend de la miséricorde infinie d'Allah, bienheureux soit Son Nom. Comme je t'ai dit, l’Islam est une religion révolutionnaire de salut particulier. Ou tu choisis de te soumettre à Dieu ou pas. Le Coran interdit aux musulmans de contraindre ta croyance qui doit être pure et volontaire.

Ce n’est pas surprenant que l’Islam soit une religion d’individualistes indomptables. La région de la Mecque et de Médine à l’époque de Mahomet aurait fait sembler le farouche « Wild West » américain comme un cercle à tricoter, tant les mœurs locales étaient sauvages. Je me demande si c’est la raison que les fanatiques musulmans et américains se haïssent avec tant de ferveur, c’est parce qu'ils sont si semblables d’esprit ?

La propagande des musulmans salafi, des ultras juifs, et des chrétiens fondamentalistes américains aurait pu être écrite par le même psychopathe. 

Les nomades du désert sont parmi les individualistes les plus hardis sur terre. Je le sais, j’en ai rencontrés et les ai admirés. Personne ne peut leur contraindre à ce qu’ils ne veulent pas, et ce sont de nobles hôtes envers l’ami voire l’innocent passant étranger. Après tout, n’importe quel visiteur peut être un ange envoyé par Dieu à l’épreuve de leur honneur …

La plupart des paysans opprimés, le dos rompu de labeur – païens, chrétiens, zoroastriens, hindous, bouddhistes,  à toi choisir – que les conquérants musulmans ont assimilés, ont bientôt saisi les avantages de l'Islam. Celui-ci rend chaque homme musulman l'égal des autres dans les yeux de Dieu. Noblesse, richesse, volonté et capacité de blesser grièvement : quelles valeurs ont-elles ? Moins que rien, selon Dieu.

Quels Euro-américains peuvent-ils conclure qu'ils ont enseigné la même chose aux Indiens américains conquis ? N’importe quel conquérant chrétien ou non croyant pourrait-il le revendiquer ?

D’ailleurs, tout le monde a obtenu cinq bonnes pauses par jour, les rafraîchissant de leurs labeurs éreintants, que leurs maîtres devaient partager à genoux devant Allah, du moins en mosquée les après-midis de vendredi. L’alphabétisation universelle et l’aumône généreuse pour des pauvres. Quels autres avantages révolutionnaires aurais-tu pu exiger de la religion pendant l’ère du shadisme royal ?

Ainsi que le Christ, dans son Sermon du mont, appelle aux chrétiens de se soumettre à l’égalité de chaque être humain ; Allah, par la récitation de Mohammed, appelle aux musulmans de se soumettre à leur égalité devant Dieu. La démocratie directe est obligatoire dans chaque cas, car elle seule peut satisfaire l’égalité sur le plan politique qui suit celle existentielle de la condition humaine. Il ne peut y avoir de conflit entre religionnaires quant à la justification religieuse de la démocratie directe, sauf à l’avis malin de leurs psychopathes respectifs. 

Quant à l’appelle à la brutalité dans le Coran, je dirige sans grand enthousiasme votre attention à http://www.theatlantic.com/features/archive/2015/02/what-isis-really-wants/384980/, un article aussi sombre que désespérant. Je tourne mon dos en dégoût à ce sujet et ses partisans psychopathes.

Quant aux lignes du Qran que j’invoque, les voici pour ta revue :

 

 | SURATE-LIGNE(S) | CONCLUSION
  | 025-063 028-055 008-061-064 043-089 051-025 | Invoquer la paix à ceux qui tentent de te leurrer.
  | 004-114 005-016 006-052 010-025 013-026 | Des non-musulmans peuvent être des bien-aimés d’Allah.
  | 004-90, 94 008-061 041-034   | Être gentil aux non-croyants inoffensifs, pour la plus grande gloire de l’Islam.
  | 002-224, 256 010-099 030-53 050-045 | La soumission musulmane ne doit pas être contrainte.

 

Mes regrets si j’ai manqué quelques Surates clés à ce sujet, que n’importe quel enfant bien élevé en Islam reconnaîtrait. Si tu m’attrapes en ayant raté, je te prie de me les indiquer et je corrigerai humblement.

The Sayings of Muhammad (Les dires de Mohammed,) par Allama Sir-Abdullah al-Mamun al-Suhrawardy, avant-propos par Mahatma Gandhi, Carol Publishing Group Edition, Secaucus, New Jersey, 1999. 

De la bonté (le système numérique ci-dessous est interne à cette édition.)

247. Réjouir le cœur de ceux las, enlever la souffrance de ceux affligés, a propre récompense. Au jour de trouble, le rappel de l’action arrive avec l’impétuosité du torrent et enlève notre fardeau.

248. Celui qui rend aide à son prochain à l’heure de nécessité, et celui qui rend aide aux opprimés, Dieu l’aidera au jour de travail.

249. Quelles actions sont les plus excellentes ? Réjouir le cœur d’un être humain, nourrir ceux qui ont faim, rendre aide aux affligés, alléger la tristesse de ceux accablés, et enlever les maux des blessés.

250. Qui est le plus favori de Dieu ? Celui duquel le plus grand bien advient à Ses créatures.

251. Toutes les créatures de Dieu sont Sa famille ; et le plus favorisé de Dieu rend le plus de bien aux créatures de Dieu. 

252. Celui gentil envers Ses créatures, Dieu lui est gentil ; sois donc gentil envers l’homme sur terre, soit bon ou mauvais ; et être gentil aux méchants, c’est le retenir du mal, ainsi sur terre tu seras traité avec gentillesse.

253. Celui qui n’est pas gentil envers les créatures de Dieu et envers ses propres enfants, Dieu ne lui sera pas gentil.

254. La bonté est la marque de foi ; quiconque manque de bonté manque de foi.

 

Allah Akbar! Dieu est grand ! 



 

- QUELQUES REGLES DE BASE –

 

Tout en remerciant Mark Juergensmeyer qui me permit de les copier depuis son livre, Fighting with Gandhi, Lutter avec Gandhi

 

Moi, je me cramponne à la Satyâgraha, quoique je la comprenne moins bien qu’une mère soudanaise le vaccin pour lequel elle ira jusqu’au bout du monde pour sauver son enfant. Moi et elle, nous retenons cela en commun : nous avons quelque chose de précieux à sauvegarder, présumons que cela réussirait et ne nous soucions guère de le comprendre : soit Satyâgraha ou piqûre. Des toubibs experts peuvent sauver son enfant ; des vérificateurs experts, le monde. Nous autres, les amateurs, ne pouvons qu’espérer. Faites venir à tout prix ! 

 

·      N'évite pas la confrontation. L’évasion ne parvient qu'à prolonger le conflit sous-jacent. Accueille au lieu les contradictions paisibles et leur illumination de ta vérité. 

·      Reste ouvert aux communications et critiques. Les deux côtés n’ont qu’une vue partielle ; celle de l'autre est requise pour assortir la vérité de la contre-vérité. 

·      Trouve une résolution et accroche-toi-s’ y. Une fois qu’une meilleure option se rend évidente, saisis-la et base-en ta stratégie, mais sois autant bien disposé à défier cette option. 

·      Considère ton adversaire comme un allié. Ne fais rien qui puisse l’aliéner ou lui faire du mal. Si tu parviens à son malheur par accident ou mauvaise habitude, demande lui honnêtement pardon aussi vite que possible et offre lui restitution. Souviens-toi que le but commun est de résister ensemble à l’anti-vérité. (Nota : mes tendances à fuir, accuser et tenir rancune contre mes « ennemis » sont parmi mes pires faiblesses. Voir les entrés à suivre, que je rate beaucoup trop fréquemment.) 

·      Rends tes tactiques compatibles avec ton but. Quand possible, sers-toi du but lui-même comme ton arme ; et quand ça ne l’est pas, n'admets que des actions compatibles. 

·      Reste souple et bien disposé à changer de tactique et de but immédiat, à réviser ton idée de l’adversaire et même revoir ton entendement de la vérité. 

·      Sois modéré. Monte tes démarches par degré. L'idée est d’empêcher à tes adversaires de se sentir intimidés. Leur réponse doit être communicative plutôt que défensive. Tu souhaites les attirer dans l’amitié et l’allégeance, non les aliéner comme nous avons été si bien endoctrinés quant à l’Autre redouté. 

·      Garde bon équilibre. Décide quelles questions te sont insignifiantes et quelles méritent de ton temps et ton énergie. Le socle de ce jugement doit être le degré d’abus de la vie et sa qualité. Dresse une campagne dont la force équivaut à celle de l’adversaire et reste appropriée à la question.

·      Sois discipliné, même jusqu'à l’agonie. Surtout quand beaucoup d’activistes montent un effort collectif, assure-toi que votre position s'engage en non-violence cohérente. Ta consistance est l’une de tes forces principales. 

·      Sache quand aboutir. Une campagne à l’impasse, ou celle qui tourne au mal, peut enjoindre la révision de tes tactiques et même la modification de tes buts. Il n'y a pas de victoire en concession à tes préjugés sans accord de principe. En bagarre gandhienne, ne prétends pas à la victoire avant que tes anciens adversaires n’en prétendent de même. 

·      Sois circonspect. Le mouvement de masse doit pratiquer la satyâgraha en dernière échéance, après avoir éprouvé toute autre résistance admissible contre le mensonge et la brutalité. Ceux qualifiés par leur souffrance sont les seuls qui puissent s’en servir à tout opportunité.

 Quand tu auras absorbé ces règles, (et je te prie de les relire plusieurs fois) tu commenceras à saisir l’ahurissante rééducation morale que nous nécessitons. 

Plusieurs fois ? De quoi je pense ? Au moins cinq fois par jour pendant l’année entière sous la surveillance assidue d’un maître paisible. Ce ne serait là que l’énième partie de l’endoctrinement d’armes que nous ayons subi depuis l’enfance, nous dictant d’entreprendre réflexivement l'inverse de tout que ce que tu viens de lire. Bonne chance avec ça !

Comment transformer l’adversaire en meilleur pote ? Comment désamorcer nos réflexes préventifs de méfiance et d'agression? Nos préalables d’Apprentissage sont renversants : ils surpassent de loin l'intellect creux de ce pauvre scribe, ses prêches complaisants, son tempérament biscornu et son envie pâteuse de voir se soumettre ou disparaître quiconque soit en désaccord. Nous avons une longue route ardue à nous taper. 

« Hommes, ici n'a point de mocquerie. » François Villon

 L’excellente bibliographie de Mark Juergensmeyer couvre l’écrit de Gandhi, de ses principaux analystes et biographes. Il interroge l’application de tactiques gandhiennes à l'encontre d’idéologues et de doyens d’armes à sang froid qui dominent l’histoire et les actualités. Il étudie le fatalisme et la patience sainte obligatoires à la pratique de principes gandhiens à l’encontre de fervents du diable comme Hitler et Pol Pot. Ces ogres paraissent immunisés contre des appels au bon sens et à la sagesse à même d’apaiser des Apprentis qui nous accepteraient comme des co-équipiers tout en nous querellant. 

Ne prendrait-ce pas des dizaines (milliers ?) d’années de souffrance atroce pour vérifacter avec succès avec leurs descendants un peu moins forcenés ? Soit que l’annihilation à leurs mains ne survienne entre-temps ? Voici d’où pourrait réapparaître la croyance en la réincarnation et sa perpétuation implicite de la vérité, soit les malheurs encourus entre-temps.

Il pousse la logique gandhienne à ses limites. Doit-on faire exception de la contrainte bénigne ? Obliger des gens de mieux se comporter dans leur propre intérêt ? Ne fut-ce pas l'erreur du grand inquisiteur ? Pourrions-nous réussir tout en nous supposant plus faibles que nos adversaires ? Gandhi pensait que non, au risque peut-être des trappes spirituelles du grand inquisiteur.

On a décrit Gandhi comme un saint hindou, moraliste politique, pratiquant de déontologie religieuse, révolutionnaire mystique, rationaliste paisible, etc. Ces désignations ne lui vont pas du tout. Son cœur dominait sa tête. Gandhi fut l’ultime amant tragique : le héros de dessin animé, se projetant par-dessus le bord de falaise en poursuite de son bien-aimé et écrasé sous sa tombée de roches. Il s’est servi de son corps comme saphir et comme ardoise son Inde ; il écrit des psaumes à son bien-aimé, tel que Salomon son cantique des cantiques. 

Pendant sa dernière minute sur terre, ayant tenu Kali à longueur de bras pour une vie entière et en désespoir devant cette incarnation de sa bien-aimée aux crocs ruisselant du sang d’un million de victimes hindoues et musulmanes, il salua le dernier venu de ses exaltés qui l’abattit au pistolet. Tu peux voir ça sur film : Gandhi salua son assassin comme si ce destin lui avait été évident tout le long.



 

Ode à la vérité et à la non-violence

 

Inspirée par Raghavan Iyer,
 La pensée morale et politique de Mahatma Gandhi 

 De par notre amour, la bagarre ou l’envol deviennent : « Reste auprès de moi et souffre. » 
 De par notre amour, la seule trahison, c’est la faiblesse. 
 De par notre amour, le fardeau fait poids de plume. 
 De par notre amour, le martyre, c’est la béatitude. 
 
 L’attitude de nos amants doit être à perfection. 
 La conscience endormie de nos amants s’éveille. 
 La séparation de nos amants nous tue. 
 L'amour de nos amants est acquis par la souffrance. 
 L'amour de nos amants est soigneux. 
 Le bien-être de nos amants est préférable à tout autre bien. 
 Le bonheur de nos amants est plus important que notre vie. 
 Le capital de nos amants, c’est le caractère moral. 
 L'éclaircissement de nos amants est plus important que notre bonheur. 
 
 Les actions de nos amants peuvent être jugées bonnes ou
 mauvaises.
 Les actions de nos amants sont celles de héros. 
 Les fins de nos amants sont inévitables. 
 Les moyens de nos amants sont déterminants ; leurs fins,
 instinctifs. 
 
 Nos amants accordent à leur adversaire les mêmes droits
 qu'ils réclament. 
 Nos amants aiment la conscience morale. 
 Nos amants aiment la justice. 
 Nos amants aiment la prière. 
 Nos amants aiment le perdant. 
 Nos amants aiment nos vœux. 
 Nos amants attirent davantage d'amants. 
 Nos amants brisent les mauvaises lois. 
 Nos amants cherchent la paix en eux-mêmes. 
 Nos amants connaissent la sincérité pure. 
 Nos amants connaissent le regret et non la honte. 
 Nos amants considèrent gravement les conséquences. 
 Nos amants considèrent que l'individu est sacro-saint.  
 Nos amants consolent pareillement l'oppresseur et
 l’opprimé. 
 Nos amants contraignent l'admiration de leurs ennemis. 
 Nos amants coopèrent avec ceux qui ne souhaitent pas
 coopérer. 
 Nos amants créent la seule Loi. 
 Nos amants demandent ma vie entière. 
 Nos amants demandent purification, pénitence et non
 coopération avec le mal. 
 Nos amants détestent l’indiscipline et le chaosisme. 
 Nos amants distinguent le bon du mauvais. 
 Nos amants doivent être poursuivis, non fuis. 
 Nos amants doivent être séduits. 
 Nos amants émergent de nos adversaires en raison de
 nos souffrances. 
 Nos amants en prison, nous devons aller en prison. 
 Nos amants estiment la vérité absolue par-dessus celle
 relative.
 Nos amants exemplifient la vérité et la non-violence. 
 Nos amants expérimentent avec enjouement. 
 Nos amants expriment leur amour par l’amour. 
 Nos amants expriment leur conviction intime. 
 Nos amants font du jeûne une fête. 
 Nos amants guérissent et curent. 
 Nos amants luttent en endurant leurs blessures. 
 Nos amants méprisent l’indifférence. 
 Nos amants méritent notre sacrifice total. 
 Nos amants n’obtiennent du mal qu’en mal se
 comprenant. 
 Nos amants n’ont pas besoin de nous apporter d’autre
 avantage. 
 Nos amants ne doivent pas être blessés. 
 Nos amants ne doivent pas être contraints. 
 Nos amants ne doivent pas être harcelés. 
 Nos amants ne doivent pas être posément observés
 quand on leur fait du mal. 
 Nos amants ne font aucun mal. 
 Nos amants ne font pas d'exceptions. 
 Nos amants ne nous parviennent pas en frayeur. 
 Nos amants ne nous permettent rien que l’amour. 
 Nos amants ne peuvent céder à l’ennemi. 
 Nos amants ne peuvent contraindre. 
 Nos amants ne peuvent être ni état ni nation. 
 Nos amants ne peuvent être qu’aimés. 
 Nos amants ne peuvent pas mal aller. 
 Nos amants ne peuvent pas mentir. 
 Nos amants ne peuvent porter rancune. 
 Nos amants ne peuvent qu'être respectés ou plaints. 
 Nos amants ne répondent qu’à eux-mêmes. 
 Nos amants ne se soucient guère des règles de la
 majorité. 
 Nos amants ne se vengent jamais. 
 Nos amants ne s'inquiètent pas des conséquences.
 Nos amants ne sont jamais sans notre amour. 
 Nos amants ne sont ni moralistes ni légalistes. 
 Nos amants ne sont pas des créatures d'habitude. 
 Nos amants n'oppriment jamais. 
 Nos amants nous aiment comme Dieu. 
 Nos amants nous aiment comme eux-mêmes. 
 Nos amants nous comblent de pitié. 
 Nos amants nous enseignent tout. 
 Nos amants nous gardent compagnie au trou. 
 Nos amants nous laissent insomniaques, le soir. 
 Nos amants nous offrent l’arme incomparable de la
 vérité. 
 Nos amants nous protègent alors que nous nous faisons
 mal. 
 Nos amants nous protègent de la foule furieuse. 
 Nos amants nous purifient. 
 Nos amants nous rendent bon courage. 
 Nos amants nous rendent de la joie paisible au milieu de
 l’agitation extrême. 
 Nos amants nous rendent faibles. 
 Nos amants nous rendent forts dans l’amour. 
 Nos amants nous rendent fous. 
 Nos amants nous rendent impuissants sans eux. 
 Nos amants nous rendent semblables au néant. 
 Nos amants nous sont proches et étrangers, jeunes et
 âgés, hommes et femmes, amis et ennemis. 
 Nos amants obéissent chaque bonne astuce. 
 Nos amants obéissent en bonne conscience à la règle la
 plus éphémère du geôlier. 
 Nos amants obéissent leurs bien-aimés. 
 Nos amants ont confiance en ceux qui n’en ont pas. 
 Nos amants ont été chaque prophète. 
 Nos amants pratiquent l’effort de soi pour se rendre
 informés de soi. 
 Nos amants prennent des risques terribles. 
 Nos amants prêtent attention à la petite voix intérieure. 
 Nos amants produisent l’honneur. 
 Nos amants que je dois imiter. 
 Nos amants réclament correction. 
 Nos amants rendent insignifiants d'autres intérêts. 
 Nos amants rendent sans valeur le gain particulier. 
 Nos amants réservent les remèdes les plus forts au
 dernier recours. 
 Nos amants s’agrippent à la vérité. 
 Nos amants s’attendent à la discipline culminante.
 Nos amants se dévouent à la camaraderie. 
 Nos amants se fient à la bonté inhérente. 
 Nos amants se libèrent par l'art de l'action. 
 Nos amants se règlent eux-mêmes. 
 Nos amants séduisent ceux dépourvus d’amour. 
 Nos amants seront davantage nombreux. 
 Nos amants sont à en mourir.
 Nos amants sont à mourir de rire. 
 Nos amants sont autonomes. 
 Nos amants sont bénis de Dieu.
 Nos amants sont braves. 
 Nos amants sont calmes et sages. 
 Nos amants sont consumés et consommés. 
 Nos amants sont des créatures entièrement moyennes.
 Nos amants sont des politiciens de sainteté. 
 Nos amants sont des pratiquants de l’indifférence en
 concentration intense. 
 Nos amants sont des rebelles, non pas des souverains. 
 Nos amants sont désintéressés. 
 Nos amants sont Dieu. 
 Nos amants sont glorieux sans histoires. 
 Nos amants sont inoffensifs, innocents. 
 Nos amants sont l’individu et tout le monde. 
 Nos amants sont les autres. 
 Nos amants sont les rares. 
 Nos amants sont ma famille. 
 Nos amants sont ma force. 
 Nos amants sont moraux. 
 Nos amants sont nés disciplinaires respectueux
 instinctifs de la loi. 
 Nos amants sont nobles. 
 Nos amants sont non-violents. 
 Nos amants sont nos adversaires. 
 Nos amants sont nous. 
 Nos amants sont parfaits tout comme ils sont. 
 Nos amants sont parmi les battus et les méprisés. 
 Nos amants sont passionnés, totaux. 
 Nos amants sont révolutionnaires. 
 Nos amants sont tous les miens. 
 Nos amants sont trop parfaits pour exister. 
 Nos amants subissent l’épreuve et observent le principe. 
 Nos amants vainquent la honte avec la perfectibilité. 
 Nos amants vivent dans la foule et la caverne. 
 
 Nos amants, auxquels nous ne devons rendre aucun mal. 
 Nos amants, dépourvus d’amour, doivent être séduits. 
 Nos amants, dépourvus d’amour, doivent se transformer. 
 Nos amants, dépourvus d’amour, ont honte. 
 Nos amants, dépourvus d’amour, sont impuissants. 
 Nos amants, dépourvus d’amour, sont surchargés de lois. 
 Nos amants, en effectuant, ne font aucun mal. 
 Nos amants, en ratant, manquent d’imagination. 
 Nos amants, libres de choisir, choisissent l’altruisme.
 Nos amants, toujours courtois et pensifs.
 
 Notre amour accepte le reproche. 
 Notre amour aime l’escalade plutôt que le sommet
 inaccessible. 
 Notre amour aime le dévouement et la souffrance de soi. 
 Notre amour aime nos adversaires. 
 Notre amour améliore. 
 Notre amour augmente en observant la vérité. 
 Notre amour augmente ou décroît, il ne stagne jamais.
 Notre amour connaît la force de l’âme. 
 Notre amour corrige. 
 Notre amour dispose de tout le temps au monde. 
 Notre amour envoie notre juge, notre geôlier et notre
 assassin. 
 Notre amour est infiniment courageux. 
 Notre amour est meilleur que nous. 
 Notre amour est notre obligation. 
 Notre amour est notre religion. 
 Notre amour est passionnément célibataire. 
 Notre amour est perfectible. 
 Notre amour est plus fort que la haine, notre haine.
 Notre amour est raisonnable. 
 Notre amour est spontané. 
 Notre amour exige que nous nous connaissions. 
 Notre amour fait face aux conséquences. 
 Notre amour ne peut contraindre ni être contraint. 
 Notre amour ne peut être cruel. 
 Notre amour ne peut être nié. 
 Notre amour ne peut ni perdre ni nous perdre. 
 Notre amour ne répond qu’à nous. 
 Notre amour ne tolère aucun mal. 
 Notre amour ne tolère aucune lâcheté. 
 Notre amour n'est ni public ni privé. 
 Notre amour nous déshonore avec nos erreurs. 
 Notre amour nous admet aux trappes fatales de la
 politique. 
 Notre amour nous fait agir et non attarder. 
 Notre amour nous fait craindre nos erreurs et rien
 d’autre. 
 Notre amour nous fait vouloir aider les autres. 
 Notre amour nous fait vouloir souffrir. 
 Notre amour nous rend en héros. 
 Notre amour nous rend humbles. 
 Notre amour obéit toutes les bonnes lois. 
 Notre amour peut se tromper mais ne jamais échouer. 
 Notre amour porte la vérité, met à nu la vérité. 
 Notre amour sollicite le lait maternel de la religion pure. 
 Notre amour subit pareillement l’indifférence, le ridicule, l’abus, la répression, le respect et la vénération.
 
 Notre amour, c’est la petite voix tranquille. 
 Notre amour, c’est la vérité.
 Notre amour, c’est le Saint Esprit : la conscience humaine. 
 Notre amour, en effectuant, ne peut rendre du mal.
 Notre amour, le chant sucré d’oiseau et la tombée de nuit qui serre le cœur.
 Notre amour, le soleil, la lune et les étoiles !
 Notre amour, Linda. 
 Notre amour, ton art et le mien, ensemble.

 out est à cause de nos amants et tout leur est dû. 
 Le chant d’amour à l’univers, c’est le Notre Père récité tout seul.

 Nous sommes de vraies personnes 
 Vivant en Dieu parce que nous aimons,  
 Et non des animaux beuglant solitaires en terrain vague.         

La gestion de la paix tient de la satyâgraha et l'art fin de la vérifaction.

Etudie-les comme si la survie humaine en dépendait.



 


SECTION 3 – QU’EN ATTENDRE
 
 

« Rétablir les bons vieux temps ?

Ceux-là restent à venir. » 

 

The Future of History: Interviews with David Barsamian, by Howard Zinn, Common Courage Press, Monroe, Maine, 1999, p. 20.



 

- LE SERPENT COSMIQUE –

 

The Cosmic Serpent: DNA and the Origins of Knowledge, (Le serpent cosmique : l’ADN et les origines de la connaissance) Tarcher/Putnam, New York, 1998. 

L'auteur, Jeremy Narby, est un enquêteur anthropologue suisse des cultures de chaman dans le bassin amazonien. D’après ma lecture, il s’est occupé depuis de la protection de leur héritage culturel en trouvant des redevances pour leur sauvegarde d’irremplaçables plantes et habitats naturels. 

Il a remarqué que des chirurgiens occidentaux se servent du curare dans leur chirurgie. La plupart savent un peu comment ça marche, mais n’ont aucune idée de sa découverte. Cette drogue peut être réduite à partir d’une soixante-dizaine de plantes tropicales, mais la recette sylvestre libère un parfum aussi exquis que létale. 

Imagine le chef de tribu, son chaman pensif et leurs acolytes enthousiastes (à moins de tout le village) trouvés décédés sans raison apparente autour d’un pot carbonisé. Nul indice de lutte ni de meurtrissure. Effarant ! Au fait, cette recette et ses ingrédients primaires auraient dû être déclarés tabou depuis toujours. 

Un autre ethnobotaniste y fut expédié pour leur requérir : « Comment avez-vous appris la recette du curare ? » Il refusa d'accepter leur réplique qu’ils l’avaient saisie de leurs hallucinations. 

Ils devaient abattre des singes de perches sylvestres pour se nourrir de leur chair, sinon mouraient-ils de faim. Toute la chasse restante avait disparue alors que les singes grouillaient hors de portée dans les arbres. Après s’être défoncés le crâne, les chasseurs ont fait requête auprès du serpent cosmique qui leur expliqua, selon eux, comment préparer le curare et l’administrer par sarbacane. 

« Préparez un feu spécial : petit mais persévérant, à une journée de marche de toute habitation. Mettez-y cette verdure magique à cuire pour 24 heures. Partez immédiatement et ne revenez pas avant une journée entière. Ensuite, voici comment fabriquer un tuyau de dard à souffle. » Instruction en douceur !

 

Les chamans se tapent des hallucinations révélatrices en prenant des drogues de la nature, jeûnant, chantant, battant du tambour et dansant jusqu’à la prostration, puis méditer. Autour du globe, des adeptes autonomes d’une confrérie internationale de chamans ont constaté la même vision.

Deux lignes parallèles et onduleuses comme la chaîne à deux têtes des chromosomes d’une cellule diploïde, ressemblant au caducée ailé du dieu messager Hermès dont les deux serpents noués autour forment un symbole médical, aussi au bâton d’Asclépios, tel que celui dont se servaient des guérisseurs historiques pour enrouler doucement un ver de guinée de 60 cm lors de son éruption nocturne de la victime. Dans d'autres cas, cette vision hallucinatoire était d’un dragon, d’une échelle au ciel, sinon de quelque-chose comparable aux spirales d'ADN — du moins selon les préconçues de notre formation scientifique. 

Me vient à l'esprit le jeu de serpents et d’échelles ainsi que le mythe du serpent emplumé : héraut scientifique des civilisations précolombiennes, appelé Coatzacoalcos ou Quetzalcóatl chez les Aztèques, Q'uq'umatz des Qu’aiche' Maya, Kukulkan des Mayas, et Viracocha des Incas. 

Aussi Yggdrasil, l'arbre du monde de la mythologie scandinave, en d’autres mots, l’épopée des chamans arctiques obscurcie par les platitudes meurtrières de salle d’hydromel viking. Il y a d’autres arbres mondiaux mythiques dont les branches aériennes et racines souterraines poussent en symétrie cosmique. 

De très vieilles pétroglyphes en spirale sont sur chaque continent, comme le sont des dessins de serpents sur paroi rocheuse et éléments architecturaux de monuments.

 

« L’instauration de Founan [au Sud du Cambodge] est attribuée à un brahmane indien du nom de Kaundinya qui, suivant à l’instruction de son rêve, s’appropria l’arc magique d’un temple, embarqua en vaisseau marchand et atteint le Founan au premier siècle de l’EAC. Il y défit la reine locale, Soma, la fille du roi des Nâgas, (cobras) l’épousa et engendra une lignée royale. Cette légende du lien mystique entre le brahmane et le serpent, rendant à la dynastie la double légitimité d’une origine indienne et d’enracinement dans la mythologie populaire indigène selon quoi la croyance en terre, eau et serpents fut de telle importance à être adoptée par certains royaumes en Asie du Sud-est, notamment Champa, Angkor et Kedah pour n’en citer que trois. Le cobra fut reconnu comme le seigneur du monde et enjoint donc la révérence de peuples agricoles. » D.R. SarDesai, Southeast Asia: Past and Present, Westview Press, A Division of HarperCollins Publishers, Inc., Boulder, Colorado, 1997, pages 23-24.

 

Un serpent comparable, aux couleurs de l’arc-en-ciel, est fondamental à la croyance des Bushmen en Australie. Il y a aussi le mythe vaudou selon lequel le serpent à l’arc-en-ciel (Aida Wedo) et celui cosmique (Dambala) ont engendré l’univers et la terre. Des incarnations amazoniennes comprennent l’enlacement d’un python noir et un boa aux couleurs de l'arc-en-ciel.
 
 

Zeus défit Typhon et le claustra sous Mt Etna. Le monstre le plus létal de la mythologie grecque, Typhon fut le dernier fils de Gaia par Tartare. Sa moitié inférieure consistait en géantes écailles de vipère couvertes d'ailes emplumées.

Pour des primates jadis arborisés tels que nos précurseurs préhumains, une chimère à mi-serpent et mi-oiseau rapace serait le monstre de cauchemar le plus élémentaire. 

Venant à peine d’avoir bu toutes les eaux cosmiques, le serpent Vritra s’enroula autour d'une montagne. La déité Indra l’anéantit à coups de foudre et lâcha ainsi la mousson annuelle sur la terre tarie par sa boisson.

En ancienne Egypte, l’uræus (du terme en grecque pour un cobra ou son effigie) fut le couvre-chef des dieux et des rois pour représenter l’ultime pouvoir. L’ouroboros : le serpent avalant sa queue, est un symbole Jungien adopté par de nombreuses cultures pour représenter des fois l’infini, d’autres, la voie lactée. Des équivalents africains incluent Oshunmare et Aidophedo. Les habitants des jungles de l’Amérique du Sud en ont eu d’autres encore. Des mythes folkloriques hindous incluent le serpent Adisesha qui s’appel en vie.

Des symboles mythologiques et sacrés de poissons peuvent être inclus ici, ainsi que Léviathan et celui chrétien du poisson d’abondance (de loin préférable à la croix sanglante.) Voir http://www.reptilianagenda.com/research/r073101d.html pour une liste de serpents mythiques, plus longue mais en anglais.

 

A peu près 663 millions kilomètres d'ADN sont minutieusement noués dans chaque corps humain. Ces rives émettent une luminance cohérente, comme si d’un laser de faible rendement. Les visions de chaman sont éblouissantes, accompagnées de musique complexe qui vibre en outre de l’écoute humaine. Ce bourdonnement corporel de l’ADN peut sembler à nos oreilles en airain comme le rire cosmique, la musique des sphères ou la petite voix intérieure aux vérités réticentes ; sinon le simple flot de sang dans nos oreilles bourrées d’ADN, amplifiée par l’univers présumé en dehors de soi. Le milieu hallucinatoire comprend des proportions stellaires, des résonances accablantes et luminescences kaléidoscopiques ; il offre des promesses cosmiques et des conséquences correspondantes, comparées auxquelles nos vies et morts particulières ne semblent pas grand-chose. 

Lors d’hallucinations propices, un serpent, animal compagnon ou autre esprit sage se révèle, répond aux questions troublantes et offre son conseil … Pourvu que l'investigateur partage son inclinaison vers le bien-être commun. Autrement, si des malfaiteurs abusent de ces dons, la créature ne rejoint plus leurs visions qui se transforment en cauchemars dans l’absence de son assistance. Ce qui mène assez souvent à la disparition accidentelle ou au suicide de ceux abandonnés.

Selon les conclusions éclatantes de Narby, l’ADN : 

 ·      s’engage en conversation continue avec toutes ses incarnations animées ; 
 ·      badine avec le monde inanimé ; 
 ·      orchestre toute l'énergie dans l'univers ; 
 ·      joue un concerto de laser dans chaque corps, notamment lors de rêves ordinaires et de Dreamtime (le temps des rêves des Bushmen australiens) ; aussi
 ·      profère un long sermon à ses porteurs contemplatifs. 

En d'autres mots, le serpent cosmique chante avec tout l’ADN, toute la matière inanimée et toute l’énergie résiduelle dans l'univers. « Ah ! Je ris, de me voir si belle en ce miroir… » 

La prochaine fois que tu te trouves dehors, imagine qu’eux tous : arbres, buissons, herbes, bêtes, insectes et microbes jusqu’à l’horizon puis au-delà sont en conversation (d’autres en parlent d’être en amour) entre eux et toi. Quel flash que j’ai ressenti quand cette idée foudroya ma conception du monde !

« En vérité, je doute qu’il y ait pour l’être pensant de minute plus décisive que celle où, les écailles tombant de ses yeux, il découvre qu’il n’est pas un élément perdu dans les solitudes cosmiques, mais que c’est une universelle volonté de vivre qui converge et s’hominise en lui. » Pierre Teilhard de Chardin, Le phénomène humain, Editions du Seuil, Paris, 1955, page 30. 

 

Au moyen de visions de chaman, l'ADN se décrit mieux. Ces révélations lui permettent (et à nous aussi, ses meilleures élèves pour le moment) de se rendre encore plus avertis, confidents et sélectifs. 

Nos enfantins cultes d'armes partagent des mythes communs d’un jaloux homme-dieu-héro-gamin qui confronte, bannit ou tue le serpent. Par exemple, le châtiment du serpent biblique dans le jardin d'Eden, l’étouffement d'une paire de pythons par le bébé Hercule dans sa huche, et l’éradication de Ladon, le dragon gardien des pommes d’or dans le jardin des Hespérides — ce qui nous mène au thème des dragons, auquel je ne toucherai pas. 

Dans le panthéon hindou, Krishna, l’avatar ou le fils de Vishnou, tue Naraka, le roi des serpents. Le dieu scandinave du tonnerre, Thor, est en conflit perpétuel avec le serpent de mer Jormugand, et ces deux sont prédits s’entretuer à la fin du monde, Ragnarok.

 

« Autant dans le conte de Cadmos que dans l’ancien testament, le serpent joue le rôle de vilain. Rappelez-vous que jusqu'à l'arrivée du texte écrit, le serpent rampant fut un symbole graphique de l'énergie sexuelle et du pouvoir de la femme. Peu après l'acceptation de l’écriture à travers l’ancien monde, des mâles héroïques ont liquidé un serpent afin d'acquérir sa connaissance ou saisir son pouvoir. Mardouk s’est rendu omnipotent en abattant Tiamate dont la forme fut d’un serpent de mer. En Egypte, Ptah défit le serpent répugnant, Apophyses. Au Canaan, El conquit Yama, le redoutable monstre de mer. Plus tard, Baal tua Lotan, un autre serpent de mer. Apollon, le dieu du don sacré de l'alphabet, acquit l’importante fonction de clairvoyance en tuant le terrible serpent Python, gardien de l'oracle de Delphes. Persée exécuta la Méduse [ou Gorgone] une sorcière dont la tête fut couverte de serpents au lieu de cheveux. L'arme la plus puissante de la Méduse fut son image : quiconque la regarda se rendit en pierre. Mais à l'aube du savoir lire, la Méduse trouva le destin réservé à toutes les serpentes. »

 « Des doyens d’étude biblique ont identifié les psaumes 74 et 89 comme deux des passages les plus vieux dans l’ancien testament. Chacun reflète un récit de la création qui date d’avant Genèse, selon laquelle Yahvé gagne son empire universel en tuant Léviathan ou Raab, tous deux serpents de mer. Or, l'univers a dû être créé par une autre entité, peut-être par Léviathan. » Leonard Shlain, The Alphabet Versus the Goddess: The Conflict between Word and Image (L’Alphabet versus la déesse: Le conflit entre l’image et le mot), 1998, Penguin Group, New York, p. 122.

 

Dans la Rune XXVI de l’épopée finlandaise Kalevala, le héros Ahti ordonne au serpent aux mille langues de s’ôter du passage, ce que celui-ci fait sans histoires – alors que celui-là se rend sans invitation à la fête de mariage de Pohyala, la vierge de l’arc-en-ciel.

Pendant le troisième de ses sept labeurs, le héros perse Rostam tue un dragon serpent qui harcelait son cheval de bataille, Rakhsh, alors que Rostam sommeillait. Braves chevaliers bardés, les Perses.

Le Kusanagi no Tsurugi ou l’épée qui coupe l’herbe, fait partie des joyaux impériaux nippons, symbolisant la vaillance (les deux autres vertus : sagesse et mansuétude.) Le dieu des tempêtes, Susanoo, est dit l’avoir taillé d’un serpent à huit têtes. http://wealthydebates.com/10-of-the-worlds-greatest-lost-treasures/

 

Nous avons rejeté cette source d'énergie cosmique. Le Dr Shlain la délimite à une entité femelle siégé dans le lobe droit du cerveau d’êtres humains, hommes et femmes, ce qu’il authentifie dans le restant de son livre fascinant. 

Apprenti conclue que c’est l’ADN pur et simple (un agent omnipotent, de notre point de vue rabougri) : l’originaire matériel et biologique de notre éphémère culture alphanumérique. 

Des mécréants publics font habitude de condamner leurs opposants pour des crimes que ces mécréants et leurs amis ont commis. Dupés par des ecclésiastiques d'armes plutôt identiques, nous avons abandonné notre foi primale en faveur de leurs fantaisies d’un dieu anthropomorphe et égoïste (en leur image.) Ce démenti incessant nous interdit d'apaiser notre psyché et nous rend bizarrement mal disposés à soigner le monde naturel : notre devoir évident.

 
 L’évangile selon St Jean de la Bible, Chapitre 1 : 

 1.    Au début était la parole et la parole était avec Dieu et la parole était Dieu.

2.    Elle était au commencement avec Dieu.

3.    Toutes les choses ont été faites par elle et rien de ce qui eut été fait n'a été fait sans elle.

4.    En elle était la vie et la vie était la lumière des hommes.

5.    La Lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont point reçue.

6.    Il y eut un homme envoyé de Dieu : son nom était Jean.

7.    Il vint pour servir de témoin, pour rendre témoignage à la Lumière afin que tous crussent en Lui.

8.    Il n'était pas la Lumière, mais il parut pour rendre témoignage à la Lumière.

9.    Cette Lumière était la véritable lumière qui éclaire chaque homme venant au monde.

10. Elle était dans le monde et le monde a été fait par elle et le monde ne l'a point connue.

11. Elle est venue chez les siens et les siens ne l'ont point reçue.

12. Mais à tous ceux qui l'ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de leur rendre en enfants de Dieu, lesquels sont nés,

13. Non du sang ni de la volonté de la chair ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu.

14. Et la parole a été rendue en chair et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père.

 

J’ai reçu une copie de la bible en français, La bible Segond, nouvelle édition de Genève, 1979, envoyée gratis par la Société biblique de Genève. Excuse-moi, s’il te plait, si je persiste à traduire de ma manière ce texte central. En effet, le Dr Segond traduit du grec et de l’hébreu la ligne 9 comme tel : « Cette lumière était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. » Je ne parviens qu’à interpréter la version « King James » qui ne se laisse pas traduire ainsi. 

 

Le Qran contient un Soura à ce sujet, (La lumière, An-Nur) dont les similitudes/dissimilitudes avec le texte originel en hébreu est caractéristique. Je te laisse interpréter. Le Qran, 24:35, le texte duquel j’ai d’abord lu en anglais dans A History of the Arab Peoples, (Une histoire des peuples arabes) d'Albert Hourani, Warner Books édition, Hachette Book Group USA, New York, 1991, p. 173. Je te prie d’excuser mon rapiéçage de traductions en anglais et en français. 

 Dieu est la lumière des cieux et de la terre : 
 La parabole de Sa lumière,
 C’est comme une niche avec une lampe 
 La lampe est dans un cristal 
 Et ce cristal, tel un astre étincelant 
 Illuminé d’un Arbre Béni 
 Son olive ni de l'Est ni de l'Ouest 
 Dont l’huile brille presque d’elle-même, 
 Même si aucune flamme ne la touche ; 
 Lumière sur Lumière ― 
 Dieu guide vers Sa lumière quiconque qu’Il veut,
 Dieu donne des paraboles aux êtres humains,
 Dieu sait tout.

 

Je propose que des jardiniers préhistoriques ont obtenu des conseils védiques d’hallucinations de chaman. Armés de temps, de curiosité et de patience sans limite, ils (et elles) se seraient servis d’aptitudes élémentaires en anatomie et en chimie botanique comparatives, ainsi que des technologies aussi simples que la céramique et le centrifuge à roue de poterie. Ce faisant, ils auraient fouillé l'architecture génétique à profondeur que n’osent imaginer nos ingénieurs génétiques. Tout ce qui leur fallut : une formule botanique pour dépouiller le revêtement cellulaire et exposer l’ADN interne … puis tout plein de temps, de patience et de bon conseil.

 

Ceux qui veulent sérieusement se servir de fortes drogues psychoactives ne doivent pas avoir bu d’alcool récemment. Il serait mieux pour eux d’appartenir à une confrérie prohibant la consommation d’alcool. L’optimum serait le moins d’alcool en contrepartie de la plus forte psycho-activité. 

Autrement, la combinaison de boisson forte et de puissant hallucinogène semble induire une sorte de psychose sociale brutale, comme démontrée par les cultes de sang précolombiens, le sacrifice humain des scythes et les Indiens Jivaro entre le Pérou et l’Equateur, renommés pour leurs raids exterminateurs et fabrique de têtes rapetissées ; sans parler de centaines de villes abandonnées en Amérique Centrale et du Sud.  L’extermination de masse, le cannibalisme et même le suicide collectif semblent en résulter. Bonne chance avec ça. 

Aux USA, le refus d’une grande parti de l’électorat de reconnaître et remédier des menaces évidentes, en faveur de vaines fantaisies de puissance et de pouvoir, peut être attribué aux doses massives d’alcool et de fortes drogues psychoactives qui leur sont prescrites.

De tels abus, surtout de la part de chamans et de chefs, servent au Serpent cosmique comme signal d’alarme et appel à l’extermination cumulative pour rétablir meilleur équilibre écologique entre l’humanité et la nature, mis en péril par manque abêtie de planification familiale. Presque chaque tyran génocide s’est servi de fortes boissons et drogues, lui et ses hommes de main, comme le feront les décisionnaires de génocide à venir. L’extermination de masse, le cannibalisme et même le suicide collectif semblent être les conséquences de fortes boissons mixtes aux drogues puissantes.

Merci bien, passons.

 

Pour restaurer le monde paisible, nous devrons résoudre de nombreux problèmes techniques accablants : pollution, délabrement infrastructurelle, bionanotechnologies développée en erreur, abus d'armes et autres interactions complexes ; y parvenir sans crainte ni préjugé en explorant méthodiquement cet univers de chaman. 

Le plus sinistre des attributs technologies actuels, c’est la foison de leurs conséquences inattendues. Nous devons trouver des méthodes « miraculeuses » de les prévoir et neutraliser. Ces méthodes doivent être naturelles, ordinaires et pratiques. En honneur du canon scientifique, chaque chercheur honnête devra pouvoir dupliquer les mêmes résultats en se servant des mêmes méthodes. Ces nouvelles technologies doivent se prouver, sinon sans danger, beaucoup moins hasardeux que les démarches « scientifiques » menées de nos jours sans tenir compte de conséquences inattendues. Ils seront assujettis aux ordinaires rigueurs et trousses d’outils scientifiques, ainsi qu’à une largesse d’esprit de loin supérieure à nos patchworks actuels.

Comparé à l’infantile culture humaine, l'ADN est de sagesse sempiternelle. Contrairement à la fragilité de la civilisation humaine, il a déjà attrapé les coups les plus durs que cet univers put lui infliger, tout en y jouissant ou poussant autour. Des entretiens avec l'esprit fondamental de l'ADN seraient salutaires aux deux parties. Compte tenu de soins raisonnables, les deux cotés pourraient prévenir au moins quelques suites inattendues plutôt moches qui nous chargeront bientôt. Pour éviter de tels périls fantasques, faudrait procéder ainsi.



 

- LES EXTRATERRESTRES & LES HOMMES DE CAVERNE

 

Afin de te renseigner à ce sujet,  consulter les présentations sur YouTube du Dr Steven M. Greer, de Sirius Disclosure, dans son film Unknowledged. Attention: ce sont des présentations très longues (plusieurs heures), en anglais et touffues de données. Prépare-toi pour cela. Elles me semblent authentiques et conformes aux indications accumulées à ce sujet — trop volumineuses et confuses pour être ignorées.
 
 https://www.youtube.com/watch?v=-heKCgFjlBA
 https://www.youtube.com/watch?v=VL0Rpy0Dhhs
 https://www.youtube.com/watch?v=31MCdfj8tNY
 
 A cette conjoncture, les spéculations d'Apprenti se ramifient en tous sens.
 L'espace interstellaire offre une écologie de la sorte savane mais à plus grande échelle, offrant de l’abondance à ceux qui méritent leur place par leur diligence et mobilité. Une fois que nous aurons évolué au-delà de notre phase végétative, statique et planétaire, elle promet de l’énergie stellaire et de l’hydrogène sans limite : plus qu’assez pour une civilisation végétale comme la nôtre, qui se nourrit à grande perte d’une partie infime de l’énergie stellaire disponible.
 La technologie actuelle nous case comme des microbes du genre « moisissure de feuilles mortes » : des éboueurs globaux, si tu veux. En fait, nous jonglons des plantes, des animaux, de la lumière solaire et divers résidus pour produire des villes, des armées, de l’éclairage et de la chaleur en gaspillage, du bioxyde de carbone, du méthane, de la rouille et des membranes dures de béton et d’asphalte. Ainsi brassons-nous une marmite sorcière d’ordures toxiques, de déchets solides et liquides, et de mégatonnes de chair humaine.
 
 « Le schéma d’accroissement de la population humaine au 20e siècle fut plutôt bactérien que primat. En surpassant la marque des six milliards, Homo sapiens a déjà dépassé par cent fois la biomasse de chaque grande bête sur terre. Ni nous ni le restant de la vie ne peut se taper un autre centenaire comparable. » Edward O. Wilson, The Future of Life (Le future de la vie), Alfred A. Knopf, New York, 2002, page 29.
 
 L’humanité pourrait se remettre de tels primitivismes mondains et, au cas où, aboutir dans l'espace vitale d'autres civilisations herbivores. Espérons que tous deux se seront diplômés de leur phase atavisée d’armes « hystérie héroïque. »
 Remarque que des civilisations carnassières peuvent bien exister : véloces, furtives et fatales par dessein. « Elles nous entretiendraient » suggère Paul Lackman, « comme les colons européens envers le restant du monde. » Je tenais à une intervention encore plus fatale : un peu comme entre un gros poisson et un petit, voire un ver dévorant passage à travers le sol. L’engloutissement de toute vie démontrant la moindre faiblesse leur serait tentante, jusqu'à la roche planétaire.
 A ce jour, une bulle de signaux électromagnétiques bat à partir de la terre de plus en plus forte. Alors qu’on en parle, son rayon file plus de cent années-lumière : trente fois l’écart d’étoiles proches. Elle s'étend à la vitesse lumière : la signature radio d'un second astre inexistant. Aussi comprend-t-elle 2.056 pulsations électromagnétiques d'épreuves de nuque aux mains d’idiots savants, (http://www.mayomo.com/103218-time-lapse-map-of-all-nuclear-explosions-since-1945) ainsi que le crépitement distinctif d’accélérateurs de particule.
 Soit que des créatures voraces puissent tamiser notre signal du bruit du soleil, celles-ci en seront capables. Nos signaux ultra primitifs les attireraient, tels que les gémissements d’un veau caché par sa mère les trahiraient tous deux aux hyènes voraces.
 Leur engloutissement de la biosphère pourrait devenir léthargique pourvu qu’on leur engage en bagarre adéquate d’emblée. La parade de cette sorte de prédation pourrait être la seule justification pour notre férocité innée. Ainsi de même, des béliers se tapent le crâne en confrontation de rut, afin que leurs rejetons détournent mieux un carnassier de montagne.
 L'étude de la gestion d’armes qu’entreprit Robert O'Connell, Des armes et des hommes, conclut que la plupart des batailles furent des duels rituels, des luttes entre armées équivalentes. Elles ont ressemblé aux duels d’accouplement entre des pairs d’ongulés ou d’autres bêtes. Comme ces mâles en rut, chaque armée risqua la destruction d'un nombre tolérable de ses soldats (ses cellules) rien que pour se retirer et périr insatisfait si l’affaire se gâte.
 Il a nommé ce phénomène « la guerre dans l’espèce » réparti parmi des « guerres entre espèces. » Dans la deuxième forme, la force d’agresseurs mieux armée déshumanise et extermine ses victimes au point ou la parité d’armes, le génocide et l’usure des pertes n’entament l'épuisement martial.
 Ces deux défis pourront nous confronter, sinon luttant entre nous, parmi des extraterrestres.
 
 Dans sa compilation, Une histoire de la guerre, John Keegan présente deux formes de guerre : celle vraie et celle réelle.
 La vraie guerre, c’est l'idéal Clausewitzien, bourré de justifications d’armes : l'école chinoise de la loi, Realpolitik et Machtpolitik (les politiques de « réalisme » et de force.) Elle rend honneur aux préparatifs élaborés du combat : au dévouement, au professionnalisme, aux nobles liaisons et panoplies de paon de soldat professionnel, et à l’élitisme qui leur rend supériorité aux non-combattants, etc.
 La guerre réelle, c’est l'art de la brute et du tyran. Destruction maximale sans autre but, elle déchaîne le massacre, le vandalisme, le viol, la terreur et l’avilissement de conscience morale. C’est l’infamie qui nous sert à décrire notre câblage neural reptilien et nos réflexes paléomammaliens de frayeur humaine, d’autoriphilie (amour pour l'autorité) et d’agression.
 Les mentors d’armes se prennent des grandes peines pour travestir la guerre réelle en celle vraie.
 John Keegan caractérise comme typique du combat occidental, le scrum au fer de lance « inventé » par des fermiers grecs urbanisés, de face à face au pique et à la mort. Il le différencie de luttes de cavalerie à l’arc aux anciennes steppes d’Asie et puis celui industriel. Selon lui, ce sont des exemples de guerre « au chichi. » Il favorise la symétrie de haies de soldats à pied hérissées d’acier se moissonnant la chair et celle des régiments du siècle des lumières jouant au « peloton d'exécution » les uns contre les autres en carrés d’échiquier bien nets et serrés.
 Cette partialité peut être une question de goût ou d’atavisme. Est-ce que les premières batailles (hormis l’assassinat de l’intime et du père freudien ?) furent l’affrontement de petites bandes de chasseurs glaneurs charognards à la saison des récoltes, se disputant des précieux terrains de cueillette ou trous d’eau et de pêche ? Ont-ils manié la première génération d'armes récemment converties d’outils de chasse, de cueillette et de la pêche ?
 Se pourrait-il que les tactiques primitives de la guerre organisée – ainsi que l’attisement du feu et d’autres gérances cognitives – aient d’abord été expérimentées comme jeux d’enfant, peut-être inspirés par les mimes démentes d’un chaman ? Les jeux les plus prometteurs furent reprises avec un peu plus de méthodisme par des mères et sœurs aînées, adoptées ensuite par des jeunes males, et instituées quand ceux-ci ont remplacé les vieux qui n’ont rien voulu savoir dès le début ; cela du moins selon l’ouvrage Le centième singe de Ken Keyes, Jr., en anglais à http://www.spiritual-endeavors.org/free/100monk-pre.htm.
 Ce chemin bien usé de l’adaptation primate a été l’autoroute coutumier des Apprentis. Je conçois que le monde paisible évoluerait pareillement, une fois que ceux qui n’ont jamais souhaité en savoir plus auront passé devant la mort. Espérons qu’ils disparaîtront tranquilles, sans incendier ce qui reste de la planète.
 A noter, l’ultime souhait d’Hitler : que tout le tremblement périsse avec l’avortement de son plan-maître : l’aspiration habituelle du psychopathe en faillite. Sans doute souhaiteront-ils que la planète entière se cautérise s’ils ne parviennent pas à s’en emparer entièrement (lire la violer, nous avec.) Ainsi, les « sceptiques » du climat.
 
 L’ambition nationaliste : que leurs guerriers s’affrontent au corps à corps ; ceci en dépit du dégoût de cette option, si raisonnable du point de vue de la recrue. A chaque opportunité, la mentalité d’armes s’est proposé « l’esprit de la baïonnette » sans trop se soucier de l’entassement de victimes des deux côtés. Le bilan le plus probable de deux groupes s’affrontant avec de longs bâtons pointus ou d’autres armes semblables, c’est un tapis d’agonisants jamais assez vite évanouis, et des chefs déments de sang, des deux côtés, réclamant des troupes fraîches pour exploiter le va-et-vient du carnage mutuel.
 Shaka Zoulou punit chaque guerrier qui perdit sa lance au combat ; il interdit à ses soldats de les lancer : la méthode coutumière (comme pour la légion). Ils étaient supposés s’en servir pour piquer et tailler en combat proche. Ses recrues ne purent pas se marier avant d’avoir tué un ennemi au combat : une autre sublimation de la libido sexuelle en violence militaire.
 Les Zoulous ont enduré une hausse fulgurante de population et l’épuisement correspondant de ressources naturelles – un peu comme nous aujourd’hui – avec les autres tribus en Afrique méridionale avant la mfécane « l’écrasement. » Pendant ce génocide de leurs voisins Bantous pratiqué par les Zoulous et aggravé à son tour par la débandade en dehors du voisinage, des vallées furent moquettées d’ossements humains. Cette dévastation eut lieu juste après l'afflux des premières vagues tribales d'immigrés européens, ce qui recomposa le problème militaire en Afrique.
 En choisissant entre ces formes de lutte, on pourrait favoriser le vacher à cheval de soldats à pied sans défenses, en troupeaux fixes ou fuyards donc mieux rangés pour la boucherie. Lors d’innombrables batailles mobiles d'annihilation : Carrhae, Adrianople, Angora, Liegnitz, Mohács, Little Big Horn, Koursk et le Golan du Sud, ces aspects de la formule de menace ont été perfectionnés. A la différence de l'idéal pédestre de Keegan, le combat moderne accentue la mobilité, l’attaque à projectile de longue portée et l’éloignement de la cible tant bien concret que psychologique. De ce point de vue, l'infanterie existe pour occuper le terrain et l’interdire à l’ennemie, abuser des civils locaux et détremper des salves dévastateurs de puissance de feu mobile. Inclus ici et peut-être les meilleurs exemples actuels : des drones létaux planant par-dessus des planteurs errants de bombe artisanale au bord de route.
 En fin de compte, de tels astuces sont secondaires à l’intension paisible d’Apprenti. Du terrain de jeu au champ de mars et du jardin d'enfants au kindermord (meurtre des bébés) nos institutions nous subtilisent dans le broyeur à viande.
 
 Bien que l’on ait ouïe des tas de choses dire sur le guerrier Shaka Zoulou, un autre chef africain demande notre attention. Les mentors d'armes l'ont ignoré tout en comblant la conscience collective de livres, de films et de programmes à la télé traitant de l’initial psychopathe guerrier.
 Moshoèshoè (Moshesh, Mosheshwe ou Mshweshwe) fut né prince des Basotho en 1786. Comme jeune homme, il fut vexé et impatient. En conséquence de quoi, son père le plaça sous la tutelle du célèbre chef Mohlomi. Il lui inculqua la maîtrise de soi, la retenue, la patience et le savoir gouverner. Moshoèshoè apprit la valeur de la dure besogne, que les faibles méritent justice et les pauvres, compassion. Ces leçons lui ont bien servi dans des circonstances les plus extrêmes auxquels dût faire face un monarque accompli.
 Après qu’une grande sécheresse provoqua la mfécane ou lifaquane (telle que la nôtre bientôt à cause du réchauffement global ) Moshoèshoè se retira avec ses gens dans la forteresse escarpée de Buta-Buthè. Quand la tribu des Tlokoas envahit son territoire en force écrasante, il se retira avec quelques survivants à Thaba Bosiu ou Bosigo, (la Montagne de la Nuit) duquel il ne fut plus jamais délogé.
 Ses guerriers ont capturé deux Tlokoas cannibales qui avaient abattu et mangé son grand-père quand celui-ci traîna pendant la retraite. Moshoèshoè leur accorda pardon et des terres pour qu’ils renoncent au cannibalisme. Il dit qu'il devait révérer le lieu de repos de son aïeul.
 Grâce à une série géniale de coups militaires et diplomatiques, il défit une succession d'agresseurs contre son pays. Il rejeta les forces ascendantes des Tlokoas, des Ngunis, et des Zoulous Ndebeles, (après la défaite de leurs troupes, il leur envoya du bétail et des vivres, leur souhaitant la paix ; plus jamais ne l'ont-ils attaqué) des Voortrekkers et des Britanniques militaires de carrière. Chaque armée trop forte pour être battue, il négocia sa déviation contre un autre groupe. Il fut meilleur général que ses ennemis et meilleur négociateur que ses voisins. Toutes ses guerres furent défensives. Tout ce qu'il tenait, il n’en relâcha plus prise sans combat dur. Toujours cherchait-il la paix.
 Il accueillit des réfugiés depuis les quatre coins de l’Afrique méridionale et multiplia par une vingtaine de fois ses quelques milliers de survivants. Il forgea la nation des Basotho et la retint ensemble contre toute adversité, en dépit de ses partisans traumatisés et leur provenance disparate. Son pays eut pu être le seul endroit en Afrique méridional où quiconque sans foyer et ses dépendants purent trouver bienvenu, abris et justice. En échange, ils lui offrirent fidélité et bravoure désespérées. Aucun canton natif aux alentours n’a pu aussi bien tenir le coup d’épreuves contemporaines.
 En 1838, quelques prêtres errants lui sont provenus de la société évangélique des missionnaires de Paris. Il leur souhaita la bienvenue, leur encouragea de créer un alphabet pour sa langue et d’installer des écoles pour les enfants de ses gens. Il les envoya en pourparlers avec la Reine Victoria. Bien qu'il pût réciter des passages de la bible, il n’est jamais devenu chrétien pratiquant.
 Après sa défaite en 1868 aux mains des Voortrekkers, il mit sa nation intacte sous la protection des Britanniques qui lui ont arraché ses meilleures terres (comme selon leur habitude.) Par la suite, le restant démembré est devenu le Lesotho contemporain. Moshoèshoè disparut en 1870.
 
 Il y a des guerriers admirables et les autres. Apprenti ne conseille pas de les dédaigner, seulement changer l’avis de ceux qui se leurrent que moins que la paix permanente puisse résulter en victoire. La victoire veut dire la paix en permanence ; toute conséquence moindre est aussi nulle que l’épave d’un déraillement : insulte à la mémoire sacrée des disparus en résultant. S'il n'y a pas de paix permanente, il n'y a pas eu de victoire. Sans victoire, aucun honneur. Absent l’honneur, il n’y aurait jamais dû avoir de combat sauf en cas d’autodéfense in extremis.
 Moshoèshoè parvint à cette compréhension précise, ainsi que nous le devons tous. Puis, tant qu’il lui fut possible, il accepta l’Autre, l’étranger inconnu, et lui souhaita la bienvenue.
 A nous de l’imiter.

 

 

Dans un passé distant, des garnisons d’extraterrestres ont pu mettre en faction plusieurs plates-formes orbitales, ainsi qu’une planète hypothétique gravitant au-delà (autour ?) de Mars, peut-être soufflée en éclats depuis, avec d’autres.

Nos astronomes ont trouvé que des milliards d'années de météorisme graduel créèrent les cratériformes aléatoires sur les planètes que nous surveillons au télescope aujourd’hui. En revanche, des flottilles extrasolaires ont pu manœuvrer un assemblage d'astéroïdes et de comètes, autant comme boucliers que comme projectiles, et pelleter des planètes avec. Si ce bombardement eut duré quelques mois intercalés de millions d'années de calme cosmique, la force cumulative de ces impacts aurait pu fracasser ou déplacer des planètes, faire le plein ou écoper des bassins maritimes, dépouiller ou densifier la couche atmosphérique, déloger des continents et forer les cratères planétaires qui nous paraissent aujourd'hui.

Des géologues ont récemment conclu que des couches géologiques sur Terre qu’ils présumaient représenter des millénaires d'activité volcanique, ne furent déposées que lors de brefs cataclysmes et leurs suites d'érosion.

La planète Vénus est démunie de traits tectoniques et cratérisée par hasard absolu ; elle paraît avoir subi la faillite de sa croûte planétaire si complète qu’elle s’est liquéfiée et renversée. La planète mars comporte un énorme cratère sur son hémisphère méridional, comme si un bolide de taille lunaire l’avait frappée là, et une déformation réciproque de l’autre côté, le soulevant par-dessus l’altitude moyenne d’une telle sphère dans la ligne de frappe et l’enfonçant tout autour. Selon le consensus d’astrophysiciens, le basin du Pacifique fut creusé et la Lune formée par l’éjection d’une masse supra-lunaire pendant une collision analogue entre la Terre et une autre planète de taille martienne. Des conclusions inédites peuvent émerger, autant du point de vue de l’extinction d’espèces multiples que de la morphologie planétaire.

Une grêle de fragments astraux a pu simultanément éteindre les civilisations de l’ancienne époque de bronze d’Akkad, de l’ancien royaume d’Egypte, de celles en Grèce, Israël, Inde, Afghanistan et Hong-chan chinois. Celle subséquente semble avoir annihilé les premières civilisations de l'époque de fer : les Mycéniens, les Hittites, le nouveau royaume égyptien, aussi l’âge tardif de bronze en Israël et la dynastie chinoise des Shang. La seconde hécatombe eut lieu mille ans après la première. Encore une fois, elle brisa à peu près simultanément toutes ses victimes urbaines. Sinon discute-t-on de supers El Niños ? La « Society for Interdisciplinary Studies » à http://www.knowledge.co.uk/sis/ est une bonne source de matériel à ce sujet.

Il est intéressant d'imaginer les effets synergiques d'un astéroïde ou d’une comète de petitesse relative (donc de plus haute fréquence si d’origine naturelle et de moindre effort si déployé comme arme artificielle) s'écrasant sur une faille ou un point faible de volcanisme terrestre. Les formations titanesques de lahars en Inde et en Sibérie ont pu résulter de telles frappes, ainsi que la séparation explosive de l’île de Java de la Sumatra.

D’autres collisions cosmiques ont pu marquer des « tilts » destructeurs sur le flipper terrestre. Le psychiatre Emmanuel Velikovski (Les mondes en collision) a spéculé au sujet d’une massive passe céleste il y a environ 3.500 ans. La convulsion planétaire qu’elle ombragea put inclure l'exode biblique. La communauté scientifique a renvoyé ses constatations, ainsi qu’en sont parvenus des réactionnaires positivistes, « Je suis positif que vous ayez tort » à renvoyer les premières spéculations sur le tectonisme des plaques continentales ; avec, d'ailleurs, beaucoup d’autres conjectures scientifiques dont la correctitude a été confirmée depuis, en dépit de désaveux élaborés et volumineux.

Un de ces jours, je rédigerai peut-être un chapitre sur le sabotage officiel de la vérité scientifique en faveur d’un moelleux statu quo intellectuel déjà confirmé fautif. Du moins les instances que je recouvrerai. Chapitre ? Archives, plutôt. Va consulter les décrépits décrits en haut, qui refusent d’accepter quoi que ce soit d’inédit et l’interdisent aux autres aussi longtemps que possible. Des psychopathes intellectuels qui préfèrent gâcher la connaissance de leurs victimes au lieu de leur arracher la vie et le bonheur.

 

Depuis lors, des spéculations ont tourbillonné autour de l’idée que l’exode biblique et l’explosion volcanique de Théra ou de Santorin ont pu coïncider en 1628, 1400 ou 1200 de l’AEC (avant l’ère communale : la date exacte dépend des sources — celle préférée semble varier avec la longueur des jupes.) Les dix fléaux de l’Egypte et la séparation de la « Mer Rouge » furent liés aux effets de cette explosion colossale. Léon Pomerance semble avoir introduit cette idée.

J’ai des difficultés à m’expliquer pourquoi le récit de tels fléaux n’a pas dépeint au cinémascope un raz-de-marée de la Méditerranée surgissant dans la vallée du Nil. Une telle lame aurait noyé des millions d’Egyptiens – et peut-être les Hébreux aussi – sans échappée.

Simcha Jacobovici est le réalisateur d’un film documentaire génial : The Exodus Decoded (l’Exode déchiffré) dans lequel il lie les Hyksos et les Juifs en un seul peuple historique, et explique les dix fléaux de l’Egypte et la noyade de l’armée égyptienne lors de l’Exode comme les suites de l’éruption de Santorin. Voir http://www.amazon.com/Exodus-Decoded-History-Channel/dp/B000HOJR8A.

Les Crétois, en échange des Juifs ?

Cela remettrait en cause le conte angoissant d’Arthur C. Clarke, « L’Etoile » : sa nouvelle de science-fiction sur la rentrée d’une mission exploratoire depuis l’étoile de Bethlehem. L’équipe scientifique y découvrit que sa nova avait carbonisé une civilisation entière, orbitant autour, qui périt pour que l’on puisse discerner depuis la Terre le flamboiement de l’étoile de Bethléem lors de la naissance de Jésus.

Mon beau-frère, Billy Graham, (un excellent musicien et réalisateur de vidéos, non le feu prédicateur du même nom) décrit ce phénomène comme une comète qui parut deux fois, avant et après son orbite autour du soleil, et indiqua aux mages leur chemin vers la crèche de Bethlehem. Il en commémorera une pièce en argent. http://www.swdsilverornaments.com/commemoratives.htm. Cette interprétation est concevable selon Matthieu 2 dans la bible. En effet, l’étoile semble avoir guidé les mages deux fois, changeant de direction avant et après leur convocation par Hérode.

 

Et puis il y eut la peste de Justinien en 542. Une massive mortalité gâta la dernière opportunité qu’eut l'empire byzantin de se rénover. Une éruption volcanique (ou la frappe d’une météore sur un point faible tectonique ?) décousit l'île de Java de la Sumatra. Un constat local et laconique narre des pertes effarantes. Cette explosion titanesque semble avoir provoqué un hiver nucléaire qui pénétra jusqu’à la source du Nil tropique, provoquant l’une des premières pandémies non bibliques notée dans l’histoire occidentale.

La peste d’Athènes me revient à la mémoire, ainsi que celles notées dans la Bible. D’autres épidémies locales et régionales ont dû foisonner jadis dans de nombreux patelins bondés de gens et emmaillotées en réseaux commerciaux : tant de plats de pétrie et d’abaisse-langue usités éparpillés sur la surface planétaire.

Aux alentours du Lac Victoria, des puces sont devenues des vecteurs de peste car des gels anormaux ont mobilisé leurs bactéries entériques, inoffensives d'ordinaire dans la moiteur chaude des tropiques. Des cargaisons de luxe d’ivoire ont transmis ce fléau jusqu’à Constantinople. A partir de là, par voie de commerce et de transport militaire, elle s’est répandue dans le reste du monde romain. Cette peste favorisa des barbares épargnés car périphériques, par-dessus ses victimes urbaines — aussi les Arabes musulmans face aux Byzantins chrétiens et leurs adversaires perses zoroastriens qui s’entre-infectèrent lors de conflits antérieurs. David Keys présente cette thèse fascinante dans Catastrophe : Une enquête sur les origines du monde moderne (en anglais), Ballantine Publishing Group, 2000.
 
 

Une autre énigme. Si le monde jurassique fut uniformément tropical, (ses océans quelques degrés plus chaleureux que les nôtres) qu'est-ce qui aurait empêché aux ouragans monstrueux d’essoucher ses littoraux jusqu'à la roche de base ? Ces tempêtes expliqueraient-elles les restes d'écosystèmes paléolithiques trouvées enterrés vifs sous des tonnes de sédiment, semblant projetées là par la tempête ?

Nous allons peut-être devoir faire face à des cyclones de grand chaos, maintenant que nous avons taquiné en éveil la bête du réchauffement planétaire. La fertilité humaine, comprenant ses complexités et subtilités incalculables, s'écrasera peut-être en réplique aux variables environnementales de grand chaos. J’aurai préféré que les Apprentis aient choisi de réduire leurs nombres paisiblement et en bon ordre avec leur consentement bien avisé. Mais mon espoir est constamment déçu que la stupidité institutionnelle lâchera sa prise d’étranglement sur la condition humaine.

Par exemple, je constate la sottise collective rehausser sa tête pointue et proposer – de façon bien financée et donc de plus en plus criarde – des projets de soi-disant géo-ingénierie avec pour but de masquer la chaleur induite par nos délits industriels, mortelle pour la civilisation, sans jamais la modérer, bien au contraire. « Transformons avec allégresse l’atmosphère terrestre en celle vénusienne, puis voyons ce que ça donne ! » Je me demande si une telle sottise, si tendrement choyée maintenant sur notre planète, Se soit terminé semblablement sur Vénus : toutes ses œuvres titanesques réduites en scories pour profit rapide ?

 

L'espace extraterrestre pourrait autant bien loger des civilisations omnivores, parées à nous étudier, chasser, domestiquer et asservir ; en bref, nous infliger les mêmes indignités que nous réservons à nos proies moins bien organisées. L'allégorie biblique du berger et de son troupeau me rend trouble : en fin de compte, l’un fait tondre et charcuter l’autre.

Il se pourrait d’ailleurs que des omnivores extraterrestres ressemblent aux intermédiaires d'une fédération comme celle dans l'émission télévisée « Star Trek » : des bureaucrates interstellaires aux intentions mal éclairées par l’idéale antinomique de non-intervention indiscrète. Dans ce cas, notre contact immédiat serait avec d’itinérants bandits extraterrestres, alors que des êtres de meilleure déontologie se soustrairaient plus ou moins effectivement de notre vue.

Sommes-nous peut-être sous quarantaine cosmique : l’amende appropriée de notre comportement de forcenés ? Une civilisation bien rompue à voltiger entre les étoiles adoptera vraisemblablement une pure mentalité paisible. Des entretiens avec l’humanité chamailleuse lui semblerait comme de se verser de l’eau bouillante sur la peau : cette déplaisance soigneusement évitée, du moins jusqu'à ce que la source ne se s’attiédisse au degré tolérable. « Soit, apprenez à nager tout seuls, pour le moment, sinon noyez-vous ; on reverra ça quand vous aurez mûri un peu. »

Une autre alternative : nos gouvernements ont été avisés que si une majorité d’êtres humains se convainque de l’existence d’extraterrestres, ceux-ci stériliseront simplement cette planète, ainsi que nous traiterions de façon désinvolte une infestation d’insectes. Problème résolu, quoique de manière guère paisible. Il serait peut-être une question de politique : les extraterrestres comparables aux Democrats préféreraient nous entretenir en tant qu’écologie prisée, mais ceux Republicans nous extermineraient sur-le-champ comme des loups qui menacent leur bétail. Cela pourrait expliquer pourquoi nos dirigeants terrestres altèrent de façon si incorrigible la vérité sur cette question.

De toute façon, le moyen le pire de saluer des extraterrestres, bienveillants ou pas, ce serait divisé entre nous. L'histoire a constamment démontré qu’un tel désaccord interne est la voie la plus rapide au désastre quand des cultures étrangères rentrent en collision. D'abord, l'injustice massive et la guerre civile corrodent la victime de l'intérieur ; ensuite, des manipulateurs étrangers prennent le relais de la gérance avec facilité relative, ayant permis aux enragés locaux d’exécuter la plupart du combat pour eux.

Rendons à ce sujet un peu plus de clarté. Des envahisseurs impérialistes trouvent plus facile de renverser un pouvoir centralisé plutôt qu'un assortiment de pôles de pouvoir plus petits et indépendants qui devront être soumis un par un. Un envahisseur extraterrestre préférera que sa cible planétaire se soit soumise à un seul gouvernement totalitaire et donc vulnérable, plutôt qu'à de nombreux indépendants. Abattez le pouvoir central corrompu et arrachez-lui son contrôle pour financer le vôtre : voici la formule la mieux réussie de prise de contrôle d’un empire sénescent par des impérialistes nouveaux-venus.

La laocratie des Apprentis est conçue pour déjouer indéfiniment ce genre de complot. Alors qu'un empire terrestre serait vulnérable à la subversion étrangère et conquête militaire (en fonction de sa corruption et de son injustice), la milice mondiale des Apprentis demeurera sous contrôle local et indépendant du commandement centralisé, donc moins vulnérable que les armées de deux cents États-nations indépendants et concurrencés. Les centres de contrôle régionaux revendiqueront leurs propres allégeances ethniques et culturelles au-delà de celles simplement nationales. Ils offriront dévotion comparable à celle au noyau central des Apprentis consacré à la probité de la justice universelle.

Aucun autre système de gouvernance planétaire n’offre meilleure défense contre le piratage planétaire aux mains soit d’extraterrestres hypothétiques soit de la prochaine conspiration entièrement envisageable de rapaces humains. Sans parler de nos pires problèmes écologiques et du dénuement planétaire auxquels les Apprentis feront meilleure réplique.

 

 Lors d’entretiens avec ces extraterrestres, trois trappes intellectuelles s’attendent à nous piéger :

1.    Nous pourrions les traiter comme nous-mêmes et ignorer leurs aspirations, frayeurs et désirs distinctifs.

2.    Les démoniser : en refusant de reconnaître leurs motifs valides, tenter de leur faire du mal. Ainsi les forcerions-nous de nous isoler ou nous confronter en défense légitime. Ce qui peut être la réalité actuelle, guidée de notre côté par la paranoïa gouvernementale et sa suppression réflexive de données pertinentes ; et du leur, par des technologies inconnues en état de les rendre invisibles à nos regards primitifs.

3.    La troisième interaction, la déification : rarement appliquée aux êtres humains et toujours de façon fatale. On pourrait l'appliquer sans discriminer au contact interstellaire. Avec ses technologies aiguës et motifs impénétrables, cela pourrait nous sembler divin. Nous pourrions considérer l'esclavage comme juste punition pour nos péchés, au lieu d’un simple mauvais tour de loterie cosmique — interpréter ses discours comme de l’inspiration divine. En bref, sa merde ne pourrait pas puer à nos narines, peut-être même nous devenir une addiction. Par ailleurs pourrait-il nous prouver sans contestation que s’étaient lui ou ses prédécesseurs quasi-immortels, les responsables directes d’interventions historiques qui nous ont semblées « divines. » Quel embarras ! Comme dans le cas des Aztèques exterminés par les Espagnoles, des cultes millénaires prédisposent leurs adhérents crédules à cette sorte d'illusion. Si tu cherches à usurper une civilisation récemment découverte, tu ferais tout possible pour te confondre avec ses déités adulées.

 

La primauté de nos armes aux USA nous incite à dominer le monde des pauvres. Les Aztèques sont tombés dans le même piège. Suprêmement confiants sur leur gazon, ils ont opprimé leurs voisins par la brutalité délicate de leur guerre des fleurs. Cela consistait en la blessure et capture de la plupart de leurs adversaires pour disposition cannibale ensuite : optimisant ainsi le maniement d’armes de bois dur et d’obsidienne au tranchant de rasoir — à l'inverse de nos armes de fer et de feu et des tactiques les optimisant, bons pour rien que l’immédiate tuerie de masse.

Les élites d’armes aztèques ont fini par nourrir leur population centrale de milliers de sacrifices humains par semaine. Ainsi de même, la gestion des sociétés transglobales humilie des nations entières et les saisit comme victimes afin d'exploiter leurs récoltes commerciales et réserves minérales, halieutiques et forestières, tout en souffrant de la perte minime de leurs mercenaires, non moins d'eux-mêmes.

L’aboutissement de ce shadisme institutionnel ? Quelques centaines de flibustiers européens, armés jusqu’aux dents, ont mené d’innombrables contestataires indiens à l’encontre de l’empire aztèque. Ensemble, ils ont envahi sa capitale, saisie et exécuté son souverain. Renvoyés par une contre-attaque féroce, ils sont revenus pour spolier cette civilisation du nouveau monde se dissoudrant des épidémies de l’ancien.

Quelques extraterrestres affamés de butin se serviront-ils de nous avec la même sauvagerie ? Recruteront-ils nos pires ennemis à l'étranger et nos minorités asservies chez nous pour nous rendre la faveur de nos anciens abus ?

Les conspirateurs d'avidité américains auront des difficultés à gober ce coup du hasard, étant donné leur passé arrogant. Ils pourraient collaborer avec ces envahisseurs, quel qu’en fut le coût pour leurs subalternes. Pour les mêmes raisons, des souverains sur la route des soies ont collaboré avec les Mongoles ; des politiciens européens, avec les Nazis ; et quelques chefs de tribu africains avec des esclavagistes. Ah ! Le patrimoine glorieux des psychopathes !

 

Un autre mythe d’armes, c’est la notion que des équipes porteuses de lance ont pu traverser à pied sec le Détroit de Béring il y environ dix mille ans, parvenant à exterminer la faune dominante des Amériques. Ils maniaient des lances à embout de pierre : de l’obsidienne ébréchée dite de Clovis, puis plus tard, une tige de lance enrayée avec ruse dans l’arbre de bois dont elle se détacha après impact. Leurs proies sont dites avoir inclu des mammouths impériaux de six mètres de haut, des paresseux de cinq, des castors d'une tonne, des tigres aux dents de sabre, moins grands que nos lions mais deux fois plus lourds, des meutes féroces de loups terribles pesant chacun une centaine de kilos, et des ours à face courte, d’un mètre soixante-dix de hauteur à l'épaule à quatre pattes, aisément capables d’étriper un bison. Nos ours grizzly, bâtis comme des chars d’assaut, auraient figuré comme des carnassiers intermédiaires dans cette écologie fort musclée.

Encore plus longtemps auparavant, des australopithèques afarensis ont fait face au même problème en atouts. Ces précurseurs humains de taille enfantine ont occupé la savane africaine qui grouillait de babouins grands comme des gorilles, de rhinocéros du double de leur taille actuelle, de sangliers aux dimensions d’hippopotame et de carnassiers également monstrueux. Je me demande à quel point démesurés et méchants les serpents ont dû croître à cette époque ?  Des mambas de sept mètres de long, des vipères des rochers d’un décimètre de travers ?

 

En effet, Barbara Ehrenreich adresse un sujet semblable dans son livre, Les rites du sang, (en anglais, Blood Rites) Metropolitan Books, New York, 1997. Sa conclusion : notre dévouement – tant aux dieux assoiffés de sang, aux idéologies insensées et à la guerre en général – repose sur un traumatisme psychique éprouvé pendant des dizaines ou centaines de milliers d'années. A l'époque, l’espèce humaine figura comme gibier facile pour des tigres aux dents de sabre — son aliment de félin aussi lent et délicieux que souple à l'extérieur, croquant et juteux au-dedans.

Cet incessant tourment de frayeur de prédation éveilla dans nos ancêtres l’esprit de sacrifice qui aurait bien pu leur servir au début. Il transforma des commandos d'adolescents en forcenés suicidaires menant des charges de banzaï contre le carnassier autrement intouchable qui démembrait la tribu à loisir.

Nous rendons honneur à ces talents martiaux. Par exemple, la vigueur à l’adrénaline et sa dilatation du temps; l’éducation physique poussée à coups de tourment, de terreur et d'insulte ; la planification du combat au microscope et à sang froid ; le succès du groupe au prix de sacrifices particuliers ; le défi mystique du péril, de la crainte, des souffrances et de l’impératif de survie — sous ces contraintes féroces, de tels attributs ont rehaussé la chance de survie humaine.

Ces grands félins ont toutefois disparu. Par quel mystère ? Des carnassiers si prodigieux dussent prospérer face aux charges de banzaï de leurs bêtes d’aliment.

Une récente théorie propose qu’un grand bolide tomba du ciel sur un glacier il y a environ dix mille ans – dont aucune trace ne reste. Cette chute aurait simultanément annihilé l’homme Clovis (selon ses tiges de lance) et chaque grande bête dans l’hémisphère occidental, afin d’être recolonisé par les premiers Amérindiens et par la faune familière dans nos zoos. Ce phénomène extermina les carnassiers et herbivores au premier plan écologique, préserva ceux du deuxième et quelques, et permit l’introduction d’une seconde vague humaine après avoir fait disparaître celle initiale. Quelle sélectivité chirurgicale pour un coup de marteau planétaire ! C’est pareil à d’autres incidents d’extinction enregistrés et leur triage miraculeux de survivants : ça semble assez louche !

En tous cas, l’être humain fut pris au piège d’une sacrée mutation d’espèce : de gibier en prédateur du premier rang. Manquant de foyer pour laisser couver leur inquiétude mortelle, ils n’ont trouvé meilleur Némésis à adorer et traquer qu’eux-mêmes.

Dr Ehrenreich décrit le rapport que des élites de bataille (mon expression) entretiennent avec leurs victimes et hôtes. Selon la complexité sociale, ils réagissent les uns envers les autres comme prédateurs et proies, (au palier deux d'Apprenti) sinon comme parasites et hôtes (aux paliers trois et quatre.) Ce texte conclut que leur ultime rapport serait en tant que symbiotes co-égales, bien incorporées et paisibles (au palier cinq.)

 

Il était une fois, je vis un saisissant documentaire télévisé. Pendant ce triste spectacle, une bande de lions traqua un troupeau de buffles du cap. Furibonds, ceux-ci les ont contre-attaqués, chassés en arbres d'épine et les y ont assiégés jusque la nuit tombante. Humiliée mais les ayant enfin évadés, cette troupe effectua une pénible retraite de nuit sur la plaine désertique. Au renouveau mélancolique du petit matin, comme on les observait par lumière stellaire amplifiée, d’autres buffles croisèrent leur piste, les remirent en déroute et ont trépigné deux lionceaux, en dépit de leur mère et de ses tentatives désespérées de diversion. Dans de telles circonstances, une équipe humaine de lance – encore plus lente, plus vulnérable et nécessitant beaucoup plus de temps pour croître – aurait été sommairement broyée.

Ce serait une chose que de s'asseoir pépère dans un fauteuil douillet (comme moi le fais) et décrire comment précipiter des mammouths par-dessus le bord de falaise en bas dans sa crevasse commode ; toute une autre de faire face à ces spécimens monstrueux sur un terrain clairsemé, les 24/7, sans gros fusils et munitions à haute puissance, quatre-quatres et plein d'eau potable.

Comment, exactement, engager ces bêtes … avec des bâtons à embout de pierres friables, les mains vides autrement ? Nous discutons d’ours de caverne de cinq mètres et meutes de super loups aussi massifs que des lions et aussi féroces que les pires monstres hantant nos cauchemars.

Des tribus amérindiennes déjà bien établies, intimes de leur territoire et des habitudes de bufflons stupides, ont pu pratiquer quelque chose de semblable sans grands problèmes ; bien qu'ils ne l’aient jamais réellement réussi avant l'arrivée de chevaux et d’armes à feu depuis l'Occident (puis trop brièvement ensuite.)

Mettre en déroute un troupeau d'herbivores timides par-dessus un bord de falaise : quelques chasseurs territoriaux ont pu y parvenir par connaissance intime de leurs proies. Mais ce scénario aurait été contestable pour des nomades traversant du territoire inconnu et faisant face aux nouvelles espèces. Le problème demeure : chasser ce troupeau par-dessus une cime de falaise et non par-dessus ton camp vulnérable et ta lente troupe de compagnons mous.

Des Africains, les voisins intimes d’éléphants, ont une expression à leur égard : « Ils ne pensent pas comme des bêtes mais comme des ennemis. »

L’être humain ne fut pas le seul prédateur de meute pratiquant de telles tactiques d'embuscade ; il les apprit probablement de meutes de canidés sauvages qui chassent en relais. D’ailleurs, l’homme primitif s’est prouvé un traqueur plus tenace et rapide à grande distance que ses proies en fuite. Les animaux sont supérieurs aux hommes quant aux impulsions de vitesse mais plus lents au cours de longs trajets.

Pour bonne cause, des bêtes migratrices auraient instinctivement fui ces pièges géologiques ; leurs couloirs ancestraux de pâturage auraient évité de tels précipices. Des intersections propices pour la chasse, fréquentées continuellement par des troupeaux stupides, n'auraient pas été assez nombreuses ni dignes de confiance pour servir comme auberges aux migrants transcontinentaux.

Des nains africains ont poussé des lances d’en dessous du bas-ventre d'éléphants, selon Paul Lackman, exploitant l’épais revêtement de végétation tropicale et ses plantes neurotoxiques. Quoique les Masai, dotés d'assègai en acier, ont enduré des pertes héroïques pour protéger leur bétail prisé de la prédation de chats de chasse modernes et plus menus.

Mais des nouveaux-venus, armés de simples bâtons emboutis de pierreries, parvenant à affronter une succession continue de monstres sur un terrain clairsemé, aplati et pour la plupart infructueuse ? Pas du tout, sans pertes prohibitives. Va invoquer n’importe quelle technologie atlacatl (lanceur de lance) que tu favorises. Ton équipe souffrira trop de pertes à la longue, devançant vos capacités de les remplacer avec des enfants précieux, vulnérables et prenant beaucoup trop longtemps pour grandir.

 

Des soldats de la Renaissance ont troqué des arbalètes et des arcs composés de réflexe de haute létalité, pour des armes à feu fort coûteuses, hasardeuses et fragiles ; lentes à recharger et ardues à tirer. Entre des mains habiles, l’arc militaire était plus exact, de plus longue portée et de taux de feu davantage élevé. Une grande unité d’archers aurait pu abattre celle équivalente d’arquebusiers avant que celle-ci ne lui porte atteinte.

J’ai appris, de la part du Cajun sur YouTube, que l’artillerie française massée fauchèrent les archers anglais et leurs chevaliers bardés vers la fin de la guerre de Cent Ans ; que la cavalerie française, redevenue mobile, attaqua ces premiers de l'arrière, et des compagnies régulières d'infanterie à la hache blindée, prélevées des écorcheurs, massacrèrent ce qui resta de ces derniers.

Des nouveaux soldats ont compté sur l’effarant coup de tonnerre et la fumée que rend le pistolet, ainsi que l’atrocité des atteintes au corps de ses grosses balles. Les arcs sont aussi silencieux que les atlacatl lanceurs de harpon.

Tous les experts fabricants d'arc ont-ils disparu, remplacés par des maréchaux-ferrants qui ont trouvé meilleur emploi comme fabricants d’armes à feu ? Chaque arme exige des compétences dissemblables. Les archers ont-ils disparu dans quelques générations, soit par pertes militaire de leur classe, remplacés par leurs fils qui favorisaient la nouvelle arme ?

Quelques historiens ont affirmé combien plus facile était l’exercice du fusil comparé à celui de l’arc. Maintenir propre et en bon ordre son fusil primitif, sa poudre à sec et s’en servir sans nuire ni à soi ni à ses compagnons, jongler la mèche allumée et le flacon de poudre entrouvert, le tout debout à découvert sous le feu préférentiel de l’ennemi et son assaut à l’arme blanche (Abattez d’abord les tireurs !) : ces compétences ont dû nécessiter tout autant d’expérience péniblement acquise.

 

Des archéologues ont certes récupéré quelques lames de pierre dans des carcasses de mammouth déterrées. Mais ces lames minuscules n'auraient pas abattu des monstres en ruade avant qu'ils n’aient aplati leurs bourreaux chétifs. Ces tessons ont pu être des couteaux d’apéritif, perdus lors d’une boucherie effrénée, pour taquiner la chair de carcasses décédées d'autres causes. Lesquelles ? Alors voilà une question intéressante !

Imagine-toi menant une bande néolithique d’une cinquantaine de chasseurs glaneurs. A vrai dire, elle serait trop nombreuse pour s’approvisionner correctement. En une seule mauvaise saison, elle se serait affamée et cannibalisée à l’extinction sinon envolée en éclats. Gardons-la aussi copieuse de toute façon. Disons que plusieurs groupes indépendants s’unirent pendant la chasse saisonnière de grandes bettes.

Quelle serait ta réaction si chaque chasse te valut davantage de pertes humaines ? Fais bon compte de tes atouts humains et leur taux de croissance.

La puanteur des dépouilles de chasse et du fumier humain auraient attiré une succession de grands prédateurs et meutes de charognards. Alors que le survol de buses les auraient attiré irrésistiblement, on aurait du payer haut tarif pour les éliminer ou simplement les tenir à distance. En protégeant son gibier, cette équipe de lanciers exténués auraient du affronter chaque carnassier de suite à des kilomètres sous le vent, de jour et de nuit, pour aussi longtemps qu’elle put l’endurer. Ces rapaces du nouveau monde n’auraient eu aucune peur de l'homme. On eut péniblement dû la leur apprendre au comptant de précieuses vies humaines.

Des carnassiers et des grands herbivores ont menacé les vieux laissés au camp ainsi que les petits fourrageurs. Ces gens ont exigé des gardes supplémentaires prises de l’équipe de chasse. Voyons : des gardes pour les laboureurs du foyer, les mémères et bébés ; celles supplémentaires pour l’éparpillement des cueilleurs de baies et chasseurs de souris. Nous voici réduits à la moitié de nos effectifs pour la chasse de longue durée. Compte tenu des malades et des estropiés, l’on ne parvient tout au plus qu’à une demi-dizaine de collaborateurs les plus forts pour la chasse ardue. Inutile d’emmener du poids mort.

Comment parvenir à emballer un troupeau de mammouths (ou un chargeur solitaire) avec une poigné de gens brandissant des bâtons pointus ? Le feu offrirait refuge temporaire autour d'un point fixe mais aucun lors de la chasse et des grands déplacements.

Résous-moi ça, sinon va requérir chez des vrais chasseurs, comme j'ai fait. Jusqu’ici, ils ont haussé les épaules. Seulement un universitaire bien installé devant son bureau en contemplerait la possibilité.

Un anthropologue pensif, le professeur Bruce Huckle, effectua l’épreuve suivante. Problème : charcuter une éléphante de cirque, morte de vieillesse. Méthode : mobiliser quelques étudiants agrégés, des outils lithiques et un peu de corde de cuir. Ses équipiers ont trouvé la carcasse si lourde qu’ils n’ont pas pu la rouler pour accéder à sa moitié inférieure. Sa putréfaction débuta dans quelques heures. Autrefois, parsemée de vermines et inaccessible aux bouchers humains, elle aurait attiré des grands carnassiers depuis des kilomètres sous le vent. Abattez celui le plus proche et son remplaçant viendrait renifler d’un peu plus loin, et ainsi de suite.

Le colloque facile, d’immobiliser le gibier dans un marécage,  ce ne serait qu’empirer le problème. Y aurait-il de boucherie moins sanitaire qu'un marécage peu profond, employé à maintes reprises comme site d'embuscade, enclos de tuerie et puisard de rebuts ? De lui-même, le trou d'eau accessible attire des grands carnassiers. Remplissons-le maintenant de carcasses avariées et voyons à qui la curiosité s’éveillerait.
 
 Quoique l'apprivoisement tribal de chatons aux dents de sabre puisse résoudre ce problème. 

Ne parlons pas des pandémies fatales qu’aurait lâché sur elle-même une vague en expansion de super chasseurs humains pendant leur randonnée d'écocide. L'annihilation d'espèces établies aurait déchargé dans l’humanité leurs microbes les plus féroces : de l’èbola néolithique ! Des catastrophes du même genre auraient décimé des vagues en expansion de saisonniers en liaison avec des camps établis auparavant : la réponse de gradualistes aux objections précitées, mais non soutenue par l’évidence archéologique.

Les fléaux se seraient transmis avec autant de facilité entre des migrants éparpillés qu’entre des citadins conglomérés. Des oiseaux, des insectes et des rongeurs les auraient répandus tout aussi rapidement.

 

 

Note-bien cette conclusion insolite. Quelques-uns de nos cauchemars de confrontation avec un monstre ont pu être des accrocs subis mais survécus par nos ancêtres, enregistrés dans la mémoire génétique et passés jusqu’à nous. Nous pourrions héberger dans nos gènes et nos rêves l’histoire héritée de nos ancêtres humains et autres ; la super conscience collective, retenir une lecture globale de la vie depuis son avènement. 

 

Le frisson d’adrénaline que l’on obtient de films comme Alien, Predator, Les Dents de la Mer (Jaws) etc. – ainsi que les attaques de panique lors de cauchemars d'enfance – seraient-ils des reconstitutions en rêve de scénarios accablants survécus par nos ancêtres, enregistrés dans l’ADN et transmis à leur progéniture ? 

J.G. Ballard est responsable en partie pour cette spéculation ; il semble que L. Ron Hubbard tenait aux notions semblables. 

 Si l’on trouvait moyen d'exploiter cette merveille, on pourrait recouvrer l'histoire entière de la vie terrestre ; remplacer les fantaisies précaires de l'histoire écrite et ses rêves vides de vies antérieures avec l’enregistrement génétique de rappel total ; remplacer le rêve de pipe d’une machine temporale aux rouages d'horloge avec la potentialité plénière de l'ADN humain : l’ultime média de transcription autant en volume de données assimilées qu’en fiabilité de leur duplication à longue durée. L’hypnose en profondeur pourrait nous aider à explorer cette hypothèse. 

 

Une autre conjecture, encore plus bizarre. Si des êtres humains ont pu traverser le détroit de Béring à pied sec depuis la Sibérie, la plupart d’entre eux auraient été annihilés par des grands carnassiers, des super sécheresses et des tempêtes de neige durant des décennies.  Discute, si tu veux, de chasseurs en kayak longeant la côte, projetés là par une tempête imprévue ou une expédition intentionnelle ; mais alors, comment faire parvenir les femmes et enfants ? Des flottilles de jeunes couples ?

Une vigile extraterrestre a pu soigner les plus hardis de ces explorateurs, abattre la faune locale et faire parvenir ses carcasses aux survivants. Aurait-elle pu vacciner nos ancêtres contre des épidémies, leur pourvoir de refuges biodégradables et de portage aux climats plus doux au Sud ? Dès lors, serait-elle intervenue pour le mieux ou le pire chaque fois qu'elle eut jugé que les humains se seraient trop écartés de son idéal de développement ? 

Ce qu’on appelle Dieu (du moins dans Ses manifestations mondaines) n’aurait-ce pu être qu’un matriarcat extraterrestre qui dorlota l’humanité à travers son enfance pitoyable ? Tolère-t-il pour le moment les crises de colère de notre délinquance James Dean, nous chaperonne-t-il à travers nos mièvreries militaires de James Bond — ce-faisant sous cape délabrée d'anonymat bien divulgué ? 

Qui sait ? Se pourrait-il que la communauté que l’on désigne « Dieu » ne soit qu’un club de chasse extraterrestre : des chasseurs à trophée sportive de la sorte produite en série ici-bas sur terre ? Comme il se trouve, des chasseurs humains essaiment l’insignifiant habitat écologique que nous ne sommes pas encore parvenus à ruiner. De nos jours, la chasse sportive est aussi admissible que la fusillade de statues dans un musée d'art, à la Daesh. Dans l'extrémité de notre penchant d’armes, la rubrique nous annonçant tel vandalisme ne surprendrait pas.

 
 Une agence distante aurait-elle réglé ces chasseurs de grandes espèces en notre faveur ? L'humanité aurait-elle figuré comme une espèce sous protection, simplement à cause de notre promesse potentielle ? Cette politique de chasse au permit aurait-elle laissé des dépouilles providentielles, à nos ancêtres d’engloutir, et deux continents vides à eux d’exploré. 

 Cela te semble-t-il trop farfelu, peut-être ? Quelle autre possibilité me suggères-tu ? La chair humaine aurait-elle pu être du poison pour ces grands carnassiers ? Aurait-on oublié une compétence magique autrefois retenue par l'humanité : télépointage ou télékinésie ?

 

Imaginons-nous comme des hommes de caverne.  Disons que tu pus te projeter par magie sur les épaules d’un mammouth, paré à frapper avec une grosse pierre tendue à deux mains par-dessus la tête. Alors voilà ma forme favorite de chasse néolithique ! Quoi qu’il y aurait toujours eu des casses insoutenables ! 

 Nous avons trop tardé dans notre réévaluation en profondeur de la préhistoire humaine afin d’évaluer le mythe de bandes dotées de lances emboutées de pierreries exterminant des espèces entières d'animaux multi tonne, vainquant en mouvement des tempêtes de neige à l'échelle antarctique et évadant miraculeusement des nouvelles épidémies en cours de route, tout ça sans aide intelligente. 

Rappelle-toi que les rives les plus modérées de l’Antarctique sont stériles en permanence pour toutes les créatures sauf des lichens, des micro-organismes et celles de mer, et d’une fatalité blême et frigorifique pour tous les explorateurs modernes sauf ceux expérimentés et bien pourvus. Il n'y a pas de natifs en Antarctique. A ce temps-là, le passage de Béring l'aurait ressemblé de près.

 

 La civilisation et la sensibilité reconnaissable ont pu être si rares dans l'espace-temps cosmique qu'il ne reste aucune en proximité. Cela ne me semble pas très probable. Le gland tombe auprès de son arbre. Cette mascarade désertique aurait-elle été l'intention délibérée d'une sensibilité imperceptible ?

 

Entre autres, quatre aboutissements ont pu rattraper des civilisations de pointe extraterrestres, leur voilant de notre vue.

 • Elles ont pu perfectionner leur manipulation d’énergie au point de ne plus émettre de bruit électromagnétique ni d’énergie en gaspillage (s’en servant au lieu) — ce que nous considérons impossible selon nos canons de conservation d’énergie et modèles de boite noire. Comment : les plus prisés de nos dogmes scientifiques pourraient-ils avoir horriblement tort ? Sans doute, à l’égard du destin de dogmes précurseurs considérés tout aussi parfaitement catégoriques. 

• Ou plus probable : leur aboutissement au terminus de la même voie ferrée d’armes que nous cheminons à ce jour, sans s’aiguiller sur une voie menant ailleurs que l’inévitable extinction omnicidaire. 

• Ou bien un quelconque hoquet cosmique les souffla. 

• Autrement, l’absence de vitalité étrangère dans un univers qui devrait en être bourré, confirme d’elle-même le soupçon que notre univers est une réalité virtuelle crée par une civilisation antécédente et programmée pour nous contenir tels que des lucides en bocal, ou, pour être plus précis, des scorpions. « Terriens ! Divertissez-nous avec vos guerres sans sens ni cesse ! »  Cette présence étrangère ne confronterait l’humanité avec la menace existentielle qu’une fois que nous nous serions réunis en paix et aurions cessé de servir comme un jeu de gageures, du palier des duels criminels jusqu’à la chute de la civilisation.

 

Etant donné ces possibilités, notre veille à la radio pour des signaux extraterrestres serait aussi raisonnable que de se tapir dans un caniveau parisien et attendre un message en bouteille lancée d’une plage tahitienne. 

Une autre technologie communicative, supérieure à la radio, doit être de rigueur et celle à laquelle nous prêtons tant d’attention, un cul de sac sinon un jouet d'enfant. L'équivalent électronique d’une brindille dont des singes se servent pour taquiner des savoureux du nid de termites. Miraculeux et génial — pour un singe.

 

Selon l’hypothèse de Rasmus Bjork, recherchiste à l’Institut Niels Bohr de Copenhague, un intellect galactique pourrait disperser des sondes robotiques multiplicatives d’elles-mêmes afin de découvrir toute la vie qu’y appartienne, dévouer la durée entière de cette galaxie, mais manquer de trouver toutes les planètes capables d’héberger la vie non moins l’esprit. L’êtres lucide doit être fort isolé et peu nombreux, du moins jusqu’à ce que l’humanité voltige dans l’univers quasi vide afin de la coloniser, comme l’ont accompli nos ancêtres qui ont pris très peu de temps pour traverser des continents entiers inhabités autrement.

Nous pourrions bénéficier de ce décalage spatio-temporel en trouvant dans l’espace des objets extraterrestres qui nous signalent notre passé distant ou notre avenir distant.

Ce destin pourrait-il nous advenir, ou rien de la sorte ? Nous avons besoin d’aller voir un peu plus loin, nous autres Apprentis qui nous en fichent. Mes compagnons Apprentis, le monde paisible nous offrira le moyen concret de réaliser cette découverte.

 

Un beau matin, quelques Européens un peu plus contemplatifs se sont réveillés comme si foudroyés, frappés par l’idée que leur monde était sphérique et non plat et que sa superficie connue avait énormément crû.

 Je m’attrape de temps en temps à me demander si la réalité physique ne se matérialise pas en parallèle de notre compréhension d’elle, si l’univers antérieur a pu figurer comme la manifestation concrète de notre compréhension de lui, seulement un peu plus compliquée. En d’autres mots, en même temps que l’humanité saisit des descriptions de la réalité selon Copernic, Newton, Einstein, la physique de quanta, etc. ; l’univers aurait évolué à partir de versions plus primitives, (par exemple, des sphères nichées en cristal, gérées par de puissants hommes-dieux depuis des nuages de tempête ou des cols de montagne) afin d’accommoder nos hallucinations les plus récentes ce concernant. L’univers de telle malléabilité à refléter notre imagination collective : un miroir déformant de l’intellect humain. Ah, l’idéalisme poursuivi jusqu’à ses cimes vertigineuses !

 On pourrait bientôt saisir l’idée que l'intention soit l'une parmi quelques (moultes ? Sept ? Onze?) dimensions en plus de celles de l'espace et du temps. En d'autres mots, la vie à l'intention de croître et périr, et parcourt donc la dimension de l’intention de croître et périr, trimballant derrière elle les trois dimensions de l'espace que nous reconnaissons et celle du temps perpendiculaire aux trois autres. Nous nous préparons pour l’annihilation militaire et flânons donc le long de ce parcours. Apprenti recommande d’opter au lieu pour le monde paisible, filant aux dimensions distinctes de celles qui se déplient depuis la terre en armes.

 Cette cinquième dimension serait plutôt la synthèse de l'intention et de son résultat, ainsi que celles courantes le sont du haut en bas, du proche au lointain, de la droite à la gauche et de l'alpha à l’oméga temporel. 

 Bien sûr, des scientifiques méjugent cette intention pour la simple raison qu'ils observent un cliché en quatre dimensions de la réalité ; ainsi que nous scruterions une carte à deux dimensions pour visualiser les Alpes en trois. Que ça tombe bien pour eux ! « De façon positivement scientifique, nous sommes convaincus, du moins au point de vous le persuader, que les montagnes n’ont pas d’altitude puisqu’ils sont plats sur toutes les cartes que nous avons méticuleusement étudiées. »

 De telles réflexions d’Apprentis pourront nous affranchir de nos primitivismes les moins convaincants ; l’exploration de l'espace, nous démontrer que l'univers se déplie sous notre regard comme un lotus cosmique ressemblant plutôt à un labyrinthe de laboratoire aux passages nombreux, à nous de négocier avec aplomb qu’après que nous nous serions civilisés. Ecologisés ?



 

- MEDECINS EN FRONTIERES

 

Son premier brouillon fut rédigé il y a davantage de vingt ans. A toute citation de SIDA, ajoute STP « et COVID ». 

« Au cas où la médecine réalise à jamais ses grandes fins, elle devra s'engager dans la prééminente vie politique et sociale contemporaine, indiquer les barrières qui obstruent l’achèvement normal du cycle vital et les enlever. Le cas échéant, quoi qu’elle soit alors, la médecine deviendra le bien commun de tous. » Citation de Rudolph Virchow, dans The World Encyclopedia of Peace (L’Encyclopédie mondiale de la paix), Volume III, p. 362.

 

Il nous faut dix fois plus de toubibs là où ils sont déjà nombreux et mille fois davantage, où rares.

L’avantage le plus important mais le moins bien apprécié, en ce qui concerne ce renforcement du personnel médical, se rendra évident lors de la prochaine pandémie globale. Au lieu de s’écrouler quand le tiers sinon davantage des soigneurs spécialisés tomberont malades, cet agencement rehaussera vite la capacité des hôpitaux en recrutant des pourvoyeurs de santé récemment entraînés pour remplacer les pertes parmi l’actuel personnel d’hôpital. Sinon devrons-nous faire face à ce défi médical du 21e siècle pourvus des moyens du 19e et moyennant des pertes correspondantes.  

 

Les Apprentis de guérison s’adresseront à un assortiment de conditions humaines dont la plupart ont été négligées. Ces traitements se rangeront des rapports internes, (psychiques et physiques) à ceux externes (sociaux et environnementaux) chaque aspect bénéficiant de la considération des Apprentis. 

La vigoureuse santé publique promeut le génie humain ; son manque réduit le QI de la civilisation et multiplie donc ses autres maux. Ceux-ci se réduiront à une fraction de leur monstruosité actuelle, en proportion à cette amélioration.

Afin d’assurer ce mandat, les Apprentis légiféreront un système de santé universel de bons soins sous garantie constitutionnelle. Les corporations privilégiées (d’assurance médicale, de fabrique pharmaceutique, d’enseignement médical, de maison de retraite, etc.) seront destituées de profits extraits des soins médicaux et convertis en services publics. Le traitement psychique et ceux semblables bénéficieront de recherches beaucoup plus avancées, surtout celles de bon sommeil et de bonne hydratation, de micronutrition méticuleuse et de la micro-écologie corporelle.

 

Ces jours-ci, qu’un tiers des docteurs américains s’inscrivent chez l'association médicale américaine (AMA) dont le conservatisme inné l’appelle à la ruine. Elle se dissout doucement alors qu’on en parle. 

Je peux être trop optimiste quant à cette contraction. A vrai dire, le compte de ses membres a cru de nouveau, grâce à la plus récente vague de docteurs américains instruits en guerre perpétuelle. 

Coûte que coûte, les droitistes ont balayé les meilleurs mets de la table d’hôte américaine. Le chic réactionnaire fait rage aujourd’hui : nanti de guerres futiles outre-mer et de désastres chez soi, de gérance inapte triée au volet, de subventions ambidextres aux gros bonnets et de fraudes à chaque palier de l’Etat. Reste-t-il de crime ou de délit que ces braves ne sont pas parvenus à parfaire ? Selon leur insistance, le gouvernement doit être incompétent. La vache ! Qu’ils ont bien confirmé leur conjecture ! Personne d’autre ne servirait mieux comme modèle d’incompétence dogmatique. 

L'AMA recruta ses premiers adhérents parmi des chirurgiens militaires au tablier sanglant, qui ont obtenu leur catéchisme d’armes pendant la guerre civile américaine des années 1860s. En alliance avec des compagnies embryonnaires de drogue, l'AMA supprima l’homéopathie, sa discipline adjointe. Au début du 19e siècle, Samuel Hannemann reprit la notion que l'administration de drogues en doses infimes put induire des signes et des symptômes particuliers ; il s’en servit pour curer des maladies semblables. 

En dépit du succès précoce de l'homéopathie, l'AMA a soutenu l'allopathie : se servant de drogues en doses écrasantes (de toxicité flagrante, voire juste en dessous, sans parler des combinaisons néfastes !) strictement pour supprimer des symptômes. Bien que des hôpitaux et des collèges homéopathiques ont prospéré jusqu'alors, l’AMA et ses alliés fabricants de drogue en ont fait disparaître la plupart avant la seconde sic guerre mondiale.

Comme au cas des religions d’armes, le conservatisme de l’AMA a épuisé toute utilité dont il put autrefois prétendre. Ces jours-ci, le but fondamental des traditionalistes de l’AMA, c’est pistonner leurs marges de profit en refusant la provision automatique de bons soins à tous sauf les riches et les militaires.

La médecine d’armes s’attaque aux maladies empirées et aux traumatismes infligés exprès. Des soldats en campagne militaire souffrent comme les bêtes d’exploitation malmenées. Laissés en dehors dans l’intempérie, figés dans des saletés, ils dévorent toutes les ordures qu'ils peuvent piller, déterrer ou traîner péniblement de l'arrière. Agonisants en horde, infection universelle, épuisement, refroidissement, malnutrition, manque de sommeil, deuils, peines et frustrations, peur et rage, inquiétudes, séparation familiale et urgences psychiatriques : tous font partie de la routine combattante. Aussi, la priorité d'âge et la longueur de survie au combat gouvernent la promotion des chefs militaires. Le toubib militaire doit donc agir de son mieux avec ses moyens disponibles, à coups bruts de drogue et de bistouris, afin de supprimer des symptômes de maladie, de trauma et de vieillissement ainsi que la plupart des réactions émotives. 

Du point de vue de la médecine d’armes, il serait absurde de réduire le stress afin d'encourager la santé. De préférence, les sociétés guerrières pratiquent la présélection sociale, ostracisme des malades, et des traitements envahissants de haut stress et « d’après insulte. » Aucun de tels ne promet de maintenir la santé d'une population subissant des stresses en hausse. Les dépenses médicales doivent surgir, quoique la santé globale s’abîme. Après tout, aucune « région arrière » ne reste par où évacuer des victimes pour leur meilleur traitement, ni remplaçants en bonne forme pour être abusés à leur tour. L’hôpital finit par se transformer en incubateur de toutes sortes d’infections – autant celles ordinaires que celles inhabituelles – et finit par tuer presque autant de patients qu'il ne sauve. 

La médecine occidentale a évolué en arrière du champ de bataille. Alexandre la brute amena des chirurgiens dans le train de sa célèbre phalange en coussin d'épingles. Des toubibs européens n’ont enquêté l’acupuncture en Orient qu'après que des chirurgiens militaires français n’aient suivi l’armée française en Indochine. Celle américaine n’a établi un système à demi adéquat « d’heure d’or » de transport d'urgence par hélicoptère qu’au cours de ses guerres en Corée et au Vietnam. Comme geste de compassion, des chirurgiens napoléoniens ont installé des essieux à ressort sous l’ambulance à cheval. Auparavant, ce genre d’accommodement n’était réservé qu’aux arrière-trains délicats des nobles. 

Des ambulances futuristes persistent à cabrioler des victimes hurlantes, sinon rendus en zombies par le choque physiologique et le stupéfiant, le long de nos chaussées soit balayées de balles soit entassées d’accidents. Davantage de décès sur nos autoroutes que dans nos guerres, avec leur surcroît outremer. Chaque guerre au monde, chaque émeute, massacre d’innocents, bombe suicidaire et percute d’automobile est une en plus « de trop » et largement évitable, en dépit de ce qu’on nous a menés à croire.

Même ces temps-ci, la communauté médicale ne s’est pas encore mise d'accord si des victimes de choc doivent être gardées au chaud sous des couvertures ou avoir le tronc infusé d’un cocktail réfrigérant de liquides de sauvetage. Des victimes refroidies en éclat après leur trauma ou noyade paraissent avoir plus longue durée de survie et plus forte immunité contre l’infection (gare à la gangrène après la gelure !), l’hémorragie et la mort de cerveau en attendant des soins avancés mais retenus trop longtemps par l'indisponibilité d'un médecin. Des médecins combattants britanniques l’ont documenté au sérieux parmi leurs blessés pendant la guerre des Malvinas ; des médecins militaires, au cours de l’invasion des Alliés à Mourmansk en 1918, parmi d’autres. 

La médecine tropicale victorienne et ses programmes d'éradication d'insectes ont protégé d'emblée des garnisons de blancs coloniaux et seulement secondairement des peuples aborigènes (si encore de façon incomplète à ce jour.) La fièvre jaune et d'autres infections tropicales ont enfin été conquises pour cette seule raison. La même négligence raciste persiste à ce jour, occasionnant parmi d’autres l’abus du SIDA génocidaire qui engouffre l'Afrique et les environs miséreux du tiers monde. Cette atteinte largement prévisible s'est étendue dans chaque zone de grande pauvreté — ainsi que le terrorisme de masse. Quand un bon nombre de bébés du tiers monde, leurs parents enfantins et grands-parents à peine adultes expireront du SIDA, du terrorisme sinon la malnutrition toute simple, ils n'exigeront sans doute plus autant d’aide internationale si ennuyeuse. 

Tôt ou tard, de telles atteintes lâcheront des fléaux analogues sur nos têtes dans l’Occident. La meilleure santé publique globale résulte de celle bien entretenue à grande distance des nations riches. Si tu peux stipuler qu’un être aux antipodes est garanti le même niveau de santé publique que le tien à présent, le tien s’améliorera d’autant plus. 

De nos jours, de fortes sommes sont versées dans la recherche de cures pour des irritants insignifiants de communauté riche : (tête chauve, impotence gériatrique, moisissure des pieds et névrose d'animal familier) qu’en cures de maladies mortelles aux tropiques. 

Les causes sous-jacentes de la plupart de ces maladies tropicales – malnutrition chronique et mauvaises eaux – ont été ignorées sinon stimulées. 

Presque toutes les guerres en Afrique depuis la guerre froide ont retenu en commun le fait qu’elles aient porté atteinte à un pays subsistant de l’exportation de denrée avantageuse : diamants, bois, pétrole, voire une autre monoculture ou unique exploitation minière. Le revenu de telles entreprises oscille sans prévisibilité, sans résoudre ces provocations en définitive. Ses bénéficiers refusent d’en venir à bout sinon cesser d’en profiter. 

L’autarcie élémentaire dans ces pays (bons aliments et eaux produits là) peut émousser la plupart de ces guerres. J’entends les fonctionnaires de la banque mondiale et du fond monétaire international hurler au meurtre plutôt que le permettre. Les Apprentis leur suggéreront poliment de se changer d’avis avec enthousiasme expéditif. Ils découvriront, peut-être tardivement mais avec conviction, que leurs bénéfices s'en multiplient. Quelle surprise : que la charité pragmatique paye beaucoup mieux que leur terre en armes de pratique actuelle ! Qui aurait cru ?

 

La médecine d’armes prit envol pendant le grand paroxysme (c'est-à-dire, la première sic guerre mondiale) quand la plupart des docteurs sur terre durent satisfaire leur stage de médecine au combat. Soit la première, la seconde, (le plus grand paroxysme) soit celles depuis. Voici pourquoi des praticiens généralistes ont plus ou moins disparu ; les visites en maison ont été subitement coupées ; la plupart se sont transformés en spécialistes ; chaque service de santé, en une routine d'hôpital ; et les soins préventifs (ceux les moins coûteux et de loin les plus avantageux en aval) furent renvoyés comme sans rapport. 

Cette récession à la norme militariste n'est pas difficile à comprendre. Au champ de bataille, d’honnêtes secouristes instruiront leurs patients de larguer leurs armes et rentrer chez eux. Les élites d’armes n’acclameront jamais ces directives à moins que leurs ennemis ne les adoptent à l’unilatérale. 

Je compte qu’elles soient adoptées à l’unanimité. Nous verrons à quel point la santé globale en bénéficiera ! Je viens d’apprendre que des soins de bonne qualité seraient disponibles à tous sur terre pour les frais d’une année de la guerre en Irak sous Bush le moindre — très abordable si chaque pays sur terre y contribue. 

On s’accable au lieu de la mauvaise gérance médicale coutumière à la terre en armes : paradoxale, hypocrite, ruineuse et aggravant la maladie.
 
 

Une communauté médicale mieux orientée vers le monde paisible formera beaucoup plus de secouristes d'urgence et réanimateurs cardio-pulmonaires. Il y aurait une augmentation explosive d’artisans de soins en demeure : masseurs, acupuncteurs, kinésithérapeutes, urgentistes, fournisseurs de soins d'hospice, pharmaciens, infirmiers, assistants médicaux, chiropracteurs, naturopathes, homéopathes, chamans, guérisseurs, herboristes et d’autres spécialistes. Ainsi, bien sûr, que leurs co-équipières. 

Pourrait-on prévoir l’amélioration significative de l’hygiène sociale, étant donné tant plus d’experts de soins ? De nombreux secouristes semblables se forment à présent, bien que leurs programmes d’entraînement soient incohérents et chaotiques. Ce qui démontre une tentative fragmentaire, de la part de la terre en armes en déchéance réductrice et de rétroaction positive, d’appliquer des solutions holistiques du monde paisible aux problèmes résultant de la déchéance d’armes. Elles doivent certainement faillir car appliquées de manière limitrophe et fragmentaire. L’holisme de pragmatisme supérieur qu’exige le monde paisible, la terre en armes le limite à ses pratiques d’armes.

Les Apprentis de guérison pratiqueront leurs habiletés sur site, atteignant leur palier de compétence mais ne le dépassant pas. Leurs qualifications établiront qui parmi eux pourra administrer une pharmacopée croissante de remèdes et de traitements, et quels autres pratiqueront une diagnostique recherchée en profondeur à l’aide de consultations multiples. On prêtera davantage attention à la valeur de placebos, renforcée par des nouveaux rituels de guérison chamane de grande emprise psychologique. 

La nécessité d’une seconde opinion médicale deviendra caduque puisque ce système offrira de multiples opinions professionnelles pour chaque diagnose importante. Puisqu’un salaire confortable sera le lot commun (en multiples du minimum nécessaire pour surmonter la pauvreté) la coopération experte et les renvois gratuits remplaceront la rivalité pour des malades. L’attitude insulaire de la médecine actuelle « débrouille-toi tout seul » sera suspendue car promotrice d’erreurs en hausse qui seront réduits par l’application de redondances délibérées. La maîtrise médicale particulière dont insiste la terre en armes n’a jamais été de grande importance — plutôt la diminution des erreurs en résultant. Il serait préférable que chaque patient soit examiné par au moins un partenariat de docteurs pour confirmer sa diagnose et son traitement, soit une équipe médicale encore plus étendue. Lors de récentes études, de telles équipes se sont prouvées moins susceptibles d’erreur que le praticien solitaire, ainsi que plus prestes à la meilleure diagnose.

La sérieuse erreur professionnelle amènera rétrogradation immédiate aux paliers inférieurs de responsabilité, ainsi qu’à l’intensification des cours de remède. La rumeur sortirait : « Si ta compétence médicale est suspecte, cherchons notre traitement parmi des remplaçants mieux qualifiés, alors que tu résumeras tes études pour te faire recertifier au bon niveau. » 

Les Apprentis de guérison instruiront des mesures fondamentales de salubrité préventive. Ils satureront leurs voisinages d’initiations en nutrition et en hygiène de base, autant en maison, à l’école et au bureau. La malbouffe et l’empoisonnement par drogue pour profit corporatif seront neutralisés dans la plupart de leurs manifestations.

Les docteurs de formation avancée seront libérés pour livrer des visites en maison ou en beaucoup plus de cliniques locales. Des médecins de soins primaires y pratiqueront de la médecine préventive à long terme. Les hôpitaux rarement fréquentés hébergeront des tâches chirurgicales les plus exigeantes : d’urgence, d’Apprentissage, de recherche et de réplique au désastre. En réorganisant la communauté médicale, les Apprentis institueront un holisme de soins à l’échelle globale, d’avant la conception jusqu’au trépas.  

Il s’agira de plus fortes applications d’ablutions de la prière, du lavage des pieds d’autrui, (surtout de ses ennemis) de sommes paisibles, de micronutrition et d’hydratation adéquate. Je suis convaincu que la plupart des maladies chroniques sont au moins en partie attribuables à de telles lacunes. Sans parler du blocage de politiques sociales rationnelles par six générations de gérants souffrant de secousses cérébrales d’explosifs de guerre et de sports de contact.

La stupidité de guerre se foisonne dans l’intervalle paisible qui la suit.

Obéissant aux dires de Mahomet, chacun se lavera les mains au moins cinq fois par jour sinon se sentira malpropre. Cette simple habitude interrompt la voie la plus facile de transmission des maladies infectieuses. Il parait que l’organisme de maladie ne pourra jamais outrepasser la simple physique du diligent frottement des mains dans de l’eau savonneuse, (sa température hors de propos : l’eau de chaleur suffisante pour stériliser fait cloquer la peau) au lieu de celles beaucoup plus compliquées d’antibiotiques que ceux-là semblent avoir évolué pour neutraliser à la longue. Des masques de nouvelle conception se prouveront efficaces contre des infections aéroportées (en se servant de colles puissantes sinon de l’électricité statique ? Comment les poils au nez parviennent-elles à bloquer l’agent infectieux ?)

 La surveillance de santé publique, les contrôles de pollution, de bonne nourriture, encore plus d’exercice et d'instruction en hygiène et l’absence de voitures privées, ceux-ci amélioreront la santé générale de façon dramatique et beaucoup plus effective que des subventions de recherche soutenant la torture en série d’animaux de laboratoire. La diagnose rapide, exacte, bon marché et préventive – autant du point de vue médicale que psychologique – remplacera la précaire hypothèse médicale actuelle.

 

J’ai découvert que mes propres troubles digestifs étaient issus de ma consommation de tomates, de végétaux à la belladone et d'aliments et boissons acidulées. Ni coca-cola ni boissons gazeuses ni café ni vinaigrettes pour moi ! 

J’ai fait cette découverte par épreuve et erreur, sans confirmation médicale, exception faite d’une physiothérapeute qui m’indiqua l’absence de causes mécaniques pour mes peines dorsales. On avait diagnostiqué mon mal comme une colite inflammatoire et m’avait prescrit en vain une foule de pilules aussi aigres qu’inefficaces. 

J’ai fini par découvrir que je pouvais rendre fin à mes peines dorsales, souffertes par intermittences pendant des années, en buvant une cuillerée de simple bicarbonate de soude dissout dans un petit verre d’eau. Ma femme a trouvé la même résolution de ses troubles digestifs, si seulement en évitant des oignons et bloquant leurs effets avec un petit coup de vinaigre de cidre chaque matin. Je viens de déguster une bonne lasagne pour la première fois depuis des années, suivie d’un petit verre d’eau et de bicarbonate, sans peine après, quoiqu’une telle gourmandise m’aurait valu une semaine de douleur autrefois.

 C’est drôle. Quand je mange des plats acidulés (très prudemment) puis bois un petit verre de Bicarbonate de Soude et d’eau, le liquide descend la voie digestive plus rapidement que l’aliment, rattrapant vite les poches d’acide. Quand elles se traversent, les chimies éclatent en Bioxyde de Carbonne et en eau salée. Alors, je rote. Avec chaque rote, j’ai neutralisé un globeuse d’aliment acide qui m’aurait mordu les tripes autrement.

Va voir si ce genre de traitement te convient !

Combien de millions souffrent-ils de plaintes semblables, sans diagnose et traitées au mieux de façon symptomatique, au lieu de bénéficier d’une diagnose définitive et de la cure permanente de leur maladie?

La sagesse requise pour bien se soigner – ce qui nous prend toute une vie de peines maladives pour à mi-acquérir par épreuve et erreur – les Apprentis en seront enseignés beaucoup plus aisément comme gosses.

 

Ce qui suit ne peut être suffisamment accentué. La survie de la civilisation humaine pourra bien dépendre d’examens psychologiques et de surveillance universelle à longueur de vie. 

La technologie d’armes encourage l’éphémèrisation. En plus clair, cela veut dire que des pertes massives se rendent de plus en plus faciles à coups d’armes biologiques et de nanotech. Par « plus faciles » je veux dire moins chères, moins compliqués, plus accessibles et faciles à dissimuler par des individus et groupes dont les pouvoirs sont autrement triviaux. Lire « pistoleur solitaire » et groupuscules terroristes, leurs patrons psychopathes et supporters sociopathes.

Grâce au Président Ronald Reagan, feue victime de démence, (glorifié par ses partisans également déments) la nation la plus riche au monde a institué le phénomène des sans abri : disgrâce nationale. Ces jours-ci, l’on laisse flâner dans la rue des gens qui écoutent des voix dans leur tête — encore pire, on les écroue en prison. Ainsi risque-t-on l’exceptionnel meurtre à la hache ou massacre aléatoire à la sauce NRA (National Rifle Association, ces fanas d’armes à feu pour tous au détriment de tous), soit dans un restaurant empli de victimes innocentes soit en salle de classe. Ces crimes pourront bientôt se transformer en agressions dépeuplant des métropoles entières ou des superficies continentales. 

Ces homicides maniaques (surtout les cas douteux, dissimulés, retardataires et les plus brillants) doivent être surveillés de près à longueur de vie, de façon beaucoup plus circonspecte. Autant vaudrait surveiller tout le monde de façon routinière et soigner le plus grand nombre de ceux névrosés quand les leurs seraient tendres et davantage faciles à soigner, soit avant leur naissance au moyen de chirurgie génétique.

 Les visites médicales ne seront plus limitées aux situations de crise, une fois que ça aura sérieusement tourné au mal. Elles seront davantage fiables et faciles à programmer que l’achat de palliatifs en vente libre présentement. La routine sera d’aller en consultation médicale chaque trimestre, simplement pour causer un peu de sa santé quotidienne. Des Apprentis guérisseurs en localité se multiplieront. Ils distribueront des remèdes peu coûteux, (pour la plupart, des placebos) rendront des diagnoses préliminaires et rechercheront les problèmes plus graves au moyen de consultations en profondeur au sein d’une communauté médicale mieux entraînée, plus étendue et de meilleure accessibilité que la nôtre. 

La pose thérapeutique des mains sera étudiée et appliquée de façon intensive. Pour ceux démontrant du vrai talent sur cette voie, recrutement dans la communauté médicale dès l’enfance et engagement jusqu’aux plus hauts paliers de guérison pour aussi longtemps que leur talent dure. 

Afin de satisfaire des exigences d’armes de rationnement, de profit et de privilège, nous sommes privés de beaucoup de traitements davantage rentables. Les médias applaudissent des spectacles de soutien de vie, de virtuosité chirurgicale et de soins intensifs, sans révéler les dépenses et les insuffisances démesurées de telles hyperactivités. Exemple récent : le remplacement intégral par transplantation chirurgicale de poumons ruinés par le COVID.

C’est choquant, tout de même ! Dans sa trilogie, USA, John Dos Passos décrit le sort de quelques familles qui bossèrent dur mais parvinrent à la ruine à cause d’une maladie, ses factures et sa perte d’emploi. Nous voici, cent ans plus tard, et l’une des craintes majeures de la plupart des familles, c’est que les frais d’une maladie chronique ou des faiblesses de la vieillesse peuvent les mener à la ruine (la cause de 60% des faillites aux USA.) 

Cette crainte parfaitement raisonnable autorise des disparités économiques autrement indéfendables, pour que quelques intrigants et leur famille puissent s’en abriter. Presque tout le monde collabore avec cette travestie, dans l’espérance que leur concurrence égoïste et de somme zéro leur offrira accès à un plateau inabordable de sûreté médicale. Ceux un peu plus sages et beaucoup mieux renseignés garantiront des soins gratis à longueur de vie et mettront donc fin à de telles appréhensions et l’iniquité en résultant. 


 Les fabricants de drogues basent leurs budgets de recherche et de développement sur « ce que le marché soutiendra » plutôt que « le plus grand besoin actuel. » Ce gaspillage s'évaluera bientôt hors de la portée de tous à part des milliardaires. 

Au lieu, nos hautaines corporations de soins médicaux seront remplacées par des services publics mieux pourvues d’esprit public. Des patients qui exigent des niveaux absurdes de soins devront être permis de décéder sans douleur, avec dignité et dans la consolation de leur option de réincarner et d’en être sauvés. 

Je pressens que Dieu miséricordieux agrémente même notre trépas. L’épiphanie qu’éprouvent certains survivants de la mort proche m’a confirmé cette conclusion. Si cela ne consiste qu’en un certain déséquilibre de chimie cérébrale au cours de l’ultime agonie, soit, des chimistes thérapeutiques devront synthétiser ses composants et les médecins, les administrer au bénéfice de chaque agonisant. Moins de peine et de frayeur là-dedans, davantage de grâce et moins de tort, à l’Hippocrate.

Les priorités de nos débours médicaux actuels doivent être révisées. Sur le plan global, nous devons réduire le surpeuplement, la mortalité natale, les épidémies, les effets pernicieux de la maladie mentale, de l’obésité, de la criminalité sans diagnostique, des négligences et des abus familiaux ; et cesser de bosser si dur pour retenir des signes de vie dans ceux aux approches de la mort. 


 Des survivants riches de vieillesse, en attente d'organes de remplacement depuis des camps de concentration de victimes aléatoires (sinon choisies exprès) : voila ce que nous propose la terre en armes, du moins en Chine a présent, sinon ailleurs.  Ce projet sinistré, étendre la durée de vie de certains individus privilégiés au-delà de la norme statistique, doit être déféré. Des exigences beaucoup plus pressantes doivent être assurées d’abord, afin de purifier et donc de renforcer ce projet de façon acceptable.
 
 Une fois que chaque nouveau-né et sa maman jouiront de rapports bien-affectionnés et salubres – et seulement alors – le prolongement de la décrépitude des riches cessera d'être du vampirisme obscène. Autant pour les riches que pour les pauvres, le miracle de la vieillesse en bonne santé réussira étonnamment mieux dans l’absence de telles trahisons de la moralité ordinaire. 

L'avortement est une source de détresse pour nous tous.  Cependant, cette horreur ne sera pas réduite avant que les mesures précitées n’aient été effectuées dans leur intégralité. Si tu insistes à la supprimer, tu devras t’assurer d'abord de leur réalisation. La criminalisation de parents désespérés, s’ils passent à l’acte, n’est pas raisonnable. Il serait plus réaliste de diminuer leur désarroi et leur laisser l’opportunité de choisir la meilleure voie pour leurs enfants, chacun desquels doit bénéficier d’un apprentissage tendre, sûr et proprement affectueux. 

Cette décision navrante doit être déléguée à chaque mère et à elle seule après qu’elle ait obtenu l'instruction de ses médecins désignés et sans intervention gouvernementale. Que Dieu l’aide à faire ce choix si dévastateur !



 

- RAJOUT DE LA PLA, REDUCTION DES NUQUES

 

« Le test, du nom de code « Trinity, » eut lieu le 16 juillet [1945.] Cette détonation équivalut à 16.330 tonnes de TNT. En évoquant la scène, Oppenheimer dit : « Quelques-uns ont ri, quelques-uns ont pleuré, la plupart s’est tue. Jaillit dans mon esprit le verset de la Bhâgavata Gîta dans lequel Krishna tente de persuader le prince de faire son devoir [nota : et abattre volontiers ses aïeux au combat] : "Je suis devenu la mort, le destructeur des mondes." » http://www.pbs.org/wgbh/amex/bomb/peopleevents/pandeAMEX65.html

 

Le transport plus léger que l’air (le PLA) offre des capacités fascinantes. Des dirigeables peuvent expédier du fret lourd avec combustion minime de carburant et se décharger là où une modeste tour offre déblaiement minime. Les passagers peuvent observer le paysage se dérouler une allure nonchalante et hauteur intéressante : disons 110 KMH. Beaucoup de grands aéroports – avec leurs issues de bruit, de pollution et de gaspillage d’onéreux terrain immobilier – pourront être consolidés et rétablis sur des friches lointaines.

Lors du grand paroxysme, un zeppelin allemand survola des milliers de kilomètres de territoire ennemi. Son équipage transportait neuf tonnes de matériel de guerre à leurs camarades abandonnés en Afrique Centrale Allemande. Il ne livra pas sa cargaison. Planant par-dessus la côte méditerranéenne d’Afrique, son équipe intercepta une fausse annonce à la radio, que sa nation s’était rendue. Entièrement chargé, il retourna sans arrêt en Europe centrale. 

Le PLA est une technologie à la mâchoire en verre, c'est-à-dire qu’il présente une cible lente et vulnérable aux feux DCA, au sabotage, au mauvais temps et à l’interception de la chasse. Sa seule application d’armes fut en protégeant des convois côtiers américains contre des sous-marins nazis. Aucun convoi ainsi escorté ne perdit navire en dépit du massacre de transports côtiers solitaires l’année précédente. 

La marine US déploya des dirigeables stratégiques fournis d’avions de chasse capables de s’y accrocher. Encore d’autres furent abandonnés à leur étape de prototype en 1930, juste avant le plus grand paroxysme. Les amiraux américains, partisans de cuirassés, ont ordonné aux aéronefs les plus fins au monde, à leurs commandants avocats et leurs équipages d’élite de pénétrer des ouragans. Tant avant que pendant la guerre au Pacifique, ces tempêtes ont démoli des bâtiments de premier ordre des deux marines. Aucun amiral n’aurait osé les pénétrer avec de précieux avions.

Des fonctionnaires du ministère de l’air britannique (leurs yeux luisant de visions de chasseurs Spitfire) l’ont réussi encore mieux. Ils ont expédié le dirigeable R101 en Inde, quoique celui-ci put à peine soulever son propre poids. Après son inévitable écrasement dans une tempête, ils ont publié ce désastre avec telle ardeur que le brouhaha populaire leur permit de mettre sous verrous le prototype R100, un projet beaucoup plus élégant, et l’envoyer à la casse presque sans opposition, avec l’entièreté du programme britannique des dirigeables. Rarement ont si peu d’individus fait autant mal à tant de monde.

La technologie paisible trouvera meilleur emploi pour la PLA. Ses faiblesses militaires, qui ont permis aux bureaucrates d’armes de s’en débarrasser, seraient en grande partie sans rapport au monde paisible. Leur sûreté serait assurée par des technicités contemporaines de manufacture et de prévision météorologique. L'inflation à l’hélium incombustible élimine le hasard posé par des sacs enflés d’hydrogène explosif. Des composants plus solides et des nouvelles techniques de construction promettent de fabriquer des vaisseaux légers et durables. Par exemple, le sac de recouvrement de l’Hindenburg fut imprégné de peinture argentée qui s’est prouvée haute explosive. 

Espérons que des monstruosités technologiques, tels que des bombardiers stratégiques refaits en transports civils, seront envoyés à la casse en même temps que les affaiblisseurs supersoniques de l'ozone atmosphérique et des transporteurs à haute altitude de chars d’assaut. Des avions d’une centaine de tonnes n'ensemenceront plus si inlassablement la stratosphère avec des rejets d'eaux d'égout, de combustible en gaspillage et de sous-produits de combustion. L'atmosphère stratosphérique – jadis claire et à présent brumeuse et rayonnée d’ultraviolet en excès – sera permise de guérir. Une fois que nos cieux récupèreront leur sérénité, des sculptures magnifiques emplies d’hélium pourront répéter leurs rentrées spectaculaires.

 

Une autre technologie se suggère : celle ou du bateau volant aux ailes à terre (AAT). Sous la direction de Rostislav Y. Alexeïev, les Soviets ont construit en grand secret des Ekranoplans de cent tonnes ou plus rasant la surface de la mer. Comptant sur la force ascenseur de l’effet de surface, ces bateaux volants pouvaient transporter d’importantes charges utiles à longue distance. Leur vitesse de croisière surpassait 500 km/h à très basse altitude, (20 mètres) en d'autres mots, sous la visée de la plupart des radars, à consommation de combustible exceptionnellement basse. Une fois ces avions accélérés au point où l’effet de surface prit prise, la résistance qui freine ceux conventionnels diminuait. Cette technologie favorise la construction d’énormes engins qui bénéficient le plus de ces effets.

Comme d'habitude, elles furent d’abord développées comme systèmes d’armes : leurs prototypes portèrent des troupes en grands nombres et leurs blindés légers outre-mer, ensuite de lourds missiles antinavires. Ces Ekranoplans furent entièrement amphibies, capables de survoler un terrain plat (plage ou désert de sable, de glace ou de neige) aussi facilement que des eaux aux lames de trois mètres ou moins. Posés sur les flots, ils devenaient des vaisseaux de déplacement superficiel. 

De nos jours, ces engins peuvent transporter des frets massifs ou de nombreux touristes : l’idéaliste Alexeïev visa avant tout le tourisme aérien des rivières russes.

 

De retour au PLA, il servirait autant bien comme premier stage de charge utile lancée dans l’espace. Des grands dirigeables peuvent soulever des navettes lourdes dix mille mètres dans la stratosphère et les y larguer, d’où elles allumeront leurs propres fusées. On remplacerait des gros paquets de fusées de premier stage avec un peu plus de charge utile dans un appareil beaucoup moins massif. On a déjà perfectionné la technologie directionnelle nécessaire dans des missiles de croisière et des sièges d'éjection d’avions. Hausser des charges utiles de la terre dans l’espace par dirigeable, cela pourrait prouver meilleur marché, plus sûre et sensée du point de vue écologique que de les projeter depuis la surface terrestre par la poussée brute de combustible chimique. Avec compétence, le même PLA pourrait soulever des charges utiles à répétition.  

Je dois remercier Douglas Dean pour cette idée, parmi beaucoup d’autres que nous partageâmes avant sa disparition regrettée. 

Cette technologie ne fut jamais adoptée. Les programmes actuels d’armes dans l'espace ont pour but de lancer à l'avis d'un instant des engins nucléaires depuis des silos en béton et incinérer des grandes villes aux écarts intercontinentaux ou claquer des cibles plus précises telles que d’autres silos de missile. Des ballons géants ne réussiront jamais ces besognes. Tant mieux pour nous. 

 

A l’heure actuelle, le Dr Daniel P. Raymer, président du Conceptual Research Corporation, est le chef de projet du Dynalifter : un transport dynamique hybride chargé d’hélium, (muni d’ailes et des dispositifs d’un dirigeable), « qui accorde la capacité de lanterner d’un dirigeable avec celle correspondante de manœuvrer sur terre d’un avion aux ailes fixes. » L’Ohio Airships Company retient le dessein conceptuel et le brevet d’invention de ce schéma exceptionnel, http://www.ohio-airships.com/OhioAirships/. 

Il y a aussi la compagnie française, Voliris, http://www.latribune.fr/green-business/l-actualite/20120510trib000697948/bientot-des-dirigeables-pour-le-transport-de-fret-.html, ainsi que le Worldwide Aeros Corp. en Californie. Son dirigeable peut porter environ 60 tonnes de cargaison sans arrêt sur 7.049 kilomètres à 225 km/h, tout en brûlant beaucoup moins de carburant qu’un avion comparable. 

Alors que la capacité de hausser des frets utiles dans la stratosphère serait dans celles du Dynalifter, (avec d’autres civiles — imagine des vaisseaux de recherche et de secours à longue portée) ce projet a été proposé comme plate-forme d’armes, de transport militaire et de surveillance stratégique. Quelle surprise là-dedans ?

 

Ainsi que le PLA n’offre que des possibilités paisibles à longue échéance, les installations nucléaires et de génération d’énergie à fusion ne peuvent trouver aucun emploi légitime ici-bas. L’énergie nucléaire servira peut-être en tant qu’industrie lunaire, mais sans utilité plausible sur terre. Son problème principal, c’est son appel universel comme système auto-renforçant d’armes et sa nullité en tant que viable technologie paisible. 

Faisons-en face : voire par accident subit, par contamination à long terme, des réacteurs nucléaires vomissent des torrents de déchets radioactifs sur un étendu continental (Tchernobyl) ou océanique (Fukushima). Construire un réacteur nucléaire « sûr » c’est un peu comme fabriquer un navire inchavirable ou une banque à l’épreuve du vol. Bonne chance !

Nos corps se sont adaptés à une ondée constante de millions d'années de durée. Ce compte d'origine a triplé ces cinquante dernières années (sextuplé depuis Tchernobyl et Fukushima ?) à force d'accidents balourds, d’expérimentations militaro-criminelles et de pollution en branle. Qui plus est, l’amenuisement de la couche d'ozone intensifie une tempête électromagnétique que nos corps, élevés sous les vastes cieux purs du Serengeti, ne furent jamais conçus pour supporter. Le corps humain est une machine d’enregistrement à nerf vif : thermomètre, gyroscope, chronomètre, oscilloscope, baromètre, comptoir de scintillement, mètre de gravité et antenne multi bande de délicatesse sans pareil. Qui sait quels effets ce bombardement fera naître dans les générations à venir ? Est-ce que des épidémies actuelles de maladie immunitaire (cancer, obésité, diabète, arthrite, dépression, autisme, démence, etc.) en émanent sans être reconnues ?

Depuis la commission conjointe de la bombe atomique en 1945, Dr Averill A. Liebow, président de ce corps de fonctionnaires, avec Dr Alice Stewart, sa dissidente vocale, ont attesté que des irradiations de basse intensité peuvent être aussi nuisibles à la physiologie humaine à long terme que le crépitement de radioactivité plus intensive. Silence absolue sur ce sujet depuis.

Dans l’idéal ces isotopes reposeraient en joints stables de minerai desquels ils furent d’abord déterrés. Ce serait préférable à leur mixtion dans l’air et l’eau et logement au sommet de notre chaîne alimentaire dans la chair dodue de bébés. Espérerons que cette idée nous rentre dans la tête en permanence et que cela mette fin au minage de pechblende. Le diktat nucléaire actuel ne promet que le suicide de masse par empoisonnement lent. 

Quant aux technologies nucléaires, des centrales au Thorium peuvent retiennent des avantages préférables à celles équivalentes qui se chauffent à l’Uranium238. Le minerai du Thorium est disponible en quantités beaucoup plus considérables que nos réserves d’Uranium bientôt épuisées. 

Deuxièmement, les réacteurs au Thorium232 ne partent pas en réaction critique (à la différence des soi-disant réacteurs « au lit de cailloux » : ce compromis en partie de Thorium et pour la plupart d’Uranium.) Ils opèrent à grande chaleur et corrosivité mais à basse pression, en se servant du Thorium fondu aussi bien comme source de chaleur et fluide de refroidissement. Par contre l’Uranium est refroidi à l’eau : ces matériaux doivent être strictement séparés. Si la plomberie d’un réacteur au Thorium s’ouvre en brèche, la liquide de circulation tombe sans problèmes dans un puisard et stop net l’opération. Sa construction et son maintien seront moins chers que ceux à l’Uranium qui exigent de coûteuses et chimériques sauvegardes contre l’emportement nucléaire. Quand ceux-ci pêtent, des explosions de vapeur d’eau surchauffée et celles subséquentes binaires d’Oxygène et d’Hydrogène (propergol) lâchent des grandes nuées et éclats de shrapnel de grande radioactivité irrépressible.

Nous pourrions construire des réacteurs modulaires au Thorium à moindre prix. 

Finalement, les résidus des réactions du Thorium ont une demi-vie radioactive de centaines au lieu de millions d'années. Ils sont beaucoup plus faciles à entreposer pour finir enterrés de façon conventionnelle, quoiqu’ils soient plus ardents entre-temps.

Les réacteurs au Thorium produisent de l’Uranium233 également serviable comme explosif nucléaire après un traitement industriel onéreux. Ce passeport au désastre devra être soigneusement surveillé.

La recherche des réacteurs au Thorium s’est achevée avec un modèle de fonctionnement aux années 1960, bien qu’il ait été mis à l'écart pour privilégier ceux à l’Uranium. C’est par la même sottise que les technologies d'énergie solaire, éolienne et hydraulique sont mises de côté en faveur d’équivalents inférieurs du nucléaire, du charbon et du pétrole. Le temps est venu d'abandonner ces démentes technologies d’armes en faveur de celles paisibles plus raisonnables. L’Inde, l’Indonésie, la Tchécoslovaquie et la Chine sont au-devant des rétrogrades américains et européens à ce sujet.

Le problème principal, en ce qui concerne l’énergie alternative de fusion dite « chaude » c’est le cratère départemental qu’elle peut forer si elle part en régime critique. Qui souhaite parier ? Du reste, cette technologie a été déclarée « praticable dans la prochaine quinzaine d’années » depuis une soixante-dizaine, et le sera toujours. 

Entre-temps, on doit perfectionner l’efficacité énergétique des transmissions globales, modes de conservation et sources dites « douces. » Des moulins à vent moquetteront les couloirs à haut vent, et des installations d’énergie hydrologique d'impact réduit pointilleront les voies d’eau réceptives. Des systèmes de pointe de gestion électrique auraient dû être installés depuis des décennies, mais n’existent pas encore. Capitalistes frauduleux au prix bas !

Depuis des décennies, les intérêts surcapitalisés du nucléaire et du carburant de fossile (des techniciens d’armes en marche !) ont ajourné ces alternatives évidentes en faveur de leurs technologies cauchemardesques. Quelle surprise !

 

Pendant le plus grand paroxysme, des fascistes multinationaux ont intrigué le massacre de peuples entiers dont ils considéraient le certificat de naissance mal rempli. Leur intrigue s’exécuta sans interruption par les Alliés. Ni les camps de la mort ni leurs arrêts de train n’ont été bombardés, quoique le restant d'Europe l’ait été à plat. Il serait intéressant d’énumérer les quelques usines stratégiques épargnées ce sort quasi-universel en Europe et leurs propriétaires internationaux. 

En même temps, des millions de proies humaines furent transportées aux camps de la mort. Là, des blockhaus en béton furent bourrés de victimes et emplis de gaz toxique. Le produit final fut pelleté en crématoire avec efficacité teutonne, et les affaires des victimes, recyclées pour financer l'effort de guerre Nazi. L'aube du recyclage industriel !

Mais ces fascistes brutalement humains ont découvert qu'ils ne pouvaient jamais rendre leurs camps assez efficaces. Davantage de victimes ont toujours émergé que les moyens de s’en débarrasser. Il n’y eut jamais assez de sociopathes pour les garder alors qu'elles furent exterminées. Quelle déprime !

Depuis lors, les descendants idéologiques de ces brutes se sont arrangés pour qu’ils occupent des villes souterraines bourrées de petites bouchées de luxe et nécessités de survie. Au lieu de gaz toxique, ils respireront l'air la plus fraiche et pure que sache filtrer l’agro-technologie de pointe. Dès que tout sera parachevé selon leur goût, ces conspirateurs projettent d'inonder la planète transformée en crématoire d’un siècle des crues de toxines omnicidaires les plus coûteuses qu’ils ont leurré leurs victimes et partisans paniqués à financer. Nous autres misérables n’aurons qu’à périr en masse à travers la planète convertie en Belsen — de manière beaucoup plus efficace, cette fois-ci. 

On a écouté maints discours vides sur le nouvel ordre mondial et de nombreux rabâchages de traitée diplomatique : tant de papotages vides qui tombent aux égouts, en même temps que toutes sortes de protestations antinuques. Des mouvements globaux ont surgi momentanément, se sont voués à condamner cette industrie monstrueuse, et ont sitôt disparu. Néanmoins, rien de sérieux n’a été entrepris pour enrayer cette ultime solution. « Nous serons formels, cette fois-ci! » 

D’autres obligations pour les Apprentis : estropier ces ministères sataniques et renvoyer leurs vassaux en retraite involontaire quoique bien méritée. 

La menace d'omnicide militaire s’accroit chaque fois qu’un nouveau groupe se présente pour brandir des armes nucléaires, chimiques, biologiques et météorologiques. Quand une nouvelle nuque éclate, un diable somnolent cligne des yeux en éveil. 

Ça n'a été qu’avec notre collusion distraite que ces déments ont pu transformer la planète en Belsen — sinon nous y menacer sérieusement. Nous dûmes être des somnambules hypnotisés pour confier notre destin à ces goules. J’aurai préféré qu’aucune épée de Damoclès, dépendant d’un méli-mélo d’incorrigible propagande militaire, qu’aucune serpentine de quincaillerie apocalyptique au taux de multi-mille-milliards de dollars ne soit suspendue par-dessus notre tête en repli parfait pour frapper. 

La confirmation moins formelle de ma thèse aurait confirmé le fait que nous sommes des somnambules souriants, hypnotisés par la mentalité d’armes, errant la main dans la main en Armageddon. Notre aveugle soumission à ce cauchemar nucléaire confirme la prise fatale que la mentalité d’armes retient sur la conscience humaine. 

A nous de nous en affranchir. C'est à dire, à toi. 

En effet, personne sauf toi !



 

- ECOLOGIE CONSTITUTIONNELLE ?-

 

« Ce n’est qu’après que le dernier arbre sera abattu, après que la dernière rivière sera contaminée, après que le dernier poisson sera attrapé. Seulement alors trouvera-t-on que l'argent ne se mange pas. » Prophétie des Crees indiens, prise de Mutant Message, Marlo Morgan "Two Hearts", MM CO. , 1991. 

Il me dégoûte d'observer des sociopathes rembourrés en costume cannibaliser ce qui reste de notre unique installation d'oxygène. Nous voici emboîtés à bord du seul sous-marin de notre connaissance (la microbulle de l’habitat humain) qui croise la noirceur sans limites de l'espace sans opportunité de « remonter à la surface. » Comme des idiots, ils tirent des composants vitaux de cette unique installation par voie de torpille dans l’abime. Ils se compensent leur réalisation géniale en se payant les uns aux autres des ronds et des vieux papiers dénombrant tout plein de zéros. Quelle manque de sagesse ! Ils cavalent une course acharnée au néant.

Et dire que ça fait plus de deux mille ans depuis que l’enfant Christ est né. Quel joli progrès que le nôtre !

On ne peut pas compter sur les protections de la constitution américaine comme mise en vigueur à l’aube de ce troisième millénaire EC. Son projet de droits, « Bill of Rights » n’invoque même pas la pureté de l'air et de l'eau. Comment adhérer aux « intentions originelles » d’un tel document ? Ses auteurs l’ont rédigé pour proclamer l’égalité entre hommes, aussi préserver l’esclavage! 

Faisons-en face : la constitution américaine est obsolète comme couramment ordonnée. Ce fut un document remarquable il y a deux cents ans, durant l'ère de transport à cheval et à voile, de correspondance à la plume d’oie et aux cires à cacheter, de terres gratuites sans limite en contrepartie du droit noble au domaine. Comme d’autres instruments révolutionnaires, elle exige défense active de la part de responsables désintéressés supposés la remettre à jour souvent selon ses propres directives. Mais nous ne pouvons plus bien la régler sous la dictée d’intérêts spéciaux qui dédaignent le bien commun.

Le cercueil de la liberté américaine a été scellé par deux lois récentes:

·       Citizens United » (citoyens unis) approuvée par la cour suprême ultra sans meilleur moyen de désunir la citoyenneté, qui octroi une personnalité légale aux simples corporations, et légalise le pot-de-vin politique sans limite et anonyme;

·       le Defense Authorization Bill de 2012, légiféré par un Congrès de malveillance équivalente et un Président, à la République Weimar, autorisant la détention (ou l’exécution) de citoyens américains par le pouvoir militaire sans voie de droit. 

 

L’Amérique n’attend rien de plus que son enterrement aux mains du futur favori politique imitateur d’Hitler avec sa meute de Republicans de la dernière fosse. Ci-git Trump, en rampe du dessous de sa pierre : le prototype le plus récent.

Sinclair Lewis : « Quand le fascisme viendra en Amérique, il sera enrobé du drapeau et portant la croix. »

En Grande Bretagne, la loi commune s’est embrouillée lors du mouvement de clôture. Ces temps-là, les droits communautaires aux pâturages, aux ressources forestières et aux champs collectifs furent sacrifiés à la consolidation de grandes plantations pour les riches. En plagiat de ce décalage des valeurs traditionnelles anglo-saxonnes, le droit souverain de la propriété fut fourré dans la constitution américaine. 

Les Amérindiens furent abasourdis par cette définition légale de la propriété n’étant fondée que sur des paperasses certifiées d’élite et assez de puissance de feu pour ratifier ces certificats pour la plupart nuls. Cela aboutit dans le génocide d’anciens propriétaires communaux, habitués depuis la nuit du temps aux conventions collectives « de l'usufruit ». Moins arbitraire, particulier et contestable, elle était davantage fiable et mieux adaptée à la façon intuitive de penser, donc plus facile à appliquer paisiblement par consentement universel. 

Dans la transition au monde paisible, ce sujet sera de grande importance. Les Apprentis laisseront choir les réglementations d’intimidation appliquées en faveur d’intérêts d’élite, et les remplaceront avec des règles appliquées aux moyen paisible de la confiance réciproque et du consentement quasi-universel. 

A vrai dire, les anciens villageois de ce qui devint la Grande Bretagne furent aussi ahuris que les Indiens américains par le banditisme arrogant de leurs supérieurs sociaux, appuyé par la puissance de feu irrésistible et enthousiasme d’en abuser.

« L’usufruit : Le droit de … jouir des profits et avantages des avoirs d’autres, [dans ce cas, Dieu] tant que ces biens n’en soient ni endommagés ni transformés en aucune manière. » Webster’s II, New Riverside University Dictionary.

Nos propriétaires contractuels doivent surexploiter leur propriété afin de défrayer des impôts baroques d'armes. Des profits et avantages cumulent de cette exploitation dégradante, en dépit de leurs mauvais résultats et peut-être à cause d'eux. La plupart de ces redevances d’armes doit aboutir dans les caisses de la sécurité sociale sinon rester avec le propriétaire pour compenser sa bonne intendance.

Des éconologiciens refusent d'honorer le soutènement, (en anglais, sustainability – je ne trouve pas le mot correspondant en français – la capacité d’être utilisé tout en se perpétuant malgré son usage) le préalable obligatoire de la bonne intendance et le socle de l’usage légitime. C’est le meilleur moyen d’accélérer notre décrochement de la misère, de pratique beaucoup plus robuste que toute « poursuite » fantaisiste du bonheur. Ni les défis ni les récompenses de la propriété ne diminueront sous les lois d'usufruit, mais le soutènement en bénéficiera certainement.

Comme des vaguelettes concentriques refluant du jet de pierres dans un étang, nous rayonnons des anneaux d'autorité déléguée. A partir de notre naissance, nous déléguons des affiliations préréglées de famille, de religion, de culture, d’éducation, d’affaires et de gouvernement. Une agence quelconque ne peut pas nous « accorder » ces privilèges, libertés, responsabilités et obligations ; nous les déléguons ainsi qu’il nous semble davantage convenable et attrayant — sinon, sur la terre en armes, moins terrifiant. 

Quelques idées, négligées jusque-là, doivent gouverner la délégation de cette autorité : 

·      Prérogative personnelle : un individu bien mûri et en bonne santé est responsable en particulier pour son autorité et sa vie privée. Il n’appartient à aucune institution de les lui accorder en tant que « privilège » ni d’en abuser pour profit. Au pire, l’individu doit y consentir « pour le dossier » au cas par cas, surtout quant aux atteintes à sa vie privée. La publication ou l’utilisation de données privées en atteinte à l'individu sans son consentement serait un méfait pénale. Les seules exceptions : des psychopathes certifiés et des sociopathes condamnés qui aboutiront sous permanente liberté conditionnelle.
 ·      Limite institutionnelle : l’instrument social doit se borner aux problèmes qu’il a fait preuve d’avoir bien résolus et déléguer les autres aux spécialistes adaptés
 ·      Service dirigé : les priorités du passé doivent être renversées ; les instruments sociaux, servir une fonction populaire et non des patrons institutionnels par hypocrisie furtive.

Les Apprentis amenderont la constitution américaine pour accorder des droits conformes à ceux qui lui jurent fidélité, non seulement aux Etats-unisiens géographiques. Inclus seront tous ceux qui lui souhaitent du bien mais refusent de jurer, ainsi que ceux qui préfèrent honorer un autre texte, (le coran ou la bible, par exemple) à condition qu’ils coopèrent paisiblement. Cela devrait mériter l’approbation presque unanime du consensus de bonne conscience morale. 

Bientôt, la lutte de meutes politiques tourbillonnera autour de projets d'amendement de la constitution américaine : une série rédigée par les réactionnaires pour perpétuer la gestion d'armes ; l'autre progressiste, par les Apprentis. Comme d’habitude, ces premiers accuseront les seconds de leurs propres abus du pouvoir et les seconds accepteront ce blâme en silence. 

Les Apprentis laisseront « la poursuite du bonheur » à la conscience morale et aux talents particuliers : là où elle appartient en premier lieu. La législation valide éloignera chacun de sa misère : ce que les gouvernements actuels bloquent avec obstination querelleuse, préférant abuser leur gibier préféré en poursuite du bonheur d’élites sans restreinte. 

Le gouvernement ne peut pas savoir ce qu’est le bonheur. C’est une subjectivité trop intime pour être honnêtement constaté. En revanche, Il peut facilement compter, analyser et réduire la misère au moyen de procédés que n’importe quel adulte sensé répertorierait les yeux fermés : provision d’eau et d’air propres ; nutrition adéquate ; habits, logement et éducation ; libertés de rassemblement et d'expression ; justice (garde contre la corruption), etc. … Comme chaque individu et institution, le gouvernement doit effectuer ce auquel il excelle : rien de plus ni de moins. 

Les Apprentis reconnaîtront des droits particuliers à la vie, à la liberté de choix, à la justice et au décrochement de la misère. Par ailleurs, ils rendront honneur aux droits suivants évidents en soi, à savoir : droit aux nécessités de survie de qualité supérieure et bon marché ; droit aux sol, air et eau purs ; droit aux soins médicaux supérieurs d’avant la conception jusqu’à la mort ; et droit à la poursuite de son Apprentissage de toutes ses forces. Les droits actuels, bornés sans merci par la régie d’armes, croîtront sous celle paisible.

Dans Comment penser de la guerre et la paix, Mortimer J. Adler écrit : 

 « L'épreuve la plus élémentaire de la vraie conception du bonheur humain, c’est qu’elle doit être abordable par chacun sans entraver ni prévenir en aucune manière l’obtention des mêmes biens par les autres. Tous ceux qui considèrent la poursuite du bonheur comme une entreprise compétitive … » [souffrent d'une illusion fatale : mon ajout.] 

Je recommande ce livre.  

Le gouvernement mondial rationalisé rassemblera des milliers des meilleurs biologistes sur terre (la majorité dans cette réunion) avec des chimistes, physiciens, technologues et industriels ; aussi leurs acolytes brillants, dont la bride philosophique sera laissée au cou s’ils se distancent de leurs doyens vieux jeux ; pour le projet Manhattan III (Projet II: la photosynthèse de par la peau humaine.) 

Chacun recevra une copie d’étude de La connaissance : Comment rebâtir le monde à partir de zéro (Lewis Dartnell, The Knowledge: How to Rebuild our World from Scratch, The Penguin Press, New York, NY, 2014.). 

Ensuite obtiendront-ils ces ordres de marche coriaces : 

« Laissez tomber tout ce que vous venez de lire. Rien de cette technologie n’est soutenable à notre palier de population sur cette planète – ni sous la luxure du vingtième siècle ni l’austérité sans merci d’après l’apocalypse. Faites provenir celles plus durables en biomimant résolument des systèmes naturels. A partir de ces données fondamentales, œuvrez vers le haut. Rien n'est sacré sauf la survie de la civilisation humaine, même si elle doit se transformer au-delà du reconnaissable. Supplantez toute la technologie qui vous barre le chemin.  »
 « Avis : le feu est un outil extraordinaire à être utilisée avec grande circonspection, le plus souvent en profondeur souterraine ou en isolement industriel dans l’espace, voire longtemps auparavant et à grande distance de l’objet en question. Aussi, la compétition entre des êtres vivants et leur destruction doivent être plus souvent secondaires à leur coopération et croissance.  » 
 « Ne revenez pas avant de vous avoir satisfait de vos recherches préliminaires. »
 « Hâtez-vous ! »



 

- SURVEILLANCE PLANETAIRE

 

Selon Al Gore, nous confrontons certains phénomènes émergents.

·      L’esprit global : un réseau d’ordinateurs d’entretien planétaire.
 ·      Terre, Inc. : le national-capitalisme poursuivi jusqu’à son extrémité de pathocratie. Ma définition, non la sienne.
 ·      Nous pourrions ajouter l’Ecologie à pic : l’épuisement de ressources terrestres clés : terrain arable, air respirable, bonnes eaux douces et salées, stabilité climatique, biote, hydrocarbures et minerais.
 ·      Finalement (et surpassant la vision de M. Gore), nous devons organiser les Apprentis pour transformer ce radeau de la Méduse en quelque chose d’habitable.

 

Par contre, l’avanie environnementale s’implante dans les politiques de désinformation. Paradoxalement, elle devient la manie des doctrinaires dits « conservateurs. » Ces réactionnaires infligent autant de dégâts qu’ils peuvent sur des étrangers, sur des petits et le monde naturel — ainsi que des grands lions de mer brutalisent des petits qui tombent dans leur chemin ; ainsi que des gorilles aux dos d’argent, rendus fous furieux, catapultent des sous-bois ; et que des primats balancent leur merde sur le passant. 

Cet incessant abus de l’environnement nous remet des désastres météorologiques sans précédent et peut-être des chocs volcaniques et tectoniques en surcroît. Le reboisement massif tremperait des surfaces continentales avec légèrement plus d'eau et ralentirait la fonte globale de glace et sa redistribution aqueuse ; ce qui pourrait amortir certains cataclysmes. 

Des civilisations antérieures ont scellé leur ruine en dénudant les terrains bas et forêts aux environs. L’intempérie et la famine suivirent de près. 

Les Chinois ont une expression pour de tels abuseurs qui agencent des catastrophes environnementaux par manque de compassion et de rites propices, et celle opposée pour des élites dont la sagesse prévient de tels cataclysmes. Celles-ci ont « retenu le mandat du ciel » alors que les autres l’ont perdu. Telle que la « volonté générale » de Rousseau envers le gouvernement occidental, ce mandat offre l’unique validation du gouvernement oriental ; son absence le rend illégitime. Dans ce cas, la révolution devient non seulement inévitable mais obligatoire pour rendre fin aux abus gouvernementaux et leurs retombées environnementales.

 

Pour chaque projet à grand risque, des groupes multiples d'écoute sur place et des volontariats de témoins publics renforceront les agences gouvernementales et administratives de surveillance du monde paisible. 

Nous devons épingler une importante distinction ici. On invoque des réglementations environnementales comme le « Superfund » américain pour épurer des zones de déchets hasardeux, quoique ces efforts se prouvent incroyablement bruts. La plupart se servent de jets d’eau pressurisée, de vapeur surchauffée, de dragues, de bulldozers et de toxines chimiques afin de racler le tout : le bon, le mauvais et le hideux – sans parvenir à grand-chose d’autre – pour disposition éventuelle en mer, dans des pays pauvres ou terrains de décharge qui doivent fuir tôt ou tard.

Il n’existe aucune méthode de démantèlement d’un réacteur nucléaire usé dont la preuve a été faite ― non moins les cinq cents et quelques modèles commerciaux et qui sait combien davantage scientifiques, militaires et dissimulés pour diverses raisons ? 

Une grande partie du milliard de dollars déboursé pour épurer le désastre pétrolier Exxon Valdez s’est prouvée nuisible sinon sans valeur, mais elle fut appliquée de toute façon pour son enchère de propagande, selon Jeff Wheelwright dans Degrees of Disaster – Prince William Sound: How Nature Reels and Rebounds (Degrés de désastre – Le détroit Prince William : Comment la nature chancelle et rebondit), Simon et Schuster, New York, 1994. Nous voici, une génération plus tard, et la corporation ExxonMobil refuse d’acquitter ses amendes, alors que l’environnement exhibe encore ses stigmates. « Comment mieux remédier nos désastres écologiques ? Embaucher davantage d’avocats … et de juges ! » 

Ne parlons pas du Golfe de Mexique, de Fukushima ni des désastres planétaires de plus en plus hallucinants en aval du temps.

 

Huit remèdes complémentaires se suggèrent, (celle finale peut être la plus importante.)

 1.    Eliminer les modes de vie, les technologies et les corporations qui créent la pire pollution. Entre autres, celles militaires (voir http://www.uwec.edu/grossmzc/schrinrj.html) et les fabricants d’automobiles privées, de canots automobiles et de leur carburant de fossile, puis les agrocorporations d’ingénierie génétique par épreuve et erreur telle que mal pratiquées de nos jours. 

2.    Interdire de façon préemptive les pires pollueurs de point de source (du type usine.) Subventionner des technologies moins chiantes. 

3.    Réglementer les pollueurs potentiels pour minimiser leurs effets nuisibles. Mandater des systèmes de renfermement bien fondés pour recycler des toxines industrielles et les clore en membrane imperméable. 

4.    Réserver sur place à tout moment une quantité suffisante d’équipements d’enveloppage d'urgence et de matériel de nettoyage : des pétroliers à double coque sinon à coque en blockhaus, bien inspectés ; un remorqueur avec un équipage certifié à chaque amarrage pétrolier ; aussi des chaînes de bouées de renfermement dans tous les ports commerciaux. 

5.    Rechercher des sources alternes d'énergie et les substituer aussitôt que praticable. Les Apprentis qui partagent cette passion doivent focaliser leur attention sur chaque volet de la gestion d'énergie : botanique, biologique, écologique et sociale – ainsi que les ingénieries mortes car gérées par algèbre toute seule.

6.    Ne plus déranger la récupération naturelle au-delà de l’isolement et l’assemblage de couches clairement définies de pollution. Accélérer la récupération écologique d’après le désastre seulement là où cela serait réalisable et sûre.

7.    Déterminer si le biochar, l’agrichar et la terra preta peuvent être ingéniées à l’échelle industrielle pour créer des suppléments de sol à haut-Carbonne tout en ôtant de l’atmosphère le maximum de bioxyde de carbone. http://www.sciencedaily.com/releases/2010/08/100810122030.htm(En anglais)

8.    Des nouvelles technologies imprévues ?

 

Le super pétrolier Exxon Valdez manqua de radars en bon ordre et d’une équipe alerte au pont. Ses patrons d'entreprise ont menti quant à leur état de préparation, tant avant qu’après ce désastre. La corporation ExxonMobil (et, parmi d’autres, Mitsubishi, les grands établissements alimentaires, d’extraction de bois et de métaux précieux) ont introduit des politiques environnementales les plus dévastatrices qu’ont pu invoquer leurs agrégés d’affaires administratives. Qu'eux et leurs investisseurs insatiables se rendent compte des trocs déments qu’ils ont priorisés, entre le profit à court terme et le malheur éventuel de leurs enfants. Qu’ils se changent d’avis et compensent leurs délinquances !

Des appareils vidéo seront bientôt montés sur le pont de supertankers et d’autres bâtiments vulnérables, parcourant leurs instruments, équipages et alentours. Des Apprentis distants les surveilleront : les équivalents à venir des radios amateurs actuels. La tâche de surveiller ces centrales de contrôle sera partagée par des équipes professionnelles sur place et des amateurs équivalents chez eux. Ils se serviront de nombreux panneaux révélateurs, fréquences de transmission et contrôles, développés semblablement aux « postes en verre » du pilotage aérien. Ces moniteurs virtuels auront accès aux manuels complets d’opération et d’assemblage, aux textes préexistants de contingence et aux guides d’urgence publiés sur l’Internet. L'inspection sur place des matériels d'écoute, exécutée de façon aléatoire, préviendra des altérations malicieuses. Leur but primaire ne sera pas la garantie des minuties de procédure, mais la découverte à longue vue de grosses négligences institutionnelles et la prévention à court terme de désastreuses pannes multiples et simultanées qui se sont échappés des préventions antérieures. Puis émettre des alertes rouges : « Quart du pont de l’Exxon Valdez : gare à vous ! »

A l’instant qu’une alarme sonnerait ou serait désarmée, le réseau de surveillance transmettra la nouvelle : « Quelque chose d'intéressant se passe à l’adresse XYZ. » L’examen minutieux s’intensifiera, appelant aux autres moniteurs de s’y embrancher. Comme des bons journalistes, ces Apprentis internationaux feront point d'honneur qu'aucun incident sous leur garde ne se déroule à la catastrophe sans qu’ils ne le signalent d’abord. Des riverains alertés se rassembleront pour témoigner sur place de la réponse à l’incident.

Michael Yanitch est Dutchsinse à https://www.youtube.com/user/dutchsinse. Quelques fois par semaine, il passe en revue l’activité géophysique récente sur terre : tremblements, points chauds et volcans. Se fondant sur sa revue de bases de données séismiques sur Google Earth, il donne des prédictions pour la semaine ou dizaine de jours, avec succès surprenant. Dans l’avenir, d’autres individus appliqueront ses techniques à leur propre discipline.

Des satellites espions seront modifiés en périscopes pour usage ultérieur par des Apprentis. Certains observateurs se spécialiseront en une certaine sorte de structure ou d’industrie, (par exemple, le nucléaire) d’autres deviendront des spécialistes régionaux. De l’observation obsédante leur permettra de mémoriser les détails de leur spécialité et distinguer ce qu’il y aurait d’insolite, comme si au microscope. 

Le monde paisible sera inspecté beaucoup plus minutieusement en vue de son amélioration, qu’en ont été capables la CIA et ses équivalents internationaux de renseignement stratégique dans leur surveillance de la terre en armes avec pour but bien mentir et ne pas être bien mentis. A ce jour, on ignore encore la nature fondamentale de la planète (mieux renseigné sur la surface de Mars que sur celui de l’abîme océanique, et mieux encore que sur l’écologie microbienne du corps humain.) Dans l’avenir, nous saurons mieux.

Ceci dit, simplement parce que les moyens contemporains permettent l’exposition de presque l’intégralité de la vie privée de tous, cela n’oblige pas que la nôtre nous soit ainsi dépouillée. Au contraire, des nouvelles lois très strictes fourniront aux groupes de défense du consommateur et à chaque individu les moyens de détecter et signaler ceux qu’y font intrusion sans autorisation signée et les poursuivre en justice facile et pénible. Ces lois ont déjà été établies, par exemple, pour des portraits photo non autorisés et des fuites de dossiers médicaux. Ce qui reste de la sphère privée doit être pareillement barricadée, comme l’a brillamment légiféré l’EU en 2018. Qu’une question d'attention fastidieuse aux détails, comme pour toutes les passions du monde paisible.

Ces moniteurs virtuels inscriront leurs passions dans un registre public qui dénoncera ceux qui abusent de telles études, annonçant en détail leurs points de repère et le temps qu’ils y ont passé. Il braquera des enquêteurs sur quiconque complote de tels méfaits délibérés. La grande majorité des moniteurs honnêtes fera point d’honneur d’identifier et d’isoler ceux qui trahissent leur passion.

Enfin, beaucoup d’Apprentis enquêteurs se spécialiseront dans l’étude préventive des « pires cas » ce que l’intérêt financier fait routine d’ignorer afin d’éviter de coûteuses mesures préventives (à la Fukushima, Titanique, Deep Water Horizon et son fantôme Taylor Industry, etc., etc.) Une bonne réplique à leurs avertissements, si confirmée par une majorité de pairs d’étude, prendra priorité sur des plans déficients déjà établis. Sinon le projet en question sera abandonné jusqu’à ce que ses garanties adéquates soient financées : Fukushima en ingénierie inverse pour le prévenir.

 

A travers la planète, des bataillions d’élite attendent d’être lancées, leurs armes de pointe au poing, presque n’importe où dans un jour ou deux. Pourquoi si peu de professionnels répondent-ils au désastre écologique ? Est-ce donc que le bon gouvernement, l’air pur et l’eau propre soient si fortement reliés qu'aucune garantie écrite n’en soit requise ? Tu parles ! Personne ne peut renoncer à la garantie fondamentale de ses protections particulières. La constitution mondiale à venir les répertoriera en noir et blanc. Leurs surveillants – dédiés, indépendants, mandatés et exerçant la pleine force de la loi sans faveur ni préjugé – soutiendront ces garanties. Quiconque renonce à de telles protections doit s’attendre à être chié dessus, aussi menti et battu sans contestation.

A travers l’histoire, ceux qui ont géré l’écoulement d'eau ont géré tout autrement. La Chine, l’Egypte, Babylone et d’autres civilisations hydrauliques ont prospéré en réglant leurs cours d’eaux. Des civilisations entières se sont effondrées quand des abus écologiques, semblant avantageux dans le moins distant, ont lâché la dévastation inattendue. Des famines pluriannuelles en ont résulté, suivis trop souvent par la peste, la guerre et l’annihilation bientôt de suite. 

De telles erreurs s’atténueront sous la laocratie. Elle exigera de l’équité particulière absolue, l’émancipation personnelle, des sauvegardes contre l’exploitation autant interne qu’externe à la nation, et beaucoup plus de temps libre pour philosopher ; que nous élevions tous les enfants rares et bien-aimés jusqu’à leur maturité salubre ; et qu’un public éclairci prête beaucoup plus d’attention aux avis déontologiques afin de diminuer leurs conséquences inattendues. Enfin, des majorités massives devront chérir leur Apprentissage par-dessus tout. 

La laocratie a pu évoluer parmi des chasseurs-glaneurs de subsistance ; elle a dû prospérer dans les champs irrigués de la préhistoire, malgré les corvées du piège de la plantation. Les sociétés égalitaires sont apparues spontanément parmi ces chasseurs glaneurs et restés en force parmi les fermiers guerriers, dans la mesure que permit l'agriculture de forte main-d’œuvre.

Peu importe les lourdes labeurs journalières, chacun exigeait sa part de liberté et de justice. Comme dans le cas des meutes de loups précurseurs, toute tyrannie non réprimée invitait écroulement subit. Des grands systèmes d'irrigation, nourris par la gravité, se sont prouvés étonnamment délicats, exigeant main-d’œuvre intensive d’eux tous. Après une seule nuit de rétribution furieuse, quelques fermiers mécontents purent dissoudre un système d'irrigation de très grande complexité. Personne ne pouvait être interdit égalité d’accès à l’eau et à d’autres privilèges sans mettre en péril la commune entière. 

De vaines sanctions d’exécution et de torture familiale ont pu être invoquées et infligées trop fréquemment, mais ces abus ne sont jamais parvenus à faire taire la demande pérenne de justice, du moins pas pour longtemps. 

En ancienne Indochine, les meilleurs chefs ont appris les règles suivantes : le roi doit maintenir le contrôle le plus restreint sur ses districts ; le chef de district, sur ses villages ; le chef de village, sur ses résidents et le chef de famille, sur son ménage. Selon eux : « La loi de l’empereur se fige à l’entrée du village. » Celle-là ne pouvait les franchir sans tôt ou tard les brûler au ras, confirmant son incompétence et perdant donc ses bénéfices. Ce qui n’est que du bon sens : la loi de fer de la cohésion sociale.

 

Il y a une corrélation serrée entre la liberté et la provision d’eau propre. Quand celle-ci devient si rare qu’elle doit être bouillie, recensée ou stérilisée avant d’être bue, la liberté est en danger. La Chine a révélé cette tendance il y a des millénaires.

Pour la première fois dans l’histoire, nous faisons face au même problème avec l'air propre. Des directeurs d'armes s’impatientent de transformer tout l'air respirable en denrée négociable, soudant une autre bobine de câble à celui qui nous ligote. 

Rends-toi compte que l'oxygène est une drogue d'addiction à cent pour-cent fatale. Son manque fait paraître le coupement « cold turkey » de l'héroïne comme une mauvaise allergie. Qui plus est, nos corps transforment des molécules d'oxygène en celles radicales libres qui rouillent les cellules corporelles et rongent leurs télomères dans un derby de démolition cumulative que nous désignons « vieillesse. » 

Bien sûr, quand assez d’Apprentis auront accepté cette conclusion, cela mettra fin à la prohibition des drogues récréatives, trahissant une fois pour toute la sottise en série de sa grasse hiérarchie. 

Cette seconde sorte de prohibition me rappelle la persécution romaine des chrétiens. 

Toutes deux ont manqué de précédent valide, de bon motif et de but justiciable. Toutes deux ont promu de la criminalité haute et basse, de l’hypocrisie d’élite et du mépris populaire pour le gouvernement. Elles ont contredit des libertés fondamentales et compromis le monde paisible. Toutes deux se sont prouvées le terrain de récré pour des brutes, des sadiques et des tyrans ; gaspilleuses de vies innocentes, de leur productivité et de leur bonne réputation ; contradictoires aux institutions vitales, et finalement inexécutables face à la résistance spontanée des masses. Des psychopathes les ont inventées, organisées et perpétuées, toutes deux, en accord passif avec leurs victimes info prolétaires menés par leur conscience morale.

Des mercenaires d'entreprise n'ont pas encore transformé l’air libre en narcotique contrôlé, car ils n’ont pas encore su comment monopoliser sa provision, donc augmenté la dépense et les risques légaux de la respirer. Rendons-leur une nouvelle génération des effets d’automobiles privées et de l’industrialisation excessive au point de rendre irrespirable l’air naturel, ce qui leur permettront de réussir l’affaire. La finale hyper-désastreuse de Fukushima pourrait y parvenir sous une pluie de radioactivité globale. Je peux déjà les entendre tonner « Nous devons protéger les jeunes de ce danger insidieux » tout en les flanquant en tôle par millions et balançant les clefs. Attends, ils en font autant actuellement…

L’utilisation de drogues dites de récréation a été la routine humaine depuis au moins 10.000 ans. Le programme hollandais de gedoogbeleid (programme de tolérance) sera considéré partout, selon lequel l’emploie de ces drogues serait illégale mais toléré sous de strictes péremptions pourvue qu’aucune autre crime n’en résulte. Cela inclurait toutes les drogues de recréation.

 

Ces jours-ci, nous confrontons une base de ressources en dégradation quotidienne. Presque n’importe quelle boisson est préférable à celle qui coule à coût croissant du robinet. Va s’y maintenant et prends en une petite gorgée. Elle doit être au moins légèrement toxique et de goût atroce. La prostate d'hommes d’entre les deux âges se boursoufle et les indices de fertilité font chute libre. La note de classe des jeunes gens marque ce déclin, puisque leur intellect souffre le plus du détriment cumulatif de cette liqueur de déchets chlorés et de plomb dissout, avec en supplément des rentrées aérosols que seules des forêts massives seraient en mesure de purifier. 

Voici la propension des grandes forêts : elles attirent et se laissent arroser par des pluies diluviennes, nettoyant ainsi l’air de ses résidus de suie et de fumée. Elles métabolisent l’utile et laissent tranquillement couler le reste dans la mer.

Des industrialistes se réjouissent du fait que les personnes moyennes préfèrent leurs sodas coûteux, boissons saupoudrées et eau mise en bouteille par-dessus celle du robinet. Une publicité télévisée a chanté que sa soupe brune et trop sucrée sert l’Amérique comme l’eau servit l’ancienne civilisation. Une attitude à se rendre malade ! 

Aucun ruisseau, lac, nappe aquifère ni cuvette de captage ne reste digne de confiance. Même les chutes de pluie sont corrosives et radioactives. La neige porte son fardeau toxique, même sur des pentes distantes où des ruisseaux étincelants recueillent la déchéance fécale d’animaux sauvages récemment affligés de leurs propres pandémies. 

Dans l'Etat de Washington, le détroit de Puget fut autrefois la crèche sylvicole de baleines grises et d’incomparables écologies marines ; il figure à présent comme leur sépulcre. Les baleines qu’y pénètrent expirent, leur foie pourri. Pourtant, cette région comprend des exigences relativement strictes de qualité d’eau. Même le lac Baïkal, sacré orbe de dieu dont les eaux furent les plus pures au monde, eut ses profondeurs infusées d’effluents industriels grâce aux entrepreneurs soviétiques faisant face au peloton d’exécution stalinien. 

En dépit de tentatives d’épurement et peut-être à cause d’eux, nos voies d’eau urbaines sont des égouts à ciel ouvert. A travers la terre, des mammifères aquatiques s’entassent sur des rives de mer pour s’y suicider, rendus fous par leurs sinus enflammés. Va demander combien cela fait mal à un plongeur congestionné ou un passager de ligne aérienne. Leurs systèmes immunitaires (comme les nôtres) sont compromis par des milliers de tonnes de dioxine, de PCB et d’autres poisons injectés dans l’air et les eaux, et trois fois plus de radiations de base (présentement cinq ? Encore plus ?) que n’ont existé sur terre depuis des millions d’années.

 

Aux terrains agricoles autrefois fertiles, deux usages destructifs se perpétuent. Des promoteurs d'immobilier acquièrent les meilleurs terrains de bas fond, en déracinent la flore native, et les pavent de bâtiments, de parkings et de chaussées. Le sol restant est imprégné d’herbicides, de pesticides et d’engrais industriels, son équilibre organique pulvérisé. Ceux autrefois fertiles sont transformés en craies et claies abiotiques auxquelles des éléments nutritifs aux flores doivent être ajoutées à l’échelle industrielle. Manquant de liens organiques essentiels, ce sol dégagé s’érode en taux irremplaçables, souillant les voies d’eau riveraines et maritimes de boues saturées d’engrais chimiques qui épuisent l’oxygène et étouffe la vie aquatique à cause de son emportement microbien et déchéance toxique subséquente.

 

Nous avons été conditionnés à préférer de la nourriture graisseuse et prétraitée par-dessus des légumes crues, dites « plus salubres. » Ce préjugé n’est ni irréfléchi ni accidentel. Nos désordres digestifs se redoublent quand nous consommons des nourritures crues et dangereusement contaminées. Des pesticides modernes, antibiotiques, toxines radioactives et surtout transformations génétiques : tous résistent au lavage et à la cuisson, les assainissements culinaires de norme. Ceux-là s’ajoutent pour punir le système digestif humain qui a pris des millions d'années pour adapter nos corps aux aliments naturels. Qui plus est, les millions d’années qu’ont pris les plantes pour développer des défenses toxiques contre l’attaque de l’herbivore ont été raffinés par des millénaires d’agriculture artisanale, des centenaires d’ag industrielle, et des dizaines supplémentaires d’ingénierie génétique.  Combien de millions d’années supplémentaires seront exigées pour nous adapter aux contaminations en malbouffe ? 

Les entreprises alimentaires encouragent cette partialité en stérilisant soigneusement leurs nourritures traitées et en permettant de plus en plus de toxines en aliments crus. Leur ultime objectif ? Rendre en nécessités, pour tout le monde trois fois par jour, des aliments prétraités, coûteux et irradiés. 

Les fonctionnaires de santé publique négligent ce problème, bien que des plans d'irradiation de nourriture et d’ingénierie génétique nous menacent d’insidieuses catastrophes médicales. 

Alors que la nourriture fraîche nous rend la vie, celle longuement morte, que de l'obésité, de la gastrite et du diabète. Les aliments irradiés pour longue date d'étagère devront être relégués aux articles mineurs de consommation réservés aux urgences. Autrement, la plupart de nos aliments seront achetés frais, cuits légèrement et mâchés avec lente voracité pendant le même jour (la faim étant la meilleure sauce.) Ces habitudes alimentaires font partie d’exigences paisibles praticables à l’échelon courant de consommation qu’en formant part d’une pure technologie paisible.

Par exemple, la folle et ambitieuse quadrature du cercle boulanger : cuir du bon pain qui ne rancit pas en une journée. Le bon pain rancit dans un jour. Sur ce, on n’a qu’à le rendre en pain perdu. La tentative de lui rendre plus longue durée d’étagère ne parvient qu’à induire l’épidémie de gastrite que les Américains mal nomment « l’intolérance au gluten. » Autant vaudrait l’appeler « tolérance à la sottise. » Pour ne pas parler de cette autre sottise en Amérique : suppléer du vin bon marché avec des sulfites et qui sait quels autres polluants industriels – aux ordres de l’omnipotent lobby de la bière, sans doute. Crétins trop bien rémunérés… 

Insatisfaits par leur exploitation en débandade qui arrache la richesse minière de la terre, des corporations s’emparent de notre santé, de nos talents et rêves ; le bon appétit de nos corps ; la pureté de l'air et de l’eau ; la fertilité du sol ; le bon sens et l’empathie de la culture. Il ne reste plus grand-chose à chaparder à part notre vie, liberté et bonheur. 

On compte sur des « usines d’exploitation » pour nous procurer de la viande bon marché. Les bétails y sont piégés dans des cages si menues qu’ils ne peuvent plus remuer sinon en enclos collectifs adaptés pour bien moins d’entre eux. Leur existence d’enterrés vivants perdure – leurs corps maladifs engraissés de chairs saupoudrées, d’antibiotiques, d’hormones et d’autres additifs toxiques en quantité criminelle – avant que la tuerie de masse ne coupe court leur cauchemar. 

La rage routière et la criminalité au trop plein peuvent résulter du fait que nous salons nos viandes de composés si peu savoureux. Assurément, comme leçon de bonnes manières, le Dieu d’ironie réincarnerait le consommateur de tels aliments infâmes, à passer quelques cycles de vie en tant que bestioles « d’usine d’exploitation. » Chaque PDG d'entreprise qui renvoie ses fermiers liés par contrat à moins qu'ils ne cultivent de cette manière, mérite qu’un pire destin fasse partie de son plan de leçon karmique. 

La vie la pire que tu puisses agencer pour quelqu’un que tu méprises – sa misère profonde, la flétrissement de ses enfants et sa mort difficile – sont des séquelles dans lesquelles tu auras à réincarner, par simple règle de karma. 

Perchés comme nous sommes au sommet de la chaîne alimentaire, nos systèmes immunitaires sont surchargés de toxines cumulatives. Elles nous soumettent aux cauchemars d’un interniste : allergie, nausée, chiasse et constipation, vertige, grisonnement visuel, crise de panique, mal de tête, fatigue chronique, lupus, difficulté respiratoire, diabète, stérilité, cancer, mortalité des embryons et des néo-nés. Les fonctionnaires de santé publique blâment cet état maladif à la fumée du tabac, aux dégustations excessives hormis le chou-fleur, à notre manque de nous exercer et à la détestation de soi. Ainsi se soustraient-ils habilement du calcul des effets et des causes, et abandonnent l’amélioration signifiant de l’hygiène, la bonne nutrition et la santé publique préventive. 

Nous sommes laissés l’esprit las, les nerfs irrités, la volonté érodée et le corps épuisé. Dans l'absence de superbe santé publique, la déchéance mentale, la brutalité, la dénégation et la négligence doivent s'accroître ; l’indifférence, l’inertie et le phantasme, finir par dominer notre entendement. Les protections constitutionnelles se désagrègent en même temps que la patrie communautaire. 

Alors que tu lis ces mots, la couche d'ozone s’effile ; même le soleil porte un froncement désapprobateur. Les habitudes de la vie en plein air – autrefois davantage salubres – n’offrent que le cancer de la peau et l’aveuglement précoce. 

Je te prie de t’assurer que tes gosses portent des bonnes lunettes de soleil, des manches longues et un chapeau ombré an allant dehors ! Couvre-leur de pommade solaire à chaque opportunité. Ils te remercieront après, pour tes interventions agaçantes, quand leurs contemporains se trouveront aveugles entre les deux âges et cancéreux prématurés. 

Nous confrontons beaucoup d’autres problèmes graves : inertie institutionnelle, éducation risible, fureur criminelle et pandémies... Si l’air propre, la végétation saine, la pureté du sol, de l’air et des eaux nous étaient librement disponibles, et si nous en bénéficions sans égard aux exigences d'armes, un nombre surprenant ces problèmes se réduiraient en irritants éphémères. 

A Mont St Helens et ailleurs, la nature nous a démontré son élasticité remarquable. Avec le colmatage de sources majeures de pollution, beaucoup d’écosystèmes chancelants se rétablissent spontanément, quoique des milieux délicats et gravement touchés ne peuvent nécessairement se rétablir sans nos appuis. Mais ne compte pas sur la régénération naturelle avant que nos produits toxiques ne soient supprimés sinon que la nature ne se tape des bonnes vacances de nos crises puériles de colère en épongeant l’ardoise et recommençant à zéro : aux bactéries et telles. Souhaitons-nous vraiment nous réincarner en tant que bactéries encore quelques petits milliards de milliards de milliards de fois ? 

 

 

La salubrité de l'air, du sol et de l’eau deviendra une des priorités primaires des Apprentis. Des agences vouées à l’environnement se répandront sous l’intendance de la cour supranationale et de ferventes administrations locales. Elles effectueront :

·      le recensement impartial de l’air, du sol, des eaux et des contaminations corporelles ; 
 ·      le barrement d’offenseurs persistants ; et 
 ·      la mise en vigueur de nouvelles réglementations environnementales. 

 Les pollueurs délibérés seront menés à la ruine par des primes retirées, le boycott public et la taxation punitive : ces soldes finançant des contrôles efficaces d’industries mieux soignées. Le pollueur trouvé coupable devra occuper son site toxique jusqu'à ce que celui-ci soit déclaré propre. Quel qu’en soit le coût, les pollutions proscrites doivent être interrompues ; nos systèmes obsolètes de transport, d’ordures et d’eau, reconstruits ; les nappes aquifères, rivières et lacs, purifiés. Des demi-mesures, prises pour se sentir un peu mieux, ne sont guère préférables à ne rien faire du tout. Des fausses épargnes ici sont aussi nulles que de s'affamer à mort pour économiser son billet d’épicerie. 

Un massif reboisement est essentiel dans les territoires ayant autrefois accommodé des grandes forêts. Des étendus de Yellowstone, le premier parc national américain, ont brûlé de fonte en comble naguère, comme une épicerie de famille au coin de rue d’un quartier pauvre. Quels autres avertissements nous seront-ils nécessaires ? Nous avons été persuadés que ce désastre fut naturel. Acceptables les cinquante années que ce parc prendra pour repousser ; supposant, bien sûr, que ce qui reste ne s’incinère dans l'intervalle, laissant un désert de cendres là où poussa notre meilleur parc national. 

A vrai dire, Yellowstone est une géante caldère volcanique qui menace de disperser des nuages de cendre vitrifiée sur tout le pays. Nous parlons de mille Mt St Helens sautant à la fois, aux retombées d’un mètre d’épaisseur à mille kilomètres sous le vent, avec l'hiver nucléaire comme conclusion, quelle qu’en soit la saison. Un tel traquenard planétaire aurait-il pu viser les espèces trop multiplicatives ? Mon intuition : la nappe forestière, en s’épaississant globalement, peut-être la seule chose en vie capable de contenir cette sorte de catastrophe.

Tous les littoraux et rives devront être édénisés. Des transformations climatiques pour le pire ont correspondu à la simplification de l’habitat biologique frangeant des contours climatiques, maritimes et fluviaux, ainsi que ceux de latitude et d’altitude. 

L’annihilation des Vikings coloniaux au pied des glaciers de l’Atlantique boréal a pu résulter de troupeaux croissants de chèvres et de moutons en surpâturage sur les rives fragiles de l’Islande, Groenland, Canada et Scandinavie. Un soupçon de volcanisme et la petite âge glaciaire subséquente ? 

L’édenisation à l’échelle mondiale modérera peut-être les pires effets de la pollution et ses extrémismes climatiques. Le grand projet de nous rendre « écologisés  » devra suppléer celui héroïque de nous rendre civilisés.

 L’assainissement des environs urbains inclura les fonctions suivantes mais n’en sera pas forcément limité.

 

·      Picoter en pointille la surface bâtie de zones urbaines. C’est à dire, perforer leurs surfaces dures avec des bouchons de terre arable et remplacer des blocs de rue entières et des squares de ville avec des parcs et des ceintures vertes reliant mieux au sol. Des économies d'échelle dictent la consécration d’aires comparables à ce projet, non seulement des trottoirs troués et des bandes de médiane. Des plantations isolées en ville – comme une seule ligne d'arbres au bord de la rue – ont une vie plus dure que la végétation assemblée dans un parc. Cela ne veut pas dire cesser de planter des arbres aux bords de rue ; au contraire, chaque file d'une seule variété devrait être entremêlée d’autres espèces. 

·      Suivant la hausse des coûts de transport et l’amélioration de la qualité de l'air urbain, l'agriculture urbaine et le jardinage aux toits deviendront des propositions d'affaires attrayantes. La toiture urbaine se mettra sous verre aux latitudes boréales et se couvrira de verdure urbi et orbi. Les toitures et les rues de villes chaleureuses seront peintes en blanc pour les rendre en étoiles calorifiques de jour. Des ceintures et des gazons de verdure mieux ombrées scinderont les centres urbains. Des autoroutes et des chemins de fer (tuyaux mag-lev sous vide ?) seront percés sous terre ou réacheminées aux alentours du centre urbain aux gazes d'échappement d’automobile condensées et filtrées sous terre. En effet, à l’instar de la ville de Seattle du siècle avant dernier, des grandes villes pourront paver l’entièreté de leur rez-de-chaussée en centre-ville, isolant ainsi leurs aménagements pédestres d’embouteillages, d’accrochements et de déchets automobiles. 

·      Une solution intérimaire serait d’installer des chemins élevés de poids faible pour piéton. Ils s’étireront le long et large de la ville pour se projeter par-dessus et en dessous d’autoroutes et surplomber les carrefours. Des artères élevées encore plus lourdes et fortes accommoderont des bicyclettes, des cyclopousses et d'autres formes de transport particulier au poids minime. 

·      Par ailleurs, des lits de graine seront plantés là où des fondations de béton existent à présent. De ces lits pousseront du bambou structural réarchitecturé, équivalent en résistance à l'acier installé sur leurs emplacements actuels. Par bambou, je signifie de multiples plantes les mieux adaptés aux besoins d’ingénieurs locaux.

  

La végétation au ras sera replantée sur des flancs de montagne en érosion, des pantes abrupts et des cours d’eau. Une grande variété de plantes sera méthodiquement propagée dans ces habitats biologiques. Des plantations diversifiées de bois tendre pousseront le long de bordures dévastées entre des habitats de bois dur et tendre. Des écologies d'apogée seront rétablies et soutenues là où se sera praticable.

Là où la glace en fonte couvrit la terre jadis sur des millions de kilomètres carrés, des fleurs, arbres et buissons blancs seront plantées et propagées. 

 

Des bactéries éléophages (propagées exprès pour dévorer le mazout) attaqueront les lisses de pétrole, des allées luisantes jusqu’aux chutes industrielles et fuites maritimes. Des arbres, des arbrisseaux et des mixtures micro-organiques spécialement conçues suceront des poisons persistants des filières d'eau pour récupération et recyclage subséquents. Presque toutes les cimes d'eau, plages et marécages seront restaurés à la meilleure interprétation Apprenti de leur état naturel. 

M Harrison Ford et ses amis riches et perspicaces ont mis de côté des ceintures libres de développement entre des habitats majeurs de faune et leurs perches successives les plus proches. Celles-là permettront aux forêts et à leur faune d’émigrer vers des latitudes davantage modérées, alors que les bords de forêt orientés vers l'équateur cuiront des effets du réchauffement global. Une fois que ces forêts auront repoussé, elles exigeront de moins en moins de protections et suppléments artificiels. Entre-temps, ceux-ci doivent être multipliés.

Les écosystèmes d'apogée fonctionnent comme des énormes pompes naturelles, absorbant de l'eau et l'injectant dans l'atmosphère en tant que pluie purifiée. Les Apprentis assureront le fonctionnement naturel de cette appareille d'arrosage, ne la permettront plus de trop se dessécher ni réchauffer, ni les mers de trop se refroidir par la fonte des glaces — notre manque de le faire pourrait nous refluer en chaos climatique.

L’énergie solaire est une autre technologie paisible exécrée par les directeurs d'armes à cause de sa nature décentralisée, anarchique et anti-combat. Au champ de bataille, on ne peut pas s'attendre à puiser de l'énergie directement du soleil. Après tout, chaque machine collectrice d’énergie attrapée en dehors se ferait bombarder en miettes, sans parler d’attirer l’attention de l’ennemie sur ses consommateurs en proximité. 

D’ailleurs, l’énergie solaire, c’est l’affaire d’un coup : on achète des panneaux solaires, les installe (ou les peignent sur ses fenêtres) et on se trouve au plein dans les affaires énergétiques au compte de soi. Aucun besoin de massives centrales électriques soit polluantes soit radioactives ni de droits propriétaires de minéraux ni de raffineries obsolètes dont les propriétaires peuvent imposer des taux en spirale pour leur « service » au public. 

A noter : la production de pétrole est à taux record par entente international, la consommation du pétrole est à taux bas record à cause des conditions du COVID en 2021, mais le prix du pétrole est à taux record en contradiction direct de l’offre et de la demande du marché libre.  

 

La technologie de terra preta à l’échelle peut diminuer le bioxyde de carbone en quantités industrielles et ralentir le réchauffement global avant que son accumulation atmosphérique ne nous torréfie en dehors de cette planète. En plus et peut-être encore plus important, un peu de ce Carbonne séquestré peut rénover nos sols épuisés.

 

En grandissant, les arbres capturent du carbone ; de grandes plantations d'arbres absorbent le bioxyde de carbone et ralentissent ainsi le réchauffement atmosphérique. Alors que la biomasse de vieille croissance rassemble des suppléments d'eau et de carbone sur terre, les océans pourront se retirer, se réchauffer et se rendre plus salés. Des projets de reboisement massif peuvent contrer les effets immédiats des gazes de serre industrielles qui paraissent accélérer la fonte de glace, le refroidissement et le dessaler maritime. Ce refroidissement marin risque d’interrompre des courants monstres qui circulent paisiblement dans les profondeurs océaniques, rajustant des variations de température planétaire et modérant le climat global.

L’abondance du CO2 de production humaine est aspirée en mer, la rendant acidulée au point de la stérilité. Ce phénomène doit être renversé dans l’immédiat. Les effets à longue échéance nécessitent des suppléments d’étude, quoique celles-ci menées en profondeur ne doivent plus retarder des interventions évidentes à ce moment. 

Entre-temps, des oursins de mer nous démontrent la bonne nouvelle que leurs carapaces nickelées forment un catalyseur endurant et bon marché, capable de transformer le bioxyde de Carbonne en inerte carbonate de calcium donc en craie, tant en mer qu’en cheminés de centrales énergétiques. Les salpes se présentent comme un autre ordre biologique receveur de CO2 en quantités massives. Des planctons et de fruits de mer devront être cultivés au mégatonne dans des usines agronomes et semées au large de la mer.

 

On aura peut-être besoin de reboiser des aires équivalentes au Texas, à l’Europe ou à l’Australie. Ces projets n’auront pas assez d’impact avant que ces arbres mûrs ne soient enterrés par hectare en damier et ce terrain immédiatement resemencé d’arbres. Ce ne sera pas nécessairement la pratique la plus propice, car elle induirait le déséquilibre régional : trop d'effort par ici et pas assez par là-bas. 

Un meilleur plan pourrait permettre aux enfants de sortir avec leurs parents pendant l’anniversaire et d’autres jours de fête pour planter des arbres et des arbrisseaux, comme faisant partie d’une fête religieuse. Des projets d’ampleur semblable se multiplieront. Apprentis sages, prier planter !

 

En passant ce texte en revue, je lamente mon hypocrisie. Moi et ma femme, nous abattîmes deux cerisiers sauvages sur notre petite propriété, remplacés l'année précédente par des fruitiers nains taillés beaucoup plus petits. Nous avons même déterré un magnifique stand de bambou intru dans le jardin voisin. Pour prévenir leur tombé sur l’immobilier, nous avons coupé ou taillé les arbres de chez nous. Je regrette ces pertes. 

La ville émeraude Seattle bénéficie chaque année de moins en moins de couverture feuillue. Les arboristes urbains ont remplacé des grands vieux arbres par ceux plus petits qui ne nuisent pas aux files aériennes électriques et téléphoniques. La biomasse, l’air frais et l’ombre souffrent en proportion. Ce compromis institutionnel contredit leurs propres enclins. Mais enterrez donc ces satanées files conductrices et plantez des forets massives ! Nous, les citadins, avons perdu l’âme à force de concrétiser et d’asphalter … quand toutes nos villes pourraient se transformer en jardins ! 

Il y a de l’ironie en constatant qu’une méthode facile et bon marché de rafraîchir un bâtiment ou une ville en été, c’est planter des arbres d’ombre le long de leurs flancs ensoleillés. Des arbres à feuillage caduc sont tout à fait convenables : leurs feuilles tombent et permettent aux ondes solaires de les pénétrer quand il fait froid dehors.

 

Bien que l’on ne sache pas exactement que faire ensuite, on pourra se remettre en marche pas à pas vers la bonne voie. Gaia s'occupera du reste et peut-être de notre survie à long terme. 

Si, malgré tout, l'humanité doit ingénier sa propre perte, nous devons laisser la preuve incontestable d’efforts héroïques à compenser nos pires erreurs. C’est ainsi que les disparus de Minos nous laissèrent le témoignage à s’arracher le cœur de leur art magnifique, ainsi que je te propose ce rendement d’Apprenti

Le faire graver sur les murs intérieurs de massives pyramides désertiques : Ah, si j’eusse pu ! Au lieu, c’est en pixels évaporatifs.

Si nous ne parvenons qu’à patauger dans la médiocrité coutumière, cela sera d'une indifférence totale à l'univers. Le plus important, ce serait nous unir en paix, agir avec héroïsme et laisser un dossier éblouissant de nos meilleurs exploits, soit à quel point fugaces ou pérennes. 

Si des peuples ancestraux ont contemplé de telles choses, je suppose qu'ils se sont crûs appartenir au sol, (en Vietnamien, « Xa ») comme il appartient à la nature. Ensuite, des phantasmes nous ont asservis (factices ou vraiment sacrés ? Qui peut les démêler honnêtement ?) : dieu(x), chaîne d'ancêtres, Etat souverain, idéologie, bureaucratie, trinité freudienne ou religieuse, simplicité déconstructioniste, nihilisme simplificateur, du n’importe quoi. 

A ce jour, nous n’appartenons plus à rien. Au contraire, tout et tous appartiennent à ceux parmi nous les plus angoissés, autorisés à réaliser du n’importe quoi sans égard aux conséquences. Les plus stupides et nuisibles leurs aventures et les plus désastreuses les suites de leur incompétence par manque de correction proportionnelle, les plus forts se croient-ils, puisqu’ils s’en sont tirés indemnes sinon enrichis. Cela me fait penser à des gosses qui se sont emparés des clés de la voiture : haletant de rires paniqués à la suite d’accrochements effroyables car la bagnole ne s’est pas encore figée.

Il est temps de récupérer notre sens d’appartenance, ainsi qu’un bambin perdu est remis entre des bras parentaux. Temps de nous rendre sages et tranquillement compétents au lieu de jouer à la roulette russe avec le monde, aveuglés par la rapacité en panique et le manque d’inspiration.

Le reboisement global peut rapprocher l’habitat humain à sa pureté primale, calmer des désastres climatiques et faire repousser la diversité édénique. Qui sait ? Cette édenisation globale pourrait modérer des désastres tectoniques et restaurer l’atmosphère et les océans. Voici peut-être notre dernière opportunité de compenser nos abus environnementaux et panser simultanément nos plaies sociales, physiques et psychiques en décrochement collectif de notre misère.

Uruk, Babylone, Love Canal, ta localité : le dénombrement d’écocides en cul-de-sac peut s'étendre très long, très vite.



 

- TES DROITS OU LEUR PRIVILÈGE ? –

 

« Une doctrine qui ne s’attaque pas à la vie actuelle ni ne l’affecte dans ses ultimes profondeurs, ce n’en n’est pas une, et il vaudrait mieux ne pas l’enseigner. » Oswald Spengler, Le déclin de l'Occident

La gestion paisible nous exige une toute nouvelle déontologie. Les habitudes autrefois admises, ainsi que celles trouvées inadmissibles, doivent être réexaminées quant à leur teneur d’armes. Nous devons adresser les contradictions fondamentales entre nos idéaux et le « réalisme » d’armes que nous avons dû endurer à cause de limitations illusoires, devons résoudre ces contradictions et évoluer une nouvelle conscience sociale en paix absolue.

La mort assistée doit être à la discrétion de chaque adulte. De fortes ententes soutiennent ce principe, comprenant la liberté particulière. Les collectivités d’armes proscrivent la terminaison de soi : encore une autre tentative d’annuler l’autonomie particulière. Cette restriction, à elle toute seule, sanctionne la mort assistée en cas de besoin. 

Il est évident que les assassins ne doivent pas être permis d’abuser des terminaisons assistées. Des intervalles d’attente ; des offres de thérapie, de conseil et d’assistance sociale,  et la publication de déclarations d'intention : tous pourront sécuriser des victimes potentielles. La mort choisie par soi-même doit être un rituel coordonné avec la même solennité qu’un mariage ou un avortement. 

« Afin de mériter une mort indolore, nous autres fonctionnaires devons certifier que vous souffriez d’une agonie intraitable ou d’une catatonie incurable. Au point, bien sûr, que vous ne serez plus capable de nous la réclamer. » Ces légalismes à la Catch-22 par Joseph Heller, (son titre en français : L'Attrape-nigaud) ce ne sont que des affinages de l'esclavage d’armes. 

Pendant la lente agonie de mon père, j'ai assisté aux indignités continues d’une maladie terminale. Je préférerais une terminaison plus douce et rapide à l’endroit et l’heure de mon choix, à toute intervention d’Hippocrate hyperactif.

Comme d’habitude dans une société d’armes, le soulagement de la douleur et la terminaison de soi sont administrés par des gens en bonne santé et exemptés de grande souffrance, et la provision d’avortement, par des hommes qui ne se rendront jamais enceintes. Le monde paisible verra à ce que ceux les plus profondément touchés par une certaine affaire en seront les responsables majoritaires.

Des autoritaires se révoltent à l’idée de permettre aux prisonniers de « tricher le bourreau. » Tout le monde reconnaît que l'emprisonnement à vie et la peine de mort sont beaucoup plus affligeants qu’un suicide propre et rapide. Les bureaucrates du châtiment considèrent le suicide d’un détenu comme une grave provocation, quoiqu'ils l’invoquent d’office pour dissimuler négligence, viol ou brutalité aux mains de leurs subordonnés. Ils préfèrent infliger des tourments de durée indéfinie sur celui placé sous leur garde et lui arracher ses droits humains y compris le choix de son propre moment et moyen de disparaître. 

Quant à la contraception et la planification familiale, les gestionnaires d’armes souhaitent augmenter le nombre de rejetons abusés. Ceux-ci rendent le meilleur fourrage de canon et la pluralité des victimes. Ils condamnent a priori la promiscuité, car la frustration en résultant sert à multiplier l'agression criminelle qu’ils convoitent. Que cela arrange bien leurs affaires ! Des rebelles sexuelles sont frappées de grossesse redoutée, de condamnation moralisante, de boucherie incompétente, d’ostracisme social et de maladies génitales autrement maîtrisables par de simples précautions de santé publique.

 La stupidité à ce sujet, institutionnalisée le long des années précédentes, est inexcusable. 

On pourrait conclure que la guerre est une exigence humaine fondamentale :  méthode brute mais coutumière de contrôle de population par contrainte. Voila un autre mythe chéri d’armes. De même, l'idée que la guerre encourage « la survie des plus capables. » Hélas, deux réalités interviennent. 

 Tout d’abord, la guerre incite la pauvreté, l’ignorance et la haute mortalité. Celles-ci, à leur tour, induisent la polygamie : la séquelle évidente de communautés affligées de grande pauvreté et donc de brutalité hyperactive. Cela résulte en moins de survivants virils et davantage de femmes. Ce décalage du coefficient sexuel aboutit en polygamie, en grand nombre d’enfants et dans l’approbation sociale pour d’inévitables familles plus grandes. Les pauvres doivent bien se féliciter pour ce qu'ils ne peuvent pas éviter de toute façon. 

D’habitude, les riches ont moins d’enfants donc une famille plus petite, ce qui leur permet de mieux les élever. Des familles plus larges exigent des ménagères surmenées donc encore plus susceptibles aux abus ; celles-ci à leur tour produisent des enfants négligés. Le dénouement sera une masse de femmes méprisées et de tueurs potentiels parmi leurs enfants mal élevés, et la fleuraison de brutalité particulière et de guerre collective d’une population grossissante. 

Deuxièmement, la guerre abat ceux davantage vigoureux, courageux, géniaux, créatifs, dispos, obéissants et d’esprit éclairci, bien plus rapidement qu’elle ne tue nous autres. L’ensilage de la guerre, c’est une superfluité de médiocres tenaces qui gaspillent du temps précieux en nous imposant leur croquis simple de bureaucratie. La guerre et ses ramifications sont leur ultime vengeance. 

Si la guerre fut interdite, les générations subséquentes accroitraient davantage fortes, honnêtes et sages. Des générations entières seront nécessaires pour se remettre des séquelles d’une seule génération massacrée ; peut-être même un centenaire de telles après quelques générations consécutives de massacre. Entre-temps, le mal et l’indifférence à ses retombés l’emportent sur le bien et ses soins préventifs, tout en proportion à ces pertes. 

Ainsi la transition de Rome, de république en empire, peut être attribuée au déclin de sa direction en raison de massives pertes d’élites romaines et alliées encourues lors des guerres puniques, celles en Gaule et civiles ensuite. De même, la stagnation de l’Union soviétique et des nations du Pacte de Varsovie après la guerre froide, des massacres auparavant, depuis et après.

Il est sinistrement amusant que les historiens subséquents attribuent cette transition romaine aux effets de sa paix, (presque autant de querelles que de querelleurs) mais jamais aux effets de la guerre. A son tour, l’effondrement soviétique est attribué aux politiques clownesques et ruineuses du Président Ronald Reagan, cet escroc réactionnaire, mais jamais à la plaie purulente de pertes soviétiques antécédentes : manifeste pour quiconque les constaterait. Pendant la DGM sic, l’Amérique subit à peu près deux pour-cent des pertes que subit la Russie, (600.000 pertes par contre 30.000.000) et absolument rien de sa massive démolition d’infrastructure. Devine qui va gagner la guerre froide. Tout cela à cause de Ronald Reagan et son jeu de dupe narquois — mais vouiii, mon cher !

Des moyens préférables existent pour stabiliser la population : nutrition de qualité, soins universels, éducation comparable, fiable sécurité sociale pour les vieux et les invalides ; et, d’importance primaire, des droits égaux mis strictement en vigueur pour tout le monde sans exception ni compromis, femmes et enfants inclus. 

Là où ces choses se sont améliorées, sa population a décru, à l’horreur des ultras ! La seule chose à craindre, c’est que les nations les moins bien menées mais très bien armées fassent sombrer les nôtres en revanche. Elles doivent toutes être également à l’aise et se dépeupler avec la même rapidité. Alors, pas de problème !

Par fanatisme obstiné, la gestion d’armes bloque ces bénéfices à tour de rôle. Après tout, ses techniciens priorisent l’anéantissement et la souffrance de masse. La qualité de la vie leur est sans pertinence sinon y soustrait, son amélioration, une priorité au mieux secondaire aux leurs davantage coriaces.

L’interdiction des contrôles de naissance harnache des énergies explosives humaines : la frustration sexuelle et la rage de la bâtardise, multipliées par des réflexes d'agression et de shadisme à cause du surpeuplement humain. La gestion d’armes se fortifie en abusant de telles intangibles humaines que la libido, la crainte de privation et les divergences naturelles entre l’homme et la femme, entre des individus d’appartenance ou d’ethnie différente, d’idéologie divergente ou de croyance exclusive, les sublimant ainsi en criminalité. 

Chaque organisation s’avoue l’une d’armes qui décontenance la femme en décourageant sa planification familiale : une autre raison d’admettre que nos religions de masse sont d’impudentes institutions d’armes. 

La promiscuité sexuelle est inévitable parmi des gens niés de l’enseignement et des soins médicaux adéquats, autant que parmi ceux bien instruits et soignés. Ordonner aux gens de s'abstenir de quelque chose aussi agréable que le sexe, c’est une royale perte de temps pour tous ceux concernés, à l'exception de vigoureuses élites d’armes voilant leurs vrais ordres du jour. 

La plus sotte et la moins habile la femme, et le plus fragile son réseau de soutien, le plus inlassablement les directeurs d’armes lui encourageront d’avoir des enfants. Ponctuellement et sans correction, elle se fera violer jusqu’à la maternité quand elle manque de protecteurs de haut privilège. Ces tristes ravages ont lieu aussi souvent maintenant que dans le passé ; donc aucun progrès social ne peut être distingué. 

Les meilleures recrues d’infanterie ont survécu l’enfance la moins sûre. En bref, ce sont des bâtards, des orphelins ou les deux. Le ghetto ethnique ou le fond du puits économique font de bonnes crèches pour de bonnes troupes en grands nombres : sa seule raison d’être. Autrement, c’est le milieu le plus onéreux à administrer et le moins profitable en aval du temps.

Bien que cette dévolution à l'iniquité médiévale leur ait toujours été l’ultime but hypocrite, les réactionnaires reprochent au progressiste moyen de légiférer le déclin social. Accuser l’autre de leur méfait, c’est leur tentative habituelle d’ensevelir leur honte. Aux noms de l’accommodement politique, des politiciens contemporains : « Un million de dollars équivaut à un vote ! » persistent à saboter la législation progressiste. Maintenant que les maux qu’ils ont si bien négociés ont porté leur fruit saumâtre, ils déclarent que ces résultats sont la faute des progressistes. Ce n’est que la gérance d’un Etats d’armes qui puisse invoquer de tels mensonges et s’en sortir sans grands problèmes, grâce à notre apathie collective.

Tout le monde reconnaît que la vie humaine raccourcie – terminée à l'étape embryonnaire, si nécessaire – est préférable aux supplices endurés à la longueur de vie en mauvais quartier de cauchemar, désert de famine ou enfer pénal. Maintes gens qui ne condamneraient jamais leurs propres enfants à une existence tellement satanique, se persuadent que des étrangers innocents, des pauvres parents et des détenus adultes méritent une telle existence implacable.

Ce pharisaïsme trahit la nature shadique de nombreux fondamentalistes religieux. Ils lutteront, iront en prison et tueront parfois pour que des gosses naissent non désirés. Mais ils ne traverseront pas la rue pour assurer leur bonne éducation, et soutiendront ardemment la guerre à l'étranger, l’empire de prison et la peine de mort chez eux, visant misère et destruction sur des enfants en surabondance qu’ils ont tenus à faire naître.

Qu’en aurait dit Jésus ? 

En revanche, ceux et celles qui contrecarrent l'avortement en offrant des options légitimes d'adoption et de soins de bonne qualité (et je pressens que ce soit plutôt elles) enjoignent notre respect illimité. En ce faisant, elles nient aux techniciens d’armes leur source principale de recrutement. 

Personne ne préfère le moindre mal de l'avortement. L’adoption sûre et rapide devrait être la norme pour chaque enfant répudié par ses parents et chaque couple qui souhaite en élever un. Je n'ai jamais compris pourquoi tant de listes d'attente existent d'enfants dédaignés et d’anxieux parents potentiels et volontaires laissés les mains vides.

A présent, des drogues « du matin d’après » – des options de contrôle de naissance beaucoup moins intruses que l'avortement chirurgical – se sont prouvées efficaces des jours après la conception. Des tentatives de les supprimer ont été tout aussi acharnées. 

Reniant le véritable défi provoqué par leurs précieuses contradictions, les directeurs d’armes inventent des défis fictifs à l’encontre de leur tyrannie. En dénormalisant la sexualité anodine et criminalisant l’usage de drogues d’adultes consentants, ces réactionnaires fabriquent des nouvelles populations plénières de « déviants » qu’ils peuvent persécuter à volonté. 

Des névrosés incontestables ont été accordé trop de responsabilité. A tort, nous leurs avons permis de nous imposer leurs obsessions et de placer en relève des protégés comparables : chaque nouvelle classe de névrosés encore moins stable. Voici la vrille typique de dégénérescence institutionnelle au fil du temps : chaque génération pis que celle précédente, jusqu’à ce que d’implacables inquisiteurs règnent suprêmes partout. 

Du balai !

Le profit dissimulé que ces réactionnaires ont glané de décennies de commerce illicite de drogue a fini par financer leur sprint au fascisme à l’échelle globale, applaudi par les médias. Chez qui croyais-tu qu’aboutirent tous ces milliards de fonds, sauf dans leurs crasseuses mains manucurées ? Les médias ont embrassé cette conspiration, quoiqu’elle ait fini par faire crouler leur métier avec tout le reste.
 
 

Des Apprentis recomposeront les codes pénaux avec une priorité durable : la facilitation de leur application par coopération volontaire. 

Si une minorité considérable contourne la loi, elle est inapplicable dans cette population. Si celle-ci ne la transgresse pas mais ne rend pas à la justice celui qu’elle trouve la transgressant, cette loi n’est plus applicable. Quand plus qu'une minorité insignifiante doit se soumettre à l’arrestation et la détention, cette loi devient inapplicable. Elle reste inapplicable si elle autorise le gaspilleur sans fonds, l’avocat redondant, le geôlier industriel et l’idéologue fanatique à empêtrer des honnêtes gens dans des légalismes frivoles. En mesure que de considérables minorités définissent la police comme intruse hostile, la loi dans son ensemble se rend moins applicable. 

Des commentateurs sociaux ont conclu que la loi est une force inexorable qui doit croître sans restreinte, absolue et menaçante. Selon eux, l’anarchie peut résulter de la halte de cette croissance ou la retouche de ses pires erreurs. Cette attitude mène à Auschwitz. La loi doit demeurer une toile très fine et la mieux définie par son absence, à laquelle la plupart se soumettent dès qu’ils s'égarent.

Toute faillite ou erreur de sa part doit être vite et strictement corrigée. Un flic n’a pas plus droit à faire feu sur un homme sans armes, soit la provocation, qu’en aurait un civil. Un procureur qui ment pour obtenir son jugement devrait servir cette peine à la place du détenu.

Les Apprentis mettront en vigueur le minimum de lois. Des activités destructrices qui ne peuvent pas être interdites de manière réaliste doivent être réglées au service de la santé publique.  

« Un Etat ainsi gouverné a besoin de très peu de lois et à mesure qu’il devient nécessaire d’en promulguer de nouvelles, cette nécessitée se voit universellement. Le premier qui les propose ne fait que dire ce que tous ont déjà senti et il n’est question ni de brigues ni d’éloquences pour faire passer en loi ce que chacun a déjà résolu de faire, sitôt qu’il sera sûr que les autres le feront comme lui. » Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, Bordas, Paris, Bruxelles, Montréal, 1972. Livre IV, Chapitre 1.

Les prostituées doivent être fréquemment examinées et certifiées par des médecins ; les distributeurs de drogue, autorisés comme ceux de l’alcool et du tabac ; les jeux de monnaie, taxés pour défrayer leurs abus. Chaque abus d’un mineur doit devenir inconcevable et impossible à cacher, autant selon la loi, la coutume et les mœurs universelles. 

Puisant de beaucoup moins de mauvais exemples et imitant davantage de ceux meilleurs, le peuple réalisera le bien de plus en plus souvent, a tel point que la plupart règlera son comportement (et surtout celui des forcenés locaux) à l’aide de bonnes protections externes mais moins de surveillance de loin. 

Une fois que nos lois seront purgées de leur rebut d’armes, des infractions spécifiques émergeront sans épreuve précédente. Dans ce cas, un jury dûment attitré doit décréter les conséquences appropriées, non pas des législateurs d’après le fait : l’une main bien enfouie dans la caisse et l'autre caressant des mafieux riches. 

Même des criminels condamnés doivent percevoir la bienveillance en général de la gérance. La punition sournoise incite le défi, peu importe l’accablement en résultant. La punition excessive glorifie le criminel dans les yeux de sa communauté et interdit un résultat préférable, soit à quel point elle divertirait les psychopathes aux contrôles. 

Rappelle-toi que chaque condamnation criminelle est une nouvelle confession d'échec communautaire : des fonds et du talent jetés sans gain dans l’oubliette de l’incarcération. Le sacrifice bienvenu du malfaiteur lors de son rituel de vengeance publique, ce serait l’alternative la pire, à part l’exécution, du point de vue paisible. 

Bien sûr, quelques victimes tiennent que leur tortionnaire mérite punition sévère, que sa souffrance compensera la leur. Je pourrai parvenir à la même conviction dans les mêmes circonstances. Que Dieu nous guide à travers cette obscurité ! 

La peine de mort souille l’homme et Dieu, les cieux comme la terre. Nous conspirons à exécuter les plus infortunés et troublés parmi nous – sinon tournons la tête en silence coupable – par lâcheté morale. Si nous nous aimions sans crainte, nous trouverions meilleur moyen de vivre et laisser vivre en obéissance aux décrets fondamentaux de toutes les croyances et cultures. 

Les meurtres de passion, d'ignorance et de folie sont une misère à voir. La sagesse dicte de les anticiper au moyen de stratagèmes davantage subtils que la négligence avant le fait et la brutalité hystérique après. Malgré tout, l’autodéfense létale pourrait à mi se justifier dans les pires scénarios ; un jury, prendre à cœur les cris de vengeance des parents de la victime. En plus, ceux condamnés pour crime brutal doivent être cloisonnés des petits délinquants.

Dans une société débarrassée de la mentalité d’armes, la brutalité meurtrière aura le même attrait qu’une assiette de merde. Personne ne s’imaginera l’entamer à part des insensés patents et donc en général plus faciles à identifier de façon préemptive.

Malgré tout, chaque fois que ceux responsables de punition légale et leurs partisans s'arrangent pour exécuter un autre prisonnier, ils s'aspergent de la culpabilité du détenu et gravent la marque de Caïn sur leur front. Nombreux sont ceux intoxiqués par une succession d’exécutions légales : chacune moins justifiable. En poursuite d’un meilleur bilan, ils finissent par abattre des aliénés, des déficients mentaux, des enfants et des innocents condamnés par mauvaise procédure. 

L’ultime et la pire exégèse de la tyrannie, c’est la peine de mort. Dans cette direction nous attend l’impudique tuerie d'innocents pour débattre des questions de domaine et la guerre civile pour arguer des principes élémentaires. 

Dans des confrontations légales, le criminel, ses victimes et les représentants de la communauté (juges et avocats à présent, bientôt des jurys et des médiateurs de bonne compétence) amalgameront leurs besoins valides. Des solutions plus pragmatiques émergeront de cet accord. Juge, jury, victime, accusé et leurs intermédiaires : ce rassemblement volontaire cherchera la résolution de ces problèmes acceptable par la majorité.

Les médias doivent dépeindre des actes de brutalité comme ignobles, lâches et tragiques — plus jamais héroïques. Plutôt qu'éliminer entièrement la violence fictive, sinon la rendre davantage noble et moins dégoûtante telle qu’elle est narrée de nos jours, les spectacles vidéo doivent démontrer que la brutalité est certaine de tuer, d’estropier et de déshonorer chaque participant. Scélérat, acteur secondaire, héro et héroïne : le plus sympathique le personnage, les plus insensées, vaines et stupides leur mutilation et destruction dans des représentations fictives de confrontation brutale. 

Hollywood soutient déjà une formule implicite. En fin de compte, aucun criminel ne doit s’en sortir impuni. Changeons pour lire : dans chaque récit de brutalité, tout le monde doit mourir en agonie, être horriblement déchiré sinon aboutir en ruine intégrale. A la fin du film, des tiers paisibles anonymes doivent émerger des ruines fumeuses : les seuls à retenir même un petit semblant de bonheur. Plus jamais des héros ne triompheront-ils au moyen d’applications adroites de brutalité « entièrement justifiées » par des astuces boiteuses d'intrigue dramatique. Plus jamais la brutalité fatale ne sera-t-elle convoquée au signal donné, du moment que des problèmes se rendent sérieusement compliqués et troublants. Plus jamais ne résoudra-t-elle des problèmes, mais les aggravera plutôt. Tous les antagonistes se trouveront déchirés, ruinés, réduits à la démence et détruits par leur violence partagée. Plus jamais de héros sauf ceux paisibles, et, si forcés dans la violence, pareillement sacrificatoires de soi ; tels qu'en contes de moralité comme Have Gun, Will Travel. L’honneur militaire, surtout !

Des gens condamnent souvent l'aggravation de la brutalité fictive des médias d’avoir inspiré des actes équivalents dans la rue. Je suis convaincu que le compte des actes contemporains de brutalité par habitant a duré sans grand changement sinon diminué comparés à ceux du passé. Néanmoins, son péril a grandi grâce à l’ajout d’un trop grand nombre de nuisances à feu dans des mains jamais qualifiées pour les porter — celles de mauvais policiers incluses. Je suis également convaincu que la dramatisation de héros culturels subissant et infligeant des échantillons de plus en plus déments de brutalité a galvanisé des « flingueurs solitaires » et des groupuscules similaires et les a incités d’outrepasser chaque nouveau seuil de massacre auto-proclamé.

Il serait mieux d’attiédir les médias de fiction et donc l'esprit en développement de psychopathes homicides potentiels ; de plus en plus problématique de se lancer dans l'autre sens comme nous le pratiquons à présent.

Sous l’entrave de la gérance d’armes, notre pays se mute en vaste cour de prison. En nombres aberrants, ceux respectueux de la loi s’enferment dans leur maison et voisinage fortifié. De plus en plus de prisonniers inoffensifs et d’indigents sans-abri sont assujettis aux abus systématiques. Sans tenir compte de droiture, délit, faillite ou moyens, ce sera notre tour bientôt de suite.

Un commentateur social divisa la société civile en deux mondes : le premier, dont les voisinages sont ouverts ; et l’autre, la république bananière où les riches s'entourent de gardes du corps et de murs de périmètre au-delà desquels la pauvreté de masse s'envenime sans surveillance préventive. 

Les pays les plus riches, puissants et affranchis se rendent en républiques bananières. Comme avant la Deuxième guerre mondiale (sic) les Nations unies et d’autres organisations mondiales sont de moins en moins disposées à adresser la prolifération de guerres, de réfugiés et de tyrannie. Nous nous disgracions et nous asservissons par manque d’honorer nos valeurs principales à chaque palier de gouvernance.  Dans notre cas, l’indifférence politique fraye le chaos mondial et l’impuissance particulière et collective trouvée fort avantageuse par les psychopathes. Paradoxalement, l’incroyable richesse de notre civilisation décrète le déclin de sa liberté, son égalité et sa fraternité.

Tout le monde fut déprimé par la rubrique suivante : les voisins d’une bloque de rue ignorèrent les cris au secours de la victime d’une agression sous leur fenêtre. Non seulement personne ne lui rendit aide, mais personne n’a téléphoné la police à ce moment. De quoi d’autre devons-nous nous attendre de gens ordinaires, quand les organisations emblématiques du monde refusent de mieux faire? 

De plus en plus souvent, des murs de périmètre et des alarmes mécaniques sont obligatoires dans presque tous les foyers. Le mien en comporte les deux : un autre avilissement de ma part. Beaucoup trop d'Américains sont écroués ou en liberté provisoire. Un citoyen minoritaire en Amérique retient une chance beaucoup plus forte de se faire pincer dans le rouage judiciaire que de gagner à la roulette quand l’inverse serait le cas dans une société paisible en bonne forme. 

En récupérant son ascendance, la mentalité paisible reflétera notre autodiscipline spontanée, vertu fiable et refus ravivé d'admettre l'inadmissible. Les organisations globales sarcleront la brutalité guerrière, et des guerriers ataviques seront inspirés à défendre le monde paisible par ces efforts globaux. Des problèmes se résoudront en proportion du partage des efficiences à chaque échelon, des parentés, administrations et marchés en localité jusqu'à l’Agora et la Cour du monde.



 

- PRIER NE PLUS VOMIR DANS LE BUFFET DES SALADES

 

« La liberté, dans le sens Jeffersonien, ne peut pas survivre l’amoncellement continu de gens. Si nos nombres persistent à croitre sur une base de ressources qui ne croit à peine, l’avenir imposera forcément des bornes de plus en plus coriaces sur la liberté particulière. Nos descendants ne pourront plus vivre comme nous ; nos manières émancipées, à l’américaine et à l’européenne, leur sembleront comme des poésies du passé. La liberté diminuera progressivement avec la croissance des nombres, et la soumission à la majorité devra remplacer l’initiative particulière. Il se pourrait qu’un politicien plus rusé que les autres arrange ce conformisme paisible obligé et l’appelle "affranchi." » Paul Colinvaux, The Fates of Nations: A Biological Theory of History, (Les destinées des nations : Une théorie biologique de l’histoire) Simon and Schuster, New York, 1980, page 349. 
  
 Pour commencer, un principe devrait tous être apparent sans exception . Mais cela n’a pas encore commencé de l’être :
 « Soyez fructueux et multipliez » cela ne veut pas dire « reproduisez-vous comme des lapins sans prédateur, jusqu’à faire cramer la planète. » Non moins que le panneau « buffet à volonté » veut dire « prier vomir dans les salades. »
 La rigoureuse planification familiale aurait dû être établie partout sur Terre il y a des décennies: ses meilleures agences, dans les régions les plus pauvres.  Au lieu, une bande de goujats, amateurs de l’âge sombre, a pris en charge sa suppression globale au moyen de leur stupidité criminelle financée au niveau du génie.
 
 Nous devons prendre en compte cette vérité oubliée : les enfants sont les destinataires les plus prometteurs de dévotion populaire. Cela pourrait te surprendre, mais élever un enfant en pleine forme peut être l’ultime sacrement terrestre, sinon du moins ne pas nuire à son développement. Chaque bambin devrait être un cadeau du ciel et non pas : 
  
 • la réalisation d’un caprice ; 
 • compensation pour solitude et défaut de soins ;
 • un bond désespéré vers l'immortalité ;
 • soumission à la contrainte étatique, religieuse et familiale ; 
 • soupape pour nos tourments d'enfance ;
 • du fourrage à canon produit en série ;
 • l’expression inarticulée de maternité ou de virilité ;
 • mucilage pour un mariage précaire ;
 • le mélange de la virtuosité médicale et du désir mal placé d’avoir des enfants (des grands-mères qui portent à terme leurs petits-enfants : cette planète manque-t-elle d’enfants adoptables ?) ;
 • la retraite biologique (la sécurité sociale divine, selon un certain fondamentaliste ; sérieux qu’il était comme la mort) ;
 • l’unique aboutissement permis de l’acte sexuel, ni
 • le résultat légiféré de grossesses importunes. 
  
 A travers toute l'histoire, des irresponsables furent favorisés pour se reproduire, cet arrangement incontestable en Europe médiévale autant qu'ailleurs. Ceux et celles mieux doués furent mis à part pour le célibat religieux. En attendant, des brutes – soit manants soit nobles, et pour la plupart illettrées – furent abandonnées à la fertilité militante.
 Ces jours-ci en Allemagne et ailleurs, des jeunes femmes bonnes ouvrières manquent le temps et les soutiens pour avoir des enfants, en attendant d’exaucer leur ambition professionnelle. L’enfantement est plus probable parmi des jeunes filles qui n’ont pas fini leurs études secondaires. Les Apprentis assureront la garde d’enfants et l’appui financier aux professionnelles qui doivent prendre congé pour élever leur famille, et de l’éducation poussée aux mères adolescentes et leurs bambins.
 
 Autrefois, des innovateurs furent aspirés dans les premières villes. L'agitation malpropre et la surcharge humaine y ont assuré en moyenne des taux de mortalité supérieurs et de natalité inférieurs à ceux dans la campagne, là où des manants et leur progéniture féconde se hasardèrent à la famine intermittente, au banditisme endémique et à l’ennui terminal. 
 D’ordinaire, la plus douée la créature, la moins susceptible de se reproduire dans un milieu affligeant. Des animaux captifs le renient quand l'excès de bruit, de malnutrition ou d’encombrement le leur interdit. Le stresse surélevé induit un déséquilibre physico-chimique dans le cycle reproductif d’espèces d'une neurologie mieux pourvue, rehaussant la stérilité, la mortinatalité, celle infantile; et peut-être même la probabilité de mutants, de sociopathes et de progéniture stérile. Ces excès réduisent l’immunité et rehaussent la vulnérabilité. L’histoire poignant de l’humanité reflète ce palier de stresse stérilisant ― du moins parmi ceux assez éclairés pour le reconnaître.
 Le génotype humain semble assez costaud en moyenne pour engendrer des êtres assez futés. Aucun moyen de résoudre à quel point plus astucieux furent nos ancêtres, comparés à nous. Est-ce que nous nous élevons pour la stupidité tant bien que l’agression ? Les deux habitudes tendent à se confondre, ne trouves-tu pas ? 
 Durant quelques millénaires de mentalité d’armes détrempée d’alcool, aurions-nous décommandé des éons de survivance établie par meilleur élevage antécédent ? La nature fragmentaire de la littérature antique offre peu d'indices qui permettent de distinguer quel âge – le nôtre ou celui d’autres du passé – reflète le meilleur tempérament. Notre renonciation de la merveille du sacré rend preuve de sénescence contemporaine, ainsi que nos maux en surcroît de par la mentalité d'armes. 
 A moins que le génotype humain ne se limite à quelques clones idéals, comme nous en sommes parvenus de façon aberrante avec nos récoltes et cheptels, la diversité génétique devra enfanter une courbe de cloche intellectuelle, digne de poursuites supérieures. 
  
 Les dissimilitudes entre des « races » humaines ressemblent à celles entre deux automobiles de la même marque et modèle, mais coloriées différemment et munies de trousses distinctes d'options. Quelques maîtres d'armes se prétendent avoir découvert des différences raciales plus significatives que celles suscitées par des variables évidemment environnementales comme la pollution, la famine, l'isolement culturel, l’esclavage, etc. Des tentatives réitérées de documenter ces prétentions ont échoué, en dépit de méthodologies sophistiquées financées par des élites bigotes. 
 Un regroupement qui dévia incontestablement de la norme humaine aurait été réabsorbé ou viré d’elle. Il aurait déplacé des humains moindres à cause de ses habilités supérieures, sinon disparu par incompétence, monstruosité et génocide. 
 La sexualité humaine a brassé le « milk-shake » génétique beaucoup plus vigoureusement que l’on n’admet. Soit par commerce et mariage, soit par fugue amoureuse, soit par guerre et viol, les lignés humaines se sont avidement confondues. Ces jours-ci, le pur-sang ethnique est un phénomène statistique et une anomalie géographique ; la « pureté génétique » serait plutôt la suite de l'aveuglement que de l'ADN. 
 Un bon fermier t’affirmera que des variétés hybrides sont davantage robustes dans l’ensemble, que celles de pure race.  Tout en proportion à la « pureté » de la noblesse de sang et de l’atténuation de son réservoir génétique, sa progéniture sera d’autant plus fragile, sotte et vulnérable à toutes sortes de circonstances hormis les meilleures. A cause de leur génétique affranchie, des mauvaises herbes prospèrent en dépit de conditions adverses. 
 Les Apprentis trouveront peu d’intérêt dans la « purification » de l’eugénique humaine. La diversité naturelle et la liberté de choix seront favorisées dans une floraison de bonne conscience et d'architecture védique. Toute pratique moindre ne serait que du suicide au ralenti.
  
 Des bigots fanatiques se sont souvent jetés dans le vide de psychopathologie sexuelle en tentant de supprimer des peuples entiers, simplement pour leur « mauvais sang » et certaines dissemblances de comportement. Heureusement, ceux qui ont hasardé ce tour ont réuni contre eux le restant du monde horrifié. Leur plan d’exécution ne leur valut que la leur ultérieure. « Ensuite Jésus lui dit, "Remets ton glaive à sa place ; car tous ceux qui s’emparent du glaive en périssent." » Matthieu 26 : 52, la Bible. 
 
 Hitler et ses écuyers se sont rués sur cette pathologie de prisme. 
  
 « Des tribus aryennes, souvent en petits nombres ridicules, ont subjugué des peuples étrangers et, stimulées par les conditions de vie que ce nouveau pays leur offrit, (fertilité, nature du climat, etc.) et tirant aussi profit de l’abondance de main d’œuvre fournie par la race inférieure, ont développé des facultés intellectuelles et organisationnelles qui somnolèrent jusque-là dans la tribu conquérante. Au cours de quelques millénaires sinon de siècles, elles rendirent en vie les cultures dont les traits primitifs ont entièrement correspondu au caractère de leurs fondateurs, quoique modifiés par adaptation à la qualité du sol et aux attributs du peuple subjugué. Mais la race conquérante finit par enfreindre les principes observés d'entrée, c’est à dire, maintenir la souche raciale inaltérée, et s’est mise à se mêler avec le peuple subjugué. Prit fin donc leur existence distincte, car le péché originel commis au paradis fut toujours suivi par l'expulsion des coupables. »
 « Après mille ans ou plus, les dernières traces perceptibles de ces maîtres antécédents peuvent être repérées dans la teinte de peau un peu plus claire que le sang aryen légua à la race subjuguée, et dans la culture fossilisée dont les aryens furent les originaires. Car, a tel point que le sang du conquérant, non seulement corporel mais aussi spirituel, fut submergé dans celui de la race soumise, d’autant plus la substance disparut qui attisa la torche de la culture et du progrès humain. A tel point que le sang de l'ancienne race régnante a laissé une nuance de coloris dans celui de ses descendants, comme marque et souvenir, la nuit de la vie culturelle est rendue moins sombre et obscure par le doux rayonnement de l'œuvre des anciens livreurs du feu originel. Leur radiance brille à travers la barbarie à laquelle la race soumise s’est rejointe et elle peut souvent mener l’observateur superficiel à croire qu'il voit devant lui l’image de la race présente, alors qu’en réalité c’est dans un miroir où le passé se reflète tout seul. »
 « Il se pourrait qu'au cours de son histoire, ce genre de peuple rentrera en contact une deuxième fois et même plus souvent avec les fondateurs originaux de leur culture, sans nécessairement se souvenir de cette association distante. Instinctivement, les restes de sang laissés par la vieille race régnante seront attirés vers ce nouveau phénomène, et ce qui n’avait été possible avant que par la contrainte, peut réussir volontairement à présent. Surgit une nouvelle vague culturelle qui dure jusqu'à ce que le sang de ses porteurs d’étendard ne s’adultère à nouveau en s’entremêlant avec la race jadis conquise. »
 « Ce sera à ceux qui se chargent d’étudier l’histoire universelle de la civilisation, de l’investiguer depuis cette perspective, au lieu de se laisser étouffer sous une masse de données externes, comme fut trop souvent le cas des sciences historiques actuelles. » Adolf Hitler, Mein Kampf, Vol. II, Chapitre 6.
  
 Prends tes bigots riverains, (Je te prie de me les prendre !) remplace la désignation « aryenne » avec celle de leur race préférée (la leur) ; remplace les éloquences qui fleurissent en haut avec de l’incohérence animée par la rage et l’ignorance. Tu as déjà entendu le pareil débité de leurs lèvres dans ta ville natale. N’importe leur provenance, leur langue parlée, ou à qui ils ressemblent, ; leur fameuse noblesse de sang, ce n’est que l’expression coutumière du système limbique et reptilien dont nous tous sommes héritiers mais eux seulement les esclaves.
 Il est intéressant d’inverser la cotation en sus et constater sa pertinence. « La flamme de la civilisation (matrilinéaire) était là d’abord et se ravive malgré l’éteignoir patrilinéaire des Aryens esclavagistes. »
 Une autre idée intéressante, c’est que toute cette autoglorification d’égoïste bigot ne puisse être que la manifestation de notre dévotion déplacée pour des extraterrestres qui ont pu reprogrammer notre culture et notre ADN afin de nous transformer de simples singes améliorés en agriculteurs, citadins, penseurs créatifs et voltigeurs potentiels aux étoiles. Relis le texte ci-dessus en gardant cela en tête et constate à quel point ça convient. Singes améliorés ou êtres supérieurs estropiés, sinon de suite ? Voila de bonnes questions !
 
 Aucun dogme ni génotype ne peut résoudre tous les problèmes dans tous les cas à la satisfaction de chaque point de vue. La poursuite du bonheur est l’affaire particulière de tous ; elle est mal réglementée d’en haut. Au mieux, le gouvernement peut accélérer notre repli de la misère. L’amélioration eugénique n’intéressera pas la plupart des Apprentis. Le surpeuplement humain et sa flatulence de CO2 authentifient déjà l’ampleur de notre adaptation à cette planète.
 
 Les taux médians de naissance ont légèrement décru dans les nations développées. Fâcheusement, chaque enfant du premier monde consume davantage de ressources et créé davantage d'ordure que des dizaines d’enfants de nations pauvres. Ainsi, quand un couple riche conçoit un autre enfant, il engendre en vérité de nombreux consommateurs équivalents. Les taux de natalité « inférieurs et plus précieux » du premier monde sondent cette dissipation en débandade ; comparés auxquels, ceux supérieurs du tiers monde sont que fardeaux équivalents sinon moindres, quoique leur développement éventuel nous menace de nécessiter les ressources de multiples Terres à moins que l’efficacité de consommation ne se soit radicalement rénovée au monde paisible.
 
 Aucune justification n’existe pour aggraver cet embouteillage ― ni au premier ni au tiers monde. Les Chinois se sont soumis à la limitation d'un enfant par couple ; Apprenti préconise de surpasser cette limite. 
 De plus en plus de libertés peuvent nous être disponibles et praticables, nous semblant comme de l’anarchie aventureuse. Qu’un seul rayon d’action humaine restera à être réglé avec rigueur, celui exempté depuis tout ce temps : avoir des enfants et bien les élever. Je suis sûr qu’on en hurlera à l’hérésie, à l’outrage et au blasphème. 
 
 Une fois que ces règlements sent adoptés, des syndiques criminelles et bien nanties s’assureront que des crimes inimaginables suppurent des marchés noirs de l’enfantement humain, du clonage et de l’esclavage : ces ensembles actionnés par de ténébreuses compulsions humaines. Comparé auquel, la Prohibition américaine, qui interdit la consommation d’alcool et ensuite de drogues récréatives, ressemble plutôt à une petite chamaille de foire champêtre. 
 
 Présente-moi un alternatif plausible et je laisserai tomber le mien de mes mains nues comme une brique chauffée au rouge. La prescription gouvernementale sera obligatoire – bien qu’elle puisse engendrer un monde de cauchemar – puisque ceux assez sages pour y conformer volontiers seront dignes d’avoir un enfant, alors que de nombreux rebelles ne le seront pas. 
 Il serait mieux de transformer tout ça en une question de moralité et de regret, doucement et selon des débats philosophiques menés en profondeur le long de décennies. Quel dommage que nous ne disposons plus du temps nécessaire pour ce débat ! Des dialogues expansifs à ce sujet, tant soit peu brefs mais généralisés, établiront peut-être un accord assez majoritaire pour introduire de telles lois volontairement, donc mieux prémunir leurs pires enchaînements.
 J’ai rédigé ce qui suit de façon catégorique ― reste à savoir si cela se laissera adopter sans compromis dans la pleine suffisance du temps. Entre-temps, ces principes doivent être appliqués avec beaucoup moins d’intransigeance ; seulement autant que possible et en paix absolue, par incréments graduels comprenant de nombreuses disputes. Les générations au cours desquels nous aurions dû les raisonner à la satisfaction majoritaire se sont rétrécies en quelques petits mois et années.
 Il est affreux de constater à quel point bien nous avons confirmé notre folie collective ! Le génie des Apprentis devra y prévaloir pour assurer notre survie consécutive.
  
 Eh bien, voilà ! Tout le monde sera stérilisé de façon réversible à la puberté, comme rite de passage dans la maturité avec ses privilèges et obligations. Parlant de procédures, il pourrait s'agir de dosages bien réglés de drogue sinon d'une petite chirurgie réversible. 
 Nous distribuons des permis sans compter pour conduire, pratiquer la loi, aller à la pêche et poursuivre beaucoup d'autres choses. Hélas, ni la demande ni la formation universelle et avancée n’existe pour élever un enfant en bonne santé. Personne ne pense trop du fait que c’est une responsabilité beaucoup plus grave et importante que les autres si soigneusement permises.
 Ceux qui insistent à enfanter devraient subir une formation avancée dans l’élevage d’enfants, des internats de service aux vieillards et handicapés, et des examens psychologiques en profondeur ; se vouer aux soins d’enfant comme passion et priorité à vie. La fertilité de chaque couple diplômé serait reconstituée pour une grossesse à terme. Les nouveau-nés en résultant seront réunis avec une famille étendue de parents naturels et leurs conjoints fertiles ou stériles. 
 Aucun adulte ne devra supporter tout(e) seul(e) l’imposition exténuante d’élever un enfant. Aucun enfant « difficile » ne doit être abusé par des parents biologiques s’ils sont impatients, hostiles et indifférents : la meilleure formule pour trop d'adultes criminels et guerriers. Ces enfants doivent être enseignés la bonne socialisation par les meilleurs modèles de rôle que l’on peut recruter et des pairs d’âge pareillement choyés. Les Apprentis ne toléreront plus l'abus d’enfant sous aucun prétexte, ni accidentel, ni institutionnel, ni criminel. Il y aura bien moins d’exceptions « regrettables » que nos communautés nous présentent en série.
 En effet, la bonne voie nous est indiquée par l’exceptionnelle réussite éducationnelle de la Finlande. Ils ont fermé leurs collèges d’enseignement aux standards médiocres du genre : « ce que tu ne peux pas accomplir, enseigne » et les ont remplacés par des programmes de promotion aussi honorables que celui des cosmonautes, dans seulement huit universités d’élite d’acceptation aussi difficile que celles dans l’Ecole Centrale. Le résultat fut l’amélioration des notes d’examen d’enfants par deux ou trois écarts-types : cela déclaré impossible ailleurs. 
 
 Ce nouveau sacerdoce de gestation invitera des amateurs doués à s’associer à plein temps ou à temps partiel dans des collaborations temporaires ou permanentes. Ces communautés exigeront les mêmes appuis financiers que nous prodiguons aux militaires à ce jour. Elles bénéficieront d’allocations généreuses de nécessités de vie, de services spécialisés et de salaires à plein temps. Les couples qui ont davantage qu’un enfant remettront si nécessaire leur progéniture supplémentaire à ces familles étendues : des asiles sûrs pour l’orphelin, le sans-abri et d’autres jeunes victimes d'abus.
 Quoique des parents certifiés sûrs après l’accouchement pourront être épargnés ce sort et laissés élever leurs enfants de façon naturelle. L’amour entre l’enfant et ses parents est l’une des forces naturelles des plus puissantes. Les Apprentis ne doivent s’y interposer sans bonne raison ni s’en récuser si bonne cause existe.
 
 
 Ce texte recommande des mesures tellement extraordinaires pour cinq raisons.
  
 1. Nous devons renverser la sélectivité historique de l’humanité pour fertilité et agression.
 2. Chaque enfant doit mûrir dans un milieu affectueux et permissif : là où des punitions minimes sont à base du sentiment de culpabilité et non de la crainte de brutalité. 
 3. Note bien : culpabilité et non pas honte. La culpabilité est orientée vers soi ; elle promeut de l’empathie pour la victime et mène aux repentir et à la réparation. La honte est impersonnelle, elle rend l’autre en objet. Ceux qui en souffrent s’appliquent l’étiquette de victime et remettent le blâme sur l’autre, se dotant ainsi d’un excédent de rage et de brutalité. A quelques exceptions près, presque tous les shadiques, tortionnaires et criminels dans l’histoire – autant ceux humbles qu’impériaux – ont grandi comme enfants abusés par la brutalité et la honte. Le constat est intéressant que beaucoup d’Apprentis géniaux ont grandi dans les mêmes circonstances, guidés au bien par leur sens de culpabilité, en dépit d’abus endurés.
 4. La population humaine doit se rétrécir à une petite fraction de sa masse actuelle et superflue, l’accomplir de façon rapide, volontaire et calme. La méthode la plus opportune serait d'immédiatement couper en deux le taux de natalité du monde entier et le recouper plusieurs fois dans les décennies à venir, induisant ainsi un déclin net dans toutes les populations humaines, sans nécessiter de guerre ni de tuerie.
 5. Restes-tu en éveille ? 
  
 Il peut sembler que des mesures si sévères ne parviendront qu’à alléger l’énorme fardeau humain sur le monde actuel, au prix d’énormes coûts sociaux. Nous sommes sept milliards et bientôt une dizaine ou davantage : un profond empiètement sur la terre. Cette grosse empreinte de la part d’une certaine espèce invite le désastre global ; celle moins massive nous laisserait davantage de latitude. 
 Ce n'est pas seulement la masse des gens qui soit nocive à la terre, mais notre qualité effrangée de pensée et de culture, et le gaspillage par tête en résultant. 
 Le monde naturel peut facilement réduire nos nombres à un montant acceptable. L'avidité corporative et ses catastrophes inattendues peuvent induire cette énorme souffrance presque sans effort supplémentaire. Mais même si l'humanité doit être martelée à la limite de quelques couples fertiles ‒ comme l’ont été toutes les espèces jadis dominantes sur terre, à cause de leur encombrement excessif mais rarement avant ‒ il nous vaudrait toujours la peine de transmettre les mesures de fertilité recensées en haut et les diffuser afin d’assurer que les héritiers de nos rares survivants ne répèteront plus nos erreurs lors de générations fécondes à venir.
 
 Selon Richard Chatwin, dans L’anatomie de l’agitation, nos libertés constitutionnelles se sont incorporées dans le style de vie d’anciens chasseurs glaneurs, en majeure partie parce que chaque mère et ses proches portaient partout les enfants en bas âge entre leurs cinq premiers anniversaires. 
 Sur l’île de Bali, par exemple, le malheur pouvait advenir si les pieds d'un petit touchaient à terre pendant l’éveille de ses parents. Tout étant égal ailleurs, la prolongation du contact humain et de la perspective mobile à la taille d'adulte ont optimisé le développement neurologique de ces bébés. Des communautés en bonne santé, d’adultes en bonne santé, favoriseront nos libertés les plus prisées.
 Ça n’a été qu’avec le piège des plantations – et l’hyper fertilité, l’abus d’épouses et la négligence d'enfants qui en ont résulté – que nos problèmes sociaux se sont aggravés au pire. 
 Si les enfants étaient aussi rares que des gros diamants, nous les traiterions comme de la royauté : leur dû évident. Puisque nous les considérons aussi ordinaires que de la poussière (à l’exception des nôtres) nous les maltraitons et les négligeons en trop grands nombres. Est-ce surprenant qu’un bon nombre de survivants de ces abus et négligences grandissent en adultes aliénés et renégats ?
 
 « La nature irréfléchie sélectionne de manière gaspilleuse, au taux culminant de peine et de misère ; elle exige que d'innombrables individus naissent pour lutter et périr. L'humanité rationnelle humaniserait cette lutte et économiserait d’elle en substituant l’examen communautaire et raisonnable de la condition parentale, au lieu de détruire des enfants par la famine, la maladie et l’affaiblissement. » 
 « Empêcher la reproduction de mauvaises souches, en dépit de ses difficultés et risques, serait évidemment le premier devoir d'une communauté agencée autant pour sa sauvegarde que pour l’intérêt de ses membres particuliers. Il ne serait pas nécessaire, pour la sauvegarde de cette société et pour son progrès, que des enfants en mauvaise forme périssent, mais qu'ils ne naissent pas ; et finalement la société la plus prospère, quant à la qualité de ses adjoints, sera celle qui répond le mieux à cette obligation préventive. » J.A. Hobson, L’impérialisme : une étude, George Allen et Unwin Ltd., London, 1948, pages 163-164. 
  
 La négligence criminelle a sapé l'humanité pour si longtemps que l’on fait face aux décisions d'un chirurgien désespéré. Il y a quatre-vingt ans, l'humanité devait se faire nettoyer les dents. « Rien à faire ; trop à faire. » Depuis cinquante, avisée de la nécessité d'une procédure supplémentaire et davantage pénible, on a choisi de gémir de ces débours et souffrances. Il y a une vingtaine, plusieurs dents clamaient d’être remplies. Là encore, aucun assentiment. Dix ans après, et rien, en dépit de tourments de plus en plus insistants. Il y eut un an, quelques dents putréfiées nécessitaient d’être arrachées. Encore rien. 
 Aujourd'hui, l’équivalent d’une chirurgie à crâne ouvert offre la dernière chance de stopper la septicémie cérébrale. Plus de temps ne reste pour gémir en indécision hystérique : ce que l’humanité semble faire le mieux.



 

- MILICE MONDIALE –

 

Tout ce qui retient les techniciens d’armes de démolir l’ensemble, c’est leur honneur militaire. La mythologie paisible devra le souligner. Les Apprentis feront surtout appel à l’honneur de mon père, de chaque bon guerrier, le nettoyant de sa crasse. Passionnés d’honneur militaire, ils l’associeront spontanément au monde paisible et le défendront contre quiconque assez dément pour ne pas l’admettre, si fatal soit-il. Ils seconderont le monde paisible et le garderont farouchement ensuite. Le devoir, l’honneur et l’Apprentissage doivent se souder.

 

Cela pourrait te surprendre de trébucher sur un plan de milice mondiale dans Apprenti, le manifeste du monde paisible. Au fait, aucune anomalie. Le second amendement de la constitution américaine interdit au gouvernement d’enfreindre au droit de porter armes : une milice bien réglée étant « indispensable pour la sécurité d'un Etat libre. » 

Sa justification d’armes fut que des milices doivent s’armer à l’encontre de révoltes serviles dans le Sud ou d’attaques indiennes là où ceux-ci ne furent pas encore exterminés ou claustrés en réserve militaire. Celle paisible sera d’armer chacun face à toute menace armée, de la tyrannie globale au crime d’une brute voisine.

La solution n’est pas « la norme » actuelle : des nuisances à feu particulières dans trop de ménages (gosses + nuisances à feu = garantie de perte tragique) ; ni en gardes du corps pour les riches, ni en fouilles d'armes pour les pauvres ; ni en une armée de mercenaires, ruineuse et anathème autant à l'esprit qu’à la lettre de la constitution ; non plus en massacres de bombardiers suicidaires ; non moins en combats urbains abattant des innocents dans la rue, au restaurant, en lieu spirituel, même dans les couloirs sacrés de nos écoles. 

Apprentis, quelle honte ! Les habitants du monde entier ont pu accepter cette travestie ; à nous de mieux faire. 

Certaines gens confondent un monde sans guerre avec celui sans violence. Peut-être auront-ils raison à la longue, quoiqu’ils puissent confondre la non-violence, un outil puissant donc très difficile à bien manier, avec le but en vue du monde paisible. 

Vois-tu la différence entre le simple pacifisme et la Satyagraha beaucoup plus complexe, entre le monde paisible et la terre sans violence ? 

La technique de non-violence intentionnelle (Satyagraha) vient d’être redécouverte par l'humanité après des millénaires de suppression brutale de chaque tentative. 

De récentes épreuves en Palestine sont des échecs douloureux car cet exercice ne réussira pas avant que les leçons suivantes aient été apprises. 

1.     La présence d’un redoutable alternatif militaire, le mauvais jumeau des Satyâgrahi, mais sous leur contrôle, pourvu que le parti paisible réussisse : « Négociez en bonne foi avec nous sinon affrontez ces autres tant que vous le pourriez » ; 

2.     le reportage par des médias mondiaux de chaque répression policière des Satyâgrahi. 

En théorie, les Satyâgrahi palestiniens ont pu détenir la première nécessité (quoique je le doute : leurs forces armées n’ont jamais été assez puissantes ni sous leur contrôle absolue) mais ils furent fatalement refusés la seconde. La brutalité systématique des réactionnaires a donc prévalu de nouveau, cette fois sous les bottes israéliennes tandis que les médias mondiaux ont détourné le regard.

 En 2018, des palestiniens désarmés furent fusillés en foule sur la ligne de clôture de Gaza, soigneusement filmés par les médias mondiaux. Le gouvernement israélien ne corrige pas ses actes criminels puisque son patron gouvernemental américain s’est rendu pareillement fasciste et barbare, alors que leurs populations civiles manquent d’assez de moelle épinière pour protester. La mentalité d’armes atteint son climax criminel de Yang – juste avant son explosion nova en Yin davantage enclin à la bienveillance – comme l’apartheid racial a durci au point d’évoluer en son équivalent économique en Afrique du Sud.

Des siècles peuvent s’écouler avant que la non-violence ne se perfectionne dans nos institutions, et encore plus longtemps avant que chaque esprit autonome n’en soit convaincu. Par contre, l'humanité a débattu le pacifisme depuis des millénaires : « Quoi qu’y arrive, je n’aime guère la guerre. » 

Les Apprentis pourront criminaliser la guerre et réaliser le monde paisible ; nous n’avons qu’à l’entreprendre résolument et tous ensemble. A peine quelques semaines ou mois seront nécessaires pour l’introduire à travers la planète. 

La guerre criminalisé : cela ne veut pas dire son élimination totale mais son obstruction catégorique. Elle la rendra davantage ardue donc moins avantageuse, acharnée, fréquente et persistante. Le vol a été criminalisé partout. Cela ne veut pas dire que le larcin n’existe plus, simplement moins, en proportion à l'efficacité des institutions le criminalisant. Encore plus important, l’accroissement du bien-être public et de sa sagesse le rendra superflu et évidement suicidaire.

Avec le perfectionnement des agences paisibles, la guerre s’étiolera, peut-être au point de s’éteindre ; pareillement au cannibalisme, au sacrifice humain et à l'esclavage, même si leurs restes persistent à nous rendre disgrâce. Une fois la guerre réglée, ces autres disparaîtront peut-être entièrement.

A quoi le monde ressemblerait-il si nous n’eussions rien fait pour retenir le vol, en attendant que tous obéissent catégoriquement au commandement de ne pas voler ? 

Ce texte est très circonspect quant à terminer la brutalité humaine : un trait qui semble enracinée dans notre nature. Ce comportement se prouvera-t-il utile à la longue ? Plus ou moins malléable ? Maîtrisable par des institutions ? Après tout, le projet de la supprimer pourrait provoquer ses ultimes enthousiastes aux pires excès. 

Si la criminalisation globale de la guerre doit languir jusqu’à ce que la brutalité ait été purgée de l’esprit humain, on sera destiné à une assez longue attente. Et si le monde paisible le devra jusqu'au moment où chacun sera exclusivement motivé par la non-violence pendant chaque conflit, alors multipliez cette durée d’attente par centaines. Puisque la guerre est parvenue à un taux tellement branlant de dévastation à la gâchette facile, cette attente lui permettra de nous bouffer d’une pièce en attendant. 

Que faire, à présent ? Attendre que chaque individu se soit perfectionné ? Plutôt transformer illico nos institutions en celles paisibles, puis se pencher sur l’autre projet de perfectionnement universel ? A toi choisir. Soyons tout d’abord réalistes quant à nos priorités.

Apprenti conclut que la guerre doit être criminalisée maintenant, alors qu’on en retient les moyens, le motif et l'opportunité. Sur le tard, l’absolue non-violence humaine pourra être entamée de façon systématique pour aussi longtemps que cela nécessitera. 

Ces projets sont distincts : le premier pourrait bien se conclure dans la décennie qui suit ; celui subséquent, requérir le restant de l'existence humaine pour atteindre la perfection. 

Il faut retenir que le parfait est l'ennemi du bon, et le bon, du pire. Tiendrais-tu au pire jusqu'à ce que la perfection ait saisi prise ; sinon oserais-tu rendre le pire un peu moins moche en attendant la perfection à venir ?

Permets-moi d’être clair : ces deux projets ne sont pas, n’ont jamais été exclusifs. Au contraire, chacun doit renforcer l’autre. Je te prie de bosser dur pour le mieux à présent et te rapprocher à la perfection dans l’avenir.

Ceci dit, on peut limiter les pires dégâts dans l’immédiat de la mentalité d'armes, multiplier les bienfaits paisibles et remplacer le châtiment pénal par une visée comportementale de meilleure sagesse ; aussi criminaliser la guerre qui fournit la plus grande portée à ceux au penchant du mal. 

Apprenti ne prévoit pas la fin de la violence humaine… n’aborderait même pas ce mal. Il me semble que soustraire le mal de la conscience humaine, ce serait lui porter atteinte. La majorité d’Apprentis raisonnables (les psychosains et sociosains) pourrait toutefois isoler la mythologie d'armes, défier sa mentalité et rétrograder ses élites en insignifiance culturelle ; enfin, reléguer en vestige leur chef-d’œuvre, la technologie d'armes. Une fois que nous accepterons cet engagement en nombres suffisants, nous pourrons le remporter dans le semblant d’une nuit. 
 

Les Apprentis congédieront les forces armées terrestres, désamorceront la plupart de leurs dispositifs de destruction massive et rassembleront les restants dans quatre organisations superposés :

·       la milice mondiale,

·       la légion étrangère de la cour du monde,

·       la gendarmerie continentale, et

·       la police locale. 

Ce chapitre comprend les moins efficaces des prescriptions d’Apprenti. Celles décrites en bas ne constituent qu’un bricolage cosmétique à moins que la majorité d’Apprentis n’adopte d'entrée au moins un simulacre honnête des fonctions suivantes : 

·       laocratie (la démocratie proportionnelle et directe à travers l’Agora mondiale), 

·       les réseaux d’Apprentissage et 

·       la constellation intégrale de métaphores politiques que ces dispositifs présupposent. 

En effet, dans l'absence de tels appuis cruciaux, des milices paramilitaires se mutent en hallucinants clubs de meurtre. Des exemples abondent : les escadrons de la mort en Colombie, ainsi que les Talibans afghans – « Taliban » : jeu de mot ironique sur l’expression en arabe du mot « Apprenti » – et un assortiment de gangsters de par le monde. Elimine-les au nid par là-bas, ou attends-toi à ce qu’eux et les leurs prennent en charge ta ville natale. Dans ce cas, un sou de développement versé là sera plus avantageux que des milliers de balles perdues tirées sur le même objectif après.

Une milice bien réglée dépendra de l’appelle universel, incorporant les meilleurs dispositifs des armées de la Suisse et d’Israël. 

Le dur métier et savoir-faire champêtre de l’infanterie légère d’élite sera souligné en formation obligatoire au lycée. Les unités de milice ne seront pas dotées de véhicules, d’artillerie, de blindés et d’aviation organique ; elles le seront pourtant d'armes automatiques, antichars et anti-aériennes équipées en nid creuse. Des positions préparées pointilleront les approches de chaque communauté. En temps de crise, ces communautés pourront vite se mobiliser. En effet, ce schéma de milice réclamera les mêmes installations de protection civile que ceux d’usage en Suisse. Des garnisons en localité offriront à un agresseur mécanisé très peu de cibles de grande valeur mais beaucoup de telles, pour autant dangereuses que de petite signature, d’immunité logistique relative et d’énorme profondeur défensive contre l’assaut, le bombardement et l’occupation. 

Pendant l'opération « Orage du désert » des forces aériennes ont prévalu contre des cibles conventionnelles en raison de la proéminence et vulnérabilité relative de forces moto/mécanisées sur un terrain désertique ainsi que leurs réseaux fragiles de commande et de logistique. Aucune de ces faiblesses ne préoccupera une milice mondiale : omniprésente, statique, positionnée d’avance et pratiquement autosuffisante, dont les membres défendront demeure et famille avec fanatisme dissuasive. 

Soit le pour ou contre de la politique yougoslave en dysfonction, Tito organisa ses forces nuisibles pour paralyser une invasion bornée aux routes. Pendant des décennies, son agencement retint tout agresseur étranger soit sa force et provenance. Cet arrangement finit par mal tourner en Yougoslavie : la minorité d’ethnie serbe monopolisa l’accès aux armes et désarma les autres. 

Aucune minorité ne demeurera désarmée chez les Apprentis. La cour du monde verra à ce que chacune d’elles soit également capable de se défendre, qu’aucun groupe de civils innocents ne soit rendu sans armes aux chaosistes mieux armées, comme dans notre cas quotidien. On pourra interdire cette éventualité á travers le monde, prévenir son embrasement sinon le racheter au prix bas comparé à celui contemporain d’armes.

Au mieux, ces dispositifs défensifs décourageront des forces d'agresseurs régionaux alors que leurs préparatifs préliminaires attireront des investigateurs de la cour du monde. Ceux-ci mettront sous arrêt les chefs de bande en localité avant qu’ils n’entament le combat organisé. 

De temps en temps, cette cour ne parviendra pas à interdire l'agression criminelle lors de son étape de conspiration. Dans ce cas, la doctrine de milice permettra la passe des bandits combattants et leur maîtrise provisoire du terrain, si inévitable, afin de réduire les pertes locales. Ensuite, des raids de guérillero s’abattront sur leurs éléments de logistique, de commande et d’appui. L’occupation militaire se rendra trop coûteuse pour le petit Hitler à venir avec sa bande armée au cru. 

Au Vietnam, des milliers de fantassins mécanisés ont garé leur blindés autour du village de Chu Chi et y ont vidé des fortifications souterraines dans une frénésie de carnage et de destruction. Ils sont partis pour n’avoir qu’à répéter ce raide bientôt de suite. Les batailles de Groznyï I, II, III, etc. ont enseigné la même pénible leçon à l'armée russe ; ainsi de même, à Faluja en Irak pour les Marines américains.

Les chefs militaires exigent des répétitions pluriannuelles de la même rude leçon avant qu’ils n’en soient imprégnés et se permettent une doctrine révisée. Entre-temps, celle-ci obsolète amorce des pertes et défaites et le déshonneur correspondant.

A moins de l’extermination totale, des fortifications de forte main-d’œuvre, des forteresses extensives en forêt, désert et montagne, tant bien que des paysages de dureté et de densité urbaines, si équipés et renforcés par des combattants résolus, peuvent frustrer presque n'importe quelle quantité couteuse de puissance de feu. Une grande ville ressemble à une énorme unité de blindés garés ; elle protège les combattants au-dedans quoiqu’elle soit immobile. Bombarde-la jusqu’à la ruine et triple sa valeur défensive.

En tant qu'agresseur mécanisé, il ne reste pas grand-chose à faire. On peut cerner la ville avec ses troupes dénombrant au moins trois fois celles des rebelles, sinon l’occuper en bénéficiant d’au moins dix fois plus qu’une guérilla bien organisée (soit urbaine, soit encore pire, rurale.) Les éteindre par la faim, la soif, le froid et le manque de renforts ; sinon les écraser sous des ouragans de feu, bloc par bloc de rue. On peut abattre un nombre impardonnable de civils innocents, faire recruter leurs survivants outragés dans la prochaine vague de ses ennemis, obtenir qu’un bon nombre des siens soient abattus, puis perdre son cas dans la cour de l'opinion publique mondiale (comme en parvient le programme américain de drones.)

M.L.S. Cavanaugh a posté Military Victory is Dead (La victoire militaire est morte) à http://www.mwi.usma.edu/defeat-military-victory/, le 11 septembre 2016. Il conclut que la définition normale de la victoire militaire : désarmer l’opposant au point qu’il ne puisse plus résister militairement, cela ne peut plus être considérée un but pratique. Les armes sont devenues si bon marché, répandues et létales que n’importe quel groupe peut offrir une signifiante résistance militaire aussi longtemps qu’un de ses membres demeure en vie. Ceci met en question l’objet et le but de la puissance militaire nationale.

Ces leçons rendent autant hommage à l’héroïsme des Vietnamiens, des Tchéchènes, des Iraquiens et d’autres innombrables qu’à leurs tactiques. Les Serbes ont employé de telles pendant la campagne de Kosovo en 1999 afin d'éreinter la puissance aérienne de l’Otan : éjectant l'habitant de sa demeure en faveur de leur matériel de guerre. A moins d’aplatir toutes les maisons vides, les alliés n’ont rien pu trouver pour cibler. Aussi en Irak, les partisans et opposants shadiques de Saddam Hussein ont adopté les mêmes tactiques et s’en sont servies pour bafouer l’occupation américaine. 

Aucune différence, la portée de notre « décadence » à venir ; l’héroïsme militaire demeurera constant parmi des êtres humains assez nombreux, soit leur provenance, richesse, religion et idéologie. La vaillance guerrière leur est innée. Pour chaque poltron qui s’enfuit, une poigné de héros avance, chacun menant en danger une vingtaine de types moyens. Des défaites en Afghanistan et en Tchétchénie ont enseigné cette leçon aux chauvins russes ; à leurs pairs américains, au Vietnam et en Somalie. Les hoplites d'Alexandre et les Mongols de Gengis Khan, autrement imbattables, reçurent la même leçon, souvent sous la tutelle des mêmes opposants.

Une contradiction déterminante perdure entre la guerre conventionnelle et celle prétendue de basse intensité, de partisans et de guérilleros. 

Dans la première catégorie, les généraux des deux côtés amassent des monceaux de matériel et une foule de ressources personnelles. Cette dernière expression n’est applicable sans connotation sordide que par des mentors d’armes. C’est depuis quand que des êtres humains de beauté sacrée sont devenus une ressource comme du guano ? Seulement dans l’entendement des psychopathes qui dictent notre déontologie.

Ceux-là assemblent de tels éléments dans une certaine localité et tranche de temps, afin de contester leur demande de victoire (leur succès par meurtre organisé). Ces fonctions sont laborieuses et prennent beaucoup de temps : recueillir la logistique militaire obligatoire et former autant de gens que possible pour qu’ils fonctionnent avec efficacité sous un commandement unifié. Donc, durant de longs intervalles, les deux camps se recueillent en isolement relatif l'un de l'autre, interrompus par ceux plus brefs au cours desquels ils exercent leurs marionnettes en combat proche. 

Selon Clausewitz, cette phase expansif de combat doit devenir d’intensité maximale afin de parvenir vite à une conclusion décisive. Cette règle fut contredite par des années de guerre moderne. En termes militaires, cela s'appelle « établir et maintenir contact avec l'ennemi » : tel qu’étendre sa main dans les braises du feu pour l'éteindre. Au combat, l’unité U de ton armée et celles suivantes seront plus ou moins usées en usant Ue de l’ennemie et les suivantes. L’unité militaire est une machine mobile à infliger des pertes, les subir et remplacer.

Dans la deuxième catégorie, des partisans se rassemblent sous une gérance locale, d’habitude celle traditionnelle sinon choisie de façon démocratique, en opposition brutale contre leurs voisins qui sont appuyés par une autorité lointaine (soit une tyrannie siégée dans la capitale régionale, soit un occupant étranger, très souvent les deux.) Le contact militaire et sa friction destructrice perdurent entre ces groupes. 

Lors d’une guérilla, les pertes et dégâts peuvent être inférieurs à ceux accrus lors de batailles rangées comme décrites en haut. Malgré cela, cette usure continue de manière cumulative ; son total définitif est souvent supérieur à celui d’une succession de batailles d'apogée. Des régions entières peuvent être stérilisées par le combat de guérillero ; elles auraient récupéré plus rapidement de tsunami passagers de troupes régulières. La proportion des pertes civiles pendant une guérilla est d’habitude plus forte que celle d’après une bataille rangée, car beaucoup de civils fuient des batailles locales, alors que la guérilla reste de lieu et de temps plutôt vastes. Aussi d’habitude, ni des deux côtés d’un combat régulier ne cherche à rabattre sa discipline, ses ravitaillements limités et sa morale en les importunant de civiles et leurs encombrements paniqués — il vaudrait mieux les expulser temporairement du terrain. 

Les deux côtés d’une guérilla peuvent considérer (à tort d’ailleurs : voir en bas) les civils locaux comme des otages dépréciés et bons candidats á l’extorsion. L'intensité du combat de partisan ne peut être considérée basse que du point de vue d’un cliché instantané ; elle doit monter à la longue. L’aspect « basse intensité » de cette guerre est donc un autre mensonge fabriqué de toutes pièces par la propagande d’armes pour la rendre davantage présentable. 

Le contact est maintenu entre des adversaires conventionnelles par la cavalerie et l’infanterie légère, l’aviation de reconnaissance et des sous-unités irrégulières, aussi par des espions civils partisans de l’un ou de l'autre côté. Les escarmouches incessantes entre ces acteurs d'élite sont rarement décrites dans l’histoire militaire de norme, dont les auteurs s’intéressent plutôt dans la manœuvre à grande échelle et mieux documentée de grandes unités armées. Quoique le succès ou l'échec de telles escarmouches mène habituellement à celui correspondant des armées régulières, indépendamment d'autres préposés comme nombres crus et supériorité relative d’équipement et d’entraînement. 

Après tout, des données essentielles sont recueillies pendant ce contact assidu : des meilleurs renseignements sur les forces et faiblesses ennemies, leurs dispositifs, plans et intentions. En toute probabilité, si vous perdez la guerre d'information au bas niveau, vous perdrez tôt ou tard celle conventionnelle.

La première sic guerre mondiale, quelques-unes auparavant et la plupart depuis ont différé de celles antérieures du fait que les forces régulières des deux côtés se sont rendues pareillement responsables pour la bataille conventionnelle et celle de basse intensité. Par exemple, lors des grandes offensives de la PGM sic, des dizaines de milliers de vies et des kilotonnes de munitions furent consumées dans quelques jours. En attendant, durant des intervalles « de basse intensité » chaque petite unité (chaque bataillon d’environ 500 hommes) dût en perdre une poignée presque chaque semaine de son séjour au front. 

Au cours de la majorité des guerres civiles, l’armée régulière des deux côtés sera reconstruite presque dans son entièreté. Chaque côté acquiert son propre gouvernement central, sa base d'impôts, son foyer géographique et ses unités militaires (de combat au lieu de garnison : cette différence signifiante quant au commandement et matériaux) afin d’entamer les confrontations expansives de la guerre conventionnelle. La prétendue guerre de bas niveau n’est que l'étape initiale en voie à l’ultime épreuve de force conventionnelle.

La guerre de basse intensité n’est pas nécessairement d’importance existentielle pour la puissance occupante. En d’autres mots, qu’elle gagne ou perde, sa survie n’est pas posée sur la balance, du moins à court terme. D’habitude, elle se battra avec une main liée, par définition. Cette vulnérabilité peut être cruciale. L’équipe en maison n’a nulle part où s’enfuir et doit donc lutter pour sa vie. 

L’organisation rebelle retient un autre avantage de maison à l’encontre du pouvoir lointain, son armée régulière et ses adhérents locaux. La plupart des habitants s’identifient avec elle et lui fournissent des appuis de logistique et de renseignement et des renforts. La puissance étrangère ou le gouvernement régional retient un inconvénient évident, soit l’une ou l’autre ont retenu une longue histoire d'abus contre les gens du pays. Mais une fois que ces avantages et inconvénients sont énumérés, les combattants des deux côtés devront faire face au même paradoxe décrit plus loin : ils réussiront ou échoueront selon qu’ils le manipulent. 

Etant donné ce déséquilibre, la guerre de « basse intensité » se distingue de celle conventionnelle. Ceux qui l’ont ignorée ont perdu le combat et souvent de suite la guerre conventionnelle soutenue par cette escarmouche. 

En guerre conventionnelle, marquer le compte supérieur de cadavres ennemis et occuper son terrain (par exemple, sa capitale et ses centres industriels et d'extraction de ressources) dicte le succès militaire, indépendamment du souhait des civils locaux. Leurs pertes peuvent être ignorées ou empirées selon la doctrine de Clausewitz ; ils se mettront rapidement en ligne de toute façon, une fois que leur armée sera écrasée dans sa tentative de bloquer l’invasion. 

Tandis que, durant la guerre dite de « basse intensité » le côté perdra qui contrarie davantage la population indigène ; ceci indépendamment du compte des cadavres et du terrain occupé avec succès. Quand le nombre de cadavres croît parmi le peuple, l'avantage du côté qui le réduit au minimum grandira pareillement. 

En combattant une guérilla, un général conventionnel doit être en quelque sorte plus dur envers ses troupes qu’envers l'ennemi, les discipliner à tel point qu'elles réduiront les pertes civiles au minimum. Autant que possible, les transactions économiques entre ses combattants et la population civile doivent être intentionnelles et entièrement compensées ; ceux-là, punis pour chaque crime commis à son encontre; et de grandes ressources doivent être versées dans la reconstruction et les affaires publiques aux mains d’agences civiles ; encore plus qu’en dévastation aux mains des militaires. La vitesse avec laquelle il impose ces conditions au cours du combat, le moins probable sa faillite à cette besogne, presque garantie autrement.

L'armée américaine ignora cette conjoncture au cours de sa guerre en Irak, exception faite des efforts du général Petraeus. Elle a misé beaucoup plus sur la défaite de l'armée irakienne et ses apanages irréguliers, que sur la reconstruction de sa société et ses infrastructures. En Afghanistan, notre ruine éventuelle pourra bien résulter de la prolifération des pertes civiles à la suite de bombardements à longue portée, ainsi qu’à notre enrôlement des seigneurs de guerre locaux pour « maintenir la paix » alors qu’ils dénonçaient simplement leurs rivaux comme s’ils étaient nos ennemis communs. Nous paierons cher ces erreurs sur le tapis roulant de conflits supplétifs. 

L'ordre et la loi doivent être reconstitués, quoique presque tout le monde puisse les refouler ; le droit de propriété doit être protégé malgré l'impuissance des civils locaux. Il sera toujours plus facile pour des combattants voraces de marauder des civils locaux, que de combattre une guérilla bien armée mais appauvrie, sinon faire les deux à la fois et toujours perdre. 

Cette règle s’applique autant au soldat vorace qui libère le poulet d’une famille paysanne, qu’au général scrutant sa carte de bataille et manquant de bonnes cibles pour son immense puissance de feu — en fait, encore plus à celui-ci.

Au diable la fausse panacée des drones létaux ! Ce programme devrait être dénommé « dents de dragon » car il crée beaucoup plus d’ennemies qu’il n'enlève. Comme du poison aux applications thérapeutiques, elle doit être administrée très rarement, avec rare prudence.

La discipline militaire exigée au maquis est beaucoup plus féroce et difficile à imposer que celle de la guerre conventionnelle. Les campagnes massives idéologiques, éducationnelles et de propagande qu’ont dû s’inculquer des armées de brousse comme celle rouge de Mao, elles n'ont pas été nécessaires pour combattre l'ennemi. Ces troupes étaient entièrement disposées à combattre sans elles. Mais elles devaient empêcher à l’armée rouge de détruire sa base populaire au canon de fusil. 

Une armée d'occupation ont un défi encore plus important : empêcher à ses troupes et partisans locaux de suppléer leur sécurité et sustentation aux dépens de civils indigènes ; ce pourrait être un problème insurmontable à la longue. La puissance étrangère ne pourra pas garantir son succès militaire dans le moins distant qu’en certifiant qu'elle se retirera aussitôt que possible et permettra aux habitants honnêtes de rétablir leur autonomie politique. Une telle promesse serait un aveu de défaite lors d’une guerre conventionnelle, bien qu’elle soit la clef de la victoire pendant celle maquisarde. 

Les généraux conventionnels n'ont que récemment saisi cette idée et ses ramifications. http://www.fas.org/irp/doddir/army/fm3-24.pdf. Ils préfèrent satisfaire les requis de la guerre conventionnelle : la simple demande que nos pertes soient réduites au minimum et celles de l’opposant, coûte que coûte maximisées. Cette formule garantit en pratique l’échec et la défaite lors d’une guérilla ; celle quasi-inverse en prévoit le succès, quoique sa réalisation soit paradoxale et fort ardue. Le côté, guérillero ou conventionnel, qui tue, viol, vole et terrorise davantage de la population civile, devra perdre la guerre à la longue. L'autre la gagnera par forfait, soit sa faiblesse et sa déconfiture au début. 

Il existe aussi un paradoxe redoublé, étant donné l’avantage de maison. Bien que des rebelles natifs puissent abattre leurs concitoyens en grands nombres, s’ils peuvent remettre la responsabilité de ces meurtres à l’occupant étranger et à son manque de vouloir ou faute de contrôler leurs crimes, celui-ci perdra la lutte. 

La police de ces meurtres doit devenir coute que coute la priorité primaire de la force d’occupation ; elle doit honnêtement intégrer dans son administration l’entièreté des forces paisibles natives et leur remettre souveraineté et plein appui, sinon se livrer à la défaite et au dégagement stratégique.

Une administration réussie devra être aussi respectueuse des besoins des habitants que loyale envers le pouvoir de l’occupant – comme celle de Lawrence d’Arabie – aussi responsable pour la gérance locale. La plus rapide cette réalisation et le moins d’interventions de la part d’intrus doctrinaires ignorants du pays, de sa langue et ses traditions, le moins de difficultés résulteront. Aucun compromis tactique, intervention idéologique ni délai stratégique ne sera admissible.

« ... Il, [Napoléon], désigna Marmont le gouverneur des provinces illyriennes, et ce fut une nomination excellente. Bien que Marmont fût un moralisateur satisfait, il fut un homme extrêmement compétent et honorable, et il aima la Dalmatie. Sa passion pour elle fut si grande que dans ses mémoires, son style, pompeusement solennel par nature, se gambada comme un jeunot quand il écrit de son Illyrie. Il est tombé amoureux des Slaves ; il les a défendus contre leurs critiqueurs occidentaux. “Ils n'étaient pas paresseux,” dit-il avec indignation, “ils avaient faim.” Il les nourrit et les mit à construire des routes magnifiques le long de l'Adriatique, et chanta cet accomplissement comme un coq. “Ils n'étaient pas non plus des sauvages,” affirma-t-il. Comme ils n'avaient pas d'écoles, il leur en construit en abondance. Quand il perçut qu’ils furent des fervents de piété, il favorisa leurs institutions religieuses, bien que lui-même considérait la foi comme du bougran pour raffermir les réglementations de l'armée. » Rebecca West, Agneau noir et faucon gris : Un voyage à travers la Yougoslavie, New York, Londres, 1994, p. 120

Finalement, la survie d’une guérilla locale et sa victoire sur l’agresseur sont beaucoup plus probables si elle bénéficie de l’appui militaire d’un pays contigu et immunisé, pour quelle raison que ce soit, contre l’invasion de suite. Si votre pays compte entamer une contre-insurrection dans un autre pays, envisagez l’invasion et l’occupation de ses voisins amicaux, puis des leurs amicaux, et puis…

Les généraux conventionnels et leurs chefs civils doivent s’instruire ces hypothèses d’Apprenti à partir de zéro. 

 

 

Dans l'avenir, la formation de milice sera universelle. Ses petites nuisances (armes) seront cadenassées en maison dans une communauté en bon ordre et gardées en arsenaux avoisinants en cas d’hostilités récentes. 

Les adolescents en bonne forme recevront leur formation militaire : ne serait-ce que les premiers soins du combattant et le portage pour des protestataires consciencieux. Ces Apprentis guerriers seront désignés éphèbes (selon le grec pour des jeunes gens approchant à la maturité.) Une expression locale sera acceptable, ainsi qu’ « Apprenti guerrier » ou son semblant. Cette formation prendra deux ou trois mois pendant quelques vacances d'été, une semaine tous les quelques mois pour deux ou trois années à suivre, et aussi longtemps et fréquemment ensuite que permettront l’adhésion volontaire et les élections en localité. 

Le droit de vote ne doit pas être lié à l’engagement militaire, l'inverse du modèle suisse qui interdit le vote sans ce service. Les Apprentis doivent débattre cette idée. L’engagement militaire doit être cloisonné du volontariat social que le monde paisible réclamera en beaucoup plus grande volume. 

Il n’est pas tant question de garder distincts l'école, l'église et l'Etat. On doit cesser de s’illusionner là-dessus : la religion fait partie intégrale du gouvernement et de son système d’enseignement, comme depuis toujours. Les fonctions d'armes et leurs institutions doivent être mutées en vestige, alors que celles paisibles reprennent l'avant. Les fonctions du soutien de la vie doivent être séparées de celles du massacre, et les fonctions gouvernementales, de celles administratives. Sous cette séparation des pouvoirs, l’administration locale contrôlera chaque étais de la paix y compris la milice locale.  

Cette milice aura besoin d’un petit cadre d’instructeurs militaires à plein temps, de combattants spécialisés et de chefs de tactique : des condottieri (mercenaires) de milice. 

A la différence de celle en Suisse dont le corps d’officiers a militarisé la classe d’élite, et d’officiers candidats israéliens dont une majorité provient de certaines écoles et kibboutzim (et plus récemment, des cultes ultra sionistes) ; ces guerriers professionnels n’auront ni sources regroupées de recrutement, ni autre embauche, ni affiliation politique. 

L’idée même de militaires sous contrat (de tueurs et gardes de corps à gage) sera criminalisée au monde paisible et bientôt rendue ignominieuse. Des individus en danger à cause de leur politique populaire seront protégés par la cour du monde et les administrations locales ; sans quoi, à cause de leur malveillance et leurs prédilection d’intérêts, par personne.

Le niveau de force des condottieri doit rester dangereusement bas et leur rétention, au mérite concurrentiel. Ils effectueront leurs fonctions sous minutieux examen politique. Ils seront affectés au transfert mondial par intervalles capricieux et pour aucune raison apparente. L’honneur militaire devra atteler leur fidélité aux décisions juridiques de la cour du monde ; chaque déviation d’elles, être déclarée haute trahison et châtiée conséquemment.

Ce qui reste des gardes côtières, frontalières et douanières sera recruté depuis les milices locales. La défense et l’application de la loi n’incomberont aux troupes de la cour du monde que si la milice et la police se rendent trop corrompues en localité, voire d’un biais quelconque, donc incapables d’imposer la réglementation globale paisible ; à coups, par exemple, de malversation de la loi, de lutte factionnaire ou de récolte commerciale par-dessus quota. 

Si des milices locales se polarisent au point de ne plus honorer leur devoir, la police militaire de la cour du monde prendra leur relève, soutenue au besoin par des unités mécanisées et des commandos de la même provenance. Une fois la paix rétablie, l'entraînement des milices indigènes sera repris afin de remplacer progressivement les forces de la cour et restaurer justice paisible. Autant que possible, des militants locaux seront recrutés dans la milice locale. 

Cela pourra réussir si deux règles de base restent en vigueur : 

·       la milice locale et ses recrues ne doivent jamais être permises de polariser des deux côtés d’une divergence ethnique, religieuse ou une autre clivage prismatique sans intervention immédiate ; et

·       l’anneau de téléphone 1-MES-DROITS ne doit sonner trop souvent dans la cour du monde à partir de cette région sans intervention immédiate. 

 

Les unités de cette cour n’interviendront dans les affaires locales qu’avec grande circonspection. Cela coûtera aux administrations locales des grands prélèvements d'impôt après le fait, finançant des interventions subséquentes. Ceux-ci seront remis s'ils menacent d'induire des résultats d'Allemagne de Weimar : amplifiant la rancune populaire au lieu de la réduire. Autrement, un Plan Marshall sera rédigé et exécuté selon les besoins locaux, comparable aux déclarations courantes d’action sur l’environnement.

Des régions obstinément belliqueuses seront isolées et glacées hors du commerce global jusqu'à ce que la gérance locale ne se change d'avis. Des nouvelles approches doivent être trouvées pour frapper des élites qui se mettent à agir comme des canons déliés, sans porter atteinte à leurs masses tenues en otage. Les milices avoisinantes verront à la défense sur place et les forces de frappe de la cour du monde, à la dissuasion stratégique sur les périphéries. 

Des institutions de prisme se rétréciront après un certain temps. Les Etats-unis prospèrent en gardant leurs frontières d’Etat perméables, leurs militaires de carrière cloisonnés en dehors de la politique, et leurs règlements gouvernementaux, maintenus au minimum sous de très fortes cours. C’est du moins le cas en théorie. 

Pendant les premières décennies du monde paisible, des forces mobiles de tueurs d'élite devront être maintenues pour déploiement stratégique autour du globe. Ces troupes de la cour du monde formeront une légion étrangère dévouée au rétablissement de la paix. Elle incorporera sur chaque continent un corps d’armée de troupes mixtes mécanisées et d’assaut aéroporté avec leurs appuis aériens organiques, une flottille navale pour les sept mers, et leurs requises de commande, de transport et de logistique. 

Ses durs militaires de carrière seront formés à plein temps pour appliquer brutalité sélective et endurer les pertes requises pour séparer des antagonistes de guerre civile. Puisque cette légion sera composée d'expatriés internationaux mêlés à l’aléatoire, peu de soucis politiques seront ressentis pour les ôter de troubles, voire les retirer entièrement quand leurs pertes s’alourdissent ; à la différence des troupes nationales dont la famille et les supporters tendront à rejeter des pertes excessives. Aucun agresseur ne pourra compter sur l’attrition des pertes de ces troupes pour persuader l’opinion publique de les retirer. Au contraire, autant que s'élèveront ses pertes, autant plus tenace sera la poigne de cette légion, par tradition et renfort copieux, un peu comme les Tziganes et les Masai. Personne n’osera en abattre quelques-uns, car en ce-faisant on attirera des centaines de plus venus pour dégager leurs morts, en prendre des nouvelles et convier l’ouragan de feu sur les meurtriers.

Abrités de voisins tyranniques par cette légion, les minoritaires en localité rétabliront leur ordre politique et milice pour remettre en vigueur la modération politique. Son recrutement dépassera les barrières prismatiques. Autant que possible, les chefs locaux rejoindront la milice pour garantir leurs idéaux d’Apprenti et défendre la politique égalitaire à longue portée. 

Une fois que le combat local aboutit en cessez-le-feu, les combattants les plus féroces seront accordés amnistie temporaire pourvu qu'ils joignent la légion étrangère pour de longues factions aux antipodes de la planète. Ils ne seront permis de rentrer chez eux qu’en tant que retraités grisonnants ; après quoi, s’ils en sont enclins, ils jouiront de leur pension chez eux et du récit des horreurs de la guerre à faire dresser les cheveux d’éphèbes. Ce plan se rendra aussi permanent à travers le monde que celui des villages Gurkha au Népal.

 

·       Vélites : milice locale
·       Hastati : légion
·       Triari : en pension ou condottieri

 

Peut-être des permissions au début pour aller voir un peu la famille, ne surpassant pas quelques jours et bien surveillées, suivies de celles plus libérales selon son dossier de service. Peut-être pour compenser l’héroïsme et le mérite exhibés aux nouveaux postes ? Peut-être bien.

Le gouvernement mondial limitera ses autres interventions au soulagement du désastre par l’intermédiaire d’agences non gouvernementales dédiées. Les agences de secours et de reconstruction seront indépendantes de la chaîne de commandement militaire, mieux financés et de grade supérieur.  Les militaires ne serviront qu'en tant que gardes du corps et conseillers de sécurité, plus jamais comme gouverneurs. Autrement, l’administration locale et ses citoyens traiteront de chaque matière et problème local. L'interposition militaire de la cour du monde nécessitera des grands prélèvements d'impôts, une fois que la région affectée aura récupérée, défrayant celles qui suivront ailleurs. 

Cette légion dépendra du recrutement international et volontaire. Ses légionnaires ne serviront pas d’ordinaire comme troupes d’occupation en temps paisible. A la fin de manœuvres ou de déploiement, ils occuperont des casernes de compagnie isolées. Ces garnisons seront au mieux capables d’augmenter la milice locale. Sans renfort, elles seront trop faibles pour opposer la loi comme promue par la milice locale. 

Avant chaque nouvelle opération militaire, les objectifs administratifs et gouvernementaux seront négociés en profondeur. En temps paisible, des milices locales d'infanterie légère et leurs raidisseurs mécanisés de la légion étrangère iront en manœuvres de combine qui serviront comme avertissement peu subtil de sérieuses interventions ultérieures.

Aucune unité de la légion étrangère ne doit inclure trop de personnel issu de la même région. Paul Lackman signale que les Russes entremêlent leurs troupes d'origines diverses pour que leurs unités ne se consolident jamais selon leur ethnie, exception faite des Slaves qui retiennent dominance. L'armée régulière américaine en fait autant : sans grâce rassemble-t-elle ses fantassins pêle-mêle, sans tenir compte de leur lieu d’origine. Par contre, la garde nationale américaine et d'autres armées recrutent des unités entières en localité. Ce recrutement régional favorise l'intégrité des unités et de leur morale militaire, car leurs recrues doivent répondre à la communauté domiciliaire pour leurs actions au combat. 

Les troupes de la légion étrangère seront les seules à subir ces restrictions. L’unité de milice sera recrutée en localité, s'y exercera et déploiera. Manquant d’appuis de la cour du monde, elle manquera de logistique suffisante pour se déployer au loin et d’assez d'armes lourdes pour dominer de l’infanterie légère de qualité équivalente. 

Des civiles sont étonnées par la facilité avec laquelle des commandos d’élite peuvent être massacrés ou épinglés par quelques mitrailleuses bien placées, même si elles sont équipées par une troupe d’amateurs, dans l’absence de feux de pointe d’armes lourdes à l’appui de l’assaut. De tels ne réussissent presque jamais aussi bien que ceux narrés dans les fictions de Hollywood. Au mieux, le bombardement d’artillerie et des forces de l’air aplatit l’ensemble défensif, et l’assaut d’infanterie, appuyée par des blindés, subit de lourdes pertes en empiétant les quelques survivants abasourdis et leurs armes automatiques et antichars. 

De grandes pertes parmi des unités de milice seront immanquables dans leur localité d’origine puisque reportés sans censure. Les familles découvriront vite que leurs proches sont tombés au combat. Regrettable et regretté. Les Apprentis ne dissimuleront jamais l’horreur des pertes militaires.
 
 

Aucun Etat-nation ne maintiendra d’unités de police nationale au-delà de quelques escadrons mobiles et municipaux de police du type SWAT, d'investigateurs locaux de droits humains, d’une agence de contrôle des réseaux de transport et d'unité de garde cérémonial : la gendarmerie continentale. 

Au-delà des ardeurs de jeunes guerriers, il n'y aura plus de rivalité ni internationale ni interarmes entre les membres de cette légion étrangère. La cour du monde l’administrera comme sa branche exécutive en uniforme ; son bureau d’inspection administrera la milice globalement. Son recrutement s’effectuera à partir de la formation de base des unités de milice et sélection parmi elles. Les condottieri de milice seront triés des légionnaires étrangers. 

Cette cour agencera la fabrique et distribution d'armes. Aucun continent ne maintiendra ni une industrie militaire bien équilibrée ni un inventaire au complet : leurs composants seront fabriqués séparément et assemblés après livraison aux unités militaires. Les usines d'armes résiduelles seront établies dans les régions les plus pauvres de la Terre. 

Les armes restantes nucléaires, d’air et de flotte navale avec toutes les armes en surplus seront retirés et ferraillés sous surveillance de la cour. Elles ne serviront aucun rôle utile sous la gérance sage d’un gouvernement planétaire ; ainsi que les arsenaux radioactifs n’ont jamais servi des buts autres que ceux mythiques. 

Nous ne devons plus contaminer l’anthroposphère avec des toxines de guerre, comme en est parvenu le soi-disant conseil de sécurité et ses patrons démoniaques, ni plus tourner des régions pauvres en champs de la mort ni plus lobotomiser la recherche scientifique en la limitant aux recherches militaires et paramilitaires. Nous récolterons au lieu un surcroît de créativité résultante du rabais ou de l’élimination intégrale de telles nuisances culturelles. Pour faire meilleur usage du temps qui nous reste, il s’agit de l'entendement rehaussé et de la marginalisation des psychopathes. 

 

 

Des agresseurs prismatiques s’attireront une ou plusieurs aboutissements : 

 ·       Par bombardement de longue portée, la destruction sélective et simultanée de ses quartiers généraux, concentrations armées, dépôts et fabriques d’armes en localité ;
 ·       L’application rigoureuse du blocus économique comme ceux qui firent preuve d’efficacité étonnante contre des nations aussi diverses que la Rhodésie et l’Afrique du Sud, le Vietnam, les Républiques soviétiques dissociées, le Nicaragua, la Serbie, Cuba et l’Iran.
 ·       L’inverse de ce blocus serait un Plan Marshall exécuté en localité pour satisfaire les besoins paisibles, consciemment diffusé lors de sa négociation et mise en œuvre.  De tels seraient beaucoup moins onéreux qu’un blocus équivalent, et encore plus fructueux à la longue. Sous ce blocus global, un tyran psychotique pourrait priver son prolétariat de ses moyens de survie et sembler en tirer vigueur politique (tel que Saddam en Irak.) Les Apprentis éviteront ce problème en comblant le pays ainsi ciblé de nécessités de survie et d’appuis économiques, mais niant tout approvisionnement militaire. Il s’agit de se rendre assez astucieux pour différencier les nécessités paisibles de celles guerrières. De toute façon, plus astucieux en général : ce dont Apprenti insiste.
·       Résistance active de la part de milices locales (comme guérilleros, au besoin) armées, fournies, formées et soutenues par des forces spéciales, des armes lourdes et des feux aériens provenant de la cour du monde. Dans ces scénarios, celle-ci prendrait la place d’amicaux pays adjacents décrits en haut. Cette combinaison de forces sera insupportable à la longue par des bandits locaux.

Par exemple, l'armée de libération du Kosovo aurait pu être dotée de simples indicateurs de cible par radio et laser infrarouge pour guider l'aviation de l'OTAN le long de courbes de bombardement et détruire avec la sélectivité de pistolet l’artillerie et les blindés serbes cachés en demeure. Ces appareils indicateurs perdraient leur utilité du moment que l'OTAN eut terminé ses sorties d'attaque, ou choisi de renouveler ce matériel et changer ses fréquences de contrôle. Si compromis, ils serviront comme aimants pour des bombes ciblant ceux qui en abusent. Des forces spéciales américaines se sont servies du même principe dans leur assaut contre les Talibans : leurs soldats d’élite ont opéré comme coordonnateurs de cibles d’aviation en conjonction avec des troupes régionales anti-Talibans, derrière un rideau de bombes aériennes ciblées.
·       Une politique cohérente de modération politique, de faire paix (fair play ?) et de négociations renouvelées pour la paix.
·       Je dois répéter la passion obligatoire des responsables éventuels. LA PAIX, TOUT D’ABORD, TOUJOURS ET A TOUT PRIX !
·       La poursuite implacable de chefs prismatiques avec des primes criminelles et leur inculpation pour crime contre l'humanité. 
·       En conclusion, l’opinion négative du monde, focalisée au moyen d’activisme des droits humains comme pratiqué par des martyrs paisibles et le reportage intrépide de leur destin. 

 

Les politiciens conventionnels trouvent oiseuses ces solutions de rechange. Sous les contraintes realpolitik de la mentalité d'armes, ils désavouent les mesures déjà prouvées utiles et manquent de contrecarrer des massacres tels que ceux au Rwanda, en Bosnie et en Syrie, favorisant la propagande anti-étrangère, l’émeute policière et le mélodrame militaire afin de détourner l’attention de l’électorat de leurs échecs internes et internationaux. 

 

Dans The Utility of War: the Art of War in the Modern World, Alfred A. Knopf, New York, 2007 (L'utilité de la guerre : L'art de la guerre dans le monde moderne), le Général Rupert Smith compare les guerres du passé qu'il dénomme la guerre industrielle, avec celles du présent qu'il appelle la guerre dans le peuple. 

Pendant la guerre industrielle, des Etats-nations bien définies se roulent au poker à haut pari, misant la totalité de leur main d'œuvre et ressources sur une confrontation d'apogée qui s’achève convenablement dans la défaite totale d’un côté et la victoire totale de l'autre. Il propose que cette sorte de guerre historique ait pris fin avec l'apparition d’armes de destruction massive ; quoique chaque nation développée (à vrai dire, toutes celles sur la terre en armes, soit « développées » soit « en voie de développement » soit « en faillite ») se forme, s’organise et s’équipe pour s’y engager, le reste leur étant tout au plus secondaire. 

L'utilité maintient que les nations modernes doivent apprendre à combattre une nouvelle forme de guerre dans laquelle des minorités demeurent dans le peuple tout en retenant des politiques qui diffèrent de ceux des nations développées, et les deux côtés se rivalisent « pour saisir la volonté du peuple. » 

La devise normale de cette nouvelle sorte de guerre, c’est celle de la balle visée tant que l'ordre reste à rétablir, ensuite des matières d’évidence qui mènent aux poursuites et aux sentences pour rétablir la justice une fois pour toutes. 

A la différence de la guerre industrielle, le peuple n’est pas l'ennemi quoique l’ennemi vive dans le peuple ; le but présumé est de rétablir la justice au lieu de renverser un peuple entier et son armée ; et la devise commune est celle des donnés au lieu de simple puissance de feu. 

Les résultats obtenus par la guerre dans le peuple peuvent inclure amélioration, retenue, dissuasion ou coercition, et destruction. Ces éléments sont en proportion ascendante de force appliquée et décroissante de probabilité de succès. Le délai temporel sera indéfini ou illimité au lieu d’être aussitôt que possible. En conclusion, le moyen militaire n’est qu’un seul parmi beaucoup d’autres afin de parvenir au but stratégique voulu ; pas forcément la démarche primordial comparé à celles politiques, diplomatiques, juridiques et économiques d’autant des siennes, d’alliés et du peuple. Ce livre inclut trop de bonnes idées pour les entretenir toutes ici : lecture recommandée.

 

En 1984, le Secrétaire (Ministre) de la Défense, Caspar Weinberger, décrit six conditions que les Etats-unis doivent satisfaire, selon sa doctrine, pour éviter d’autres bourbiers comme celui au Vietnam. 

1.     Il doit être d’intérêt national vital aux Etats-unis et à ses alliés. 
 2.     Cette intervention doit être réalisée de tout cœur avec l’intention claire de vaincre. 
 3.     Des objectifs politiques et militaires bien définis sont obligatoires. 
 4.     Le rapport entre les objectifs et la force doit être constamment réévalué et rajusté au besoin. 
 5.     Il doit y avoir une assurance raisonnable que le peuple et le Congrès la soutiendront. 
 6.     L'engagement de forces U.S. doit être le dernier recours. 

 Le Général Colin Powell, président des chefs d'état-major U.S. pendant la première guerre du Golfe (1991), a ajouté une autres série de conditions. 

7.     Si les Etats-unis interviennent, l’opération doit être courte, occasionner peu de pertes aux forces U.S., et la force allouée doit être décisive et écrasante. 

 

Le Général Smith démontre qu’on ne peut faire face à ces préalables pendant la guerre dans le peuple, contrairement à celle industrielle, la raison principale étant que la plupart d'entre elles ne peuvent pas être assurées avec crédibilité au préalable de cette opération. Plus loin dans son livre (à la page 392), il énumère un certain nombre de questions auxquelles des chefs raisonnables de pays développés doivent répondre avant de s’engager en une nouvelle aventure militaire.

« Contre qui sommes-nous opposés ? Quel résultat désirent-ils ? Quel avenir menacent-ils ? Comment cela diffère des résultats que nous désirons ? » 

« Cherchons-nous l’ordre, ou la justice ? Dans les paliers entre eux, où se trouve notre aboutissement ? Si nous cherchons la justice, pour qui ? »

« Avec qui allons-nous traiter, leurs chefs actuels ou souhaitons-nous d'autres au pouvoir ? Si oui, qui sont-ils ? Transformerons-nous intégralement la gérance actuelle ? Sinon, qui reste ? » 

« Nous nous servirons de la loi de qui : la nôtre ou la leur ? Si la nôtre, souhaitons-nous que la leur change ? » 

« Qui administrera cet Etat, eux ou nous ? » 

« Savons-nous les fins souhaitées suffisamment bien pour fixer les objectifs à réaliser ? Sans quoi, le mieux que nous puissions achever, c’est une situation susceptible de mener à un résultat approuvable. Pouvons-nous définir cette « condition » de sorte à établir des objectifs à réaliser ? Sinon, le mieux auquel nous puissions parvenir, c’est améliorer et contenir tandis que nous découvrons les données nécessaires pour répondre aux questions précédentes. » 

« A quel palier (stratégique/mondial, théâtral/régional ou tactique/local) pourrions-nous en théorie atteindre des objectifs en directe par la force d’armes ? Le devrions-nous ? Le pourrions-nous ? Le ferions-nous ? Quand le ferons-nous ? »

« Sinon, qu’est-ce que nous sommes parés à menacer et promettre afin de parvenir aux objectifs que nous venons de définir ? Qu’est-ce que l'adversaire estime que nous pourrions menacer ? Que désire-t-il le plus ? (En se rappelant toujours que les menaces qui échouent sont aussi coûteuses que les pots de vin qui réussissent.) Quand l’entreprendrons-nous ? » 

 

Apprenti conteste résolument la mention entre parenthèses ci-dessus. Que ce soit des profits aux riches ou des coûts aux pauvres, des pots de vin pacificateurs sont presque toujours moins onéreux que les débours robotiques de la guerre, tels que celles au Vietnam. 

Comment Ho Chi Minh aurait-il réagi si l’on lui avait offert comme cadeau inconditionnel la centième partie de la fortune dépensée au massacre de ses gens?  Au lieu de la proposition de paix préliminaire du Président Johnson : des prêts d’infrastructure pour bâtir une série de barrages sur le Mékong qui auraient laissé le Vietnam en possession d’une écrasante dette nationale l’asservissant à l’Occident. Sinon nous vous massacrerons par millions et larguerons de l’Agent Orange sur votre grand panier de riz asiatique. 

Barbares indignes de régir !

 

« Comment démontrer que la menace est crédible, que nous l’exécuterons, et que nous réussirons même si nous devons surenchérir le jeu pour y parvenir ? Est-ce que toutes les autres lignes de conduite praticables sont perçues comme moins attrayantes que l’actualisation de notre menace ? » 

« Comment démontrer que les menaces de l'adversaire sont insuffisantes et que nous rejetons leurs résultats divergents ? » 

« Comment assurer que nos promesses soient crédibles aux yeux de l'adversaire et du peuple ? » 

« Comment assurer la fiabilité de l'adversaire et du peuple ? »

 

En-deçà des questions que pose le Général Smith, celles honnêtes qu’une gérance globale doit se poser : 

« Le chaos militaire de la terre en arme, perpétré par des Etats-nations militaires et des insurgés autant dans le monde développé comme celui en voie de développement, se justifie-t-il pour des raisons morales, tactiques ou stratégiques ? Le monde paisible n’offrirait-il pas un cadre moins paradoxal pour défendre nos idéaux valides impliqués dans les questions en haut ? Entre-temps, ne sommes-nous pas moralement interchangeables avec ces terroristes, seulement des truands mieux financés et organisés donc incapables de les vaincre à long terme puisque nous rejetons la bonne moralité, la propagande avouable et l’organisation honnête qu’offre le monde paisible ? Sommes-nous prêts à entamer la victoire pour de bon, au lieu de maintenir notre état coutumier de guerre perpétuelle en découvrant, engendrant et engageant de plus en plus d’ennemis ? » 

 

De nos jours, de nombreux conspirateurs conspirent à créer des martyrs d'armes soigneusement formés pour périr d’office, pourvu qu'ils rendent un dol sérieux à d’Autres marqués de mépris. Nous nécessitons une armée de martyrs paisibles méticuleusement entraînés et apprêtés à l’ultime sacrifice en tant que témoins paisibles, de sorte que personne n’aura à souffrir ce sort sans raison et contre gré. 

 

Tout le monde devra être enseigné comment se servir sans risque des nuisances à feu. Il s’agira d'armer tout le monde également et les barder dans de la bonne justice uniforme. Cette formation universelle réduira les accidents de pistolet et découragera la plupart des crimes fatals, en supposant que l'Israël et la Suisse offrent de bons exemples. 

Hélas, l’Israël ne peut plus se considérer un pays dispos à ces habitudes, car elle arme sa majorité contre une minorité prise comme proie. L’Israël n’en parvient pas encore, malgré son génie et celui de sa minorité écrasée palestinienne. Jérusalem sera un lieu idéal pour modeler ce projet du monde paisible.

La criminalité létale se rendra beaucoup moins tentante et fréquente. Après tout, n'importe quelle victime ou témoin pourra rassembler un peloton bien armé depuis le bloc de rue avoisinant. Le crime armé se rendra suicidaire. Même des terroristes suicidaires auront davantage de difficultés, une fois que leurs communautés se dévoueront au monde paisible au lieu de collaborer avec leur carnage. 

Après avoir témoigné en quoi les munitions militaires rendent la chair humaine, la plupart des gens ont tendance à perdre l’appétit, non moins intérêt dans la « gloire » de conflits idéologiques ou inter-ethniques. Les jeunes Apprentis se rendront sur programme aux hôpitaux, morgues militaires, centres de détention et salles d’urgence urbaines. Les médias de récréation célébreront les conciliateurs et la satyâgraha, exposant ceux trop enclins à la violence comme des perdants garantis de se rendre tôt ou tard en cadavres putréfiés.

D’ordinaire, la police locale ne se munira pas d’armes mortelles. Cela leur sera l’aveu d'échec public, perte de contrôle de la situation locale. La cour du monde s’en rendra vite compte et interviendra aussitôt pour raccrocher cette région à la paix. 

Dans des sociétés où la pauvreté involontaire sera inadmissible ; la sécurité particulière, prise comme accordée ; et la police et le public, des alliés ordinaires ; la criminalité deviendra l’acte d'isolement d’individus maladifs et désespérés, incapables de dissimuler leurs activités morbides pour bien longtemps. Moins de profit criminel là-dedans donc moins de crime.

Si un crime révoltant exige le rassemblement d’hommes armés pour en rendre fin, la milice en proximité pourra être ralliée. 

Après un certain temps, la plupart des interventions anticrime proviendront de l'ostracisme du criminel et du renforcement méticuleux de son sens de culpabilité. Les peines de prison et d'autres formes primitives de punition corporelle deviendront de fabuleuses mesures de contrainte : des rares confessions d'échec public de la part de l’administration locale et sa population maîtresse. En majorité, les transgresseurs potentiels seront identifiés et soignés bien avant qu'ils ne commettent une infraction plus grave. Les pires contrevenants souffriront si nécessaire de l’arrestation en maison sous contrainte chimique agoraphobe sinon seront souscrits à la légion étrangère. 

Sous l'aiguillon de la mentalité d'armes, nous avons tourné le dos au fait que la criminalité est pour autant la faute de la commune environnante que de l'assaillant. Cette idée doit être soulignée d'avance pour enrayer le crime, non pas pour protéger le récidiviste après son prochain délit. 

Des unités de renseignement policier seront tolérées sous stricte surveillance de la cour du monde, mais à peine. Son intervention sera déclenchée si elles se mêlent trop aux affaires laïques de manière anticonstitutionnelle. 

Le système de renseignement de la cour du monde comprendra la population locale, ses téléphones et un numéro 1-MES-DROITS les introduisant en directe à la centrale téléphonique de ses enquêteurs. 

Selon les maîtres d'armes qui dominent l’opinion publique, des bureaucraties neuves et très onéreuses devront être créées pour prévoir et dissiper la guerre : ces préparatifs ridicules et voués à l’échec. Au lieu, chaque plainte des droits humains recevra une investigation vigoureuse si elle excède une certaine norme statistique d’appels détraqués ou le silence anormal depuis cette localité. Il n’y aura aucune nécessité de police secrète au-delà d’un complément de détectives vêtus en civil, autant de provenance continentale que de la cour du monde, expédiés en proportion des plaintes reçues sinon l'absence de plaintes statistiquement prévisibles. 

La milice locale les protégera si possible ; les troupes de la cour du monde, sinon. Ils auront à confirmer les plaintes locales, protéger les racontars et décourager les criminels en armes. Au besoin, ils serviront comme des canaris sacrificatoires en mine de houille. Cela coûtera très cher aux communautés où le mal leur advient !

 

Alvin et Heidi Toffler ont prédit un avenir effarant dans leur livre, Guerre et anti-guerre : l'annexe militaire de leur traité en volumes multiples, appelé Choc Futur. Selon eux, nos communautés sont en train d’évoluer vers un troisième volet de gérance politique fondé sur l’économie des données, une fois diplômées du premier volet de l’agriculture de sustentation et du second de développement industriel. Tu parles d’« économie des connaissances ! » Quelle bonne exemple actuel de dédain de la sagesse par gavage de broutilles ! 

Le penchant des Tofflers pour l'école chinoise de la loi trahit la teneur en armes de leur message. Ils prévoient un futur sinistre lors duquel des élites nationales et ethniques en déclin (des prismes, selon Apprenti) adhérent avec fanatisme à leur volet préféré de commandement et tentent de reconstituer à main forte leurs anciens modèles de primauté. Autant leurs espérances se rendent réactionnaires et absolues, les plus raffinés leurs contrecoups de terreur. 

Peu accoutumés à l’antinomie d’armes et de paix (comme tout le monde) les Tofflers escomptent l'autodiscipline décentralisée et spontanée que les Apprentis attendront de presque tout le monde. A partir du moment que leur population hôte les esquive, des terroristes ne pourront plus se pavaner.

Les Tofflers sont corrects en prévoyant le désastre militaire si la mentalité d'armes persiste à dominer notre esprit. En effet, ils sont trop optimistes dans leur espérance qu’elle peut être contrôlée, bien qu’à tort si celle paisible retrouve sa place légitime dans la sagesse morale. Bien traité et s’y attendant selon longue tradition, le peuple local contrôlera ses fortes têtes et limitera leurs fougues aux drames quasi-mortels. 

En plus des trois volets des Tofflers, il y eut d'autres antérieurs et également significatifs : par exemple, celui paisible des sociétés matrilinéaires préhistoriques. Chaque nouveau volet ne réussit que dans la mesure qu’il ait incorporé et complémenté les meilleurs aspects de ceux précédents. Par exemple, la monarchie : le volet antécédent de tyrannie corporative presque identique au notre corporatif d'armes. Vive le roi Cola !

Chacun a remplacé ses précurseurs (hormis ceux paisibles détruits manu militari) une fois que ceux-ci se sont surdéveloppés hors contrôle et ont entamé l’annihilation des meilleurs aspects de ceux précédents. Celui le plus récent (le national-capitalisme corporatif) échoue entièrement et doit bientôt être remplacé par un autre encore inédit, étant donné qu'il annihile des aspects productifs de ceux antérieurs.  

Une des meilleures recommandations du livre War and Anti-War, c’est la prime d’un million de dollars aux dénonciateurs d’amasseurs d’armes de destruction massive. Les réseaux de renseignement d’Apprentis amplifieront cette idée. Les Tofflers considèrent essentielles et inévitables des nouvelles infrastructures de données ressemblant aux politiques d'info suggérées dans ce texte. 

 

Un bon début sera d’organiser la jeunesse sous-privilégiée en tant qu'auxiliaires de la police locale et les rendre en responsables conjoints pour leur voisinage paisible. Exiger qu’ils se désarment et se soumettent à la discipline de police ; leur payer un salaire et encadrer leurs unités avec des instructeurs de la police locale. 

Fournir des recommandations d’embauche, de formation et de caractère moral pour les diplômés annuels cherchant emploi honnête ailleurs — et la garanti de grands ennuis pour des criminels débutants qui refusent de se plier aux meilleures solutions de rechange. Les jeunes psychopathes seront triés pour supervision et traitement médical à vie. 

Par définition, le maintien de l'ordre communautaire est un travail de forte main-d’œuvre : de nombreux agents doivent cheminer les sentiers du voisinage ; eux et leurs citadins, se considérer comme des mutualistes coopératifs. Des adolescents locaux pourront surveiller le voisinage et laisser l’imposition de la loi aux policiers adultes mieux renseignés. Nous ne parlons pas d’enfants trahissant leurs parents honnêtes à un gouvernement tyrannique : des consciencieux instructeurs de police interdiront de telles obscénités politiques.

Dans quelques mois, des forces spéciales américaines, en petites équipes de bérets verts, ont formé des milliers de soldats. Appliquons leur méthode d'enseignement à cette nouvelle forme de maintien d'ordre communautaire. 

Au sein de chaque communauté civile, rétablir des sociétés d’âge partagé. Les jeunes y seraient diplômés à travers des gradins d’âge de pair socialement responsables, comportant des privilèges et des engagements croissants transmis selon leur grade d’initiation cérémonielle. Rendons aux jeunes et à leur approbation sociale une valeur (passion) de loin supérieure que leurs infractions contemplées, tellement forte que même des criminels coriaces y maintiendront un certain rattachement émotif.

Maintenant que j’y pense, cela ressemble de près aux organisations de jeunesse sportive, quoique coopératives et focalisées sur la paix en général au lieu d’être compétitive et en préparation pour la guerre.

Bien sûr, ce nouvel arrangement culturel nécessitera la légalisation des drogues de recréation prises en privée par des adultes. La prohibition ici ne sert qu’à renforcer des exigences d’armes – toutes nuisibles à la paix communautaire – en aliénant les forces de l’ordre de la commune quelles doivent servir, et en augmentant le nombre et les qualifications des combattants potentiels. Ces priorités d’armes doivent être annulées.

 

Un jeune garçon s’est fait abattre par balle de sa bicyclette à un coin de rue de chez moi. Un autre, en toute innocence, s’est fait fracasser la tête simplement pour avoir enfourché la bicyclette rose de sa sœur. Beaucoup d’autres voisins ont souffert pendant ma tournée de ronde, sans que je ne le sache. Encore un autre m’a menacé d’une nuisance à feu alors que je me rendais tranquillement chez moi le soir. Malgré mes fines paroles, il est en prison pour son entreprise sinon sorti sans que je ne m’en informe. Je n’ai pas eu la force d’assister à son inculpation ni l’opportunité de lui rendre une audience paisible ; ma déprime post-traumatique et la justice déprimante contemporaine ont combiné pour l’interdire.

Des bons soldats américains ont péri pour rien pendant des dizaines d’années en Irak et en Afghanistan, ainsi que d’innombrables natifs innocents. Des milliers d’autres ont péri dans les tours jumelles et des millions supplémentaires à travers la planète. Toutes ces pertes m’ont engourdi, lâche misérable que je suis. Il m’a semblé que toutes ces victimes ont fait partie de ma responsabilité particulière. J’aurai dû trouver moyen de les épargner. Je leur ai failli, nous tous leur avons faillis. Nous sommes tous responsables à cent pour-cent.

Cesse de déclarer autrement !

Le pire aboutissement de la situation actuelle, c’est qu’elle se détériorera en fonction de l’épuisement des ressources de base. Tant que nous poursuivrons nos anciennes routines, la brutalité institutionnalisée de notre condition s’empirera jusqu’au point où un responsable officieux défoncera notre porte d’entrée et nous charriera au camp de la mort. 

 Aucun moyen facile de se ranimer du cauchemar de la terre en armes : que la collaboration dépravée, la résistance armée ou la victimisation désespérée — chacune d’elles ne parvenant qu’à l’aggraver. Le moyen exigeant, c’est établir le monde paisible.

Où est l’enthousiasme pour le monde paisible qui devrait inspirer toutes les bonnes âmes ? Combien plus de temps, Dieu des armées, avant qu’Apprenti n’inspire tous ceux sains d’esprit : le filet d’attentifs d’abord, suivi du torrent subséquent ? 

Qu’attendons-nous encore ? Les médias conventionnels prendraient des semaines ou mois pour disséminer les doctrines d’Apprenti et les rendre en formules ordinaires au monde. Pourquoi atermoyer ? Combien plus de tragédies attendons-nous encore, après ceux déjà témoignés, pour confirmer notre manque de meilleure option ? 

Au lieu de se soumettre à la terre en armes comme du bétail à l’abattoir, j’appelle tout le monde au monde paisible.



 

- PAIX AU MONDE ET BONNE VOLONTÉ

 

A. « Le spirituel

 Il doit y avoir un projet noble et important. 

Sa réalisation doit être vitale. 

La méthode de sa réalisation, active, agressive. »

 
 B. « L’intellectuel

 Ils doivent être convaincus que ce but est atteignable, non hors de portée.

Ils doivent voir aussi bien que leur organisation qui tente d’y aboutir est efficace. 

Ils doivent avoir confiance en leurs chefs... [confiance en leurs chefs — je dois répéter.] »
  

C. « Le matériel 

 Ils doivent sentir qu'ils obtiendront bonne justice...

Ils doivent, autant qu’humainement possible, être pourvus des meilleurs dispositifs pour cette tâche.

Leurs conditions de travail et de vie doivent être rendues aussi propices que possible. » 

 

« C’était une chose de rassembler nettement mes principes, mais toute une autre de les développer, les appliquer et les rendre reconnus... » Field Marshall Sir William Slim, De la défaite à la victoire, Four Square Books, p. 180.

 

Cet homme méditait le meilleur moyen de transformer une armée en déroute en celle triomphante. Ses méditations s'appliquent aussi bien à la transformation des Apprentis. 

L’ordonnance de la paix et le soulagement de désastres fourniront beaucoup d’occasions pour remodeler des villes détruites ainsi que leur forme de gouvernance.

La doctrine de choc du capitalisme de désastre prescrit que de tels désastres servent à neutraliser l’initiative progressiste et la remplacer par de la piraterie financière comparable à celle de l’ère victorienne. Constate où ça nous a menés. Apprenti préconise de s’en servir (seulement quand ils ont lieu dans la nature ; ne jamais les entamer exprès) pour faire pousser le progrès, plus jamais dans le sens opposé,  comme le planifient les doctrinaires de choc. 

Le programme de reconstruction planétaire placera des habitants de mauvais quartiers dans des habitations idylliques casant des centaines de milliers d’habitants ou bien des hyperstructures d'arcologie logeant des millions en confort, sécurité et opulence. La misère d’insécurité et de criminalité qui grouille dans nos ghettos urbains sera remplacée par l’ordre et la beauté jalousement gardés par appui populaire. Ces nouvelles villes réduiront l’empreinte urbaine en abandonnant l'usage de véhicules privés. 

De nos jours, nous hochons les épaules, convaincus que nous ne pourrions à peine défrayer davantage de taudis et de prisons, non moins les paradis urbains que je prévois. Il va de même pour d'autres technologies paisibles : nos réseaux de transport, d’éducation, de justice et de santé souffrent de dégradation inadmissible. Combien de fois nous a-t-on répété que l'argent n’existe pas pour fournir des services publics bien proportionnés ? Quoiqu’en temps de guerre, il y a toujours assez d'argent. Que les chiffreurs de coût aillent se pendre ! 

La gestion guerrière exige du personnel et des appareilles en grands nombres qui ne produisent strictement rien. Un pot réduit d'impôts doit soutenir des dépenses publiques en démesure pour des durées indéterminées. Ces débours en temps de guerre, sont si prodigieux que quelques mois de tels délires en temps paisible inciteraient l'économiste moyen à déclarer solennellement la ruine nationale. Malgré tout, ces guerres perdurent et entraînent des pays entiers au primitivisme d’âge de pierre. C'est-à-dire, jusqu'à ce que la défaite militaire n’aplatisse la dernière chambre forte et presse d'argent des perdants : évidemment les premières choses que les « gagnants » rétabliront. 

A vrai dire, on ne peut plus dégrader à ce point la qualité de la vie. Des « parcimonies » quant à la gestion paisible n'introduisent que des suppléments d'anéantissements, de mutilations et de dépenses secondaires. Sans grâce, des épargnes énormes sont détournées dans le financement de technologies d'armes. Ces programmes d'austérité sont démunis de profit et suicidaires à la longue : des épargnes sans but ni fin utile, destinées à un système bancaire en faillite et dévastateur. Cette prémisse se confirme avec l’écroulement financier qui perdure depuis 2008, ceux sporadiques auparavant et des désastres en série bientôt à venir : boursiers, sociétaux et environnementaux.

 

L’amélioration spectaculaire de nos villes comprendra quelques modifications plutôt décoratives.

·      Fontaines et parcs. Une nouvelle forme d'art urbain, de jardins et parcs, devra être lancée en parallèle de la reconstitution des couches aquifères et l’épurement de voies d'eau.
 ·      Davantage d’agréments bénévoles pour piétons : bancs, poubelles, fontaines et toilettes publiques, seront installés en ville, à la différence de la pratique actuelle les réduisant. 
 ·      La disposition de rejets urbains. Un indigent pourra suppléer son salaire de base en les ramassant et « vendant » à une station de collection avoisinante. Le trottoir malpropre doit être un déshonneur public et sa salissure, un méfait coûteux. Des oiseaux et rongeurs urbains peuvent être dressés pareillement. L’ironie est piquante, que des rats dressés soient plus serviables aux communautés urbaines que des jeteurs de rebuts (ceux-ci évidemment des médiocres frappés de sociopathie.)
 ·      L’artisanat magnifique de maîtres d’architecture et de construction remplacera les peu-chères piles en acier et béton armé, et les boîtes en verre coutumières. Imitant d'abord les œuvres de Henry Sullivan, de Louis Gaudi et de Luigi Colanni, elles évolueront en splendides conceptions originelles. 
 ·      Des villes grandes comme petites finiront par ressembler à l'arcologie de Paolo Soleri. Des pauvres habitants de patelins ruraux adopteront des dômes de Roumi tels que ceux créés par Nader Khalili.
 ·      On devra se conformer aux conseils qu’offrit Frank Lloyd Wright à un mauvais architecte : recouvrez la plupart des structures en béton avec d’extensives plantations de vignes et stands d'arbres. Etant donné l’actuelle technologie de revêtement, le béton et l'acier sont de bons matériaux de fortification mais minables en tant qu’habitat. Il s'avère que des plantations sont d’excellents moyens de régler la température et le bruit : ce dont nous avons grand besoin mais ne semblons pas disposés à adapter à nos besoins.
 ·      La règle des premiers sept mètres. Selon cette meilleure pratique d’aménagement urbain au Canada, les sept mètres au pied de grands bâtiments en ville doivent offrir le milieu optimal pour piétons. Des petites boutiques, des cours, arcades et d’autres établissements doivent longer le trottoir à l’échelle confortablement humaine. Par-dessus, les architectes et leurs clients pourront faire ce qui leur plait pour satisfaire les exigences de zonage urbain et réduction des coûts. 

 
 Le baron Haussmann démolit des milliers de taudis afin de tailler les grands boulevards de Paris. Sans compter son dégagement des voies parisiennes et ainsi des artères cérébrales de la France, son ouvrage nivela beaucoup de quartiers misérables, labyrinthiques et récalcitrants. Il s'est acquitté de son obligation d'armes en créant des boulevards assez larges pour permettre à la cavalerie de charger la foule et assez étendus pour que l'artillerie gouvernementale pulvérise les barricades révolutionnaires. 

En 1871, des dizaines de milliers de progressistes français furent exécutés en tentant de défendre Paris contre des militaristes prussiens victorieux et leurs prisonniers de guerre français, réarmés et dirigés par leurs chefs ultra, fous de vengeance. 

La bataille et le désastre ont toujours provoqué de massives destructions urbaines et le continueront sans doute. Suivant sur leurs talons, les Apprentis abandonneront des zonages inutiles et reconstruiront l’infrastructure urbaine pour efficacité optimale. 

Par exemple, on laissera tomber l’inepte habitude de ségréguer des voisinages commerciaux, résidentiels et d’industrie légère, et permettra à la plupart des Américains de vivre, faire leurs courses et travailler dans le même voisinage. Ce troc de zonage éliminera des permutes ridicules, réduira les frais de location et de service, ranimera des voisinages somnolents et rendra plus évidents et moins profitables des problèmes de pollution, de taudis et d'autres sociopathies urbaines. 

Des agréments piétonniers proliféreront : jardins, fontaines, arcades publiques et des milliards d'arbres urbains remplaceront les triples monstruosités du trafic véhiculaire urbain, de l’affichage commercial et de l'art public comme couramment conçu. 

Des nouvelles lois exigeront qu'un arbre soit planté pour chaque panneau publicitaire et pour quelques places de stationnement. Celui abattant un arbre dans un certain secteur payera une amende dont le montant ira à planter d’autres tout près. Par un moyen ou un autre, cinquante pour cent de la superficie urbaine doit être livrée aux arbres — les Apprentis à venir considéreront ce pourcentage risible. 

Pendant le plus sombre du Moyen Age en Europe, la Dar Al Islam atteint son pinacle de gloire parce que des musulmans habiles ont promu les plus habiles des non musulmans. Ce fut alors le premier âge d'or de l’Islam ainsi que celui des juifs séphardiques. Ce regroupement de sages : arabes, persans et autres ; musulmans, juifs, chrétiens et autres ; préserva ce qui subsista de la civilisation en accumulant des glorieux suppléments de sagesse et de beauté. Aux environs de 820 de l’EC, la maison de la sagesse fut établie à Bagdad pour recueillir des anciens textes, les traduire et en apprendre. Les Apprentis doivent rénover cette Convivencia : s’enseigner à vivre en harmonie. 

En dépit de ces efforts concertés, la nécessité de défrayer des armées croissantes a estropié cette largesse d'esprit. La résurgence du militantisme fondamentaliste a dissipé le peu de bonne volonté sauvegardée de la récente dévastation mongole. Les voisins ont entretenu des armées également larges et importunes qui finirent par tourner contre leur populace et son administration pour se sustenter à court terme. Ces bouleversements ont mené à la dévastation. Le monde islamique subit une telle crise que des impérialistes étrangers ont fini par le dominer pour des centenaires. La même chose est advenue en Chine.

Ainsi que la Chine vient d’émerger dans son second âge d’or, l’Islam en fera bientôt autant à cause de son rejet du terrorisme en faveur d’un Jihad massif pour sa maison paisible. Des transformations équivalentes peuvent être anticipée d'autres religions mondiales. Elles encourageront la floraison de la civilisation paisible aussitôt qu’elles auront rattrapé leurs meilleurs sentiments, comme des casquettes emportées par le vent. Le pape François figure comme chef de file.

Ce fut également l'âge d'or du jardin musulman, pourvu de canaux, de réservoirs, de fontaines, de piscines et de lacs ; de cours orientés vers l’intérieur et de parcs ouverts au public ; fleurs, arbustes et arbres fournissant ombre, parfums et fruits ; aussi d’habitats d’oiseaux et de bêtes sauvages et dociles. Les Musulmans ont réservé ces lieux de tranquillité pour méditer. Etant donné leurs conditions resserrées de vie, la vie privée et la contemplation leur furent d’accès presque impossible ailleurs. 

Le mot « paradis » vient de l’expression persane pour un jardin. Le coran (Qran) décrit le paradis comme un parc ombragé sous lequel coule le fleuve d’eau fraîche. L’idéal habitat humain dans la bible est le jardin d'Eden. 

Chaque civilisation sage a prisé ses parcs et jardins ; chaque âge d'or nous les a présentés pour confirmer son élégance et sa grâce. Nous qui nous obsédons à empoisonner le monde, tout en niant cette tendance, devrions nous instruire des Arabes rescapés du désert dans leur jardin. Eux, au moins, n’ont eu aucun choix. Puisque nous avons aménagé le désert en série en démontant le monde naturel, nous devons transformer chacun de nos espaces publics et privés en modèles réduits du paradis. 

En plus, on devra rendre fin au harcèlement d’indigents et installer des agréments piétonniers de luxe. Sans exception, les religions légitimes répondront aux besoins des pauvres comme première priorité. Dieu rend faveur à leur bonne provision. Dans le coran, (Qran) ce fut la seule excuse pour imposer les fidèles. Encore une fois, le pape François nous devance.

Le milieu piétonnier doit être rendu encore plus invitant et agréable, non moins. Les élites américaines se déshonorent en tolérant des rejets partout et en négligeant des fontaines publiques, toilettes, bancs de parc et d’autres agréments avantageux aux passants. 

Leur incompétence se comprend encore moins bien quant aux panneaux publics. Ceux de rue mal placés et arrachés prolifèrent dans les villes américaines, ainsi que ceux directionnels peu clairs. La plupart des bâtiments ne portent aucune plaque numérique. Les panneaux localisateurs sont tellement mal dessinés et mal plantés le long de la rue qu'ils ne servent aux chauffeurs que comme aide-mémoire s’ils ont déjà trouvé leur chemin par épreuve et erreur. En réplique aux règles de la circulation, alambiquées exprès afin d’imposer des amendes supplétives, l’affichage de rue est couvert de paragraphes de texte au lieu de quelques idéogrammes précis, rendant difficile leur déchiffrage et obéissance, avant que des caméras de circulation ne jouent à l’attrape-nigaud avec des conducteurs désorientés. Ceci malgré le fait que l’affichage public est devenu un sujet de certification universitaire en Amérique. Comme la plupart des pratiques administratives contemporaines, elles se sont « innovées, standardisées et optimisées » hors toute utilité pratique hormis celle d’intérêts. 

Autant en ville qu’en l’âme, tout permit d’être moins que magnifique nous accoutume à la mort d'esprit. Cette déchéance ne parvient qu’à favoriser la mentalité cernée en bloc de prison, entièrement parée pour l’exploitation d'armes. L’habitat urbain ne peut être diminué en vue de chasser les pauvres de la rue, sans aigrir le sort de chaque passant. De plus en plus souvent de nos jours, celui-là n’accueille en centre-ville qu’une poignée de millionnaires et des foules de SDF, alors que la marée journalière de salariés banlieusards monte au petit matin et disparaît aussi rapidement au coucher du soleil.

Dans l’avenir, les centres-villes logeront des millions de télétravailleurs chez eux. Les bureaux corporatifs deviendront virtuels et disparaîtront, à l’exception d’un étage de bureaux communautaires pour de multiples étages rebâtis en domiciles dans chaque tour urbain.  

Des routes motrices enserreront des kilomètres carrés de verdure urbaine voiture-exclue. Les campus universitaires américains opèrent assez bien ainsi, imitant l'ergonomie d'une ville de la renaissance. Fourni de réseaux complets de transit public, d’inépuisables sources d’eau de bonne qualité, de drains modernes, de câbles à fibre optique et puits d’énergie ; elles présenteront un milieu optimal pour la réalisation des Apprentis. 

Des piétons, des bêtes, des bicyclettes et des rares véhicules de service seront permis dans ces zones autrement interdites aux automobiles. Des ceintures vertes s'étendront le long et large des villes à venir : offrant d’excellentes pistes de passage pour bicyclistes et piétons, servant aussi comme voies de transport public, soit sous terre, à la surface ou par-dessus, ou au PLA. 

Les bicyclettes sont des moyens efficients de transport, elles seront adoptées partout où des voitures sont interdites. Ces modes de transport ne doivent pas être mixtes. Autrement, comme à présent, de l’acier commun, converti en voitures conduites par des sots les moins recevables, parvient à casser l’os précieux de ceux les plus louables. 

Sans quoi, des artères cantilevers au service de cyclistes et de piétons, feront pont par-dessus les routes automobiles en milieux densément bâtis. A d’autres intersections, ceux-ci auront droit de passage, comme des bateaux à voile devant ceux à moteur.

 

L'on s’attend à ce que les combattants modernes puissent conduire et maintenir des véhicules militaires. La monstrueuse flotte véhiculaire qu’exige une armée mécanisée doit être fabriquée par des cartels industriels tout dévorant. Le civil moyen doit maintenir son véhicule particulier pour rester en pratique et subventionner les complexes géants de travail à la pièce, d’assemblée et d’entretien. Sans quoi, une fois qu’éclate la guerre, trop de temps serait requis pour former des mécaniciens débutants, construire des nouvelles usines à partir de zéro et cultiver la maladive hiérarchie corporative qu’exige leur gérance. 

Leur remplacement par le transport public omniprésent offre des avantages paisibles évidents. En discutant du transport public, ne parlons plus de flottes d'autobus laids, puants, dissonants, empoisonneurs, décrépits, inopportuns, surchargés, maladroits, inconfortables et promoteurs du crime, forçant des banlieusards de partager leurs échecs de civilité et d'hygiène. Ces flottes les traînent au loin et les posent en mini-décharges d'ordures du matin au soir, les assourdissent à l’intérieure du véhicule comme en dehors, les peignent de la puanteur du gasoil à la fois carcinogène et leur dépriment autant l'esprit que l'immunité. Aucune automobile ne se laisserait vendre si son milieu sonore assourdissait ses occupants comme en parvient un autobus, si elle puait autant et si à mi aussi inconfortable.

Envisage au lieu un écoulement capillaire continu de microbus privés mais subventionnés, propulsés par moteur silencieux et non polluant. Ils alimenteront un système artériel de transport public composé d’autobus articulés, de monorails, de tramways, de bacs à piéton et de transports en banlieue plus légers que l’air. Le transport de porte à porte (épicé par des randonnés stimulantes dans des voisinages plaisamment libérés de voitures) pour une fraction du coût actuel. 

Un euro versé pour construire du transport public génère davantage d’emplois que celui versé pour des automobiles particuliers, encore plus que cette somme pour des autoroutes militaires, et beaucoup plus qu’en directe aux armes. Alors, qu'attendons-nous ? 

En temps voulu, les voitures seront bornées aux routes interurbaines, aux relais d’autobus, aux garages gratte-ciel et souterrains … et puis au recyclage. Des chevaux et des mules reparaîtront en secteurs ruraux, comme des chameaux en région aride et dromadaires, lamas et alpagas en montagne. Une industrie toute nouvelle émergera, de chariot de transport et de machine agricole. Bon usage sera fait de nouveaux animaux de trait, (l’engin propulsé de manière à rattraper les déchets et les brûler comme carburant, par exemple) de l’énergie électrique solaire, des polymères durs de poids éphémère, et des pièces mobiles presque sans friction, fabriquées dans l’espace. 

 

Les Apprentis consommateurs témoigneront d’une autre évolution culturelle. Ils favoriseront le raccommodage d’appareils de bonne qualité par-dessus leur remplacement au rabais. Des machines seront conçues pour simplicité et robustesse de dessin élégant. Longévité, fiabilité et facilité d'entretien, toutes culmineront. Celles non œuvrées localement à la main viendront chuter doucement sur la surface terrestre à partir d’usines orbitales, leur coût de livraison baissé par la gravité. De longs apprentissages techniques réapparaîtront avec la maîtrise d’ouvrages pratiques. 

Des administrateurs incompétents disparaîtront avec le rétrécissement de leur durée politique, et des amateurs circonspects assumeront leur responsabilité. De l’assidue surveillance publique deviendra un important sport de spectacle. L’activité politique, à présent en arrière scène, fera face au minutieux examen public. Les secrets et les scandales politiques attireront des recherchistes agressifs, les équivalents des paparazzis actuels en poursuite de stars recluses. 

Des petits établissements, des magasins et des coopératifs familiaux fleuriront à nouveau, au gré de réseaux corporatifs convertis à ces priorités inédites. Les problèmes de pollution diminueront dans la mesure que les automobiles seront reléguées au transport en gros et aux services d’urgence, et que des nouvelles technologies de conservation réduiront leur demande énergétique. La pollution de véhicules à combustible disparaîtra et l’environnement se remettra tout en proportion. La santé publique bénéficiera de suppléments d'exercice.

A ce jour, on achète une gamme de machines domestiques économisant du travail et de coûteuses machines d'exercice : ces transactions profitables pour les rares mais une grande perte de temps et de fonds pour les humbles. Nous nous remettrons bientôt à la marche à pied. Nous en général – et nos enfants inlassables en particulier – fréquenterons des stations d'exercice d’où nos efforts aérobics amélioreront la santé, produiront un peu d'électricité en échange d’un peu d’argent de poche : comme des indigents contemporains en reçoivent pour leur sang.

 

Dans le livre, Secrets du sol : Des solutions de nouvel âge pour reconstituer notre planète, Harper Collins and Row, 1989, Peter Tompkins et Christopher Bird, (co-écrivains de La vie secrète des plantes) fournissent des exemples intéressants d’industries familiales à venir, dont l’expertise sera de restaurer le sol en fournissant de l’engrais en mélanges symbiotiques de microbes, d'insectes, de champignons et de plantes. Ceux-ci remplaceront l’engrais synthétique et des poisons qui compromettent la biosphère entière. Grâce à des nouveaux traitements microbiologiques, l’augmentation nette dans la profondeur globale du sol surpassera son épuisement par l’industrie agricole actuelle.

La pratique de terra preta (biochar, agrichar) à l’échelle industrielle parviendra à deux aboutissements probables :

 ·      du biocharbon en millions de tonnes par année pour servir aux terreaux épuisés comme du fertilisant de haut carbone ; et
 ·      la réduction systématique du CO2 et son réchauffement global. (En anglais) http://www.sciencedaily.com/releases/2010/08/100810122030.htm

 

Des usines seront établies à la bouche des grandes rivières pour extraire leur engrais chimique et d’autres éléments toxiques avant qu’ils ne pénètrent dans l’océan. Des fermiers à venir feront bonne affaire en exploitant le sol sous-marin, le terreautage, la rotation des récoltes, le reboisement, le vieillissement accéléré d’étangs et de lacs artificiels. Des conseils déviques régleront l'architecture génétique. Les Apprentis démantèleront des scandaleux cartels industriels qui sont parvenus à :

 ·      élever en ferme d'usine des bêtes de pseudo nourriture néo-mutante gavées d’antibiotiques ;
 ·      faire pousser des moissons industrielles aux toxines d’ingénierie génétique ; 
 ·      trafiquer des tas de pesticides stérilisant du sol et engrais inorganiques qui eutrophient les voies d'eau ; et
 ·      commettre de l’exploitation minière-agricole en général. 

 

Ce monstre aux têtes d’hydre sera remplacé par le contrôle organique des vermines et renforcement naturel de la fertilité. Des bêtes de nourriture seront élevées en robustesse et bonne santé, plus jamais affaiblies au point d’augmenter leur dépendance de produits pharmaceutiques corporatifs. Leur appareil digestif sera adapté à digérer des versions réarchitecturées des mauvaises herbes les plus prolifiques. Ainsi éliminera-t-on la plupart de leurs suppléments alimentaires fréquemment contaminés à l’heure actuelle.

Les Apprentis interdiront le cannibalisme cultivé. Des farines de chair ont été remises aux bétails, volailles et poissons, comptant sur la dissemblance physiologique entre l’espèce consommatrice et celle consommée pour interrompre la voie d’infection, quoique cela en sait ouverte á grand pour de méchantes transmissions de prion. Qui plus est, on bloquera les tentatives d'élever des troupeaux industriels dans des sorts statiques, ainsi que les autres abus agronomes.

Autrement, l’humanité adoptera le végétarianisme ou l’instectévorisme et souffrira de nausée existentielle à l’idée de dévorer des mammifères qui saignent et souffrent tout comme nous. Nos descendants pourront nous trouver, nous autres omnivores primitifs par choix, des monstres d’extravagante cruauté, qui remplirent le monde de panique et de souffrances superflues.

Les Apprentis développeront d’autres aliments de grande valeur protéinée et vitaminée, à partir de micro-organismes comme la chlorelle, la wolffie et la spiruline. L'aquiculture et l’affermage poussé de micro-organismes et d’insectes remplaceront la pêche océanique et l’exploitation de bétail. Ces dernières industries rendront des produits de luxe consignés à la consommation de rareté rituelle. Au lieu de permettre aux organismes nuisibles de piller la moitié de nos récoltes chaque année, ceux-là mêmes seront cultivés pour livrer la moitié de nos besoins protéiniques, tout en réduisant l’étendu de nos terres exploitées. 

Des villes incorporeront au moins un grand bâtiment (plusieurs, assurant donc leur redondance lors d’urgences urbaines) dans lesquels une quantité suffisante d’insectes, de bactéries et d’algues sera pour fournir aux citadins leurs éléments nutritifs quotidiens. Cette cultive croîtra en volume, soit en milieu urbain soit ailleurs, si pourvue de bonnes eaux copieuses et d’assez de lumière solaire. De telles usines urbaines réduiront l’étendu des terrains agricoles mis de côté pour soutenir les populations urbaines, aussi peut-être comme pompes de chaleur et voies de purification d’eau.

Les hamburgers de soja actuels au goût de carton, et les frites molles, dites « coupés à la main » évolueront en gourmandises aux formes croquantes et saveurs alléchantes de frites dorées et de hamburgers de haute marque, cuits moyens, tout en excédant leur contenu alimentaire et éliminant leurs éléments toxiques. Bien sûr, d’autres saveurs et mises en bouche seront perfectionnées. 

Des nourritures splendides pourront être cultivées dans le désert : des bourgeons de cholla, des graines de chia, des haricots tepary, des garnitures du cactus de la figue de Barbarie, et de la farine des cosses de mesquite : parmi les nourritures les plus salubres au monde. La tribu de Tohona Odham se spécialise dans la cultive de tels aliments à Tucson en Arizona. 

L’arbre mongongo (Ricinodendron Rautanenii ou Euphorbiaceae Schinziophyton) résiste à la sécheresse, tout en rendant abondante alimentation à certains chasseurs glaneurs en Afrique. Un certain poids de ses noix offre deux fois la protéine du beefsteak et cinq fois les calories d’un poids égal de riz. 

L’arbre Moringa (Moringa Oleifera) présente de nombreuses applications médicinales et nutritives. Ses graines produisent de l'huile culinaire à 30% de leur volume ; le gâteau restant peut servir comme floconneux pour épurement d'eau. Ses cosses, appelées pilons, sont cuites telles que des haricots verts ; ses graines et fleurs sont comestibles. Aussi dit-on que ses feuilles contiennent plus de vitamine A que la carotte, de calcium que du lait, de fer que des épinards, de vitamine C que l’orange, et de potassium que la banane. Elle résiste à la sécheresse, rend fertilité aux sols pauvres et pousse sur presque tous les continents, mais ne tolère pas le gel. Soit, faites pousser en quantités industrielles sous verre.

D'autres desserts désertiques remplaceront nos farines excessivement traitées, graisses saturées de toxines et sucres induisant le diabète dont nous nous dosons habituellement, ainsi que leurs remplaçants contemporains encore plus toxiques. J’attends le jour où les feuilles de pissenlit et d’autres mauvaises plantes autant acres seront transformées en gourmandises.

En 2008, Carl Hodges a cultivé de la salicorne et d’autres halophytes (plantes amantes du sel) les irriguant avec de l’eau de mer aux rives désertiques de la Mer de Cortés. Elle peut être mangée crue ou cuite à vapeur, pressée pour de l’huile sinon broyée en farine de haute protéine, espérons de bonne saveur.

Un recherchiste israélien a découvert que des moissons ordinaires peuvent être irriguées goutte à goutte avec de l’eau salée, pourvu que leurs lits de racine ne se ressèchent jamais. De vastes étendus de désert seront recouverts d’halophytes anti-caloriques, qu’ils soient comestibles ou pas.

Quant au chanvre, voici 101 usages nutritifs, médicamenteux, comme article de toilette et composant industriel : http://www.recipenet.org/health/articles/101_uses_hemp_chart.htm. Sa criminalisation, pour l’unique raison qu’il s’est prouvé la meilleure drogue psychotrope dans l’histoire humaine, est d’elle-même un crime impardonnable. 

L’architecture génétique et ses économies d'échelle promettent d’accélérer des technologies d’algues alimentaires et énergétiques. Par architecture génétique, je n’entends pas l’ingénierie génétique menée de nos jours par épreuve et erreur afin de satisfaire des ambitions corporatives de progéniture absurde : des tomates cubiques, sans goût et toujours rouges ; des mauvaises herbes résistantes aux insectes ; etc. 

Plutôt, comme faisant partie de transformation mystique de la superconscience collective, des dèvas (esprits architectes d’organismes biologiques) instruiront des astuces de biomimisme fructueuse aux équipes dévouées d’architectes génétiques, biologistes, ethnobotanistes et shamans. Ceux-ci rassemblés nous permettront de mieux concorder Gaia et les Apprentis. 

Des bisons, des taureaux africains, des cerfs et des antilopes se côtoieront sur de vastes secteurs repassés à leur écologie originelle, comportant des équivalents locaux et leurs prédateurs naturels. Cette combinaison naturelle est plus apte de pétrir le sol pour productivité maximale. 

Des nomades chasseurs glaneurs d'esprit révérenciel pourront récupérer leurs campagnes héréditaires. Jadis, le nomade et le pastoral ont menacé le fermier sédentaire. Ces deux premiers durent se prouver adeptes à défendre leur troupeau et leur honneur en n’importe quelle circonstance ; le dernier, sa capacité de coopérer assez aisément avec ses voisins. A quelques exceptions près, cela produit respectivement des agresseurs et des victimes. 

Tous trois sont annihilés aux mains de technologues industriels d'armes. Des Apprentis paisibles rendront bon accueil à leurs ramifications culturelles en tant que communautés autonomes de récréation. Après tout, depuis toujours, la chasse et récolte, le nomadisme et l'affermage ont fourni des styles de vie naturels à l’espèce humaine. Des séjours en ce genre serviront comme destinations provisoires pour des citadins enclins à cette sorte de tourisme.

Te serais-tu rendu en rat urbain, paresseux et obèse (un peu comme moi ?) Sors donc dans la brousse pendant six mois ou plus et fais plongeon dans la vie dure d’un chasseur-cueilleur (celle même que nous avons revécue à maintes reprises.) Rentre en meilleure forme, rafraîchi et retenant des priorités un peu moins douteuses — sinon n’en reviens pas : la survie y sera coriace.

Comme culte et trou d’oubli pour des nouveaux excédents de richesse, chaque littoral, bord de rivière, frontière de croissance de latitude et d'altitude devra être ré-édénisé. Les Apprentis cultiveront ces écologies d'apogée par égard à ses avantages esthétiques, écologiques, climatiques et spirituels, par-dessus ceux uniquement fonciers. Bien que cette sorte de cultive offrira d’elle-même de gros profits supplémentaires.
 
 

Des fervents de la pêche marine professionnelle ont promis des tonnes sans limite des fruits de la mer jusqu’en un avenir lointain, quoique la mer soit une source de subsistance de plus en plus problématique. Des autorités tels que J.E. Lovelock, auteur Des époques de Gaia : La biographie de notre terre vivante, Bantam Books, New York, 1990 ; Elisabet Sahtouris qui écrit Gaia, Pocket Books, New York, 1989 ; et Lynn Margulis, nous ont avertis des périls d’un tel penchant, laissant entendre qu’un rebondissement d'écocide terrestre pourrait parvenir à la destruction de l'humanité mais non de toute la vie. La vitalité terrestre ne souffrira de spasmes fatals qu’à la suite d’un déséquilibre sérieux entre ses régimes océaniques de chaleur, de salinité et d’anhydride carbonique comme modérés par les algues. 

L'empiétement humain menace précisément de le permettre. Les écologies marines souffrent de l’épuisement d’oxygène (eutrophisation) induit par la combinaison d’eaux d'égout, d’engrais, de vidanges de toxine, de surexploitation frénétique, de fondre de glace par serre chaude et de flaques de pétrole : celles mineures en particulier et d’innombrables dégagements de lests marins, comparés auxquels des désastres davantage dramatiques de pétroliers géants sont étonnamment moins significatifs. Des marées rouges et noires ne cessent de se proliférer quoique les médias corporatifs se tombent dessus pour déprécier leurs effets. Les fuites des puits de pétrole et de méthane constituent d’autres fléaux chroniques.

 

Des vaisseaux-usine de pêche raclent les profondeurs océaniques avec des chaluts à perche de quatre mètres de travers. A l’aléatoire, ces filets de drague blindés annihilent le biote et son habitat. Insensibles à la profondeur océanique et à sa stabilité écologique, ils laissent un désert bourbeux dans leur sillage. Ces écologies fragiles, sombres et froides prennent au moins des décennies pour se remettre sinon n’en parviennent plus. 

Voici comment instaurer une nouvelle époque de piraterie sur la cote somalienne et ailleurs, en se servant de chalutiers-usines qui carburent aux subventions gouvernementales et désemplissent ainsi les filets des petits pécheurs marins en localité, transformant ainsi leur désespoir en piraterie.

D'autres pêcheurs industriels ont moulé une suffisance de filets à la dérive, profonds de treize mètres et des kilomètres de long, pour encercler la terre quelques fois par an. Ces filets en nylon impérissable sont souvent perdus en mer : des « filets fantômes. » Les agonies de mort de leurs premières victimes attirent beaucoup plus qui s’y font enlacer mortellement pour des années additionnelles. 

Ce splendide filet de sol sur ton assiette représente des pêches arrachées sans compter de la mer rien que pour spolier.

Il est angoissant de contempler le capitalisme se rouler les manches, cracher dans ses mains et pénétrer les profondeurs océaniques pour y récolter son bénéfice cru. L’on doit s’y retirer pendant un certain temps, si seulement pour permettre leur récupération. A défaut, réduire notre impact en adoptant d'autres mesures notoires. La gérance de ces interdictions ne sera pas trop onéreuse, puisque les pêcheurs marins à grande distance doivent être royalement subventionnés par leur gouvernement national, tant de carburant réclament-ils. 

Les Apprentis établiront des milliers de parcs maritimes (à commencer par la grande barrière de corail australienne, couramment moribonde !), comprenant les étendus les plus fertiles et les plus détériorés de la mer : souvent, hélas, les mêmes. La législation protectrice facilitera la reprise de normalité écologique au moyen de gestions draconiennes de pêche, nettoiement de toxines, réglementation d’écoulements et renforcements biologiques. Des sous-marins excédentaires surveilleront la pêche professionnelle et la pollution maritime. Des bâtiments de pêcheurs-marins délinquants seront surveillés et rattrapés par des sous-marins nucléaires surannés. De tels vaisseaux pirates seront confisqués, dépouillés et coulés pour former des récifs artificiels à grands éclats de publicité. 

Nous parviendrons à mieux comprendre les courants océaniques. Des profondeurs océaniques seront exploitées ensuite, non seulement pour des nodules de magnésium et débris semblables mais en tant qu’engrais. Des eaux froides, abyssales et débordantes de nutriments pourront être haussées à la surface par des technologies imminentes mais non encore évidentes, créant des effets artificiels de récif aussi avantageux que des courants naturels d'eau froide.

J’entrevois des installations sous-marines génératrices d’énergie, dont la chaleur en gaspillage haussera des grands volumes de nutriments abyssaux qui feront déborder les pêches à la surface tout en accélérant et raffinant la capacité de ces courants de stabiliser le climat. Nous aurons à trouver des sites idéaux pour ces projets d’exploitation, sans compromettre les pêches marines naturelles décrites de suite ni les grands courants océaniques stabilisateurs du climat.

Quelques courants maritimes dans la nature remontent à 0,1 % de la surface océanique aux approches des côtes du Pérou, de la Californie et de l'Afrique aux abords de la Mauritanie, la Namibie et la Somalie ; une autre grande pêche se trouve sur les fonds de Kildinbaken dans la Mer de Barents. Ces petits secteurs produisent la moitié de la pêche mondiale, selon le livre de Brian Fagan, Inondations, famines et empereurs: El Niño et le destin des civilisations, Basic Books, New York, 1999, p. 31. Chacun d’eux devra être transformé en sanctuaire marin. On réapprovisionnera leur plénitude avec des espèces entièrement mûres, énormes et abondantes.
 
 

Encore plus signifiant, on doit initier l'équivalent d’un nouveau projet Manhattan planétaire pour développer des capacités photosynthétiques dans la peau humaine. On libérera ainsi l’humanité de son besoin de tuer pour s’alimenter. Mon imagination s’épuise dans les détails de cette technologie, ainsi que ses conséquences à long terme. Nancy Kress m'a devancé à ce sujet dans son livre élitiste de science-fiction, Mendiants et connaisseurs. D’autres ont exposé le cauchemar social qu’une telle technologie générerait sous le contrôle des psychopathes usuels qui rêvent de remplir le monde de misérables crevant lentement de faim.

Quelques astucieux promoteurs d’immobilier ont découvert que leurs investissements écologiques leur rendent d’énormes bénéfices. Dans la petite ville d’Alexandria dans l’Etat de Virginie, le port fluvial de la capitale Washington D.C., mon père passa ses dernières années à protéger le paysage périphérique de réalisateurs obsédés à réduire leurs coûts. Dans ces communes fortunées, le revenu immobilier s’élève en flèche à cause de la tendre sollicitude rendue aux exigences environnementales. La plupart de ces promoteurs me font horreur : abatteurs en série de grands bosquets d’arbres pour profit, donc aussi nuisibles à l’écologie urbaine que des parasites exotiques rongeurs d’arbre.

Quelques industriels un peu moins obtus ont découvert dans l’actuelle technologie verte des méthodes supérieures de production et de contrôle qualitatif, ainsi que de superbes opportunités de publicité; quoique la plupart n’admette sa responsabilité d'intendance que du bout des lèvres.  Comme les éconologiciens qu’ils ont étudié à l’université, ils ont laissé tomber la pratique du soutènement : cette carence, leur ultime disgrâce et disqualification à la gérance. 

La rage qu’exhibe le milieu d'affaires envers chaque nouveau défi de main d’œuvre et d’environnement, elle ressemble aux crises de nerfs d’un enfant gâté. La communauté marchande ne peut plus se permettre de tel mauvais comportement. L’attention méticuleuse à l'écologie et aux droits humains ne sera qu’une autre obligation d'affaires: en fait, moins négociable que celles de l'atelier, du livre de paie et des réclames commerciales. A la longue, ces débours se prouveront beaucoup plus profitables que des impôts de guerre. 

Des nouveaux projets de loi interdiront aux pollueurs potentiels et leurs patrons de poursuivre leurs affaires à moins qu’ils n’habitent avec leur famille au centre de leur désastre potentiel. Les administrations locales négocieront ce partage de pouvoirs avec leurs électeurs en localité. Des propriétaires sans scrupules, cadres de banque et d'assurance, commissaires de police, surveillants judiciaires et municipaux : tous devront passer en revue leur pratique actuelle pour retenir leur placement. Ils devront vivre avec leur famille dans les parages les moins hospitaliers sous leurs soins. Les enfants des riches ne seront plus permis d’aller à l'école de leur choix avant que la dépense par écolier n’ait été équilibrée partout dans cette biorégion. 

 

Dans La Terre sur la balance, l’ancien vice-président Al Gore proposa que des comptables internationaux inscrivent dans leur colonne de dépréciation l'épuisement de ressources et les répercussions environnementales. Les banquiers du premier monde doivent créditer chaque pays tiers pour sa mise de côté de parcs forestiers et renonciation de technologies de haute pollution. En échange, celui-ci abandonnera la construction de centrales électriques au charbon sulfureux, par exemple, ou de massives estafilades et brûlures forestières. Lesdits crédits financeront des technologies du dernier cri de conception indigène et moins polluante. 

 

Bien auparavant, j’obtins ce conseil gratuit : si seulement quelques centimes par jour avaient été investis à mon compte depuis la date de ma naissance, ce comptant m’aurait assuré de quoi vivre confortablement sur l'intérêt. Eh bien ! Depuis son enfance, l'humanité a déchargé – chaque jour de chaque année – au moins trente pour-cent de ses revenus dans des activités d'armes et leur gaspillage accessoire. Il n’est donc pas remarquable que si peu d’authentiques améliorations paisibles nous semblent abordables. 

En réalité, le monde paisible sera parfaitement dans nos moyens. Nous ne pouvons permettre rien de moins, puisque la pauvreté, voici la politique de loin la plus onéreuse. 

Accoutume-toi au moins à cela.



 

- QUE FAIRE ? –

 

« Je n'ai pas conçu ma mission comme étant celle d’un chevalier errant urbi et orbi pour délivrer des gens de leur difficulté. Mon humble fonction a été de leur exposer comment résoudre leurs difficultés... Ma tâche sera achevée si je parviens à présenter à la famille humaine la conviction que chaque homme et femme, nonobstant sa faiblesse corporelle, est le gardien de sa liberté et de son respect de soi. » Gandhi, cité dans Raghavan Iyer, La pensée morale et politique de Mahatma Gandhi, Oxford University Press, New York, 1973, page 373. 

 

Ma sœur Karen m'a rendu le service de feuilleter un brouillon d'Apprenti alors que je débrouillais son bagout. Elle prit au sérieux ce que j’avais écrit et s’en est bouleversée. « Rien de tout ça n’est de ma faute » m’a-t-elle dit sinon quelque chose de pareil, « Qu’attends-tu de moi ? Comment protéger mes petits ? Dis-moi ce que je dois faire ! » 

Ne t’attends pas à ce qu’un héros solitaire, cambrant son cheval blanc, ne rende fin à ce cauchemar. Très souvent jadis, des enthousiastes se sont jetés la main dans la main dans le bout profond de la piscine d’acide, endolorant ainsi une foule d’innocents et amochant de grandes terres : la matérialisation du rêve des psychopathes.

Ou bien un consensus international d'Apprentis parviendra à résoudre ces problèmes, sinon personne.

Gandhi, d’ailleurs, nous apprit une autre vérité : que personne ne mérite de louange ni de plainte que selon ses actions. Ce n’est que la démarche de l'autre qui mérite condamnation ou approbation. L'autre, lui- ou elle-même, est une manifestation divine, donc analogue à la nôtre. Comme telles, toutes sont exemptes de notre haine. On échoue aussitôt qu’on rejette cet avis salutaire.

 

Inscrits en bas sont quelques priorités particulières que je désigne en rigolant des politiques. Espérons que des obsédés du contrôle (control freaks.) n’amorceront pas des erreurs supplémentaires. Adopte celles-ci que tu favorises ou poursuis tes propres.

 

Politique avant et après : Célébrer davantage, sacrifier moins.

Nous ne parlons pas ici d’un paradis terrestre sans tare, mais de l'amoindrissement des sacrifices à part ceux de soi et l’accroissement correspondant de célébration. Choisis-en une ou plusieurs et célèbre-les ! Evite de sacrifier quiconque sauf toi. Célèbre tes liens aux autres ! 

 

Politique la première & non pas : Réaliser ce que tu fais le mieux et laisser tomber le reste. 

On ne peut trop accentuer cette politique. Elle s’applique autant aux individus qu’aux assemblés ; au travail, à l’art et à l’adoration ; aux institutions et aux instruments. Elle s’applique au pouvoir, à la gérance et au défi : à chaque entretien. 

La brève réponse ? Concentre sur ce que tu fais le mieux. 

Chacun accomplit au moins une astuce de son mieux. Quant à nos poursuites, nous occupons un point d'excellence sur une courbe de cloche d'intérêt et de prouesse. Tu pourrais clique-claquer comme personne sur certaines de ces montagnes russes ; sur d'autres, tu t’écraserais avant d’atteindre vitesse respectable. Concentre ta passion là où elle s'accorde le mieux avec tes talents. 

Les directeurs d'armes préfèrent produire des légions de généralistes interchangeables qu’ils peuvent battre comme des cartes à jouer et distribuer là où ils démontrent quelque utilité marginale mais rarement l’ultime accomplissement. Quand s’éteignent nos compagnons guerriers, nous devons prendre leur relève selon priorité d'âge et de routine. Le monde des « ressources humaines » (quelle expression infâme !) c’est un vaste dépôt de remplacement pour la guerre. 

La plupart des activités humaines se réduisent en rafistolage. D'une manière ou d'une autre, nous nous débrouillons – compte tenu d’inefficacités et de coûts monstrueux – dans la pratique de travaux dérisoires qui ne parviennent qu’à nous excéder et dégoûter. Ceux-ci se décousent en tâches élémentaires et répétitives. Afin de gagner notre pain quotidien, nous répétons quelques routines enfantines jusqu’en étouffer de leur futilité. De nombreux rêves et initiatives personnels sont pilonnés et leurs aspirations, viciées en frustration et désespoir. Les embarras du sans-abri et du chômage semblent être nos seules options à la médiocrité professionnelle, au mépris de soi, à la requête existentielle que cela finisse et pas grand-chose de plus. 

Prends donc le conseil qu’offre un bon docteur à son patient en proie à la mélancolie : va trouver un hobby. Tant mieux si tu peux en extraire de quoi vivre. Quelques-uns jouent bien au piano, d’autres nous rapprochent à Dieu ou réussissent un risotto tueur ; d’autres encore obtiennent que des enfants sourient. 

Trouve ce qui te captive et va le réaliser. Aucun talent spécial ne doit être gaspillé. Si tu ne sais pas à quoi tu es bon, (un échec de partage quasi universel en cette civilisation avachie) la solution est simple : fais de ton mieux pour les autres et du plus gratifiant pour toi-même. 

Considère le sens inverse. Si tu n'as aucun talent pour une tâche, ne la mets pas de travers ; abandonne-la plutôt et laisse aux enthousiastes l’opportunité de prendre ta place. Si tu n’es pas un adorateur d'enfants, n’en fais pas ni n’en grandis ni ne leur enseigne. Si tu n’es pas confortable avec des langues étrangères, ne t’en ennuie plus. Ne colporte rien auquel tu ne crois pas. Ne compromets aucune affaire par incompétence ou indifférence. Ne protège pas des patrons égoïstes qui ne traverseraient pas la rue pour te protéger. Plus important encore, ne force pas des autres d’accomplir une tâche à laquelle ils n’excellent pas. 

La seule exception à cette règle touche aux socio/psychopathes. Sans doute saisiront-ils ces paragraphes pour justifier les pires tourments que permet leur talent. D’une manière ou d’une autre, ils doivent être détournés du mal qu’ils commettent si astucieusement et contraints d’accomplir autre chose sinon rien. Que la cure soit trouvée pour leur infirmité démoniaque qu’ils estiment comme talent distinctif et source légitime de bénéfices ! Qu’on en paye la plupart bien mieux, au lieu, pour se contenir.

 

Ainsi de même, la plupart de nos institutions agissent comme des arriérés. Sans trop se soucier de leur gamme de compétences, elles se prétendent capables de résoudre n’importe quel problème qu'elles croisent sinon offrir un compromis acceptable. 

Bien. Chaque système et institution effectue certaines astuces assez bien ; la plupart d’autres remarquablement mal. 

Prends le capitalisme (je t’en supplie, prends-le-moi !) Aucune institution n’est supérieure pour créer et concentrer de la richesse : souvent des activités essentielles ― surtout a l’appui de poursuites d’armes. Le capitalisme pur devrait régner dans ces cas et réaliser de son mieux. En revanche, il manque (a toujours lugubrement manqué) de réduire la misère. Si la demande est de réduire la pauvreté, d’équilibrer un écosystème ou de maintenir vraie croyance, par exemple, les capitalistes déclarés devront se soustraire de telles responsabilités. 

La même logique s’applique au militarisme, au communisme, à la science et la foi religieuse, ainsi qu’à d’autres procédés de raisonnement, de conviction et d’idéologie. Si démontrés efficaces à un tel sujet, ils doivent être éprouvés avec bienveillance et largesse d’esprit ; si défectueux, peu importe la raison, ils doivent être refoulés en clôture. Aucune méthodologie ne mérite interdiction absolue, seulement recueillement aux milieux qui bénéficient le plus de son intervention — et uniquement là. 

 On ne peut donc repousser l'organisation de commerce mondiale, (l’OCM) soit les maux qu’elle ait commis jusque-là. On aura besoin d’une cour du monde et d'une OCM pour bien régler le bazar mondial. De telles expertises seront essentielles. On doit simplement persuader ces associés de stimuler le monde paisible et réprimer la mentalité d'armes et ses technologies. 

Il faut, par exemple, que l’OCM police le commerce d'armes. Il y a couramment six cents millions de hargnes à feu au monde : une pour dix individus sur terre. Encore pis, beaucoup d’entre elles sont marchandées, fournies et entretenues par des vauriens, des tyrans et des assassins sans merci, alors que des citoyens décents circulent sans défense. On doit se demander : « Pourquoi tant d’innocents sont-ils persécutés, occis et chassés si fréquemment et si facilement ? » Les gérants de l’OCM doivent mettre fin à cette prolifération. Ils ne pourront plus s'absoudre de cette surveillance avec l’excuse qu’elle nuirait à la souveraineté nationale. 

Voici un autre point ardent à prendre en main. Chaque nation doit jouir d’autodétermination à l’égard de ses membres volontaires, pourvu que très peu d’entre eux ne composent le numéro 1-MES-DROITS pour se plaindre à la cour du monde. En aucun cas le simple Etat ne doit-il bénéficier de souveraineté externe : permis d’attaquer d’autres nations ; exactement pour la même raison que le citoyen moyen n’en dispose pour attaquer un autre. 

Qui plus est, on ne peut plus tourner le dos aux riches comme l’ont décrété les révolutionnaires d’antan. Ceux-là doivent se sentir libres d'accumuler toute la richesse qu’ils nécessitent, à condition que ceux qui restent subsistent en bon confort. Il n’est plus question de lutte de classe (ni de race ni d’autre position d’identité) mais du bien-être de la superconscience collective et de nos mœurs. 

Au fond, on ne peut ni repousser ni embrasser chaque pratique sociale dans son ensemble. On doit d’abord distinguer qui fait quoi avec compétence et les encourager, puis assortir ceux qui échouent et réorienter leur attention vers une meilleure alternative. Nos critères fondamentaux doivent être : est-ce que la paix en est rehaussée ? Encourageons-le. Serait-ce la mentalité d'armes ? A partir de là, surveillons-le de près et préparons-nous à le rétrograder. 

Selon Apprenti, aucune astuce ne doit être acceptée ni repoussée dans son intégralité. La vérité exige que chaque point de vue soit écouté et ses principes les plus valides, honorés. Nous n’en sommes pas encore parvenus parce que nos systèmes d’info n’ont pas encore évolué à ce crêt de raffinement. La coopération par-dessus la compétition et la célébration par-dessus le sacrifice, sauf aux cas où ces pratiques secondaires marcheraient mieux.

Selon la mentalité paisible, nos pires institutions sont celles qui s'attribuent domination intransigeante, obéissance absolue et rejet d’influences externes. Bien sûr, de telles institutions d’armes sont les plus foudroyantes, vigoureuses et persistantes : celles que nous vénérons le plus malgré leur venin.

 

Ces recommandations, à elles toutes seules, prendraient des vies entières à mettre en œuvre. Nous sommes supposés réussir des tours auxquels nous ne pouvons ni aspirer ni bien accomplir ; nous nous soumettons de toute façon à cette folie collective. Notre communauté se prend de grandes peines pour briser nos talents et souhaits les plus élémentaires. Jusqu'à ce qu’elle ne rende appui sincère à nos priorités intimes, nous ne pourrons matérialiser nos meilleurs chefs-d’œuvre sans lutte de titan. 

Nous sommes arrivés au point d’exiger cette lutte. Ce gaspillage véreux de temps et d’effort c’est transformé dans le préalable obligatoire de toute créativité artistique. On doit bel et bien souffrir avant d’être permis de poursuivre ce que l’on souhaite faire le plus. Nous devrions plutôt l’accomplir en premier lieu et l’améliorer constamment, tout en jouissant de l’appui enthousiaste et continu de notre culture. 

 

Politique la 2eme : S’assembler.  

Va trouver le monde qui partage tes intérêts et poursuites: lecture, art, hobby, charité, Apprenti, n’importe quoi. Agissez en groupes quant aux inquiétudes et célébrations mutuelles. Trouve de nouvelles recrues, forme des groupes distincts aux buts différents. Branche-toi dans des réseaux informatiques et bases de données. Assiste à l’assemblée d'adoration de ton choix et laisse-lui refléter ton esprit. Mets-toi en contact avec des Apprentis pairs, même de l'autre côté de la planète. Débarrasse-toi de l'aliénation dont dépend la mentalité d'armes. 

 

Politique la 3eme : Se rendre politique. 

Pas pour moi, celle première ; uniquement pour ceux passionnés. Rappelle-toi que je dois d’abord épuiser ma tâche initiale (rédiger Apprenti) avant d’avancer à celle suivante (le prédiquer.) La corvée des politiciens ne m’intéresse pas.

Toi, assiste aux fonctions politiques et fais-y entendre tes opinions. Prends en charge la plus importante responsabilité de gérance dont tu te sens capable. Grimpe aux cimes de responsabilité politique, aussi haut que tu puisses supporter la chaleur. Mets-toi en contact avec des ouvriers médiatiques. Ecris, appelle et rends visite aux représentants politiques ; emplis leur oreille ! Mets-toi en contact avec des individus et des corporations selon leurs accomplissements soit bons ou mauvais. 

Vote, même quand tes choix te paraissent des options insignifiantes qui semblent rendre tout le monde en perdant. Affirme tes convictions politiques et apprends celles de tes voisins. Chaque fois que tu trouves tes choix de scrutin inacceptables, insiste sur ton droit de marquer une abstention dégoûtée. L'anonymat peut offrir sanctuaire analogue, aux victimes comme aux bourreaux, mais cette forme d'évasion politique est trop onéreuse pour nous autres et profitable pour les rares. Nous jouirions davantage de prospérité et de tranquillité en affrontant nos responsabilités au lieu de les laisser tomber.

 

Chaque fois tu que refuses de voter,
 Tu approuves des politiques et des politiciens
 Que tu hais le plus !

 

Ceux qui ne se proclament « pas politique » le sont en réalité. Ils ont inopportunément conclu que leurs besoins sont mieux servis par le statu quo. Quant à ceux qui refusent de voter par pur dégoût, ils ne parviennent qu’à aigrir leur nausée existentielle. 

 

Politique la 4e : La charité. 

Le plus de fonds que tu contribues aux bonnes causes, le moins qu’en obtiennent les directeurs d’armes. Applique ton temps et tes biens aux individus nécessiteux et aux instruments dignes. Dîmes, mais astucieusement. Ne pellette pas bêtement de l'argent dans la gueule de charités monolithiques et de corporations ecclésiastiques. Leurs directeurs déforment sans doute leur mandat légitime avec des ordres de jour tordus, soit d’origine particulière ou institutionnelle. 

Trouve des nouveaux moyens de rendre aide aux autres. Lance-toi en dehors de ton cercle d'amis et de clients. Sois bon et fais bon compte de ta bonté. 

La charité déverrouille le miracle. 

 

Politique la 5e : Réaliser ce que tu visualises.  

Note sur des pare-chocs, l'autocollant affiché du texte : « Visualise la paix globale. » 

La visualisation constructive doit être introduite à chaque jeune Apprenti. C’est une autre compétence de survie que nous sommes attendus à absorber, si seulement par osmose, par procès et erreur ou pas du tout. Quelle éducation misérable que l’on doit endurer !

Par exemple, inscris une liste de souhaits et attache-la sur ton miroir de salle de bain. Note et raye ceux qui se manifestent dans ta vie. Rafraîchis ta liste de temps en temps : une forme élémentaire de visualisation. 

Sinon rêvasse sans componction. Tes rêveries, si ornées de l’amour pour l’humanité, peuvent mieux compenser (le feront, en toute probabilité) que la besogne byzantine de ceux mieux rémunérés.

Parmi les compétences qui doivent être apprises : le judo et un autre art martial qui enseigne à tomber sans se casser l’os. Quelque chose d’analogue devrait être enseignée à chaque bébé qui apprend à marcher. Aussi, la natation.

Transcender cette ignorance, ce n’est que la bataille à mi gagnée. Une fois que tu visualises tes idéaux, réalise-les

 

Politique la 6e : Embrasser la responsabilité.  

Disons que quelque chose de remarquable t’advienne pour le mieux ou le pire. A toi de te demander, « Pourquoi j'ai attiré ça dans ma vie ? » Mes remerciements à Context, Inc., pour avoir verbalisé cette conviction subliminale. Quel dommage qu’Andy Revell, son fondateur, disparut en 2004. 

N’en fais pas là une raison pour te culpabiliser d’avoir fréquenté un intervalle troublant, d’avoir été rompu ou de te trouver dans un pétrin. Fais-en une méthode d’attirer des circonstances améliorées pour toi et les tiens.

Transformons ce que nous pouvons pour le mieux et expirons en tentant de changer ce dont nous nous présumerions incapables. Au diable « patienter avec ce qu’on ne peut pas changer ! » N'accepte rien de moins que l'excellence particulière et la somptuosité communautaire. Prends des grands risques, aie du cran et aime sans crainte. Rappelle-toi les propos du Révérend Jesse Jackson et « Raviver l’espoir ! » 

Chacun doit être assoiffé, abreuvé et soul de la paix de Dieu. 

 

Politique la 6e et demi : Rire davantage. 

Des maîtres de rires devraient inaugurer des rencontres formels et spontanés ; les initier en public pendant des cérémonies formelles et en privé lors de fêtes particulières. Ha, ha, ha, ha ! Gandhi fut si sévère, nonobstant sa bonne humeur continue ; toi, déborde de rires. Le rire est approprié dans toutes sortes de situations que l’on n’admet pas. C’est une autre clef de passe au miracle. http://www.newyorker.com/online/blogs/newsdesk/2010/08/video-laughter-yoga.html

 

Politique 6,75 : Pleure d’honnêtes larmes quand le rire ne vient plus. 

 Te repentir et transformer l’ensemble, du fond de ton âme jusqu’aux fins-fonds de l’univers.

 

Politique-les 7e & 7e et demi : Saisir le rôle principal si l’acceptant bien, sinon t’ôter du chemin.  

Le texte d’Apprenti est en grande partie rédigé pour des chefs à venir. Quiconque honorera sa passion mènera dans cet enclin. 

Jusqu’à présent, des gens d'énorme profondeur d'esprit, de grand cœur et de sagesse exemplaire se sont retirés en dégoût de la gérance du monde, bien qu’elle ait toujours été leur obligation naturelle. Ils doivent reprendre la lutte et nous remettre sur la bonne voie abandonnée. Nous les nécessitons tous : hommes et femmes partout, aussi bienfaisants qu'ils peuvent devenir, en amélioration constante et coopération massive. La dictature de la compassion exigera de la coopération mieux appuyée. Ceux supérieurs doivent gagner droit de passage à leur passion. 

L’ère est venue et partie de sainte contemplation et de non-intervention lettrée ; il est l’heure de descendre de la montagne au dos du bœuf de la sagesse (selon le Tao.)

Aux esprits moins doués, (orientés ailleurs) ôtez-vous du chemin ! La contestation de cette gérance ne parvient qu’à perdre du temps qui ne reste plus à perdre. Autrement, aux ordres de la mentalité d’armes et à défaut de mieux, la plupart des rôles principaux sont brutalement saisis par des malveillants officieux. Il n’y a que des individus de moralité pourrie capables de justifier, dans la sournoiserie de leur médiocrité, les contradictions tarées de la mentalité d’armes. Ils sont les seuls à se contenter, eux et leurs exigences triviales, d’une récompense si piteuse.

La seule chose qui puisse améliorer la direction moyenne, c’est l'exemple transcendant de chefs remarquables à chaque palier. Etant donné le fourmillement actuel de mauvais modèles de rôle, ce n'est pas difficile de saisir pourquoi nos chefs font la queue autour du bloc de rue pour enregistrer leur faillite morale.

La terre en armes n’est qu’un rapiècement de mauvais quartiers mal régis par des chefs de guerre. L’humanité doit la transformer en Eden sous la gérance de chefs de tribu les plus honorables que nous puissions trouver. Le salut militaire est rendu aux galons plutôt qu’à celui les portant ; la salutation politique doit l’être aux individus exceptionnels plutôt qu’à leur placement, fortune ou statut social.

 

Un chef solitaire ressemble à la proue d'une barque moins sa quille et sa coque ; l’ensemble est toujours plus fort que ses composants. Apprenti fait appelle à ceux qui ne souhaitent pas mener autant qu’à ceux qui le veulent. 

Le prolétariat d'info cultive son élite sur demande, un peu comme une colonie d'abeilles, sa nouvelle reine. Alors que les prolétariens d’info soutiennent leur élite actuelle, ils doivent aussi bien élever un complément varié de proto élites. Elevons les meilleurs chefs que nous pouvons repérer et portons-les en triomphe dans la salle de ville. 

Condamner la gérance actuelle, ce n’est que demi-mesure. Quiconque se satisfait de si peu, abdique sa prise de décision aux autres et à leur mauvaise interprétation de son malheur. Si l’on ne souhaite pas mener, soit ; on doit chercher ceux qui le peuvent, trouver ce qui les motive et s’ils sont capables d’aimer et d’être aimés sans crainte, les soutenir et les inspirer à satisfaire leur devoir, puis vérifier leur droiture. Veiller sur eux, les corriger quand ils s'égarent et insister qu'ils fassent mieux. Sinon les remplacer avec ceux préférables.

 

Politique-les 8e et 8e et demi : Etudier Apprenti, devenir Apprenti. 

Lis ce texte. Familiarise-toi avec, traite de ses propos et démêle-les là où ils ne tournent pas rond. Trouve des meilleures alternatives et envois-les moi pour incorporation ou remplacement céans. Fais publier tes meilleures idées indépendamment. Parle aux autres, d’idées exposées dans ce livre, et découvre ce qu'ils en pensent. Identifier crimestop et l’affronter. Défie la mentalité d’armes dans tes propres pensées et tes ronds journaliers de conversation et d’Apprentissage. 

 

Politique la 9e : Satyâgraha. 

Saisis la victoire mutuelle. Trouve ce que les autres nécessitent, sache ce dont tu as besoin et fais paraître les deux. Pratique la règle d'or avec tous y compris toi-même. Si tu ne t’en souviens pas, trouve-la et mémorise-la. Comme tout ce qu’il y a de mieux dans la mentalité paisible, elle fait partie de l’héritage de toutes les langues et cultures. Je te la répète ici : 

Fais aux autres comme tu souhaites qu’on te fasse. 

Avec cette stipulation : que tu sois toujours attentif aux besoins des autres, qui peuvent différer des tiens.

 

Politique pas la 10e : N’ai pas d'enfants à moins de le devoir.   

C'est simple. Des couples qui n’ont pas d’enfants ou un seul ajoutent aux Apprentis ; ceux qui en font deux se reproduisent ; ceux de trois ou plus produisent des guerriers et des génitrices de guerriers en série. Ceux qui inséminent et fuient, et celles qui sont rendues enceintes et se tapissent, produisent la progéniture qui doit être sustentée avec toute la force du monde paisible. Aucun enfant ne sera abusé sans réparation immédiate au monde paisible, à la différence de la terre en armes. Des abus par-ci deviendront une disgrâce inédite par-là.

Nous avons été traumatisés par la mentalité d’armes, intoxiqués par sa violence et sa contre-vérité. De façon perverse, ces terreurs nous ont semblé avantageuses. Nous pouvons exorciser ce cauchemar collectif en coupant en deux le nombre de naissances humaines plusieurs fois dans les décennies à venir. 

 

Politique la 11e : Apprends ! 

Nous sommes tous des Apprentis, l’avons toujours été et le serons pour aussi longtemps que nous errerons ici-bas sur terre. 

Un aéroport jongle des avions et des voyageurs ; le tout révolue autour de leur transition. Les êtres humains sont construits pareillement, pour apprendre. Quant à l’humanité, chacun de ses besoins et désirs et chacune de ses aspirations et frayeurs se réunissent dans l’Apprentissage. Celui-ci ne s'augmente pas dans le luxe ni ne diminue en pénurie. Le matériel et l’esprit l'absorbent également. La pratique du bien et la souffrance du mal sont des scénarios comparables d’Apprentissage ; la naissance et le trépas, parmi ses leçons les plus instructives. Vis pour apprendre et apprends à vivre.

Une fois l’idée saisie que l'apprentissage du refrain de l'ADN justifie bien chaque moment passé sur cette belle planète affligeante, (telle que révélée dans Le serpent cosmique ainsi qu’en Jean 1 5 et Genèse XXVIII 12 dans la bible, parmi d’autres) tout le reste prendra sa place légitime dans l'ordre des choses. Peu importe quel destin nous attend, nous retiendrons toujours l'option de bien mourir et de réincarner dans la vie du Christ. Une fois ta croyance amarrée à ce quai, personne ne pourra la remettre à la dérive.

 

Politique-les 12e, 12e et tiers et 12e virgule six, six, six… : creuser des étangs, cultiver du sol et planter des arbres et des haies. 

 

Des étangs artificiels de petite profondeur sont des aimants naturels pour de la terre arable aéroportée, du pollen et des sédiments érodés. En tombant en déchéance, des plantes aquatiques se rendent en engrais parfait. Des déchets de domicile et de jardin sont plus utiles, une fois fermentés en méthane et terre arable, à condition que les demeures restent propres et salubres et que ces déchets soient tournés de temps en temps pour permettre leur levure oxygénée et prévenir leur pourriture anaérobique en cendres d'incinérateur et liqueurs de décharge d'ordures : le produit industrielle aujourd’hui.

 

Les technicités de la régénération du sol amorceront bientôt une renaissance de nouvel âge qui compensera des milliers d’années de négligence et d’abus officiels.

Selon le livre de Krisin Ohlson, The Soil Will Save Us: How scientists, farmers, and foodies are healing the soil to save the planet, (Le sol nous sauvera : Comment des chercheurs, des fermiers et des gourmets guériront la terre afin de sauver la planète) Rodale, Inc., NY, NY, 2014 ; l’agriculture soi-disant bio peut élever le même volume de récoltes que celle industrielle, de façon plus renouvelable (sustainable) et à moindre coût (avec moins d’entrés chimiques et mécanisées. En théorie, le CO2 en surplus que l’humanité produit chaque année peut être incorporé dans de sols de haut Carbone très fertiles. Leur restauration comprendra quelques procédés de base permettant de nombreuses perspicacités et innovations avec de fort dur labeur.

Cesser d’ajouter des fertilisants, des pesticides et des herbicides en gros sauf de manière temporaire en localité, avec précision microscopique et au but bien défini.

L'agronomie sans labourage : ne plus désagréger la terre. Se servir de ses méninges et de la nature au lieu de force brute et de chimies inertes à base de pétrole.

La plus complexe la communauté écologique sur une domaine, le plus élevé le taux de Carbonne dans son sol. Etablir un mélange de couverture végétale tant pérenne qu’annuelle en localité. Soutenir la communauté microbienne sous terre avec la même application que celui dévoué aux troupeaux et aux récoltes sur la surface. Planter des arbres et des haies sur les marges. Soutenir la plus grande diversité génétique de semences précisément adaptées par l’agronomie artisanale aux conditions locales. Se servir de techniques naturelles de contrôle d’insectes nuisibles et de fléaux. Les pratiques de monoculture industrielle et de bétail encellulé en enclos statique sur un terrain autrement ruiné, ce ne sont que des manifestations de bêtise suicidaire.

Diriger des troupeaux sur des champs en jachère : soit des animaux d’exploitation entre des petits enclos mobiles, soit des herbivores sauvages braqués, pressés et concentrés par des carnassiers à travers des terres extensives. Tu souhaites beaucoup d’empreintes, d’urine et de fumier par terre, mais seulement le quart de la couverture végétale rongée avant que le troupeau ne passe ailleurs. Planter une diversité de moissons sur le terrain que le troupeau vient de piétiner.

Il se trouve que l’ancienne technique agricole « abattre et brûler » peut-être remplacée par celle plus pensive, appelée terra preta. D'après elle, des tas de flores peuvent être abattues et laissées couver, recouverts de terre ou de foins. Cette brûlure anoxique, appelée biocarbonisation (biochar ?) séquestre des grandes quantités de Carbonne et d’éléments de trace, qui, semés aux terroirs pauvres et blêmes, les rendent en semblables foncés et gras de façon quasi miraculeuse. Au boulot !

Des champignons peuvent augmenter le volume du sol et améliorer sa qualité au moyen de la mycéliation (l’infusion de réseaux de fils à travers le sous-sol), le donner, la désagrégation et la propagation. La première étape rend structure au sol, concentre les minéraux et applique contrôle sélectif aux microbes ; le donner nourrit des bêtes de passage tant grandes que petites, accumulant ainsi leurs déchets, pollen et graines ; la décomposition alimente des communautés de plantes et de micro-organismes. L'application d’adresse humaine peut accélérer ces étapes. Et puis, au meilleur cas, ça se mange bien sauté au beurre et à l’ail !

Célébrer chaque fête locale en plantant des haies, des arbres, et des arbrisseaux hardis dans ce climat et natifs de cette localité. Coaliser avec ses voisins pour propager des nouveaux bosquets, parcs, vergers et forêts. Planter des arbres le long des lignes de démarcation biologiques décrites dans ce texte, encore plus d’arbres et de haies ! Obtenir que des politiciens promettent de planter davantage de forêts : une promesse que même nos politiciens vendus peuvent honorer. 

Je répète : la communauté micro-organique du sol doit bénéficier de la même attention au détail et des mêmes soins de la part de fermiers et jardiniers que leur récolte sur le champ. 

 

Politique la 13e & bienheureuse : Cultiver notre jardin. 

Laisse-moi te citer la dernière ligne de Candide par Voltaire : le chef-d’œuvre d’un de mes maîtres d'enfance et pionniers de science-fiction.  

« Cela est bien dit, répondit Candide ; mais il faut cultiver notre jardin. » 

Chaque jour, des milliers de pièces de rebut voguent légères sur les rues de notre quartier pauvre planétaire. Notre terrain du devant est un amas de litières et de verres cassés qui nous prendra un bon bout de temps pour déblayer. Entre ces couches gisent encore plus de haine, de frayeur et de douleur psychique. Une fois ces ordures ôtées, on dispose d’un terrain vague et d’une nouvelle décharge quotidienne. Que faire ? Tout abandonner ? Endurer dans la crasse ? Gémir de réduction de marges de bénéfice ? S’abandonner aux demi-mesures à demi-réconfortantes ? 

Jamais de la vie ! Chaque jour, tant que nos cœurs tiennent le coup, nous retirerons ces saletés. Leur ampleur importera peu. Nous le ferons repousser, ce jardin, le sèmerons, l’arroserons et le soignerons avec tendresse. Nous planterons des arbres et des arbrisseaux et les soignerons de même. Avec un peu de veine, les meilleurs de nos voisins nous imiteront, attirés par notre exemple. Dès que ces lieux minables se muteront en jardins resplendissants, notre voisinage répugnant se rendra en espace vert digne de notre affection. 

Accru un peu, c’est précisément ce que l’on doit accomplir à travers la planète. La mentalité d’armes, traînée dans la lumière du jour, sera jetée aux ordures comme du chiffon pourri. Des tergiversations de fausse économie ne seront plus reçues.

 

Politique XIV : Jeûner quand c’est convenable.

Dès qu’en conviendrait un Apprenti guérisseur digne, sens-toi libre de t’abstenir de nourriture solide, que ce soit pour une journée par semaine, un jour tous les quelques mois ou aux conjonctures particulières. Abreuve-toi de liquides salubres et casse-croûte quand cela te convient, sans remords. 

Les Apprentis doivent se rendre intimes de la faim, en être si familiers qu'ils ne la permettront à aucun étranger dépourvu, ainsi qu’ils en épargneraient les membres de leur famille. 

Cette politique ne s’applique pas aux enfants et aux jeunes gens qui doivent manger quelques fois par jour pour grandir forts et futés. Cette forme d’abstention n’est propice que pour des adultes. 

 

Politique XV : Renverser la polarisation sentimentale entre les armes et la paix.

Selon Roland N. Stromberg, dans La rédemption par la guerre : Les intellectuels et 1914, presque tous les Européens furent emportés par des sensations comparables quand la guerre débuta, peu importe leur origine.

L’exaltation, l’éveil spirituel, la transformation, l’affranchissement des petitesses et des mesquineries ; surtout la montée subite du consentement qui réunit des individus de toutes sortes : braves gens et intellectuels, ceux de droite et de gauche... Le mysticisme de l'union sacrée, l'extase de la communauté récupérée, l’union des cœurs, l'appel au rassemblement de l'empire, l'ardeur ravivée, le renouveau de la force et du courage, la camaraderie, l’esprit de la discipline et du sacrifice. L’extase révolutionnaire en vue d’épurer à grands feux un monde complètement corrompu. La révolte contre une société rationalisée et mécanisée, et l’évasion d'un certain incident malencontreux. Être rattrapé par quelque chose de monumental et d'importance historique. L’émancipation sexuelle des guerriers. Le rendement au silence provisoire de ceux opposés à la guerre et leur amortissement permanent. Une fièvre. La sauvegarde du christianisme (soit ta religion préférée.) Cette force physique chargée d’énergie morale, elle s’approche à l'amour. La guerre mène au sentiment religieux d’apocalypse, même parmi les antireligieux. L’abandon de l'internationalisme et de l'objectivité scientifique ; le triomphe des émotions par-dessus la raison. La poursuite de l’héroïsme, de la noblesse et de la générosité ainsi que l'aventure, le danger et même la mort. Les impératifs de la solidarité et du sentiment de parenté, la recrudescence de consonance entre l'individu et la nation entière ; la camaraderie des tranchés. La guerre martèle le monde en nouvelles formes ; elle dit vraie à l’existentielle. L'ennemi et le danger au combat se rendent suprêmement véritables. Par contre, la paix semble abstraite au point de dépouiller l'individu de son identité. L’unification fondée sur quelque chose de très simple : l'ennemi commun. L’immersion des minorités patriotiques dans le fleuve primaire, harmonie sociale, solidarité, justice distributive et salut par la souffrance. Les anciennes raisons pour la guerre inclurent la nécessité, le devoir et la justice ; en 1914, celles « nouvelles » sont devenues le renouveau, l’aventure et l’apocalypse. 

Du moins jusqu’à ce que le massacre de masse ne se soit rendu sérieux, de là quelques semaines et sans arrêt pour des années à venir.

Les citoyens américains ont ressenti la même chose après l’onze septembre. Stromberg déclare que les soldats en première ligne retiennent ces sentiments plus longtemps que les civils d’arrière secteur qui réintègrent beaucoup plus rapidement l'aliénation ordinaire en temps de paix … Ce qui peut expliquer pourquoi beaucoup de combattants ont tant de mal à réintégrer le monde civil dont ils ont perdu contacte après s’être trempés dans le creuset de la guerre. 

 

Il appartiendra aux Apprentis de transformer la terre en armes dans le monde paisible par la même sorte de campagne militante pour laquelle les êtres humains semblent encablés. Ils amplifieront le monde paisible en se servant de sentiments analogues, représenteront la guerre comme l’ultime formule d’égocentrisme, de rabais spirituel et de discorde (« C’était lui ou moi ; eux ou nous. Les fins justifient les moyens. C’est moi qui commande ici, va mourir. ») Ils exalteront la paix en parfaite sincérité et ne laisseront aucun non-dit quant à la guerre. 

Cet exercice spirituel sera très coriace. Les Apprentis devront empoigner la droiture de leur cause, raffermir leur conviction de par leurs études et persuader les autres par la pureté de leurs actions. La moindre trace d'hypocrisie, d’hésitation et de faiblesse dans le renversement de ces sentiments rendra discrédit au monde paisible.

 

Politique XVI et surtout pour les petits : Protéger leurs yeux et leur peau !

Alors que tu lis ces mots, la couche d'ozone s’effile et le soleil lui-même adopte un air fatalement désapprobateur. Les habitudes de la vie en plein air, autrefois davantage salubres, n’offrent plus rien que le cancer de la peau et l’aveuglement prématuré.

STP, assure-toi que tes gosses portent de bonnes lunettes de soleil et un chapeau ombré quand ils vont dehors, et le plus souvent une chemise longue et des pantalons longs ! Ils te remercieront après, de tes intrusions agaçantes, quand leurs contemporains deviendront des aveugles prématurés et cancéreux de la peau entre les deux âges. 

 

Politique la 17e et quelque : Le nez, c’est pour respirer ; la bouche, pour manger et discourir.

L’Oxygène est une drogue d’addiction à cent pour-cent fatale  : les déchets de plantes et de cyanobactéries, semblables à l’alcool. Le corps humain fut conçu pour en consommer le minimum nécessaire, l’inspirant peu à peu par le nez. A moins de s’exercer à la course à pied ou à une autre activité vigoureuse, on en prend beaucoup trop en respirant par la bouche, ce qui diminue la vitalité humaine et sa pensée, de façon cumulative . 

Les voies nasales sont souvent étroites dans la figure caucasienne et nous forcent parfois de respirer par la bouche. Cette faiblesse raciale doit être résistée. Si tu t’attrapes à respirer par la bouche, mets-toi consciencieusement à respirer par le nez. Si beaucoup d’Apprentis se mirent à respecter cette simple règle, de nombreuses sottises diminueraient en proportion, ainsi que beaucoup de vieillissement prématuré d’organes corporels, surtout ceux en contact direct avec l’air respiré : poumons et voie digestive, aussi les yeux et le cerveau, qui saisissent de façon réflexive davantage d’oxygène qu’ils ne nécessitent quand ils en trouvent l’opportunité. Après tout, tu es en train de respirer par la bouche (n’étant essentiel dans la nature qu’en cas d’urgence) cela doit donc leur exiger un surcroît de concentration et de vision au coût de décrépitude en aval du temps. A longue échéance, trop d’oxygène est presque autant nuisible que pas assez.

 

Politique XVIII : En mourant, prends-moi des nouvelles de Jésus.

Je t’invite à réincarner dans la vie de Jésus. Y apprendre ce que tu dois pour être sauvé. Te dégager, lors de Son agonie, de la Roue du désir et de la mort, et intégrer aussitôt le paradis en Sa compagnie.  

Ainsi cuirassé dans la vie et n’ayant plus rien à craindre, on doit bâtir le monde paisible. 

 

(Retour à l’onzième politique.)

 

C’est bien, ma sœur chérie. Cela résume mon point de vue pour le moment. Tu as créé des tas de choses d’élégance spontanée et de grâce à merveille, sans grand encouragement. Tes réussites surpassent celles d’autres dont j'ai témoigné. Tu as élevé tes enfants du mieux que t’as pu ; ils grandiront donc aussi bien qu’ils peuvent. Espérons que nos descendants, tant ceux spirituels que de souche, prospéreront au-delà d’imaginer.



 

- EST-CE TROP TARD ?

 

« Toutes les stratégies de la vie ont leurs avantages et désavantages. L’avantage de l’approche exploitrice-expérimentale est évident. … Nous manipulons l'environnement directement de façon à assurer notre multitude et ubiquité, notamment dans l'affermage. L'importunité de cette approche exploitrice-expérimentale est également évidente. L’exploitation est … capable par définition d'inviter des conséquences imprévisibles. En revanche, rien n’entrepris, rien obtenu. … »

« Pourtant la fête est certainement conclue. Voici certes un temps singulier dans l’histoire :  celui décisif. Il y a dix mille ans, les premiers fermiers à plein temps ont été absolument prêts à surexploiter (on le constate dans l'érosion antique du sol) mais ont néanmoins pu percevoir le monde comme une ressource illimitée. Restaient à découvrir des continents entiers … [A présent] chaque point fertile a été creusé. … Les fermiers peuvent en débattre les détails : peut-on alimenter dix milliards, … une vingtaine ou une trentaine, pourvu que l’on y applique bon entendement ? Mais aucun individu raisonnable ne peut sérieusement douter que le poteau de fin de course ne soit arrivé en vue. ... »

« En bref, l’attitude si propice depuis ces derniers dix mille ans, qui nous permit de nous hisser aux cimes de manière inexorable quoique capricieuse, elle a simplement manqué d’à propos. Malgré tout, nos sciences économiques se sont adaptées à l’approche exploiteuse-expérimentale, ainsi que nos systèmes politiques. »

 [Nota : voici où l’auteur et moi divergeons. Les systèmes sociaux se sont dévoués de façon conservatrice aux habitudes et bornes du passé. Depuis des millénaires, on a interdit l'expérimentation dans n'importe quel sujet hormis en améliorations marginales de l’exploitation illusionnée « trouver de grands profits bientôt en épuisant quelque chose de précieux mais considéré “gratuite” parce car insuffisamment défendue par la nature. » L’exploitation irréfléchie a prédominé sur l'acceptation à chaque palier. Son modèle d’antagonisme entre l’exploiteur expérimental et le conservateur accepteur, se mute dans la mienne d’exploitation traditionaliste prédominant sur l'acceptation expérimentale, du moins jusque-là.]

 « …Ce ne doit être sûrement pas le cas que l’unique recours "réaliste" soit de se précipiter pêle-mêle dans le désastre ? N’est-ce que de cela que se disputent des gens pondérés et sobrement affublés? … » Colin Tudge, The Time Before History: Five Million Years of Human Impact, (Le temps avant l’histoire : Cinq millions d'années d'impact humain) Scribner, New York, 1996, p. 342.

 

L'humanité a-t-elle temporisé trop longtemps pour se sauver ? Les transformations à entreprendre, soit à quel point bien étudiées, ne pourraient-elles représenter que la pose d’un petit pansement sur une fracture à branche verte qui gicle du sang artériel ? Gaia se pouffera-t-elle et nous fera-t-elle fi de nos efforts, comme un ours grizzly noie ses puces pendant la saisi de son prochain saumon ? Figurerions-nous comme de simples dinosaures bipèdes au cerveau de rénovation dérisoire : moins dignes qu’eux de distancer leur survie de millions d’années ?

 Réponses brèves : 1) probablement, 2) peut-être pas, 3) et alors ? 

 Tout d'abord : probablement.

Soit que la civilisation se dégage ou non de son prochain assortiment de défis, ses membres changeront au-delà du rappel. Cette transformation pourra se prouver contemplative, bien observée et propice au bien commun ; sinon chaotique, anarchique et attentive à la survie particulière aux dépens de tous. Nous pourrions prospérer en tant qu’individus et nations, notre hypocrisie jetée de côté pour révéler les êtres authentiques que nous sommes devenus en leur absence ; sinon acquiescer à devenir des bêtes meurtries et prises au piège, uniformément périlleuses. Dans ce cas ou dans l'autre, cette adaptation sera encore plus définitive que nos rêves et cauchemars actuels. 

Nous évoluerons au-delà du reconnaissable avec toutes nos communautés. Nos successeurs nous observeront du revers comme des êtres de mythe : ou des figurants de prodigalité vile ou d’enviables modèles de rôle de stabilité continue et de prospérité sans égale. 

« Figure-toi ça ! Ils se tapèrent des douches d’eau chaude plusieurs fois par jour s’ils y tenaient ! Leurs appareils électroniques furent ingéniés pour gaspiller de l’électricité une fois éteintes ! Ils ne marchèrent nulle part, mais prirent chacun sa bagnole d’une tonne au lieu, partout ils allaient. Leurs demeures furent bourrées d’engins et d’outils inactifs dont personne d’autre ne pouvait se servir ! » 

Ils pourront nous considérer comme des enfants gâtés, permis de démolir le magasin de jouets, comparés à l’austère intendance du monde à laquelle ils devront se résigner, fiers de leur sacrifice. En revanche, nos pires massacres et fléaux pourront leur sembler comme la sournoiserie d’une brute de recrée, comparée à l’hécatombe d’armes hyper-technologiques que peu d’entre eux ne pourront survivre ; nos primitives technologies paisibles, leur sembler bizarres comparées soit à leurs hyper technologies de nano et de biomime, soit aux anciennes et fangeuses solutions de rechange auxquelles ils devront recourir, soit aux deux. 

Après avoir survécu des éons d’épreuves létales, l’être humain naît et vieillit conservateur (vous autres, les solitaires qui protestent votre activisme progressiste, vous dupez-vous ) : « Je ferais seulement ce que firent mon père et son père avant lui — seulement un peu mieux, pourvu que je m’en sorte. » 

Contrairement aux jeunes adultes et même ceux d’entre les âges, presque tous les changements sont pour le pire pour des vieillards comme moi. Comme dit quelqu’un : la vie offre tout à la jeunesse et reprend le tout des vieux. Alors, à quoi s’en attendre sauf leur conservatisme rotulien ?

 

A la première rédaction de ce chapitre, j’écoutais un débat télévisé de la campagne présidentielle de 2007, entre dix candidats remplaçants Republican de Bush le moindre. Aussi, le récrivant en 2011 et en 2015, d’autres clowns racistes qui cherchaient à remplacer le Président Obama dont ils se supputaient supérieures : donc rien de signifiant n’a changé que pour le pire. Leur manque d’esprit m’ahurit. Aucun n’a prêté attention aux transformations au point de nous submerger. Plutôt furent-ils davantage enclins à reconstituer l'Amérique en simulacre des années 1920 avant le Crash, voire la baronnie du vol des années 1870 ; comme si de tels destins pouvaient à jamais être réanimés. Bien que le raz de marée de la transformation, se hissant en crête par-dessus leur tête, obscurcissait leurs notes truffées de clichés, ils l’ont ignoré, comptant sur les voix infantiles et surtout les dollars d’intéressés en leur faveur pour la simple raison qu’ils ont refusé d’y prêter attention et ont fourni ce luxe mortel à leurs supporters. Ceux-là et ceux-ci dupés seront emportés par cette transformation, comme des enfants noyés en mer car fatalement attirés par le retrait initial de la lame de fond. 

Si seulement nous avions entrepris cette transformation auparavant, quand tant plus de ressources nous furent disponibles ! 

Une poignée d'idéalistes sionistes émergea de la première sic guerre mondiale, partageant le rêve de reconstruire la Palestine antique en une nation aux technologies de pointe et la corbeille à pain régionale. Si seulement cette poignée de juifs avaient été la masse des Apprentis de chaque ethnie, nation et religion, exaltée à l’idée de transformer le monde entier en dynamo technologique et jardin d'Éden ! Pour la plupart, ils ont dû être évacués les pieds en avant lors de guerres intermédiaires. Si seulement le Président Roosevelt eut tenu bon pour encore dix ans après la deuxième sic guerre mondiale ! Son rêve de gouvernement unimondial aurait pu prendre prise et nous aurions pu devenir une seule tribu florissante au monde paisible. 

Rends-toi compte des fortunes d'énergie, de perspicacité, de ferveur, de discipline et de dévouement requises pour assassiner plus qu’une demi-centaine de millions de morts de guerre, blesser trois fois plus, transformer une dizaine de fois plus en réfugiés, détruire la demeure de cent fois plus ! Imagine cette frénésie d’effort consacrée au monde paisible et ses avantages mutuels au lieu. Pense aux stades sportifs débordants de carburant gaspillé pour pousser au large des sept mers des porte-avions, des cuirassés, des sous-marins et des flottes de transport ; remplir les cieux d'avions meurtriers pour brûler au raz des villes sans compter ; camionner des villes entières de soldats, leurs armes et leur matériel en deux sens à travers l'Europe, l'Asie et l’Afrique du Nord ; charrier des millions autres innocents aux fours, goulags et terrains de massacre. Pense à cette incroyable fortune gaspillée en carnage futile ! 

Selon l’opinion majoritaire, les progressistes doivent être ignorés. La transformation est périlleuse par définition. Ce semble plus rassurant dans l'ensemble de maintenir les choses telles qu’elles sont. Les seules transformations saisissantes que nous tolérons sont ceux au compte de la guerre. N'importe quelle proposition paisible à cette ampleur doit être inacceptable. 

Repensons ça ! 

De temps en temps, des circonstances transitoires tordent le statut quo au-delà de l’inclinaison de ses fans d’y faire face. Une fois que les affaires se rendent à ce point désespérées, ils sont capables de recourir au changement vigoureux, mais tant à contrecœur ! Bientôt, ils endureront presque n’importe quoi pour reprendre les anciennes manières d’ores et les beaux jours d’or. 

La tendance de chaque révolution dans l'histoire humaine a été de reprendre les anciennes routines à l’instant que celles neuves ont confirmé leurs inconvénients en propageant de pires désastres. On a toujours réintégré la vieille ordonnance, (par exemple, en permettant à l’ancienne monarchie royale de récidiver en monarchie corporative moderne, son image d’iniquité en miroir) soit à quel point périmée cette réintégration puisse paraître. Quand la nécessité de transformation frappe à la porte, ce conservatisme inné peut nous condamner à mort. 

 

En second lieu : peut-être pas. 

Ces défis semblent tant insolites à excéder nos compétences ; mais nos tentatives de les parer peuvent nous prêter une adresse inédite au lieu de la paralysie hystérique. Nous tournerons le dos aux hantises triviales de la culture actuelle et nous concentrerons sur de vrais problèmes qui, une fois honnêtement adressés, pourront se rétrécir aux dimensions sensibles et s'avérer beaucoup plus résolubles. Quand la résolution de problèmes initiaux nous soulagera, l’accélération de réussites pourra se pousser au décollage. En nombres croissants, nous pourrons saisir le bœuf par les cornes et voltiger en exaltation pardessus ses épaules puissantes ; moins d’entre nous, pirouetter autour de chaque nouvel élan en approche, comme des matadors apprêtant leur coup mortel. 

Qui plus est, nous pourrions ne pas être les seuls à entreprendre cet effort. Des forces peuvent couver juste par-delà de notre entendement : des alliés invisibles et des amis non reconnus. Ce pourrait être des agents humains éclipsés jusqu'ici, ou des êtres en outre de notre discernement. Quelque chose dans l'univers semble favoriser la vie et nous-mêmes par extension. Appelle ça Dieu, OVNI, ce que tu voudras : une réinterprétation bénigne de La guerre des mondes par H. G. Wells : « des intellects vastes, cool et [sympathiques]. » Le cour de miracles pourrait patienter au seuil de notre porte, en attendant que nous tournions le dos au déterminisme scientifique – infidèle et uniquement selon nous-mêmes – et ses échecs cycliques. 

Qu’est-ce qui nous offrirait un tel miracle ? Quelles transformations entreprendre ? J'ai essayé d’en dévoiler quelques-unes ici. 

Nos premières rénovations peuvent être spirituelles plutôt que de la sorte de haute technologie. La menace à laquelle nous faisons face peut empoisonner nos sciences et technologies dans l’absence d’appuis psychiques que nous ne saurions encore admettre. Nos convictions religieuses peuvent s'avérer désuètes ; rigides et impitoyables les approches courantes à l'esprit et à la transcendance. Nos dirigeants religieux pourraient se présenter comme des imbéciles sinistres accroupis en sépulcres blanchis, voire des monstres institutionnels (Abuseurs d’enfants en série ? Protecteurs de nazis en fuite ? Asservisseurs de la femme ?)  Des sages jadis ignorés pourront les remplacer d’un pas en avant. Nous pourrions lancer une révolution morale aussi innovatrice que celle industrielle, celle spirituelle aussi éclatante que celle scientifique. L’empathie et la coopération des Apprentis peuvent remplacer la cruauté officielle de l’individualisme compétitif ; l’humanisme global du monde paisible, le national-capitalisme ubiquitaire et ses guerres inévitables.

 

Enfin : et alors ?

L'humanité aurait pu se condamner avant-même d’entamer cette transformation au sérieux. Tels que durant mes pénibles réécritures d’Apprenti, nous nous serions peut-être trop longtemps attardés . 

Et si nos transformations entamées ne parviennent pas à retenir notre malheur collectif, mais seulement l’aggraver ?

Ceux qui ont bloqué cette transformation en priorisant leurs gains à court-terme peuvent nous anéantir pour nos peines, tel qu’ils l’ont réussi si souvent auparavant, puis démanteler l’ensemble pendant l’orgasme d'omnicide que leurs victimes ont apprêté si résolument. La civilisation humaine pourrait se figer comme un jouet de remontage tourné trop vigoureusement dans le mauvais sens. 

Et alors ? 

Ce dont nous avons le plus grand besoin à présent : l’idéalisme, l’espoir et l’héroïsme ; des nouvelles idées, des élégances inédites et des innovations sans borne. La médiocrité conformiste nous déshonore avec la mémoire de ceux noyés dans son sillage. Si nous n'entreprenons pas cette transformation par pur pragmatisme, pour des simples raisons de survie, nous le devrons simplement pour sa gloire. 

S’accroupir dans la médiocrité d’intérêts et trébucher sur les corps de ceux éliminés par notre incompétence et indifférence : c’est simple de cerveau, facile de muscle et entièrement dépourvu d’honneur : l’ultime aspiration des politiciens Republican partout au monde. Cela n'implique aucun sacrifice de soi ni appel au génie ni épanouissement de l’imagination ; seulement la plainte de soi obstinée, la prétention aux droits jamais mérités et l’affirmation d’exceptionnalisme sans aucun sens.

Tendre le bras vers quelque chose de préférable, quoique certifiée impossible, peut-être si magnifique qu’elle perche juste au-delà de notre prise : Ah ! Cela serait digne de nos talents et de notre honneur. 

 

Désormais, chaque nouvelle temporisation rendra davantage difficile la réussite de cette transformation : plus risquée et moins probable. Chaque mois gaspillé en pesant nos options la rendra encore plus périlleuse. Le plus de temps laissé passer sans agir, la plus désespérée sera notre tâche d’en venir à bout. L'alternative la plus hasardeuse à ce moment, c’est ne rien faire et attendre assis sur nos main les conséquences de n’avoir rien fait. 

 

Eh, toi ! Est-ce trop tard pour toi ? 



 


- CONCLUSION –

 

« Il est difficile de faire comprendre quoi que ce soit à quelqu’un quand son salaire dépend de ne pas le comprendre. » 

Citation d'Upton Sinclair, prise de la rubrique de Mike Mailway, (pseudonyme pour le feu L.M. Boyd) syndiquée dans l’ancien journal The Seattle Post-Intelligencer. Il ne subsiste plus chez nous que le Seattle Times, qui escamote la politique progressiste en battant du tambour pour des Republicans invendables et leurs politiques de vendus.  

Je te prie de parcourir « L’Avenir » d’abord. 

D’une manière ou d’une autre, une ère sinistre grince à sa fin. Des directeurs d'armes ne peuvent plus tirer profit de la guerre … même faux profit. Ce temps est révolu. L’énergie gaspillée naguère en célébrant des mythes d'armes ne peut plus être considérée excédentaire. Il ne reste plus d’excuses pour l’ignorance réflexive, la pauvreté faite exprès, le désastre stimulé, l’injustice autorisé et le surpeuplement à base de dogme : les usages sociaux de loin les plus coûteux. Ceux de rechange nous rendront moins de souffrance et davantage de profit ; encore mieux, elles tariront la mauvaise volonté qui nous infecte.

 

Nous les terriens consumons environ 151.600 litres, ou 130,6 tonnes, ou quatre et quelques camions citerne de pétrole à la seconde. Ça ne parait pas si mal, pas vrai ? Multiplie par 86.400 pour chiffrer notre dose quotidienne.  

Il y a une dizaine ou deux d’années, nous nous sommes catapultés par-dessus l’intersection en cime de la demande pétrolière en ascendance et de son rendement en diminution, sans en avoir été avertis par les fonctionnaires. 

L’impulsion inertielle de la terre en armes est trop massive pour être stoppée. Elle nous rend en héros de dessin animé, suspendu au-delà du précipice et moulinant des pieds et des bras pour se maintenir à la hauteur. Il reste peut-être quelques moments pour choisir ce que nous emporterions par-dessus ce précipice. 

On pourrait s’y jeter muni de l’appareil lance-flammes le plus récent qu’ait su fabriquer la terre en armes : la mort hypertechnique du bout des doigts, coûtant fortune et parée à carboniser quiconque ose nous l’arracher. Pourquoi pas plusieurs, puis autoportés à chenilles et lourdement blindées ? Pourquoi pas des régiments de tels ? Cet ensemble rendra de grands éclats et boums quand il s’écrasera au fond du gouffre. Feu d’artifice spectaculaire : de fuligineux tessons de corps et de débris rougeoyants en virevolte tout autour !

Autrement pourrait-on endosser un parachute : soigneusement tissé, de fiabilité éprouvée, empaqueté avec soin et consciemment sécurisé sur nous. S'exercer assidûment pour atterrir en félin comme des secouristes parachutistes experts.

Sans doute nous y jetterons-nous fournis à mi entre ces deux extrêmes : pourvus d’une miteuse parachute d’urgence pour soutenir la tankette lance-flammes en boite à sardines dans laquelle nous écraserons de façon exemplaire, contre l’avis d’experts. 

Si seulement nous nous étions penchés sur la maitrise de ces problèmes aux années 1950s, quand nous aurions disposé de réserves pétrolières suffisantes pour réduire cette chute au poids de plume ! Si seulement un précurseur plus convainquant qu’Apprenti avait été propagé en millions d’exemplaires il y a une génération ou trois ! 

Mais les responsables de la terre en armes étaient trop myopes pour entreprendre le nécessaire et leurs remplaçants n’ont démontré aucune vision supérieure depuis, bien au contraire. Battant des pieds en l’air avec le dévouement de nageuses synchronisées, ils nous ont suffis, sots qu’ils étaient et que nous sommes.

Tendant aux lance-flammes, le sacrifice de l’Autre ; à la parachute, la célébration des Apprentis.

 

Ce n'est pas du simple profit auquel nous aurions du discourir mais, en paraphrase de Mengzi, l’octroi des Apprentis : le devoir d’apprendre et l'humanité du monde paisible. 

Notre avenir est menacé par les pires habitudes de nos sociétés : la présomption d’élites, l’ignorance prolétarienne et notre soumission mutuelle à ces erreurs. Le préjugé, la crainte et l’avarice neutralisent la sagesse ordinaire ; l'ignorance, la paresse mentale et l’isolement particulier court-circuitent le bon sens. 

Apprenti fait appelle à la dictature de la compassion et à la tyrannie de la conscience morale : la contemplation sérieuse de solutions de rechange et leur application immédiate. 

De puissants intérêts privés peuvent retarder cette transformation  (la retardent exprès); ils pourront bloquer (bloquent exprès) des réseaux immatures de communication d’Apprentis, l'Internet en particulier, à coups de n’importe quoi « fake news ». Des élites d'info en rangs serrés de monologue corporatif vendent aux masses des priorités éphémères. Des conspirateurs de convoitise s’accroupissent derrière leurs droits de propriété et d’autres mythes d'armes afin d’outrager sans entrave la commune. 

Quand l’Apprentissage prévaudra, des techniciens d'armes (globalement inférieurs quant à la pratique paisible) seront insatisfaits par leur nouvelle condition de vestige, car souffrant du retrait clinique de tant d'argent, d’autorité et de prestige : ce dernier l’ultime bénéfice des militaires. Des élites de bataille temporiseront, au lieu de se soumettre aux nouvelles priorités de leurs hôtes prolétaires et coopérer avec leurs anciens ennemis, sauf pour promouvoir des dégâts supplétifs. 

Les fondamentalistes religieux sont des carnassiers ressuscités en retraite sournoise. Ils ne trouveront aucun appui en Apprenti pour leur déification de soi. Prêchant les contradictions jumelées de bigoterie religieuse et de meurtrissure bénie, ils se maudissent avec tous ceux qui les suivent. Mais ces mêmes individus pourront multiplier les célébrations et réduire le sacrifice, rendre des gens plus heureux et moins belliqueux, et parfaire ainsi leur dévotion à Dieu. 

Pareillement, ceux qui s’exaltent dans la catastrophe, qu’elle soit puisée du livre de la révélation dans la bible,  d'une interprétation rageuse du Coran ou d'un autre texte sacré qu’ils enveniment. Ils ressemblent à un chauffeur homicide d’autobus, rêvant de l’accident incandescent qui consumera ses passagers confiés. Il s’agirait de ne plus embaucher de tels comme nos guides.

C’est avec des miracles éblouissants que l’on devrait s’amuser comme un bébé gloussant parmi ses jouets, non gémir de catastrophes instopables. 
 
 

Toi, activiste révolté ! Suspend ton hypnose à base de raisonnements périmés ; dégage-toi de ta léthargie, de tes préoccupations futiles et du vide véhément que tu as hérité. Epaule au lieu le joug d'or de l’Apprentissage et observe sa luminosité fleurir dans tes traces autant bien que celles du monde entier. 

Nous devons faire sonner le rassemblement, en déroute comme nous sommes devant les forces de la réaction, afin que nos Apprentis compagnons nous rejoignent des fins fonds du monde. Nous qui ne partageons aucune vision hormis nos craintes, formons carré autour d’Apprenti et tenons bons sur cette position jusqu'à ce que l’assaut des ultras ne s’épuise contre le mur de nos corps, et que leurs résultats n’aboutissent en rien de mieux que le pire imaginable (comme d’habitude) ; puis retournons une fois pour toutes à leur encontre avec élan. 

Ce texte propose quelques répliques aux pires de nos problèmes. Attends-toi aux meilleures solutions une fois que des nouvelles coopératives d’abondance animent la créativité des Apprentis et que nos voix s’ajoutent à chaque entretien qu’illumine notre curiosité. Chaque pas de bébé, chaque antinomie résolue gagnera un autre round pour les Apprentis.

Nous devons d’abord vanner notre constellation de métaphores politiques de son contenu d'armes ; seulement alors pourrions-nous nous affranchir du Reich de mille ans de la mentalité d’armes. 

 

Ce texte hèle l’idéalisme réformateur de la jeunesse. A défaut de mieux, appelons-le  « ferveur révolutionnaire. » Ceux modérément raisonnables partagent leur kalotropisme, leur attraction innée au bien. Une fois que nous cesserons de la réprimer, notre conscience morale nous guidera avec certitude. 

A présent cette ferveur reste assoupie, sans voie d’expression. La mentalité d'armes la transforme en exclusivité de prisme, en nationalisme rabique, en chauvinisme, en haine de soi et, somme toute, en intention de devenir soldat. Sous l'emprise de cette déception, le lait de la bonté humaine se caille en exaspération létale. Hypnotisés depuis l’enfance par des experts menteurs d'armes, nous rejetons nos idéaux et résistons au progrès, puis nous demandons : pourquoi ma pièce du puzzle refuse-t-elle de s’imbriquer ? 

La plupart des gens défient ces perversions, du moins au fond de leurs pensées intimes, bien que ce défi se fonde sur vocabulaire désuet, des politiques démodées et des appels faiblards pour de la justice circonstancielle. Suffoqué par des sociopathes, notre esprit libéral, méliorative et atomiseur est tombé en panne. Pour le redémarrer, il faudra qu’une majorité d’Apprentis s’engage partout en coopératives d’abondance. 

Les Apprentis amants du monde paisible transformeront leur idéalisme réformateur en dynamo de transformation sociale. Une fois cela mis en jeu, nous serons en route à la gloire. Etant donné un métier mécanique de connaissance-valeur assez robuste pour retisser la toile à mille rives de la réforme et la fortifier de nombreuses côtes de ferveur révolutionnaire, on pourra réparer le tissu social et retisser son drap de toutes les couleurs, tout ça en une seule génération. 

Des vieilles âmes ont emmitouflé leur conscience contusionnée en moelleux mysticismes et positivismes, en pseudo philosophie et en patacroyances ; elles s’anesthésient par l’abus de drogue, la pathosexualité et le vide de sens compulsif du faux raisonnement de prisme et de mauviette. Nous parcourons des rames de livres et de journaux et endurons des années de télévision qui ne parviennent qu’à souligner notre impuissance et futilité sociale. En désespoir de cause, nous nous adonnons à une succession de dispositifs de dénie : paralysie mentale, inertie fort scientifique, nihilisme post-moderne, fondamentalisme sans fondement, jusqu’à la foi religieuse dans l'impraticabilité du progrès. Nous nous réfugions dans le « cool » particulier, le canular évasif et refus de prendre quoi que ce soit au sérieux hormis notre ego bien gavé. 

Nous ne prêtons plus attention à rien, ces jours-ci, sans que cela confirme nos préjudices et nous emmitoufle dans notre zone de confort. De peur nous rendre en fanatiques, nous rejetons de manière rotulienne chaque nouveauté et inspiration à part celles banales. Nous nous rendons en crédophobes : des névrosés trop « cool » pour ne plus croire en rien. 

La mentalité d'armes gaspille du talent et de l’intellect, elle prise la moiteur de ton « cool. » Toi et ta passion, celle paisible les priseraient pour leur brillance flambant vive. 

Ne compte plus sur aucun avantage de grâce, ni du cru, ni acheté ailleurs, ni appris de livre, sans avoir établi le monde paisible. Cinq millénaires de perfectionnement particulier à l’unilatéral, de sanguinaire aménagement national, de dissidence nulle et du renouveau de culte fanatique, c’est tout ce qui nous reste de l’histoire : un comble aberrant de temps et d’effort gaspillé en vain.

Ces notions démodées ont eu leur meilleure chance de réussir et bénéficié de plus de latitude que ne dicterait la sagesse prudente, étant donné leurs retombées désastreuses. Elles ont échoué aussi minablement qu'elles ont été adroitement annoncées et entretenues avec tendre fanatisme. Il est temps qu’elles soient balayées de la scène comme les loques pourries qu’elles sont en réalité, autrement portées au toit pour être lessivées au savon de Marseille puis laissées sécher dans la chaleur du jour, que leurs coloris reprennent éclat.

Nous devons améliorer la scène globale. D’autres remèdes, d’atteinte si difficile auparavant, se prouveront de démarrage immédiat et de croissance autonome une fois que les Apprentis auront réaménagé ces préliminaires. 

L’Apprentissage haussera le niveau de vie autant des gens ordinaires que de ceux extraordinaires. Développée avec sagesse, l’authentique abondance remplacera les embarras auxquels nous nous sommes accoutumés, jusqu'au partage de chaque essentiel au monde paisible : notre droit de naissance pour lequel nous avons déjà versé le plein comptant. Les menaces et pénuries restantes seront des problèmes isolés aux résolutions rapides et décisives ; moins souvent la prochaine catastrophe imprévue, balayée sous le tapis par nos institutions séniles. 

Les indigents contemporains prennent pour donné certaines astuces pour lesquelles un empereur de l’antiquité aurait troqué l’un de ses royaumes : des téléphones et des vaccins, par exemple. Au monde paisible des Apprentis, les pauvres réclameront sécurité et conforts surpassant les luxes piteux dont se vantent les milliardaires assiégés d’aujourd'hui. 

Ce texte présente aux proto-élites ambitieuses et aux élites satisfaites le seul défi digne de leur braggadocio. Leur coopération sera essentielle à la réussite de cette entreprise. Leurs accomplissements contemporains sont insignifiants et voués à l’échec à défaut de la renaissance des Apprentis. Pourvu que les élites d’info l’entament, ils s’assureront que leurs descendants jouiront de richesses, de pouvoirs et de luxes surpassant leurs rêves, même (surtout !) après que les besoins légitimes soient satisfaits.

 Alors, au boulot ! Délaissons-nous de la surconsommation paramilitaire que nous confondons avec le succès, abandonnons des rapports suicidaires entre les riches et les pauvres de plus de quinze et de cinq à un. Accordons plutôt choix libre entre la modération sereine et les aventures périlleuses que les Apprentis trouveront utiles. 

Nous, les proto-élites d’Apprentis, venons à peine de nous rendre compte de nos responsabilités. Face à la plus récente nécessité de transformation, nous nous trouvons à tour rôle mauviette, prisme et chaosiste ; élite et prolétarien d'info ; progressiste, modéré et conservateur ; du reste, de moins en moins dispos à pétrir notre identité politique dans de tels recoins claustrophobes. Nous rejetons des vieilles valeurs mais sommes déroutés par les actualités. Aucune vision valide du futur ne nous inspire ; aucune conviction soutenable ne réchauffe notre cœur glacé. Telle qu’un nouveau-né, nous fixons le regard sur des babioles luisantes, sans pouvoir nous concentrer sur le vrai progrès, soit le zèle de notre application,

 

« Quand j’étais enfant, je parlais comme enfant, je comprenais comme enfant et je pensais comme enfant : mais quand je suis devenu homme, j'ai mis de côté les choses infantiles. » La bible, le livre des Corinthiens, 13-11. 

 

Les Apprentis trouveront des alliés des deux côtés de chaque cloison sociale : soit de richesse, classe, ethnie, nation, religion soit d’emploi. Délivrés de leur crainte, des anciens rivaux émergeront adoucis de leur nid de mitrailleuse Les ségrégations restantes au monde paisible afficheront des distinctions culturelles et artistiques, pas grand-chose d’autre. Elles ressembleront à l’Oktoberfest allemand et aux Pow-wows des Indiens aux Etats-unis : des sources culturelles de fierté et de réconfort, non celles d'hostilité et de soupçon. La plupart de nos adversaires présomptifs s’assortiront comme des alliés naturels. La résistance du restant ronchonneur ne posera même pas un dos d’âne devant le progrès des Apprentis.

 

Ces pages ne sont pas taillés sur pierre ; au contraire, je les ai tapées en pixels éphémères. Prier les traiter comme un programme de discussion et scène en rond, depuis quoi projeter un avenir étincelant. Des professionnels enthousiastes et des amateurs doués doivent reconsidérer chaque postulat trouvé ici ; leurs discussions, engendrer une brillante commune de biens d’Apprentis. Notre première et dernière question : « Qu’accomplirions-nous si les cieux tout seuls en démarquaient les limites ? » 

Ou bien les Apprentis arracheront l'humanité contre gré au monde paisible, ou bien des gérants d’armes nous défileront somnambules, la main dans la main, le sourire béat aux lèvres, jusqu’au néant militaire. 

Toi. Oui, toi ! Baisse ta pelle et cesse d’approvisionner la plus salle des machines d’armes (quit stoking the WeaponWorld Jive Drive.) Défie la mentalité d'armes partout où tu la trouves. Sois anarchique selon ta disposition incomparable, sinon branche-toi dans de nouvelles collectivités pour accomplir tes projets favoris. Consacre ta vie à la sainteté discrète, comme ont pu certains de tes ancêtres, ou fais posément croche-patte à la prochaine brute qui pourchasse sa victime devant ta porte. 

De toute façon, tends le bras ! Le miracle que nous manquions depuis le début du temps humain, le voici à peine dans notre porté ! 

« Notre façon de concevoir la justice et la vérité, elle est infailliblement condamnée à être dépassée dans les âges à venir. Nous le savons ; et, loin d’abattre notre courage, cette certitude, cet espoir, sont les plus efficaces stimulants de notre élan actuel. Le devoir strict de chaque génération est donc d’aller dans le sens de la vérité, aussi loin qu’elle peut, à la limite extrême de ce qu’il lui est permis d’entrevoir,  —  et de s’y tenir désespérément, comme si elle prétendait atteindre la vérité absolue. La progression de l’homme est à ce prix.

« La vie d’une génération, ce n’est qu’un effort qui en suit et en précède d’autres. Eh bien, mes amis, notre génération a fait le sien.

« La paix soit sur nous. »

Roger Martin du Gard, Jean Barois, Edition Gallimard, Paris, Le livre de poche, 1921, pages 327-328.

Alors, qu'attendons-nous encore ?



 

- LE FOOT AUX ORDURES –

 

Pas de mains.

Des ordures sur le trottoir à coups de pied dans la rue.

Mégots, paquets et filtres de cigarette, allumettes, verres, cartons, cailloux, vêtements, n'importe quoi de blanc, de métallique, en plastique, en papier, d’inorganique : UN POINT CHACUN.

Organiques : feuilles, bêtes (mortes ou vives), herbes, sol, salive, crottes, huiles, taches mouillées, flaques d’eau, de neige et de glace : POINT NUL.

Les ordures à coup de pied sur le rebord de briques au bord du trottoir juste à court de la rue : UN POINT CHACUN.

Coups multiples de pied sur la même cible lorsqu’en l'air : UN POINT CHAQUE COUP.

Cibles multiples vers la rue d'un seul coup de pied : UN POINT CHACUN.

CMDPVR sur la rue : UN POINT CHACUN.

Au bord du trottoir : UN POINT CHACUN.

Dans la rue par haut vent : UN POINT.

Mise, à coups de pied, de la cible dans un récipient à ordures : UN POINT.

Ton score est cumulatif.

Compétition par mètres de trottoir nettoyé, divisés par unités de temps.

Ou s’alternant des passes par d’autres compétiteurs, d’un point de départ convenu jusque dans la rue.

MOINS UN POINT pour buter un objet dans une fente dans le trottoir. 

MOINS UN POINT pour conduite non sportive ou utilisation de mains (fin de partie.)

UN POINT, une fois par jeu, pour avoir fait rire ou applaudir des spectateurs,

Sinon

UN POINT, une fois par cible si tu es un vrai clown.

TRICHERIE PERMISE : Une brindille peut être obtenue pour taquiner un ou plusieurs cibles des fissures dans le trottoir, non touchables par la pointe des pieds.  Ne pas compter les pas requis.  PAS DE POINT.

Si un détritus te perturbe au-delà d’endurer, ramasse-la à la main et apporte-la à une poubelle.  Lave-toi les mains après.  POINT NUL. 

Bienvenue à chaque simplification élégante de ces règles.  Toujours retenir que les gosses doivent additionner le score dans leur tête (d’autant mieux que ses calculs soient compliqués à la limite de leur tolérance) et doivent évincer à coups de pied les détritus aux courbes. 

Les sociopathe se réjouissent de souiller ou tuer tout ce qu’ils touchent, si permis. Les consciencieux purifient et guérissent, et encore plus gratifiant pour eux, restaurent à l’état naturel ; qu’ils le soient permis ou non par les psychopathes qui prévalent.  Il faut rendre cette danse cosmique en un jeu quotidien, du moins pour les enfants. Nous devrions la danser beaucoup plus souvent.